item 233 : diabete sucre de type 1 et 2 de l`enfant et de l`adulte
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©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ITEM 233 : DIABETE SUCRE DE TYPE 1 ET 2 DE L’ENFANT ET DE L’ADULTE Objectifs pédagogiques terminaux : « diagnostiquer un diabète chez l’enfant et chez l’adulte », « identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge », « argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient », « décrire les principes de la prise en charge au long cours » Définition ; diagnostic ; Tableau I : Caractéristiques des diabètes de type 1 et 2 1. Diabète de type 1 1.a Epidémiologie 1.b Physiopathologie 1.c Signes cliniques 1.d Evolution 1.e Prise en charge thérapeutique 1.e.1 Principes généraux 1.e.2 Autosurveillance 1.e.3 Surveillance 1.e.4 Traitement insulinique 1.e.5 Traitements non insuliniques 1.f Cas particuliers 2. Diabète de type 2 2.a Epidémiologie 2b Physiopathologie 2.c Signes cliniques ; Dépistage 2.d Evolution 2.e Traitement 2.e.1 Principes généraux 2.e.2 Moyens de surveillance : HbA1c, glycémie 2.e.3. Activité physique 2.e.4 Diététique 2.e.5. Antidiabétiques oraux : biguanides, insulino-secréteurs (sulfamides, glinides), inhibiteurs des α-glucosidases, glitazones 2.e.6. Insulinothérapie 3. Complications dégénératives du diabète 3.a Microangiopathie 3.a.1 Rétinopathie 3.a.2. Neuropathie 3.a.3. Néphropathie 3.b Macroangiopathie et facteurs de risque vasculaire 3.b.1 Artériopathie des membres inférieurs 3.b.2. Cœur et diabète 3.b.3 HTA 3.b.4 Dyslipidémies 3.c Pied diabétique 3.d Suivi des complications (ANAES) 4. Autres complications du diabète 4.a Complications cutanées 4.b Complications buccales 4.c Complications ostéo-articulaires 5. Complications métaboliques du diabète 5.a Coma céto-acidosique 5.b Coma hyperosmolaire 5.c Hypoglycémies www.endocrino.net Page 1 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 DIABETE - DEFINITION ; DIAGNOSTIC Recommandations de l’OMS: ♦ Glycémie à jeun normale < 1,10 g/l ♦ Hyperglycémie modérée à jeun si glycémie > 1,10 g/l et ≤ 1,26 g/l = seuil d’augmentation du risque vasculaire ♦ Diabète sucré si: - glycémie à jeun ≥ 1.26 g/l (à 2 reprises) = seuil d’apparition de la microangiopathie diabétique (rétinopathie) - ou glycémie aléatoire ≥ 2 g/l et signes cliniques d’hyperglycémie Tableau I : CARACTERISTIQUES RESPECTIVES DES DIABETES DE TYPE 1 ET 2 Type 1 Type 2 Antécédents familiaux du même type souvent 0 souvent + Age de survenue avant 35 ans après 40 ans Début rapide ou explosif lent et insidieux Facteur déclenchant souvent + souvent + Symptomatologie bruyante pauvre ou absente Poids normal ou maigre obésité ou surcharge adipeuse abdominale Hyperglycémie au diagnostic majeure > 3 g/l souvent < 2 g/l Cétose souvent ++ à ++++ le plus souvent 0 Complication dégénérative absente présente dans 50 % des cas au moment du diagnostic Cause principale de mortalité insuffisance rénale maladie cardiovasculaire www.endocrino.net Page 1 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 1. DIABETE DE TYPE 1 1.a EPIDEMIOLOGIE ; ENQUETE DE LA CNAMTS, 1999 ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Notion de gradient nord/sud europe Prévalence en France : 200 000 (15 % des diabétiques) Incidence 7,8 pour 100 000 et par an Survient habituellement avant 35 ans (pic à l’adolescence) mais peut survenir à tous âges Age moyen de la population suivie = 37 ans Augmentation + 4% par an surtout avant 5 ans Sex ratio = 1 1.b PHYSIOPATHOLOGIE DU DIABETE DE TYPE 1 Carence absolue en insuline par destruction des cellules β pancréatiques. Synonyme : diabète insulinodépendant Deux sous-types : - diabète de type 1 auto-immun (le plus fréquent(>90% en Europe)) incluant le type 1 lent - diabète de type 1 idiopathique (absence d’anticorps) :cadre nosologique mal défini incluant diabète du sujet noir originaire d’Afrique sub-saharienne, diabète suraigu japonais, MODY 3. A) Prédisposition génétique (tableau II) - présente même si dans 95 % des cas n’existent pas d’antécédents familiaux liaison avec HLA, DR3, DR4, DQ, B1 * 0302 HLA protecteur : DR2, DQ, W1-2 DQB1*0602 Beaucoup d’ autres gènes/maladie multigénique Tableau II Risques de diabète de type 1 en France Risque dans la population générale Apparenté de 1er degré 5% Deux parents diabétiques 30 % Apparenté de 1er degré avec HLA identique 12 % Apparenté de 1er degré avec HLA identique et DR3 ou 4 16 % Jumeaux 50 % Jumeaux + DR3 ou 4 www.endocrino.net 0.4 % 70 % Page 2 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 B) Facteurs environnementaux - expliqueraient au moins 50 % de la pathogénie puisque 50 % de paires de jumeaux sont non concordants nombreux virus et toxiques suspectés, mais aucun prouvé à ne pas confondre avec le facteur déclenchant (grippe, stress). C) Processus auto-immun - insulite puis destruction des cellules β par lymphocytes cytotoxiques ( type 1 = maladie du lymphocyte T) et cytokines au moins un des auto-anticorps témoins circulants détectable dans 85 % des cas : anticorps anti-ilôts (ICA), anti-GAD, anti-IA2, anti-insuline. Processus étalé sur plusieurs années avant et après l’apparition du diabète (cf. 1.d Evolution) Fréquence des autres maladies auto-immunes associées et des anticorps spécifiques d’organes (15 %) Notion de glucotoxicité surajoutée : aggravation du déficit insulaire par l’hyperglycémie Notions sur les modèles animaux ( souris NOD et BB) 1.c SIGNES CLINIQUES A) Présentation clinique initiale habituelle - Début rapide ou explosif (quelques semaines) Syndrome cardinal (polyuro-polydypsie, amaigrissement), polyphagie plus troubles visuels transitoires (réfraction) Examen pauvre : fonte musculaire (quadriceps) rarement hépatomégalie, rechercher signes d’acidose Diagnostic par mesure de la glycémie (souvent supérieure à 3 g/l) - Autres éléments : glycosurie hypertriglycéridémie. - Révélation possible par une acido-cétose massive (notion de seuil rénal), cétonurie, B) Formes du diabète de type 1 ♦ formes particulières : - ♦ type 1 lent ou LADA. Début tardif et progressif comme le type 2 mais anticorps positifs et insulinodépendance en 5 à 10 ans. 10 % des « types 2 » sont en fait des LADA. Diabète du sujet noir d’origine africaine sub-saharienne (bush diabetes). Début cétosique puis évolution vers l’insulino-indépendance mais avec épuisement rapide des réserves pancréatiques. Anticorps négatifs. Autres cas - Diagnostic tardif au stade de cétose (voir plus loin) - Diagnostic pré-clinique à l’occasion d’une analyse de fratrie, d’une glycémie fortuite : dosage des anticorps ICA + GAD + IA2 . Prédiction positive 60 à 100 % de risque de diabète à 5 ans si les 3 sont associés, groupe HLA peu d’intérêt (car gènes prédisposants www.endocrino.net Page 3 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 présents dans 30% de la population normale), mais prédictivité négative du gène protecteur C) Affirmer le type 1 - Clinique suffisante si non obèse + cétose + âge < 35 ans Si un des critères manque : anticorps ± groupe HLA Eliminer les autres formes de diabètes (tableau III), MODY 3, MIDD par la clinique et l’interrogatoire Tableau III Autres formes de diabète ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Diabète gestationnel Diabète génétique monogénique - MODY - Diabète mitochondrial Atteinte anatomique du pancréas endocrine - pancréatite chronique (calcifiée ou non) - pancréatectomie totale - cancer du pancréas - hémochromatose - mucoviscidose Inhibition fonctionnelle de l'insulinosecrétion - hypokaliémies (diurétiques sulfamidés, laxatifs, hyperaldostéronismes…) - diabète transitoire induit par un jeûne prolongé avec dénutrition - phéochromocytome (rare; l'hypersécrétion de catécholamines entraîne aussi une insulinorésistance) - somatostatinome (rarissime) Diabète du glucagonome (rarissime). Il s'accompagne de lésions cutanées spécifiques Défauts génétiques de l’action de l’insuline : Insulinorésistance primitive profonde ± acanthosis nigricans - anomalie ou absence de récepteurs de l'insuline - diabète lipoatrophique - anomalies primitives postrécepteurs Insulinorésistance secondaire - hypercorticisme (corticoïdes, plus rarement hypercorticisme) - acromégalie - hyperthyroïdie Diabètes iatrogènes - corticoïdes (sous toutes les formes) - diurétiques hypokaliémiants, laxatifs - progestatifs de synthèse de type norstéroïdes - sympathicomimétiques (Salbutamol) - antiprotéases utilisés dans le traitement du SIDA - Vacor, pentamidine - interféron (discuté) www.endocrino.net Page 4 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 1.d EVOLUTION (figure 1) A) Histoire naturelle Figure 1 : Histoire naturelle du diabète sucré Prédisposition génétique De type 1 Signes d’autoimmunité Capacité de sécrétion insulinique Agression extérieure Signes métaboliques précoces 100 % Hyperglycémie Rémission DID 10 % 0 Prédisposition génétique - - Insulite silencieuse Diabète préclinique 5 Diabète patent peptideC + ™ Années Diabète peptideC - ™ Acceptation de la maladie souvent difficile surtout chez l’adolescent. Nécessité d’un « travail de deuil » de l’état de bonne santé (les différentes phases). Rémission partielle ou totale dans au moins 25 % des cas, favorisée par l’insulinothérapie intensive et précoce. Rechute inéluctable après 6 à 12 mois. Stade de diabète de type 1 peptide C positif : faibles besoins en insuline (≤ à 0.5 unité/kg) et équilibre facile pendant les 5 premières années (insulino-secrétion résiduelle). Stade peptide C négatif : équilibre plus difficile, obtenu dans seulement 30 % des cas (moyenne nationale Hémoglobine glyquée : 8.5 %). B) Facteurs de déséquilibre : - peur des hypoglycémies (surtout nocturnes) peur de grossir non acceptation (pseudo-acceptation) de la maladie refus des contraintes (autosurveillance, régime, injection) schéma d’insuline inadapté erreur technique (lipodystrophies) maladie surajoutée méconnue (infection) C) Forme extrême : diabète « instable » - céto-acidoses et/ou hypoglycémies sévères à répétition facteurs psychologiques au 1er plan (manipulation, troubles du comportement alimentaire) éliminer gastroparésie et insuffisances endocriniennes (thyroïde, surrénales, hypophyse). www.endocrino.net Page 5 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 1.e PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE A) Principes généraux - importance de l’éducation thérapeutique : transfert des connaissances par enseignement collectif ou individualisé, vérification des comportements. - Définir des objectifs thérapeutiques personnalisés et acceptés (tableau IV) y compris les objectifs de réduction du risque cardiovasculaire (voir diabète de type 2). S’appuyer sur les principaux enseignements de l’étude DCCT (N. Engl. J. Med. 1993 ; 329 : 977 - 986) voir fiche 1 - une insulinothérapie intensifiée réduit l’hémoglobine glyquée ( 9 versus 7 %), retarde (5 ans) et réduit la gravité ( de 50 à 75 % ) des complications microangiopathiques. Mais elle multiplie le risque d’hypoglycémie sévère par trois en l’absence d’éducation appropiée. - l’objectif idéal est une HbA1C < 7% Fiche 1 : Etude DCCT (N. Engl. J. Med. 1993 ; 329 : 977 - 986) Objectifs Montrer la possibilité de diminuer la fréquence des complications microangiopathiques et neurologiques du diabète de type 1 en maintenant la glycémie à un niveau proche de la normale. Plan expérimental Etude prospective randomisée sur 6 ans, incluant 1 441 patients. Patients 1 441 patients sur 29 centres aux Etats-Unis, recrutés pendant 6 ans avec un suivi moyen de 6,5 ans, présentant les critères classiques majeurs de diabète de type 1, diabétiques depuis au moins un an, ayant une moyenne d'âge de 26 ans. Deux cohortes sont définies parmi ces patients : une cohorte est indemne de toute complication, donc suivie en prévention primaire ; une cohorte avec présence de complications débutante suivie en prévention secondaire d'aggravation. Intervention Un groupe traité par insulinothérapie dite « conventionnelle », consistant en 1 ou 2 injections quotidiennes d'insuline sans adaptation des doses. Un groupe traité par insulinothérapie dite intensive, consistant en 3 à 4 injections quotidiennes ou la mise en place d'une pompe à insuline, avec autocontrôle glycémique quatre fois par jour et adaptation des doses d'insuline visant à obtenir une glycémie inférieure à 1,20 g/l à jeun et inférieure à 1,80 g/l en post prandial. Critères du jugement Fond d'oeil tous les 6 mois avec cotation de la rétinopathie sur une échelle de 25 points. Microalbuminurie annuelle, recherche clinique d'une neuropathie, évaluation clinique de la macroangiopathie, incidence des hypoglycémies sévères. Principaux résultats • www.endocrino.net 99 % des patients sont restés d'équilibre glycémique entre les toute la durée de l'étude : L'insulinothérapie « intensive » d'apparition d'une rétinopathie Page 6 sur 43 jusqu'au bout dans l'étude. La différence 2 groupes est significative et stable pendant 2 % d'HbA1C de différence, p < 0,001. réduit de manière significative le risque (incidence diminuée de 50 % sur 6 ans), ou ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 d'aggravation de la rétinopathie (risque de progression diminué de 50 % sur 6 ans). « L'insulinothérapie intensive » diminue le risque d'apparition ou d'aggravation de la microalbuminurie de 30 à 40 %. De même le risque d'apparition d'une neuropathie diminue de 70 % sur 5 ans. Les résultats ont conduit à l'arrêt prématuré de l'étude. • Le risque de complications macroangiopathiques était faible compte-tenu de l'âge moyen bas des patients et l'absence de facteurs de risque cardio-vasculaire associés. Celui-ci ne diffère pas significativement d'un groupe à l'autre. • Le nombre d'hypoglycémies sévères est plus important dans le groupe traité de manière intensive mais sans séquelles neurologiques ni coma mortel. Conclusion Obtenir une moyenne glycémique proche de la normale permet de retarder l'apparition ou de ralentir la progression de la rétinopathie, de la néphropathie et de la neuropathie dans le diabète de type 1. Tableau IV Objectifs glycémiques Objectifs glycémiques idéaux chez les diabétiques de type 1 non âgés Le matin à jeun 1-1,20 g/L Avant les repas 2 heures après les repas Au coucher ~ 1,2 g/L À 3 heures du matin > 0,8 g/L HbA1c ≤7% Hypoglycémies modérées 0-5/semaine Hypoglycémies “sévères” 0 nombre d’autocontrôles nombre d’injections - - ≥ 4/jour ≥ 3 ou pompe Contre-attitudes médicales habituelles : menacer le malade des complications, banaliser les contraintes, répondre aux problèmes par une escalade technologique, se résigner au déséquilibre. B) Autosurveillance - 0,8-1,2 g/L 1,2-1, 8 g/L Buts : suivre son diabète, adapter ses doses, avoir une idée de l’équilibre moyen, gérer les situations d’urgence. Place de l’autosurveillance urinaire faible : acétonurie matinale, ou en cas d’hyperglycémie Autosurveillance glycémique : au moins 4 fois par jour (pré-prandial + coucher) et de temps en temps 3 h du matin et post-prandiales. Lecteur portable de plus en plus simple et rapide, nécessité d’une bonne technique de production de la goutte de sang. Exactitude : ± 15 % par rapport à la glycémie de laboratoire. www.endocrino.net Page 7 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 - Utilité d’un carnet de surveillance du diabète bien tenu. C) Surveillance ♦ Hémoglobine glyquée - fixation non enzymatique, irréversible du glucose sur toutes les hémoglobines - fraction la plus spécifique : HbA1c - méthode la plus spécifique : HPLC, la plus rapide : immunologique (DCA 2000) - ♦ Exiger une technique de dosage validée : normale 4 à 6 %, CV important 5 %, objectif : 7% (voir tableau IV) - reflète l’équilibre des deux à trois mois précédents (7 % = 1.5 g/l, 9 % = 2.1 g/l) cf. 2.e.1 - le meilleur indicateur du risque de complications - cause d’erreur : anémie hémolytique, urémie, hémoglobinopathie Autres éléments de surveillance - consultation spécialisée au moins 3 à 4 fois par an - lipides, créatinine, microalbuminurie, ECBU, ECG une fois par an - examen ophtalmologique complet au moins une fois par an à partir de la 5ème année < D) Traitement insulinique ♦ ♦ ♦ ♦ Traitement principal du diabète de type 1, à vie, palliatif Variétés d’insuline : - soit porcine humanisée (hémisynthétique) soit recombinante, strictement identique à l’insuline humaine ou légèrement modifiée (analogue) - toujours concentrée à 100 U/ml - les insulines diffèrent par leur durée d’action : les Ultrarapides (3 à 5 heures) et Rapides (4 à 8 h) couvrent les besoins prandiaux ; les insulines intermédiaires (NPH, 9 à 16 h, Ultralente, environ 24 h) couvrent les besoins basaux. Facteurs intervenant sur la résorption sous-cutanée : profondeur, zone, dose (variation intra individuelle 15 à 50 %) Vecteurs : - stylo à insuline réutilisable ou jetable pour toutes insulines solubles, plus pratique que les seringues jetables - pompes portables (< 5 % des patients) pour administration continue modulée sous-cutanée d’insuline Ultrarapide. Plus efficaces, plus flexibles mais plus contraignantes et plus chères, pour certains à réserver aux échecs de l’insulinothérapie optimisée. www.endocrino.net Page 8 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ♦ Schémas Rapide ou Ultrarapide 8 13 Ultralente ou analogues lents 20 « Basal - bolus » 23 Rapide ou Ultrarapide Rapide ou Ultrarapide 8h 8 NPH 13 20 23 « 4 injections » Rapide ou Ultrarapide + NPH NPH 8 ♦ ♦ 13 20 « 3 injections » 23 8h A choisir suivant l’acceptation et les objectifs. Idéalement : bolus prandial par insuline Ultrarapide + couverture basale par insuline lente ou intermédiaire soit 4 à 5 injections /j Doses En général, ≤ 1 U/ kg, autoadaptation en fonction des glycémies (rétrospective ± instantanée), de l’activité physique et de l’alimentation prévues. Effets secondaires - Hypoglycémies (voir chapitre correspondant) - Prise de poids (5 kg) - Allergie rarissime - Lipohypertrophies si piqûres en même endroit. E) Traitement non insulinique ♦ ♦ ♦ ♦ Accompagnement et soutien psychologique comme pour toute maladie chronique Alimentation variée et sans interdits mais horaires et apports glucidiques réguliers (notion d’équivalence, d’index glycémique, de collations), cf. 2.e. 3 Diététique Exercice physique : à recommander, à prendre en compte pour les doses d’insuline, risque d’hypoglycémie, cf 2.e.2 Exercice physique Utilité des Associations ( AFD, AJD) F) Voies d’avenir : notions générales sur - pompes implantables plus ou moins rétrocontrôlées (pancréas artificiel) greffes de pancréas et d’îlots insuline inhalée prévention : immunothérapie, insuline www.endocrino.net Page 9 sur 43 8h ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 - 2.d analogues lents : glargine, Detemir CAS PARTICULIERS A) Diabète de l’enfant et de l’adolescent ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Fréquence des céto-acidoses révélatrices. Risque d’œdème cérébral accru en cours de traitement Hypoglycémie. Innocuité cérébrale des hypoglycémies sévères non prouvée chez l’enfant de moins de 5 ans Diabète difficile à équilibrer et mal accepté pendant l’adolescence Fréquence croissante du diabète de type 2 chez l’enfant aux USA Augmentation des besoins en insuline pendant la puberté d’au moins 50% B) Diabète au féminin ♦ ♦ Contraception : oestroprogestatifs contre-indiqués sauf diabète récent bien équilibré sur une période courte. Progestatifs dérivés des norstéroïdes contre-indiqués. Grossesse : cf. chapitre correspondant - pronostic quasi normal si équilibre parfait de la conception (grossesse programmée) à l’accouchement et diabète non compliqué. - Diabète gestationnel : diabète dépisté pendant la grossesse. Dépistage systématique par glycémie à 26 semaines voire dès la 1ère consultation si facteurs de risque (obésité, hérédité, macrosomie, hypertension). Test de O’Sullivan. (Voir détail dans Item 17) - Effets de la grossesse sur le diabète : baisse physiologique de l’hémoglobine glyquée, augmentation des besoins en fin de grossesse, risque d’aggravation de la rétinopathie et de la néphropathie. Contre-indication absolue : insuffisance coronaire. - Effets du diabète sur la grossesse : avortement, malformation, macrosomie, retard de maturation, hypoglycémie néo-natale, prééclampsie, hypertension. ♦ Objectifs glycémiques très stricts (à jeun ≤ 0,9 g/l, post-prandial ≤ 1,20 g/l), autosurveillance répétée, insulinothérapie optimisée, suivi diabéto-obstétrical au moins mensuel. Ménopause : pas de contre-indication à l’hormonothérapie substitutive. C) Diabète de type 1 et situation de jeûne. ♦ ♦ ♦ ♦ En cas d’intolérance gastrique, ne jamais arrêter l’insuline. Essayer des collations liquides fractionnées sinon hospitalisation pour glucose IV. Examen nécessitant d’être à jeun plus d’une heure : hospitaliser pour perfusion glucosée, maintenir l’insuline sous-cutanée (pour certains réduite de 25 %) Chirurgie avec réalimentation dans les 24 h : apports glucosés habituels sous forme de perfusion IV. Maintenir l’insulinothérapie basale. Prévoir des suppléments d’insuline Ultrarapide sous-cutanée à la demande. Chirurgie plus lourde et jeûne plus long : préférer l’infusion continue par voie veineuse. D) Diabète de type 1 tardif ♦ ♦ Après 40 ans, penser aux maladies auto-immunes associées, surtout chez la femme (thyroïde) Chez le sujet âgé : penser aux diabètes secondaires (cancer du pancréas). www.endocrino.net Page 10 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 www.endocrino.net Page 11 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 2. Diabète de type 2 2.a EPIDEMIOLOGIE: ENQUETE DE LA CNAMTS, 1999: ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ sud, sud-Est de la France > Nord Prévalence: 2,78 % de la population dépendant du régime général (traités par hypoglycémiants oraux et/ou insuline) Prévalence extrapolée à la population générale : 3,06 % dont 0,41 % traités par insuline seule + 200 à 300 000 diabétiques traités par régime seul = plus de 2 millions de diabétiques en France âge moyen de la population de diabétiques : 63,1 ans prévalence augmentée avec l’âge : près de 10 % de la tranche 65-79 ans sex ratio H/F = 1,04 2.b PHYSIOPATHOLOGIE ♦ ♦ L'insulinorésistance : favorisée par l’obésité abdominale - Incapacité de l'insuline à obtenir une réponse maximale au niveau de ses organes cibles. - Elle prédomine au niveau du muscle lors de la charge en glucose : défaut de captation musculaire du glucose. Au niveau hépatique, on note un accroissement de la production hépatique de glucose à l'origine de l'hyperglycémie à jeun. L'insulinopénie relative : Insuffisance de sécrétion d'insuline compte tenu du niveau de la glycémie; ce trouble est évolutif, inéluctable, s'aggravant avec l'âge et la durée du diabète, jusqu'à conduire au maximum au diabète insulino-nécessitant. www.endocrino.net Page 12 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 Physiopathologie de la forme commune du diabète de type 2 (80 % des cas): Facteurs d’environnement Prédisposition Génétique1 Obésité Insulinorésistance2 Gluco Toxicité 3 Diabète de type 2 Déficit insulinosecrétoire 1 . Facteurs génétiques : Fréquence estimée du diabète de type 2 chez les apparentés de diabétiques Population générale française Jumeaux vrais 2 parents diabétiques 1 apparenté au premier degré 2à4% 90 – 100 % 30 – 60 % 10 – 30 % 2 . Insulinorésistance : Favorisée par l’obésité androïde, l’âge et la sédentarité. S’accompagne d’anomalies = Syndrome X : obésité androïde + HTA + dyslipidémie + hyperuricémie + troubles de la coagulation ⇒ Profil à haut risque cardio-vasculaire 3 . Gluco-toxicité : L’hyperglycémie aggrave le déficit de l’insulinosécrétion pancréatique ainsi que l’insulinorésistance. Il en est de même pour les acides gras libres (concept de lipotoxicité). www.endocrino.net Page 13 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 C) Physiopathologie du diabète de type 2 – ce que le patient doit savoir Elément essentiel : l’insulinorésistance Causes de l’insulinorésistance : Non modifiable : Génétique Modifiables : Sédentarité ⇒activité physique Excès pondéral ⇒alimentation équilibrée et adaptée au poids Conséquences de l’insulinorésistance: Risque vasculaire accru du fait du diabète et des autres anomalies souvent associées : HTA, Dyslipidémie… 2.c SIGNES CLINIQUES ; DEPISTAGE A) Signes cliniques : Le plus souvent absents OU stade de complications OU dépistage B) Dépistage : glycémie veineuse à jeun : 1. Chez tous les sujets présentant des signes cliniques évocateurs de diabète : - polyurie - soif - prurit vulvaire chez la femme ; balanite chez l’homme - infections récidivantes ou traînantes 2. Chez tous les sujets d’âge 40 ans, ou ayant un parent diabétique au premier degré : à répéter tous les 3 ans si aucun de facteur de risque de diabète, plus tôt si apparition d’un facteur de risque 3. Si 1 ou plusieurs facteurs de risque : IMC (indice de masse corporelle) ≥ 27 kg/m2 Antécédents de diabète gestationnel ou de macrosomie fœtale Hypertension artérielle (> 140/80 mm Hg) Hypertriglycéridémie ( > 2 g/l) et/ou HDL-cholestérol bas ( < 0,35 g/l) Hyperglycémie modérée à jeun connue Antécédent de diabète cortico-induit A répéter tous les ans si normal Aucun intérêt de l’H.G.P.O. (sauf dans le cas du diabète gestationnel), ni de l’HbA1c pour le dépistage. www.endocrino.net Page 14 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 C) Probabilité qu’un diabète soit un diabète de type 2: - âge > 40 ans IMC > 27 kg/m2 Localisation androïde des graisses cétonurie 0 antécédent familial de diabète de type 2 facteurs de risque cardio-vasculaires associés dans le cadre d’un syndrome d’insulinorésistance D) Cas particuliers Il n’y a jamais de certitude qu’un diabète soit primitif et de type 2, sauf pour le Diabète de type MODY ( Maturity Onset Diabetes of the Young), monogénique où l’anomalie génétique peut être retrouvée : 5 % des diabètes « de type 2 ». En faveur du MODY : - Arguments cliniques : diabète du sujet jeune non cétosique - Présent sur 3 générations et touche environ 50 % de la famille. 2.d EVOLUTION L’insulinopénie s’aggrave avec le temps et le diabète de type 2 devient insulinorequérant dans 50 % des cas. 2.e Traitement du diabète de type 2 2.e.1 Principes généraux : Fiche 2 : Etude UKPDS (Lancet 1998 ; 352 : 837 – 853. - Lancet 1998 ; 352 : 854 865) Objectifs Comparer l'effet d'un traitement hypoglycémiant intensif (ayant pour objectif une glycémie à jeun inférieure à 6 mmol/l) et l'effet d'un traitement conventionnel (ayant pour objectif une glycémie à jeun inférieure à 15 mmol/l) sur le risque de complications microangiopathiques et macroangiopathiques dans le diabète de type 2. Plan expérimental Etude prospective randomisée incluant 3 867 patients, avec 10 ans de suivi moyen. Patients 3 867 patients inclus sur 23 centres en Grande Bretagne, présentant les caractéristiques du diabète de type 2, sans complications microangiopathiques ou macroangiopathiques (sévères), avec une glycémie à jeun entre 6 et 15 mmol/l après 3 mois de mesures diététiques, ne présentant pas un surpoids majeur. Les patients présentant un surpoids ont été traités dans une partie annexe de l'étude. Intervention Randomisation en deux groupes : un groupe traité par insuline ou sulfamides hypoglycémiants avec un objectif de glycémie à jeun inférieure à 6 mmol/l ; un groupe www.endocrino.net Page 15 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 traité par diététique puis éventuellement sulfamides ou insuline, avec un objectif de glycémie à jeun inférieure à 15 mmol/l. Critères de jugement Les critères majeurs de jugement étaient la survenue d'une complication sévère liée au diabète (mort, infarctus du myocarde, AVC, défaillance cardiaque, insuffisance rénale sévère, rétinopathie laserisée...). Les critères mineurs de jugement étaient la survenue de complications à un degré moins sévère. Principaux résultats La durée moyenne de cette étude a été de 10 ans. Les deux groupes de patients ont présenté une différence significative d'équilibre glycémique tout au long de l'étude (0.9 % d'HbA1C moyenne de différence). Cette différence est à l'origine d'une diminution du risque de survenue ou d'aggravation de la rétinopathie de 25 % dans le groupe le mieux équilibré. La diminution du risque de survenue d'un infarctus du myocarde a été moindre, de 16 %. Conclusion Dans le diabète de type 2, quel que soit le moyen thérapeutique utilisé, améliorer l'équilibre glycémique moyen permet de diminuer le fréquence ou de freiner l'évolution des complications microangiopathiques. Mais ne contrôler que le paramètre glycémique dans le diabète de type 2 ne permet pas d'obtenir un résultat aussi important dans la prévention du risque macroangiopathique. Il est nécessaire pour cela de contrôler aussi les autres facteurs de risque cardiovasculaires. Une deuxième partie de l'étude de l'UKPDS montre que la diminution des chiffres tensionnels dans le diabète de type 2 associée au contrôle glycémique permet de diminuer de manière significative le risque de complications macroangiopathiques et microangiopathiques. La dyslipidémie, fréquemment présente dans le diabète de type 2, n'a pas fait l'objet d'une intervention thérapeutique contrôlée dans cette étude. 2.e.2 La surveillance glycémique A) HbA1c : cf 1.e.3 ♦ Equivalence entre glycémie et HbA1c : Glycémie moyenne : 1,20 g/l 1,50 g/l 1,80 g/l + 0,30 g/l → → → → HbA1c : 6% 7% 8% +1% ♦ Recommandations : Dosage à faire tous les 3 à 4 mois ♦ Signification de l’ HbA1c : < 6,5% : 6,6 – 8% : > 8% : bon contrôle Qualité du contrôle à interpréter selon le contexte clinique Mauvais contrôle B) L’autosurveillance glycémique (ASG) 1. Traitement oral. ASG non recommandée SAUF en indication “ a priori ” temporaire: - pour sensibiliser le patient à l’intérêt de la diététique et à l’exercice physique régulier: www.endocrino.net Page 16 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 OUTIL PRECIEUX D’EDUCATION - pour déterminer la posologie d’un sulfamide hypoglycémiant au début ou lors d’un changement d’hypoglycémiant (risque d’hypoglycémie asymptomatique) - lors d’une maladie intercurrente ou de la prescription d’un médicament diabétogène 2. Diabète insulino-traité. ASG nécessaire C) La surveillance glycémique : ce que le patient doit savoir HbA1c : fraction de l’hémoglobine susceptible de se glyquer de façon stable, permet d’estimer la glycémie moyenne des 2 à 3 mois précédents le prélèvement. Dosage à faire tous les 3 à 4 mois Objectif d’HbA1c défini pour chaque patient Autosurveillance glycémique possible 2.e.3 Activité physique A) Intérêt de l’exercice physique régulier: - diminue l’incidence du diabète de type 2 dans une population à risque, améliore l’insulinorésistance et les paramètres métaboliques (action brève de 24 à 30 heures), améliore les chiffres tensionnels à l’effort, augmente la masse maigre, diminue la masse grasse sans modification pondérale notable. B) Type d’exercice physique : - privilégier les activités d’endurance : marche, cyclisme, natation, golf, jogging, ski de fond... plutôt que les activités de résistance, profiter des actes de la vie courante, ludiques et professionnels, intensité progressive adaptée au contexte personnel de sédentarité, sans dépasser 50 à 70 % de la FMT (fréquence maximale théorique) = 220 – âge. C) Durée de l’exercice physique : - au moins 3 fois/semaine (IDEAL = quotidien), au moins 30 minutes dont 5 à 10’ d’échauffement et récupération. D) Contre-indications et précautions : - Insuffisance coronarienne HTA d’effort Rétinopathie proliférante Macroprotéinurie Attention aux traitements hypoglycémiants (insulinosecréteurs, insuline) Attention aux β-bloquants Attention aux pieds www.endocrino.net Page 17 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ⇒ la prescription d’exercice physique est un acte médical nécessitant évaluation des risques du patient et de ses capacités. E) Activité physique – ce que le patient doit savoir - l’effet bénéfique de l’exercice physique, ne pas en attendre une perte de poids mais une amélioration de la masse musculaire, profiter des activités quotidiennes : ménage, bricolage, jardinage, économiser sa voiture, monter les escaliers à pied… le temps passé et l’intensité de l’exercice doivent être progressifs et adaptés à chacun selon l’avis médical. 2.e.3 Diététique 1er temps thérapeutique du diabète Objectifs : perte de 5 à 10 % du poids Corriger avant tout les troubles du comportements alimentaires La prescription diététique doit tenir compte : - du poids du sujet, - de son activité physique, - de ses habitudes alimentaires, - de ses interdits éventuels, - de ses coutumes ethniques, - de ses contraintes professionnelles. Principes généraux : - apport calorique adapté au poids ( > 1500 cal/jour, sauf rares exceptions) - glucides : 50-55% (moins si hypertriglycéridémie et obésité morbide) - lipides : 30-35 % - protides : 15 %, représentant 1 g/kg poids/jour en 3 repas ± 2 collations. Particularités des glucides : - limiter les sucres purs sans les « diaboliser »: sucre, bonbons, miel, confiture, boissons sucrées - prendre les glucides au sein d’un repas mixte - privilégier les aliments à index glycémique bas : pâtes, légumes secs, céréales - 100 g de féculents soit 20 g glucides - 1 fruit de 150 g soit 15 g glucides www.endocrino.net = 100 g de pommes de terre, pâtes, riz, semoule cuits = 60 g légumes secs : lentilles, haricots blancs = 40 g de pain = 30 g de farine ou de céréales = 1 pomme, orange, poire, pêche, brugnon, = 1 pamplemousse = 2 clémentines = 3 abricots = 4 prunes Page 18 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 = = = = ½ banane 250 g de fraises, framboises, groseilles 100 g de raisin 12 cerises Particularités des lipides : - privilégier les graisses mono- ou poly-insaturées - diminuer les aliments riches en graisses cachées et saturées - 10 g de beurre = 10 g de margarine = 20 g de beurre allégé = 10 g d’huile = 30 g de crème fraiche Particularités des protides : - privilégier les protéines d’origine végétale plutôt qu’animale - 100 g de viande = 100 g de poisson soit 20 g protides = 100 g de volaille = 100 g d’abats = 2 œufs = 100 g de jambon découenné dégraissé = 40 g de fromage Edulcorants : - aspartam dépourvue de calorie - xilitol, sorbitol… apportent des calories Produits allégés : - souvent un « leurre » - savoir lire les étiquettes Alcool : 2 verres de vin/jour possibles et conseillés www.endocrino.net Page 19 sur 43 Diabète de type 2 2.e.4 Antidiabétiques oraux 1. Biguanides Mode d’action Effets secondaires - réduction de l’insulinorésistance surtout au niveau hépatique: ⇓ glycémie à jeun - étalement dans le temps de l’absorption digestive du glucose ⇓ glycémie postprandiale - digestifs: douleurs abdominales, diarrhée, fréquents mais souvent transitoires, ⇒ à prendre au milieu ou en fin de repas - risque d’hypoglycémie: NUL, sauf si alcool - Acidose lactique: risque nul si respect des contre-indications www.endocrino.net 2. Insulinosecréteurs : Sulfamides - stimulent l’insulinosecrétion : risque d’hypoglycémie 3. Insulinosecréteurs : Glinides - stimulent le pic précoce d’insulinosecrétion : risque d’hypoglycémie 4. Inhibiteurs αglucosidases - empêchent l'hydrolyse des glucides complexes (amidon) ⇒ retardent l'absorption du glucose et ⇒ atténuent le pic post- - risque d’hypoglycémie surtout par interaction médicamenteuse - allergie Page 20 sur 43 - risque d’hypoglycémie; moindre et plus courte qu’avec les sulfamides prandial ( environ 20 %) ⇓ glycémie postprandiale - troubles digestifs : flatulences, diarrhée. 5. Glitazones - Agonistse des récepteurs nucléaires PPARγ ⇒ diminuent l’insulinorésistance - hépatique : surveillance ASAT/ALAT tous les 2 mois, la première année - prise de poids anémie : surveillance de la NFS oedèmes des MI Diabète de type 2 1. Biguanides - âge > 70 ans sauf si clairance calculée > 60 ml/mn - pathologie aiguë - insuffisance rénale - insuffisance hépatique - arrêt avant et 48 h après injection de produit de contraste ou anesthésie générale 2. Sulfamides - grossesse et allaitement - insuffisance hépatique sévère - insuffisance rénale sévère - allergie aux sulfamides - association au miconazole 3.Glinides - Grossesse - Allaitement - Insuffisance hépatique 4.Inhibiteurs α-glucosidases - maladies digestives 5. Glitazones - Insuffisance rénale sévère - Insuffisance hépatique - Insuffisance cardiaque ou antécédent - Association à l’insuline - Grossesse, allaitement Prescription Posologie progressive Plutôt au milieu ou en fin de repas Posologie progressive Préférer les sulfamides à demi-vie courte chez le sujet âgé Posologie progressive à augmenter toutes les semaines Posologie progressive A prendre avant la première bouchée du repas Indications De première intention chez le diabétique obèse ou en surpoids De première intention chez le diabétique de poids normal De première intention chez le diabétique de poids normal De première intention chez le diabétique de poids normal Initiale par un spécialiste,endocrinologie ou médecine interne ; Renouvellement non restreint De première intention chez le diabétique obèse ou en surpoids si intolérance ou contreindication à la metformine Intérêt Efficacité sur l’insulinorésistance Efficacité sur l’insulinosecrétion Utilisable chez le sujet âgé jusque 75 ans Pas de contre-indication rénale (extension d’AMM dans l’insuffisance rénale même sévère) Utilisable - chez le sujet âgé, -insuffisance rénale (clairance > 25 ml/mn), -insuffisance hépatique Intérêt théorique certain Intérêt pratique encore à évaluer en France Mais coût élevé MAIS coût élevé Contreindications www.endocrino.net Page 21 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 Principaux antidiabétiques oraux commercialisés 1.BIGUANIDES Molécule Nom commercial Metformine Dose/cp (mg) Poso Maxi/jour 25503000 mg Metformine 500 1000 850 850 500 500 Stagid 700 Glucophage 1000 Glucophage 850 Metformine 850 Glucophage 500 Embonate de metformine 2. SULFAMIDES Molécule Nom commercial Gliclazide Glibenclamide Durée D’action puissance Posologie maximale Diamicron 80 Diamicron LP 30 12-24 h 3 cp 12-24 h + ou ++ selon les auteurs +++ 5 Daonil 5 Euglucan 2,5 Hémi-daonil Miglucan ++ 1,25 Daonil faible Glipizide Glibénèse 5 Minidiab Glimépiride + Amarel 3 Amarel 2 Amarel 1 6-12 h + ou ++ selon les auteurs 15 mg 24 h +++ 6 mg 3. GLINIDES Novonorm 0,5 mg Novonorm 1 mg Novonorm 2 mg www.endocrino.net 15 mg Poso max : 2 c/repas (12 mg/jour) Page 22 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 4. INHIBITEURS DES Glucor 50, 100 Diastabol 50, 100 α -GLUCOSIDASES Poso max : 300 mg/jour 5. GLITAZONES: Pioglitazone (ACTOS®) Rosiglitazone (AVANDIA®) cp 15, 30, 45 mg Poso max : 45 mg/jour cp 2, 4, 8 mg Poso max : 8 mg/jour Sites d’action des antidiabétiques oraux Effet indirect www.endocrino.net Page 23 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 CAT CHEZ LE DIABETE DE TYPE 2 Régime normocalorique + activité physique (3 à 6 mois) HbA1c <6% OK HbA1c entre 6 et 6,5% HbAIc >6.5% Metformine ou acarbose BMI > 25 BMI<25 metformine Sulfamides ou glinides HbA1c >6,5% = échec OK HbA1c >6,5% = échec OK Metformine + glitazone Sulfamides + metformine OK OK HbA1c >6,5% = échec ou HbA1c >6,5% = échec www.endocrino.net Page 24 sur 43 INSULINE + ADO (sauf glitazones) ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 2.e.5 Insulinothérapie ♦ - Quand ? lorsque l’HbA1c reste supérieure à 8 % malgré un traitement oral maximal, compte tenu du terrain, et lorsque la diététique, l’activité physique ne sont pas améliorables, après avoir vérifié l’observance thérapeutique du patient, ou lorsque l’HbA1c reste supérieure à 7 % chez un patient dont les objectifs ont été fixés à ce niveau. Transitoire : en cas d’affection intercurrente ♦ Comment ? Commencer par une injection d’insuline intermédiaire (NPH) au coucher (bed-time), à 0,2 U/kg de poids, en adaptant progressivement la dose selon la glycémie capillaire à jeun (dose moyenne : 40 U/jour). L’insulinothérapie peut avec le temps et l’efficacité incomplète de l’injection bed-time se faire sous forme de 2, 3 voire 4 injections quotidiennes pour atteindre les objectifs fixés. L’insulinothérapie est une contre-indication au renouvellement du permis lourd (C, D, E) sauf avis spécialisé favorable. 2.e.6 Traitement du diabète de type 2– ce que le patient doit savoir Le - patient doit connaître ses objectifs thérapeutiques personnalisés : Pondéral HbA1c Lipidiques Tensionnels Il doit connaître les moyens utilisés : - sevrage tabagique activité physique diététique médicamenteux et leurs effets secondaires (troubles digestifs, risque d’hypoglycémie selon les molécules) la nécessité de l’observance thérapeutique www.endocrino.net Page 25 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3. Complications dégénératives du diabète 3.a MICROANGIOPATHIE Physiopathologie générale : Rôle majeur de l’hyperglycémique chronique, donc de la durée de diabète Rôle aggravant de l’HTA 3 mécanismes principaux : - 2 conséquences voie des polyols glycation des protéines altération endothéliale, stress oxydatif - épaississement de la membrane basale altération contenant- contenu microvasculaire : hypercoagulabilité 3.a.1 Rétinopathie Prévalence : ♦ Au diagnostic Après 15 ans d’évolution Diabète type 1 0 95 % Diabète type 2 20 % 50 % Première cause de cécité en France entre 30 et 65 ans, par dépistage insuffisant Physiopathologie de la rétinopathie: L’hyperglycémie chronique induit par glycation exagérée un épaississement de la membrane basale ⇒ réduction du nombre de cellules endothéliales ♦ ⇒ dilatation capillaire, formation de microanévrismes ⇒ microocclusions vasculaires induisant des territoires d’ischémie. Les cellules rétiniennes ischémiques produisent des facteurs de croissance (VEGF, IGF1,…) ⇒ néovaisseaux extra-rétiniens qui peuvent induire des complications : ⇒ hémorragie du vitré, décollement de rétine. Oedème maculaire : phénomène oedémateux par incapacité des capillaires à résorber les fluides. ♦ Recommandations : Dépistage des complications oculaires - - Bilan ophtalmologique dès le diagnostic puis 1 / an - Acuité visuelle - Pression intra-oculaire (glaucome plus fréquent) - Cristallin (cataracte plus précoce) FO après dilatation Angiographie si lésions au FO www.endocrino.net Page 26 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ♦ Stades de la rétinopathie : Stade Lésions Altération de la vision Traitement Non proliférante Dilatation capillaire Microanévrismes Exsudats Hémorragies Non Normalisation glycémique Contrôle tensionnel Pré-proliférante Et Proliférante Zones d’ichémies Puis Néovaisseaux Possible Proliférante compliquée Hémorragie du vitré Décollement de rétine Oui Maculopathie Œ dème maculaire Oui Contrôle tensionnel Panphotocoagulation au laser Normalisation glycémique prudente Normalisation glycémique Contrôle tensionnel Panphotocoagulation au laser Chirurgie Normalisation glycémique Contrôle tensionnel Photocoagulation au laser (grid maculaire) 3.a.1 Rétinopathie – ce que le patient doit savoir Le diabète est la 1° cause de cécité dans les pays industrialisés, avant l’âge de 65 ans. Rôle péjoratif: - du mauvais équilibre glycémique, - de l’ancienneté du diabète, - de l’existence d’une HTA. Le diabétique doit savoir que: Un examen ophtalmologique doit être effectué tous les ans, dès le diagnostic du diabète. Une acuité visuelle normale n'élimine pas une rétinopathie, Et QUE : baisse de l'acuité visuelle, troubles de la vision des couleurs, déformations des images, sensation de voile, sont des signes d'ALERTE MAIS BEAUCOUP TARDIFS. www.endocrino.net Page 27 sur 43 TROP ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.a.2 Neuropathie A) Polyneuropathie symétrique des membres inférieurs Très fréquente : 50 % après 25 ans d’évolution ♦ Clinique: Perte des sensibilités tactile (test au monofilament), thermique et vibratoire (diapason), bilatérale et distale (pieds) ± atteinte des sensibilités profondes et abolition des réflexes ostéo-tendineux, ± douleurs nocturnes des membres inférieurs (paresthésies, sensations de brûlures, de piqûres, crampes) parfois hyperalgiques et insomniantes. Risque de troubles trophiques (mal perforant plantaire) Atteinte motrice exceptionnelle ou très modérée dans les formes anciennes. EMG de stimulo-détection systématique inutile. ♦ Traitements : normalisation glycémique (stabilise les lésions, parfois antalgique) spécifiques de la douleur : après échec des antalgiques classiques (paliers 1 et 2) dans la neuropathie hyperalgique Traitements: Efficacité Effets secondaires +++ + +++ + Antiépileptiques (Rivotril, Tégretol) +++ ++ Neuroleptiques (Haldol,…) +++ + Antalgiques majeurs (palier 3) (Moscontin Skenan) +++ ++ Neurontin Antidépresseurs tricycliques, dose non antidépressive (Anafranil 25 à 50 mg,…) à ♦ Dépistage de la neuropathie symétrique : - examen neurologique 1 fois / an : neuropathie ? examen du pied 1 fois/an : - monofilament, diapason (sensibilités) - pouls - déformations du pied, points d’appui anormaux, hyperkératose B) Neuropathies focales et multifocales : mononévrites, multinévrites ♦ ischémie du nerf plutôt impliquée dans les neuropathies focales et multifocales www.endocrino.net Page 28 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ♦ Clinique : Début brutal, évolution le plus souvent favorable, en quelques semaines ou mois. Diagnostic d’élimination après avoir éliminer les autres étiologies Les atteintes les plus fréquentes : - atteintes isolées des nerfs des membres - cruralgie - fémoro-cutané (méralgie paresthésique) - médian (diagnostic différentiel : canal carpien) - atteintes des nerfs crâniens - III : diplopie - VI : diplopie - IV : diplopie - VII : paralysie faciale périphérique - atteintes des nerfs du tronc - douleurs et hypoesthésie du dos - paresthésies intercostales C) Neuropathie végétative Organe Pathologie Clinique Diagnostic Traitement Estomac Gastroparésie Souvent absente Nausées Vomissements alimentaires Transit isotopique Fibroscopie Anti-émétiques Cisapride Erythromycine Grêle Diarrhée motrice Accélération du transit Rouge carmin Ralentisseurs du transit Noroxine + Augmentin Vessie Vessie neurogène Incontinence Infections urinaires Cystoscopie Débitmétrie Autosondage Chirurgie urologique Glandes sudoripares Anhydrose Hyperhydrose Cardiovasculaire Neuropathie autonome cardiaque Espace RR (Valsalva, orthostatisme, respiration profonde) Bas de contention (si hypotension orthostatique) Organes génitaux Impuissance Hypotension orthostatique Caractère silencieux de l’angor Tachycardie permanente Impuissance Souvent plurifactorielle (psychogène) Pléthysmographie Infertilité Spermatozoï des urinaires Traitements médicaux de la dysérection Suivi psychologique Injections intracaverneuses Chirurgie Ejaculation rétrograde www.endocrino.net Page 29 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.a.3 Néphropathie Si les premiers signes de néphropathie ne sont pas apparus après 20 ans d’évolution du diabète, le risque de cette complication diminue. 20 % des dialysés en France sont diabétiques, 30 % d’entre eux sont de type 1 et 70 % de type 2. ♦ Histoire naturelle de la néphropathie - Au stade initial de "néphropathie incipiens", la microalbuminurie est de 30 à 300 mg/24 h. - 40 % des diabétiques arrivent à ce stade qui peut durer plusieurs années. - 30 % évolueront vers le stade de macroprotéinurie, ± syndrome néphrotique. - 10 % vers le stade d'insuffisance rénale chronique terminale. ♦ Signification d’une microalbuminurie pathologique: Facteur prédictif de mortalité prématurée par affection cardio-vasculaire ou accident vasculaire cérébral, car, à ce stade, 100 % ont une macroangiopathie sévère ainsi qu'une rétinopathie; L’absence de rétinopathie à ce stade nécessite de rechercher une autre étiologie (50 % des cas). les facteurs de risque classiques s'aggravent lorsque l'insuffisance rénale s'installe ( HTA, lipides, anomalies de la fibrinolyse,...) ♦ Intervention de prévention: Au stade de microalbuminurie : - contrôle glycémique strict - objectifs tensionnels stricts - IEC ou antagoniste angio II (Sartan) Quand l'insuffisance rénale commence à apparaître, il faut: - contrôler la tension artérielle, - prescrire un régime hypoprotidique, - améliorer le contrôle glycémique, - gérer l’anémie (précoce chez les diabétiques) - prescrire un traitement vitamino-calcique, - préserver le capital veineux (fistule), - vacciner contre l'hépatite B, - éradiquer les foyers infectieux (urinaires +++), - éviter les bolus iodés, ♦ Dépistage des complications rénales : - microalbuminurie 1 fois/an - créatininémie à jeun 1 fois/an ± calcul de la clairance de la créatinine (Cockroft) = (140 – âge (ans) x poids (kg) x 1,25 pour l’homme, 1 pour la femme Créatininémie (µmol/l) - mesure de la clairance de la créatinine si : - albuminurie - hématurie - infection urinaire - créatininémie > 15 mg/l chez l’homme ( 135 µmol/l), > 12 mg/l chez la femme ( 115 µmol/l) - clairance calculée < 60 ml/mn. - bandelettes urinaires 1 fois/an www.endocrino.net Page 30 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ♦ Infections urinaires Fréquence: x 3 à 4 90 % des infections urinaires basses sont asymptomatiques Dépistage : bandelettes urinaires 1 fois/an Conséquences: - risque de pyélonéphrite aiguë - risque à moyen terme d'aggravation d'une néphropathie glomérulaire débutante ou avancée Traitement: OUI, même si asymptomatiques 70 % de récidives impliquent la recherche d'une cause: examen gynécologique et explorations uro-dynamiques. www.endocrino.net Page 31 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.b MACROANGIOPATHIE Première cause de mortalité, plusieurs mécanismes intriqués en cause : - HTA - Dyslipidémie - Insulinorésistance (Syndrome X) - Hyperglycémie (non prépondérant dans la macroangiopathie à l’inverse de la microangiopathie) - Etat d’hypercoagulabilité 3.b.1 Artériopathie des membres inférieurs Plus précoce, plus fréquente ( 50 % des diabétiques après 20 ans d’évolution) et plus grave que chez les non-diabétiques Risque de gangrène multiplié par 7 chez le diabétique. 50 % des amputations non traumatiques se font chez les diabétiques. ♦ Particularités: - Rôle péjoratif du tabac - Atteintes plus diffuses et plus distales, possibilités de revascularisation plus limitées par rapport aux sujets non diabétiques. Discussion des pontages distaux. - neuropathie associée: ⇒ risques de traumatismes indolores ⇒ extrémités parfois encore chaudes, ⇒ claudication intermittente parfois discrète ⇒ douleurs de decubitus parfois absentes Elle aggrave le pronostic du pied diabétique - médiacalcose fréquente: valeur séméiologique de l'abolition du pouls tibial postérieur. ♦ Risques: LE PIED ! : risque d’amputation ! ♦ - Dépistage : examen des pieds 1 fois/an palpation des pouls 1 fois/an si anomalie : bilan vasculaire : échodoppler des membres inférieurs, +/- artériographie… ♦ - Prévention : contrôle glycémique strict antiaggrégants (efficacité non prouvée) vasodilatateurs inefficaces exercice musculaire prise en charge des facteurs de risque vasculaire associés (tabac +++) 3.b.2 Cœur et diabète A) Coronaropathie + fréquente (risque x 2 à 3 chez l’homme, x 3 à 5 chez la femme) + grave (mortalité de l’infarctus x 2 à 8 jours et à 1 an) Pronostic amélioré par un contrôle glycémique strict et précoce www.endocrino.net Page 32 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 ♦ Signes cliniques : - Angor asymptomatique ou douleur atypique - Infarctus silencieux - Cardiopathie ischémique - Mort subite ♦ Dépistage: - ECG de repos/an - Dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse : légitime chez les patients à risque vasculaire élevé et/ou ayant un diabète depuis plus de 15 ans mais les modalités sont encore discutées à l’heure actuelle (ECG effort, scintigraphie myocardique voire coronarographie) *B) Cardiomyopathie diabétique - stade préclinique : HVG échocardiographique - insuffisance cardiaque globale 3.b.3 Hypertension artérielle ♦ Risque d'être hypertendu - pour un diabétique de type 2: plus de 50 % après 45 ans ; rôle péjoratif sur la tension artérielle d’un syndrome des apnées du sommeil fréquent dans le contexte de surpoids du diabète de type 2 - pour un diabétique de type 1 : si néphropathie ♦ Risques de l'HTA: - aggravation de la microangiopathie (néphropathie +++, rétinopathie ++, neuropathie +) - facteur de risque majeur d’évènement cardio-vasculaire ♦ Objectifs tensionnels stricts: 140/80 mm, parfois plus stricts si rétinopathie et/ou néphropathie. ♦ - Dépistage et prévention des facteurs de risque cardio-vasculaires : Arrêt du tabagisme Mesure de la pression artérielle à chaque consultation ♦ - Traitements : mesures non médicamenteuses : cf. arbre décisionnel préventif à visée vasculaire : aspirine anti-hypertenseur : cf. arbre décisionnel www.endocrino.net Page 33 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 Conduite à tenir devant une HTA chez un diabétique: Hypertension permanente PAS > 140 et/ou PAD > 80 mm Hg Mesures non médicamenteuses* Evaluation des risques associés Valeurs normales : PAS < 140 et PAD < 80 mm Hg Hypertension permanente Monothérapie : - Diurétiques - β-bloquants cardiosélectifs - IEC ou antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) (Selon les individus) Objectifs tensionnels atteints ? PAS < 140 mm Hg, PAD < 80 mm Hg OUI Association personnalisée NON : Bithérapie : - Diurétiques + IEC ou ARA II ou β-bloquants Si insuffisant, optimisation avec polythérapie associant en plus : - antagonistes calciques - alphabloquants - antihypertenseurs centraux * Mesures non médicamenteuses : lutte contre l’excès pondéral, la sédentarité et le tabagisme. www.endocrino.net Page 34 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.b.4 Dyslipidémies Dyslipidémie quasi constante et athérogène dans le diabète de type 2, s’améliore avec la normalisation glycémique, ♦ Association de : - Hypertriglycéridémie - HDL- cholestérol bas - Augmentation des LDL modifiées (petites et denses) et oxydées. ♦ Objectifs lipidiques: On tend de plus en plus à considérer qu’un diabétique de type 2 doit être en prévention secondaire d’emblée : ⇒ LDL chlolestérol < 1,30 g/l , voire 1 g/l (non encore officialisé) ⇒ HDL cholestérol > 0,35 g/l ⇒ Triglycérides < 1,50 g/l Attention au HDL-Cholestérol: < 0,35 g/l = Risque vasculaire Pour atteindre ces objectifs, la majorité des diabétiques devront prendre un traitement hypolipidémiant selon la formule lipidique : - les statines ont démontré leur efficacité dans de nombreuses études - les fibrates sont un traitement logique de la physiopathologie de la dyslipidémie. ♦ Recommandations : Bilan lipidique complet (exploration d’une anomalie lipidique) 1 fois/an www.endocrino.net Page 35 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.c PIED DIABETIQUE 1° cause d'amputations en France Plaies de pied: hospitalisations prolongées, Pronostic fonctionnel +++ Physiopathologie NEUROPATHIE AUTONOME Transpiration anormale SENSITIVE Traumatismes indolores Modifications osseuses, ostéolyse Troubles trophiques Déformations Infection Ulcérations Points+hyperkératose de pression anormaux gangrène ATTEINTE VASCULAIRE ♦ Patients à risque podologique élevé : - Les diabétiques artéritiques: pouls abolis ou faibles, - Les diabétique ayant un trouble de la statique du pied, - Les diabétiques ayant des troubles de la sensibilité algique, vibratoire, thermique et profonde - Tout diabétique ayant des antécédents d'ulcération au niveau des pieds. ♦ Implications thérapeutiques: - hygiène des pieds: EDUCATION, (cf fiche patient). - consultation podologique: orthèse ? - contrôle glycémique (neuropathie), www.endocrino.net Page 36 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 Pied ulcéré (traitement): ⇒ ⇒ ⇒ surinfection: Prélèvement, Antibiothérapie Mal perforant plantaire "propre": soins locaux, décharge Si ischémie menaçante: bilan vasculaire, angioplastie, pontage 3.c Pied diabétique :CONSEILS POUR LE PATIENT A RISQUE ce que le patient doit savoir 1. Eviter les situations qui mettent le pied en danger ◊ Ne pas marcher pieds nus, par exemple à la plage. ◊ Ne pas couper les ongles, mais plutôt les limer. ◊ Ne pas enlever les cors ou les callosités avec des instruments tranchants, mais les poncer. ◊ Ne pas utiliser de substances corrosives telles que des coricides. ◊ Ne pas utiliser de bouillotte ou de coussin électrique pour se réchauffer les pieds. 2. Favoriser les méthodes qui protègent le pied. ◊ Inspecter les pieds chaque jour, avec l'aide d'un miroir si nécessaire. ◊ Laver les pieds chaque jour à l'eau tempérée et les sécher soigneusement, surtout entre les orteils. ◊ hydrater les pieds quotidiennement en cas de sécheresse de la peau ◊ Recourir régulièrement à des soins de pédicurie. ◊ Porter des chaussures adaptées: en cuir, larges, avec des semelles souples, sans brides ou lanières, sans coutures intérieures, fermées. Le fait que la chaussure soit confortable n'est pas une garantie de qualité. ◊ Changer de paire de chaussure dans la journée. Ne porter les nouvelles chaussures que durant une heure les premiers jours et inspecter les éventuels points de frottement. Porter des chaussettes de coton, de laine, ou de soie, si possible. Les changer tous les jours. Eviter les élastiques qui serrent le mollet. www.endocrino.net Page 37 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 3.d LE SUIVI DU PATIENT DIABETIQUE DE TYPE 2 : RECOMMANDATIONS DE L’ANAES 3-4 mois 6-7 mois 9-10 mois Tous les ans CLINIQUE Education X X X X Observance ASG Poids Tension artérielle X X X X X X X X X X X X X X X X Pieds (si neuropathie) Examen cardio-vasculaire Pouls, souffles ? X X X X X Examen neurologique Monofilament ± diapason X Bouche, ORL, peau Contraception ? Désir d’enfant ? X X EX. COMPLEMENTAIRES HbA1c X X X X Lipides (E.A.L.) Créatininémie Calcul clairance créatinine Bandelettes urinaires X X X X Microalbuminurie Examen ophtalmologique ECG repos X X X www.endocrino.net Page 38 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 4. Autres complications du diabète 4.a COMPLICATIONS CUTANEES : - associées au diabète : nécrobiose lipoï dique, rare (traitement par corticoï des locau x) - infectieuses : dermoépidermite aiguë (érésipèle) mycoses : génitales, onychomycoses. 4.b COMPLICATIONS BUCCO-DENTAIRES - parodontolyse fréquente Recommandations : Examen bucco-dentaire 1 fois/an 4.c COMPLICATIONS OSTEOARTICULAIRES Certaines atteintes sont plus fréquentes chez les sujets diabétiques : - capsulite rétractile de l’épaule : d’évolution souvent favorable - syndrome du canal carpien - maladie de Dupuytren - ostéoarthropathie du pied : pied cubique de Charcot par effondrement de la voûte plantaire et ostéolyse des os du tarse 4.e STEATOSE HEPATIQUE - dépistage par transaminases dans le diabète de type 2 risque de fibrose et de cirrhose (NASH) www.endocrino.net Page 39 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 5. Complications métaboliques du diabète 5.a COMA CETO-ACIDOSIQUE ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Définition : acétonurie ≥ 2 +, glycosurie > 2 +, glycémie ≥ à 2,5 g/l, pH veineux < 7,25, bicarbonate < 15 mEq/l. Coma vrai au sens nosologique du terme, rare, inférieur à 10 %. Incidence 2 à 4 % par an par patient. Etiologie - déficit absolu : inaugural de type 1 (10 % des cas) ou arrêt volontaire ou non de l’insulinothérapie - déficit relatif : association d’un diabète non obligatoirement insulinodépendant et d’un facteur surajouté (infarctus, infection, corticothérapie) - inconnue : 25 % des cas. Diagnostic - phase de cétose : syndrome cardinal aggravé + troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) - phase de céto-acidose : dyspnée de Kussmaul + troubles de la conscience (état stuporeux) + déshydratation mixte à prédominance extra cellulaire. Diagnostic rapide par bandelettes + pH veineux (et artériel = GDS) . Utilité de ionogramme en urgence pour la kaliémie . Utilité en cas d’absence d’urine des nouvelles bandelettes pour dosage des corps cétoniques sanguins. - Critères de gravité imposant l’hospitalisation en réanimation: sujet âgé, pH < 7, kaliémie < 4 ou > 6 mmol/l, coma profond, instabilité tensionnelle, non reprise de diurèse après 3 heures, vomissements incoercibles. Diagnostic différentiel - urgence abdominale (augmentation physiologique des enzymes) - coma hyperosmolaire (calcul de la natrémie corrigée) Evolution - régression sous traitement en 24 à 48 h - complication iatrogène : œdème cérébral, surcharge hydrosodée Traitement préventif - règles éducatives en cas de cétose (maintien des injections même si inappétence, supplément en insuline rapide, acétonurie systématique si glycémie > 2,50 g/l) Premiers gestes - scope +surveillance sang-urine - non systématiques : sonde gastrique (sauf vomissement), sonde urinaire (sauf si pas de diurèse après 3 heures), bilan infectieux et enzymes (sauf orientation), cathéter central (sauf si désordre majeur). Traitement curatif - insuline rapide ou ultrarapide à la seringue électrique IV débit constant, tant que dure la cétose : 10 à 15 unités/heure - recharge volumique par sérum salé isotonique 4 à 7 l au perfuseur électrique - apports potassiques importants si possible à la seringue électrique, à ajuster à la kaliémie répétée. - Apports glucosés intraveineux à la demande pour maintenir la glycémie à 2.5 g/l www.endocrino.net Page 40 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 5.b COMA HYPEROSMOLAIRE Décompensation classique du sujet âgé diabétique de type 2, ou inaugurale du diabète, lorsque la polyurie a été compensée par des boissons sucrées ou insuffisamment compensée (rôle de l’inaccessibilité aux boissons). ♦ Diagnostic biologique: - Glycémie > 6 g/l - Osmolalité > 350 mmol/kg = (Na, mmol/l, +13) x 2 + (glycémie, mmol/l) Ou Natrémie corrigée = Na plasm +[ (glycémie – 1 g/l) x 1,6] : > 155 mmol/l - Absence de cétose et d’acidose ♦ Risque: 20 à 40 % de mortalité chez le sujet âgé. ♦ Clinique: - Déshydratation intense avec troubles de la vigilance. - Parfois révélateur d’un diabète de type 2 méconnu. ♦ Facteurs étiologiques: - Age > 80 ans - Infection aiguë - Diurétiques - Mauvaise accessibilité aux boissons : Maison de retraite, Démence - Corticothérapie ♦ Traitement : - mise en conditions : voie veineuse, éventuellement centrale, prévention des complications de decubitus - réhydratation prudente et lente, selon le terrain : 6 à 10 litres de sérum salé isotonique dans les premières 24 heures : - 0-1 h : 1 litre - 1-4 h : 2 à 3 litres - 4-24 h : 4 à 6 litres - insulinothérapie intraveineuse continue à la seringue électrique : 2-3 unités/heure en maintenant la glycémie > 2,50 g/l, selon les glycémies capillaires horaires - surveillance clinique : conscience, pouls, PA, température, diurèse et biologique (ionogramme sanguin et créatininémie) - héparinothérapie préventive - traitement de l’affection causale, si nécessaire - soins des yeux, de bouche, aérosols, aspiration bronchique. A distance de cet épisode aigu, il est souvent possible de reprendre un traitement hypoglycémiant oral. www.endocrino.net Page 41 sur 43 ©Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques. Mise à jour décembre 2004 5.c HYPOGLYCEMIES (voir chapitre correspondant) Pour rappel : - inévitable chez tout diabétique de type 1 « bien équilibré » : 3 à 5 hypoglycémies modérées en moyenne par semaine - combattre les fausses croyances : l’hypoglycémie n’est pas mortelle et ne laisse pas de séquelles cérébrales (sauf cas extrêmes et hypoglycémie très profonde et prolongée), elle ne participe pas aux complications du diabète, ne déclenche pas d’accident vasculaire ou cardiaque, elle ne provoque pas de rebond d’hyperglycémies, ne fait pas prendre de poids. - Connaître les vrais dangers de l’hypoglycémie : peur n° 1 du diabétique l’incitant à se maintenir en hyperglycémie, déstabilisation du diabète, prudence chez le sujet âgé, danger réel en cas d’alcoolisme concomitant, danger dans certaines situations ou sports à risque - La non perception et/ou la perception tardive des signes d’hypoglycémies accroît le risque d’hypoglycémie sévère. Facteurs favorisants : hypoglycémies mineures répétées plus ou moins ignorées (nocturne), neuropathie végétative (longue durée du diabète). - Causes les plus fréquentes : repas sautés insuffisants ou retardés, effort physique non pris en compte dans les doses d’insuline, erreur d’injection d’insuline. Utilité de l’ éducation individuelle (sucre sur soi, etc..) et de la famille ( glucagon, etc..). www.endocrino.net Page 42 sur 43