Charles Fréger Seconde peau

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Charles Fréger Seconde peau
Dossier enseignants
Charles Fréger
Seconde peau
Portraits photographiques et uniformes
Du 23 septembre 2012 au 3 février 2013
Charles Fréger, Reflexos da natureze, de la série « Fantasias », 2008
Présentation
Très tôt, encore étudiant dans une école d’art, Charles
Fréger commence à photographier des jeunes gens
appartenant à des groupes qui impliquent le port d’une
tenue vestimentaire spécifique, généralement uniforme. Il
n’a pas cessé depuis, accumulant les équipes sportives, les
régiments militaires et divers groupes, à travers le monde.
Ce sont toujours de portraits posés, frontaux, dans lesquels
les personnages apparaissent au centre de l’image. Ainsi
s’établit une équivalence entre un sujet et la manière de le
représenter : le sous-titre de chacune des séries de Fréger,
« Portraits photographiques et uniformes », désigne autant
des personnes habillées de manière semblable que des
images réalisées dans le même style.
La nature systématique de ce travail, la stricte délimitation
de son sujet et sa forme objective l’apparentent aux
diverses entreprises de recensement des individus par
la photographie. Les images de Charles Fréger peuvent
évoquer des portraits d’identité par lesquels on répertorie
les membres d’un groupe, les images ethnographiques
qui montrent les costumes d’une tribu, les enquêtes
documentaires consacrées à telle ou telle population. Le
projet a quelque chose d’encyclopédique ; ayant choisi un
domaine, le photographe cherche, enregistre, classe sans fin.
Le livre, dans cette perspective, est essentiel au travail de
Charles Fréger. Son dernier ouvrage Wilder Mann (Thames
& Hudson, 2012) est presque l’étude raisonnée d’un
phénomène anthropologique : les costumes d’« hommes
sauvages » revêtus par des groupes de différents pays
d’Europe au cours de mascarades ancestrales.
Cependant, les groupes sociaux photographiés par
Charles Fréger se définissent d’eux-mêmes par une seule
caractéristique, leur vêtement, précisément fait pour être
reconnu, si ce n’est exhibé. Le photographe apporte
nécessairement des informations factuelles sur ceux qu’ils
photographient, mais il ne va pas au-delà de ce qu’ils lui
donnent à voir. La neutralité photographique ne définit pas
arbitrairement un objet sur lequel il s’agirait d’apporter
des informations. Elle rencontre plutôt la neutralité que
le sujet lui-même, à travers l’uniforme a choisi d’adopter.
C’est un étrange jeu de miroirs dans lequel le modèle et le
photographe se confondent jusqu’à disparaître.
L’ensemble des Winner face (« visage vainqueur ») extrait
de la série des patineuses finlandaises « Steps » (20012002) pousse à l’extrême cette identification. Un cadre,
un format, un éclairage et un fond identiques montrent
des jeunes femmes costumées, coiffées et maquillées de
la même façon qui regardent toutes vers l’extérieur de
l’image. La contrainte formelle reflète la rigidité des corps.
Le mécanisme de l’appareil photographique reproduit des
expressions mécaniques. C’est l’aspect « images d’épinal »
du travail de Charles Fréger. Ses photographies apparaissent
comme des représentations toutes faites, flirtant parfois
avec la propagande ou la publicité.
L’uniforme met en tension l’être et le paraître : dans quelle
Winner face 2, de la série « Steps », 2001-2002
mesure est-on ce qu’on semble être, dans quelle mesure
s’identifie-t-on au rôle qu’on s’est choisi ? Les images de
Charles Fréger montrent le semblable, tout en pointant
la différence. Chaque « portrait uniforme » est une pièce
unique. En effet, le groupe par nature induit des distinctions.
L’expression Winner face est celle requise, face au jury,
durant les compétitions : en se conformant à des règles,
on s’excepte. Dans le livre Steps (Le Point du Jour / POC,
2003), le texte de la romancière Rosa Linksom est un
récit de vie à la première personne d’une jeune patineuse.
Chaque joueur dans une équipe occupe une place ; chaque
comédien dans le théâtre traditionnel joue un personnage
déterminé. Il reprend un rôle et l’incarne. Ainsi, peuvent
être exposés, seuls, le jeune goal de la série « Water polo »
(2000) ou une jeune actrice de la série « Opera » (2005).
Charles Fréger est alors dans la position traditionnelle du
peintre de portraits officiels. À travers les costumes et les
attitudes codés qui définissent une fonction ou un rang,
c’est un individu qui apparaît. Et de même que le choix d’un
uniforme peut exprimer une capacité singulière, un parti
pris d’objectivité peut faire l’acuité d’un regard.
Plus qu’un simple inventaire, il s’agit d’un ensemble dont
la cohérence autorise des variations. Dans les images
présentées de la série « Majorettes » (2000-2001), non
seulement les costumes changent mais également le
nombre des personnages, les distances et les fonds. De
manière semblable, les militaires de la série « Empire »
sont photographiés en pied, à cheval, de face et de profil.
Ils diffèrent et se ressemblent. Chacun de ces régiments
possède des tenues, des usages et, souvent, une devise qui
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
les distinguent au sein même des armées nationales. En
endossant leur uniforme, l’individu se charge d’une tradition.
Dans la série des « Rikishi » (2002-2003), lutteurs de
sumo, l’uniforme se réduit à une ceinture mais la discipline
traditionnelle va jusqu’à façonner les corps, de l’enfance à
l’âge adulte. La durée de l’existence humaine épouse une
histoire multiséculaire.
Parfois, la superposition des temps produit d’étranges
croisements. Les « Hereros » (2007), communauté
de Namibie, continuent de porter d’anciens costumes
hérités du colonisateur. Les soldats du « Sikh Regiment
of India » (2010) associent le turban traditionnel et
l’uniforme britannique tandis que de jeunes maoris, ayant
des tatouages rituels maquillés sur le visage, sont habillés
en college boy dans la série « Short school haka » (2009).
L’uniforme est toujours une création qui permet la fusion
d’éléments hétérogènes. D’ordre culturel, celle-ci brouille
même parfois la distinction entre nature et culture. Dans la
série « Fantasias » (2008), des danseuses brésiliennes sont
transformées par leur tenue de carnaval en gigantesques
oiseaux. Les « Wilder mann » portent des costumes mêlant
objets manufacturés, matières végétales et poils d’animaux.
Photographiées dans des paysages naturels, ces figures
hybrides sont à la lisière du sauvage et du civilisé mais aussi
du masculin et du féminin, de la vie et de la mort.
Ce qui intéresse Charles Fréger est moins l’uniforme que
la dialectique qu’il met en œuvre. Comment un individu, en
s’effaçant, s’affirme. Comment un esprit collectif s’incarne
dans des corps. Comment l’ordre autorise la transgression.
Face à ses modèles, le photographe est, comme eux, à la
fois passif et actif. D’un côté, il montre ces personnes en
uniformes exactement comme elles souhaitent être vues:
l’appareil enregistre une apparence. De l’autre, il colle de
si près à cette apparence qu’il la transfigure. Radicalisant
certaines attitudes normées, en portant les représentations
au second degré, il les rend extraordinaires. À force
de précision, chaque détail s’autonomise, les figures se
métamorphosent. Les patineuses sont tellement corsetées
qu’elles en deviennent martiales. Les militaires sont
apprêtés comme dans des robes de bal. L’héroïque touche
au grotesque, la perfection au monstrueux. Ainsi, atteint-on
une espèce de réalisme fantastique.
Ces images ont le caractère obsessionnel des collections
enfantines. Les militaires sont alignés comme des soldats
de plomb dans un catalogue ; les sportifs ressemblent
aux vignettes des albums. La neutralité rend possible une
projection imaginaire. Mais la fabulation est ici contrôlée.
Un désir d’ordre est à l’œuvre, d’autant plus puissant qu’il
est travaillé par des pulsions destructrices. Le groupe
induit, sous-entend le combat. L’uniforme, et les règles
qu’il implique, ritualisent la violence, l’organisent pour lui
permettre de s’exprimer. On comprend dès lors qu’il n’est
pas un simple déguisement. Il produit ses effets tant sur
l’esprit que sur le corps.
L’uniforme est une réalité concrète. Il a une matière, un
poids particuliers. Lourd ou léger, il doit être porté.
Le combat, si l’on peut dire, s’intériorise. On se construit
contre soi-même ; se dépasser est un sacrifice. De même
qu’il est difficile de concevoir quelles épreuves masquent
la belle tenue des militaires et des sportifs, on ne pense
pas, en regardant les images de Fréger, à ce qu’il a fallu
d’acharnement pour les obtenir. Chaque série est une
épreuve qui requiert audace et méthode. Les groupes
ont leurs usages propres, leurs lieux réservés, une intimité
qu’il faut pénétrer. Le photographe doit se faire accepter.
Chaque ensemble naît d’un processus d’intégration.
Pourtant, à un groupe succède un groupe, Charles Fréger
les traverse sans s’y arrêter, les séries s’enchaînent ; comme
une tentative toujours reprise d’appartenir sans faire partie,
de tenir l’autre à distance tout en recherchant des alter ego.
Autant que le désir, la peur et l’échec nécessaire alimentent
la quête. Deux regards communiquent sans se toucher. La
photographie permet de s’approcher au plus près, mais
constitue une limite infranchissable.
Il y a quelques années, Charles Fréger est passé de l’autre
côté du miroir. Il a créé son propre uniforme inspiré par
ceux de régiments photographiés dans « Empire ». Les
éléments qui le composent sont originaux mais reprennent
des formes et des matériaux traditionnels – un bonnet à
poils d’ours blanc, un kilt au tartan assymétrique…
« Ma garde » a pour devise Vis voluntatis, eo solus intra
circulum (« Par la force du désir, j’entre seul dans le
cercle »).Désormais, lors de certaines de ses expositions,
le photographe s’expose en uniforme, avec un autre garde
anonyme, au regard des visiteurs. L’uniforme colle au corps,
comme la forme tient au fond. L’image elle-même est une
seconde peau.
Evzones 5, de la série « Empire », 2004-2006
L’exposition
L’exposition réunit quatre-vingt tirages en couleur
de différents formats.
Elle propose un aperçu significatif du travail de Charles
Fréger au cours de ces dix dernières années.
Les œuvres présentées sont extraites des séries suivantes :
« Water polo », 2000
Nageurs de Haute-Normandie
« Majorettes », 2000-2001
Majorettes du Nord–Pas-de-Calais
« Steps », 2001-2002
Patineuses synchronisées finlandaises
« Rikishi », 2002-2003
Lutteurs de sumo japonais
« Penitente », 2004
Pénitents catholiques lors de la semaine sainte à Séville
« Opera », 2005
Elèves de l’Opéra de Pékin
« Empire », 2004-2006
Gardes royaux, républicains et princiers d’Europe
« Hereros », 2007
Membres de la communauté Herero en Namibie
Rikishi 5, de la série « Rikishi », 2002-2003
« Fantasias », 2008
Danseuses brésiliennes
« Short school haka », 2009
Elèves d’une école maori en Nouvelle-Zélande
« Sikh Regiment of India », 2010
Soldats indiens d’origine sikh
« Wilder mann », 2010-2011
Groupes d’« hommes sauvages » de différents pays
d’Europe
Présentation de l’artiste
Né en 1975, Charles Fréger vit à Rouen où il a étudié à
l’école des Beaux-Arts.
Depuis 1999, il a produit plus de quarante séries de
« Portraits photographiques et uniformes » dans différents
pays, à son initiative ou en répondant à des commandes.
À l’invitation du Point du Jour, il a photographié en 2002 des
marins et des ouvriers de l’Arsenal de Cherbourg.
Depuis 2007, il réalise parallèlement des projets, impliquant
un groupe, qui associent la mise en scène, le design et le
vêtement.
Charles Fréger a notamment publié Légionnaires (779 / Le
Château d’eau, 2002), Steps (Le Point du Jour / POC, 2003),
Empire (Kerher / Thames & Hudson, 2010) et Wilder mann
ou la figure du sauvage (Kerher / Thames & Hudson, 2012).
Parmi ses expositions récentes : Seoul Museum of Art
(2010), Fotohof, Salzbourg (2011), Vasco Museum, Bilbao
(2012).
Sauvage, Le Noirmont, Suisse, de la série « Wilder Mann » , 2010
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Quelques pistes pédagogiques
« Avec ses portraits photographiques et uniformes, Charles
Fréger poursuit, depuis 1999, une sorte d’inventaire
informel des tenues consacrées par différents groupes
sociaux qu’ils soient sportifs, apprentis, étudiants, militaires
ou simplement pairs et amis... Cette dialectique qui lie
protocole et socialisation, apparat et individualité, trouve
avec « Empire », après notamment « Majorettes » en 2002,
les lutteurs de sumo de « Rikishi » en 2003 et les jeunes
acteurs de l’Opéra de Pékin en 2005, toute sa justification
tant l’accumulation ciblée des visages, des vêtements, des
poses et des décors, constitue au final autant d’inventaires
subjectifs et poétiques de notre humaine condition. »
À partir de citations, la présente brochure propose de
travailler les notions suivantes :
Le protocole de prise de vue et le « protocole »
de l’uniforme
L’apparat de l’uniforme et l’individualité du modèle
Portrait de groupe ? Portrait individuel ?
La question du portrait officiel
En référence aux programmes suivants
(liste indicative)
Arts visuels en primaire : conjuguant pratiques diversifiées
et fréquentation d’œuvres de plus en plus complexes et
variées.
Arts plastiques en 4° : les images et leurs relations au
réel. Cette entrée s’ouvre au dialogue entre l’image et son
référent « réel » qui est source d’expressions poétiques,
symboliques, métaphoriques, allégoriques ; elle met en
regard la matérialité et la virtualité.
En lettres en 3° : l’homme et la société, étude de l’image
comme engagement et comme représentation de soi.
En lettres en 1° : le roman et ses personnages ; visions de
l’homme et du monde.
Littérature et société 2° générale et technologique :
regards sur l’autre et sur l’ailleurs.
En histoire des arts, collège, thématique « Arts, espace,
temps » : l’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme
dans le monde et la nature (petitesse / grandeur ; harmonie
/ chaos ; ordres / désordres, etc.).
En histoire des arts, lycée, thématique « Arts, corps,
expressions », le corps, l’âme et la vie : expression
des émotions, des caractères et des états (humeurs,
tempéraments, passions, sentiments, postures, etc.).
Les rapprochements photographiques présentent le travail
de deux photographes portraitistes autour de l’adolescence
et le regard d’un photographe de presse sur l’histoire
douloureuse du Rwanda :
Laura Henno
Rineke Dijkstra
Jonathan Torgovnik
Sikh 1, de la série « Sikh Regiment of India », 2010
Le protocole de prise de vue
et le « protocole » de l’uniforme ?
Notions :
« Charles Fréger saisit chaque individu seul, dans des
cadrages centrés, souvent frontaux, isolé sur un fond
neutre ou dans son environnement. Tous les sujets d’une
même série sont photographiés avec le même cadrage,
en pied, en buste ou plus serré. Ils sont ainsi transformés
en objets d’étude, comparables entre eux, d’autant plus
que l’accrochage des images est opéré selon les types
d’activité. Chaque corps individuel est ainsi réinséré au
sein du corps social et de sa tribu. L’identité individuelle
s’estompe dans l’anonymat du groupe et se dissout dans le
stéréotype (« le lutteur », « le boucher », « la nageuse »).
En revanche, quand on s’approche des images, l’impression
bascule. Les figures, pour la plupart solitaires, sont riches
des détails du visage et de l’uniforme rendus avec une
extrême précision. Les modèles dirigent leur regard
vers l’objectif et semble nous regarder, créant ainsi une
impression d’intimité. Au-delà du document, on est
conduit dans l’univers complexe et singulier du modèle.
On ne regarde plus l’image-type d’« un marin », mais
tel jeune homme aux yeux bleus, à la peau pâle et
boutonneuse, habillé d’un uniforme. On ne contemple
plus le corps anonyme d’un lutteur de sumo, mais on
entre en rapport avec un jeune garçon aux joues gonflées
qui fixe l’objectif avec fierté et appréhension. Bien que les
sujets posent, les images sont empreintes du naturel et de
la fraîcheur de clichés prise sur le vif. »
Nicola Marian Taylor Site Paris art
Propositions de travail :
• Parcourir l’exposition en analysant le protocole de prise
de vue, spécifique à chaque série
• Établir une liste de mots résumant ce protocole, par
exemple : frontalité, type de cadrage, posture...
• Comment apparait l’uniforme dans ce protocole
Citation :
Portraits inactuels
Texte de Michel Poivert à propos de « Palio »
« Un jeune homme nous regarde. Sa chevelure de boucles
rousses est surmontée d’un bonnet de velours noir gansé
d’or et de motifs en liserés, comme son pourpoint. Sa
chemise chamarrée contraste avec la douceur du regard.
Le fond sur lequel ce long buste se détache de trois
quarts est constitué d¹un mur brun clair griffé au hasard
de l’usure. Un gentilhomme de la Renaissance se réveille à
l’aube du XXIe siècle.
Étudiant en histoire de l’art, je me représentais le visage,
l’allure, le regard perçant des peintres primitifs en allant
au cinéma : Pasolini en Giotto, Andreï Roublev de
Tarkovsky. Le sentiment que je ressens en contemplant
aujourd¹hui ce portrait d¹un membre d’une contrade de
Ferrare ne contient donc pas l’ambiguïté à laquelle on
pourrait d’abord s’attendre : un acteur déguisé dans un
costume historique que l’actualité de l’enregistrement
photographique dénonce comme une imposture.
L’anachronisme n’est pas un critère de jugement de
goût. L’anachronisme est un théâtre dans lequel les
photographes n’ont cessé de jouer. Les primitifs écossais,
Octavius Hill et Robert Adamson, dès les années 1840,
s’improvisent acteurs et posent entre amis afin d’illustrer
Walter Scott. L’Angleterre victorienne tout entière voit
fleurir les célèbres mises en scènes photographiques
d’Oscar Rejlander, Henry Peach Robinson et, plus
inspirées que tout autre par le courant pré-raphaélite, les
images de Julia Margaret Cameron : poèmes de Tennyson,
récits shakespeariens, légende de Lancelot poètes
contemporains et anciens, mythologie et jeux de salon.
Puis, la démocratisation de la photographie a ouvert à la
fin du XIXe siècle un monde de fariboles et de costumes,
entre amateurs plus qu’entre artistes - comme déjà dans
les jeux d’enfant de Lewis Caroll - on se pare et l’on fait
comme au théâtre. Les photographes pictorialistes au
début du XXe siècle, inspirés par le courant symboliste,
jouent à leur tour et ajoutent aux costumes le traitement
pigmentaire de l’épreuve photographique dont
l’apparence rejoint la facture du dessin ou de la gravure,
et achève de retirer au tableau vivant toute réalité pour le
transformer en ce que Michel Foucault appelait une
« image androgyne ». Cette longue tradition semble avoir
été reprise par le cinéma dès le début du siècle : à partir
des Films d’Art et le célèbre Assassinat du Duc de Guise,
les reconstitutions historiques deviennent un genre qui
culmine avec les péplums et qui depuis ne cesse de se
décliner. Les arts de l’image technique sont des machines
à remonter le temps. Et les artistes ont su jouer en toute
liberté sur ce goût de la reconstitution, sur l’artifice qui
avoue sa nature et révèle dans l’inactualité sa condition de
représentation.
En cela, les images qui composent « Palio » de Charles
Fréger sont bien l’inverse d¹un reportage sur une fête
historique redevenue à la mode dans les années 1990.
Nous ne voyons rien des défilés et des cavalcades, rien
du tumulte et des chants, rien des préparatifs ni de
quelque héros choisi pour établir une trame narrative. Ce
que nous voyons relève toujours d’une représentation
photographique mettant en scène la nature de la
reconstitution historique elle-même, c’est-à-dire son statut
fondamentalement anachronique. C’est donc à un art de
la pose, à une esthétique de l’immobile que nous assistons.
Mais cet art est élaboré dans les marges, les temps morts,
les recoins du spectacle. Ici, une échappée derrière la
foule des spectateurs, là, un instant de repos dans une
rue de traverse, forment le cadre idéal du studio à ciel
ouvert de Charles Fréger. Ce qui toujours caractérise ce
photographe, c’est son sens du protocole de prise de vue,
non pas en termes de récurrence des attitudes, mais dans
les choix formels induits par sa technique et son souci
des fonds : éclairage artificiel dont le flash « imprime »
la figure sur le fond, élimination des ombres, suppression
conséquente d¹un plan intermédiaire, effet final de
silhouettage comme s’il s’agissait parfois d¹un collage de
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
la figure dans un élément qui lui devient subrepticement
extérieur. D’où cet appariement presque étrange de
l’individu avec le réel qui l’entoure. Ce protocole, Fréger
le fait jouer à plein dans « Palio », précisément parce que
l’inactualité des personnes costumées renforce encore
l’effet de singularité entre le sujet et le réel. L’individu est
alors étranger non seulement à son entourage mais parfois
à son corps même. Quelques jeunes femmes deviennent
ainsi des apparitions. Le photographe cultive une
rhétorique de l’objectivité dont la base repose sur le retrait
expressif, grâce auquel il forge une photogénie de l’inactuel.
Le présent qu’il photographie - cette rue de Ferrare,
ces adolescents qui nous regardent - sont littéralement
traversés par le passé. Ils obéissent en cela à la condition
du moderne : l’entrelacs des temporalités.
« Palio » est un repère dans l’œuvre entamée par
Charles Fréger. Cette commande est une opportunité
qui a été saisie à un moment où le photographe travaille
aussi bien sur une école de Sumo au Japon que sur un
club de patineuses scandinaves. Cette opportunité lui
offre en effet l’occasion de porter jusqu’à la hauteur
d’une démonstration ce qui semble être au cœur de
son entreprise depuis quelques années : le portrait de
communautés inactuelles.
Communautés invisibles
« Palio » porte en soi ce défi, qui consiste à fabriquer une
représentation de la communauté en évitant l’obsession
naturaliste à laquelle une part de la photographie
contemporaine nous convie. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans
l’intimité des groupes, des minorités et de leur conscience
sociale et politique comme cela est devenu à la mode dans
l’art contemporain sous le régime stylistique du
« trash ». Non, face à cela, Fréger répond par une
esthétique de la règle. Au sens où l’on emploie ce terme
dans les communautés religieuses. N’affirme-t-il pas
s’interroger avant tout sur les notions de rigidité et de
pérennité ?
Ouvrier de l’usine Renault, élèves d’une école britannique
(« Notre-Dame »), apprentis d’une école d’industrie
laitière (« Pattes blanches »), joueurs d¹un club de waterpolo (« Water-polo »), légionnaires (« Légionnaires »),
élèves de sumo, supporter de football, patineuses
(« Steps »), etc., il y a une constante dans l’œuvre en
construction de Charles Fréger. Ces multiples séries
forment une archive des communautés, mais bien
différentes de celles du communautarisme que montre
à l’envi les médias : identités politiques, sexuelles, raciales,
ethniques, etc. Seules les communautés inactuelles, celles
qui semblent remonter à un temps déjà ancien, retiennent
à ce jour l’intérêt de Charles Fréger. Ce que nous disent les
séries « Majorettes » ou « Notre-Dame », « Miss»
ou « Pattes Blanches c’est que notre monde n’a pas
renoncé au folklore, que nous réinventons sans cesse
de la communauté, qu’elle s’exprime toujours par ses
costumes et ses uniformes. On se trompe lourdement
en voyant dans les portraits de Fréger un goût pour le
kitsch, une dérision ou bien un surplomb quelconque du
Palio 2, de la série Palio, 2002
photographe sur les individus portraiturés. Fréger n’est pas
un « auteur », il n’est pas non plus un « documentariste
anthropologue » comme il n’est pas, on l’a dit, un reporter:
Fréger est plutôt un chroniqueur, comme l’étaient les
Anciens qui enregistraient les faits avant mêmes que les
historiens n’aient eu l’idée qu’il pouvait en naître des récits.
Et la chronique visuelle de Fréger, ce goût de l’archive
des communautés inactuelles, nous révèlent que notre
monde est tout entier conçu sur le mode des formes
de sociabilité que nous croyons à tort être archaïques
ou dérisoires. L’individu mondialisé n’est que le dandy du
XXIe siècle, quand la foule est encore celle des réunions
de quartier, des compétitions du dimanche après-midi,
des reconstitutions historiques les soirs d’été, des écoles
traditionnelles et des régiments mythiques.
À Ferrare comme à Tokyo ou bien dans les villes du nord
de la France, les communautés assurent la pérennité du
corps social. Si des majorettes, des jeunes gens costumés
comme au temps de la Renaissance nous apparaissent
parfois relever d¹un exotisme social, c’est parce qu’ils sont
invisibles. À cela, Fréger oppose donc la sérialité, le genre
du portrait avec ses mille variations, la régularité, le sens
de l’archive comme autant instruments au service d’une
révélation des communautés invisibles.
Michel Poivert
L’apparat de l’uniforme
et l’individualité du modèle ?
Notions :
Unis vers l’Uni
Charles Fréger n’a pas la bêtise de photographier des gens,
mais l’intelligence de photographier des communautés à
l’heure où, plus que jamais, on les donne pour
manquantes, perdues. En plein règne aberrant de
l’individualisme, et de la photographie principalement
conçue comme miroir de cet individualisme forcené, ce
jeune photographe se distingue en appréciant les
uniformes. Fort heureusement, ce goût ne renvoie pas chez
lui à ce qui serait un plaisir malsain, c’est-à-dire
conceptuel, pour l’uniformité, le duplicata, le clone ou la
répétition. Au contraire, pareil à un fronton républicain, son
travail s’avance comme une réflexion assez dérangeante
sur les notions d’égalité, de fraternité, de liberté, c’est-à-dire
ce qu’il en reste.
Ainsi, qu’il se réduise à un bonnet de bain comme dans
la série sur les joueurs de water-polo, ou qu’il chatoie de
haut en bas comme les parures des majorettes, l’uniforme
traque chez Charles Fréger ce qui serait du domaine de
l’imphotographiable : à savoir la communauté, la molécule
sociale, ou encore ce qu’il reste d’agrégation dans un
monde qui se pense, et se veut - l’imbécile heureux définitivement désagrégé.
La première révélation du travail sur les majorettes est
donc de nous rappeler qu’il en existe encore, beaucoup
même, mais que nous les avions parfaitement oubliées là
où elles sont (essentiellement dans le Nord-Pas-de-Calais),
quand bien même elles s’affrontent presque chaque weekend en sortes de tournois moyenâgeux dont leurs
costumes seraient les oriflammes. Plus importante,
la deuxième révélation du travail du Fréger est de
rapidement nous faire comprendre que nous aurions
finalement préféré ne pas savoir que ces majorettes
existent... Car, tandis que nous les regardons poser devant
l’objectif le plus objectif possible de Fréger, voici qu’il
arrive cette chose troublante : ces majorettes commencent
à nous gêner.
Elles nous fixent droits dans les yeux, tandis que nous,
pour des raisons que nous aimerions ne pas chercher à
comprendre, nous faisons doucement chasser notre
regard sur les côtés. D’où ce malaise vient-il ? Soyons
clairs : de ce que nous regardons ces majorettes d’en
haut, quoique Charles Fréger les photographie toujours
rigoureusement de face. Que nous les regardons avec
notre regard de public cultivé qui va voir des expositions,
qui achète des livres de photos, qui connaît le
travail de Charles Fréger, et qui jamais, jamais de sa vie n’ira
voir un défilé de majorettes.
Ce qui nous gêne donc, ce sont pas les majorettes en
elles-mêmes, mais le type de regard que nous ne pouvons
nous empêcher de poser sur elles : un regard de classe.
Si l’être-ensemble des majorettes, tel que le montre Fréger,
nous perturbe autant, c’est sûrement parce que nous
avions fini par gober le discours ambiant : à savoir
qu’il n’y avait plus de classes sociales, et moins encore de
lutte entre elles. Pourtant, la froide intelligence artistique
des clichés de Fréger est de faire en sorte que nous
nous redécouvrions en nous-mêmes affreusement
bourgeois en train de contempler un travail sur l’affreux
scintillant lumpen-prolétariat des majorettes. Et de nous
dire, parce que nous avons lu Freud : ah ! ces peaux trop
grasses, ces yeux trop marrons, ces corps trop souvent
obèses - oui, l’anatomie est vraiment un destin, et d’abord
un destin social.
De leur côté, les impavides majorettes de Fréger nous
racontent que la mondialisation, la globalisation, tout
ça, c’est vraiment de la blague. Qu’il existe toujours, et
existera longtemps encore, des mondes, des communautés
qui ne se croisent jamais. Et pire : qui ont simplement du
mal à se contempler les unes les autres.
Arnaud Viviant
Propositions de travail :
• Comment apparait l’individu « sous » l’uniforme ?
• Communautés, groupes, que montrent-t-ils du monde
d’aujourd’hui ?
• Que pensez-vous de la position d’Arnaud Viviant ? Quel
regard portez vous sur ces groupes, communautés ?
Quel regard porte Charles Fréger ?
Citation :
« Pour chaque communauté, Charles Fréger se déplace
avec son studio et en immortalise les membres un par
un, avec la tenue et les attributs de leur groupe et dans
la même posture, celle-ci d’ailleurs la moins singulière
possible.
L’effet est surprenant et l’ensemble offre plusieurs lectures
possibles entre grandes similitudes et petites variations,
entre unité et petits détails qui individualisent chaque sujet:
tatouages de légionnaires, manières de porter la cravate
dans une école catholique anglaise...
Charles Fréger propose un troisième niveau de
perception : « Il y a quelque chose d’encyclopédique dans
l’accumulation de portraits. Cela permet de poursuivre une
recherche, de trouver ce qu’il y a en commun, d’universel
entre les membres de groupes différents. On retrouve les
mêmes inquiétudes, les mêmes rites entre une majorette
du Nord de la France et un élève d’une école de sumo au
Japon. », explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, les photos de Charles Fréger sont tout
simplement belles, et accrochent le regard. À chacun, s’il
le souhaite, de se demander pourquoi et d’y apporter sa
propre réponse.
Si ces séries de portraits peuvent effectivement servir de
base pour un travail sociologique, « je n’ai ni le désir ni la
culture pour faire de la sociologie. Il peut y avoir une forme
d’immersion avec les groupes que je rencontre mais je
ne suis pas ethnologue. Je suis d’abord là pour faire des
photos », indique d’ailleurs le photographe pour qui c’est
bien « la part d’esthétique qui est fondamentale dans (son)
travail ». »
Nicolas Barraud
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Portrait individuel ?
Portrait de groupe ?
Notions :
Entre le plan du projet créatif, celui où opère un artiste,
et celui de la réception de l’œuvre, il y a une faille dont
plus personne ne semble se soucier. Les photographies
de Charles Fréger sont comme les peintures des Primitifs
italiens, pleines d’audace et de courage : d’audace à
représenter la personne humaine ; de courage à en
incarner le visage. Pourtant, quand ils peignaient un tableau,
ces derniers ne cherchaient seulement qu’à peindre un
tableau. Charles Fréger est profondément photographe,
juste photographe. Dans les portraits qu’il réalise depuis
plusieurs années déjà, les personnes se tiennent là, debout,
presque hiératiques, avec une présence qui échappe au
cadre propre à la photographie, comme si, au-delà de
la commande ou du rendez-vous que leur avait donné
l’artiste, elles s’étaient convoquées elles-mêmes à faire
image, à faire l’image. « Part risquée d’une exposition et
partage d’une conscience. » (René Denizot) Mais, devant
ces mêmes portraits, que voulons-nous voir ?, ou que
devons-nous lire ?... Rien ou presque ; et tout, à la fois.
Rien, parce qu’à la surface de l’image, il n’y a que cette
répétition, cette succession, cette logique de groupe
dans laquelle Charles Fréger inscrit toutes ses séries de
photographies, et cela selon un protocole immuable.
Tout, parce que dans cette mise en (uni)forme s’affirment
immédiatement les regards qui nous font face, les visages
avec leur géographie ou leur territoire d’inscription, les
corps avec leurs marques ou leurs blessures incarnées, les
contextes en arrière-plan à la fois prosaïques et familiers.
Mais ce qui excède surtout l’image — avec un trouble
certain dans « Bleus de travail » —, c’est cette façon dont
chacun “ vit et travaille ” l’uniforme, “ leur ” uniforme : neuf,
repassé ou usé, déchiré, maculé, fermé, ouvert ou roulé,
recouvert ou découvert, serré ou flottant, trop court ou
trop long ; cette façon dont ils s’en démarquent ou s’en
distinguent ; cette façon dont le temps (même s’il est à la
fois, pour chacun d’entre eux, trop long et trop court) et
l’usage viennent le dé/former et presque le dé/coller de
leur propre peau. Entre, d’un côté l’attitude de leur regard
et de leur visage, que ceux-ci soient fiers et frondeurs,
butés et résignés, ou au contraire relâchés et presque
abandonnés d’eux-mêmes ; de l’autre, cet état d’uniforme
détourné, retourné, contourné ; de l’autre encore, ce corps
ou plutôt ces excroissances de corps qui débordent aux
extrémités — des mains enfoncées, serrées ou ballantes,
des avant-bras plus ou moins découverts, des jambes et
des chevilles parfois (bandées, pansées comme dans la
série des patineuses finlandaises, et qui constituent à elles
seules le vrai sujet des photographies), et des torses, des
gorges ou des cous d’où s’échappent parfois un accessoire,
un signe, un sigle qui rattrapent le personnel, l’intime,
l’affectif, l’amoureux, ou l’appartenance à un autre groupe,
souvent identitaire, générationnel, religieux, géographique
ou ludique –, il y a plus qu’une dialectique, il y a une
épaisseur de vie et de projets, de choix ou d’erreurs, de
succès ou d’échecs. Mais si Charles Fréger nous propose
toujours des photographies situées dans les plis du monde,
c’est parce qu’il se veut, avec beaucoup de soin, d’attention,
de scrupule et d’acharnement, au coeur des rumeurs de
ce même monde. Et plus une série est maîtrisée, contrôlée,
ordonnée, affirmée dans sa structure et dans sa forme,
plus ce qu’elle révèle ou ce qu’elle éclaire sera brut,
palpitant, impur et fragile. Et plus Charles Fréger utilise les
conventions de la représentation photographique : cadrage,
lumière, geste et pose, plus l’image produite fera apparaître
les dynamiques et les tensions qui relient ces sujets
photographiés à ce qui les entoure : leur environnement,
leur quotidien, leur monde ; ce monde instable, fluctuant,
transitoire de la formation pour « Bleus de travail » où ils
jouent à être ce qu’ils seront plus tard dans une récréation
d’un réel extérieur déplacé/replacé à l’intérieur d’un lycée.
Plus enfant, pas encore adulte ; et la vie est creuse qui ne
se soutient du destin qui l’habite !
Charles Boyer
Propositions de travail :
• Expliquer à partir d’exemples dans l’exposition la phrase
de Charles Boyer « c’est cette façon dont chacun “ vit et
travaille l’uniforme ” » ?
• Comparer le travail photographique de Charles Fréger
avec celui de Laura Henno (voir plus loin) ?
Protocle, posture, décor ?
• À partir de la liste chronolgique complète (voir plus loin)
des séries réalisées par Charles Fréger, analyser le parcours
conceptuel de l’artiste.
• Lire la citation de Richard Avedon ci-dessous. Charles
Fréger pourrait-il la reprendre à son compte ?
Justifier votre réponse à partir d’exemples dans l’exposition.
Citation :
« Je me tiens assez près du sujet pour le toucher, dit-il, et
il n’y a rien entre nous – sauf ce qui se passe pendant
que nous nous observons l’un l’autre. Cet échange
comporte des manipulations, des soumissions. Ce sont
des relations qu’on ne pourrait se permettre dans la vie
quotidienne. Nous nourrissons pour l’image des ambitions
différentes. Le besoin [que le sujet] a de plaider sa cause
est sans doute aussi profond que mon besoin de plaider
la mienne, mais c’est moi qui suis aux commandes. (…)
Ces disciplines, ces stratégies, ce théâtre muet cherchent à
créer une illusion : à savoir que tout ce qui est incorporé
dans la photo est simplement arrivé ; que la personne dans
le portrait était toujours là, qu’on ne lui a jamais dit de se
tenir à cette place, qu’on ne l’a jamais poussée à cacher
ses mains et qu’en fin de compte, elle n’était pas même en
présence du photographe. »
Richard Avedon, 1986
La question du portrait officiel
Qu’est-il important de décortiquer dans un portrait officiel ?
Extrait d’un article paru dans Le Monde du 4 juin 2012 :
La façon la plus simple d’analyser cette photo, c’est de le
faire dans une temporalité brève, celle de l’avant-coup.
Sous la 5e République, tous les présidents ont cherché
à être en opposition avec leur prédécesseur. François
Mitterrand, pour rassurer son électorat, a innové en
posant assis dans la bibliothèque de l’Elysée, en rupture
avec Valéry Giscard d’Estaing, qui était debout devant
le drapeau français. Jacques Chirac a été le premier à
poser en extérieur et non sous les lambris de l’Élysée. Un
portrait moderne et naturel. Nicolas Sarkozy est celui pour
lequel la photo a le moins bien marché. S’il a fait campagne
en promettant la rupture, son portrait était des plus
traditionnels.
La photo officielle de François Hollande, 24e président
de la République, par Raymond Depardon vient d’être
dévoilée. Faire-part de l’élection, image symbolique
d’un mandat, le portrait officiel du nouveau président
de la République sera affiché dans les 36 000 mairies
et dans toutes les écoles du territoire. Si ce portrait ne
relève d’aucune obligation légale, il reste le produit d’une
coutume bien établie depuis Louis-Napoléon Bonaparte
en 1848. Depuis, aucun président de la République n’y a
échappé. André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire
visuelle à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
(Ehess), revient sur cette tradition républicaine.
À quoi sert la photo officielle ?
Il s’agit de l’un des éléments du rituel républicain. Cette
photo symbolise dans toutes les mairies la nouvelle
présidence. Mais surtout, elle produit du commentaire, des
réactions, des conversations. C’est l’un des moments forts
des premiers pas du président, qui est alors analysé.
Existe-t-il des éléments obligatoires dans la photo officielle ?
Nicolas Sarkozy avait posé avec les drapeaux français
et européen, dans une image inspirée des présidents
américains dans le bureau ovale. Mais dans aucun cas, ces
drapeaux ne sont nécessaires, comme ils peuvent l’être
lors d’une intervention officielle. Pour la photo, la seule
contrainte, c’est la présence du président.
Le choix du photographe est à la fois politique et esthétique.
Que révèle donc le choix de Raymond Depardon ?
C’est un retour à la tradition. François Hollande a
choisi un grand photographe, avec une reconnaissance
institutionnelle. Depardon est reconnu en tant qu’auteur,
comme un artiste à part entière. S’il n’est pas connu
pour ses images extraordinaires, c’est un observateur du
quotidien, comme il l’a montré à travers ses documentaires.
Cette signature prestigieuse démontre un retour à la
culture, au patrimoine, alors que son prédécesseur Nicolas
Sarkozy, avait choisit Phillippe Warin, le photographe attitré
de la « Star Academy ». François Hollande à emboîté le
pas à Mitterrand et Giscard d’Estaing, qui avaient eux aussi
choisi des pointures de la photo, Gisèle Freund et JacquesHenri Lartigue.
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Que doit-on retenir du portrait de François Hollande ?
C’est clairement un clin d’oeil à la photographie amateur,
notamment au niveau du format carré : on dirait un
polaroïd ou une photo Instagram. On est loin des codes
de la photo institutionnelle. François Hollande est dans
l’ombre des arbres, et au loin l’Élysée est surexposé.
Cette photo, on est tous capable de la faire dans les jardins
de l’Elysée. Cet hommage à la photo amateur, c’est une
très bonne idée pour un président qui se revendique
comme normal. Enfin, le choix de l’extérieur peut être
perçu comme un clin d’œil au président Chirac, à cette
filiation corrézienne, qui apparaît bien plus forte que l’on
aurait pu l’imaginer.
Des portraitistes jugent la photo officielle de Hollande
Extrait d’un article de Libération du 4 juin 2012
C’est dans la boîte. La photographie officielle du nouveau
président a été révélée aujourd’hui. Le photographe et
réalisateur Raymond Depardon a évoqué le making-of de
son cliché, pris le 29 mai, lors d’une conférence de presse
à l’Élysée. À 69 ans, pas de fausse pudeur. Le créateur de
l’agence Gamma, membre de Magnum, l’avoue volontiers:
« Je ne suis pas un portraitiste, le portrait est quelque
chose de difficile ». Le documentariste, qui aura 70 ans le
6 juillet, l’a donc « pris comme un paysage, le paysage de la
France ». Nouveauté : il a, lui, renoncé à ses droits d’auteur
au profit de la Documentation française, qui a été prise
par surprise par les fuites de la photo officielle sur Twitter.
Nouveauté, bis : l’auteur de Journal de France, présenté hors
compétition à Cannes, a donné des éléments sur la séance
d’une demi-heure avec Hollande. Soit plus de 200 images
prises « en mouvement » avec un projecteur d’appoint
et trois appareils différents, un numérique, un Leica
argentique et un antique Rolleiflex format 6x6 des années
60 qui, selon son propriétaire, avait auparavant immortalisé
Charles de Gaulle, Marlon Brandon ou Edith Piaf.
Au final, le photographe a retenu la dernière des douze
photos prises avec son Rolleiflex, « un tout petit peu
retouchée » en arrière-plan. « Je lui ai montré ma favorite
et il m’a dit « je suis d’accord avec vous », a assuré
Raymond Depardon. Qui l’assure : « Je voulais une photo
qui traverse le temps ». Libération a sondé plusieurs
portraitistes pour qu’ils livrent leur sentiment sur cette
commande imposée dans le rituel républicain français.
Flop ou top ? Verdict nuancé...
Lionel Charrier : « Un regard qui s’intéresse à l’autre »
« Ce qui me frappe le plus dans cette image, c’est
l’impression de mouvement. C’est un Président qui vient
vers nous. Vers les Français qui verront cette photo
encadrée juste derrière le maire au moment de se dire
‘oui’. Mais, en fait, il vient vers le photographe,
vers Depardon. C’est lui qu’il regarde. Ce regard, qui n’est
pas direct, en dit long. François Hollande ne regarde pas
le fond de l’objectif pour avoir le regard plus profond. Il
regarde Raymond, la tête penchée sur son rolleiflex. Ce
n’est pas un regard de communicant, mais un regard qui
s’intéresse à l’autre. »
Martin Colombet : « Un produit préfabriqué, mais... »
« Cette photographie est davantage le produit de
François Hollande et de ses communicants que celui de
Raymond Depardon. Quelle est la marge de manœuvre
du photographe quand on lui impose l’extérieur, les
drapeaux, le palais en toile de fond et le mouvement du
Président ? Quand le portrait ne peut être autrement que
valorisant et sympathique ? Que lui reste-il pour imprégner
cette image, pour la faire sienne ? Presque rien. Il faut
comprendre que cette photographie est négociée, c’est
un produit sur mesure, préfabriqué. Pourtant, Raymond
Depardon a, malgré le caractère très institutionnel et
le poid des codes de représentations de cette fonction,
réalisé une image plutôt moderne et réussie. Il a été assez
malin, car je pense que cette photographie n’est pas celle
dont rêvaient les communicants de Hollande. Parce qu’il
a lâché du lest au photographe, parce que cette image
n’est pas si institutionnelle que ça, et même si j’ai tendance
à penser que l’intérêt photographique pur (dénué de
l’intérêt lié au sujet et au contexte) est plutôt faible, il en
reste que cette image raconte des choses. Notamment
par l’obligeance de Hollande à se plier aux demandes de
Depardon, par les bras un peu ballants, un peu maladroits,
les mains relâchées, par la position du corps atypique et
pas forcément adaptée dans les idées et les valeurs que
véhicule la fonction de Président. Cela permet de se faire
une idée de son caractère, de son rapport aux autres, de la
rencontre aussi. En cela, il s’agit bien d’un véritable
portrait. »
Thierry Pasquet : « L’expression maîtrisée d’une
communication »
« C’est à coup sûr le portrait officiel le moins solennel
de tous les présidents : une posture un peu empruntée
de François Hollande les bras ballants avec un léger
déséquilibre, un décor quasi champêtre, le palais de l’Élysée
à distance, une lumière apparemment naturelle (qui ne l’est
pas en réalité), un cadre carré dans lequel le corps semble
un peu flotter, un costume pas tout à fait ajusté (quelques
plis)... Mais cette rencontre photographique entre notre
président normal et Raymond Depardon est en totale
conformité avec les messages de simplicité, d’humilité
mis en avant en ce début de quinquennat et l’expression
parfaitement maîtrisée d’une communication. »
Thomas Mailaender : « Un résultat banal et bancal »
« Ce matin j’ai entendu Raymond Depardon à la radio
parler de l’exercice difficile du portrait officiel et de sa
solution, de faire poser le Président ‘en mouvement’ pour
un résultat moins figé, plus dynamique. Je pense pouvoir
apporter mon expertise et dire avec certitude que notre
cher Président a fait le bon choix et n’aurait pas dû choisir
un photographe plus jeune. L’arthrose du genou dont
souffre la quasi-totalité des gens de la génération de
Monsieur Depardon, associée ici au viseur de poitrine du
reflex Rollei de Raymond ne peut aboutir qu’à un résultat
banal et bancal. Soit une réponse parfaite au brief
Elyséen ! »
Gilles Favier : « Le Président a l’air d’un Playmobil »
« Comme à l’habitude, j’avoue que j’aurais aimé un vrai
portrait frontal, avec un regard soutenu qui nous parle.
Là le décor est bien trop présent et les drapeaux sur la
façade semblent rajoutés... Au final, le Président à l’air d’un
Playmobil. »
Guillaume Binet : « Le temps suspendu devant un papier
peint »
« Depardon a réussi je trouve à créer un moment, il
a suspendu le temps. Le regard du président décalé
par l’utilisation du Rolleiflex est assez humain. François
Hollande, ses mains un peu en avant, semble basculer
légèrement. Ce moment est donc je trouve l’histoire d’une
rencontre, celle d’un photographe et d’un Président dans
un premier temps, et sera ensuite une rencontre fortuite
qui se reproduira avec les citoyens dans les mairies. Le fond
surexposé et désaturé ressemble à un papier peint, à une
belle perspective à plat, ou à une vue de Versailles
dans une pizzeria. Il est plein de symboles, et malgré la
pelouse non tondue rappelle (avec l’amidonnage de la
tenue) la nécessité des contraintes d’un exercice de style.
Donc après une première surprise finalement ce portrait
me touche. Une rencontre dans une pizzeria. Mais a-t-il
pour vocation de toucher ou doit-il représenter la
fonction ? Je ne sais pas. »
Yann Rabanier : « Une histoire assez douce ... »
« Étonnement à la première observation de ce
portrait présidentiel. Choqué adorablement par tant de
spontanéité. On est loin de la bibliothèque et de ses livres
aux très sérieuses références empiriques. Ici, le petit vent
parisien du 8ème arrondissement invite au casse-dalle
champêtre. Au final, la légèreté présente dans ce portrait
quinquennal est un parti pris assez perspicace. En cette
période de tension étouffante, on a tous besoin d’un bon
grand bol d’oxygène pour respirer. François Hollande
semble proche de son peuple dans cette image. Son
attitude est moins sophistiquée que celle observée dans
les précédents portraits officiels. Il pourrait presque être
en train de marcher vers nous, juste un instant arrêté
pour les besoins d’une photo furtive, il arriverait de cette
demeure « légèrement bourgeoise » en arrière-plan…
Bref, cette image me raconte une histoire assez douce,
rassurante, humaine, sincère (mais cela ne tient qu’à moi
et à mes espérances) et n’est-ce pas cela qu’un spectateur
attend d’une photographie : une histoire et simplement
une histoire ? »
Questions
(extrait de la brochure pédagogique sur Laura Henno)
Le portrait officiel est une tradition ancienne (portraits
de monarques, empereurs, ducs, etc.). Il a peu évolué au
cours du temps et répond à des règles précises (habit de
cérémonie, fond neutre, pose classique, format « portrait
» en hauteur, etc.), puisqu’il rend compte de la fonction,
plus que de l’individu. Depuis 1871, les présidents de
la République ont choisi le portrait photographique et
beaucoup ont fait appel à des photographes célèbres.
Pour chaque portrait, recenser dans un tableau une
description :
• cadrage
• habit, accessoires, décorations, décor
• attitude
et donner une interprétation.
Montrer que le portrait officiel du président de la
République est un élément important qui contribue à
donner une image à la fonction présidentielle et offre des
symboles forts de la République. C’est ce portrait que l’on
retrouve dans de nombreuses administrations et dans les
mairies.
On peut distinguer plusieurs évolutions :
• la disparition de l’image de la fonction officielle pour
mettre en avant un homme (disparition de l’habit de
cérémonie, plans plus rapprochés, regard du président vers
le spectateur)
• la volonté de chaque président d’offrir une image à la
fois personnelle et différente de ses prédécesseurs à partir
de Valéry Giscard d’Estaing
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Rapprochements photographiques
Rineke Dijkstra
Rineke Dijkstra est une photographe, née le 2 juin 1959
à Sittard, dans le Limbourg néerlandais.
Elle habite et travaille à Amsterdam.
Une prise de vue frontale, un sujet le plus souvent cadré
en pieds, un décor minimaliste, à peine suggéré, une mise
à profit de la lumière ambiante complétée par un recours
au flash, une prise de vue sur négatif couleur faite au
moyen d’une chambre photographique, enfin l’adoption
systématique d’un principe de pose où le regard du sujet
se confronte toujours à l’objectif du photographe.
Rineke Dijkstra travaille par séries, qui semblent se
répondre ou se compléter entre elles. Ces portraits sont
d’abord ceux de jeunes adolescents pris sur les plages
de Hollande, de Pologne, d’Ukraine, des États-Unis et
d’Afrique. L’artiste développe par la suite d’autres séries
comme Disco Girls (jeunes filles allant à la discothèque),
Tiegarten (enfants photographiés dans un jardin), Bullfighters (toreros pris juste après un combat), mères venant
d’accoucher avec leurs bébés dans les bras, jeunes gens
photographiés régulièrement de l’enfance à l’âge adulte, un
engagé français ou de jeunes appelés en Israël, garçons et
filles, que l’on voit tour à tour en civil et en tenue militaire.
« Je travaille mes portraits comme des moments
documentaires, et dans chacun de ces moments, je
m’intéresse à l’authenticité et à la singularité du sujet que
je photographie, comment tel individu se différencie de
tel autre. Ce sont toujours les petits détails, un regard, un
geste, qui font la différence et nourrissent ma recherche de
vérité. » (extrait d’un entretien de l’artiste avec Jean-Pierre
Krief)
En effet, Rineke Dijkstra réussit à saisir, avec pourtant les
mêmes techniques que beaucoup d’autres, ce que peu de
photographes sont capables de nous dévoiler : elle montre
avec grâce la vulnérabilité, les corps en transformation, la
recherche d’identité de l’adolescence.
... En développant un style qui lui est propre, où rigueur du
cadre et technique parfaitement maîtrisée sont de mise,
Rineke Dijkstra a su nous toucher dans notre intimité : ses
portraits sont ceux de tout le monde, et de chacun d’entre
nous. Son œuvre impressionne... la pellicule et le spectateur.
Extrait du site Creativ.net
Rineke Dijkstra a donné naissance à une esthétique
photographique particulière où la rigueur du point de vue
et la maîtrise technique concourent à une seule exigence:
atteindre et restituer la singularité du sujet photographié.
C’est d’ailleurs tout le mystère de cette artiste : elle fait des
portraits, comme beaucoup de photographes n’ont jamais
cessé d’en faire, elle maîtrise les procédés techniques qui
sont ceux d’une multitude de professionnels de l’image,
pourtant quelque chose propulse son regard plus loin que
les autres. Dans cette part d’étrangeté dont Baudelaire
disait qu’elle est inséparable de la beauté, un espace
indéfini, où flotte la mise à nu de l’essentiel : la fragilité de la
présence humaine.
Présentation de l’exposition au Jeu de Paume en 2005
Rapprochements photographiques
Laura Henno
Née en 1976, elle vit et travaille à Paris.
Elle est représentée par la galerie les filles du calvaire, Paris.
« Ma recherche photographique porte sur la relation entre
l’individu et le lieu. Celle-ci s’articule autour d’une tension
sur laquelle re-pose la construction de mes photographies.
Je cherche à établir un équilibre fragile qui peut faire
basculer l’image vers quelque chose d’ambigüe, à la fois
intrigant et énigmatique. L’interaction entre la figure et le
lieu, l’inscription de l’individu dans un environnement précis
déterminent ainsi la conception de mes images.
Pour chaque mise en scène, je tente de créer une
atmosphère singulière et captivante qui accordera à
l’image une dynamique propre affirmant son autonomie.
La lumière naturelle enveloppe les modèles, joue du clairobscur et du contre-jour, effleure le vêtement, convoquant
tour à tour le champ pictural ou cinématographique. Les
lieux que je choisis, les décors que je constitue sont sobres,
intemporels et minimalistes, me permettant de focaliser
l’attention sur le sujet.
Le paysage, dans sa relation à l’individu, est au coeur de
mon travail. Il est le lieu où se tissent des rapports subtils
avec la figure. J’exploite son potentiel évocateur, je m’en
sers tel un cadre, un espace de projection qui contribue à
la dimension fictionnelle de l’image. À la fois échappatoire
possible et lieu de perdition, le paysage dans mes
photographies n’offre aux personnages qui s’y arrêtent, qui
les traversent dans leur errance ou leur exploration, aucun
ancrage existentiel, aucun refuge stable, aucun repère
spatial. Le paysage relève ici d’une vision où les choses
ne sont pas simplement ce qu’elles paraissent mais nous
entraînent vers un ailleurs et vers un espace où sourd une
certaine inquiétude. Un sentiment troublant s’immisce en
filigrane entre l’individu et cet environnement naturel étayé
par ce mystère du hors-champ qui suggère que quelque
chose est là, dont nous ne savons rien, qui exerce sur le
personnage une invincible attraction.
Je prélève dans le paysage les quelques éléments les
plus signifiants qui me permettront d’esquisser un décor,
d’immiscer une tension. Un sol terreux, un arrière-plan
feuillu, une zone humide, dessinent un milieu naturel qui ne
dévoile que peu de choses. Rare est la ligne d’horizon et
lorsqu’elle est présente c’est pour mieux se diluer dans la
brume ou dans l’eau accentuant ainsi la perte de repère.
Les intérieurs où je situe mes personnages éludent tout
contexte social ou familial. Je les plonge dans la pénombre
pour mieux mettre en valeur une attitude, un geste, un
regard qui induit une certaine intimité. Je joue sur les
contrastes, j’amène une temporalité plus étirée qui se
confronte à des images saisies sur le vif.
L’élaboration d’un espace fictionnel est l’une de mes
préoccupations. Je cherche à permettre une extension
narrative dans chaque composition. Dans mes images, le
regard s’attarde sur des détails anodins et énigmatiques,
des instants « entre deux » où tout semble arrêté. Il
revient au regardeur de construire ces bribes de récits,
de les étayer de leurs hypothèses. Les personnes que
je photographie deviennent ainsi les personnages d’une
fiction indéfinissable. Misant davantage sur l’ellipse, plutôt
que sur des scénarios identifiables, chacune de mes
images est suspendue telle une bulle spatio-temporelle
fonctionnant sur elle-même. Tout l’enjeu de ma mise
en scène réside sur cette frontière entre le suggéré et
l’évident.
Les jeunes que je photographie ne sont pas des
comédiens. Je ne leur demande aucun jeu de rôle, aucune
interprétation. Je cherche à établir un contexte qui les
amènera à bâtir dans l’image même, leur relation à
l’environnement. Lors de la prise de vue, je joue sur leur
hypersensibilité, sur cette prise de contact avec un lieu qui
leur est inconnu. Je m’appuie à la fois sur une forme de
proximité et une mise à distance qui prolonge leurs doutes
et les projette dans cet entre-deux sur lequel repose
l’image. L’adolescence m’intéresse particulièrement parce
qu’elle est ce moment transitoire empreint d’incertitude
et d’une grande intensité émotionnelle qui donne corps
à mes personnages. Ceux-ci semblent dans l’attente,
suspendus dans un interstice mouvant. C’est cet instant
fugace que je cherche à capter chez les personnes que
je photographie et qui rend possible ce prolongement
narratif, ce basculement vers la fiction qui m’intéresse.
Peu de choses transparaissent d’eux hormis le sentiment
troublant, de quelque chose d’insaisissable planant sur ces
êtres. Le mystère peut être des êtres et des lieux qui me
captive et que je cherche à rendre palpable. »
Laura Henno
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Rapprochements photographiques
Jonathan Torgovnik
Né en 1969 en Israël.
Vit et travaille au Cap, Afrique du Sud.
À propos de la série Intended conséquences
« Intended Consequences (Conséquences attendues) est
une série de portraits réalisés au Rwanda sur des femmes
ayant subi des violences sexuelles pendant le génocide,
et des enfants nés de ces violences. Pendant trois ans, j’ai
voyagé à plusieurs reprises au Rwanda pour photographier,
interviewer et révéler les détails de ces crimes odieux,
perpétrés sur les mères de ces enfants. Beaucoup d’entre
elles ont contracté le VIH de ces hommes issus de milices
et ont eu, pendant très longtemps, de grandes difficultés
à parler de ces expériences, tues par la honte des viols et
le fait de porter les enfants de rapports non choisis, alors
même que les pères étaient souvent la cause du décès de
tout le reste de leurs familles.
Toutes les rencontres présentées dans cette exposition ont
eu lieu dans le secret des maisons de ces femmes. Il m’était
impossible de me préparer à ce que j’allais entendre.
Pour la plupart d’entre elles, c’était la première fois
qu’elles exprimaient ce qu’elles avaient ressenti, pourtant
avec chaque interview, elles partageaient avec moi des
détails intimes liés à leur souffrance, leur isolement et les
challenges de la vie quotidienne auxquels elle continuaient
de faire face comme autant de conséquences directes de
la violence qu’elles ont subi.
Ces mères ont survécu aux tortures les plus terribles
et en ressentent encore aujourd’hui les traumatismes.
Malheureusement, au Congo (RDC), au Darfour et
dans le reste du monde, les victimes de violences sexuelles
font face au même genre de challenges chaque jour. Mon
plus grand espoir est que les gens, après avoir lu ces
histoires et en visionnant les portraits de ces femmes et
enfants, choisissent d’oeuvrer à s’assurer que de tels actes
de violence ne se produisent plus jamais et d’offrir à ces
femmes des jours meilleurs. »
Jonathan Torgovnik
Bibliographie sélective
au centre d’art
Livres de Charles Fréger
Portraits photographiques et
uniformes
Charles Fréger
Préface de Philippe Arbaizar
co-édition avec la Société
Française de Photographie.
Éditions 779
2001.
Majorettes
Charles Fréger
Auteur des textes : Didier Mouchel
Éditions Léo Scheer / Mep
2002
Légionnaires
Charles Fréger
Auteur des textes : Raphaëlle
Stopin
Éditions 779 / / Château d’eau
2002
Donneurs
Charles Fréger
Préface de Pierre Etschegoyan.
Ponctuation éditeur Nantes
2002
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Bleus de travail
Charles Fréger
Auteur/s des textes : Didier
Mouchel/Charles Arthur Boyer
Éditions POC
2003
Steps
Charles Fréger
Auteur des textes :
Rosa Liksom
Éditions Le Point du
Jour / POC
2003
Rikishi
Charles Fréger
Auteur des textes : Chihiri Minato
Éditions POC
2004
2 Nelson
Charles Fréger
Auteur des textes : Bill
Kouwenhoven
Éditions POC
2005
Sélection en rapport avec le portrait
Le Plus Bel Âge
Collectif
Auteur des textes : Agnès de
Gouvion Saint Cyr
Les Éditions de Panama
Lux
Charles Fréger
Auteur des textes : Stephane Bern
MUDAM, Luxembourg
2005
Balogh ; Bamberger; Bouvet; Brotherus
; Bustamante ; Caron; Closky ; Coulon
; Darzacq; Dijkstra; Ellena ; Garcia ;
Gysemberg ; Herbaut ; Kim ; Lafontaine ;
Larrayadieu ; Leccia ; Ouka Lele ; Locatelli
; Maître ; Moukhin ; Mthethwa ; Nègre
; Parr ; Rosenfeld ; Streuli ; Tourneboeuf ;
Van Der Stock ; Vivier; Wilson.
2008
Des visages
Bernard Joseph
Éditions CRP Nord-Pas-de-Calis
1998
Empire
Charles Fréger
Auteurs des textes : Prosper
Keating/Charles Fréger
Éditions Kehrer Verlag Heidelberg
2010
Wilder Mann ou la figure du sauvage
Charles Fréger
Auteur/s des textes : Collectif
Éditions Thames & Hudson
2012
Deutshe in Uniform
Tim Rautert
Auteur des textes : Wolfgang
Brückle
Éditions Steidl
2006
De l’Europe
Collectif
Auteur/s des textes : collectif
Éditions CNA / Filigranes
2007
Doubles vies
Marc Solal
Auteur/s des textes : Marc Solal
Éditions Le Point du Jour
2003
Biographie de Charles Fréger
Né en 1975, Charles Fréger est diplômé des beaux-arts
de Rouen. Il se consacre à la représentation poétique et
anthropologique des groupes sociaux tels que les sportifs,
les écoliers, les militaires, etc. Ses travaux proposent une
réflexion sur l’image de la jeunesse contemporaine.
Fondateur du réseau Piece of Cake (www.pocproject.com)
et de la maison d’édition POC.
Diplômé de l’école Régionale des Beaux-arts de Rouen,
juin 2000
Séries photographiques
« Portraits photographiques et uniformes » :
Réalisation de portraits dans des structures collectives
impliquant le port d’une tenue vestimentaire uniforme:
majorettes, légionnaires, lutteurs de sumo, ouvriers,
élèves d’école techniques, cadets de la marine, patineuses
synchronisées...
« Faire face », mai 1999, « Clubs », juillet 1999
Portraits de jeunes individus portant différents types
d’uniformes (armée de l’air, majorettes, Scouts de France,
supporters de football)
« Protocole, octobre 1999
Portraits de jeunes volontaires d’une clinique
pharmaceutique réalisés lors d’un protocole médical.
« 3741, les tabliers », décembre1999
Portraits de travailleurs à la chaîne dans un atelier
d’assemblage d’une usine de moteurs.
« Majorettes » février 2000 - juillet 2001
Portraits de l’ensemble des majorettes du Nord-Pas-deCalais.
« Water-polo », mars 2000
Portraits de nageurs après l’entraînement.
« Pattes blanches », mai 2000
Portraits d’élèves en blouse blanche de l’école nationale
d’industrie laitière de Poligny (Jura).
« Miss », août 2000
Portraits d’une sélection de Miss avant élection lors d’un
concours de beauté.
« Notre-Dame », novembre - décembre 2000
Portraits d’élèves dans une école catholique anglaise à
Norwich.
« Camouflages », janvier 2001
Portraits de jeunes engagés dans un régiment d’artillerie
marine.
« Merisotakoulu », janvier 2002-janvier 2003
Portraits de jeunes marins finlandais.
« Sihuhu », août 2002
Portraits des pionniers du train de Budapest.
« Les hommes verts », mars 2002 - avril 2003
Portraits des balayeurs de la ville de Paris.
« Bleus de travail », janvier 2002 - mai 2003
Portraits d’élèves en écoles techniques.
« Trampoline », avril 2003
Portraits de gymnastes dans un club de trampoline.
« Rikishi », février 2002 – septembre 2003
Portraits de jeunes lutteurs de sumo.
« Itzas’ », février 2004
Portraits de la population Itza’s du Guatemala..
« Penitentes », avril 2004
Portraits des penitents de Sevilles
« 2NELSON », mai 2004
Autour de la lutte greco-romaine, Clermont-Ferrand
« Menti », avril 2004
Portraits à l’école de Police de Moscou.
« Ti tu », février 2005
Portraits de bonzes au Vietnam
« Opera », avril 2005
Portraits à l’école de l’Opéra de Pékin
« Maul », juin 2005
Portraits de jeunes rugbymen
« Umwana », juin 2005
Portraits de jeunes orphelins, Rwanda
« Empire », 2004 - 2006
Portraits des gardes royaux, républicains et princiers
d’Europe
« Seijinshiki », 2007
Portraits de jeunes filles après la cérémonie du Seijinshiki.
« Hereros/ Himbas », 2007
Portraits dans les communauté Hereros et Himbas de
Namibie.
« Vis voluntatis » : (de la devise : vis voluntatis, eo solus
intra circulum – moi, désir j’entre seul dans le cercle).
Série de projet (Photographie, peinture, collages, design)
sur l’entrée dans plusieurs communautés, basé sur
autoportraits, performances et happenings impliquant une
négociation avec le groupe.
« Otjiserandu », 2007
Maquillage dans la communauté Himbas, Namibie.
« Liteau », février - avril 2001
Portraits de futurs chefs, cuisiniers, serveurs et sommeliers.
« Bi Yan », 2007
Tenue et maquillage à l’école de l’Opéra de Pékin.
« Sages-femmes », mars - juin 2001
Portraits d’élèves sages-femmes de la maternité de Rouen.
« Fantasias », 2008
Danseuses brésiliennes
« Légionnaires », septembre 2000 – juillet 2001 Portraits
de jeunes légionnaires et de pionniers
« Short school haka », 2009
Elèves d’une école maori en Nouvelle-Zélande
« Steps », août 2001 - février 2002
Portraits de patineuses synchronisées à Helsinki.
« Sikh Regiment of India », 2010
Soldats indiens d’origine sikh
« Glögg », décembre 2001
Portraits pendant la Sainte-Lucie dans un lycée de la
banlieue de Stockholm.
« Wilder mann », 2010-2011
Groupes d’« hommes sauvages » de différents pays
d’Europe
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Commandes photographiques
Caisse des Dépôts et Consignations / Pôle Image HauteNormandie
Bleus de travail — mai 2002 - juin 2003
Commande de portraits d’élèves portant le bleu de travail
dans des centres de formation professionnels de la région
Normandie.
Ville de Ferrare
Palio — mai 2001 - juin 2002
Commande de jeunes habitants de Ferrare pendant le
Palio de Ferrare.
Centre photographique de Cherbourg-Octeville
L’arsenal — août – septembre 2002.
Commande d’une série de portraits dans le cadre de
l’Arsenal de Cherbourg.
Festival des Arts de la mode de Hyères
Trampoline — Avril 2003.
Commande d’une série de portraits de gymnastes dans un
club de Trampoline.
Festival international de la Mode de Singapour
Face of the future — Mars 2002
Commande de portraits dans diverses communautés de
Singapour
Boston Consulting group
Matière grise — Juin 2003
Commande d’une série de portraits de Consultants
Festival photographique de Clermont Ferrand
Double Nelson — mars 2004
Commande d’une série sur un club de lutte de ClermontFerrand
Musée d’art moderne de Luxembourg.
LUX — mars 2002 - juin 2005
Commande d’une série de portraits de la jeunesse
luxembourgeoise.
Expositions
2012
Le Point du Jour, Cherbourg-Octeville
Vasco Museum, Bilbao
2011
Fotohof, Salzburg, Austria
Paris photo, MEM gallery
FIAC, Paris, Galerie Kicken
Frac Basse-Normandie,Caen
Bunkier Sztuki, Cracaw
Indian Art Summit
2010
CRAC Alsace
Festival Planche contact, Deauville
Matthieu Foss Gallery, Mumbai
Seoul Museum of Art
Art Amsterdam
Musée des terre-neuvas, Fécamp
Galerie Nouvelles Images, Den Haag, Nederland
Madrid photo fair, Ego galeria
Fotodok festival, Utrecht
Short School Haka 39, de la série « Short School Haka», 2009
2009
Maison des Arts, Evreux
Caption Gallery, New York
Berliner liste (Ego Galeria)
Journées photographiques de Bienne
Kunshalle Wien, Austria
Dress code, ISELP, Bruxelles
Vienna fair, Momentum
Madrid photo fair
Galerie Momentum, Wien
« Hors jeu », Espace culturel Francois Mitterand, Beauvais
2008
Le Point du Jour, Cherbourg-Octeville
In fashion photo fair, Miami 6
Paris photo fair, Paris
Sungkok Art Museum, Seoul
Villa Noailles, Hyères
Atelier De Visu, Marseille
Galerie des filles du calvaire, Bruxelles
MEM gallery, Osaka
Rencontres internationales d’Arles
Parcours St Germain, Paris
Festival Transphotographiques, Lille
Musée des Beaux-Arts, St Lo, France
Art Bruxelles, Galeries des filles du Calvaire
Tokyo Artfair, MEM Gallery
Galerie Nouvelles Images,
Den Haag
Kasseler KunstVerein, Kassel
ARCO, Madrid. Galerie Kicken
Museum of Contemporary
Art, Shanghai
2007
Galerie Ronmandos, Amsterdam
Kunsthalle, Liestal (S)
Dorottya
Galeria/Ernstmuseum, Budapest
Galeries Les filles du Calvaire, Bruxelles
Art Amsterdam - Galerie
Nouvelles Images
Art Chicago, Stephen Daiter Gallery
Tokyo Art fair, MEM Gallery
Centro Internazionale di Fotografia
Koninklijk Atheneum Berchem, Antwerpen
Galerie des filles du calvaire, Paris
POC Workshop at the Photomuseum of Antwerpen
Symposium at the Kyoto University of Art and Design
Lecture at the School of Photographic Expression, Osaka
Lecture at the Kyoto University of Art and Design
Expo CLINIC, Pole image H.N Rouen
Éditions
2006
Art Basel, Miami beach (Kicken gallery)
Paris photo fair (Filles du Calvaire)
Galerie Nouvelles Images, Den Haag
Museum of Modern Art (MUDAM) Luxembourg
POC show, Alone Together.
Galerie Nouvelles Images, Den Haag
ART BASEL, Kicken Gallery
Stephen Daiter Gallery, Chicago
The Prague Contemporary
Art Festival, Nova Sin
Kunsthalle, Erfurt, Germany
Art Brussel, Kicken Gallery
Aipad, NY, Kicken Gallery
Donneurs
Livre regroupant 40 portraits d’ouvriers des usines Arcelor.
Préface de Pierre Etschegoyan.
Ponctuation éditeur - Nantes. Octobre 2002.
2005
Miami Art fair, Kicken Gallery
Paris photo fair, Galerie
Les filles du Calvaire
La halle, Pont-en-Royan
Kicken gallery, Berlin
Photo festival of Breda, Holland
ART BASEL, Kicken gallery
Museo nacional de artes visuales, Montevideo
Moving Gallery, Spazi
Multipli Gallery, Roma
Fine Art Museum, Shanghai
Museo de arte moderno de Buenos Aires
Armory show, New York, Kicken Gallery
Musée des beaux-arts de
Clermont-Ferrand
Johnnie Walker»s Art, Tokyo
Yokohama Museum of Art
Galerie Nouvelles Images,
Den Haag
Bleus de travail
Livre regroupant 70 portraits d’apprentis en école
technique française Texte de Charles-Arthur Boyer
POC éditions, Rouen – Septembre 2003
2004
Art Basel, Miami
Centro Cultural Mattucana
100, Santiago de Chili
Musée de l’Elysée, Lausanne
Culturguest, Lisbonne , 2004
Galerie Nouvelles Images, La Hayes 2
L’imagerie, Lannion
Estivales photographiques,
Hayward gallery, London
Portraits photographiques et uniformes
Livre publié en co-édition avec la Société Française de
Photographie.
Préface de Philippe Arbaizar, responsable de la
photographie du Xxe siècle au Cabinet des Estampes et
de la Photographie à la Bibliothèque Nationale de France.
Editions 779 - Paris. Juin 2001.
Majorettes
Livre regroupant 140 portraits de la série Majorettes.
Préface de Didier Mouchel, directeur de la galerie
photographique du Pole Image de Haute Normandie.
Editions Léo Scheer - Paris. Janvier 2002.
Légionnaires
Livre regroupant 70 portraits de la séries Légionnaires .
Préface de Raphaëlle Stopin.
Editions 779/Château d’eau - Paris. Septembre 2002.
Steps
Livre regroupant 60 portraits de patineuses synchronisée
finlandaise Texte de Rosa Liksom
Le point du jour éditeur/ POC éditions – Cherbourg.
Décembre 2002
Le froid, le gel, l’image : Merisotakoulu
Livre regroupant 35 portraits de cadets de l’école de
Marine finlandaise
Texte de Jean-Paul Curnier Editions Léo Scheer, Paris –
Octobre 2003
Rikishi
Livre regroupant 100 portraits de lutteurs de sumo au
Japon Texte de Chihiro Minato
POC éditions, Rouen – Janvier 2005
2 NELSON
Livre regroupant 35 images de lutte gréco-romaine Texte
de Bill Kouwenhoven
POC éditions, Rouen – Mars 2005
LUX
Livre regroupant 108 portraits de jeunes luxembourgeois
Texte de Stephane Bern
MUDAM, Luxembourg – Mai 2005
EMPIRE
Livre regroupant 150 portraits des gardes royaux,
républicains et princiers d’Europe
Texte Prosper Keating/Charles Fréger
Éditions Kehrer Verlag Heidelberg - 2010
Wilder Mann ou la figure du sauvage
Livre regroupant des portraits d’hommes qui, le temps
d’une mascarade multiséculaire, entrent littéralement dans
la peau du « sauvage ».
Éditions Thames & Hudson - 2012
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur
Bibliographie et sitographie
Michel Poivert, La photographie contemporaine,
Flammarion / Cnap, 2002
Vous pouvez consulter la brochure pédagogique sur
l’exposition «Noir et blanc» de Patrick Faigenbaum
Exposition
La brochure pédagogique sur l’exposition Laura Henno à
image/imatge, Orthez en 2011
André Rouillé, La photographie, Collection Folio, Essais,
Éditions Gallimard, 2005
Ouvrages spécifiques sur le portrait photographique
Sylvie Aubenas-Anne Biroleau, Portraits/Visages, 18532003, Éditions Bibliothèque Nationale de France/Gallimard,
2003
Jean-Christophe Bailly L’apostrophe muette, essai sur les
portraits du Fayoum, Éditions Hazan, 2005
Dominique Baqué, Visages, du masque grec à la greffe du
visage, Éditions Regard, 200
William Ewing, Faire faces. Le nouveau portrait
photographique, Éditions Actes Sud, 2006 . Michel Frizot,
Serge July et ali , Identités
De Disdéri au Photomaton, CNP Collection Photocopies,
1985
Hubert Haddad, Du visage et autres abîmes, Éditions
Zulma, 1999
Jean-Marc Huitorel, Michel Onfray et Alii, Danse
macabre,Éditions ARDI / Le Triangle, 1993
Max Kozloff, Le jeu du visage - Le portrait photographique
depuis 1900, Éditions Phaidon, 2008
David Le Breton, Des visages. Essai d’anthropologie,
Collection « Suites Sciences Humaines », Éditions AnneMarie Métailié, 2003
Ouvrages généraux
Dominique Baqué, Photographie plasticienne. L’extrême
contemporain, Le Regard, 2004
Roland Barthes, La chambre claire, Collection Cahiers du
cinéma, Éditions Gallimard, 1980
Christian Bouqueret, Histoire de la photographie en
images, Éditions Marval, 2001
Ferrante Ferranti, Lire la photographie, Éditions BREAL,
2003
Anne-Marie Garat, Françoise Parfait, La petite fabrique de
l’image, Éditions Magnard, 2004
Christian Gattinoni, La photographie en France 1970-2005,
Éditions CultureFrance/La documentation française, 2006
Christian Gattinoni et Yannick Vigouroux, La photographie
contemporaine, Collection Tableaux Choisis, Éditions Scala,
2004
Brigitte Govignon, La petite encyclopédie de la
photographie, Éditions La Martinière, 2004
Thomas Lélu, Manuel de la photo ratée, Éditions Léo
Scheer, 2007
Louis Mesplé, L’aventure de la photo contemporaine de
1945 à nos jours, Éditions du Chêne Hachette Livre, 2006
François Soulages, Esthétique de la photographie. La perte et
le reste, Armand Colin, 2005
Yannick Vigouroux et Jean-Marie Baldner, Les pratiques
pauvres. Du sténopé au téléphone mobile, Éditions ISTHME/
CRDP Créteil
Dictionnaire de la photo, Collection In extenso, Éditions
Larousse, 2001
Qu’est-ce que la photographie aujourd’hui ?, Beaux Arts
éditions, 2007
Sitographie
Consulter l’incontournable site de la BNF sur le portrait
http://classes.bnf.fr/portrait/
Sites généralistes :
Les Rencontres Photographiques (Arles)
Cnap.fr
Mep-fr.org
Jeudepaume.org
Lebleuduciel.net
Centredelimage.com
Lacritique.org
Panoplie.org
Paris-art.com
Photographie.com
Purpose.fr
Visuelimage.com
Afriphoto.com >
Sites spécifiques
Lemensuel.net
Arhv.lhivic.org
Lettres.ac-versailles.fr
Cnac-gp.fr
Des clics & des classes
Crdp-limousin.fr
Pedagogie.ac-nantes.fr (Espace Pédagogique approches
de l’ombre)
Centre Pompidou - Dossiers pédagogiques en ligne
La couleur - 2011
Les nouveaux médias - 2011
Le film - 2010
La subversion des images - 2009
Expérimentations photographiques en Europe. De 1920 à
nos jours - pdf 16p - 2008
Tendance de la photographie contemporaine - 2007
Son et lumière - une histoire du son dans l’art du 20 eme
siècle - 2005
Le mouvement des images - pdf 17p - 2006
Jean-Luc Godard - 2006
Luis Bunuel - Un chien andalou - 2005
Sophie Calle - 2004
Statut et pouvoir du narrateur - 2003
Roland Barthes - 2002
Un centre d’art, tourné vers
la photographie qui associe
expositions, édition, résidences et
formation.
Le Point du Jour, inauguré en novembre 2008, est le premier
centre d’art / éditeur en France tourné vers la photographie.
Adresse et informations
Le Point du Jour
Centre d’art/éditeur
107, avenue de Paris
50100 Cherbourg-Octeville
Tél. 02 33 22 99 23
www.lepointdujour.eu
Le bâtiment a été conçu par Éric Lapierre, lauréat du Prix de la
première œuvre en 2003, décerné au meilleur jeune architecte
français.
Contact : Anne Gilles
[email protected]
Codirigé par Béatrice Didier, David Barriet et David Benassayag,
Le Point du Jour est issu de l’activité, durant une dizaine d’années,
de la maison d’édition du même nom et du Centre régional de la
photographie de Cherbourg-Octeville.
Service éducatif
Quatre expositions sont proposées par an : l’une concerne la
région, deux présentent des artistes contemporains et la dernière
est consacrée à un photographe du passé.
Le Point du Jour publie parallèlement trois ouvrages, liés aux
expositions ou essais concernant la photographie.
Régulièrement, des artistes sont invités à réaliser un travail
photographique dans la région, suivi le plus souvent d’une
exposition et d’un livre.
Enfin, Le Point du Jour organise avec le soutien de la Fondation
Neuflize Vie, le Prix Roland Barthes. Ce prix récompense des
travaux de jeunes universitaires sur la photographie.
La bibliothèque réunit près de deux mille ouvrages concernant la
photographie. Elle accueille aussi régulièrement des conférences
et des rencontres.
Des visites et des formations sont organisées, notamment à
destination des enseignants, tout au long de l’année.
Textes rassemblés et conception : Denis Tessier
Denis Tessier
t. 02 33 22 99 23
f. 02 33 22 96 66
[email protected]
Permanence le jeudi
de 13h à 17h
et sur rendez-vous
Horaires d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 14 h à 18h
Samedi et dimanche de 11h à 19h
et sur rendez-vous
Actualité
Autour de l’exposition
Tous les livres de Charles Fréger seront consultables et /
ou proposés à la vente.
Des projections et des rencontres ponctueront
l’exposition.
Rencontre avec Charles Fréger
Dimanche 23 septembre à 15h
Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur

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