Charles Fréger Seconde peau
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Charles Fréger Seconde peau
Dossier enseignants Charles Fréger Seconde peau Portraits photographiques et uniformes Du 23 septembre 2012 au 3 février 2013 Charles Fréger, Reflexos da natureze, de la série « Fantasias », 2008 Présentation Très tôt, encore étudiant dans une école d’art, Charles Fréger commence à photographier des jeunes gens appartenant à des groupes qui impliquent le port d’une tenue vestimentaire spécifique, généralement uniforme. Il n’a pas cessé depuis, accumulant les équipes sportives, les régiments militaires et divers groupes, à travers le monde. Ce sont toujours de portraits posés, frontaux, dans lesquels les personnages apparaissent au centre de l’image. Ainsi s’établit une équivalence entre un sujet et la manière de le représenter : le sous-titre de chacune des séries de Fréger, « Portraits photographiques et uniformes », désigne autant des personnes habillées de manière semblable que des images réalisées dans le même style. La nature systématique de ce travail, la stricte délimitation de son sujet et sa forme objective l’apparentent aux diverses entreprises de recensement des individus par la photographie. Les images de Charles Fréger peuvent évoquer des portraits d’identité par lesquels on répertorie les membres d’un groupe, les images ethnographiques qui montrent les costumes d’une tribu, les enquêtes documentaires consacrées à telle ou telle population. Le projet a quelque chose d’encyclopédique ; ayant choisi un domaine, le photographe cherche, enregistre, classe sans fin. Le livre, dans cette perspective, est essentiel au travail de Charles Fréger. Son dernier ouvrage Wilder Mann (Thames & Hudson, 2012) est presque l’étude raisonnée d’un phénomène anthropologique : les costumes d’« hommes sauvages » revêtus par des groupes de différents pays d’Europe au cours de mascarades ancestrales. Cependant, les groupes sociaux photographiés par Charles Fréger se définissent d’eux-mêmes par une seule caractéristique, leur vêtement, précisément fait pour être reconnu, si ce n’est exhibé. Le photographe apporte nécessairement des informations factuelles sur ceux qu’ils photographient, mais il ne va pas au-delà de ce qu’ils lui donnent à voir. La neutralité photographique ne définit pas arbitrairement un objet sur lequel il s’agirait d’apporter des informations. Elle rencontre plutôt la neutralité que le sujet lui-même, à travers l’uniforme a choisi d’adopter. C’est un étrange jeu de miroirs dans lequel le modèle et le photographe se confondent jusqu’à disparaître. L’ensemble des Winner face (« visage vainqueur ») extrait de la série des patineuses finlandaises « Steps » (20012002) pousse à l’extrême cette identification. Un cadre, un format, un éclairage et un fond identiques montrent des jeunes femmes costumées, coiffées et maquillées de la même façon qui regardent toutes vers l’extérieur de l’image. La contrainte formelle reflète la rigidité des corps. Le mécanisme de l’appareil photographique reproduit des expressions mécaniques. C’est l’aspect « images d’épinal » du travail de Charles Fréger. Ses photographies apparaissent comme des représentations toutes faites, flirtant parfois avec la propagande ou la publicité. L’uniforme met en tension l’être et le paraître : dans quelle Winner face 2, de la série « Steps », 2001-2002 mesure est-on ce qu’on semble être, dans quelle mesure s’identifie-t-on au rôle qu’on s’est choisi ? Les images de Charles Fréger montrent le semblable, tout en pointant la différence. Chaque « portrait uniforme » est une pièce unique. En effet, le groupe par nature induit des distinctions. L’expression Winner face est celle requise, face au jury, durant les compétitions : en se conformant à des règles, on s’excepte. Dans le livre Steps (Le Point du Jour / POC, 2003), le texte de la romancière Rosa Linksom est un récit de vie à la première personne d’une jeune patineuse. Chaque joueur dans une équipe occupe une place ; chaque comédien dans le théâtre traditionnel joue un personnage déterminé. Il reprend un rôle et l’incarne. Ainsi, peuvent être exposés, seuls, le jeune goal de la série « Water polo » (2000) ou une jeune actrice de la série « Opera » (2005). Charles Fréger est alors dans la position traditionnelle du peintre de portraits officiels. À travers les costumes et les attitudes codés qui définissent une fonction ou un rang, c’est un individu qui apparaît. Et de même que le choix d’un uniforme peut exprimer une capacité singulière, un parti pris d’objectivité peut faire l’acuité d’un regard. Plus qu’un simple inventaire, il s’agit d’un ensemble dont la cohérence autorise des variations. Dans les images présentées de la série « Majorettes » (2000-2001), non seulement les costumes changent mais également le nombre des personnages, les distances et les fonds. De manière semblable, les militaires de la série « Empire » sont photographiés en pied, à cheval, de face et de profil. Ils diffèrent et se ressemblent. Chacun de ces régiments possède des tenues, des usages et, souvent, une devise qui Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur les distinguent au sein même des armées nationales. En endossant leur uniforme, l’individu se charge d’une tradition. Dans la série des « Rikishi » (2002-2003), lutteurs de sumo, l’uniforme se réduit à une ceinture mais la discipline traditionnelle va jusqu’à façonner les corps, de l’enfance à l’âge adulte. La durée de l’existence humaine épouse une histoire multiséculaire. Parfois, la superposition des temps produit d’étranges croisements. Les « Hereros » (2007), communauté de Namibie, continuent de porter d’anciens costumes hérités du colonisateur. Les soldats du « Sikh Regiment of India » (2010) associent le turban traditionnel et l’uniforme britannique tandis que de jeunes maoris, ayant des tatouages rituels maquillés sur le visage, sont habillés en college boy dans la série « Short school haka » (2009). L’uniforme est toujours une création qui permet la fusion d’éléments hétérogènes. D’ordre culturel, celle-ci brouille même parfois la distinction entre nature et culture. Dans la série « Fantasias » (2008), des danseuses brésiliennes sont transformées par leur tenue de carnaval en gigantesques oiseaux. Les « Wilder mann » portent des costumes mêlant objets manufacturés, matières végétales et poils d’animaux. Photographiées dans des paysages naturels, ces figures hybrides sont à la lisière du sauvage et du civilisé mais aussi du masculin et du féminin, de la vie et de la mort. Ce qui intéresse Charles Fréger est moins l’uniforme que la dialectique qu’il met en œuvre. Comment un individu, en s’effaçant, s’affirme. Comment un esprit collectif s’incarne dans des corps. Comment l’ordre autorise la transgression. Face à ses modèles, le photographe est, comme eux, à la fois passif et actif. D’un côté, il montre ces personnes en uniformes exactement comme elles souhaitent être vues: l’appareil enregistre une apparence. De l’autre, il colle de si près à cette apparence qu’il la transfigure. Radicalisant certaines attitudes normées, en portant les représentations au second degré, il les rend extraordinaires. À force de précision, chaque détail s’autonomise, les figures se métamorphosent. Les patineuses sont tellement corsetées qu’elles en deviennent martiales. Les militaires sont apprêtés comme dans des robes de bal. L’héroïque touche au grotesque, la perfection au monstrueux. Ainsi, atteint-on une espèce de réalisme fantastique. Ces images ont le caractère obsessionnel des collections enfantines. Les militaires sont alignés comme des soldats de plomb dans un catalogue ; les sportifs ressemblent aux vignettes des albums. La neutralité rend possible une projection imaginaire. Mais la fabulation est ici contrôlée. Un désir d’ordre est à l’œuvre, d’autant plus puissant qu’il est travaillé par des pulsions destructrices. Le groupe induit, sous-entend le combat. L’uniforme, et les règles qu’il implique, ritualisent la violence, l’organisent pour lui permettre de s’exprimer. On comprend dès lors qu’il n’est pas un simple déguisement. Il produit ses effets tant sur l’esprit que sur le corps. L’uniforme est une réalité concrète. Il a une matière, un poids particuliers. Lourd ou léger, il doit être porté. Le combat, si l’on peut dire, s’intériorise. On se construit contre soi-même ; se dépasser est un sacrifice. De même qu’il est difficile de concevoir quelles épreuves masquent la belle tenue des militaires et des sportifs, on ne pense pas, en regardant les images de Fréger, à ce qu’il a fallu d’acharnement pour les obtenir. Chaque série est une épreuve qui requiert audace et méthode. Les groupes ont leurs usages propres, leurs lieux réservés, une intimité qu’il faut pénétrer. Le photographe doit se faire accepter. Chaque ensemble naît d’un processus d’intégration. Pourtant, à un groupe succède un groupe, Charles Fréger les traverse sans s’y arrêter, les séries s’enchaînent ; comme une tentative toujours reprise d’appartenir sans faire partie, de tenir l’autre à distance tout en recherchant des alter ego. Autant que le désir, la peur et l’échec nécessaire alimentent la quête. Deux regards communiquent sans se toucher. La photographie permet de s’approcher au plus près, mais constitue une limite infranchissable. Il y a quelques années, Charles Fréger est passé de l’autre côté du miroir. Il a créé son propre uniforme inspiré par ceux de régiments photographiés dans « Empire ». Les éléments qui le composent sont originaux mais reprennent des formes et des matériaux traditionnels – un bonnet à poils d’ours blanc, un kilt au tartan assymétrique… « Ma garde » a pour devise Vis voluntatis, eo solus intra circulum (« Par la force du désir, j’entre seul dans le cercle »).Désormais, lors de certaines de ses expositions, le photographe s’expose en uniforme, avec un autre garde anonyme, au regard des visiteurs. L’uniforme colle au corps, comme la forme tient au fond. L’image elle-même est une seconde peau. Evzones 5, de la série « Empire », 2004-2006 L’exposition L’exposition réunit quatre-vingt tirages en couleur de différents formats. Elle propose un aperçu significatif du travail de Charles Fréger au cours de ces dix dernières années. Les œuvres présentées sont extraites des séries suivantes : « Water polo », 2000 Nageurs de Haute-Normandie « Majorettes », 2000-2001 Majorettes du Nord–Pas-de-Calais « Steps », 2001-2002 Patineuses synchronisées finlandaises « Rikishi », 2002-2003 Lutteurs de sumo japonais « Penitente », 2004 Pénitents catholiques lors de la semaine sainte à Séville « Opera », 2005 Elèves de l’Opéra de Pékin « Empire », 2004-2006 Gardes royaux, républicains et princiers d’Europe « Hereros », 2007 Membres de la communauté Herero en Namibie Rikishi 5, de la série « Rikishi », 2002-2003 « Fantasias », 2008 Danseuses brésiliennes « Short school haka », 2009 Elèves d’une école maori en Nouvelle-Zélande « Sikh Regiment of India », 2010 Soldats indiens d’origine sikh « Wilder mann », 2010-2011 Groupes d’« hommes sauvages » de différents pays d’Europe Présentation de l’artiste Né en 1975, Charles Fréger vit à Rouen où il a étudié à l’école des Beaux-Arts. Depuis 1999, il a produit plus de quarante séries de « Portraits photographiques et uniformes » dans différents pays, à son initiative ou en répondant à des commandes. À l’invitation du Point du Jour, il a photographié en 2002 des marins et des ouvriers de l’Arsenal de Cherbourg. Depuis 2007, il réalise parallèlement des projets, impliquant un groupe, qui associent la mise en scène, le design et le vêtement. Charles Fréger a notamment publié Légionnaires (779 / Le Château d’eau, 2002), Steps (Le Point du Jour / POC, 2003), Empire (Kerher / Thames & Hudson, 2010) et Wilder mann ou la figure du sauvage (Kerher / Thames & Hudson, 2012). Parmi ses expositions récentes : Seoul Museum of Art (2010), Fotohof, Salzbourg (2011), Vasco Museum, Bilbao (2012). Sauvage, Le Noirmont, Suisse, de la série « Wilder Mann » , 2010 Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Quelques pistes pédagogiques « Avec ses portraits photographiques et uniformes, Charles Fréger poursuit, depuis 1999, une sorte d’inventaire informel des tenues consacrées par différents groupes sociaux qu’ils soient sportifs, apprentis, étudiants, militaires ou simplement pairs et amis... Cette dialectique qui lie protocole et socialisation, apparat et individualité, trouve avec « Empire », après notamment « Majorettes » en 2002, les lutteurs de sumo de « Rikishi » en 2003 et les jeunes acteurs de l’Opéra de Pékin en 2005, toute sa justification tant l’accumulation ciblée des visages, des vêtements, des poses et des décors, constitue au final autant d’inventaires subjectifs et poétiques de notre humaine condition. » À partir de citations, la présente brochure propose de travailler les notions suivantes : Le protocole de prise de vue et le « protocole » de l’uniforme L’apparat de l’uniforme et l’individualité du modèle Portrait de groupe ? Portrait individuel ? La question du portrait officiel En référence aux programmes suivants (liste indicative) Arts visuels en primaire : conjuguant pratiques diversifiées et fréquentation d’œuvres de plus en plus complexes et variées. Arts plastiques en 4° : les images et leurs relations au réel. Cette entrée s’ouvre au dialogue entre l’image et son référent « réel » qui est source d’expressions poétiques, symboliques, métaphoriques, allégoriques ; elle met en regard la matérialité et la virtualité. En lettres en 3° : l’homme et la société, étude de l’image comme engagement et comme représentation de soi. En lettres en 1° : le roman et ses personnages ; visions de l’homme et du monde. Littérature et société 2° générale et technologique : regards sur l’autre et sur l’ailleurs. En histoire des arts, collège, thématique « Arts, espace, temps » : l’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le monde et la nature (petitesse / grandeur ; harmonie / chaos ; ordres / désordres, etc.). En histoire des arts, lycée, thématique « Arts, corps, expressions », le corps, l’âme et la vie : expression des émotions, des caractères et des états (humeurs, tempéraments, passions, sentiments, postures, etc.). Les rapprochements photographiques présentent le travail de deux photographes portraitistes autour de l’adolescence et le regard d’un photographe de presse sur l’histoire douloureuse du Rwanda : Laura Henno Rineke Dijkstra Jonathan Torgovnik Sikh 1, de la série « Sikh Regiment of India », 2010 Le protocole de prise de vue et le « protocole » de l’uniforme ? Notions : « Charles Fréger saisit chaque individu seul, dans des cadrages centrés, souvent frontaux, isolé sur un fond neutre ou dans son environnement. Tous les sujets d’une même série sont photographiés avec le même cadrage, en pied, en buste ou plus serré. Ils sont ainsi transformés en objets d’étude, comparables entre eux, d’autant plus que l’accrochage des images est opéré selon les types d’activité. Chaque corps individuel est ainsi réinséré au sein du corps social et de sa tribu. L’identité individuelle s’estompe dans l’anonymat du groupe et se dissout dans le stéréotype (« le lutteur », « le boucher », « la nageuse »). En revanche, quand on s’approche des images, l’impression bascule. Les figures, pour la plupart solitaires, sont riches des détails du visage et de l’uniforme rendus avec une extrême précision. Les modèles dirigent leur regard vers l’objectif et semble nous regarder, créant ainsi une impression d’intimité. Au-delà du document, on est conduit dans l’univers complexe et singulier du modèle. On ne regarde plus l’image-type d’« un marin », mais tel jeune homme aux yeux bleus, à la peau pâle et boutonneuse, habillé d’un uniforme. On ne contemple plus le corps anonyme d’un lutteur de sumo, mais on entre en rapport avec un jeune garçon aux joues gonflées qui fixe l’objectif avec fierté et appréhension. Bien que les sujets posent, les images sont empreintes du naturel et de la fraîcheur de clichés prise sur le vif. » Nicola Marian Taylor Site Paris art Propositions de travail : • Parcourir l’exposition en analysant le protocole de prise de vue, spécifique à chaque série • Établir une liste de mots résumant ce protocole, par exemple : frontalité, type de cadrage, posture... • Comment apparait l’uniforme dans ce protocole Citation : Portraits inactuels Texte de Michel Poivert à propos de « Palio » « Un jeune homme nous regarde. Sa chevelure de boucles rousses est surmontée d’un bonnet de velours noir gansé d’or et de motifs en liserés, comme son pourpoint. Sa chemise chamarrée contraste avec la douceur du regard. Le fond sur lequel ce long buste se détache de trois quarts est constitué d¹un mur brun clair griffé au hasard de l’usure. Un gentilhomme de la Renaissance se réveille à l’aube du XXIe siècle. Étudiant en histoire de l’art, je me représentais le visage, l’allure, le regard perçant des peintres primitifs en allant au cinéma : Pasolini en Giotto, Andreï Roublev de Tarkovsky. Le sentiment que je ressens en contemplant aujourd¹hui ce portrait d¹un membre d’une contrade de Ferrare ne contient donc pas l’ambiguïté à laquelle on pourrait d’abord s’attendre : un acteur déguisé dans un costume historique que l’actualité de l’enregistrement photographique dénonce comme une imposture. L’anachronisme n’est pas un critère de jugement de goût. L’anachronisme est un théâtre dans lequel les photographes n’ont cessé de jouer. Les primitifs écossais, Octavius Hill et Robert Adamson, dès les années 1840, s’improvisent acteurs et posent entre amis afin d’illustrer Walter Scott. L’Angleterre victorienne tout entière voit fleurir les célèbres mises en scènes photographiques d’Oscar Rejlander, Henry Peach Robinson et, plus inspirées que tout autre par le courant pré-raphaélite, les images de Julia Margaret Cameron : poèmes de Tennyson, récits shakespeariens, légende de Lancelot poètes contemporains et anciens, mythologie et jeux de salon. Puis, la démocratisation de la photographie a ouvert à la fin du XIXe siècle un monde de fariboles et de costumes, entre amateurs plus qu’entre artistes - comme déjà dans les jeux d’enfant de Lewis Caroll - on se pare et l’on fait comme au théâtre. Les photographes pictorialistes au début du XXe siècle, inspirés par le courant symboliste, jouent à leur tour et ajoutent aux costumes le traitement pigmentaire de l’épreuve photographique dont l’apparence rejoint la facture du dessin ou de la gravure, et achève de retirer au tableau vivant toute réalité pour le transformer en ce que Michel Foucault appelait une « image androgyne ». Cette longue tradition semble avoir été reprise par le cinéma dès le début du siècle : à partir des Films d’Art et le célèbre Assassinat du Duc de Guise, les reconstitutions historiques deviennent un genre qui culmine avec les péplums et qui depuis ne cesse de se décliner. Les arts de l’image technique sont des machines à remonter le temps. Et les artistes ont su jouer en toute liberté sur ce goût de la reconstitution, sur l’artifice qui avoue sa nature et révèle dans l’inactualité sa condition de représentation. En cela, les images qui composent « Palio » de Charles Fréger sont bien l’inverse d¹un reportage sur une fête historique redevenue à la mode dans les années 1990. Nous ne voyons rien des défilés et des cavalcades, rien du tumulte et des chants, rien des préparatifs ni de quelque héros choisi pour établir une trame narrative. Ce que nous voyons relève toujours d’une représentation photographique mettant en scène la nature de la reconstitution historique elle-même, c’est-à-dire son statut fondamentalement anachronique. C’est donc à un art de la pose, à une esthétique de l’immobile que nous assistons. Mais cet art est élaboré dans les marges, les temps morts, les recoins du spectacle. Ici, une échappée derrière la foule des spectateurs, là, un instant de repos dans une rue de traverse, forment le cadre idéal du studio à ciel ouvert de Charles Fréger. Ce qui toujours caractérise ce photographe, c’est son sens du protocole de prise de vue, non pas en termes de récurrence des attitudes, mais dans les choix formels induits par sa technique et son souci des fonds : éclairage artificiel dont le flash « imprime » la figure sur le fond, élimination des ombres, suppression conséquente d¹un plan intermédiaire, effet final de silhouettage comme s’il s’agissait parfois d¹un collage de Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur la figure dans un élément qui lui devient subrepticement extérieur. D’où cet appariement presque étrange de l’individu avec le réel qui l’entoure. Ce protocole, Fréger le fait jouer à plein dans « Palio », précisément parce que l’inactualité des personnes costumées renforce encore l’effet de singularité entre le sujet et le réel. L’individu est alors étranger non seulement à son entourage mais parfois à son corps même. Quelques jeunes femmes deviennent ainsi des apparitions. Le photographe cultive une rhétorique de l’objectivité dont la base repose sur le retrait expressif, grâce auquel il forge une photogénie de l’inactuel. Le présent qu’il photographie - cette rue de Ferrare, ces adolescents qui nous regardent - sont littéralement traversés par le passé. Ils obéissent en cela à la condition du moderne : l’entrelacs des temporalités. « Palio » est un repère dans l’œuvre entamée par Charles Fréger. Cette commande est une opportunité qui a été saisie à un moment où le photographe travaille aussi bien sur une école de Sumo au Japon que sur un club de patineuses scandinaves. Cette opportunité lui offre en effet l’occasion de porter jusqu’à la hauteur d’une démonstration ce qui semble être au cœur de son entreprise depuis quelques années : le portrait de communautés inactuelles. Communautés invisibles « Palio » porte en soi ce défi, qui consiste à fabriquer une représentation de la communauté en évitant l’obsession naturaliste à laquelle une part de la photographie contemporaine nous convie. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans l’intimité des groupes, des minorités et de leur conscience sociale et politique comme cela est devenu à la mode dans l’art contemporain sous le régime stylistique du « trash ». Non, face à cela, Fréger répond par une esthétique de la règle. Au sens où l’on emploie ce terme dans les communautés religieuses. N’affirme-t-il pas s’interroger avant tout sur les notions de rigidité et de pérennité ? Ouvrier de l’usine Renault, élèves d’une école britannique (« Notre-Dame »), apprentis d’une école d’industrie laitière (« Pattes blanches »), joueurs d¹un club de waterpolo (« Water-polo »), légionnaires (« Légionnaires »), élèves de sumo, supporter de football, patineuses (« Steps »), etc., il y a une constante dans l’œuvre en construction de Charles Fréger. Ces multiples séries forment une archive des communautés, mais bien différentes de celles du communautarisme que montre à l’envi les médias : identités politiques, sexuelles, raciales, ethniques, etc. Seules les communautés inactuelles, celles qui semblent remonter à un temps déjà ancien, retiennent à ce jour l’intérêt de Charles Fréger. Ce que nous disent les séries « Majorettes » ou « Notre-Dame », « Miss» ou « Pattes Blanches c’est que notre monde n’a pas renoncé au folklore, que nous réinventons sans cesse de la communauté, qu’elle s’exprime toujours par ses costumes et ses uniformes. On se trompe lourdement en voyant dans les portraits de Fréger un goût pour le kitsch, une dérision ou bien un surplomb quelconque du Palio 2, de la série Palio, 2002 photographe sur les individus portraiturés. Fréger n’est pas un « auteur », il n’est pas non plus un « documentariste anthropologue » comme il n’est pas, on l’a dit, un reporter: Fréger est plutôt un chroniqueur, comme l’étaient les Anciens qui enregistraient les faits avant mêmes que les historiens n’aient eu l’idée qu’il pouvait en naître des récits. Et la chronique visuelle de Fréger, ce goût de l’archive des communautés inactuelles, nous révèlent que notre monde est tout entier conçu sur le mode des formes de sociabilité que nous croyons à tort être archaïques ou dérisoires. L’individu mondialisé n’est que le dandy du XXIe siècle, quand la foule est encore celle des réunions de quartier, des compétitions du dimanche après-midi, des reconstitutions historiques les soirs d’été, des écoles traditionnelles et des régiments mythiques. À Ferrare comme à Tokyo ou bien dans les villes du nord de la France, les communautés assurent la pérennité du corps social. Si des majorettes, des jeunes gens costumés comme au temps de la Renaissance nous apparaissent parfois relever d¹un exotisme social, c’est parce qu’ils sont invisibles. À cela, Fréger oppose donc la sérialité, le genre du portrait avec ses mille variations, la régularité, le sens de l’archive comme autant instruments au service d’une révélation des communautés invisibles. Michel Poivert L’apparat de l’uniforme et l’individualité du modèle ? Notions : Unis vers l’Uni Charles Fréger n’a pas la bêtise de photographier des gens, mais l’intelligence de photographier des communautés à l’heure où, plus que jamais, on les donne pour manquantes, perdues. En plein règne aberrant de l’individualisme, et de la photographie principalement conçue comme miroir de cet individualisme forcené, ce jeune photographe se distingue en appréciant les uniformes. Fort heureusement, ce goût ne renvoie pas chez lui à ce qui serait un plaisir malsain, c’est-à-dire conceptuel, pour l’uniformité, le duplicata, le clone ou la répétition. Au contraire, pareil à un fronton républicain, son travail s’avance comme une réflexion assez dérangeante sur les notions d’égalité, de fraternité, de liberté, c’est-à-dire ce qu’il en reste. Ainsi, qu’il se réduise à un bonnet de bain comme dans la série sur les joueurs de water-polo, ou qu’il chatoie de haut en bas comme les parures des majorettes, l’uniforme traque chez Charles Fréger ce qui serait du domaine de l’imphotographiable : à savoir la communauté, la molécule sociale, ou encore ce qu’il reste d’agrégation dans un monde qui se pense, et se veut - l’imbécile heureux définitivement désagrégé. La première révélation du travail sur les majorettes est donc de nous rappeler qu’il en existe encore, beaucoup même, mais que nous les avions parfaitement oubliées là où elles sont (essentiellement dans le Nord-Pas-de-Calais), quand bien même elles s’affrontent presque chaque weekend en sortes de tournois moyenâgeux dont leurs costumes seraient les oriflammes. Plus importante, la deuxième révélation du travail du Fréger est de rapidement nous faire comprendre que nous aurions finalement préféré ne pas savoir que ces majorettes existent... Car, tandis que nous les regardons poser devant l’objectif le plus objectif possible de Fréger, voici qu’il arrive cette chose troublante : ces majorettes commencent à nous gêner. Elles nous fixent droits dans les yeux, tandis que nous, pour des raisons que nous aimerions ne pas chercher à comprendre, nous faisons doucement chasser notre regard sur les côtés. D’où ce malaise vient-il ? Soyons clairs : de ce que nous regardons ces majorettes d’en haut, quoique Charles Fréger les photographie toujours rigoureusement de face. Que nous les regardons avec notre regard de public cultivé qui va voir des expositions, qui achète des livres de photos, qui connaît le travail de Charles Fréger, et qui jamais, jamais de sa vie n’ira voir un défilé de majorettes. Ce qui nous gêne donc, ce sont pas les majorettes en elles-mêmes, mais le type de regard que nous ne pouvons nous empêcher de poser sur elles : un regard de classe. Si l’être-ensemble des majorettes, tel que le montre Fréger, nous perturbe autant, c’est sûrement parce que nous avions fini par gober le discours ambiant : à savoir qu’il n’y avait plus de classes sociales, et moins encore de lutte entre elles. Pourtant, la froide intelligence artistique des clichés de Fréger est de faire en sorte que nous nous redécouvrions en nous-mêmes affreusement bourgeois en train de contempler un travail sur l’affreux scintillant lumpen-prolétariat des majorettes. Et de nous dire, parce que nous avons lu Freud : ah ! ces peaux trop grasses, ces yeux trop marrons, ces corps trop souvent obèses - oui, l’anatomie est vraiment un destin, et d’abord un destin social. De leur côté, les impavides majorettes de Fréger nous racontent que la mondialisation, la globalisation, tout ça, c’est vraiment de la blague. Qu’il existe toujours, et existera longtemps encore, des mondes, des communautés qui ne se croisent jamais. Et pire : qui ont simplement du mal à se contempler les unes les autres. Arnaud Viviant Propositions de travail : • Comment apparait l’individu « sous » l’uniforme ? • Communautés, groupes, que montrent-t-ils du monde d’aujourd’hui ? • Que pensez-vous de la position d’Arnaud Viviant ? Quel regard portez vous sur ces groupes, communautés ? Quel regard porte Charles Fréger ? Citation : « Pour chaque communauté, Charles Fréger se déplace avec son studio et en immortalise les membres un par un, avec la tenue et les attributs de leur groupe et dans la même posture, celle-ci d’ailleurs la moins singulière possible. L’effet est surprenant et l’ensemble offre plusieurs lectures possibles entre grandes similitudes et petites variations, entre unité et petits détails qui individualisent chaque sujet: tatouages de légionnaires, manières de porter la cravate dans une école catholique anglaise... Charles Fréger propose un troisième niveau de perception : « Il y a quelque chose d’encyclopédique dans l’accumulation de portraits. Cela permet de poursuivre une recherche, de trouver ce qu’il y a en commun, d’universel entre les membres de groupes différents. On retrouve les mêmes inquiétudes, les mêmes rites entre une majorette du Nord de la France et un élève d’une école de sumo au Japon. », explique-t-il. Quoi qu’il en soit, les photos de Charles Fréger sont tout simplement belles, et accrochent le regard. À chacun, s’il le souhaite, de se demander pourquoi et d’y apporter sa propre réponse. Si ces séries de portraits peuvent effectivement servir de base pour un travail sociologique, « je n’ai ni le désir ni la culture pour faire de la sociologie. Il peut y avoir une forme d’immersion avec les groupes que je rencontre mais je ne suis pas ethnologue. Je suis d’abord là pour faire des photos », indique d’ailleurs le photographe pour qui c’est bien « la part d’esthétique qui est fondamentale dans (son) travail ». » Nicolas Barraud Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Portrait individuel ? Portrait de groupe ? Notions : Entre le plan du projet créatif, celui où opère un artiste, et celui de la réception de l’œuvre, il y a une faille dont plus personne ne semble se soucier. Les photographies de Charles Fréger sont comme les peintures des Primitifs italiens, pleines d’audace et de courage : d’audace à représenter la personne humaine ; de courage à en incarner le visage. Pourtant, quand ils peignaient un tableau, ces derniers ne cherchaient seulement qu’à peindre un tableau. Charles Fréger est profondément photographe, juste photographe. Dans les portraits qu’il réalise depuis plusieurs années déjà, les personnes se tiennent là, debout, presque hiératiques, avec une présence qui échappe au cadre propre à la photographie, comme si, au-delà de la commande ou du rendez-vous que leur avait donné l’artiste, elles s’étaient convoquées elles-mêmes à faire image, à faire l’image. « Part risquée d’une exposition et partage d’une conscience. » (René Denizot) Mais, devant ces mêmes portraits, que voulons-nous voir ?, ou que devons-nous lire ?... Rien ou presque ; et tout, à la fois. Rien, parce qu’à la surface de l’image, il n’y a que cette répétition, cette succession, cette logique de groupe dans laquelle Charles Fréger inscrit toutes ses séries de photographies, et cela selon un protocole immuable. Tout, parce que dans cette mise en (uni)forme s’affirment immédiatement les regards qui nous font face, les visages avec leur géographie ou leur territoire d’inscription, les corps avec leurs marques ou leurs blessures incarnées, les contextes en arrière-plan à la fois prosaïques et familiers. Mais ce qui excède surtout l’image — avec un trouble certain dans « Bleus de travail » —, c’est cette façon dont chacun “ vit et travaille ” l’uniforme, “ leur ” uniforme : neuf, repassé ou usé, déchiré, maculé, fermé, ouvert ou roulé, recouvert ou découvert, serré ou flottant, trop court ou trop long ; cette façon dont ils s’en démarquent ou s’en distinguent ; cette façon dont le temps (même s’il est à la fois, pour chacun d’entre eux, trop long et trop court) et l’usage viennent le dé/former et presque le dé/coller de leur propre peau. Entre, d’un côté l’attitude de leur regard et de leur visage, que ceux-ci soient fiers et frondeurs, butés et résignés, ou au contraire relâchés et presque abandonnés d’eux-mêmes ; de l’autre, cet état d’uniforme détourné, retourné, contourné ; de l’autre encore, ce corps ou plutôt ces excroissances de corps qui débordent aux extrémités — des mains enfoncées, serrées ou ballantes, des avant-bras plus ou moins découverts, des jambes et des chevilles parfois (bandées, pansées comme dans la série des patineuses finlandaises, et qui constituent à elles seules le vrai sujet des photographies), et des torses, des gorges ou des cous d’où s’échappent parfois un accessoire, un signe, un sigle qui rattrapent le personnel, l’intime, l’affectif, l’amoureux, ou l’appartenance à un autre groupe, souvent identitaire, générationnel, religieux, géographique ou ludique –, il y a plus qu’une dialectique, il y a une épaisseur de vie et de projets, de choix ou d’erreurs, de succès ou d’échecs. Mais si Charles Fréger nous propose toujours des photographies situées dans les plis du monde, c’est parce qu’il se veut, avec beaucoup de soin, d’attention, de scrupule et d’acharnement, au coeur des rumeurs de ce même monde. Et plus une série est maîtrisée, contrôlée, ordonnée, affirmée dans sa structure et dans sa forme, plus ce qu’elle révèle ou ce qu’elle éclaire sera brut, palpitant, impur et fragile. Et plus Charles Fréger utilise les conventions de la représentation photographique : cadrage, lumière, geste et pose, plus l’image produite fera apparaître les dynamiques et les tensions qui relient ces sujets photographiés à ce qui les entoure : leur environnement, leur quotidien, leur monde ; ce monde instable, fluctuant, transitoire de la formation pour « Bleus de travail » où ils jouent à être ce qu’ils seront plus tard dans une récréation d’un réel extérieur déplacé/replacé à l’intérieur d’un lycée. Plus enfant, pas encore adulte ; et la vie est creuse qui ne se soutient du destin qui l’habite ! Charles Boyer Propositions de travail : • Expliquer à partir d’exemples dans l’exposition la phrase de Charles Boyer « c’est cette façon dont chacun “ vit et travaille l’uniforme ” » ? • Comparer le travail photographique de Charles Fréger avec celui de Laura Henno (voir plus loin) ? Protocle, posture, décor ? • À partir de la liste chronolgique complète (voir plus loin) des séries réalisées par Charles Fréger, analyser le parcours conceptuel de l’artiste. • Lire la citation de Richard Avedon ci-dessous. Charles Fréger pourrait-il la reprendre à son compte ? Justifier votre réponse à partir d’exemples dans l’exposition. Citation : « Je me tiens assez près du sujet pour le toucher, dit-il, et il n’y a rien entre nous – sauf ce qui se passe pendant que nous nous observons l’un l’autre. Cet échange comporte des manipulations, des soumissions. Ce sont des relations qu’on ne pourrait se permettre dans la vie quotidienne. Nous nourrissons pour l’image des ambitions différentes. Le besoin [que le sujet] a de plaider sa cause est sans doute aussi profond que mon besoin de plaider la mienne, mais c’est moi qui suis aux commandes. (…) Ces disciplines, ces stratégies, ce théâtre muet cherchent à créer une illusion : à savoir que tout ce qui est incorporé dans la photo est simplement arrivé ; que la personne dans le portrait était toujours là, qu’on ne lui a jamais dit de se tenir à cette place, qu’on ne l’a jamais poussée à cacher ses mains et qu’en fin de compte, elle n’était pas même en présence du photographe. » Richard Avedon, 1986 La question du portrait officiel Qu’est-il important de décortiquer dans un portrait officiel ? Extrait d’un article paru dans Le Monde du 4 juin 2012 : La façon la plus simple d’analyser cette photo, c’est de le faire dans une temporalité brève, celle de l’avant-coup. Sous la 5e République, tous les présidents ont cherché à être en opposition avec leur prédécesseur. François Mitterrand, pour rassurer son électorat, a innové en posant assis dans la bibliothèque de l’Elysée, en rupture avec Valéry Giscard d’Estaing, qui était debout devant le drapeau français. Jacques Chirac a été le premier à poser en extérieur et non sous les lambris de l’Élysée. Un portrait moderne et naturel. Nicolas Sarkozy est celui pour lequel la photo a le moins bien marché. S’il a fait campagne en promettant la rupture, son portrait était des plus traditionnels. La photo officielle de François Hollande, 24e président de la République, par Raymond Depardon vient d’être dévoilée. Faire-part de l’élection, image symbolique d’un mandat, le portrait officiel du nouveau président de la République sera affiché dans les 36 000 mairies et dans toutes les écoles du territoire. Si ce portrait ne relève d’aucune obligation légale, il reste le produit d’une coutume bien établie depuis Louis-Napoléon Bonaparte en 1848. Depuis, aucun président de la République n’y a échappé. André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire visuelle à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), revient sur cette tradition républicaine. À quoi sert la photo officielle ? Il s’agit de l’un des éléments du rituel républicain. Cette photo symbolise dans toutes les mairies la nouvelle présidence. Mais surtout, elle produit du commentaire, des réactions, des conversations. C’est l’un des moments forts des premiers pas du président, qui est alors analysé. Existe-t-il des éléments obligatoires dans la photo officielle ? Nicolas Sarkozy avait posé avec les drapeaux français et européen, dans une image inspirée des présidents américains dans le bureau ovale. Mais dans aucun cas, ces drapeaux ne sont nécessaires, comme ils peuvent l’être lors d’une intervention officielle. Pour la photo, la seule contrainte, c’est la présence du président. Le choix du photographe est à la fois politique et esthétique. Que révèle donc le choix de Raymond Depardon ? C’est un retour à la tradition. François Hollande a choisi un grand photographe, avec une reconnaissance institutionnelle. Depardon est reconnu en tant qu’auteur, comme un artiste à part entière. S’il n’est pas connu pour ses images extraordinaires, c’est un observateur du quotidien, comme il l’a montré à travers ses documentaires. Cette signature prestigieuse démontre un retour à la culture, au patrimoine, alors que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, avait choisit Phillippe Warin, le photographe attitré de la « Star Academy ». François Hollande à emboîté le pas à Mitterrand et Giscard d’Estaing, qui avaient eux aussi choisi des pointures de la photo, Gisèle Freund et JacquesHenri Lartigue. Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Que doit-on retenir du portrait de François Hollande ? C’est clairement un clin d’oeil à la photographie amateur, notamment au niveau du format carré : on dirait un polaroïd ou une photo Instagram. On est loin des codes de la photo institutionnelle. François Hollande est dans l’ombre des arbres, et au loin l’Élysée est surexposé. Cette photo, on est tous capable de la faire dans les jardins de l’Elysée. Cet hommage à la photo amateur, c’est une très bonne idée pour un président qui se revendique comme normal. Enfin, le choix de l’extérieur peut être perçu comme un clin d’œil au président Chirac, à cette filiation corrézienne, qui apparaît bien plus forte que l’on aurait pu l’imaginer. Des portraitistes jugent la photo officielle de Hollande Extrait d’un article de Libération du 4 juin 2012 C’est dans la boîte. La photographie officielle du nouveau président a été révélée aujourd’hui. Le photographe et réalisateur Raymond Depardon a évoqué le making-of de son cliché, pris le 29 mai, lors d’une conférence de presse à l’Élysée. À 69 ans, pas de fausse pudeur. Le créateur de l’agence Gamma, membre de Magnum, l’avoue volontiers: « Je ne suis pas un portraitiste, le portrait est quelque chose de difficile ». Le documentariste, qui aura 70 ans le 6 juillet, l’a donc « pris comme un paysage, le paysage de la France ». Nouveauté : il a, lui, renoncé à ses droits d’auteur au profit de la Documentation française, qui a été prise par surprise par les fuites de la photo officielle sur Twitter. Nouveauté, bis : l’auteur de Journal de France, présenté hors compétition à Cannes, a donné des éléments sur la séance d’une demi-heure avec Hollande. Soit plus de 200 images prises « en mouvement » avec un projecteur d’appoint et trois appareils différents, un numérique, un Leica argentique et un antique Rolleiflex format 6x6 des années 60 qui, selon son propriétaire, avait auparavant immortalisé Charles de Gaulle, Marlon Brandon ou Edith Piaf. Au final, le photographe a retenu la dernière des douze photos prises avec son Rolleiflex, « un tout petit peu retouchée » en arrière-plan. « Je lui ai montré ma favorite et il m’a dit « je suis d’accord avec vous », a assuré Raymond Depardon. Qui l’assure : « Je voulais une photo qui traverse le temps ». Libération a sondé plusieurs portraitistes pour qu’ils livrent leur sentiment sur cette commande imposée dans le rituel républicain français. Flop ou top ? Verdict nuancé... Lionel Charrier : « Un regard qui s’intéresse à l’autre » « Ce qui me frappe le plus dans cette image, c’est l’impression de mouvement. C’est un Président qui vient vers nous. Vers les Français qui verront cette photo encadrée juste derrière le maire au moment de se dire ‘oui’. Mais, en fait, il vient vers le photographe, vers Depardon. C’est lui qu’il regarde. Ce regard, qui n’est pas direct, en dit long. François Hollande ne regarde pas le fond de l’objectif pour avoir le regard plus profond. Il regarde Raymond, la tête penchée sur son rolleiflex. Ce n’est pas un regard de communicant, mais un regard qui s’intéresse à l’autre. » Martin Colombet : « Un produit préfabriqué, mais... » « Cette photographie est davantage le produit de François Hollande et de ses communicants que celui de Raymond Depardon. Quelle est la marge de manœuvre du photographe quand on lui impose l’extérieur, les drapeaux, le palais en toile de fond et le mouvement du Président ? Quand le portrait ne peut être autrement que valorisant et sympathique ? Que lui reste-il pour imprégner cette image, pour la faire sienne ? Presque rien. Il faut comprendre que cette photographie est négociée, c’est un produit sur mesure, préfabriqué. Pourtant, Raymond Depardon a, malgré le caractère très institutionnel et le poid des codes de représentations de cette fonction, réalisé une image plutôt moderne et réussie. Il a été assez malin, car je pense que cette photographie n’est pas celle dont rêvaient les communicants de Hollande. Parce qu’il a lâché du lest au photographe, parce que cette image n’est pas si institutionnelle que ça, et même si j’ai tendance à penser que l’intérêt photographique pur (dénué de l’intérêt lié au sujet et au contexte) est plutôt faible, il en reste que cette image raconte des choses. Notamment par l’obligeance de Hollande à se plier aux demandes de Depardon, par les bras un peu ballants, un peu maladroits, les mains relâchées, par la position du corps atypique et pas forcément adaptée dans les idées et les valeurs que véhicule la fonction de Président. Cela permet de se faire une idée de son caractère, de son rapport aux autres, de la rencontre aussi. En cela, il s’agit bien d’un véritable portrait. » Thierry Pasquet : « L’expression maîtrisée d’une communication » « C’est à coup sûr le portrait officiel le moins solennel de tous les présidents : une posture un peu empruntée de François Hollande les bras ballants avec un léger déséquilibre, un décor quasi champêtre, le palais de l’Élysée à distance, une lumière apparemment naturelle (qui ne l’est pas en réalité), un cadre carré dans lequel le corps semble un peu flotter, un costume pas tout à fait ajusté (quelques plis)... Mais cette rencontre photographique entre notre président normal et Raymond Depardon est en totale conformité avec les messages de simplicité, d’humilité mis en avant en ce début de quinquennat et l’expression parfaitement maîtrisée d’une communication. » Thomas Mailaender : « Un résultat banal et bancal » « Ce matin j’ai entendu Raymond Depardon à la radio parler de l’exercice difficile du portrait officiel et de sa solution, de faire poser le Président ‘en mouvement’ pour un résultat moins figé, plus dynamique. Je pense pouvoir apporter mon expertise et dire avec certitude que notre cher Président a fait le bon choix et n’aurait pas dû choisir un photographe plus jeune. L’arthrose du genou dont souffre la quasi-totalité des gens de la génération de Monsieur Depardon, associée ici au viseur de poitrine du reflex Rollei de Raymond ne peut aboutir qu’à un résultat banal et bancal. Soit une réponse parfaite au brief Elyséen ! » Gilles Favier : « Le Président a l’air d’un Playmobil » « Comme à l’habitude, j’avoue que j’aurais aimé un vrai portrait frontal, avec un regard soutenu qui nous parle. Là le décor est bien trop présent et les drapeaux sur la façade semblent rajoutés... Au final, le Président à l’air d’un Playmobil. » Guillaume Binet : « Le temps suspendu devant un papier peint » « Depardon a réussi je trouve à créer un moment, il a suspendu le temps. Le regard du président décalé par l’utilisation du Rolleiflex est assez humain. François Hollande, ses mains un peu en avant, semble basculer légèrement. Ce moment est donc je trouve l’histoire d’une rencontre, celle d’un photographe et d’un Président dans un premier temps, et sera ensuite une rencontre fortuite qui se reproduira avec les citoyens dans les mairies. Le fond surexposé et désaturé ressemble à un papier peint, à une belle perspective à plat, ou à une vue de Versailles dans une pizzeria. Il est plein de symboles, et malgré la pelouse non tondue rappelle (avec l’amidonnage de la tenue) la nécessité des contraintes d’un exercice de style. Donc après une première surprise finalement ce portrait me touche. Une rencontre dans une pizzeria. Mais a-t-il pour vocation de toucher ou doit-il représenter la fonction ? Je ne sais pas. » Yann Rabanier : « Une histoire assez douce ... » « Étonnement à la première observation de ce portrait présidentiel. Choqué adorablement par tant de spontanéité. On est loin de la bibliothèque et de ses livres aux très sérieuses références empiriques. Ici, le petit vent parisien du 8ème arrondissement invite au casse-dalle champêtre. Au final, la légèreté présente dans ce portrait quinquennal est un parti pris assez perspicace. En cette période de tension étouffante, on a tous besoin d’un bon grand bol d’oxygène pour respirer. François Hollande semble proche de son peuple dans cette image. Son attitude est moins sophistiquée que celle observée dans les précédents portraits officiels. Il pourrait presque être en train de marcher vers nous, juste un instant arrêté pour les besoins d’une photo furtive, il arriverait de cette demeure « légèrement bourgeoise » en arrière-plan… Bref, cette image me raconte une histoire assez douce, rassurante, humaine, sincère (mais cela ne tient qu’à moi et à mes espérances) et n’est-ce pas cela qu’un spectateur attend d’une photographie : une histoire et simplement une histoire ? » Questions (extrait de la brochure pédagogique sur Laura Henno) Le portrait officiel est une tradition ancienne (portraits de monarques, empereurs, ducs, etc.). Il a peu évolué au cours du temps et répond à des règles précises (habit de cérémonie, fond neutre, pose classique, format « portrait » en hauteur, etc.), puisqu’il rend compte de la fonction, plus que de l’individu. Depuis 1871, les présidents de la République ont choisi le portrait photographique et beaucoup ont fait appel à des photographes célèbres. Pour chaque portrait, recenser dans un tableau une description : • cadrage • habit, accessoires, décorations, décor • attitude et donner une interprétation. Montrer que le portrait officiel du président de la République est un élément important qui contribue à donner une image à la fonction présidentielle et offre des symboles forts de la République. C’est ce portrait que l’on retrouve dans de nombreuses administrations et dans les mairies. On peut distinguer plusieurs évolutions : • la disparition de l’image de la fonction officielle pour mettre en avant un homme (disparition de l’habit de cérémonie, plans plus rapprochés, regard du président vers le spectateur) • la volonté de chaque président d’offrir une image à la fois personnelle et différente de ses prédécesseurs à partir de Valéry Giscard d’Estaing Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Rapprochements photographiques Rineke Dijkstra Rineke Dijkstra est une photographe, née le 2 juin 1959 à Sittard, dans le Limbourg néerlandais. Elle habite et travaille à Amsterdam. Une prise de vue frontale, un sujet le plus souvent cadré en pieds, un décor minimaliste, à peine suggéré, une mise à profit de la lumière ambiante complétée par un recours au flash, une prise de vue sur négatif couleur faite au moyen d’une chambre photographique, enfin l’adoption systématique d’un principe de pose où le regard du sujet se confronte toujours à l’objectif du photographe. Rineke Dijkstra travaille par séries, qui semblent se répondre ou se compléter entre elles. Ces portraits sont d’abord ceux de jeunes adolescents pris sur les plages de Hollande, de Pologne, d’Ukraine, des États-Unis et d’Afrique. L’artiste développe par la suite d’autres séries comme Disco Girls (jeunes filles allant à la discothèque), Tiegarten (enfants photographiés dans un jardin), Bullfighters (toreros pris juste après un combat), mères venant d’accoucher avec leurs bébés dans les bras, jeunes gens photographiés régulièrement de l’enfance à l’âge adulte, un engagé français ou de jeunes appelés en Israël, garçons et filles, que l’on voit tour à tour en civil et en tenue militaire. « Je travaille mes portraits comme des moments documentaires, et dans chacun de ces moments, je m’intéresse à l’authenticité et à la singularité du sujet que je photographie, comment tel individu se différencie de tel autre. Ce sont toujours les petits détails, un regard, un geste, qui font la différence et nourrissent ma recherche de vérité. » (extrait d’un entretien de l’artiste avec Jean-Pierre Krief) En effet, Rineke Dijkstra réussit à saisir, avec pourtant les mêmes techniques que beaucoup d’autres, ce que peu de photographes sont capables de nous dévoiler : elle montre avec grâce la vulnérabilité, les corps en transformation, la recherche d’identité de l’adolescence. ... En développant un style qui lui est propre, où rigueur du cadre et technique parfaitement maîtrisée sont de mise, Rineke Dijkstra a su nous toucher dans notre intimité : ses portraits sont ceux de tout le monde, et de chacun d’entre nous. Son œuvre impressionne... la pellicule et le spectateur. Extrait du site Creativ.net Rineke Dijkstra a donné naissance à une esthétique photographique particulière où la rigueur du point de vue et la maîtrise technique concourent à une seule exigence: atteindre et restituer la singularité du sujet photographié. C’est d’ailleurs tout le mystère de cette artiste : elle fait des portraits, comme beaucoup de photographes n’ont jamais cessé d’en faire, elle maîtrise les procédés techniques qui sont ceux d’une multitude de professionnels de l’image, pourtant quelque chose propulse son regard plus loin que les autres. Dans cette part d’étrangeté dont Baudelaire disait qu’elle est inséparable de la beauté, un espace indéfini, où flotte la mise à nu de l’essentiel : la fragilité de la présence humaine. Présentation de l’exposition au Jeu de Paume en 2005 Rapprochements photographiques Laura Henno Née en 1976, elle vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la galerie les filles du calvaire, Paris. « Ma recherche photographique porte sur la relation entre l’individu et le lieu. Celle-ci s’articule autour d’une tension sur laquelle re-pose la construction de mes photographies. Je cherche à établir un équilibre fragile qui peut faire basculer l’image vers quelque chose d’ambigüe, à la fois intrigant et énigmatique. L’interaction entre la figure et le lieu, l’inscription de l’individu dans un environnement précis déterminent ainsi la conception de mes images. Pour chaque mise en scène, je tente de créer une atmosphère singulière et captivante qui accordera à l’image une dynamique propre affirmant son autonomie. La lumière naturelle enveloppe les modèles, joue du clairobscur et du contre-jour, effleure le vêtement, convoquant tour à tour le champ pictural ou cinématographique. Les lieux que je choisis, les décors que je constitue sont sobres, intemporels et minimalistes, me permettant de focaliser l’attention sur le sujet. Le paysage, dans sa relation à l’individu, est au coeur de mon travail. Il est le lieu où se tissent des rapports subtils avec la figure. J’exploite son potentiel évocateur, je m’en sers tel un cadre, un espace de projection qui contribue à la dimension fictionnelle de l’image. À la fois échappatoire possible et lieu de perdition, le paysage dans mes photographies n’offre aux personnages qui s’y arrêtent, qui les traversent dans leur errance ou leur exploration, aucun ancrage existentiel, aucun refuge stable, aucun repère spatial. Le paysage relève ici d’une vision où les choses ne sont pas simplement ce qu’elles paraissent mais nous entraînent vers un ailleurs et vers un espace où sourd une certaine inquiétude. Un sentiment troublant s’immisce en filigrane entre l’individu et cet environnement naturel étayé par ce mystère du hors-champ qui suggère que quelque chose est là, dont nous ne savons rien, qui exerce sur le personnage une invincible attraction. Je prélève dans le paysage les quelques éléments les plus signifiants qui me permettront d’esquisser un décor, d’immiscer une tension. Un sol terreux, un arrière-plan feuillu, une zone humide, dessinent un milieu naturel qui ne dévoile que peu de choses. Rare est la ligne d’horizon et lorsqu’elle est présente c’est pour mieux se diluer dans la brume ou dans l’eau accentuant ainsi la perte de repère. Les intérieurs où je situe mes personnages éludent tout contexte social ou familial. Je les plonge dans la pénombre pour mieux mettre en valeur une attitude, un geste, un regard qui induit une certaine intimité. Je joue sur les contrastes, j’amène une temporalité plus étirée qui se confronte à des images saisies sur le vif. L’élaboration d’un espace fictionnel est l’une de mes préoccupations. Je cherche à permettre une extension narrative dans chaque composition. Dans mes images, le regard s’attarde sur des détails anodins et énigmatiques, des instants « entre deux » où tout semble arrêté. Il revient au regardeur de construire ces bribes de récits, de les étayer de leurs hypothèses. Les personnes que je photographie deviennent ainsi les personnages d’une fiction indéfinissable. Misant davantage sur l’ellipse, plutôt que sur des scénarios identifiables, chacune de mes images est suspendue telle une bulle spatio-temporelle fonctionnant sur elle-même. Tout l’enjeu de ma mise en scène réside sur cette frontière entre le suggéré et l’évident. Les jeunes que je photographie ne sont pas des comédiens. Je ne leur demande aucun jeu de rôle, aucune interprétation. Je cherche à établir un contexte qui les amènera à bâtir dans l’image même, leur relation à l’environnement. Lors de la prise de vue, je joue sur leur hypersensibilité, sur cette prise de contact avec un lieu qui leur est inconnu. Je m’appuie à la fois sur une forme de proximité et une mise à distance qui prolonge leurs doutes et les projette dans cet entre-deux sur lequel repose l’image. L’adolescence m’intéresse particulièrement parce qu’elle est ce moment transitoire empreint d’incertitude et d’une grande intensité émotionnelle qui donne corps à mes personnages. Ceux-ci semblent dans l’attente, suspendus dans un interstice mouvant. C’est cet instant fugace que je cherche à capter chez les personnes que je photographie et qui rend possible ce prolongement narratif, ce basculement vers la fiction qui m’intéresse. Peu de choses transparaissent d’eux hormis le sentiment troublant, de quelque chose d’insaisissable planant sur ces êtres. Le mystère peut être des êtres et des lieux qui me captive et que je cherche à rendre palpable. » Laura Henno Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Rapprochements photographiques Jonathan Torgovnik Né en 1969 en Israël. Vit et travaille au Cap, Afrique du Sud. À propos de la série Intended conséquences « Intended Consequences (Conséquences attendues) est une série de portraits réalisés au Rwanda sur des femmes ayant subi des violences sexuelles pendant le génocide, et des enfants nés de ces violences. Pendant trois ans, j’ai voyagé à plusieurs reprises au Rwanda pour photographier, interviewer et révéler les détails de ces crimes odieux, perpétrés sur les mères de ces enfants. Beaucoup d’entre elles ont contracté le VIH de ces hommes issus de milices et ont eu, pendant très longtemps, de grandes difficultés à parler de ces expériences, tues par la honte des viols et le fait de porter les enfants de rapports non choisis, alors même que les pères étaient souvent la cause du décès de tout le reste de leurs familles. Toutes les rencontres présentées dans cette exposition ont eu lieu dans le secret des maisons de ces femmes. Il m’était impossible de me préparer à ce que j’allais entendre. Pour la plupart d’entre elles, c’était la première fois qu’elles exprimaient ce qu’elles avaient ressenti, pourtant avec chaque interview, elles partageaient avec moi des détails intimes liés à leur souffrance, leur isolement et les challenges de la vie quotidienne auxquels elle continuaient de faire face comme autant de conséquences directes de la violence qu’elles ont subi. Ces mères ont survécu aux tortures les plus terribles et en ressentent encore aujourd’hui les traumatismes. Malheureusement, au Congo (RDC), au Darfour et dans le reste du monde, les victimes de violences sexuelles font face au même genre de challenges chaque jour. Mon plus grand espoir est que les gens, après avoir lu ces histoires et en visionnant les portraits de ces femmes et enfants, choisissent d’oeuvrer à s’assurer que de tels actes de violence ne se produisent plus jamais et d’offrir à ces femmes des jours meilleurs. » Jonathan Torgovnik Bibliographie sélective au centre d’art Livres de Charles Fréger Portraits photographiques et uniformes Charles Fréger Préface de Philippe Arbaizar co-édition avec la Société Française de Photographie. Éditions 779 2001. Majorettes Charles Fréger Auteur des textes : Didier Mouchel Éditions Léo Scheer / Mep 2002 Légionnaires Charles Fréger Auteur des textes : Raphaëlle Stopin Éditions 779 / / Château d’eau 2002 Donneurs Charles Fréger Préface de Pierre Etschegoyan. Ponctuation éditeur Nantes 2002 Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Bleus de travail Charles Fréger Auteur/s des textes : Didier Mouchel/Charles Arthur Boyer Éditions POC 2003 Steps Charles Fréger Auteur des textes : Rosa Liksom Éditions Le Point du Jour / POC 2003 Rikishi Charles Fréger Auteur des textes : Chihiri Minato Éditions POC 2004 2 Nelson Charles Fréger Auteur des textes : Bill Kouwenhoven Éditions POC 2005 Sélection en rapport avec le portrait Le Plus Bel Âge Collectif Auteur des textes : Agnès de Gouvion Saint Cyr Les Éditions de Panama Lux Charles Fréger Auteur des textes : Stephane Bern MUDAM, Luxembourg 2005 Balogh ; Bamberger; Bouvet; Brotherus ; Bustamante ; Caron; Closky ; Coulon ; Darzacq; Dijkstra; Ellena ; Garcia ; Gysemberg ; Herbaut ; Kim ; Lafontaine ; Larrayadieu ; Leccia ; Ouka Lele ; Locatelli ; Maître ; Moukhin ; Mthethwa ; Nègre ; Parr ; Rosenfeld ; Streuli ; Tourneboeuf ; Van Der Stock ; Vivier; Wilson. 2008 Des visages Bernard Joseph Éditions CRP Nord-Pas-de-Calis 1998 Empire Charles Fréger Auteurs des textes : Prosper Keating/Charles Fréger Éditions Kehrer Verlag Heidelberg 2010 Wilder Mann ou la figure du sauvage Charles Fréger Auteur/s des textes : Collectif Éditions Thames & Hudson 2012 Deutshe in Uniform Tim Rautert Auteur des textes : Wolfgang Brückle Éditions Steidl 2006 De l’Europe Collectif Auteur/s des textes : collectif Éditions CNA / Filigranes 2007 Doubles vies Marc Solal Auteur/s des textes : Marc Solal Éditions Le Point du Jour 2003 Biographie de Charles Fréger Né en 1975, Charles Fréger est diplômé des beaux-arts de Rouen. Il se consacre à la représentation poétique et anthropologique des groupes sociaux tels que les sportifs, les écoliers, les militaires, etc. Ses travaux proposent une réflexion sur l’image de la jeunesse contemporaine. Fondateur du réseau Piece of Cake (www.pocproject.com) et de la maison d’édition POC. Diplômé de l’école Régionale des Beaux-arts de Rouen, juin 2000 Séries photographiques « Portraits photographiques et uniformes » : Réalisation de portraits dans des structures collectives impliquant le port d’une tenue vestimentaire uniforme: majorettes, légionnaires, lutteurs de sumo, ouvriers, élèves d’école techniques, cadets de la marine, patineuses synchronisées... « Faire face », mai 1999, « Clubs », juillet 1999 Portraits de jeunes individus portant différents types d’uniformes (armée de l’air, majorettes, Scouts de France, supporters de football) « Protocole, octobre 1999 Portraits de jeunes volontaires d’une clinique pharmaceutique réalisés lors d’un protocole médical. « 3741, les tabliers », décembre1999 Portraits de travailleurs à la chaîne dans un atelier d’assemblage d’une usine de moteurs. « Majorettes » février 2000 - juillet 2001 Portraits de l’ensemble des majorettes du Nord-Pas-deCalais. « Water-polo », mars 2000 Portraits de nageurs après l’entraînement. « Pattes blanches », mai 2000 Portraits d’élèves en blouse blanche de l’école nationale d’industrie laitière de Poligny (Jura). « Miss », août 2000 Portraits d’une sélection de Miss avant élection lors d’un concours de beauté. « Notre-Dame », novembre - décembre 2000 Portraits d’élèves dans une école catholique anglaise à Norwich. « Camouflages », janvier 2001 Portraits de jeunes engagés dans un régiment d’artillerie marine. « Merisotakoulu », janvier 2002-janvier 2003 Portraits de jeunes marins finlandais. « Sihuhu », août 2002 Portraits des pionniers du train de Budapest. « Les hommes verts », mars 2002 - avril 2003 Portraits des balayeurs de la ville de Paris. « Bleus de travail », janvier 2002 - mai 2003 Portraits d’élèves en écoles techniques. « Trampoline », avril 2003 Portraits de gymnastes dans un club de trampoline. « Rikishi », février 2002 – septembre 2003 Portraits de jeunes lutteurs de sumo. « Itzas’ », février 2004 Portraits de la population Itza’s du Guatemala.. « Penitentes », avril 2004 Portraits des penitents de Sevilles « 2NELSON », mai 2004 Autour de la lutte greco-romaine, Clermont-Ferrand « Menti », avril 2004 Portraits à l’école de Police de Moscou. « Ti tu », février 2005 Portraits de bonzes au Vietnam « Opera », avril 2005 Portraits à l’école de l’Opéra de Pékin « Maul », juin 2005 Portraits de jeunes rugbymen « Umwana », juin 2005 Portraits de jeunes orphelins, Rwanda « Empire », 2004 - 2006 Portraits des gardes royaux, républicains et princiers d’Europe « Seijinshiki », 2007 Portraits de jeunes filles après la cérémonie du Seijinshiki. « Hereros/ Himbas », 2007 Portraits dans les communauté Hereros et Himbas de Namibie. « Vis voluntatis » : (de la devise : vis voluntatis, eo solus intra circulum – moi, désir j’entre seul dans le cercle). Série de projet (Photographie, peinture, collages, design) sur l’entrée dans plusieurs communautés, basé sur autoportraits, performances et happenings impliquant une négociation avec le groupe. « Otjiserandu », 2007 Maquillage dans la communauté Himbas, Namibie. « Liteau », février - avril 2001 Portraits de futurs chefs, cuisiniers, serveurs et sommeliers. « Bi Yan », 2007 Tenue et maquillage à l’école de l’Opéra de Pékin. « Sages-femmes », mars - juin 2001 Portraits d’élèves sages-femmes de la maternité de Rouen. « Fantasias », 2008 Danseuses brésiliennes « Légionnaires », septembre 2000 – juillet 2001 Portraits de jeunes légionnaires et de pionniers « Short school haka », 2009 Elèves d’une école maori en Nouvelle-Zélande « Steps », août 2001 - février 2002 Portraits de patineuses synchronisées à Helsinki. « Sikh Regiment of India », 2010 Soldats indiens d’origine sikh « Glögg », décembre 2001 Portraits pendant la Sainte-Lucie dans un lycée de la banlieue de Stockholm. « Wilder mann », 2010-2011 Groupes d’« hommes sauvages » de différents pays d’Europe Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Commandes photographiques Caisse des Dépôts et Consignations / Pôle Image HauteNormandie Bleus de travail — mai 2002 - juin 2003 Commande de portraits d’élèves portant le bleu de travail dans des centres de formation professionnels de la région Normandie. Ville de Ferrare Palio — mai 2001 - juin 2002 Commande de jeunes habitants de Ferrare pendant le Palio de Ferrare. Centre photographique de Cherbourg-Octeville L’arsenal — août – septembre 2002. Commande d’une série de portraits dans le cadre de l’Arsenal de Cherbourg. Festival des Arts de la mode de Hyères Trampoline — Avril 2003. Commande d’une série de portraits de gymnastes dans un club de Trampoline. Festival international de la Mode de Singapour Face of the future — Mars 2002 Commande de portraits dans diverses communautés de Singapour Boston Consulting group Matière grise — Juin 2003 Commande d’une série de portraits de Consultants Festival photographique de Clermont Ferrand Double Nelson — mars 2004 Commande d’une série sur un club de lutte de ClermontFerrand Musée d’art moderne de Luxembourg. LUX — mars 2002 - juin 2005 Commande d’une série de portraits de la jeunesse luxembourgeoise. Expositions 2012 Le Point du Jour, Cherbourg-Octeville Vasco Museum, Bilbao 2011 Fotohof, Salzburg, Austria Paris photo, MEM gallery FIAC, Paris, Galerie Kicken Frac Basse-Normandie,Caen Bunkier Sztuki, Cracaw Indian Art Summit 2010 CRAC Alsace Festival Planche contact, Deauville Matthieu Foss Gallery, Mumbai Seoul Museum of Art Art Amsterdam Musée des terre-neuvas, Fécamp Galerie Nouvelles Images, Den Haag, Nederland Madrid photo fair, Ego galeria Fotodok festival, Utrecht Short School Haka 39, de la série « Short School Haka», 2009 2009 Maison des Arts, Evreux Caption Gallery, New York Berliner liste (Ego Galeria) Journées photographiques de Bienne Kunshalle Wien, Austria Dress code, ISELP, Bruxelles Vienna fair, Momentum Madrid photo fair Galerie Momentum, Wien « Hors jeu », Espace culturel Francois Mitterand, Beauvais 2008 Le Point du Jour, Cherbourg-Octeville In fashion photo fair, Miami 6 Paris photo fair, Paris Sungkok Art Museum, Seoul Villa Noailles, Hyères Atelier De Visu, Marseille Galerie des filles du calvaire, Bruxelles MEM gallery, Osaka Rencontres internationales d’Arles Parcours St Germain, Paris Festival Transphotographiques, Lille Musée des Beaux-Arts, St Lo, France Art Bruxelles, Galeries des filles du Calvaire Tokyo Artfair, MEM Gallery Galerie Nouvelles Images, Den Haag Kasseler KunstVerein, Kassel ARCO, Madrid. Galerie Kicken Museum of Contemporary Art, Shanghai 2007 Galerie Ronmandos, Amsterdam Kunsthalle, Liestal (S) Dorottya Galeria/Ernstmuseum, Budapest Galeries Les filles du Calvaire, Bruxelles Art Amsterdam - Galerie Nouvelles Images Art Chicago, Stephen Daiter Gallery Tokyo Art fair, MEM Gallery Centro Internazionale di Fotografia Koninklijk Atheneum Berchem, Antwerpen Galerie des filles du calvaire, Paris POC Workshop at the Photomuseum of Antwerpen Symposium at the Kyoto University of Art and Design Lecture at the School of Photographic Expression, Osaka Lecture at the Kyoto University of Art and Design Expo CLINIC, Pole image H.N Rouen Éditions 2006 Art Basel, Miami beach (Kicken gallery) Paris photo fair (Filles du Calvaire) Galerie Nouvelles Images, Den Haag Museum of Modern Art (MUDAM) Luxembourg POC show, Alone Together. Galerie Nouvelles Images, Den Haag ART BASEL, Kicken Gallery Stephen Daiter Gallery, Chicago The Prague Contemporary Art Festival, Nova Sin Kunsthalle, Erfurt, Germany Art Brussel, Kicken Gallery Aipad, NY, Kicken Gallery Donneurs Livre regroupant 40 portraits d’ouvriers des usines Arcelor. Préface de Pierre Etschegoyan. Ponctuation éditeur - Nantes. Octobre 2002. 2005 Miami Art fair, Kicken Gallery Paris photo fair, Galerie Les filles du Calvaire La halle, Pont-en-Royan Kicken gallery, Berlin Photo festival of Breda, Holland ART BASEL, Kicken gallery Museo nacional de artes visuales, Montevideo Moving Gallery, Spazi Multipli Gallery, Roma Fine Art Museum, Shanghai Museo de arte moderno de Buenos Aires Armory show, New York, Kicken Gallery Musée des beaux-arts de Clermont-Ferrand Johnnie Walker»s Art, Tokyo Yokohama Museum of Art Galerie Nouvelles Images, Den Haag Bleus de travail Livre regroupant 70 portraits d’apprentis en école technique française Texte de Charles-Arthur Boyer POC éditions, Rouen – Septembre 2003 2004 Art Basel, Miami Centro Cultural Mattucana 100, Santiago de Chili Musée de l’Elysée, Lausanne Culturguest, Lisbonne , 2004 Galerie Nouvelles Images, La Hayes 2 L’imagerie, Lannion Estivales photographiques, Hayward gallery, London Portraits photographiques et uniformes Livre publié en co-édition avec la Société Française de Photographie. Préface de Philippe Arbaizar, responsable de la photographie du Xxe siècle au Cabinet des Estampes et de la Photographie à la Bibliothèque Nationale de France. Editions 779 - Paris. Juin 2001. Majorettes Livre regroupant 140 portraits de la série Majorettes. Préface de Didier Mouchel, directeur de la galerie photographique du Pole Image de Haute Normandie. Editions Léo Scheer - Paris. Janvier 2002. Légionnaires Livre regroupant 70 portraits de la séries Légionnaires . Préface de Raphaëlle Stopin. Editions 779/Château d’eau - Paris. Septembre 2002. Steps Livre regroupant 60 portraits de patineuses synchronisée finlandaise Texte de Rosa Liksom Le point du jour éditeur/ POC éditions – Cherbourg. Décembre 2002 Le froid, le gel, l’image : Merisotakoulu Livre regroupant 35 portraits de cadets de l’école de Marine finlandaise Texte de Jean-Paul Curnier Editions Léo Scheer, Paris – Octobre 2003 Rikishi Livre regroupant 100 portraits de lutteurs de sumo au Japon Texte de Chihiro Minato POC éditions, Rouen – Janvier 2005 2 NELSON Livre regroupant 35 images de lutte gréco-romaine Texte de Bill Kouwenhoven POC éditions, Rouen – Mars 2005 LUX Livre regroupant 108 portraits de jeunes luxembourgeois Texte de Stephane Bern MUDAM, Luxembourg – Mai 2005 EMPIRE Livre regroupant 150 portraits des gardes royaux, républicains et princiers d’Europe Texte Prosper Keating/Charles Fréger Éditions Kehrer Verlag Heidelberg - 2010 Wilder Mann ou la figure du sauvage Livre regroupant des portraits d’hommes qui, le temps d’une mascarade multiséculaire, entrent littéralement dans la peau du « sauvage ». Éditions Thames & Hudson - 2012 Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur Bibliographie et sitographie Michel Poivert, La photographie contemporaine, Flammarion / Cnap, 2002 Vous pouvez consulter la brochure pédagogique sur l’exposition «Noir et blanc» de Patrick Faigenbaum Exposition La brochure pédagogique sur l’exposition Laura Henno à image/imatge, Orthez en 2011 André Rouillé, La photographie, Collection Folio, Essais, Éditions Gallimard, 2005 Ouvrages spécifiques sur le portrait photographique Sylvie Aubenas-Anne Biroleau, Portraits/Visages, 18532003, Éditions Bibliothèque Nationale de France/Gallimard, 2003 Jean-Christophe Bailly L’apostrophe muette, essai sur les portraits du Fayoum, Éditions Hazan, 2005 Dominique Baqué, Visages, du masque grec à la greffe du visage, Éditions Regard, 200 William Ewing, Faire faces. Le nouveau portrait photographique, Éditions Actes Sud, 2006 . Michel Frizot, Serge July et ali , Identités De Disdéri au Photomaton, CNP Collection Photocopies, 1985 Hubert Haddad, Du visage et autres abîmes, Éditions Zulma, 1999 Jean-Marc Huitorel, Michel Onfray et Alii, Danse macabre,Éditions ARDI / Le Triangle, 1993 Max Kozloff, Le jeu du visage - Le portrait photographique depuis 1900, Éditions Phaidon, 2008 David Le Breton, Des visages. Essai d’anthropologie, Collection « Suites Sciences Humaines », Éditions AnneMarie Métailié, 2003 Ouvrages généraux Dominique Baqué, Photographie plasticienne. L’extrême contemporain, Le Regard, 2004 Roland Barthes, La chambre claire, Collection Cahiers du cinéma, Éditions Gallimard, 1980 Christian Bouqueret, Histoire de la photographie en images, Éditions Marval, 2001 Ferrante Ferranti, Lire la photographie, Éditions BREAL, 2003 Anne-Marie Garat, Françoise Parfait, La petite fabrique de l’image, Éditions Magnard, 2004 Christian Gattinoni, La photographie en France 1970-2005, Éditions CultureFrance/La documentation française, 2006 Christian Gattinoni et Yannick Vigouroux, La photographie contemporaine, Collection Tableaux Choisis, Éditions Scala, 2004 Brigitte Govignon, La petite encyclopédie de la photographie, Éditions La Martinière, 2004 Thomas Lélu, Manuel de la photo ratée, Éditions Léo Scheer, 2007 Louis Mesplé, L’aventure de la photo contemporaine de 1945 à nos jours, Éditions du Chêne Hachette Livre, 2006 François Soulages, Esthétique de la photographie. La perte et le reste, Armand Colin, 2005 Yannick Vigouroux et Jean-Marie Baldner, Les pratiques pauvres. Du sténopé au téléphone mobile, Éditions ISTHME/ CRDP Créteil Dictionnaire de la photo, Collection In extenso, Éditions Larousse, 2001 Qu’est-ce que la photographie aujourd’hui ?, Beaux Arts éditions, 2007 Sitographie Consulter l’incontournable site de la BNF sur le portrait http://classes.bnf.fr/portrait/ Sites généralistes : Les Rencontres Photographiques (Arles) Cnap.fr Mep-fr.org Jeudepaume.org Lebleuduciel.net Centredelimage.com Lacritique.org Panoplie.org Paris-art.com Photographie.com Purpose.fr Visuelimage.com Afriphoto.com > Sites spécifiques Lemensuel.net Arhv.lhivic.org Lettres.ac-versailles.fr Cnac-gp.fr Des clics & des classes Crdp-limousin.fr Pedagogie.ac-nantes.fr (Espace Pédagogique approches de l’ombre) Centre Pompidou - Dossiers pédagogiques en ligne La couleur - 2011 Les nouveaux médias - 2011 Le film - 2010 La subversion des images - 2009 Expérimentations photographiques en Europe. De 1920 à nos jours - pdf 16p - 2008 Tendance de la photographie contemporaine - 2007 Son et lumière - une histoire du son dans l’art du 20 eme siècle - 2005 Le mouvement des images - pdf 17p - 2006 Jean-Luc Godard - 2006 Luis Bunuel - Un chien andalou - 2005 Sophie Calle - 2004 Statut et pouvoir du narrateur - 2003 Roland Barthes - 2002 Un centre d’art, tourné vers la photographie qui associe expositions, édition, résidences et formation. Le Point du Jour, inauguré en novembre 2008, est le premier centre d’art / éditeur en France tourné vers la photographie. Adresse et informations Le Point du Jour Centre d’art/éditeur 107, avenue de Paris 50100 Cherbourg-Octeville Tél. 02 33 22 99 23 www.lepointdujour.eu Le bâtiment a été conçu par Éric Lapierre, lauréat du Prix de la première œuvre en 2003, décerné au meilleur jeune architecte français. Contact : Anne Gilles [email protected] Codirigé par Béatrice Didier, David Barriet et David Benassayag, Le Point du Jour est issu de l’activité, durant une dizaine d’années, de la maison d’édition du même nom et du Centre régional de la photographie de Cherbourg-Octeville. Service éducatif Quatre expositions sont proposées par an : l’une concerne la région, deux présentent des artistes contemporains et la dernière est consacrée à un photographe du passé. Le Point du Jour publie parallèlement trois ouvrages, liés aux expositions ou essais concernant la photographie. Régulièrement, des artistes sont invités à réaliser un travail photographique dans la région, suivi le plus souvent d’une exposition et d’un livre. Enfin, Le Point du Jour organise avec le soutien de la Fondation Neuflize Vie, le Prix Roland Barthes. Ce prix récompense des travaux de jeunes universitaires sur la photographie. La bibliothèque réunit près de deux mille ouvrages concernant la photographie. Elle accueille aussi régulièrement des conférences et des rencontres. Des visites et des formations sont organisées, notamment à destination des enseignants, tout au long de l’année. Textes rassemblés et conception : Denis Tessier Denis Tessier t. 02 33 22 99 23 f. 02 33 22 96 66 [email protected] Permanence le jeudi de 13h à 17h et sur rendez-vous Horaires d’ouverture Du mercredi au vendredi de 14 h à 18h Samedi et dimanche de 11h à 19h et sur rendez-vous Actualité Autour de l’exposition Tous les livres de Charles Fréger seront consultables et / ou proposés à la vente. Des projections et des rencontres ponctueront l’exposition. Rencontre avec Charles Fréger Dimanche 23 septembre à 15h Seconde Peau, Charles Fréger / Service éducatif du Point du Jour, centre d’art/éditeur