Canine Vector-Borne Diseases with an Emphasis on North America

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Canine Vector-Borne Diseases with an Emphasis on North America
MALADIES TRANSMISES PAR LES TIQUES: IMPLICATION CLINIQUES ET
ZOONOTIQUES.
Edward B. Breitschwerdt
Institute for Comparative Medicine, Department of Clinical Sciences
College of Veterinary Medicine, North Carolina State University, Raleigh, NC, USA
Les puces, moustiques et tiques sont considérés comme des vecteurs importants pour tout
un spectre d’agents infectieux qui peuvent provoquer des maladies chez le chien. Le
nombre croissant d’organismes reconnus comme transmis par les tiques, la large
distribution géographique de nombreuses espèces de tiques, la capacité pour ces microorganismes de provoquer des lésions intravasculaires chroniques et le potentiel hautement
pathogène de certains de ces organismes transmis par les parasites font des maladies
transmises par les tiques un des chapitres les plus importants des maladies vectorielles
chez le chien tant en Amérique du Nord que dans le reste du monde. Plusieurs facteurs, y
compris l’épidémie de maladie de Lyme aux États-Unis et en Europe, l’installation des
tiques en zone péri-urbaine, la prolifération du nombre de chevreuils et autres espèces
sauvages qui vivent aux abords des zones habitées, la reconnaissance du fait que les
mêmes souches de pathogènes transmis par les tiques peuvent provoquer des maladies
chez les animaux de compagnie comme chez leurs maîtres et la large disponibilité
d’acaricides sûrs et efficaces ont contribué à la prise de conscience de l’importance des
maladies vectorielles tant chez les professionnels que chez les non-professionnels. En
conjonction avec les facteurs cités plus haut, il faut aussi mentionner la découverte
concomitante de nouveaux organismes transmis par les tiques pour lesquels les données
cliniques, épidémiologiques et pathologiques sont peu abondantes ou carrément
inexistantes, notamment en ce qui concerne leurs responsabilités dans des maladies
animales. On peut citer par exemple : Borrelia lonestari, Borrelia turicatae, Ehlichia
muris, l’ Ehrlichia de la Montagne Panola, Neoehrlichia mikurensis, Rickettsia felis,
Rickettsia amblyommi et beaucoup d’autres organismes récemment décrits pour lesquels
l’importance médicale demeure incomplètement comprise.
Pendant plus de deux décennies, notre groupe de recherches a contribué au
développement du diagnostic mais aussi des stratégies thérapeutiques et prophylactiques
pour la gestion des infections causées par des organismes intracellulaires transmis par les
tiques. Grâce à ces travaux et aux efforts de nombreux autres chercheurs de par le monde,
nous continuons à accumuler des connaissances incroyables sur les conséquences
cliniques et immunopathologiques des maladies infectieuses transmises par les tiques. Il a
été dit : « Les tiques ne sont intéressées que par deux choses : la bouffe (un repas de
sang) et le sexe (pour perpétuer l’espèce) ». Bien que les tiques puissent émettre quelques
objections à cette vue simpliste de leur style de vie complexe, les bactéries, les
protozoaires et les virus se sont servis de leurs comportements prédictibles pour faciliter
leur transmission et par voie de conséquence la prolifération de leur espèce. La
transmission d’un organisme par la tique se produit le plus fréquemment lorsque la tique
se nourrit de sang ; néanmoins, une transmission est également possible lorsqu’une tique
est ingérée par inadvertance par un chien (Hepatozoon canis or Hepatozoon
americanum).1 Dans ces circonstances, lorsque le passage par les tiques est le seul moyen
par lequel un organisme comme Ehrlichia canis est transmis d’un chien infecté à un autre
toujours indemne, et comme le chien est le seul hôte réservoir connu pour E.canis, il
devient évident que E. canis va évoluer pour être transmis efficacement par une tique (R.
sanguineus) chez laquelle les trois cycles de vie (larve, nymphe et adulte) nécessitent de
se nourrir sur un chien.2 Il est également évident que E.canis va chercher à induire une
affection de longue durée accompagnée d’une pathogénicité limitée pour le chien (ne pas
détruire la maison dans laquelle vous vivez) et que l’organisme affectera une cellule (le
monocyte) qui va faciliter le transfert d’E. canis vers d’autres tiques en quête de sang. Ce
petit arrangement de l’évolution semble se faire au bénéfice de E. canis, mais pas à celui
du chien qui peut développer des manifestations de la maladie allant de l’épistaxis à la
pancytopénie. Bien qu’il soit difficile de déterminer le ou les facteurs qui vont provoquer
la maladie lorsqu’un chien est infecté avec un organisme aussi bien adapté à la
transmission vectorielle que E. canis, il est certain qu’une infection simultanée ou
séquentielle avec un autre organisme transmis par un vecteur pourra contribuer à des
aberrations hématologiques ou immunologiques plus graves ainsi qu’à une maladie à
l’évolution plus sérieuse.3 Des organismes transmis par les tiques comme Anaplasma
phagocytophilum et R. rickettsii provoquent classiquement une maladie aiguë et
potentiellement grave alors que d’autres organismes comme Babesia canis, Babesia
gibsoni, Bartonella vinsonii subsp. berkhoffii, Bartonella henselae et E. canis peuvent
causer des affections chroniques et insidieuses accompagnées d’infections
intravasculaires de longue durée. Des preuves récentes venant d’Europe supportent la
transmission potentielle de Bartonella henselae par Ixodes ricinus, tandis que R.
sanguineus est suspectée d’être le vecteur de la transmission de B. vinsonii subsp.
berkhoffii. Ainsi les tiques jouent probablement un rôle important bien qu’encore mal
défini dans la transmission de Bartonella sp. chez l’animal comme chez l’homme.
Comme brièvement décrit ci-dessus, des espèces spécifiques de tiques transmettent
préférentiellement divers organismes pathogènes. Par conséquent les chiens peuvent être
infestés séquentiellement ou simultanément par plus d’une espèce de tiques et une seule
tique peut transmettre plus d’un organisme, ce qui conduit à plusieurs infections. Il peut
y avoir des variations importantes entre les espèces de tiques et les organismes qu’elles
transmettent au sein d’une zone géographique mais également entre différentes régions.
Par exemple l’infection par R. rickettsii, transmis par Dermacentor variabilis dans l’État
de Caroline du Nord se produit plus fréquemment dans la région du Piedmont (partie
centrale de l’État) que dans la plaine de la côte est ou dans la zone des monts Appalaches
situés à l’ouest. Tous ces facteurs font du diagnostic et du traitement médical des
maladies infectieuses transmises par les tiques un challenge complexe pour le vétérinaire
praticien. Il est indéniable que le vieil adage « une pincée de prévention vaut bien mieux
que des kilos de traitement » s’applique dans toute discussion sur les maladies
infectieuses transmises par les tiques. L’arrivée de nouveaux acaricides sûrs et
d’efficacité prolongée qui peuvent éloigner et tuer les tiques facilite la prévention des
maladies transmises par les tiques, une priorité pour les vétérinaires et les propriétaires
dans le monde entier. Des études basées sur des infections expérimentales, en utilisant
des modèles d’attachement de tiques ont montré que l’application de produits acaricides
peut diminuer le risque de transmission de Borrelia burgdorferi, l’agent responsable de la
borréliose de Lyme chez le chien.4 Des études supplémentaires sont nécessaires pour
déterminer à quel point les acaricides disponibles dans le commerce sont capables de
prévenir les infections par les divers organismes transmis par les tiques dans différentes
parties du monde.
RICKETTSIES DU GROUPE DES FIEVRES ERUPTIVES ET FIEVRE
ERUPTIVE DES MONTAGNES ROCHEUSES (RMSF POUR ROCKY
MOUNTAIN SPOTTED FEVER)
Les rickettsies du groupe des fièvres éruptives (en anglais SFG pour Spotted Fever
Group) ont été décrites sur tous les continents.5 En Amérique du Nord, Rickettsia
rickettsii est la rickettsie la plus importante du groupe de SFG tandis que sur le bassin
méditerranéen c’est Rickettsia conorii qui est la plus représentée. Ces deux organismes
transmis par les tiques provoquent des maladies graves voire mortelles chez le chien
comme chez l’homme.6 Ce groupe (les SFG) est constitué de nombreuses espèces
étroitement apparentées comme R. rickettsii (l’espèce type), R. africae, R. akari, R.
australis, R. conorii, R. felis, R. montana, R. parkeri, R. rhipicephali et R. sibirica, bien
que de nombreuses autres rickettsies de ce groupe aient été décrites. Les rickettsies du
groupe typhus qui comprend entre autres Rickettsia typhi et Rickettsia prowazekii, n’ont
pas été impliquées dans des maladies chez le chien et les infections expérimentales avec
ces rickettsies dans notre laboratoire n’ont pas provoqué de maladie dans cette espèce.
Dans diverses régions du monde, les rickettsies du groupe des fièvres éruptives sont
transmises par les espèces de tiques suivantes : Amblyomma, Dermacentor,
Haemaphysalis, Ixodes et Rhipicephalus. Indépendamment de la souche ou de l’espèce
de rickettsies SFG, ces organismes provoquent généralement un épisode fébrile aigu
secondaire à la destruction des cellules endothéliales qui entraîne une vasculite, une
altération de la perméabilité vasculaire, de l’œdème et de la nécrose.7 Bien qu’il soit
probable que d’autres rickettsies SFG puissent provoquer des maladies chez le chien,
seuls R. rickettsii en Amérique du Nord et R. conorii dans le sud de l’Europe sont
recensés comme des pathogènes chez le chien.6-8 Historiquement, en Amérique du Nord,
seules Dermacentor variabilis (sud et est des États-Unis) et Dermacentor andersonii
(nord-ouest des US et Canada) sont reconnues comme agents de transmission de R.
rickettsii au chien ou à l’homme. Récemment, une épidémie de RMSF en Arizona a été
causée par Rhipicephalus sanguineus (la tique brune du chien), une espèce de tique
connue pour transmettre R. rickettsii en Amérique centrale et en Amérique du Sud.9
Comme mentionné plus haut, R. sanguineus préfère passer ses trois cycles de vie (larve,
nymphe et adulte) sur un chien. Lorsque l’environnement est infesté d’un grand nombre
de tiques brunes du chien ou si un chien est retiré d’une maison infestée de tiques, le sang
humain devient un substitut acceptable bien que moins attirant pour le repas de tiques.
Durant les infestations de tiques brunes du chien, Anaplasma platys, Candidatus,
Mycoplasma haematoparvum, Ehrlichia canis et R. rickettsii peuvent être transmis au
chien ou à l’homme. En ce qui concerne la morbidité, la mortalité et la gravité de la
maladie, la RMSF est l’affection transmise par les tiques la plus importante chez les
chiens d’Amérique. Compte tenu de la variabilité dans la sévérité et la localisation des
lésions vasculaires chez les différents patients, le vétérinaire doit anticiper un large
spectre de manifestations de la maladie suite à une infection naturelle par Rickettsia spp.
L’ensemble des États-Unis est considéré comme une zone endémique pour les tiques
(Amblyomma americanum, Dermacentor variabilis, Dermacentor andersoni, et
Rhipicephalus sanguineus) qui transmettent R. rickettsii. L’infection par Rickettsia
rickettsii (« fièvre éruptive des Montagne Rocheuse») se produit aussi dans certains
endroits en Amérique centrale et en Amérique du Sud où plusieurs épidémies aux
conséquences fatales chez le chien et chez l’homme ont été rapportées. Les anomalies
cliniques associées à la RMSF comprennent fièvre, anorexie, dépression, écoulement
oculaire mucopurulent, inflammation de la sclérotique, tachypnée, toux, vomissements,
diarrhées, douleurs musculaires, polyarthrite neutrophile ainsi que tout un groupe de
troubles neurologiques comprenant hyperesthésie, ataxie, troubles vestibulaires, stupeur,
convulsions et coma. Chez certains chiens, on observe également une perte de poids très
importante compte tenu de la durée très courte de la maladie. Les articulations
douloureuses, des douleurs musculaires et/ou neurologiques évoquant une polyarthrite,
une polymyosite ou une méningite sont parfois les seules expressions cliniques (ou en
tout cas les plus marquantes). Les hémorragies rétiniennes sont fréquemment et
constamment observées mais il peut arriver qu’elles soient absentes au tout début de la
maladie. Certains chiens présentent aussi épistaxis, méléna, hématurie, pétéchies et
écchymoses hémorragiques au niveau de la peau mais il arrive qu’on n’observe pas ces
signes sauf si le diagnostic et le traitement tardent plus de cinq jours après le début des
signes cliniques. Chez les chiens mâles, on observe fréquemment un œdème scrotal, une
hyperémie, des hémorragies et une douleur au niveau de l’épididyme. Des symptômes
associés à un collapsus cardio-vasculaire, à une insuffisance rénale par oligurie ou une
mort cérébrale peuvent apparaître au dernier stade de la maladie. Une gangrène touchant
les extrémités distales, le scrotum, les glandes mammaires, le nez ou les lèvres est liée à
une obstruction vasculaire grave et peut entraîner une perte substantielle de tissu qui va
nécessiter une chirurgie reconstructrice.7 Les manifestations cliniques chez le chien sont
souvent comparables et identiques à celles décrites chez les patients humains.5,6,9 Sur le
plan santé publique, le chien est une sentinelle environnementale pour la RMSF et par
conséquent, il est important que les vétérinaires la reconnaissent et la diagnostiquent
précisément. La confirmation d’un diagnostic de RMSF chez un chien va permettre au
vétérinaire de parler des risques de transmission de R. rickettsii dans l’entourage d’autant
plus que cette rickettsie pathogène se transmet de façon trans-ovarienne dans certaines
espèces de tiques.
ANAPLASMOSE ET EHRLICHIOSE CHEZ LE CHIEN, LE CHAT ET
L’HOMME
Anaplasma phagocytophilum, transmis par Ixodes scapularis, Ixodes pacificus, Ixodes
ricinus et d’autres Ixodes sp. à travers tout l’hémisphère nord provoque un épisode fébrile
aigu chez le chat, le chien, les chevaux et l’homme, fièvre souvent accompagnée d’une
thrombocytopénie.11,12 Anaplasma platys, qu’historiquement on croyait uniquement
pathogène pour le chien a été associé à des infections chez le chat et chez l’homme. 13,14
Au moins cinq espèces d’Ehrlichia : E. canis, E. chaffeensis, E. ewingii, E. muris et celle
de la Montagne Panola sont capables d’infecter le chien et l’homme. 14-17 Aux États-Unis,
E. chaffeensis et E. ewingii provoquent des maladies graves chez les gens et notamment
méningoencéphalite, insuffisance rénale aiguë et détresse respiratoire aiguë.
Il y a eu des progrès considérables dans l’évaluation de l’efficacité de différents
antibiotiques pour le traitement de l’ehrlichiose canine. Il est maintenant certain que 2
semaines de doxycycline sont inefficaces pour traiter une infection à E. canis, par contre
4 semaines de traitement (doxycycline 5mg/kg toutes les 12 heures) permettent
d’éliminer E. canis chez des chiens infectés naturellement ou expérimentalement. Le
pronostic après traitement de l’anaplasmose ou de l’ehrlichiose est généralement très bon.
On constate une amélioration dramatique dès les premières 24 à 48 heures après le début
de l’administration de doxycycline ou de tétracycline chez les chiens en phase aiguë ou
chronique légère d’ehrlichiose. Toutefois, un traitement d’une durée d’un an est parfois
nécessaire pour parvenir à une guérison hématologique complète chez les chiens atteints
d’une infection chronique. Le pronostic à long terme après traitement est très variable et
dépend, entre autres, du diagnostic précoce d’infections concomitantes. Ainsi une
infection par Babesia ou Bartonella spp. non diagnostiquée peut être erronément
interprétée comme une absence de réponse thérapeutique au traitement de l’ehrlichiose
puisque la doxycycline est généralement inefficace pour traiter la babésiose et la
bartonellose.18 Expérimentalement, l’enrofloxacine va faire disparaître les manifestations
cliniques d’une infection par E. canis et entraîner une amélioration hématologique mais
cela n’éliminera pas l’infection.19 Bien que l’imidocarbe dipropionate soit désormais
utilisé dans certaines régions endémiques pour traiter les cas sévères, chroniques ou
présumés réfractaires d’ehrlichiose, son absence d’efficacité a été démontrée tant pour
des infections naturelles qu’expérimentales.
DIAGNOSTIC MOLECULAIRE ET MALADIES VECTORIELLES
Parce que la plupart des pathogènes des maladies vectorielles sont difficiles si pas
impossibles à cultiver à partir de prélèvements recueillis sur des patients, et parce que
beaucoup d’animaux réussissent à éliminer immunologiquement l’organisme, l’utilisation
de PCR (pour mettre en évidence une infection active avant ou au moment de démarrer le
traitement ou encore pour vérifier la suppression de l’infection) est désormais largement
acceptée parmi les vétérinaires praticiens. Bien que le PCR soit une méthode
diagnostique très sensible pour détecter la présence de l’ADN d’un pathogène et donc
conclure à la présence d’une infection active, il est important pour les praticiens de
reconnaître qu’un PCR négatif n’élimine pas la possibilité d’une infection transmise par
les tiques.
Les tests PCR pour Anaplasma, Babesia, Cytauxzoon (chats) Ehrlichia, Mycoplasma
hemotropiques, Leishmania et Rickettsia spp sont disponibles auprès du laboratoire
suivant : Vector-borne Diseases Diagnostic Laboratory, NCSU-CVM Rm 462A, 1060
William Moore Dr, Raleigh NC 27607, Tél: 919-513-8279,
www.cvm.ncsu.edu/docs/ticklab.html BAPGM (Bartonella alpha Proteobacteria growth
medium) = milieu de culture/PCR pour Bartonella spp et Anaplasma, Babesia, Ehrlichia,
Mycoplasma hémotropique et Rickettsia spp PCR. Ces ressources sont disponibles chez :
Galaxy Diagnostics Inc.,7020 Kit Creek Road Suite 130,Durham, NC
27709,www.galaxydx.com, 919-313-9672
INFECTIONS SIMULTANEES AVEC PLUSIEURS PATHOGENES
VECTORIELS
Récemment, la fréquence d’infections simultanées avec plus d’un pathogène transmis par
les tiques a nettement augmenté chez le chat13, le chien14,20,21 et l’homme14,15,22 . Bien
entendu, des infections simultanées avec plusieurs pathogènes transmis par les tiques
auront des implications diagnostiques, thérapeutiques et pronostiques pour le patient. En
règle générale, les conséquences physiopathologiques de co-infections chez un chien
avec différentes combinaisons de bactéries, rickettsies et protozoaires n’ont pas été
décrites ni cliniquement ni expérimentalement. Bien que des études séroépidémiologiques rétrospectives suggèrent que les chiens puissent contracter des
infections simultanées avec plusieurs pathogènes transmis par les tiques, les preuves
microbiologiques (culture) ou moléculaires (PCR) restent actuellement limitées. Dans la
nature, le risque de se faire piquer par des tiques, des puces, des moustiques ou des
mouches piqueuses est nettement supérieur chez le chien que chez l’homme. En outre, les
chiens peuvent être infestés par des centaines de tiques de surcroît, parfois, d’espèces
différentes. Par conséquent, les conséquences chez le chien d’une infection concomitante
avec plusieurs pathogènes transmis par les tiques comme Anaplasma, Ehrlichia,
Rickettsia, Babesia et Bartonella spp demeurent inconnues tant sur le plan
physiopathologique que diagnostique, pronostique ou thérapeutique. Des études sont
donc nécessaires. Sur 27 chiens qui ont fait l’objet d’investigations dans un chenil en
raison d’une augmentation de la mortalité, 25 étaient sérums réactifs à une Ehrlichia sp.,
20 à Bartonella sp., 17 à Babesia sp. et 22 ont présenté une séroconversion à l’antigène
de R. rickettsii.21 En se basant sur les analyses PCR, la plupart des chiens étaient coinfectés par plusieurs espèces d’Ehrlichia aussi bien que de Bartonella, Babesia ou
Rickettsia. L’évaluation prospective des chiens malades traités dans notre hôpital
universitaire a mis en évidence des preuves moléculaires de co-infections avec de
multiples pathogènes transmis par les tiques.20 Notre expérience récente indique que les
chiens subissant une forte exposition aux tiques peuvent être massivement infectés par
plusieurs pathogènes transmis par les tiques potentiellement zoonotiques. Il est impératif
que les vétérinaires recommandent à leurs clients d’utiliser des produits acaricides
régulièrement et tout au long de l’année afin de prévenir les infections transmises par les
tiques et les puces.23
CONSIDERATIONS DE SANTE PUBLIQUE ET RISQUES PROFESSIONNELS
En raison de leurs nombreux contacts avec un large spectre d’espèces animales, les
vétérinaires et les autres professionnels de la santé animale courent un risque
professionnel d’infections à cause de leur exposition fréquente à Anaplasma, Bartonella,
Ehrlichia, Mycoplasma hémotropiques spp. et à d’autres pathogènes potentiels transmis
par les tiques. Par conséquent, ces individus doivent redoubler de précautions pour éviter
les piqûres d’arthropodes mais aussi les contacts avec leurs déjections (par exemple puces
et poux), les morsures ou griffures par les animaux et les contacts directs avec les fluides
corporels des patients malades.14-16,22 Ainsi, par exemple, Bartonella spp. a été isolé dans
le sang de chats, de chiens ou d’êtres humains mais aussi dans le liquide cérébrospinal,
articulaire, séreux ainsi que dans les épanchements pleural, péricardique et abdominal.
Toutes sortes d’échantillons biologiques récoltés quotidiennement dans les cliniques
vétérinaires à des fins diagnostiques sont susceptibles de contenir diverses bactéries
vectorielles. Le nombre sans cesse croissant de pathogènes transmis par les puces et les
tiques, le taux élevé de bactéries trouvées dans les hôtes-réservoirs qui constituent la
patientèle des vétérinaires garantissent que tous les professionnels vétérinaires vont
expérimenter des contacts fréquents et répétés avec des animaux porteurs de ces
bactéries. Par conséquent, le port d’équipements protecteurs, les fréquents lavages de
mains et la plus grande prudence lors de la manipulation des aiguilles et des objets
tranchants deviennent de plus en plus importants au fur et à mesure que nos
connaissances sur la nature et les modes de transmission de ces maladies augmentent.
Les praticiens doivent être formés à la grande quantité de pathogènes transmis par les
tiques présentes dans la nature, au spectre étendu des animaux hôtes-réservoirs, à la
diversité des arthropodes vecteurs confirmés ou potentiels, aux limites actuelles tant pour
le diagnostic que l’efficacité des traitements et à la complexité écologique et médicale de
ces bactéries intravasculaires et endothéliotropiques très évoluées.
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