Critiques mai 2012, Médiathèque du Grand Troyes

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Critiques mai 2012, Médiathèque du Grand Troyes
Critiques mai 2012, Médiathèque du Grand Troyes
Publié sur Médiathèque du Grand Troyes (http://www.mediatheque.grandtroyes.fr/webmat)
Critiques mai 2012, Médiathèque du Grand Troyes [1]
• Face au mur / Cesare Battisti. – Flammarion, 2012
• J’ai vendu ma bagnole à un Polonais / Pierre Gagnon. – Autrement, 2011. – (Littératures)
• Le sel de la vie / Françoise Héritier. – O. Jacob, 2012
• Les lapins ne meurent pas / Stefan Bastovoi. – J. Chambon, 2011
• De bons voisins / Ryan David Jahn. – Actes Sud, 2011. – (Actes noirs)
• Le livre qui rend heureux / Arthur Dreyfus. – Flammarion, 2011
• Le rêve de l’homme lucide / Philippe Ségur. – Buchet-Chastel, 2011
• La fausse porte / Xavier Houssin. – Stock, 2011. – (La Bleue)
• La comtesse de Ricotta / Milena Agus. – L. Lévi, 2012
• Face au mur / Cesare Battisti. – Flammarion, 2012
Un homme emprisonné au Brésil, s’évade par la pensée, et cherche dans sa mémoire les raisons qui
ont motivé les femmes qu’il a aimées à le trahir, exercice difficile, car l’amour n’est toujours
l’ennemi de la trahison. Face au mur les souvenirs se rallument et lentement les connexions entre
les événements se font, et la pelote se déroule. Son état de faiblesse et de lassitude ont rompu sa
résistance, sans amertume il raconte, renouant les fils des événements qu’il a alors négligés « Je
venais d’un long voyage et j’étais arrivé au bout, affaibli par des années de persécutions, de
mensonges, de menaces et de privation. Sans être conscient, j’avais atteint un niveau de résistance
si faible qu’il m’était impossible de faire la différence entre une bonne et une mauvaise posture. »
Parallèlement à sa vie au dehors, le récit s’émaille d’une galerie de portraits formidables de ses
codétenus qui plonge le lecteur dans la réalité brésilienne.
La force et la beauté de l’écriture sert un roman de fiction où le personnage principal est l’un des
doubles possibles de l’auteur, lui-même fugitif de pays en pays, fuyant la justice de son pays pour
des crimes politiques qu’il nie avoir commis, emprisonné en Italie, en France, au Brésil, il utilise des
pans autobiographiques absolument nécessaires à la véracité et à crédibilité de son récit.
Le Brésil prend corps et âme devant nous pour notre plus grand bonheur
Cesare Battisti nous offre un de ses plus beaux romans, loin des romans policiers qui ont fait sa
renommée littéraire mais toujours proche d’une grande humanité.
Steve
• J’ai vendu ma bagnole à un Polonais / Pierre Gagnon. – Autrement, 2011. – (Littératures)
Il s’agit ici d’un recueil de treize nouvelles, dont une porte le titre de l’ouvrage. D’une qualité et d’un
intérêt très inégal, tant certaines sont sans surprise, comme celle qui donne le titre, d’autres ,
d’autres très fades, comme « Recette asiatique » ou « Salon du livre », « Croire », heureusement ce
recueil contient quelques bijoux comme « Ce sont des choses qui arrivent », « je veux cette guitare »
« Jymmi Esthétique pour Elle et Lui » « Nico ».
Mais peut-être serez-vous d’un avis contraire, mais ce qui est sûr, c’est le don de l’auteur à faire
parler ses personnages, comme si vous étiez dans la pièce d’à côté, là-bas au canada.
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Bonne lecture Steve
• Le sel de la vie / Françoise Héritier. – O. Jacob, 2012
Voici un petit livre à lire lentement, à déguster comme un petit verre de liqueur, en plusieurs
lampées. Le sel de la vie énumère tous les petits plaisirs de la vie auxquels on ne prête que peu de
valeur mais qui mis bout à bout en font le bonheur d’une vie.
Le style surprenant, toutes les phrases sont ciselées avec des verbes d’action à l’infinitif, nous
submerge de ses ondes bénéfiques. Aussi faut-il encore une fois les déguster avec parcimonie.
L’auteure professeure Honoraire au Collège de France livre avec simplicité une recette du bonheur à
un ami super actif, un paradoxe pour notre plus grand plaisir.
Bonne lecture. Steve
• Les lapins ne meurent pas / Stefan Bastovoi. – J. Chambon, 2011
Très rapidement vous découvrirez le sens de ce titre bien insolite, un contredit à une imprécation de
mort destinée aux lapins des peuples capitalistes. A partir de là tout est dit, l’absurdité de l’idéal
communiste roumain, qui est une triste parodie de l’originale, est illustré par les yeux d’un « pionnier
», jeune écolier de moins de quatorze ans.
La force du récit n’est pas dans la dénonciation simple, qui fait appelle à notre raison, mais dans la
mise à plat, dans la restitution de la vie de tous les jours telle qu’était alors en Roumanie, le ressenti,
plus subtil, surpasse la démonstration.
Quelques soient ses opinions, le lecteur est séduit par la grâce de l’écriture et révolté par son
contenu.
Bonne lecture. Steve
• De bons voisins / Ryan David Jahn. – Actes Sud, 2011. – (Actes noirs)
Ce livre nous entraine dans le quartier du Queens à New-York dans les années 60.
Les faits se déroulent sur une nuit. Dans ce roman vous trouverez les bons, les méchants, les
indifférents, les préjugés racistes et une femme poignardée.
Inspiré de faits réels, DE BONS VOISINS, cet ouvrage relève plus de l’étude sociologique que du polar
traditionnel.
Les personnages et les situations foisonnent mais sans véritablement passionner le lecteur.
Le style est assez plat, sans relief.
Jean-Charles
Le genre de lecture qui ne vous prépare pas à un sommeil serein et réparateur. J’en ai encore froid
dans le dos …
Une jeune femme se fait sauvagement agresser et violer, la nuit, juste devant la porte de son
appartement : presque banal.
Trop banal pour Ryan David Jahn qui a donc décidé de donner à sa malheureuse héroïne des voisins
ordinaires mais pleutres : aucun d’entre eux n’appellera la police ni ne viendra à son secours mais
TOUS se délecteront du spectacle de sa lente agonie.
Terrible. Oui, les voisins sont pleutres mais ils ont chacun une raison valable ( !) pour ne pas l’aider :
qui une mère malade, qui un mari volage, qui un époux absent, qui une soirée d’échangisme à
supporter, etc.
Finalement, je pense que cette histoire de voisins n’est qu’un prétexte narratif : l’auteur nous livre
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en fait une série de petites nouvelles bien ciselées pleines de suspense. Ma préférée est celle du
jeune flic absolument immonde qui maquille son crime pour faire accuser un homme noir innocent :
toute l’Amérique raciste des années 60 y est décryptée, sans gants !
Christelle
• Le livre qui rend heureux / Arthur Dreyfus. – Flammarion, 2011
« La vie est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ».
Cette phrase culte du film FORREST GUMP résume bien ce livre axé sur le BONHEUR. L’auteur plutôt
que nous infliger un énième ouvrage sur le bonheur, sa réalité, sa recherche, sa définition etc. nous
apporte tout un ensemble de réponses inattendues, tendres ou iconoclastes.
Petites histoires, dialogues, plaisanteries, dessins, phrases d’auteur se succèdent pour nous faire
sourire ou même rire.
A garder sur sa table de chevet et à savourer avec des chocolats !
Jean-Charles
• Le rêve de l’homme lucide / Philippe Ségur. – Buchet-Chastel, 2011
Dans la production littéraire, il y a toujours des livres inclassables, LE REVE DE L’HOMME LUCIDE en
fait partie.
La démarche de l’auteur n’est pas très claire. Dénonciation des « autres », légitimation des drogues
par ordonnance, automédication, mal-être personnel...
A la lecture de ce « roman », je suis incapable de faire une lecture objective, à chacun de se faire
une opinion. Moi, je vais voir mon psy, afin qu’il me prescrive une boîte de tranquillisants.
Rectification : deux boîtes de tranquillisants, je vais en envoyer une à Philippe Ségur.
Soutenons les auteurs dépressifs !
Jean-Charles
• La fausse porte / Xavier Houssin. – Stock, 2011. – (La Bleue)
Le retour au passé, à l’adolescence, n’est pas sans susciter des émotions chez l’auteur devenu
adulte et qui clame dans ce roman : « Je veux rester petit tout en devenant grand. ».
Le style haché, les phrases courtes, parfois sans verbe, traduisent superbement la candeur et la
fraîcheur de l’enfance. Pour autant, la lucidité n’est pas absente de ce récit. Les souvenirs de l’école
primaire baignent dans l’insouciance et l’amour. La famille est très présente ; son ami Régis est
précieux ; les vacances à Roubaix chez les grands-parents, à Beauvais, à Berck ou en Angleterre ont
marqué cet enfant sensible et réceptif. Et que dire de la visite dominicale à Mlle Frecot dont le père
collectionnait les papillons ? Subjugué, l’enfant se lance avec passion dans cette activité ! Il habite à
Senlis avec sa mère, le père est absent. Ce sont les années 1960.
Des remarques apparemment saugrenues émaillent son propos mais elles révèlent le non-sens et la
réflexion profonde du narrateur.
Brusquement, le ton change quand il entre au collège. La discipline est stricte ; c’est la loi du plus
fort ; les grands font régner la terreur. « Il faut encaisser et se taire », dit-il. Son désarroi se traduit
par l’échec scolaire et par la maladie. Ce rêveur, trop sensible, fait l’apprentissage de la vie et
reconnait « qu’il se sent loin des autres ».
Le collège ne l’a-t-il pas aidé à mûrir, à grandir, à s’endurcir, à perdre son ingénuité ? Pas tout à fait !
La littérature crée des liens indélébiles et l’espoir renait pour l’adolescent. « Dans les champs, les
épis commencent à sortir. Partout des pousses ».
Pourquoi ce titre « La fausse porte » ? C’était une ouverture dans le grand rempart datant de
l’époque romaine. Elle n’était pas connue de tous les habitants.
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Jusqu’alors les souvenirs de Xavier Houssin étaient enfouis au plus profond de lui-même. En les
révélant il nous gratifie d’un roman attachant, non dépourvu d’humour, qui aborde le problème
crucial de l’éducation. L’individu n’est-il pas façonné par toutes les rencontres, si obscures soientelles, qui jalonnent ses jeunes années ?
L’auteur nous en donne la preuve avec brio !
Colette
• La comtesse de Ricotta / Milena Agus. – L. Lévi, 2012
Un roman empreint de mélancolie, de vies qui se tissent de petits riens, de fissures, d’abîmes prêts à
s’ouvrir à chaque instant.
On reconnait la poésie du verbe de Milena Agus, ces personnages de femmes fragiles comme de la
porcelaine et fortes à la fois, cette énergie qui les anime.
Peut-être trop...
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