Amours et Haines (3) : Neurobiologie

Transcription

Amours et Haines (3) : Neurobiologie
Amours
et
Haines
Neurobiologie
(3)
:
Comment et pourquoi tombons-nous amoureux
? Au cours de notre 3ème conférence,
Lionel Brocq nous a invités à nous
interroger sur cette question cruciale en
visionnant le documentaire de Thierry
Binisti L’Odysée de l’Amour. Malgré ses
longueurs et la niaiserie de la petite
fiction qui ponctuait les interviews de
scientifiques, ce documentaire a eu le
grand mérite de nous présenter très
clairement les différentes théories
actuellement en vigueur. Deux courants
s’affrontent :
– Le premier se situe dans la mouvance de la théorie
darwinienne, appliquée aux sciences humaines. Soutenu par la
sociobiologie et par la psychologie évolutionniste, il part du
postulat que nos pensées et comportements ainsi que nos
caractéristiques physiques sont le résultat de l’évolution
qui, elle-même, est soumise aux mécanismes de la sélection
naturelle et de la sélection sexuelle. Ainsi, dans nos
sociétés modernes, les individus continueraient de choisir
leur compagnon et compagne sur base de critères
objectivables : les femmes voudraient des hommes robustes et
protecteurs qui assureraient la sécurité du foyer, les hommes
focaliseraient leurs vues sur les femmes bonnes
reproductrices… De même, les hommes seraient plus volontiers
collants en début de relation auprès de leur belle pour
assurer leur légitimité sur leur descendance ; les femmes
marqueraient un attachement plus durable afin de ne pas se
retrouver seules à élever les gosse !! Tout cela serait
inscrit dans nos gènes…
– Le second courant privilégie l’approche neurobiologique et
utilise les découvertes récentes sur le fonctionnement du
cerveau pour expliquer toutes les réactions chimiques qui
s’enclenchent et interagissent entre elles, au moment d’une
rencontre ou d’un coït, ou encore pour que la relation puisse
se continuer par de l’attachement. Ici, le propos n’est pas de
savoir de qui ni pourquoi nous tombons amoureux, mais plutôt
de repérer les processus cérébraux qui motivent nos
comportements puis mettent ces comportements en cohérence avec
nos actes.
Entre les deux approches, mon esprit libre exaministe n’hésite
pas longtemps. La psychologie évolutionniste, sous couvert
d’annoncer sa (fausse) continuité avec la théorie
révolutionnaire de Darwin, me paraît plus que tendancieuse,
ringarde et désespérante de déterminisme… A croire que rien
n’aurait changé depuis l’Homme de Néandertal, pire depuis Homo
Erectus. Comme si nous étions toujours animés que par le même
instinct de survie et de reproduction, comme si encore notre
cerveau des émotions et à fortiori notre cortex développé ne
comptaient pas (ou si peu) dans le choix de notre conjoint ;
comme si enfin les changements sociaux et culturels, les
progrès techniques et scientifiques qui ont jalonné nos
sociétés humaines étaient sans effet sur notre rapport au
monde, nos relations, nos comportements, nos sentiments, nos
envies… On choisirait aujourd’hui son partenaire sur base des
mêmes critères que nos ancêtres des cavernes : un homme
baraqué et à la mâchoire carrée, en signe de sa force et de sa
caractère volontaire, capable de chasser les bêtes féroces ;
une femme pas trop frêle, aux hanches larges et seins
généreux, susceptible de faire de beaux enfants et de résister
aux accouchements à répétition !
Mais alors, comment faire rentrer dans cette théorie
rétrograde les homosexuels ou les femmes couguars ? Que penser
des nombreux couples modernes qui ne veulent pas d’enfants ?
De ceux qui se forment à 50 ans, sans intention de fonder une
famille ? Il semble que les scientifiques de ce courant (très
américain) n’abordent pas ces spécificités particulières ce
qui laisse peu de chance pour faire évoluer les mentalités.
Plus alarmant encore, leurs recherches visent à prouver que
nos choix et comportements amoureux nous sont dictés par de
l’inné purement fonctionnel de reproduction, un inné plus fort
que notre raison, notre éducation, notre culture, nos désirs,
nos rêves, notre volonté d’auto-détermination…
La neurobiologie n’est certainement pas très glamour non plus
! En revanche, elle observe, sans spéculer, ce qui est
satisfaisant. Elle s’en tient à rendre compte de phénomènes
réels scientifiquement prouvables : comme par exemple (et même
si l’on ne sait pas observer cela à l’oeil nu), la libération
de signaux transmetteurs et la connexion de neurones, la
sécrétion des glandes hormonales, les réactions physiques ou
physiologiques, etc. La neurobiologie explique ce qui se passe
dans le corps, ôtant ainsi les mystifications romantiques sur
le sentiments amoureux, mais laissant par la même occasion
toute latitude pour aimer qui bon nous semble, rêver et
fantasmer nos amours : ouf, les boiteux et les femmes plates
comme des limandes ont donc leur chance de faire battre les
coeurs et de déclencher des torrents de désirs !!!
Voici en six parties successives, le documentaire en question.
Il est très instructif : Partie 1 Partie 2 Partie 3 Partie 4
Partie 5 Partie 6

Documents pareils