Le point de vue d`un expert

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Le point de vue d`un expert
Le point de vue d’un expert
JANVIER 2015
Mark Reckase, Ph.D.
Mark
Reckase
est
professeur
émérite en mesure et méthodes
quantitatives
à
l’Université
d’État du Michigan et membre du
groupe d’experts en psychométrie
de l’OQRE. En 2014, il a reçu le Prix
E. F. Lindquist de l’Association
américaine de la recherche en
éducation
en
reconnaissance
de ses contributions à vie à
l’évaluation en éducation. Nous
avons interrogé le professeur
Reckase sur les enjeux de la
transition vers les tests en
ligne et sur la façon dont l’OQRE
fait face à ces enjeux.
Voici ce que nous
professeur Reckase.
a
dit
le
Le passage aux tests en ligne
Il ne fait aucun doute que la façon dont nous traitons l’information change. On voit partout des téléphones
intelligents et des tablettes, et les écrans plats nous transmettent de l’information de toutes parts. Les
changements dont nous sommes témoins dans notre vie quotidienne se produisent également dans le
domaine de l’éducation. Lorsqu’on demande aux élèves de faire de la recherche sur un sujet, ils consultent
d’abord Google ou Wikipedia. Ils lisent souvent les textes sur des appareils mobiles plutôt que dans des
livres. Cette transition vers les nouvelles technologies de l’information soulève des questions importantes sur
le meilleur moyen d’évaluer la qualité de l’apprentissage des élèves. Les tests devraient-ils être présentés
sur ces mêmes écrans plats qui servent au transfert de l’information? Les élèves devraient-ils pouvoir
répondre en se servant de claviers ou d’écrans tactiles plutôt qu’en écrivant sur une feuille de papier?
Il faut tenir compte de plusieurs facteurs importants lorsque l’on décide du moment opportun pour passer
à une nouvelle technologie de présentation des tests scolaires. Si la transition est trop rapide, certains
élèves pourraient être désavantagés en raison de leur manque de familiarité avec la nouvelle technologie.
Les élèves dont les ressources financières sont limitées n’ont peut-être pas l’occasion de manier des
tablettes, même si cet appareil est couramment utilisé par certains segments de la population étudiante.
Une transition trop lente vers une nouvelle technologie pourrait aussi nuire à certains élèves. Mes enfants,
qui sont maintenant adultes, ont commencé à se servir d’un ordinateur pour rédiger des travaux scolaires
au cours des premières années de l’élémentaire. Si je leur demandais de se servir d’un stylo pour écrire un
exposé substantiel, cette exigence leur paraîtrait déraisonnable. Le résultat serait aussi très difficile à lire.
Il en est de même pour moi aujourd’hui.
L’apprentissage numérique jouant un rôle grandissant dans les salles de classe de l’Ontario, l’OQRE a
entamé un travail de transition pour offrir son programme d’évaluation provincial par le biais des nouvelles
technologies de l’information. Ce travail s’opère avec prudence, comme il se doit. Pour y parvenir, l’OQRE
met au point des moyens pour évaluer le niveau de rendement des élèves sur ces nouvelles interfaces
tout en cherchant, en parallèle, à déterminer dans quelle mesure les élèves ont accès aux nouvelles
technologies et à quel point celles-ci leur sont familières. Cette transition se fait graduellement. L’OQRE
effectue des essais sur le terrain et des études pilotes pour être sûr que les tests présentés sur ordinateur
sont faciles à comprendre et qu’ils permettent d’enregistrer les réponses de façon simple et aisée.
L’utilisation des ordinateurs pour faire des tests à grande échelle est plus complexe que l’utilisation typique
d’un ordinateur ou d’une tablette à la maison ou dans une salle de classe car il faut tenir compte d’un facteur
clé de l’équité des tests à grande échelle, la normalisation. Tous les élèves devraient recevoir des tests
équivalents et avoir les mêmes possibilités de répondre aux questions. Il importe de se demander si une
question est aussi facile à lire lorsqu’elle est présentée sur l’écran d’un ordinateur portable, d’une tablette
Le point de vue d’un expert
ou d’un ordinateur de bureau et s’il est aussi facile d’y répondre sur ce type d’appareils. Les élèves pourraient
également avoir une expérience différente suivant leur degré de familiarité avec les divers appareils. Pour résoudre
ces questions, l’OQRE recueille de l’information sur le type d’appareils électroniques qui est utilisé couramment par
les élèves en milieu scolaire et sur le fonctionnement des questions de tests avec ces appareils. Cela exige une
série d’études, chacune complétant les résultats recueillis par l’étude précédente.
L’OQRE a mis au point un processus méthodique et réfléchi pour effectuer les études permettant de s’assurer que
les tests provinciaux sur ordinateur sont équitables pour tous les élèves. En plus d’un groupe interne d’experts
en élaboration des tests qui coordonne tous les aspects de cette nouvelle approche, l’OQRE peut compter sur
un groupe externe d’experts en psychométrie qui revoit régulièrement les résultats des études et formule des
recommandations sur la conception et l’analyse des tests. Ce groupe suit de près le développement des nouvelles
approches pour la présentation des tests.
En plus du défi fondamental que représente l’adaptation des tests à un nouveau mode de présentation, un autre
défi est la nécessité d’aller de l’avant et de revenir en arrière afin de comparer les résultats du rendement des
élèves. Une partie importante du travail de l’OQRE consiste à veiller à la qualité de l’enseignement au fil du temps.
Cela signifie qu’il doit être possible de comparer les résultats de 2015 à ceux de 2014 et à ceux des années
précédentes. Lorsqu’on modifie les tests, il faut faire en sorte que la capacité de comparer les résultats d’une année
à ceux des années précédentes ne soit pas compromise. Ceci est actuellement accompli grâce à un processus
technique nommé « mise en équivalence ». Lorsque des changements plus radicaux sont apportés aux tests, la
mise en équivalence devient plus complexe. Donc, en plus de travailler au développement de nouveaux modèles
d’évaluation, l’OQRE examine soigneusement les modifications qu’il faudra peut-être apporter au processus de
mise en équivalence.
Envisager l’avenir nous amène à réfléchir continuellement. Les technologies informatiques évolueront sûrement
encore. Plutôt que de réagir à chaque changement après coup, il est préférable de prévoir le changement et de
bâtir un système d’évaluation qui fonctionnera de façon prévisible quoi qu’il arrive. Cela signifie qu’il faudra une
solution compatible avec tous les ordinateurs présents et futurs, ce qu’on appelle la compatibilité « en amont ».
L’OQRE a le regard tourné vers l’avenir et s’engage à veiller à ce que les tests provinciaux suivent de près les
progrès technologiques.
La transition en ligne du programme d’évaluation provincial présente de nombreux défis, mais en tant que membre
du groupe d’experts en psychométrie, j’ai été convaincu par la rigueur de la planification et le souci de ne laisser
aucune question dans l’ombre. Ce processus de transition est le mieux mené de tous ceux que j’ai eu l’occasion
d’observer. Je suis persuadé que la transition vers un nouveau mode de présentation des tests de l’OQRE se
traduira par des résultats de qualité qui continueront de répondre aux besoins du programme d’évaluation et du
système d’éducation de l’Ontario.