Les TIC en immersion
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Les TIC en immersion
Journal de l’ IMMERSION Journal Volume 29, Numéro 1, Printemps 2007 Association canadienne des professeurs d'immersion SOMMAIRE Canadian Association of Immersion Teachers Activités de l’ACPI ACPI-CAIT Prix d’excellence • Certificat de mérite PAGE 3 Accord historique entre l’ACPI et la FCE PAGE 5 Les ACPI-ici ! : Un grand succès ! PAGE 6 Mot du président PAGE 9 Dossier : Des TIC pour quoi faire ? Eduportfolio PAGE 11 « ANNOTATIONS », lecturiciel d’aide à la littératie en français, langue seconde et langue maternelle PAGE 12 Oniva à Radio-Canada PAGE 17 Propositions didactiques en ligne PAGE 20 Évaluation des compétences linguistiques Grilles d’évaluation de la lecture PAGE 26 Coin « Inspiration » L’identité linguistique et l’identité professionnelle en immersion PAGE 32 L’immersion est comme une piscine PAGE 37 Langue et culture But Can They Laugh In French… PAGE 41 DOSSIER Les TIC en immersion La parole aux jeunes Portes de l’immersion PAGE 51 Living The Language Through Sevec Exchanges PAGE 52 L’immersion d’un océan à l’autre PAGE 53 Conseil d’administration 2006-2007 Région 1 Atlantique Erin Dawe Lise Bulger-Hickey Région 2 Québec Thierry Karsenti, Président Emmanuel Tremblay Ontario Région 3 Suzanne Fournier, Trésorière Guylaine Robichaud Région 4 Manitoba, Saskatchewan, T.N.-O. Philippe Le Dorze, Secrétaire Françoise Kartha Alberta, Colombie-Britannique, Yukon Région 5 Alicia Logie, Vice-présidente Julie Maisonneuve NOS PARTENAIRES Patrimoine canadien CASLT/ACPLS Canadian Heritage Association canadienne des professeurs de langue seconde Canadian Parents for French Center for Advanced Research on Language Acquisition (CARLA) Chenelière Éducation Fédération Internationale des professeurs de français Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants Le français pour l’avenir French for the Future Le Journal de l'immersion/Immersion Journal Volume 29, Numéro 1, Printemps 2007 L’Association canadienne des professeurs d’immersion 201-57, promenade Auriga Nepean Ontario K2E 8B2 Téléphone : (613) 288-0333 Télécopieur : (613) 727-3831 Site web : http://www.acpi-cait.ca Ce journal est publié trois fois par an sous le numéro d’enregistrement « 8210 » du courrier de deuxième classe. Les articles publiés reflètent l’opinion des auteurs et non forcément celles du conseil d’administration de l’ACPI. Opinions expressed by authors are their own and not necessarily those of the Board of Directors of CAIT. Tirage/Circulation 1 200 exemplaires/copies Reconnaissance – Le Conseil d’administration de l’ACPI ainsi que l’équipe de rédaction du « Le Journal de l'immersion/Immersion Journal » tiennent à exprimer toute leur gratitude et leur reconnaissance au ministère du Patrimoine canadien pour sa contribution financière sans laquelle la publication du journal ne serait pas possible. Acknowledgement – The Board of Directors of CAIT and the Editorial Board of the “Le Journal de l'immersion/Immersion Journal” wish to express their gratitude to the department of Heritage Canada for its financial contribution to support the publication of the journal. ISSN : 0833-1812 Comité de rédaction/Editorial Board Françoise Kartha Erin Dawe René Hurtubise Rédactrice en chef/Chief Editor Françoise Kartha Graphisme et production/Graphic Production Sylvie Côté Révision linguistique/Editing Gabriel Dumouchel Francophonie sans frontières Société éducative de visites et d’échanges au Canada Society for Educational Visits and Exchanges in Canada 2 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LES ACTIVITÉS DE L'ACPI Prix d’excellence de l’Association canadienne des professeurs d’immersion pour les élèves du primaire et du secondaire Objectif L’objectif de ce prix est de reconnaître l’excellence des élèves inscrits à des programmes d’immersion et qui ont acquis une excellente connaissance du français, et ce, en fonction de leur niveau scolaire. Qui pourrait recevoir un tel certificat ? L’Association canadienne des professeurs d’immersion (ACPI) souhaite que ces certificats puissent être remis aux élèves des programmes d’immersion, de partout au Canada, qui excellent dans la maîtrise du français. Comment une école peut-elle participer ? Pour participer à ce projet, une école doit être membre de l’ACPI. Pour connaître les modalités d’adhésion à l’ACPI, consultez notre site Web (www.acpi-cait.ca). ACPI-CAIT Un système ingénieux facilitant la soumission des lauréates et lauréats Les écoles membres peuvent faire parvenir à l’ACPI le nom d’un maximum de 10 lauréates et lauréats, par année, qui recevront chacun, directement de l’ACPI, le parchemin. Pour soumettre le nom des élèves, l’école doit remplir un formulaire en ligne sur le site de l’ACPI. Les écoles membres de l’ACPI recevront, dès le mois de mai, un identifiant et un mot de passe qui leur permettra d’entrer dans le système développé par l’ACPI pour soumettre le nom de leurs lauréates et lauréats. www.acpi-cait.ca Pour toute information complémentaire Merci de consulter notre site Web (www.acpi-cait.ca) ou de vous adresser directement à Marie Larivière, coordonnatrice de l’ACPI : 201-57 Auriga Nepean (Ontario) K2E 8B2 Téléphone : (613) 228-0333 Télécopieur : (613) 727-3831 [email protected] LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 3 Certificats de mérite de l’Association canadienne des professeurs d’immersion pour les élèves du primaire et du secondaire Objectif L’objectif de ces certificats est de reconnaître le mérite d’un grand nombre d’élèves qui se sont inscrits à des programmes d’immersion et qui ont acquis une certaine connaissance du français. Qui pourrait recevoir un tel certificat ? L’Association canadienne des professeurs d’immersion (ACPI) souhaite que ces certificats puissent être remis à un grand nombre d’élèves de partout au Canada. Comment une école peut-elle participer ? Pour participer à ce projet, une école doit être membre de l’ACPI. Pour connaître les modalités d’adhésion à l’ACPI, consultez notre site Web (www.acpi-cait.ca). Un système ingénieux facilitant la soumission des lauréates et lauréats Les écoles membres de l’ACPI recevront, dès le mois de mai, un identifiant et un mot de passe qui leur permettra d’entrer dans le système développé par l’ACPI. Ce système permet aux écoles de créer, en quelques minutes, une multitude de certificats de mérite (à l’image du certificat présenté dans le communiqué). Parmi les divers paramètres que l’école peut changer : le nom du lauréat ou de la lauréate, le nom de l’enseignant(e), le nom du directeur ou de la directrice, la date, le lieu, etc. Ce système permet aux écoles d’obtenir le certificat en format pdf. L’école n’a alors plus qu’à les imprimer1. 1 Pour les écoles qui ne possèdent pas d’imprimantes couleur, l’ACPI peut les imprimer, moyennant un coût modique par diplôme. www.acpi-cait.ca 4 • ACPI-CAIT Pour toute information complémentaire Merci de consulter notre site Web (www.acpi-cait.ca) ou de vous adresser directement à Marie Larivière, coordonnatrice de l’ACPI : 201-57 Auriga Nepean (Ontario) K2E 8B2 Téléphone : (613) 228-0333 Télécopieur : (613) 727-3831 [email protected] LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LES ACTIVITÉS DE L’ACPI ACCORD HISTORIQUE ENTRE L'ACPI ET LA FCE L’Association canadienne des professeurs d’immersion (ACPI) et la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants (FCE) ont signé un accord historique à Ottawa, le 16 janvier dernier. L’ACPI, qui a pour mission de promouvoir l’immersion en français et de contribuer au développement de la pédagogie immersive et qui dispose d’un réseau constitué de quelque 2 175 écoles de partout au Canada, est particulièrement fière d’être associée à la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants. En effet, la FCE est la plus importante organisation-cadre nationale bilingue de la profession enseignante du pays qui représente quelque 215 000 enseignantes et enseignants. M. Winston Carter, président de la FCE et M. Thierry Karsenti, président de l’ACPI. Cet accord a notamment pour objectifs de resserrer les liens entre les deux associations afin de promouvoir la dualité linguistique au Canada et de faciliter le développement de la formation à la profession enseignante au Canada. M. Calvin Fraser, secrétaire général de la FCE, M. Winston Carter, président de la FCE et M. Thierry Karsenti, président de l’ACPI. La Fédération canadienne des enseignants a publié récemment sur son site Web : http://www.ctf-fce.ca sous l’onglet Nouvelles ressources/New Resources L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS LANGUE SECONDE AU CANADA : POINTS DE VUE DU PERSONNEL ENSEIGNANT- Rapport Septembre 2006 TEACHING FRENCH AS SECOND LANGUAGE IN CANADA : TEACHERS’ PERSPECTIVES – Report September 2006 LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 5 LES ACTIVITÉS DE L’ACPI LES ACPI-ICI ! : UN GRAND SUCCÈS ! Qu’est-ce qu’un « ACPI-ici ! » ??? Un ACPI-ici ! est un stage de formation professionnelle de qualité pour les enseignants d’immersion en français. Ce stage dure une journée. La journée sert également à informer les participants du travail de leur association nationale, ACPI-CAIT. • Le 16 mars 2007 à Winnipeg, M. René-Étienne Bellavance a présenté la conférence d’ouverture de la journée suivie par plusieurs ateliers visant l’enseignement au secondaire. L’organisation d’un ACPI-ici ! se fait par une association locale ou provinciale en collaboration avec l’ACPI. Certains frais sont couverts par l’ACPI pour faciliter la venue d’un conférencier de niveau national. Trois demi-journées ACPI-ici ! ont eu lieu à Ottawa, les 15 et 16 février derniers en partenariat avec le Ottawa-Carleton District School Board, Chenelière-Éducation et Patrimoine canadien. 86 enseignantes et enseignants ont participé à ces demi-journées sous le thème de la lecture partagée. Léo-James Lévesque de Fredericton a su, par son enthousiasme et son sens de l’humour, nous transmettre un cadre de travail pour la lecture partagée, un outil de travail motivant et efficace pour les enseignants/es et les élèves. Léo-James nous a enseigné les stratégies de compréhension pour aider nos élèves à devenir des lecteurs assidus, compétents et critiques. Voici les journées où les enseignants d’immersion ont eu l’occasion de profiter des conférenciers d’une vaste expérience en enseignement cette année : Un succès retentissant à Ottawa ! Les ateliers furent un succès retentissant à en juger par les commentaires des participants et participantes. L’ACPI souhaite remercier Johanne Proulx qui a su rallier tous les partenaires pour ce superbe atelier. Léo-James Lévesque • Trois demi-journées ACPI-ici ! ont eu lieu à Ottawa, les 15 et 16 février derniers. • En C.-B., le 16 février 2007 à Surrey et le 19 février à Kamloops, M. Yves Nadon a animé une présentation intitulée « Au plaisir de lire et écrire avec les jeunes enfants ». • Le 16 février également, M. René-Étienne Bellavance a fait une présentation sur le thème de la « Compétence orale et la correction des erreurs » à Kamloops en C.-B. 6 • • Très dynamique ! Utile ! • Parfait pour clarifier ce que l’on a vu ou lu dans de nombreux guides; ce résumé est plus clair. • Je suis une néophyte dans ces domaines. J’ai beaucoup appris. • Riche en information, bonnes stratégies, participation active. • J’ai beaucoup aimé l’organisation de l’atelier : présentation, activité, discussion, vidéo. Bien fait ! • C’est une très bonne idée d’offrir ces ateliers qui nous sont très utiles. À répéter ! • Bon rythme, répond à nos besoins, très engageant ! LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LES ACTIVITÉS DE L’ACPI Journée géniale à Kamloops ! Le 19 février dernier, nous avons eu l’honneur d’accueillir à Kamloops, le très passionné Yves Nadon. Un total de 60 enseignants provenant des régions de Armstrong, Vernon, Salmon Arm, Kelowna, Kamloops et Vancouver se sont joints à nous pour écouter ce génie du langage. Tout à fait inspirant, Yves nous a rappelé le but ultime de notre travail auprès des enfants : leur communiquer notre joie d’apprendre. Il nous a montré comment transmettre ce cadeau aux élèves en leur offrant des activités enrichissantes, et surtout, en leur lisant une variété d’albums et d’histoires pour développer en eux la joie de lire. Nous voudrions remercier l’ACPI et l’APPIPC de nous avoir donné la chance d’offrir une telle journée à nos enseignants. Nous avons eu une journée formidable, exceptionnelle, inoubliable. Yves Nadon est un génie du mot, un passionné de la littérature, de son travail et des enfants. Difficile d’oublier tout cela... Merci encore une fois, Nancy Palson LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 7 LES ACTIVITÉS DE L’ACPI Bien des émotions à Surrey ! Nous sommes venus de 6 commissions scolaires, de l’immersion et du conseil francophone, du secondaire et du primaire écouter Yves Nadon, enseignant et auteur renommé. Nous étions 115 enseignants le 16 février à Surrey pour une journée ACPI-ici ! extraordinaire et inoubliable. Yves Nadon est un passionné de la lecture et de l’écriture authentique, apprentissage sain et valorisant pour les jeunes. Il nous a fait rire et pleurer par ces extraits de textes qui nous ont fait bouillonner et vibrer de ce qu’on sait tous : que les jeunes sont faits pour apprendre, que les mots nous vont directement au cœur, que la salle de classe est un endroit privilégié pour faire aimer les histoires, faire aimer lire aux élèves. C’est un cadeau qu’on peut leur offrir qui durera le reste de leur vie. « C’était une journée intéressante et motivante. Plein de vérités non dites, non vues, oubliées dans les tornades administratives et le cadre rigide du milieu ! Merci ! » « Formidable, inspirant, une vraie tempête de plaisir ! M. Nadon sait nous passer sa passion. » « Merci de l’organisation de l’ACPI et de Surrey pour cette expérience rafraîchissante. » Josée Hémond, ardente participante à la journée ACPI-ici ! à Surrey, portait cette affiche lors de son arrivée. Tout un menu à Winnipeg ! Au menu L’ambroisie En entrée le syndrome de la patate chaude ! Nous jetterons un coup d’œil sur la communication orale afin de savoir mieux la servir et l’apprécier. Stimule appétit et motivation ! L’assiette principale consistera en une généreuse portion d’expressions fossilisées servie sur un tas d’erreurs de prononciation communes. Le tout accompagné de savoureux trucs astucieux afin d’en venir à bout ! Comme dessert une exquise tranche de sites Internet servie sur un délicieux coulis de culture à la canadienne-française ! La raison d’être du festin. Aboutissement sublime ! Le nectar Un suave « Guide des anglicismes, cuvée René-Étienne 2007 ». Un grand cru ! Venez vous régaler ! Vous en redemanderez et en ramènerez à la maison ! Winnipeg - Menu du 16 mars Voulez-vous organiser ou participer à un ACPIici ! dans votre région ? Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter le bureau de l’ACPI à [email protected]. Patrimoine canadien Canadian Heritage L’ACPI est très reconnaissante aux Éditions Chenelière Éducation qui ont offert des ressources pédagogiques pour le tirage ainsi qu’à Patrimoine canadien qui nous soutient pour le financement de ces journées ACPI-ici ! Elles mettent du vent dans les voiles d’enseignants à travers le pays. 8 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 MOT DU PRÉSIDENT Faire mouche avec les TIC... en immersion Les technologies de l’information et de la communication, communément appelées TIC, sont susceptibles d’apporter deux atouts majeurs à l’immersion en français au Canada. Premièrement, et cette occasion est particulièrement importante pour l’apprentissage du français, les TIC pourraient accroître la popularité des programmes d’immersion partout au Canada. Deuxièmement, les TIC sont en mesure de favoriser de meilleurs apprentissages chez les élèves, tout particulièrement lorsque l’usage que l’on en fait est réfléchi. Pourquoi les TIC sontelles susceptibles de favoriser de meilleurs apprentissages ? Parce que leur potentiel est immense dans le domaine de l’éducation. En contexte scolaire, le premier avantage des TIC est celui de favoriser l’engouement des élèves pour l’apprentissage, d’accroître leur intérêt pour l’activité pédagogique réalisée. Les jeunes sont passionnés de technologies et il est possible de canaliser cet engouement pour qu’il soit beaucoup plus stimulant d’apprendre avec les TIC. Par exemple, écrire un texte destiné à son enseignant, voire à ses camarades de classe peut certes représenter un intérêt pour l’élève. Néanmoins, quand ce texte est affiché sur un site Web de classe ou sur un portfolio électronique, l’élève aura en général un intérêt plus grand à le travailler, à l’améliorer et à s’assurer qu’il soit de qualité. Il existe de nombreuses recherches qui ont démontré que les TIC ont un grand impact sur la motivation et l’attitude envers l’apprentissage. Cette motivation accrue, cet enthousiasme pour l’école se traduisent souvent par un effort soutenu pour la tâche d’apprentissage et un plus grand intérêt pour les disciplines où les TIC sont mises à profit. D’autres recherches ont montré que cette motivation se traduisait aussi par une plus grande prise de risques (ce qui est essentiel pour l’apprentissage d’une langue), par des initiatives plus fréquentes et par une plus grande persistance devant les difficultés d’apprentissage. Au-delà des avantages inhérents à l’attitude des élèves, un autre Thierry Karsenti Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC et l'éducation Faculté des sciences de l'éducation Université de Montréal des grands bénéfices de l’usage des TIC en classe est de venir en aide à la pédagogie, et ce, à trois stades distincts de l’enseignement : - Les TIC peuvent venir bonifier le curriculum déjà en place (permettre à l’enseignant et aux élèves d’aller plus loin, de voir des informations complémentaires, etc.); - Les TIC peuvent renforcer l’enseignement des notions présentes dans le curriculum en place; - Les TIC peuvent faciliter l’enseignement de nouveaux concepts présents dans le curriculum. Quand on parle de bonifier le curriculum déjà en place, de renforcer l’enseignement de certaines notions ou de permettre l’apprentissage de nouveaux concepts, un des premiers avantages venant à l’esprit en ce qui a trait à l’usage pédagogique des TIC est celui de permettre aux élèves d’accéder à une multitude de ressources pédagogiques pour apprendre : une liste de liens d’intérêt à visiter pour réaliser une activité; un site à consulter pour obtenir des informations complémentaires, une vidéo à télécharger, etc. La leçon porte sur l’espace et le système solaire ? Pourquoi ne pas montrer à vos élèves les vrais premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune ? LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 9 MOT DU PRÉSIDENT Comment faire ? L’encyclopédie en ligne gratuite Wikipedia1 vous propose une série de sites pour télécharger cette vidéo. Vous êtes au primaire et vous cherchez la version instrumentale d’une chanson pour vous accompagner avec vos élèves ? Le site mome.net vous propose la version instrumentale de plus de 1000 comptines populaires, d’Alouette à Cadet Rousselle. Les TIC favorisent non seulement l’accès à l’information per se, mais aussi et surtout l’accès à une variété de contenus : des informations écrites, des images, des reportages audio, des vidéos, etc. Les vignettes illustrant les minutes du Patrimoine vous passionnent ? Le site Histori.ca en présente plus d’une centaine : de l’histoire du Blue Nose qui figure sur la pièce de dix cents à celle de l’invention du basketball par James Naismith. Certes, favoriser l’accès à l’information ne permet pas directement aux élèves d’apprendre, mais cela augmente à coup sûr leurs possibilités d’apprentissage. Un autre avantage important des TIC est qu’elles favorisent l’interactivité et la communication. Avec les TIC, il est possible de communiquer, d’interagir plus facilement, plus souvent, et plus largement. En classe, vous abordez les métiers avec vos élèves du secondaire ? Difficile d’accueillir à l’école plusieurs personnes qui parlent français et qui sont en mesure de présenter ce qu’elles font dans leur travail ? Les TIC pourraient, très simplement, vous permettre de les accueillir, virtuellement du moins. Comment ? Rien de plus simple. Il est possible de convier une personne à venir présenter ce qu’elle fait dans son travail par visioconférence à l’aide du logiciel (gratuit) Skype. Les élèves auront ainsi la chance de voir et d’entendre cette personne et surtout d’interagir avec elle. C’est ainsi que Nathalie, une enseignante en immersion de la région de Toronto, a permis à ses élèves d’échanger avec un ingénieur du Manitoba, un avocat de Sudbury, un médecin de Montréal, etc. Les élèves ont pu non seulement se renseigner sur différents métiers, mais ils ont aussi été en mesure d’échanger, en français, avec différentes personnes de partout au Canada exerçant différentes professions. Les projets de correspondance font également partie 10 • des activités facilitées par les TIC. Autrefois, les projets de correspondance n’étaient pas caractérisés par une importante fréquence des échanges entre les classes ou les élèves. De nos jours, avec les TIC, il est possible en quelques clics de trouver une classe ailleurs au Canada ou n’importe où dans le monde qui souhaite entreprendre un projet de correspondance avec vos élèves. Les TIC pourraient également faciliter la communication avec les parents de vos protégés. En effet, un projet réalisé dans la région d’Ottawa a montré que de plus en plus de parents utilisent le courriel et que son usage avec l’enseignant permet un meilleur suivi des progrès de leur enfant, tout en les tenant informés de ce qui se passe en classe. Les TIC permettent aussi à l’enseignant d’accroître les possibilités de collaboration entre les élèves, développant ainsi chez eux des habiletés qui leur seront utiles leur vie durant. Un autre atout des TIC est de permettre aux élèves d’améliorer substantiellement la qualité de leurs productions ou des travaux réalisés. Quelques minutes à peine suffisent aux élèves pour réaliser une présentation électronique de diapositives avec des images, du texte, voire du son. Le tout a l’apparence d’un montage professionnel, sans que l’élève soit contraint d’investir beaucoup de temps dans la mise en page. Motivation redoublée, accès quasi illimité à des ressources (francophones), communication simplifiée et accrue, possibilités de collaboration renforcées, qualité des productions bonifiée… Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses possibilités intrinsèques de l’usage pédagogique des TIC en immersion. Néanmoins, même si les recherches montrent parfois hors de tout doute l’impact positif des TIC sur l’apprentissage des élèves, il est important de se rappeler que l’effet est étroitement lié à l’usage que l’enseignant fait des TIC. Quelles sont les activités mises en place ? Quels sont les outils choisis ? Les activités faisant appel aux TIC sont-elles liées aux objectifs d’apprentissage ou aux compétences que l’on souhaite développer chez ses élèves ? Ce sont là quelques questions à se poser pour que les TIC fassent mouche… en immersion ! LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 DOSSIER : Des TIC pour quoi faire ? Le e-portfolio en français pour les élèves et les enseignants en immersion Eduportfolio.org est un porfolio électronique (ou e-portfolio) destiné au monde de l’éducation et, plus particulièrement, aux formateurs, enseignants et élèves du primaire ou du secondaire. Eduportfolio.org est accessible gratuitement pour les apprenants et les enseignants de tous les niveaux qui désirent en faire un usage non commercial. Comme il s’agit d’un outil développé en français, il est idéal pour l’immersion. Eduportfolio.org a été créé afin de favoriser une intégration pédagogique des technologies de l’information et de la communication (TIC) en contexte scolaire. Il permet également d’amener les enseignants en formation à utiliser les TIC dans leur formation pratique (stage), tout en favorisant l’utilisation du portfolio électronique chez leurs élèves. Quand on connaît les impacts positifs de l’utilisation du portfolio sur la réussite éducative et l’attitude des élèves, on comprend pourquoi des enseignants de quelque 20 pays l’utilisent. Eduportfolio.org est donc susceptible de faciliter l’intégration pédagogique des TIC par les enseignants du primaire et du secondaire, tout en amenant les élèves à faire usage du portfolio électronique. Eduportfolio comporte de nombreux avantages. Il s’agit tout d’abord d’un système extrêmement facile à utiliser, tant pour les tout-petits que pour les enseignants. Il comporte aussi plusieurs fonctionnalités qui participent activement à l’intégration pédagogique des TIC en salle de classe, comme la possibilité pour un enseignant de créer un groupe de portfolios pour ses élèves, en quelques clics, et aussi d’avoir accès à une page Web présentant l’ensemble des portfolios de ses élèves. Pour les enseignants du primaire œuvrant avec des tout-petits, il est même possible de pouvoir corriger le contenu du portfolio de ses élèves, grâce à l’interface pour les formateurs. Notons également que la structure d’Eduportfolio n’est pas rigide; au contraire, elle est très souple et 1 2 Voir http://www.thierrykarsenti.ca pour une définition de cette fonctionnalité. Il est possible de télécharger une version complète de son portfolio et de la déposer sur une clé USB ou un cédérom. Thierry Karsenti Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC et l'éducation Faculté des sciences de l'éducation Université de Montréal malléable. Chaque élève ou enseignant a ainsi la possibilité de créer les sections et sous-sections qui seront présentes dans son portfolio. Cette fonction semble particulièrement intéressante et permet à Eduportfolio de se distinguer nettement des autres systèmes où la structure est moins souple et où l’élève (ou l’enseignant) est tenu de remplir une multitude de sections qui ne sont pas toujours pertinentes dans un contexte éducatif donné. Le propriétaire d’un portfolio (élève ou enseignant) peut également rendre certaines sections soit publiques, soit accessibles avec un mot de passe ou encore il peut choisir de les archiver. Eduportfolio peut gérer une multitude de fichiers textes, audio et vidéo, permettant ainsi aux élèves et aux enseignants créatifs de laisser libre cours à leur imagination et de ne pas être limités par les aspects technologiques. Eduportfolio.org est interactif. En effet, les visiteurs ont aussi la possibilité de formuler des commentaires sur les différents éléments présents dans le portfolio (les commentaires peuvent être en format texte, audio ou vidéo). Un simple clic permet aussi de choisir un modèle qui viendra bonifier la présentation graphique de son portfolio. Comme Eduportfolio s’adresse à la fois à des élèves du primaire, des élèves du secondaire et des enseignants (en exercice ou en formation), les modèles de présentation reflètent également cette diversité d’utilisateurs potentiels. En outre, Eduportfolio comporte des fonctionnalités à la fine pointe de la technologie comme l’intégration automatique de fils RSS1, à l’instar des grands journaux en ligne comme LeMonde.fr. Un moteur de recherche est aussi présent, ce qui permet au visiteur de trouver rapidement l’information cherchée. Soulignons enfin qu’eduportfolio.org est télétransportable2, permettant ainsi à son propriétaire de le présenter sans nécessairement avoir accès à Internet. Pour obtenir un compte gratuitement, comme déjà plus de 10 000 utilisateurs provenant de quelque 35 pays, il ne vous reste plus qu’à aller sur eduportfolio.org et remplir le formulaire d’inscription. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 11 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? « ANNOTATIONS », lecturiciel d’aide à la littératie en français, langue seconde et langue maternelle André Bougaïeff Université du Québec à Trois-Rivières le courant du texte. Cette activité devient fractionnée quand le lecteur doit cesser sa lecture le temps de consulter, à répétition, un dictionnaire ou une grammaire, tout au long du texte. La raison d’être d’ANNOTATIONS Dans le cadre de nos activités d’enseignement du français comme langue seconde à l’École internationale de français (ÉIF) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), nous avons eu l’occasion d’observer, sur un certain nombre d’années et à de multiples occasions, les difficultés que présentent les activités de lecture recommandées aux étudiants. Lorsque les étudiants ont atteint un certain niveau d’aisance dans la langue, il est d’usage de leur faire lire un corpus de textes. Ces textes sont d’une part une mise en pratique de ce qu’ils ont acquis, et d’autre part une prise de contact avec de nouveaux contenus linguistiques et culturels. L’intention est pédagogiquement fort louable, mais elle se heurte rapidement à la réalité d’une lecture de type artificiel. En effet, l’étudiant qui « lit » artificiellement ne lit non pas par plaisir, mais par obligation scolaire, et tend à n’accorder qu’un nombre d’heures aussi réduit que possible à une « lecture » de type fractionné. Lire un ouvrage alors que l’on ne maîtrise pas la langue requiert le recours constant au dictionnaire, voire à la grammaire, chaque fois qu’une difficulté lexicale ou grammaticale se présente dans 12 • De plus, cette consultation est souvent hâtive et parfois inexacte, car le sens du mot trouvé dans le dictionnaire peut relever d’un contexte autre que celui de la phrase en question. Il est aisé d’imaginer les conséquences de ce genre de « lecture ». C’est souvent l’abandon du texte à plus ou moins brève échéance, ou sa lecture rapide en diagonale. Le déchiffrement ardu du texte est pénible et la compréhension du contenu demeure peu satisfaisante pour le lecteur. Un geste pédagogique a des chances de mieux réussir s’il repose sur une expérience affective positive. En lecture, un étudiant intègre plus aisément les éléments de la langue-cible s’ils sont acquis au cours d’une lecture agréable par sa fluidité. Par contre, dans une activité de lecture artificielle, les étudiants passent de façon interrompue à travers un texte, investissant trop d’énergie dans la compréhension de mots de vocabulaire isolés. Pour que les étudiants profitent pleinement du texte, il faudrait leur offrir le moyen de trouver un intérêt réel dans leur lecture, de percevoir le texte dans son ensemble. De plus, le sentiment de compétence qui découle d’une lecture fluide peut servir de déclencheur de motivation. L’étudiant qui parvient à lire des textes narratifs avec plaisir en classe grâce à la lecture assistée pourrait développer le désir de lire de façon autonome au-delà de la classe. Notre analyse se trouve confirmée par l’enquête de Romney, Romney et Menzies (1994) auprès de 127 élèves de 5e année dans un programme d’immersion, qui révèle que « les deux tiers des élèves en immersion ne lisaient rien par plaisir en français en dehors de l’école…, [qu’] un lecteur ou une lectrice qui lit beaucoup le fait par LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? plaisir et non par obligation. » On y note aussi que « the main difficulty in reading in French was perceived by the children in our study as being vocabulary ». Nous avons voulu relever le défi de rendre la lecture agréable en offrant à un étudiant en immersion la possibilité de lire un texte sans avoir constamment à interrompre sa lecture par des références au dictionnaire ou à la grammaire. C’est l’informatique qui nous a permis de réaliser l’outil que nous recherchions. Le fonctionnement d’ANNOTATIONS en langue seconde Le système ANNOTATIONS permet la saisie rapide de textes, préalablement annotés en format de traitement de texte Word. La première version d’ANNOTATIONS a été élaborée en Hypercard pour Macintosh, pour être ensuite transférée dans une version Javascript pour Windows. Cette version se trouve actuellement implantée dans la base de données Oracle du serveur de l’UQTR, ce qui lui donne toute sa vitesse d’exécution ainsi que sa fiabilité et sa souplesse d’utilisation. La création d’ANNOTATIONS s’est faite sur deux ans, grâce aux subventions de recherche et de développement de l’UQTR, que nous remercions vivement ici. Le Service de l’informatique de l’UQTR a joué, et joue encore, un rôle important dans le développement et l’entretien de notre système. L’idée qui anime notre lecturiciel est fort simple à dessein : il s’agit de lire le texte français à l’écran, et de passer la souris ou de cliquer, chaque fois sur le mot qui fait difficulté. Une brève traduction ou quelque explication grammaticale apparaît alors en bas de page pour ce mot, dans la langue de l’apprenant. Nous avons volontairement choisi d’offrir une traduction, plutôt qu’une explication dans un français simplifié, pour justement accroître le plaisir de la lecture et faire disparaître le plus possible l’aspect « apprentissage de la langue ». Il était primordial que le lecteur soit distrait le moins possible de sa lecture par la longueur des traductions ou des commentaires, d’où la brièveté des annotations que nous fournissons tout au long de nos textes. Un grand avantage de notre système d’aide à la lecture est que nous choisissons uniquement la traduction qui convient au sens de chaque mot en contexte, contrairement à la diversité des traductions possibles figurant dans les dictionnaires. Le but pédagogique visé est que le lecteur soit intéressé par le récit en langue française, qu’il entre en contact de façon étroite avec les mots français, les structures et le sens, de manière à ressentir du plaisir à la lecture. Ce n’est qu’à cette condition que la lecture scolaire sera perçue comme une activité d’enrichissement linguistique et culturel. Cette idée simple d’utilisation de la fonction de lecture hypertextuelle n’est en fait pas nouvelle. De multiples systèmes offrent cette fonction, où il suffit de cliquer sur un mot ou une image pour en faire surgir une explication. Il semble toutefois que l’on n’en ait jamais saisi toute la portée pour la lecture de texte. Nous avons mené cette idée à sa limite, la faisant le centre du système ANNOTATIONS. Les sites Web d’ANNOTATIONS Pour préparer un texte pour le système ANNOTATIONS, il suffit de choisir les mots à traduire, les disposer en liste verticale et y ajouter les traductions ou explications et commentaires, selon l’illustration que nous présentons en annexe (1) pour la fable de Jean de La Fontaine « La Cigale et la Fourmi », mise en page pour des lecteurs hispanophones. Cela se fait en traitement de texte Word. Une fois la traduction accomplie, il ne reste qu’à nous l’acheminer par courriel. Nous assumons la responsabilité de la saisie du texte par le système. Si le scripteur désire ajouter des modifications ultérieures, il a la possibilité de le faire par courriel à tout moment. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 13 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? Le résultat est un site Web comportant un certain nombre de textes créés avec ANNOTATIONS, où il suffit de s’adonner librement à la lecture, sans tests ni exercices, en cliquant sur les mots que l’on ne connaît pas, tout au long du texte. Il est aussi possible de créer des exercices de questions à choix multiples avec ANNOTATIONS, mais nous n’avons pas insisté sur cet aspect pédagogique pour le moment. Les six sites Web suivants, dont les deux derniers sont encore en construction, ont été élaborés pour une clientèle linguistique différente dans chaque cas : Lecteurs de langue anglaise www.uqtr.ca/~bougaief/EFL EASY FRENCH LITERATURE Responsable : Université du Québec à TroisRivières Lecteurs de langue espagnole www.uqtr.ca/udlap LEER EN FRANCES Responsables : Universidad de las Américas, Puebla, Mexique / UQTR Lecteurs de langue chinoise www.uqtr.ca/guiyang LE FRANÇAIS FONCTIONNEL EN CHINOIS MANDARIN Responsables : Université de Guiyang, République populaire de Chine / UQTR Lecteurs de langue hébraïque www.uqtr.ca/haifa LIRE EN FRANÇAIS Responsables : Université de Haïfa, Israël / UQTR Lecteurs de langue japonaise www.uqtr.ca/bungaku (en construction) LIRE EN FRANÇAIS Responsable : UQTR La gestion de l’écran demeure toujours simple. Le lecteur peut soit passer la souris sur le texte pour faire apparaître les traductions et commentaires de bas de page, soit cliquer sur un mot. 14 • Un certain nombre de textes comportent une version sonore, que l’on peut entendre en même temps que le texte est lu à l’écran. ANNOTATIONS permet l’addition de fichiers-sons en format .MP3, ou autre. Une icône permet d’obtenir une version imprimable du texte ainsi que les traductions et annotations. Les sites peuvent comprendre des contenus fort variés, et ne se limitent pas seulement aux textes narratifs. Par exemple, les scripteurs du site pour lecteurs chinois ont choisi de présenter spécifiquement des modèles de lettres d’administration. Le type de caractère n’affecte pas non plus le fonctionnement du système. Que ce soient les caractères de l’hébreu, qui s’écrivent de droite à gauche, du chinois ou du japonais, le système les traite avec aisance, et les textes y sont ajoutés sans difficulté. Le fonctionnement d’ANNOTATIONS en langue maternelle De même que la lecture en langue seconde rejoint mieux l’étudiant si l’expérience est agréable, de même des exercices d’enrichissement de vocabulaire pour la langue maternelle peuvent bénéficier d’une expérience affective positive. C’est justement pour proposer un exercice linguistique agréable à des lecteurs francophones, que nous avons entrepris notre sixième site Web, encore en construction, « ENRICHIR SON VOCABULAIRE » au www.uqtr.ca/bougaief/ vocab. Depuis plusieurs années, nous avons remarqué les lacunes en vocabulaire des étudiants universitaires francophones, aussi bien à l’UQTR que dans les autres universités du Québec. Le phénomène semble affecter l’ensemble de la francophonie, puisque des ouvrages ont été produits également en France et en Belgique pour remédier à la pauvreté du vocabulaire utilisé par les étudiants universitaires. C’est l’ouvrage de Bochard-Fièvez et Delahaut (1990) pour la Belgique, et celui de Lebrun (1987) pour la France. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? Ce site est susceptible d’intéresser en particulier les membres du Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur (CAPRES), consortium dont nous faisons partie. Le site du CAPRES, www.uquebec.ca/capres/, est hébergé sur le serveur de la vice-présidence à l'enseignement et à la recherche de l'Université du Québec. Le CAPRES ne regroupe pas moins de 31 universités, collèges et organismes intéressés par les questions reliées à l'accès aux études, à la persévérance, à la diplomation et à l'insertion professionnelle au Québec. Une des préoccupations principales de ces organismes est la question de la maîtrise de la langue. Notre site présentera des textes comportant un vocabulaire que nous appelons « enrichi ». C’est un vocabulaire constitué de mots moins fréquents que les mots de tous les jours, mais néanmoins fort utiles, et que les étudiants devraient connaître, soit pour les comprendre dans leurs lectures, soit pour les utiliser à bon escient dans leurs productions écrites. Les textes sont en cours de préparation par un groupe de rédacteurs et rédactrices, étudiants de 2e cycle de l’UQTR. En annexe (2), on peut lire le premier texte, rédigé par nous-mêmes, installé dans le site web. Avec le temps, ce site pourra comporter des textes s’adressant à des étudiants d’autres niveaux, selon les textes qui nous seront acheminés. Cette expérience est la première du genre au Québec et dans la francophonie, et nous osons espérer qu’elle servira d’exemple et qu’elle apportera une première solution, encore modeste, à cette grande problématique de la faiblesse du vocabulaire chez nos étudiants d’université. Pour accéder à la liste de l’ensemble des sites que nous avons développés pour l’apprentissage du français langue seconde et langue maternelle, consultez l’adresse www.uqtr.ca/bougaief. Cette liste se trouve sous l’onglet « Recherche ». Annexe 1 Modèle de présentation Le texte qui nous est envoyé par courriel doit se présenter sous deux formes : une première rédaction ordinaire et la forme suivante, faite pour une lecture verticale, afin de nous permettre de procéder rapidement à la saisie du texte en système, par l’opération copier-coller. Dans cet exemple, il s’agit de la fable de Jean de La Fontaine, La Cigale et la fourmi, traduite pour les lecteurs hispanophones : Cette présentation verticale comporte les mots traduits en espagnol, censés présenter une difficulté de compréhension. On remarquera les notes grammaticales additionnelles se rapportant à la conjugaison du passé antérieur et du passé simple. LA CIGALE = Cigarra ET = y LA FOURMI = Hormiga Jean de La Fontaine (1621-1695) La Cigale = Cigarra ayant chanté = habiendo cantado Tout l’ été = verano Se trouva = se encontraba fort = muy dépourvue = desprovista Quand = cuando la bise = cierzo fut venue = vino; fut venue = venir (passé antérieur) : je fus venu, tu fus venu, il fut venu, nous fûmes venus, vous fûtes venus, ils furent venus. Pas = ni un seul = un solo petit morceau = pedazo De mouche = mosca ou de vermisseau = ni de gusanos Elle alla = se fué; alla = aller (passé simple) : j’allai, tu allas, il alla, nous allâmes, vous allâtes, ils allèrent. crier famine = a gritar hambruna Chez = en casa de la fourmi = Hormiga sa voisine = vecina LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 15 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? La priant = rogandole de lui prêter = que le prestara Quelque= algún grain = grano pour = para subsister = subsistir Jusqu’à = hasta la saison = estación nouvelle. = nueva « Je vous paierai = le pagaré Lui dit-elle = dijo ella Avant l’ = antes de août = agosto foi d’animal = mi palábra de animal Intérêt = intereses et principal. » = ganancias La fourmi = hormiga n’est pas = no es prêteuse; = generosa C’est là = ese es son = su moindre = menor défaut. = defecto « Que = ¿ que faisiez-vous = hacia au = en temps = temporada chaud ?= de calor Dit-elle = le dijo à cette = a esta emprunteuse. = pedia prestado — Nuit = noche et = y jour = dia à tout venant = a todo pasajero Je chantais, = cantaba ne vous déplaise.=aunque le moleste — Vous chantiez ? = ¿ usted cantaba j’en suis fort aise. = me da mucho gusto Eh bien ! = pues dansez = baile maintenant ! »= ahora 16 • Annexe 2 Ceci est le premier paragraphe du tout premier texte de notre site Web de lecture pour les francophones. Nous soulignons ici les mots sur lesquels il est possible de cliquer pour en lire la définition en ligne, à l’écran. Ces mots ne sont pas soulignés à l’écran. Texte de présentation Chères lectrices, chers lecteurs, Les textes d’imagination qui suivent, concoctés par nos rédactrices enthousiastes, vous présenteront une profusion de mots, dont certains d’entre vous diront que c’est une pléthore, ou au contraire une anthologie ou un florilège, de manière à vous aider à remédier à l’indigence de votre vocabulaire. Surtout, ne vous sentez pas coupable de ne pas saisir instantanément le contenu apparemment sibyllin de certains mots. Cet exercice de lecture salutaire et roboratif vous permettra d’obvier au caractère anémié de votre vocabulaire, grâce à la technologie informatique. Cliquez simplement sur les mots que vous ne connaissez pas… Références Romney, J.C., Romney, D.M. et Menzies, H.M. (1994). What and How Much do Immersion Children Read for Pleasure. In French as compared to English ? Immersion Journal, 17(3) : 7-15. Bochart-Fièvez, J. et Delahaut, J. (1992). Richesse du vocabulaire. Vol. 1 et 2. Louvain-la-Neuve : Éditions Duculot. Lebrun, C. (1987). 1000 mots pour réussir. Paris : Librairie classique Eugène Belin. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? Prépare-toi pour des choses écœurantes ! Oniva à Radio-Canada Françoise Kartha « The quality of French was as varied as the students were diverse. Some of the students […] reeled off colloquial expressions with ease but stumbled over more conventional words; one girl from Montreal, making the argument that tax money was wasted, said that road conditions were “dégueulasse” (a word considered extremely vulgar in France, more commonly used in Quebec, meaning disgusting) – but had to be prompted for the word “recognition” (reconnaissance). » Graham Fraser, Sorry, I don’t Speak French, Chapter Eight : Talking to ourselves, p. 184. Dans l’esprit d’un journaliste chevronné intéressé à l’apprentissage des langues, le mot « dégueulasse » venant d’une jeune fille — une future collègue peut-être — ne peut que soulever une foule de questions sur les programmes d’immersion. Mais qu’est-ce qu’ils apprennent dans une classe d’immersion ? Qui leur apprend des choses pareilles ? Où vont-ils s’en servir ? Comment peuvent-ils se souvenir d’un mot si long et, on l’espère, si rare ? Pourquoi ce mot-là leur revient-il plus vite que d’autres qui devraient être au programme d’études ? Depuis trois ans, les élèves de 6e année à l’École française de Saskatoon participent à l’émission Oniva de Radio-Canada comme d’autres élèves de 6e année dans les classes d’écoles francophones ou d’immersion des quatre provinces de l’Ouest : Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie-Britannique. Les jeunes animateurs de l’émission, Marie-France, Renelle et Steve se prêtent volontiers à répondre aux préoccupations les plus existentielles des jeunes de onze à douze ans et ne reculent devant rien pour enrichir leur vocabulaire. C’est avec beaucoup de dynamisme qu’ils viennent, comme Le Petit Robert, « combler les lacunes les plus criantes de l’éducation officielle ». Chaque semaine l’émission explore un thème différent. Le thème du 25 janvier, filmé dans une école de Calgary, était justement « Les choses dégueulasses » ! Les émissions se font en trois étapes : • Une équipe de journalistes se rend dans les classes de 6e année pour interroger les élèves sur les thèmes qui les intéressent. Elle filme les élèves qui posent des questions; • Une autre équipe se rend par la suite dans une classe pour filmer des saynètes et des activités sur un des thèmes suggérés; • L’émission est présentée à la télévision, le jeudi à 18h30 et le samedi à 11h30. On peut aussi la voir sur le site Web de Radio-Canada. Les élèves peuvent ensuite discuter de l’émission en classe. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 17 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? Après avoir découvert, à travers le monde passionnant de l’information télévisée, qui a peur des mues de boas, pourquoi le pain peut devenir vert, comment le corps se débarrasse de ses déchets, ainsi que la recette ultime pour fabriquer des boules puantes avec du lait, du vinaigre et de la moutarde, les jeunes encouragent une course de transporteurs de gruau d’un bol à l’autre. Ils assistent ensuite au dépeçage d’un boeuf par André Denis, boucher à Saint-Denis en Saskatchewan. De quoi alimenter tout un débat entre différentes opinions et sensibilités ! Comme dans la plupart des émissions d’information, les téléspectateurs sont invités à répondre à des questions en ligne. Pour encourager les réponses, des concours permettent de gagner des prix à la suite d’un tirage. Qui veut gagner le prix La course au gruau ... Mmmm ! hebdomadaire : un super beau chandail Oniva, un kangourou ou mieux encore, le grand prix par province, l’extraordinaire manteau Oniva ? Vite à ton clavier pour raconter quelle est la chose la plus dégoûtante que tu as mangée ! Tu peux aussi partager tes meilleures recettes et tes chefs d’œuvre avec Marie-France pour gagner un chapeau ou un tablier de chef. Qui ne ferait pas de son mieux pour impressionner son lecteur ? À travers cette émission interactive, les jeunes apprennent comment se prépare un journal télévisé en en faisant eux-mêmes l’expérience. Ils voient comment de courtes images, apparemment décousues, s’enchaînent pour former une histoire. Ils répondent à des questions d’opinions posées au public : d’après toi, quel est l’emploi le plus « dégueulasse » ? Que fais-tu si ton ami a mauvaise haleine ? Ils participent à de courts reportages et, quelques semaines plus tard, voient le tout finalement assemblé après la magie du mixage et du montage. Si certains ont envie de tenter l’aventure et de devenir journalistes à leur tour, les talents culinaires de Steve, chef extraordinaire, ont vite fait de leur endurcir l’estomac. Trente secondes pour 18 • avaler une mixture grisâtre et grouillante de hamburger et frites à la boisson gazeuse. C’est l’âge auquel les jeunes imaginations surimpressionnent les noms de dinosaures avec les mots morve, mue, vomi, diarrhée, bactérie, moisissure, déchets, dégoûtant et oui… même le mot dégueulasse. Ces mots se révèlent tout de même utiles en cas d’urgence et dans les cours de santé pour discuter des symptômes et de la prévention des maladies. Si tous ne feront pas des études médicales, ni même de journalisme, ils feront au moins des patients éloquents en français comme en anglais. Qu’on se rassure, les émissions se suivent mais ne se ressemblent pas. Le thème de la diffusion des 8 et 10 mars 2007 était la Francophonie. Les jeunes ont été passionnés tout autant par ce sujet. Après tout, ils y travaillent depuis des années. S’ils ont la chance un jour de rencontrer des Francophones de leur âge, ils seront prêts à se découvrir des intérêts et des mots en commun. Avec une vulgarisation de plus en plus large des médias de communication, les frontières entre les registres de langue s’estompent. Les mots « polis » ne paraissent plus suffisamment expressifs. On aperçoit des pointes de « souliers dégueus » dans la littérature pour enfants. La recherche en sociolinguistique et sur le développement du cerveau en relation avec l’apprentissage des langues a également noté le besoin des adolescents de se créer une langue vernaculaire qui leur est propre et qui diffère de celle des adultes qui les entourent. Dans leur langue première, étudiants et adolescents ont souvent recours au registre populaire qui emploie des formes, des expressions et un vocabulaire connotant certains groupes sociaux marginaux. Limiter l’acquisition de la langue seconde aux matières académiques et aux échanges enseignants-élèves, est-ce assurer que les jeunes utiliseront leur langue première entre eux dans le vernaculaire qu’ils s’y inventent ? Est-ce la raison pour laquelle les « Frimms », comme ils se nomment parfois, isolés des jeunes Francophones de leur âge mais LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 DES TIC POUR QUOI FAIRE ? obligés de s’exprimer en français, ont dû s’inventer cette langue hybride spéciale à l’immersion que l’on entend moins souvent chez les plus jeunes ? Les enseignants qui observent leurs élèves regarder l’émission Oniva remarquent un intérêt inhabituel. Non seulement l’émission traite de sujets qui les intéressent, mais elle le fait dans un langage de jeunes avec des mots et des expressions qu’ils n’entendent pas souvent à l’école. Elle est aussi pour eux un miroir. Une émission sur la musique ne devrait pas se révéler trop périlleuse pour le vocabulaire des élèves de l’école vedette ? Mais si on y entrevoyait un spectacle des Vulgaires Machins… ? [email protected] http://www.radio-canada.ca/regions/oniva/ Références Dahl, T. (1997, November). Situated learning in immersion environments. Paper presented at the American Council on the Teaching of Foreign Languages 31st Annual Meeting, Nashville, Tennessee. Tarone, E., & Swain, M. (1995). A sociolinguistic perspective on second language use in immersion classrooms. Modern Language Journal, 79, 166-178. Tarone, E., & Swain, M. (1995). Why do immersion learners resist using their second language with one another. Journal de l’immersion/Immersion Journal. Vol. 18, no 2, 23-27. Photos reproduites avec l’aimable permission de Radio-Canada. Propositions didactiques en ligne, une sélection de AnneMarie Boucher Les pages publiées sous ce titre sont les pages 129 à 133 extraites, avec la permission des auteures, de « La culture en classe de français », Guide du passeur culturel, sous la direction de Anne-Marie Boucher et Arlette Pilote, Québec français, 2006. Ce guide est publié par l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF). Pour en savoir plus, consultez http://www.aqpf.qc.ca. Note de la rédaction du Journal de l’immersion/Immersion Journal Quelques-uns des sites Internet dans l’article « Propositions didactiques en ligne » par Anne-Marie Boucher ne sont plus valides ou ont déménagé, ce qui arrive parfois sur Internet. Veuillez vous référer à la liste cidessous pour vérifier l’adresse : Pour http://www.quebec-amerique.com/ 00_SSECTION/42i.html, il faut cliquer sur le titre désiré. Pour www.grics.qc.ca/bips/vimont/ histoires.htm, il faut chercher les scénarios répertoriés de l’année dernière sur le site : http://carrefour-education.qc.ca/ Pour http://iquebec.ifrance.com/indextour, il faut aller à : http://indextour.iquebec.com/ Pour http://www.csdm.qc.ca/cee/ scenario.htm, il faut taper le http://www.csdm.qc.ca/cee/ ou bien le http: //www.centredesenseignants.qc.ca http://Presse.CyberScol.qc.ca/Scenarios.html est maintenant : http://presse.cyberscol.qc.ca/Scenarios.html D’autres adresses de Cyberscol qui fonctionnent http://cyberscol.qc.ca/ http://felix.cyberscol.qc.ca/ja/ http://columbus.cyberscol.qc.ca/hyperligne/ menu.html http://columbus.cyberscol.qc.ca/phips/ http://cg.cyberscol.qc.ca/cybergroupe/ LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 19 Français non-Francophone Propositions didactiques en ligne Une sélection de Anne-Marie Boucher Consultante en enseignement du français aux non-francophones L’ enseignant est souvent à la recherche de scénarios pédagogiques qui présentent une démarche rigoureuse, des activités enrichissantes ou un projet motivant à réaliser avec les élèves. On trouve de plus en plus dans Internet des sites offrant des ressources didactiques intéressantes qui nous permettent de diversifier nos approches pédagogiques et de faire évoluer notre pratique. À titre d’exemples, voici trois scénarios tirés de sites différents : Le premier, L’Antarctique en classe, s’adresse aux élèves du deuxième cycle du primaire. Il propose à l’élève d’explorer le continent Antarctique tout en développant ses compétences dans les domaines de l’univers social, des arts, de la mathématique, de la science et de la technologie ainsi que dans le domaine des langues. De plus, il amène les élèves à produire un journal de bord, à découvrir l’explorateur Bernard Voyer, à le rencontrer et à visiter le Biodôme de Montréal. Le deuxième scénario, Que faire avec la presse ?, dont l’auteure est la journaliste française Fabienne Soulard, nous vient des Fiches pédagogiques du site de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF). Les activités proposées sont accessibles à tous les niveaux d’apprentissage. Ce permet de faire découvrir la presse francophone et son vocabulaire, de prendre conscience du fait qu’on peut décoder de nombreuses informations sans pour autant maîtriser complètement le français, et de susciter chez les apprenants le goût de faire de la recherche et de travailler en coopération. Le troisième scénario est consacré à l’exploitation pédagogique d’un roman québécois de littérature jeunesse très populaire auprès des adolescents, La nouvelle maîtresse de Dominique Demers. Il est proposé sur le site de l’éditeur Québec Amérique. 1 L’antarctique en classe1 www.qesnrecit.qc.ca/fls/projets.htm Discussion de classe Savez-vous ce qu’est un explorateur ? Où iriez-vous si vous faisiez une expédition ? Qu’est-ce que l’Antarctique ? À partir de la lecture du livre Mr. Popper’s Penguins, par Richard et Florence Atwater, les élèves se placent dans la peau d’un explorateur afin d’explorer l’Antarctique à travers les domaines de l’univers social, des arts, de la mathématique, de la science et de la technologie ainsi que le domaine des langues (français immersion et anglais langue d’enseignement). Il s’agit en fait pour les élèves de produire un journal de bord, de découvrir l’explorateur Bernard Voyer, de le rencontrer et de visiter le Biodôme de Montréal. • Public cible : 2e cycle du primaire • Durée prévue : deux mois au moins • Domaines d’apprentissage : langues, arts, univers social, mathématique, science et technologie. • Compétences transversales visées : compétences d’ordre intellectuel, méthodologique, personnel et social, de la communication . • Domaines généraux de formation : orientation et entrepreneuriat ; environnement et consommation. Note : les mots et les expressions en caractères gras dans ce scénario sont des hyperliens dans le site. | 129 La culture en classe de français Déroulement 2 Que faire avec... la presse2 • À la suite de la discussion de classe sur les explorateurs et l’Antarctique, les élèves réalisent une carte d’exploration à partir de leurs connaissances antérieures et à l’aide de cartes géographiques. www.fipf.org Public cible : Tous Les activités proposées sont accessibles à tous. Il ne s’agit pas de tout faire. Choisissez celles qui correspondent à votre classe. Objectifs : découvrir la presse francophone et son vocabulaire, se rendre compte que l’on peut comprendre de nombreuses informations sans pour autant maîtriser le français, faire des recherches, travailler en équipe. • Les élèves visitent le site de Bernard Voyer et font un rallye Internet à partir du questionnaire. • En groupe de quatre, les élèves se répartissent les tâches de recherche entre différents sujets touchant l’Antarctique, tels le climat, la faune, la flore, la géographie physique et humaine. Ils présentent les résultats de leur recherche oralement et par écrit sous forme d’un organisateur graphique. Une grille d’appréciation accompagne cette recherche. • Dans la classe d’anglais, langue d’enseignement, ils réalisent une recherche sur une espèce de manchots parmi les sept proposées. Les résultats sont présentés à l’oral et à l’écrit. Une grille d’appréciation a aussi été conçue pour cette recherche. Tout au long du projet, les élèves remplissent le cahier d’activités de vocabulaire, de compréhension de lecture, qui accompagne le livre Mr. Popper’s Penguins. Une grille d’appréciation a été conçue pour vérifier la compréhension du livre par les élèves. Les élèves ont aussi inventé une suite au livre Mr. Popper’s Penguins. Les élèves du 3e cycle sont venus aider les élèves à se corriger. La grille d’appréciation utilisée est conçue par les élèves et l’enseignante. Propositions d’activités • L’enseignant apporte plusieurs journaux, revues et magazines de langue française en classe, même anciens : Donnez des titres de journaux et magazines de votre pays. Quelles catégories de journaux ou revues connaissez-vous ? Exemples de réponses : journaux féminins, sportifs, sur la nature, professionnels, d’actualité, de loisirs, de programmes télé, économiques... (Écrire ces réponses au tableau. Faites correspondre les journaux de votre pays à ces catégories). • On parle de Bernard Voyer, de sa vie, de ses exploits, de ses explorations pour découvrir la passion qui anime les explorateurs. Les élèves font des lectures, visionnent des vidéos et effectuent des recherches dans Internet pour présenter de façon originale cet explorateur. •Montrer aux élèves la couverture de journaux et magazines de langue française : Devinez à quelle catégorie chacun d’eux appartient. Quelles rubriques trouve-t-on en général dans les journaux ? Exemples de réponses : les résultats sportifs, la météo, des publicités, des enquêtes, des reportages, les mots croisés, la bourse, les critiques de livres, les résumés des films, l’horoscope, les petites annonces... (Les écrire au tableau). • En jouant le rôle d’un explorateur, chaque élève écrit un journal de bord en prenant comme modèle celui de Bernard Voyer. Voir les consignes. Ce journal sera plastifié et relié. Une grille d’évaluation accompagne ce projet d’écriture. • Les élèves comparent l’Arctique et l’Antarctique, les pingouins et les manchots et classent les informations à l’aide d’outils graphiques. Ces informations sont tirées de divers textes et de sites Web (voir section Matériel et outils). • Pour faire l’étude des mondes polaires, les élèves assistent à un atelier donné par les animateurs du Biodôme de Montréal. Par la suite, ils fournissent une version brouillon et finale du journal de bord. 130 GUIDE DU PASSEUR CULTUREL •Seul ou à plusieurs, prendre un journal ou un magazine. Trouvez des articles / des extraits qui correspondent à ces rubriques. Plusieurs autres activités sont possibles selon le niveau des élèves, comme le montre l’encadré « Pour aller plus loin » ci-contre. Français non-Francophone Pour aller plus loin Avec un article, au choix Remplir le tableau répondant aux questions : Où ? Quand ? Qui ? Quoi ? Résumer l’article en une seule phrase. 3 La nouvelle maîtresse3 Répondre à une série de questions plus précises sur l’article. www.quebec-amerique.com/00_ SSECTION/42m.html (cliquer sur « Langue seconde » pour atteindre le titre) Découper un article en quatre parties. Photocopier ces éléments dans le désordre. Recomposer l’article en remettant en ordre les quatre extraits. Avec plusieurs articles Découper du journal quelques articles courts, les titres et photos et les séparer les uns des autres. Mélanger les éléments. Recomposer les articles en assemblant le bon texte, le titre et sa photo. Expliquer ses choix. Résumé du livre Ce matin-là, toute la classe était silencieuse. On aurait entendu un petit pois rouler sur le plancher. Puis dans le corridor, clop... clop... clop... un drôle de bruit de pas. Soudain, la porte s’est ouverte et une étrange vieille dame, très grande et très maigre, est apparue. C’était elle : Charlotte l’échalote, notre nouvelle maîtresse. D’allure bizarre et de tempérament tout aussi surprenant, Mlle Charlotte intrigue les jeunes élèves de sa classe. M. Cracpote, le directeur, ne voit pas d’un bon œil les méthodes peu habituelles employées par la nouvelle maîtresse. Des méthodes qui semblent plaire un peu trop aux élèves à son goût... Et que dire de Gertrude, la roche, à qui Mlle Charlotte parle allègrement comme s’il s’agissait d’un être vivant... Pas de doute, avec une maîtresse pareille, l’année sera haute en couleur ! Chaque élève écrit un titre sur un bout de papier et sur une feuille, un court article. On mélange d’un côté tous les titres et de l’autre tous les articles. Chaque élève prend au hasard un papier et une feuille. L’élève doit trouver un titre correspondant à l’article sélectionné et rédiger un article correspondant au titre choisi. Il présente ensuite ses propositions à la classe. Idée de concours Les Olympiades de la presse : le but de ce concours est de faire remplir le plus de « fiches signalétiques » en un temps limité. Il s’agit pour les élèves de parcourir rapidement la presse et de comprendre le sens général des articles. Exemple de fiche signalétique : Nom de la revue Catégorie de la revue Titre de l’article choisi Catégorie de l’article Lieu et date Résumé (une phrase) Distribuer une fiche et en laisser en libre-service. Pré- voir aussi beaucoup de journaux et revues (plus que le nombre d’élèves). Dans chacune de ces revues, sélectionner un ou deux articles plutôt courts et les mettre en évidence. Les élèves prennent les revues une par une et à leur rythme. Ils les rendent une fois leur fiche remplie. Public cible : 3e cycle du primaire ou 1er cycle du secondaire Avant la lecture En direct du Québec Sur la fiche de l’élève (Fiche A de l’élève, plus loin dans le texte), on trouve certains mots qui pourraient constituer des écrans culturels dans la mesure où ils font partie d’un vocabulaire familier typiquement québécois. On pourra découvrir les mots que les élèves ne connaissent pas et qu’on devra expliquer par une variante du jeu du dictionnaire : divisez les mots entre les groupes d’élèves que vous aurez déterminés. Chaque groupe devra donner une définition des mots. L’équipe aura un point pour chaque définition inventée que le reste de la classe aura déclarée vraie. Il se peut bien sûr que la définition soit fausse. On devra, à la fin du jeu, donner les définitions exactes et accorder des points aux équipes qui les auront trouvées. | 131 La culture en classe de français Le mot clé Demandez aux élèves de trouver dans chacun des regroupements de mots (Fiche B de l’élève, plus loin dans le texte) celui qui justifie la présence des autres. (Réponses : pirate, désert, fourmi, horreur et école). Les expressions mélangées Demandez aux élèves de rétablir les expressions (Fiche C de l’élève, plus loin dans le texte) en leur spécifiant que, pour ce faire, ils doivent procéder à une permutation de certains termes. Il faut en profiter pour enseigner aux élèves l’utilisation du dictionnaire anglais-français et leur faire remarquer la présence des traductions d’expressions, caractéristique d’un bon dictionnaire. En cours de lecture 1 Dans le premier chapitre, Marie tente de présenter Mlle Charlotte. Une fois ce chapitre terminé, demander aux élèves de faire un bilan de ce qu’ils ont appris à son sujet et, s’il y a lieu, d’exprimer d’autres détails qu’ils auraient aimé avoir. 2 Après la démission de Mlle Charlotte, mais avant que le directeur ne l’apprenne, Marie et ses camarades ont décidé qu’il fallait faire vite : trouver une idée, élaborer un plan pour que Mlle Charlotte revienne (p. 55). Demandez aux élèves d’élaborer un tel plan en tenant compte de ce qu’ils ont appris de Mlle Charlotte jusqu’ici. 3 On apprend que les enfants ont décidé d’écrire à Mlle Charlotte (p. 56). Demandez aux élèves d’écrire en groupe ladite lettre en tenant compte de la personnalité de Mlle Charlotte. On pourra ensuite comparer la lettre qu’ils auront écrite à celle qui est reproduite aux pages 59-60. Activités de lecture À tout moment, M. Cracpote espionne Mlle Charlotte. Demandez aux élèves de reproduire le carnet dans lequel le directeur a pris ses notes afin de préparer la rencontre de parents. Après la lecture Demandez aux élèves de faire la liste de tous les changements à l’école régulière qu’a apportés Mlle Charlotte durant son séjour et d’en montrer ensuite les pour et les contre. Par exemple, on parlera du nouvel horaire, du jeu des records, etc. 132 GUIDE DU PASSEUR CULTUREL Activités inspirées par le roman La maxirécréation Mlle Charlotte invente les maxirécréations et ses élèves, au bout de quelques jours, « avaient tous une foule d’idées » pour les combler (p. 29). Demandez aux élèves les idées qu’ils auraient eux-mêmes proposées. Dialogues avec un objet Mlle Charlotte explique à ses élèves que les objets ne remplacent pas les vrais amis, mais que c’est chouette de créer des personnages et de leur confier nos secrets (p. 35). Demandez aux élèves de déterminer l’objet avec lequel ils aimeraient parler et d’écrire une courte conversation qu’ils auraient eue avec lui. L’élève pourra ensuite demander au reste de la classe de deviner l’objet qu’il a choisi à partir de la présentation de son dialogue. On peut pousser le jeu plus loin en essayant de voir à qui ou à quoi un objet aimerait se confier. La brosse à dents se confierait-elle à la pâte dentifrice ? Si oui, que lui dirait-elle ? Une lettre de démission… et des lettres Mlle Charlotte annonce qu’elle démissionne quand elle comprend qu’il y a souvent des bagarres dans sa classe et elle demande de prévenir le directeur qu’il « recevra une lettre officielle par courrier » (p. 50). Demandez aux élèves d’imaginer ce que contiendrait une telle lettre, puis faites-en le plan pour ensuite l’écrire. On fera remarquer aux élèves le protocole particulier du discours épistolaire en français, principalement dans la lettre d’affaires. On peut comparer cette lettre à celle qu’ont écrite les enfants à leur professeur. De même, on peut travailler à la lettre que M. le Directeur envoie aux parents pour les convoquer à la réunion extraordinaire à propos de Mlle Charlotte. Un intérieur en image Marie nous dit que la maison de Mlle Charlotte « était moins délabrée » qu’elle ne l’avait imaginé. « Il y avait de jolis rideaux fleuris aux fenêtres et… cinq mouffettes sur le perron » (p. 58). Demandez aux élèves de décrire l’intérieur de la maison en soulignant qu’il doit être à l’image de Mlle Charlotte. Le don Tous ont compris le véritable don de Mlle Charlotte : quand elle raconte une histoire, on voit, on sent, on entend des choses étranges (p. 67). Français non-Francophone FI CH E A • En direct du Québec 1 bibites a) mets à base de frites Priez vos élèves de faire comme si vous aviez ce don en leur demandant de vous donner les détails ressentis d’une histoire que vous leur racontez. 2 bollé / superbollé b) insectes 3 capotée c) personne niaise 4 crotte d’amour d) tourte à la viande Une histoire à continuer Marie raconte aux parents une histoire dont nous ignorons la fin : « C’est alors que les murs se sont lézardés et… » (p. 88). Demandez aux élèves de la poursuivre. Projet à long terme : la grande démonstration Au lieu de décrire ce qu’ils pensaient de Mlle Charlotte aux parents, les enfants ont décidé de « le leur montrer. Comme au théâtre » (p. 83). Demandez aux élèves d’écrire ladite pièce et de la monter. 5 débile e) mot doux 6 échalote f) incompétent(e) 7 maringouins g) personne brillante 8. minoucher h) bavarder 9 niaiseries i) moustiques 10 placoter j) se caresser 11 être poche k) personne grande et maigre 12 poutine l) choses sans importance 13 totote m) dérangée 14 tourtière n) personne idiote Note : On exploitera le film La mystérieuse mademoiselle C. après avoir travaillé La mystérieuse bibliothécaire puisque le film reprend les éléments de ces deux romans. FI CH E B • Le mot-clé 1 pirate 2 sable 3 colonie 4 loup-garou 5 toilettes galère vents galerie nuit horaire lame désert tunnel revenants matière sabre chameau reine frissons récréation fourmi horreur école œuf cimetière On pourra aussi trouver d’autres scénarios dans les sites Internet suivants : •Premier cycle du primaire www.grics.qc.ca/bips/vimont/histoires.htm FI CH E C • Les expressions mélangées 1 Faire le cœur / Un coup de cerise / Fendre le singe / La tête sur le sundae • Primaire www.qesnrecit.qc.ca/fls/projets.htm www.jardinmarin.qc.ca/scenario.asp 2 Perdre des chichis / Faire la boule / S’arracher les sangs / Se ronger les cheveux 3 Mourir son cœur à quelque chose / Se gueuler dessus / Mettre d’envie / Se taper des noms • Primaire et secondaire http://Presse.CyberScol.qc.ca/Scenarios.html http://iquebec.ifrance.com/indextour/ 4 Traiter les ongles / Les deux chats / Se grignoter quelqu’un de... / De la bouillie pour les tourtereaux 5 Un œil au marteau noir / Être complètement beurre / Faire des guiliguili à son écart / À l’enfant ! • Primaire – Secondaire - Adulte www.csdm.qc.ca/cee/scenario.htm 6 Au cœur ! / À fendre le pif ! / Au coup ! / Un boulot de tête • Pour tous les niveaux http://pages.videotron.com/cltr/scenarios.html Voir aussi dans des sites des diverses commissions scolaires avec une clientèle d’apprenants non-francophones. Notes 1 Scénario conçu et mis à l’essai par Sandra Colletti et Lisa Verrall de l’école primaire Genesis, Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier. 2 Scénario concu par Fabienne Soulard, journaliste. Tiré des Fiches pédagogiques du site de la Fédération internationale des professeurs de français. (FIPF) 3 Scénario concu par Roch Turbide, reproduit avec l’autorisation des Éditions Québec Amérique. | 133 UN GUIDE DU PASSEUR CULTUREL. Pour qui ? Pourquoi ? culture Pour les enseignantes et les enseignants de fran- La en classe de français çais, langue maternelle et seconde, qui sont les premiers agents du milieu de l’éducation à faire apprendre notre langue et notre culture à des élèves de tous âges, de tous milieux et de toutes provenances. Une production de l’AQPF sous la direction de Anne-Marie Boucher et Arlette Pilote Ce guide répond à un besoin actuel des enseignantes et enseignants de français à qui l’on demande de plus en plus de jouer auprès de leurs é lèves ce nouveau rôle de passeur culturel auquel ils ne sont pas toujours préparés et pour lequel peu d’outils existent. Il permet à l’enseignant et à l’enseignante de français de s’interroger sur son rapport à la langue, à la culture et à la littérature. Il se veut aussi une source d’inspiration puisqu’il propose diverses avenues pour aborder l’enseignement de la littérature, dessine un panorama d’œuvres littéraires que certains appellent des incontournables, propose des palmarès culturels et fournit des pistes d’exploitation pédagogique. Il présente également plusieurs moyens de construire un parcours culturel stimulant pour nos élèves, offre des scénarios d’apprentissage et livre quelques outils pratiques de recherche dans le domaine de l’enseignement de la littérature. L’équipe qui s’est réunie pour produire ce guide espère qu’il aidera tous les enseignants de français à ouvrir quelques portes sur la nécessaire formation culturelle des élèves du Québec et COMMANDEZ RAPIDEMENT VOTRE EXEMPLAIRE ! Seulement 10 $ d’ailleurs. Nom et prénom____________________________________________________________________ VIENT DE PARAÎTRE Adresse____________________________________________________________________________ Ville________________________________________________________________________________ code postal_______________________________ téléphone______________________________ Mode de paiement : Chèque Visa Mastercard ____________________________ No de la carte ________________________________ Date d’expiration__________________ Nom du titulaire de la carte______________________________________________________ 10,00$ + tPS + Frais de poste (grille) Frais de poste 1 copiE 2-3 copiEs 4-6 copiEs 7-10 copiEs Canada 02,70 $ 07,00 $ 08,00 $ 09,00 $ États unis ($ can.) 06,50 $ 10,00 $ 20,00 $ 30,00 $ International ($ can.) 13,00 $ 28,00 $ 45,00 $ au cas Publications Québec français C. P. 9185, Québec (Québec) G1V 4B1 Tél. : 418 527-0809 Téléc. : 418 527-4765 [email protected] www.revueqf.ulaval.ca AQPF ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Exemples de textes et de grilles d’évaluation Documents développés par Karen Olsen, conseillère pédagogique en Immersion et autres langues secondes pour la Commission Scolaire Publique de Régina, sous la direction de Sandra Falconer Pace, superintendante-adjointe pour Curriculum & Instruction. Ces grilles illustrent le processus d’évaluation décrit dans l’article Évaluer la lecture et le rappel d’histoires, Journal de l’immersion/ Immersion Journal Volume 28, Numéro 3, Automne 2006, p.11. Mots : 18 Texte 11.1A Le chat Regarde le chat. Le chat est blanc. Les textes choisis ont été mis à l’essai par des enseignants et des élèves des écoles publiques de Régina. Cette reproduction des textes qui accompagnent les grilles est aimablement autorisée par la Maison d’édition Thomson Duval, pour des fins d’évaluation en lecture. Il est beau. Il dort. Le chat est sur la chaise. http://www.duvaleducation.com/ Service à la clientèle au 1 888 932-8229. Le chat, texte inédit, pour la lecture à haute voix de 18 mots. Les questions de compréhension sont basées sur tout le texte. 26 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Fiche pour l’analyse des erreurs - Texte 11.1 A : Le chat (18 mots) Auto-corrections Répétitions Regarde le chat. Mot lu par l’enseignante Substitutions Introduction : Voici l’histoire d’un chat. Que fait le petit chat ? Omissions Date :________________ Ajouts Nom de l’élève :___________________________ Le chat est blanc. Il est beau. Il dort. Le chat est sur la chaise. Total des méprises ______ ❑ Niveau d’indépendance : 0 méprise Méprises majeures ______ ❑ Niveau d’apprentissage : 1 méprise Questions de compréhension - Le chat Notes sur le rappel de l'élève 1. Factuelle : De quelle couleur est le chat ? Le chat est blanc. 2. Factuelle : Que fait le chat ? Il dort. 3. Lexicale : Connais-tu un autre mot pour le mot chaise ? Un fauteuil. 4. Implicite : Pourquoi le chat dort-il ? Il est fatigué. 5. Implicite : Combien de temps va-t-il dormir ? Il va dormir longtemps. 6. À développement : Prédiction : Qui habite avec le chat dans la maison ? Je pense qu’une petite fille habite avec le chat, un petit garçon, une maman – accepter toute réponse logique. Analyse de la compréhension : ___ Niveau d’indépendance 0-1 erreur ou rappel excellent ___ Niveau d’apprentissage 2-3 erreurs ou rappel moyen ___ Niveau de frustration 3+ erreurs ou rappel faible Factuelle ___/2 Lexicale ___ /1 Implicite ___/2 Synthèse ___/1 LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 27 ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Mon petit frère l’extra-terrestre Je sais que mon petit frère est un extra-terrestre. Je l’ai su dès qu’il est arrivé dans ma vie comme un cercle de culture. Je vivais seule avec mes parents et tout à coup... PAF ! Il est arrivé. Je ne sais vraiment pas d’où il est venu, mais je parie que sa planète d’origine est Mars ! Mots : 198 Vous n’avez qu’à le regarder pour comprendre. Il est comme ces extra-terrestres que j’ai vus dans des livres à l’école. Il a une grosse tête sans cheveux et de grands yeux globuleux. Il veut tout dévorer avec sa bouche qui n’a aucune dent. Texte 14 A Il n’aime pas vraiment la nourriture humaine. Tout ce que maman lui donne reste sur son visage ou va sur le plancher. Une fois, il a mangé la nourriture du chien sans être malade. Cela prouve que c’est un martien ! Mon petit frère l’extra-terrestre Après son arrivée, mes parents ont commencé à agir de façon bizarre, comme s’il exerçait une sorte de contrôle sur eux. Il n’a qu’à crier très fort et mes parents font tout pour lui faire plaisir. Je suis certaine qu’un jour ses vrais parents vont venir le chercher et le ramener sur leur planète. J’ai tellement hâte. Mon petit frère l’extra-terrestre, texte adapté d’une composition collective faite par les élèves de la 4e année de l’École Wilfrid Walker, pour la lecture à haute voix de 198 mots. Les questions de compréhension sont basées sur tout le texte. 28 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Fiche pour l’analyse des erreurs - Texte 14 A : Mon petit frère l’extra-terrestre (100 mots) Total des méprises ______ Méprises majeures ______ Questions de compréhension Auto-corrections Répétitions Mot lu par l’enseignante Je sais que mon petit frère est un extra-terrestre. Je l’ai su dès qu’il est arrivé dans ma vie comme un cercle de culture. Je vivais seule avec mes parents et tout à coup... PAF ! Il est arrivé. Je ne sais vraiment pas d’où il est venu, mais je parie que sa planète d’origine est Mars ! Vous n’avez qu’à le regarder pour comprendre. Il est comme ces extra-terrestres que j’ai vus dans des livres à l’école. Il a une grosse tête sans cheveux et de grands yeux globuleux. Il veut tout dévorer avec sa bouche qui n’a aucune dent. Omissions Introduction : C’est l’histoire d’une petite fille qui croit que son bébé frère vient d’une autre planète. Est-ce que tu crois aux extra-terrestres ? Ajouts Date :________________ Substitutions Nom de l’élève :___________________________ ❑ Niveau d’indépendance : 1-4 méprises ❑ Niveau d’apprentissage : 5-9 méprises ❑ Niveau de frustration : 10 + méprises Répond Retourne Avec Aucune avec aisance au texte de l’aide réponse 1. Factuelle : À quoi la petite fille compare-t-elle son frère ? Elle le compare à quelqu’un d’une autre planète. 2. Factuelle : Comment sont la tête et les yeux du bébé ? Il a une grosse tête et de grands yeux globuleux. 3. Lexicale : Quel mot reconnais-tu dans le mot globuleux ? Je reconnais le mot globe. Il a des yeux comme de grosses boules. 4. Implicite : Que fait-il avec sa nourriture ? Il met sa nourriture sur son visage, ou il jette tout sur le plancher. 5. Implicite : Que font les parents pour son petit frère ? Ils font tout pour lui. Accepter toute réponse logique. 6. À développement : Est-ce que tu crois que ses vrais parents vont venir chercher leur bébé ? Accepter toute réponse logique. Analyse de la compréhension Factuelle ___/2 Lexicale ___ /1 ___ Niveau d’indépendance 0-1 erreur ou rappel excellent Implicite ___/2 ___ Niveau d’apprentissage 2-3 erreurs ou rappel moyen Synthèse ___/1 ___ Niveau de frustration 3+ erreurs ou rappel faible LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 29 ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Un corps en santé Les filles et les garçons ont des préoccupations différentes à propos de leur corps. Les filles veulent souvent perdre du poids tandis que les garçons veulent avoir des muscles. La meilleure façon d’être en santé et de maintenir un poids santé, c’est de manger sainement et de faire de l’exercice physique de façon régulière. Voici des suggestions pour rester en santé : • Consulte une nutritionniste pour connaître ton poids santé, t’informer sur la nutrition et te guider dans tes choix alimentaires. • Mange 3 repas et 2 collations par jour. • Choisis des aliments de qualité : des céréales, des pâtes alimentaires à grains entiers, des légumineuses, des fruits et des légumes. • Rappelle-toi que les corps en santé sont de différentes formes et grosseurs ! Mots : 242 Texte 18 B Un corps en santé Hélas ! Il n’existe pas de produits miracles (aliments, machines ou pilules) qui permettent de perdre du poids ou de gagner du muscle. • Les régimes drastiques donnent des résultats de courte durée. Il y a une perte d’eau et de muscles plutôt qu’une perte de gras. C’est une des raisons pour lesquelles les kilos perdus sont si vite retrouvés. • Ce n’est jamais une bonne idée de sauter des repas, comme le petit-déjeuner. • Dans 95 % des cas, les diètes ne fonctionnent pas ! La restriction alimentaire amène généralement un gain de poids ! Le corps réagit en dépensant de moins en moins de calories pour fonctionner. Lorsqu’on recommence à manger normalement, le corps emmagasine immédiatement les graisses en prévision d’une prochaine diète. Un corps en santé, source, Institut National de la Nutrition, Armer nos adolescents contre les troubles alimentaires, pour la lecture à haute voix de 242 mots. Les questions de compréhension sont basées sur tout le texte. 30 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 ÉVALUATION DES COMPÉTENCES LINGUISTIQUES Fiche pour l’analyse des erreurs - Texte 18 B : Un corps en santé (125 mots) Autocorrections Répétitions Mot lu par l’enseignante Omissions Ce texte décrit l’importance de bien manger pour rester en santé. Penses-tu que les filles ou les garçons pensent beaucoup à leur poids ? Ajouts Introduction : Date :________________ Substitutions Nom de l’élève :___________________________ Les filles et les garçons ont des préoccupations différentes à propos de leur corps. Les filles veulent souvent perdre du poids tandis que les garçons veulent avoir des muscles. La meilleure façon d’être en santé et de maintenir un poids santé, c’est de manger sainement et de faire de l’exercice physique de façon régulière. Voici des suggestions pour rester en santé. Consulte une nutritionniste pour connaître ton poids santé t’informer sur la nutrition et te guider dans tes choix alimentaires. Mange 3 repas et 2 collations par jour. Choisis des aliments de qualité : des céréales, des pâtes alimentaires à grains entiers, des légumineuses, des fruits et des légumes. Rappelle-toi que les corps en santé sont de différentes formes et grosseurs. Total des méprises ______ Méprises majeures ______ ❑ Niveau d’indépendance : 1-6 méprises ❑ Niveau d’apprentissage : 7-12 méprises ❑ Niveau de frustration : 13 + méprises Questions de compréhension Répond Retourne Avec Aucune avec aisance au texte de l’aide réponse 1. Factuelle : Quelle est la préoccupation des filles dans ce texte ? Les filles veulent perdre du poids. 2. Actuelle : Quelle est la préoccupation des garçons dans ce texte ? Ils veulent avoir des muscles. 3. Lexicale : Que veut dire l’expression manger sainement ? Ça veut dire manger de la bonne nourriture. 4. Implicite : Pourquoi les régimes drastiques ne fonctionnent-ils pas ? Parce qu’on perd de l’eau et du muscle au lieu du gras. 5. Implicite : Pourquoi les régimes en général ne fonctionnent-ils pas ? Parce que le corps dépense moins de calories et lorsque la personne recommence à manger normalement le corps emmagasine les graisses en prévision de la prochaine diète. 6. À développement : Pourquoi est-il important de prendre le petit déjeuner le matin ? Accepter toute réponse logique. Analyse de la compréhension Factuelle ___/2 Lexicale ___ /1 ___ Niveau d’indépendance 0-1 erreur ou rappel excellent Implicite ___/2 ___ Niveau d’apprentissage 2-3 erreurs ou rappel moyen Synthèse ___/1 ___ Niveau de frustration 3+ erreurs ou rappel faible LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 31 COIN INSPIRATION L’identité linguistique et l’identité professionnelle en immersion – Questions au service de l’insertion professionnelle Lace Marie Brogden, Université de Regina Becky Page, North West Catholic School Division # 16 Sara Pitre, Regina Catholic School Division # 12 Résumé Cadre théorique S’inspirant des résultats du projet de recherche L’identité linguistique en tant que composante de l’identité professionnelle lors de l’insertion professionnelle : Deux études de cas1, cet article vise à interroger l’interdépendance de l’identité linguistique et professionnelle lors de la première année d’enseignement. Utilisant une approche méthodologique qui préconise l’enquête narrative, nous invitons le lecteur/la lectrice à contempler certaines possibilités quant au soutien à offrir aux nouveaux enseignants et nouvelles enseignantes qui débutent leur carrière en immersion française au Canada. L’enquête narrative Introduction Le projet de recherche L’identité linguistique en tant que composante de l’identité professionnelle lors de l’insertion professionnellei a été élaboré pendant l’année scolaire 2004-2005. Le projet, conçu comme recherche collaborative entre une chercheuse universitaire et deux nouvelles enseignantes en immersion française, proposait deux études de cas visant à mieux comprendre le développement simultané de l’identité linguistique et l’identité professionnelle lors de l’insertion professionnelle en immersion. Ce projet a utilisé une approche qualitative afin d’interroger les multiples enjeux contribuant à la production des identités linguistique et professionnelle des enseignant.es en immersion lors de l’insertion professionnelle. Cette recherche a été effectuée dans le cadre de l’enquête narrative, adoptant un contexte de cognition narrative où les histoires nous permettent de comprendre et d’organiser notre savoir (Bruner, 2002, 1990; Turner, 1996; Ricœur, 1991). En éducation, ce phénomène est souvent exprimé par la description célèbre de Clandinin et Connelly (2000) « histoires vécues et racontées » (p. 20, traduction libre). Ces attributs des textes narratifs s’appliquent d’autant plus aux textes biographiques et autobiographiques. Tel que résumé par Richardson (1997), les personnes organisent et comprennent leurs autobiographies en construisant des histoires qu’elles utilisent par la suite afin d’expliquer et même justifier leurs expériences. Le contexte immersif Tel qu’il l’a été proposé précédemment, « l'enseignement en contexte minoritaire au Canada, plus spécifiquement l’immersion française (IF) et le français langue maternelle hors Québec (FL1), représente un défi linguistique à la fois déclaré et nébuleux » (Brogden, 2003, p. 1). En immersion, l’enseignante représente souvent le principal modèle linguistique de l’élève (Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan, 1992). De plus, comme le souligne Bordeleau (1992), il ou elle doit porter une attention particulière à 1 Des versions précédentes de cet article ont été présentées en français sous forme de communications élaborées dans le contexte de la Conférence internationale sur la recherche en éducation en milieu minoritaire de langue française (CIRÉM) du 20 au 22 avril 2005 à Ottawa, Ontario, et du Colloque 2005 de l’ACPI du 27 au 29 octobre 2005 à Moncton, Nouveau-Brunswick. 32 • LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 COIN INSPIRATION la culture. L’enseignant.e débutant.e négocie ces responsabilités linguistique et culturelle en même temps qu’il ou elle construit son identité professionnelle pendant sa première année d’enseignement et au-delà. De nombreuses études ont été faites au sujet de l’insertion professionnelle en général (Ingersoll & Smith, 2004; McCann & Johannsessen, 2004; Rogers & Babinski, 2002) sans, semble-t-il, s’attarder sur l’actualisation linguistique chez les enseignant.es débutant.es de l’immersion. Ceci étant dit, Lapointe (1999) définit l’insertion typique en soulignant qu’« on assiste à un processus d’insertion où la nouvelle recrue est graduellement acculturée aux traditions et manières de voir et de faire de l’institution. » (¶ 2) À travers une analyse théorique et conceptuelle du changement et de la culture de l’école, elle souligne l’importance de travailler en vue d’une meilleure compréhension des valeurs chez ceux et celles qui débutent en enseignement. C’est dans le cadre de ces constats que nous situons la présente recherche. Méthodologie L’analyse narrative Au niveau de la méthode de recherche, nous nous sommes basées sur le travail de Lieblich, Tuval-Mashiach and Zilber (1998). Ces dernières croient que toute enquête qui se sert de textes narratifs (pouvant prendre de nombreuses formes) peut se prêter à une analyse narrative. Dans le cadre de notre recherche, nous nous sommes intéressées tout particulièrement à leur approche concernant l’analyse holistique du contenu. C’est l’approche que nous favorisons afin de comprendre nos histoires auto/biographiques dans leur ensemble pour ensuite identifier les thèmes récurrents qui s’y trouvent. À partir de nos textes narratifs (des conversations enregistrées, des réflexions écrites et des communications électroniques), nous avons entrepris une co-construction d’histoires auto/biographiques. Ce faisant, nous voulions mettre en valeur les expériences linguistiques des co-chercheuses du projet au cours de la première année d’insertion professionnelle. Ainsi, nous avons prêté attention à la construction de l’identité linguistique au cours du processus d’insertion professionnelle, tout en tenant compte de l’impact du mentorat qui se vit lors du projet. Les participantes Avant d’entreprendre ce projet de recherche, nous – Lace, Becky et Sara – avons travaillé ensemble au Programme du Baccalauréat en éducation à l’Université de Regina, un programme destiné aux étudiant.es en formation qui visent à travailler dans les écoles d’immersion ou les écoles francophones en milieu minoritaire. Nous mentionnons particulièrement notre travail au sein du cours DLNG 490 – Fondements historiques et approches contemporaines de l’immersion française au Canada que Lace a enseigné, et qui a été offert pendant la dernière session de la formation universitaire de Becky et Sara. Ce cours, autant philosophique que méthodologique, nous a permis d’entreprendre un dialogue soutenu au sujet des enjeux pédagogiques et politiques de l’enseignement en immersion. La participation de Becky et de Sara à ce projet de recherche ne fut pas le fruit du hasard; elle a été voulue et réfléchie. Tout le long du cours de DLNG 490, les étudiantes ont été encouragées à prendre une position éclairée sur les stratégies préconisées en contexte immersif, et ce, dans le but de complexifier leur propre philosophie de l’enseignement en immersion française au Canada. Becky et Sara se sont montrées sensibles et engagées dans la poursuite de cet objectif. De plus, elles ont aussi été parmi les premières diplômées du programme à se trouver des emplois. Fait intéressant, toutes les deux ont été embauchées par la commission scolaire de leur choix. Nous reconnaissons le caractère contextuelii de notre travail. Nos histoires se vivent dans des milieux spécifiques et en individualité. Autrement dit, « c’est en écrivant que l’on arrive à LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 33 COIN INSPIRATION savoir » (Richardson, 2001, p. 33, traduction libre). En conséquence, c’est par l’écrit, par nos histoires mêmes, que nous arrivons à saisir leur signification. La pertinence de notre recherche est donc de tendre vers l’élaboration d’une prise de conscience du particulier. Nous y voyons des possibilités quant à ce qui pourrait être vécu par d’autres dans des situations d’enseignement semblables. Résultats Des histoires sans fin Becky – Rendue à la fin de ma première année, je peux dire que j’aime beaucoup mes enfants et j’aime beaucoup ma profession. Jusqu’à date, ce qui m’a beaucoup aidée, c’est que j’ai appris à ne plus avoir peur de la langue. Je pense que c’est important que les nouvelles enseignantes s’engagent à parler en français à l’extérieur de la salle de classe – il faut parler français à l’école, avec les collègues, ou dans la communauté afin de parler aux interlocuteurs autres que les élèves. J’ai une plus grande aisance avec la langue. Il ne faut pas avoir peur – je suis fière de parler français et de parler en français. Sara – Tout comme d’autres enseignantes qui commencent leur carrière, je sais que j’ai beaucoup à contribuer et je travaille très fort dans le but de faire un travail de qualité. Je pense que c’est important de bien connaître le matériel et les personnes ressources à l’école et de s’en servir autant que possible – il ne faut pas avoir peur de poser des questions… Si quelque chose tombe à l’eau, il faut essayer quelque chose d’autre… En cas d’incertitude linguistique, il faut modéliser l’exploitation des ressources, comme le dictionnaire, avec les élèves… Somme toute, ne lâchez pas ! Lace – Les histoires vécues et construites avec Becky et Sara m’ont fait revivre de nombreux événements présents lors de ma première année d’enseignement. En même temps, elles ont changé à jamais ce que je fais et ferai en tant qu’enseignante. C’est en entrevue avec Sara un 34 • jour, alors qu’elle parle de ses élèves, que je vois que nous sommes toutes en train de vivre et revivre des moments de frustration, d’espoir, et d’incertitude. C’est grâce aux paroles de Sara et à l’expression qu’elle a sur le visage, que je vois les jeunes dans sa classe qui veulent réussir. C’est ainsi que je vois, comme un miroir qui reflète et qui altère en même temps, tous les élèves de la classe, Sara, Becky et ses élèves, et tous les élèves, toutes les étudiantes et tous les étudiants à qui j’ai enseigné ainsi que moi-même. Je vois la maison des miroirs auquel Norman (2001) fait allusion; je vois que « la distorsion est une autre version de la vérité » (p. 5, traduction libre). Ce qui me revient à l’esprit en voyant ce miroir sans fin est le titre d’un article de Knowles et Cole (1994), We’re Just Like the Beginning Teachers We Study. Dans une lettre à son collègue, Cole note qu’elle commence à s’interroger sur le « sujet » de ses écrits : est-ce qu’elle écrit au sujet des nouveaux enseignants et nouvelles enseignantes qui participent à son projet de recherche, ou plutôt au sujet d’elle-même et de ses expériences en tant que nouveau membre de sa faculté (p. 39) ? J’entends un écho lointain de Richard Séguin, « Ici comme ailleurs… ». Oui, nous sommes, tant Sara et Becky, moi et vous, en quelque sorte, comme ceux et celles à qui nous cherchons à enseigner. Nous savons que nous ne savons pas, nous cherchons à mieux comprendre, nous continuons malgré l’incertitude, et nous nous arrêtons de temps en temps pour dire que nous travaillons de notre mieux. Thèmes récurrents Notre analyse holistique du contenu tient compte de la fréquence avec laquelle les thèmes apparaissent dans les données ainsi que l’importance de certains thèmes en raison de l’impact de ces derniers sur les croyances, les attitudes et les comportements des participantes. Cette liste de thèmes n’est pas exhaustive, mais elle met en évidence de nombreux défis auxquels font face les enseignant.es lors de l’année d’insertion professionnelle. Nous soulignons, alors, les thèmes suivants : LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 COIN INSPIRATION • le rôle que joue l’administration (leadership et appui linguistique); • les compétences linguistiques de l’enseignante (paradoxalement, l’affirmation de soi et la remise en question); • les relations avec les autres membres du personnel; • l’incertitude professionnelle (lors de la réalisation de ce projet, les enseignant.es de la Saskatchewan ont vécu la renégociation de leur contrat de travail. Nous soupçonnons qu’il se peut fort bien que dans un autre contexte, ce thème n’aurait pas été présent.); • l’évaluation des élèves; • les relations avec les parents; • la gestion de classe; • les enjeux linguistiques (avec les élèves et avec les collègues); • la fatigue; • l’isolement; • la relation avec les élèves (qui se manifeste sous forme de « j’aime mes élèves », et qui est présente à l’intérieur de toutes les catégories précédentes); et • le désir de bien faire. Questions et possibilités Puisque l’objectif principal du présent écrit est de susciter de nouvelles réflexions, nous proposons les questions suivantes : • Quel type de mentorat existe dans votre institution pour vos enseignant.es débutant.es ? • Comment les administrateurs peuvent-ils fournir un soutien aux nouveaux enseignants au niveau linguistique, de la gestion et des programmes d’études ? • Comment promouvoir l’enseignement réfléchi chez les enseignant.es en début de carrière ? • L’université a-t-elle un rôle à jouer après l’octroi du baccalauréat ? • Quels sont les facteurs sociolinguistiques s’exerçant sur les enseignant.es en milieu minoritaire lors de l’année d’insertion professionnelle ? Nos résultats nous indiquent que les relations de mentorat doivent être choisies judicieusement. Nous avons également observé l’évolution linguistique des enseignant.es en première année d’enseignement en milieu immersif, et ce, aux niveaux grammatical et syntaxique ainsi qu’identitaire. Cette dernière se manifeste dans la confiance et dans l’emploi de la langue dans une variété de contextes. En contexte immersif, l’année d’insertion professionnelle comprend tous les défis identifiés dans les recherches en milieu majoritaire. De plus, il importe à ceux et celles qui travaillent avec les nouvelles enseignantes et les nouveaux enseignants de garder à l’esprit les défis linguistiques, curriculaires et identitaires auxquels font face nos collègues débutants. Lapointe (1999) conclut que « la responsabilité de la gestion [des] changements [culturels] revient avant tout aux membres de la direction de l'école.» (¶38) Notre recherche nous fait penser de même. Par sa présence et ses actions, ou bien par son manque d’intérêt et son ambiguïté, la direction de l’école exerce une grande influence sur les enseignant.es pendant l’année d’insertion professionnelle. Mais il ne faut pas s’y arrêter. Nous nous interrogeons également sur le rôle potentiel des autres membres de la communauté éducative au niveau du soutient à offrir aux enseignant.es débutant.es. Nous vous invitons à réfléchir aux questions soulevées dans le présent écrit et à en générer d’autres en espérant qu’elles servent de pistes à de nouvelles réflexions quant au développement linguistique des nouveaux enseignants et nouvelles enseignantes. En ce faisant, nous vous invitons à trouver ce qui pourrait vous être utile selon le contexte dans lequel vous travaillez ainsi qu’à penser aux nouvelles possibilités offertes au niveau de l’insertion professionnelle. Ici comme ailleurs, relevons le défi ! Lace Marie Brogden contribue régulièrement et très généreusement au Journal de l’immersion/Immersion Journal. Nous lui devons aussi un autre beau défi dans le poème « Témoignage d’une Francophile en formation continue » à la page 10 du Volume 28, numéro 3, Automne 2006. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 35 COIN INSPIRATION Références Bordeleau, L. G. (1992). L’immersion et l’éducation en langue maternelle française : ressemblance apparente, différence fondamentale. Éducation et francophonie, 20(2), 24-29. Brogden, L. M. (2003). L'actualisation linguistique en tant que composante de l'identité professionnelle chez les enseignant.es en formation. Dans J. Ardoino & G. Berger (Eds.), Former les enseignants et les éducateurs, une priorité pour l'enseignement supérieur : Actes du colloque. Paris : Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education. Brogden, L. M., & patterson, D. (sous presse). Nostalgia, goodness and ethical paradox. Qualitative Research. Bruner, J. (1990). Acts of meaning. Cambridge, MA : Harvard University Press. Bruner, J. (2002). Making stories : Law, literature, life. Cambridge, MA : Harvard University Press. Clandinin, J. & Connelly, M. (2000). Narrative inquiry : Experience and story in qualitative research. San Francisco : Jossey-Bass. Derrida, J. (1990). Donner la mort. Dans J. M. Rabatée et M. Wetzel (Eds.), L’éthique du don – Jacques Derrida et la pensée du don : Colloque de Royaumont. Paris : Métailié-Transition. Fédération des enseignant.es de la Saskatchewan. (2000). The teaching profession of Saskatchewan : Code of ethics. Repéré le 18 avril, 2005, de http://www.stf.sk.ca/ teaching_prof/pdf/code_of_ethics.pdf Groupe consultatif interagences en éthique de la recherche (2003). Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains. Ottawa, ON : Ministère des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. (Œuvre originale publiée en 1998). Repéré le 18 avril, 2005, de http://www.pre.ethics.gc.ca/francais/pdf/ TCPS%20June2003_F.pdf Ingersoll, R. M., & Smilth, T. M. (2004). Do teacher induction and mentoring matter ? National Association of Secondary School Principals, NASSP Bulletin, 88(638), 28-40. Knowles, J. G., & Cole, A. L. (1994). We’re just like the beginning teachers we study : Letters and reflections on our first year as beginning professors. Curriculum Inquiry, 24(1), 27-52. Laplante, B. (2005). Cheminement éthique d’un chercheur engagé en recherche collective [version électronique]. Revue des sciences de l’éducation, 31, 2. Lapointe, C. (1999). La problématique culturelle de l’insertion des nouveaux enseignants et enseignantes à l’école [version électronique]. Éducation et francophonie : Perspectives d’avenir en éducation, 27(1). 36 • Lieblich, A., Tuval-Mashiach, R. & Zilber, T. (1998). Narrative research : Reading, analysis and interpretation. Thousand Oaks, CA : Sage. McCann, T. M., & Johannsessen, L. R. (2004). Why do new teachers cry ? The Clearing House, 77(4), 138-145. Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan. (1992). Français en immersion : Programme d’études pour le niveau élémentaire. Regina, SK : Auteur. Richardson, L. (1997). Fields of play : Constructing an academic life. New Brunswick, NJ : Rutgers University Press. Richardson, L. (2001). Getting personal : Writing-stories. Qualitative Studies in Education, 14(1), 33-38. Ricœur, P. (1991). Narrative and identity (Trans. D. Wood). Dans D. Wood (Ed.), On Paul Ricœur : Narrative and Interpretation. New York : Routledge. Rogers, D. L., & Babinski, L. M. (Eds.). (2002). From isolation to conversation : Supporting new teachers' development. Albany, NY : SUNY Press. Séguin, R. (1988). Ici comme ailleurs. On Journée d’Amérique. Montréal, QC : MusiArt. Turner, M. (1996). The literary mind : The origins of thought and language. New York : Oxford University Press. i ii Note : La réalisation de ce projet fut possible grâce à une subvention de recherche de la part du French Education Research Fund of the Saskatchewan Instructional Development & Research Unit. Les auteurs tiennent à remercier Naomi Sara Fortier, assistante de recherche au projet. À notre avis, l’éthique est quelque chose qui se vit en contexte, et qui se doit d’être constamment renégociée tout au long du processus de recherche (Brogden & patterson, sous presse; Laplante, 2005). Ainsi donc, même si nous respectons les procédés de l’Énoncé de politique des trois Conseils (1998/2003) et du comité d’éthique de l’Université de Regina, nous travaillons également en tenant compte du code de déontologie de la Fédération des enseignant.es de la Saskatchewan (2000). À tous les principes dits « éthiques » qui nous gouvernent s’ajoute la complexité de vivre l’éthique à chaque instant de notre recherche. Par conséquent, tout en reconnaissant le risque de contourner l’éthique en essayant de la respecter (Derrida, 1990), nous avons cru bon de modifier certains aspects et personnages de nos histoires, sans perdre de vue leur vraisemblance. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 COIN INSPIRATION L’IMMERSION EST COMME UNE PISCINE Fred Kreiner Directeur de la pratique de l’enseignement Faculté Saint-Jean, Edmonton, Alberta Dans une petite ville rurale de l’Alberta, un copain m’a posé une drôle de question. Il savait que j’étais enseignant dans un programme d’immersion française. — Sais-tu c’est quoi le problème avec l’immersion ? m’a-t-il demandé. — Non, c’est quoi le problème selon toi ? ai-je répondu. — On ne les garde pas sous l’eau assez longtemps ricana-t-il. Pour un instant, je suis resté bouche bée, avec l’image d’un enseignant qui poussait la tête d’un élève sous l’eau pour le noyer. Ensuite, une idée converse m’est venue à l’esprit, j’ai regardé le farceur et je lui ai répondu ainsi : — Tu as tout à fait raison. Si nos programmes d’immersion offraient plus d’occasions d’apprentissage linguistique, dans des contextes riches, intellectuels ainsi que sociaux, les élèves auraient la chance de développer leurs habiletés linguistiques et ils atteindraient un niveau de bilinguisme bien plus élevé. J’apprends des langues depuis ma naissance et depuis 25 ans, j’enseigne la langue française. J’élève 4 enfants qui parlent le français et l’anglais sans difficulté. Depuis 2001, je travaille avec les étudiants en pédagogie au Campus Saint-Jean de la University of Alberta. Bon nombre d’entre eux sont issus des programmes d’immersion de l’Ouest canadien et ils ont partagé leurs expériences avec moi. Suite à une discussion avec eux, je suis parti d’une métaphore qui mérite d’être examinée de plus près : « L’immersion française est comme une piscine ». L’école d’immersion n’est-elle pas plutôt une pataugeoire ? D’abord, il faut adresser cette image d’un élève avec son enseignant qui lui tient la tête sous l’eau pour le noyer. La simple réalité est que dans certains cas, l’eau n’est pas assez profonde pour se noyer. En fait, souvent l’eau ne dépasse pas les genoux. Les élèves ne sont guère immergés dans la langue, car l’école ne leur offre qu’un minimum en français. À l’école élémentaire, les enseignants limitent le français à la salle de classe, n’interviennent guère quand les élèves choisissent de parler en anglais, ont recours à la traduction très souvent pour empêcher les élèves de porter véritablement attention à ce qui se passe en français. Le français n’existe presque pas à l’extérieur de la classe, pas un babillard en français, aucune affiche en français dans les corridors et pas un administrateur, ni secrétaire qui peut lancer plus que « Bonnnne joouur » dans la langue de Molière. Au niveau secondaire, il y a encore moins d’heures de français et les cours complémentaires, l’éducation physique et la musique sont offerts en anglais. Les élèves associent la langue avec le travail académique et ne réalisent pas que la langue est vivante. Alors les élèves sont dans cette immersion, jouant dans l’eau jusqu’à leurs genoux, heureux et contents de l’expérience qu’ils vivent, sans se rendre compte que leurs habiletés linguistiques se développent très lentement. Ils n’ont pas peur de se noyer car l’eau n’est pas assez profonde. Comment augmenter le niveau de l’eau ? Le défi pour les enseignants et les administrateurs est de remplir la piscine d’eau. Comme minimum, les enseignants doivent s’attendre à ce que leurs élèves utilisent la langue dans la salle de classe, mais il faut aller plus loin. Les LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 37 COIN INSPIRATION enseignants peuvent assurer une vaste sélection de livres en français dans la classe et dans la bibliothèque afin que les élèves prennent le goût de la lecture en français. Les enseignants doivent aussi s’assurer que les appuis à l’enseignement, tels les ordinateurs, fonctionnent en français afin que les élèves continuent leur développement linguistique dans toutes les situations d’apprentissage à l’école. Des sorties pédagogiques, même un repas au restaurant en français, permettent aux élèves d’explorer la langue dans un contexte différent de la salle de classe. Les chansons et les interprètes, même au niveau secondaire, doivent faire partie de l’enseignement. Une visite à une école francophone, un échange avec des élèves de langue maternelle française ou même aller voir une pièce de théâtre en français, sont tous des manières d’ajouter de l’eau dans la piscine. Ce serait vraiment fantastique si l’administration trouvait les moyens d’en ajouter également ! Faire des annonces en français, offrir un cours complémentaire comme l’art dramatique en français, avoir des affiches en français à travers l’école et même embaucher un ou une secrétaire qui parle français aux élèves, notamment quand ils apportent leur feuille de présence au bureau, sont des initiatives que les administrateurs peuvent prendre pour avoir une piscine bien remplie. Il ne faut pas oublier que plus il y a d’eau, plus il y a d’opportunités pour explorer différentes situations de communication pour les élèves. Les enseignants assurent la sécurité de l’élève Dans l’eau plus profonde, l’élève aura besoin de support pour assurer que sa tête ne glisse pas sous la surface. Quand l’eau est jusqu’à la poitrine, l’élève doit savoir nager un peu, assez pour reprendre son équilibre quand il glisse. Puisqu’un riche environnement linguistique l’entoure, il a un véritable besoin de développer ses habiletés langagières. Les élèves sont très capables de s’adapter à cette situation. Avec le soutien des enseignants, l’élève explore, développe et perfectionne le français pour répondre aux 38 • exigences de son environnement. Les enseignants assurent la sécurité de l’élève dans cette eau plus profonde en enseignant la langue dans un contexte plein d’opportunités de communication. L’élève a encore pied Malgré les efforts de l’école, l’eau est loin d’être dangereuse. Après tout, l’élève peut toujours toucher le fond quand l’eau arrive à sa poitrine. Comment peut-on faire pour en ajouter davantage ? Les parents ont un rôle à jouer également. C’est aux parents de donner de la valeur à l’apprentissage linguistique en fournissant à l’élève des occasions de se servir de la langue dans des contextes parascolaires. Les parents peuvent amener leurs enfants aux activités culturelles françaises, s’impliquer dans Canadian Parents for French, arranger des vacances dans un pays ou une province francophone et fournir d’autres opportunités pour leurs enfants afin de se servir de la langue française. Leurs efforts font que l’élève vit dans une piscine plus profonde, où l’immersion est une véritable possibilité ! Rester près du bord ? Puisque l’eau profonde oblige l’élève à nager, il devient encore plus dépendant de l’enseignant. L’enseignant doit encourager l’élève de lâcher le bord de la piscine et le soutenir pendant ses premiers essais dans la piscine sans fond. Certains élèves sont hésitants à lâcher le bord de la piscine, tandis que d’autres font des pirouettes sur le tremplin en peu de temps. Pourquoi cette différence ? Si on se concentre sur ce que l’élève est incapable de faire, il va hésiter à lâcher le bord de la piscine. Il ne prendra pas de risques par peur de couler dans l’eau profonde. Par contre, si on sourit et montre comment l’eau profonde peut fournir une sensation extraordinaire, l’élève sera content de lâcher le bord de la piscine et de flotter tout seul. Un environnement d’encouragement est important à tous les niveaux de l’école pour que les élèves puissent continuer leurs apprentissages dans la langue cible. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 COIN INSPIRATION Un autre facteur important est l’élève lui-même. Certains élèves s’agrippent au bord de la piscine et se plaignent au sauveteur que l’eau est trop profonde et trop froide. Leur attention reste sur le sauveteur à l’extérieur de la piscine et ils ne voient pas les autres qui nagent, parfois très mal, mais qui apprennent en essayant et en faisant des erreurs. Malheureusement, certains sauveteurs (les parents) écoutent les plaintes des élèves accrochés au bord de la piscine au lieu d’insister qu’ils s’essaient dans l’eau profonde. Les parents (et parfois les enseignants) sortent les élèves de l’eau par peur qu’ils se noient et enlèvent aux élèves la chance de vraiment apprendre à nager. L’eau profonde fournit la chance de développer les habiletés de natation D’autres élèves prennent une attitude fort différente. Ils regardent les bons nageurs et essaient d’imiter leurs techniques. Ils voient un plongeon extraordinaire et demande comment il faut faire pour l’imiter. Ces élèves sont actifs dans leur apprentissage linguistique. L’eau profonde leur fournit la chance de développer leurs habiletés de natation. La manière dont l’élève perçoit la piscine a donc une influence importante sur son apprentissage linguistique. Rendus à l’université, certains diplômés des programmes d’immersion sont gênés de leur incapacité d’interagir avec les autres en français dans ce nouveau contexte plus social. Ils n’ont jamais appris à nager dans la piscine car leur expérience à l’école était dans une pataugeoire et non dans une piscine creuse. Le Campus Saint-Jean s’occupe de lancer des vestes de sauvetage à ces étudiants intimidés par l’eau profonde. Certains étudiants osent à peine lâcher le bord de la piscine. D’autres s’accrochent à tous les appuis qui flottent autour d’eux par peur de se noyer : le centre d’aide en français, des amis patients ou des profs prêts à aider. D’autres ont si peur de l’eau qu’ils vident l’eau de la piscine en parlant anglais dans l’espoir de recréer la pataugeoire qu’ils ont connue à l’école. Après tout, l’eau aux genoux ne fait pas peur. Elle est sécuritaire et très amusante. Ils ne dépendent plus de leur appui pour survivre D’autres étudiants arrivent à l’université avec une attitude fort différente. Ils cherchent des appuis, oui, mais ils ne s’y attachent pas de manière permanente. Ils tiennent une veste de sauvetage, la lâche pour ensuite nager à une bûche qui flotte un peu plus loin. Tout appui est une manière d’apprendre la langue. Éventuellement, ils nagent avec confiance, tiennent encore un appui de temps en temps, mais n’en dépendent plus pour leur survie dans l’eau profonde. Pourquoi les étudiants arrivent-ils avec des attitudes si différentes ? Je l’ignore. J’ai eu la chance d’être un de ces étudiants qui se promenaient avec difficulté dans l’eau profonde, mais grâce à l’appui de beaucoup de gens autour de moi, j’ai appris à nager. Aujourd’hui, je me sens confortable dans l’eau, même si j’ai peu d’espoir de faire partie d’une équipe olympique. J’ai le plaisir d’offrir mon aide aux étudiants qui ont besoin d’un peu de soutien dans les eaux profondes. Quand j’écoute les étudiants qui conversent en anglais, je suis triste. Je les vois vider la piscine pour nier aux autres la chance de s’amuser dans l’eau fraîche et profonde. Comment assurer que l’eau est assez profonde pour fournir une véritable situation d’apprentissage ? Que fais-tu pour faire de l’immersion une expérience positive ? Comme enseignant, parent ou administrateur, que fais-tu pour assurer que l’eau soit assez profonde pour fournir une véritable situation d’apprentissage ? Comme enseignant, est-ce que tu montres aux élèves comment nager ? Fournis-tu le support nécessaire quand les élèves en ont besoin ? Les encourages-tu à lâcher le bord de la piscine et à vraiment sentir l’eau qui les entoure ? Comme élève, tiens-tu le bord de la piscine, trop peureux pour explorer LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 39 COIN INSPIRATION l’eau profonde ? Encore pire, es-tu occupé à pomper l’eau de la piscine, à prendre la voie facile en parlant anglais plutôt que d’essayer en français ? Essaies-tu de recréer la pataugeoire que tu connaissais dans ton école d’immersion ? Ou encore, observes-tu les personnes talentueuses qui font un triple saut du tremplin, nagent en style papillon ou libre ? Te dis-tu « Un jour je saurai nager comme ça » ? Un apprenant actif saura bien nager Dans l’eau profonde, avec les enseignants qui encouragent et savent enseigner, un apprenant actif saura bien nager. Si quelqu’un lui tient la tête sous l’eau, l’élève d’immersion ne paniquera pas. Ses habiletés dans la piscine seront si bien développées, qu’il pourra nager même avec la tête sous l’eau ! Ça, c’est la magie de l’immersion ! Ça, c’est la magie de l’immersion ! Soumettez un texte pour publication dans le JOURNAL DE L’IMMERSION Changements d’adresse Membres de l’ACPI Si vous changez d’adresse, de nom ou de coordonnées, n’oubliez pas d’en informer le bureau de l’ACPI pour continuer à recevoir le Journal de l’immersion/Immersion Journal et les autres documents de l’ACPI. Anciennes présidentes Les anciennes présidentes et anciens présidents de l’ACPI sont membres à vie de l’association. L’ACPI aimerait rester en contact avec Georgette Hanrahan (Nouveau-Brunswick) et Greta Murtagh (Nouvelle-Écosse). Nous profitons de cette occasion pour les remercier de l’énergie et de la passion qu’elles ont mises au service de l’ACPI. Si vous avez de leurs nouvelles, pourriez-vous faire parvenir un petit mot au bureau de l’ACPI ? Association canadienne des professeurs d’immersion ACPI 201-57, promenade Auriga Nepean (Ontario) K2E 8B2 Téléphone : (613) 228-0333 Télécopieur : (613) 727-3831 Courriel : [email protected] Prochain thème : Le congrès 2006 à Saskatoon Cultivons le français de demain Submit a text for publication in the Été 2007 Date de tombée : 30 avril 2007 David Bouchard vous a-t-il inspirés ? Avez-vous trouvé des ateliers utiles ? Avez-vous donné un atelier que vous pouvez partager avec les lecteurs du journal ? Votre texte avec photos si possible peut être soumis par courriel en français en format .rtf ou .doc (Word) [email protected] Next theme : 40 • IMMERSION JOURNAL 2006 Conference in Saskatoon Summer 2007 Submission date : April 30th 2007 Texts and pictures may be submitted by e-mail in format .rtf or .doc (Word) LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LANGUE ET CULTURE BUT CAN THEY LAUGH IN FRENCH…** Address by the Honourable Claudette Tardif 1 My purpose today is two-fold : firstly, to speak to the importance for Canadians, especially our young people of learning French, one of Canada’s official languages, and secondly, to the challenges of learning French as a second language, especially if we aspire to having our students “laugh in French”. The importance of learning French for young Canadians As Canadians, we are fortunate to live in a vast country, rich in resources and the diversity of its people. In the world’s eyes, our society is characterized by its cultural diversity and its linguistic duality, two essential features of our collective identity. It is features such as these that truly define what it means to be Canadian. My recent appointment to the Senate has afforded me a number of opportunities to appreciate the real value of this cultural diversity and linguistic duality. By spending time in Ottawa and numerous other towns and cities across the country, I have been reinforced in my belief that, as Richard Pound (our Canadian representative for the International Olympic Committee) states, “You cannot understand Canada in one language”2. It takes both official languages. Knowing both languages truly offers the best of both worlds. It is a joy to be bilingual in my work, and in my life, and I savour it every day. I can converse spontaneously with Francophones from Canada and elsewhere as readily as I can speak English to my fellow Canadians and colleagues who know only one of our official languages. Internationally, it has opened many opportunities for me (e.g. my participation and presentation of a paper on the teaching of French in Canada for the recent study tour of the Délégation interparlementaire CanadaFrance). Last year, I had the privilege of being part of a four member senatorial delegation to Bucharest, Romania, where the recent “Sommet de la francophonie” was held in September 2006. Much to the surprise of some of the senators, the preferred language of communication by the senior government ministers (excluding their native Romanian language) was French. In fact, the Minister of Foreign Affairs clearly indicated that he preferred to use French in our meeting with him. Unfortunately, two of the senators were not able to participate in the discussion because they could not communicate in French whereas I was able to participate fully in the discussions. Being bilingual has been a blessing in my life, and I believe it should be, and can be, a blessing in the lives of many, many more Canadians. 1 2 Manitoba Department of Education, Citizenship and Youth. French Immersion in Manitoba : Strengthening our Community conference. Winnipeg, Manitoba, November 3, 2006. Pound, Richard. “Report on the Symposium on Official Languages”. Office of the Commissioner of Official Languages. Toronto : March 2004. [http://www.ocol-clo.gc.ca/symposium/documents/report_rapport/rport_e.html] LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 41 LANGUE ET CULTURE A recent poll3 (September, 2006) suggests support for official bilingualism in Canada has increased by more than 20 per cent over the past three years. The Decima survey conducted for the Official Languages Commissioner finds that 72 per cent of Canadians support bilingualism, that is seven out of every 10 Canadians accept that official bilingualism defines our identity as a nation, as compared to 56 % in a similar survey which was carried out in 20034. In Manitoba and Saskatchewan, 78 % of the respondents indicated that it was important for their children to learn a language other than English. There is a shift in attitudes occurring across our country. Rather than complaining about another language being shoved down our throats, more and more Canadians are realizing that “one language is no longer enough”. French is spoken and understood by nearly 9 million people in our country. One out of every four Canadians has French as his/her mother tongue, and almost one in three Canadians speaks French. It is the majority language of Canada’s second largest province, the province of Quebec. Millions of people across this country speak French, as well as English, and none regret it. In fact, the opposite is true. In general, Canadians who speak just one official language are the ones who feel they are missing out. 75 % of Anglophones outside Quebec say they regret not being able to speak French 5. I have yet to meet a person who regretted being able to speak French. Young people today are fortunate to have access to many ways to learn and improve their knowledge of one of our official languages. For example, here in Manitoba with its rich Francophone heritage, French is spoken by more than 102,000 people. According to information on the Canadian Parents for French-Manitoba branch French for Life website 6 , there are currently 96 French Immersion Schools with 17,000 students registered, and 77,000 students enrolled in the Basic French program in Manitoba. 42 • Programs of instruction like French immersion have become a key component of education systems across the country, and have proven that they work. Thirty years after such programs were introduced, there are currently 357,000 students across Canada enrolled in French immersion programs. Moreover, many countries now offer immersion programs based on the Canadian model. I know that I do not have to sell you on the benefits of learning French. You are well aware of all the research (confirmed in a Statistics Canada Study conducted in 2000) that demonstrates that the academic performance of French immersion students in a predominantly Anglophone environment was considerably higher than that of other children7. As well, I am certain that you know of the research which has often demonstrated that learning another language enhances a child’s intellectual and cognitive development. In general, children who learn a second language adapt more readily to new situations. They are more motivated to discover new things. They are more curious to learn and more willing to make the effort to satisfy their curiosity. Knowing two languages makes it easier to learn a third and fourth language. In Canada, French can be a bridge to other languages. 3 4 5 6 7 Ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. « L’évolution de l’opinion publique au sujet des langues officielles au Canada ». Canada : Septembre 2006. Gaboury, Paul. « Le bilinguisme connaît de plus en plus la faveur des Canadiens, selon un sondage » Le Droit. Ottawa : 7 Septembre 2006. Opinion Canada, Vol. 5, No. 38, October 30, 2003. Canadian Parents for French – Manitoba. “French for life. Say OUI to opportunity”. Manitoba. [http:/ /frencfforlife.ca/about_us.html] (September 10th 2006). Statistics Canada. “Student reading performance in minority language schools”. Canada : 2000. [www.statcan.ca] LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LANGUE ET CULTURE Children who speak two languages can often express themselves in a broader range of situations and styles. This explains, in some cases, their higher than average analytical, research and creative abilities. In the words of Alison McDonald, an immersion teacher, “the students in French immersion are challenged because they are using more areas of their brains by learning a second language. This allows them to be able to stretch their minds and take in more information. This is a program that produces a different kind of learner, a different kind of person” (Office of the Commissioner of Official Languages, Bilingualism among Young Canadians, 2004). Prime Minister Stephen Harper recently stated in an interview that he begins his speeches in French in order to better structure his thoughts8. You are also well aware that French is an international language spoken by close to two hundred and fifty million people over five continents. It is the most popular second language taught around the world. A considerable number of Internet sites are in French, making it the second most prominent language on the Internet internationally. French is second only to English for the number of countries where it is an official language, 33 compared to 45. It is one of the main languages of international diplomacy9 and the main working language of a number of international organizations, including the United Nations, UNESCO, NATO, the OECD, the International Monetary Fund and the International Red Cross Committee. We can conclude then, that French is a language of the world. “Our young people are increasingly aware that French and English are spoken around the world and that these languages convey an image of a progressive society”10. People like Sidney Crosby, one of the world’s best young hockey players, view learning French as giving them “something extra”. This is in line with a new international perspective on language. It is interesting to point out that an increasing number of nations are seeking membership in the “Sommet de la Francophonie” (often described as a French-language Commonwealth) as a means of expressing and maintaining their cultural diversity. The organization has 53 members. Nations such as Poland, Greece, Bulgaria, who do not have French as one of their official languages or language of usage are nevertheless aspiring to belong to the association of “Francophonie” nations in order to counter the homogenization of the world from a unilingual English speaking perspective. There is a new perspective on the value of diversity for global health. “In emphasizing the importance of the “dialogue of cultures”, Jacques Chirac, President of France has stated : “You cannot build the world of the future on just one language and hence, one culture”11. According to Chad Gaffield in an article entitled “One language is no longer enough”, which appeared in The Toronto Star in April, 200612 : Economists and geneticists have long recognized that homogeneity is a problem rather than a solution to long-term sustainability and prosperity. Cookiecutter standardization and one-size-fits-all assumptions are rapidly giving way to an embracing of multiplicity as the foundation of long-term social cohesion and prosperity. In this context, linguistic diversity is now seen to strengthen and enrich the social and cultural fabric in the same way that multiple economic and genetic links enhance the material and physical quality of life. 8 9 10 11 12 La Presse. « Stephen Harper s’exprime en français d’abord ». Montréal : 9 février 2006. Dion, Stéphane. Speaking Notes, the Honourable Stéphane Dion. Ottawa : March 14, 2002. Office of the Commissioner of Official Languages (2004). “Bilingualism among Young Canadians”. Graffield, Chad. “One language is no longer enough”. Toronto Star. Toronto : April 18th, 2006. Ibid. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 43 LANGUE ET CULTURE Scholars have for some time recognized that multilingualism and multilingual education are the challenges of the 21st century. The Japanese communication scholar, Tsuda (1994), posits two global, contemporary language policy options, an “ecology-of-language” paradigm and a “diffusion-of-English” paradigm13. In the “diffusion of English” paradigm, English equates with the development of capitalism and the science and technology associated with it, resulting in a one-language paradigm in which linguistic and cultural forces are subordinated to economic forces. This is a world characterized by ideological globalization, Americanization and the homogenization of world culture spearheaded by films, pop culture, and fast-food chains such as McDonald’s restaurants. The “ecology-of-language” paradigm recognizes local cultural space, equality of communication and support for diversity, and favours the cultivation and preservation of languages. In promoting bilingualism and multilingualism, we are promoting a dimension of biodiversity, a perspective allowing for more than one worldview. Increasingly, in a globalized world, people are wanting to maintain their cultural and linguistic identity as well as a desire to communicate in the language of the other. Let us remember that languages shape the way we think and the way we perceive the world. Having two languages enlarges our worldview. The great Fellini has said “A different language is a different vision of life” and a Czech proverb says “Learn a new language and get a new soul”14. Canada is known for its attachment to the principles of openness, respect and acceptance of differences. Bilingualism has a positive effect on our attachment to these values. By learning French, a young non-Francophone more readily acquires the ability to be open to other cultures and ways of seeing the world. More than ever in today’s society it is important to develop tolerance and respect of others. “Economic globalization has made the world borderless, by extending the power and the reach of the marketplace across national boundaries into every part of the world. Now we know that terrorism too is without borders, a brutal reminder that the world cannot be run by economics alone”15. We need young people who are tolerant, flexible and willing to seek alternate ways of viewing the world and of coming to grips with the problems that confront our global world. In a speech which I gave to a “Building the Future CPF 2002 conference” in Alberta, I stated that “the inherent values of learning another language and another culture speak to a better humanity. Languages are the foundation of global communication and global citizenship. I firmly believe that bilingualism has been the basis for pluralism in our Canadian society. The past Commissioner of Official Languages has stated that ‘accommodation of Canada’s official language communities has paved the way for our country’s ability to embrace diversity with such success’16.” Most Canadians believe that having two official languages has made Canada a more welcoming place for immigrants of different ethnic origins and cultures. In the recent poll I referred to earlier carried out by the Office of the Commissioner of Official Languages, 73 % of the respondents supported this statement of belief. 13 14 15 16 44 • Phillipson, R. and Skutnabb-Kangas, T. 1996 : 436. Fellini, St. Olof College. [“http://www.stolaf.edu/ depts/cis/wp/lepore/whybilinguism.html” http:// www.stolaf.edu/depts/cis/wp/lepore/ whybilinguism.html] Satya, Das. “ The Best Country – Why Canada Will Lead the Future”. Cambridge Strategies Inc.; Edmonton : 2002, p.7. Tardif, Claudette. “I’m Staying in French Because…**”. Keynote address - Building the Future Conference : Canadian Parents for French. Canmore : 2002. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LANGUE ET CULTURE In a country such as ours, this ability strengthens our communities and strengthens our society. It is a unifying force. Language is used to communicate, to interact, to share information and knowledge, to express feelings, needs and opinions. Learning French as a second language allows our children to become better citizens of this country because it allows them to engage, without fear or insecurity, in a dialogue or conversation with “the other”. It is that simple. Words lead to friendships, and friendships build better tomorrows. Globalization has diminished the importance of borders and has created a global village in which people are required to increasingly interact with each other. Children with French as a second language have a head start in becoming citizens of the world, and a leading role in making it a happier, safer place to live. As educators and parents we have a responsibility. It is to give our children and our youth the best possible start in life and to prepare better citizens for a global world. Speaking a second language is also one of the most rewarding things a person can do for himself and his career. It is a tremendous asset for employees. Those who speak a second language have a better chance of finding a good job. A bilingual employee is considered much more flexible and therefore much more valuable to the company due to this adaptability. A bilingual employee will have an undeniable advantage in a wide range of occupations. National companies are saying that we need people who are bilingual, if not multilingual. When I was Dean of the Faculté Saint-Jean, and later as Acting Vice-President of the University of Alberta, I was often given the following message by major companies setting up offices around the world : “If there is one message that needs to be communicated to your students, it is the following - become proficient in more than one language !” Bilingualism and multilingualism are necessities in today’s international marketplace. Language education is central to the competitiveness of our Canadian economy. “Canada’s economic and global stature is dependent upon its citizens knowing other languages. In the future, countries that have high-level language resources will have an advantage”17. Our students need to participate in this global economy. In the words of Gaffield, “English may be the lingua franca of boardrooms in many parts of the world but distinctions are made between the language of business and the language of social, cultural and political expression”18. Buying may be in one’s own language but selling can only be in the language of the customer. In a recent article in The Toronto Star19, Julie Barlow and Jean-Benoît Nadeau, affirm the following : “If Canadians think French is becoming passe in the business world, they should think again. The world’s second engineering company is SNC-Lavalin of Montreal. The world’s main nuclear power, for civil energy, is France. North America’s biggest printer is Quebecor. The world’s second distributor, after Wal-Mart, is French Carrefour. The world’s aviation company is Airbus, and Montreal is one of the world’s three most important centres for aviation.” Bilingualism and multilingualism have other important advantages to the economic ones that have been cited. On a very basic level, we can try to avoid linguistic and cultural gaffes that can arise because of an inadequate understanding of the language and culture. During a keynote address of an annual conference of the Ontario Modern Language Teachers’ Association, Veronica Lacey20 shared some humorous incorrect translations made by non-native speakers : 17 18 19 20 Curriculum Update, ASCE, Winter 1996, p.2. Graffield, Chad. “One language is no longer enough”. Toronto Star. Toronto : April 18, 2006. Julie Barlow and Jean-Benoit Nadeau, “French language alive and well”, Toronto Star. Toronto : October 10, 2006. Veronica Lacey, Mosaic, 1993 : 3. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 45 LANGUE ET CULTURE - a Hong Kong dentist advertised “Teeth will be extracted by the latest Methodists”; - a restaurant sign in Acapulco assured the would-be customers that “the manager has personally passed all the water served here”; - and a laundry in Rome invited potential customers to leave your clothes here and spend the afternoon having a good time ! But can they laugh in French21… Challenges I have been asked on many occasions, as I am sure you have as well, if our immersion programs are successful ? And at what level of linguistic competency do our students achieve ? We know they can communicate but can they laugh in French ? I would now like to address the second part of this presentation — what are the challenges we face in making our immersion programs more successful and how can we address these challenges ? I believe that our immersion programs have been successful, depending on our definition of success. How is success to be measured ? Based on what I have just outlined, we can certainly say that the benefits of second language learning make it a success. I would qualify that statement, however, by saying that in order to reap the greatest number of benefits a certain threshold of second language learning must be attained. Immersion has been a great success in sheer numbers of students enrolled and graduated; but has been criticized for the ineffective, functional linguistic grasp of French many students acquire22. In the words of Graham Fraser, “immersion continues to be debated as either the ultimate solution or an experiment which has failed to meet expectations. There is no question that immersion graduates do not have the fluency of native speakers. And, in many cases, the errors that are part of immersion patois become ingrained”… (fossilization of errors—“je suis douze”, “ça regarde bon”)… “But it provides an invaluable building block that has enabled hundreds, if not thousands, of immersion 46 • graduates to operate in a French-language environment that allows them to acquire that fluency. And study after study has shown that immersion students acquire better, not worse, first-language skills than their non-immersion contemporaries”23. I definitely agree with the comments made by Graham Fraser, our new Commissioner of Official Languages. In my years as a university professor and Dean, I have seen many immersion graduates who continue to undergraduate and graduate studies become very bilingual. As part of its French Language Renewal Project, the Edmonton Public School Board began a program about three years ago in which grade twelve immersion graduates were given the Federal Government’s Public Service French language competency test. Nearly 80 % of the French Immersion students tested exceeded the requirements for bilingual imperative positions with the civil service (a B grade), with a substantial number scoring at an advanced level. This is extremely reassuring for parents and educators and demonstrates that our French Immersion programs are achieving the desired results. The problem, however, is that too few students continue their program all the way to grade twelve and that the learning of French continues to be more of an academic experience than a lived experience. Should all our graduates from our French immersion programs be able to laugh in French ? Yes, this should be our goal and from time to time they should be able to dream in French as well. But for that to occur, we need to do a better job of many things. 21 22 23 Title taken from an article written by Lysiane Gagnon, “But can they laugh in French ?”, Globe and Mail : May 22, 2006. Simpson, Jeffrey. “Parlez more English, speak more Français”. Globe and Mail : April 15, 2006. Fraser, Graham. “Sorry I Don’t Speak French”. Toronto : McClelland & Stewart, 2006, p.196. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LANGUE ET CULTURE There needs to be a better connection between language and culture. I applaud the initiatives of the associations involved in the “French for Life activities in Manitoba” in wanting to make French a meaningful learning experience throughout a lifetime. Many young Canadians have given up on learning French because they are not encouraged and they do not perceive that they will use their French language skills in the medium and long term. To change these attitudes, the value of learning French must be constantly emphasized. Often, it is only the French teacher who advocates for the learning of French. Young people must understand that learning a language is difficult, but that it will benefit their development and their future. In short, young people must come to recognize that “Bilingualism is a living future”24. For young Anglophones, choosing to learn French is more than learning another way to speak. It is also a means of learning about a culture, a world and a way of life that is different from their own. It is therefore very important that language learning be connected to the culture of the language being learned. Otherwise, learning the other language is devoid of meaning. John Ralston Saul supported this view, stating that “Language is a bag filled with culture. Without culture, the bag is empty”25. A second language means a second culture. I cannot emphasize enough the importance of real life communication activities, cultural activities (exchanges, theatre, music, media and technology) as part of the curriculum for language learning. In my opinion, the best way to help young people is to give them opportunities to experience the culture and practice outside class. They can learn to love French by reading French books, going to French plays, hearing French music, exploring the Internet in French, and participating in extra-curricular activities in French. We need to find ways and means of better allowing students to engage in French culture. John Ralston Saul, the principal architect of the annual French for the Future/Français pour l’avenir conferences has often indicated that “one of the problems with immersion education is that the students do not have any contact with other immersion students – or with adults for whom speaking French has been an important part of their personal or professional lives. He concluded that immersion students in Canada get little encouragement, have little contact with other French-speakers, and have little sense of how the language skills they are acquiring connect with a larger Canadian world” (Fraser, pp. 183-184). I noticed a recent article in a CPF Alberta (Fall 2006) news bulletin entitled “Out-of-school French activities are one key to becoming bilingual”. I completely agree and I commend the many local CPF chapters across the country who promote activities which enhance students’ exposure to French and increase their motivation to learn. It is important to experience and enjoy French outside of school. “Learning colloquial French (slang, local expressions, how to joke) and developing confidence in using French in ‘real life’ situations are both critical to becoming truly bilingual.”26 For example, in Alberta, activities like les Jeux francophones de l’Alberta bringing together 500 students from Francophone schools and French immersion programs provide a wonderful opportunity to meet other French-speaking teens from around the province. 24 25 26 Hon. Coderre, Denis. “Report of the Symposium on Official Languages”. Ottawa : 2004. Pound, Richard. “Report on the Symposium on Official Languages”. Office of the Commissioner of Official Languages. Toronto : March 2004. [http://www.ocol-clo.gc.ca/symposium/documents/report_rapport/rport_e.html] “CPF Alberta News”. Edmonton : Fall 2006, p.2. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 47 LANGUE ET CULTURE It is no secret that one of the biggest challenges we face is student retention in both core French and French immersion programs. Although many students enroll in core French courses or early immersion programs, there are few students who complete their French graduation requirements. A public school board vice-principal from Ontario stated in an article in the Ottawa Sun on October 12, 2005, that “more than 85 % of French second language students are enrolled in core French, while only 16.5 % of high school students complete their French graduation requirements”. And yet, in a survey which CPF conducted with over 100 university students who had dropped French early in high school, 68 % regretted having dropped French (CPF 2004 report, p. 42). Some of the reasons given were : found it difficult, found it boring, thought it useless, believed they had no chance to speak French or become bilingual and didn’t learn anything. In the same Ottawa Sun article, one student claimed “In the past few years, there has been such a push on math and sciences that languages have not been seen as important”27. There is no doubt that we need to encourage schools at the junior and senior high level to have more flexible timetables that will allow students to take math, sciences, and French. In today’s world, knowledge and skills in these three disciplines are essential. One area should not be sacrificed to the other ! Students also reported in the study that guidance counsellors had not encouraged them to continue their study of French nor spoken of the opportunities available to them. Often, students are advised that if they want to enter into university programs like business, engineering or medicine, they should continue their studies in English. We need to work much more closely with guidance counsellors and school administrators to communicate the benefits of staying in French. To motivate young people to continue learning their second language throughout junior and senior high school, there must be a continuum 48 • from pre-school to the post-secondary level. Regrettably, a second language is not deemed to be important as a university entrance requirement. Many of our universities require no second language for admission purposes. The message we give to our students thus is that a second language is not important ! I find this to be absolutely deplorable ! Our new commissioner of Official Languages, Graham Fraser in his book Sorry, I Don’t Speak French correctly laments the refusal of Canadian universities to insist more graduates learn French. He states : “English-Canadian children reach their peak in French-language facility at nineteen, and then start to lose it when they enter university. The education system builds in an incentive to drop French by neglecting to take it into account, let alone making it a prerequisite for university admission. It is insane that Canadian universities continue to treat French as a foreign language, to be taught in literature departments, rather than as a language of instruction in history, political science and public administration classes. There is indeed a huge waste of intellectual and financial resources in the Canadian bilingualism industry”28. Helping universities offer more courses in French in order to attract students is also, in my opinion, one of the solutions. I know that the Collège Universitaire Saint-Boniface offers excellent undergraduate degree programs in the Arts, Sciences, Education, Business, and Nursing. We must continue to build on programs and opportunities like these if we want young Canadians to continue to perfect their French language skills. 27 28 Ottawa Sun, October 12, 2005. Gagnon, Lysiane. “But can they laugh in French ?”. Globe and Mail : May 22, 2006. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LANGUE ET CULTURE Increased student exchanges, workplace experiences, and internships in French are essential if we are to increase our immersion student’s fluency in the language and desire to communicate in French. As Graham Fraser attests, there is a paucity of exchanges between students29. Europeans are much more successful than Canadians in providing exchanges to their students. As an example, the Erasmus program in the European Union has been operating for many years and is immensely successful in providing university students with the opportunity of a study exchange for four to 8 months in a university in another country in the European Union. Although, many universities and colleges in Canada have signed memorandum of agreements for student exchanges with other universities, only a small percentage of students participate in these programs. In my opinion, we need to do much more. The federal government should establish a national scholarship program for study abroad to motivate students to participate in such programs and to provide opportunities for international experience and appreciation of linguistic and cultural diversity to our students. We must offer more employment opportunities for our immersion graduates. Why not give our immersion graduates a summer work experience with the federal government ? If Canada is going to become competitive on a world scale, we have to invest in our young people : we need bilingual graduates who can function in a number of sectors (federal public service, teaching, legal profession, diplomats, business, teaching, university, health sciences and engineering to name but a few). In Canada, right now, 38 % of public service positions are bilingual, and the trend is growing. The federal public service is in a renewal stage with many employees near retirement age. And while it is true that English is the most widely spoken language in federal institutions, not learning our official second language is an obstacle for those interested in senior federal positions. It is now unimaginable for someone to become Prime Minister or to hold other high positions at any level of government without being able to effectively use both the languages of Sir John A. MacDonald and George Etienne Cartier, fathers of our Canadian Confederation. In fact, there has been much press lately on the linguistic capabilities of the liberal leadership contenders, with only five of the candidates considered to be functionally bilingual. As Edward Greenspon states in his article in the Globe and Mail (May 20, 2006), “there is an odd disconnect between a country that insists one must be bilingual to be prime minister (a reasonable request) — or commissioner of the RCMP or chief of the defence staff, etc. — but then fails to create enough spaces in schools for children to properly learn both official languages”. I believe it is scandalous that in some jurisdictions, parents have to participate in a lottery system, and hope that their number comes up in order to get their children into an immersion class. “In major centres across the country, there is a lack of space, particularly at the senior kindergarten level for children to be accepted into immersion programs, says Anne Kothwala, chairman of French for the Future30. In places such as Greater Vancouver, parents line up overnight to enroll their children in Frenchlanguage schools. In my mind, this is a failure of our educational and political system. “There is an understanding that public servants at the higher levels should be bilingual, but they are being raised in an education system that does not demand it” (Fraser in Galloway article). Our new Commissioner of Official Languages states that “There has not been the kind of concerted, collective effort to say how do we as a collective 29 30 Simpson, Jeffrey. “Parlez more English, speak more Français”. Globe and Mail : April 15, 2006. Galloway, Gloria. “Growing up Bilingual”. Globe and Mail : May 22, 2006. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 49 LANGUE ET CULTURE society ensure that our public servants, and our national leaders, have the training they need at the age that they can actually learn it to do what is required”. If Canada is to play a leading role in the 21st century, it must maximize its competitive advantage. Investment in human capital and knowledge are the critical commodities for the 21st century ! Having a bilingual or trilingual workforce is a precious commodity. We must maintain and build upon the momentum that has been established over the last 30 years in immersion education in this country and this province. There is still much to do if we are to respond to the challenges of doubling the number of high school graduates who are functionally bilingual by 2013. I am pleased to say that the Edmonton Public School Board will have met its objective of doubling their number of high school graduates by 2008, in large part because of the targeted, strategic action plan which they put in place five years ago. I believe that the Federal Government needs to do a lot more. Although much optimism was raised with the announcement of the Official Languages Federal Action Plan in 2003, much work still needs to be done. You have my commitment that I will work to the fullest of my ability in my new role to make this happen as well as look for all opportunities to promote linguistic duality in our country ! As in anything else, when learning a language, the prevalent attitude in the child’s environment and school is just as important as the child’s determination. Parents have a vital role to play in helping children appreciate the benefits of learning French. Enrolling children in French immersion programs or in classes, encouraging them to continue and guiding them to the best of our ability is an investment that will not only directly and primarily benefit them, but it will also strengthen our community and society as a whole. 50 • Everyone must do their share : teachers by ensuring that teaching and learning methods are constantly reviewed and renewed; parents by requesting programs in new areas, better resources, and continuing to encourage their children to keep up their French throughout junior and senior high school; educational and business leaders by being more attentive to developing opportunities for bilingual graduates in the workforce across Canada, and governments by providing the needed resources and leadership. Immersion is a Canadian success story that we should cheer and support. It is our success, and it is working. By giving young people the chance to become bilingual, the chance to laugh in another language, we are offering them unique opportunities to have a different life, and an interesting life, both now and in the future. To attain this vision, we need to count on all of you, educational leaders, teachers and parents to commit to an action plan that will ensure the success of our immersion programs. There is an ancient Chinese proverb which says the following : For a return in one year, plant corn. For a return in 10 years, plant a tree. For a return each year for 100 years, invest in education. Parents involved in Canadian Parents for French and educators have always understood the importance of education, and the emphasis on second language education leading to bilingualism for our youth, a productive workforce, a competitive nation globally, and the strengthening of our communities through increased understanding and acceptance of our linguistic duality and diversity. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 LA PAROLE AUX JEUNES Portes de l’immersion Brett Cameron Miramichi Valley High School Miramichi, N.B. J’ai commencé mes études en immersion dès la première année, en immersion précoce. Mes parents ne parlaient pas un mot français, alors c’était aux enseignants de créer un climat francophone à l’école. C’est cet environnement, la répétition, l’énergie et l’enthousiasme des professeurs qui ont facilité l’apprentissage de ma deuxième langue. Je ne pourrais pas dire que l’immersion est la seule raison que je suis bilingue aujourd’hui. L’immersion m’a donné les outils avec lesquels j’ai pu développer une base et des compétences dans la langue. J’ai pris les outils de l’immersion et je me suis placé dans des situations (équipes sportives, vie dans une ville française, amis français) où j’étais obligé de travailler avec la langue, de développer un accent, de comprendre les expressions locales et la culture. En effet, c’est grâce à ces deux types d’environnement (immersion et expérience hors de l’école) que j’ai réussi à me rendre où je me trouve maintenant. C’est pourquoi j’encourage mes élèves d’immersion au niveau secondaire à trouver des situations dans leurs vies hors de l’école pour communiquer avec des francophones : au travail, en faisant du sport, en voyageant, sur MSN, etc. J’admets que la langue française a ouvert plusieurs portes dans ma vie. L’immersion m’a fourni une base stable pour explorer une autre culture, un autre monde. En réalité, elle m’a donné l’occasion de faire ce que j’aime plus dans le monde : enseigner l’histoire ! Merci. Congrès du IRA Le congrès du IRA (International Reading Association) qui aura lieu à Toronto en mai 2007 présentera une vingtaine d’ateliers en français. Vous pouvez trouver toute l’information au www.reading.org. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 51 LA PAROLE AUX JEUNES LIVING THE LANGUAGE THROUGH SEVEC EXCHANGES : One woman’s story “Even though my mother’s first language is French,” recalls Michele Wright “I was raised as an Anglophone.” It was on a Society for Educational Visits and Exchanges in Canada (SEVEC) exchange that Michele first spent time in a purely French-speaking environment. “My exchange experience enriched my life in so many ways, and I see it as a pivotal experience for me.” At 12 years old, Michele left home for the first time and participated in a bilingual immersion month-long exchange to Quebec. “It was the first time I was pushed way out of my comfort zone. It forced me to overcome my shyness and it was the first time I ever felt that I had potential for leadership outside of my family.” “At the end of my exchange, I won an award for being the Most Improved in speaking French. But that wasn’t the most important change. I came home a very different person, one who had grown in strength and courage, who was not afraid to step out of the box or out of what I was used to, one who had learned not to be judgmental and to always look beyond my own backyard.” The exchange also sparked an interest in Quebec and the beginnings of being politically aware. As a result, later in life, Michele chose to move to Quebec to learn more and became involved in teaching English as a second language to new Canadians. “It’s as though I’ve come full circle – my exchange during my formative years opened me up to my own identity, connected me with my bicultural (French and English) identity, interested me in assisting New Canadians in learning about our country, and gave me the courage and inspiration to travel and work abroad.” 52 • Michele eventually moved to Ottawa, where she now works as a Learning Program Coordinator at SEVEC. In this role she assists teachers and youth leaders in creating group exchange programs for young people aged 12-17. No one knows better than Michele, how exchanges give young people an opportunity to challenge themselves and develop confidence, leadership, and often language skills. Exchanges also respond to the need of youth to step up and stand out by taking charge, planning, and implementing their own ideas and projects in their community as well as in another community in a different part of Canada. Together, young people on SEVEC exchanges take learning outside the classroom in a fun way to exchange ideas with the young person with whom they’ve been twinned, explore volunteering, and experience a different way of life. Exchange themes can range from volunteer work to physical fitness, architecture, language learning and more ! Most participants credit their exchange with the opportunity to develop concrete work and life skills they otherwise might never have had, thanks to the fact that the travel portion of the exchanges are funded by SEVEC and bursaries are also available. The many different exchange programs tailored toward different interests and activities give youth the tools to enhance their work and life for years to come and are available to any youth group or class in Canada. For more information, visit the SEVEC Web site at www.sevec.ca or call 1-800-38-SEVEC. Space is limited ! Apply online this spring for bilingual exchanges for the 2007-08 school year. LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 L’IMMERSION D’UN OCÉAN À L’AUTRE Nouveau Brunswick Language and Methodology sessions for teachers of French as a Second Language A number of interesting workshops will be offered to the participants such as : “How to reduce stress”, “Communicative approach techniques”, “How to use humour in the classroom”, “Création collective d’activités pédagogiques portant sur les intelligences multiples”, etc. The fee for the two week session is $ 1850.00 (Applicable taxes will be charged). It includes all courses and most of the cultural and sports activities, food and lodging. NB teachers are eligible for a bursary from the Ministry of Education that would cover most of the registration fee. If you require additional information about the session, please contact Josée Godin, Program Coordinator, via email : [email protected] or by telephone : (506) 336-3487. You can also visit our website : www.umcs.ca/ciaf. Québec The Centre international d’apprentissage du français, located at the Université de Moncton, campus de Shippagan, in Shippagan (NB) will be offering in July (July 1 – July 14) a two week session of professional development and cultural experience for teachers involved in French Second Language Programs (Immersion, Intensive French and Core French). The language and methodology training session provides opportunities for teachers to improve their knowledge of French while participating in a project which puts into practice a number of teaching strategies that are promoted in our schools. An experiential and multidimensional approach is used throughout the two weeks session. Le 28e congrès annuel de l’Association québécoise des enseignants de français langue seconde (AQEFLS) se déroulera les 3 et 4 mai 2007 sous le thème « Enseigner : une histoire d’amour ». Ce congrès s’adresse à tous ceux et celles qui oeuvrent dans le domaine des langues secondes. Venez échanger et partager ! Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter le site de l’AQEFLS : www.aqefls.org Ontario Du 29 mars au 31 mars 2007, le congrès annuel de l’Association ontarienne des professeurs de langues vivantes (AOPLV/OMLTA) s’est tenu sous le thème « Les langues, ça rock ! ». La conférence d’ouverture ne pouvait être donnée par nul autre que Roch Carrier, auteur bien connu à travers le Canada. Visitez le site Web de l’AOPLV : http://www.omlta.org LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 53 L’IMMERSION D’UN OCÉAN À L’AUTRE Collège Jeanne-Sauvé, Winnipeg De l’espoir parmi la tristesse Les jeunes du groupe Élèves sans frontières se rendront à MBour, Sénégal, en janvier 2007, après avoir étudié l’Afrique pendant presque quatre ans. L’Afrique appelle au secours depuis des années, mais il est facile de ne pas y prêter attention. Toutefois, les Élèves sans frontières ont bel et bien entendu son cri... et y répondent. Ce groupe d’élèves de la douzième année au Collège JeanneSauvé est mené par Mme Diane Plamondon, bibliothécaire-enseignante. Depuis la neuvième année, ils étudient l’Afrique et, en janvier 2007, ils se sont rendus à MBour, Sénégal dans le but de prêter main forte. Dès les débuts de son projet, Mme Plamondon connaissait son objectif principal : offrir à plus d’Africains la chance de recevoir une éducation. « Chaque instant d’éducation formelle compte, explique-t-elle, car c’est un développement durable. » L’Éducation permet de s’entraider. Le manque d’éducation en Afrique est surtout présent chez les filles. Quand les familles n’ont pas les moyens d’envoyer tous leurs enfants à l’école, ce sont habituellement les garçons qui reçoivent l’éducation. « Il faut sortir les filles de cet emprisonnement culturel », souligne Mme Plamondon. Souvent, en se mariant, elles ne font qu’échanger une prison pour une autre. Selon Mme Plamondon, ce sont en fait les femmes mariées qui sont le plus en danger. Par exemple, elles deviennent vulnérables à la transmission de maladies telles que le SIDA si leur mari devient porteur de ce virus épidémique. De plus, si une épouse essaie de quitter son mari, elle risque de se faire tuer. La courte espérance de vie en Afrique bouleverse Olivia Gilmer-Chekosky, membre des Élèves sans frontières. « Parmi les gens qu’on va ren54 • contrer en janvier... certains ne vont plus être en vie dans quelques années ! » dit-elle. Malgré les obstacles placés sur la route des Africains, une ambiance joyeuse et pleine d’espoir règne dans leurs villages. Leur dignité, leur courage et leur sens de communauté ont frappé Mme Plamondon. « Ce sont des gens de qui on a beaucoup à apprendre. » Christine Paillé, Action médias Photo : Christine Paillé Manitoba Mme Diane Plamondon et Olivia Gilmer Chekosky, élève de 12e année, avec le logo du projet Afrique 2007. Saskatchewan Faire connaître les avantages du bilinguisme en Saskatchewan Le Commissariat aux langues officielles, partenaire de la Coalition pour la promotion de la langue française et de la culture francophone en Saskatchewan, a mené une étude en Saskatchewan qui démontre la nécessité de promouvoir les avantages de la langue française et de sa culture : « La culture française et l’apprentissage du français langue seconde : perception du public saskatchewannais ». Selon cette recherche, 61 % des répondants croient qu’au Canada, l’anglais est la seule langue qu’on doit connaître pour réussir. L’étude révèle également que les gens de la Saskatchewan connaissent peu les bénéfices reliés à l’apprentissage d’une seconde langue et que de fausses idées persistent... LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 Consulter les résultats de l’étude sur le site Internet du Commissariat aux langues officielles au www.ocol-clo.gc.ca. Rita Denis, coordonnatrice Téléphone : 1-866-423-5859 ou 306-423-5853 Courriel : [email protected] Rendez-vous Rendez-vous 2007 has been postponed until May 26-28, 2007 ! Canadian Parents for French - Saskatchewan is once again holding its annual Rendez-vous 2007 for students in grades six through eight. This year, Rendez-vous will be held at Champêtre County in St. Denis, Saskatchewan, where they will have 2 fun filled days of activities in a western theme, including a hayride, a western relay, a tour through the maze, and much, much more ! Come and enjoy a weekend full of fun activities and surprises ! Mini Rendez-vous Throughout Saskatchewan, immersion schools are participating in Mini Rendez-vous. Mini Rendez-vous is a one-day "mini" conference organized by chapters in various locations offering workshops and cultural activities in French for children in kindergarten to grade five. The program is developed by bilingual university students in consultation with the CPF–SK branch office. The day includes music, games, sports, crafts, and science activities. The goal is for children to use their French in an enjoyable setting outside the structured classroom, while providing opportunities for children to interact with French speaking young people. Some chapters offer a Micro Rendez-vous for preschool children at the same time as a way to introduce them to the experience of learning in French. Please contact your local chapter or the CPFSK office. Francofièvre Francofièvre aura lieu cette année à Regina au Conexus Arts Centre, 200, chemin Lakeshore, le mercredi 26 avril 2007, de 12 h 30 à 14 h 30. Le plus grand rassemblement de jeunes francophones et francophiles en Saskatchewan. Un spectacle énergique en langue française ! Une succession de groupes musicaux de plusieurs provinces canadiennes, d’animateurs connus des jeunes, de prestations de DJs, de jeux de lumière et de projections sur grand écran ! Un moment intense de divertissement dans la langue française pour les élèves de 7e à la 12e année des écoles francophones et d’immersion de la Saskatchewan pour faire voir, entendre et sentir que le fait français en Saskatchewan est moderne, inclusif et dynamique. Le spectacle et son rayonnement visent à accroître la fierté des jeunes face à l’utilisation de la langue française dans la vie de tous les jours, à leur faire découvrir une communauté forte et vibrante et à développer leur leadership en devenant les ambassadeurs de la francophonie en Saskatchewan. Pour s’inscrire, communiquer avec Canadian Parents for French (CPF) au 1 800-561-6151 / 306-244-6151. Dépêchez-vous, il n’y a que 2 000 places ! Nouveautés 2007 Ressources recommandées pour les écoles d’immersion et les écoles fransaskoises La Direction de l’éducation française et des langues (DEFL) présente Nouveautés 2007, mettant à jour la liste de ressources pour l’enseignement aux niveaux élémentaire, intermédiaire et secondaire dans les écoles d’immersion et les écoles fransaskoises. Une annotation offre une description de la ressource, suivie du contenu ou d’une liste de thèmes et, dans la plupart des cas, d’idées d’exploitation pédagogique. http://www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/ biblio/nouveautes/2007/nouveautes_2007.pdf LE JOURNAL DE L'IMMERSION/IMMERSION JOURNAL / Volume 29, numéro 1, Printemps 2007 • 55