Association Alzheimer Suisse
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Association Alzheimer Suisse Pro Senectute Suisse Prestations de base pour personnes atteintes de la maladie d‘Alzheimer – Offres ambulatoires et semi-stationnaires en faveur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence et soutien des proches Rapport établi à l’intention de l’Unité spécialisée Question de la vieillesse de l’Office fédéral des assurances sociales Février 2002 2 Impressum Editeurs : Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse Rédacteur : Oskar Diener Traduction : Corinne Verdan-Moser Année de parution : 2002 Commandes: Association Alzheimer Suisse, Secrétariat central, rue des Pêcheurs 8, 1400 Yverdon-les-Bains; [email protected] Pro Senectute Suisse, Centre de gestion et d'action gérontologique, Lavaterstrasse 60, case postale, 8027 Zurich; [email protected] Le rapport est disponible en allemand. Prix de vente : CHF 15.- © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse A ne citer qu’avec mention de la source. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 3 Préambule L’objectif premier du présent rapport est d’analyser la situation qui prévaut en Suisse dans le domaine de l'accompagnement, de la prise en charge, des soins et des traitements médicaux ambulatoires destinés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence, et d'évaluer les mesures de soutien et d'accompagnement proposées aux proches. De façon très pragmatique, il met au jour leurs besoins "ici et maintenant", aussi bien en matière de prestations de base que d’accompagnement. Quant aux questions fondamentales de la protection des adultes (droit de la tutelle), elles ne figurent pas dans ce rapport, car elles sont actuellement traitées par une commission fédérale d'experts chargés de réviser les articles correspondants du code civil. Il n'y est pas davantage fait mention de la recherche, car c'est là une question qui doit être abordée et résolue à l'échelon international et national. Se basant sur la constatation que la maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence doivent désormais être considérées comme des maladies courantes qui concernent un nombre croissant de personnes - les malades et leurs proches - ce rapport révèle la nécessité impérative d'agir, notamment dans quatre domaines: • Il faut assurer une planification cohérente et conséquente pour tout ce qui concerne la maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence, tant à l'échelon national que régional. • Il faut assurer un réseau satisfaisant de prestations de base dans toutes les régions de Suisse. • Il faut garantir un financement sûr et complet des prestations de base, incluant les services et l’aide en faveur des proches soignants. • Et il faut assurer une meilleure formation du personnel dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 4 Table INTRODUCTION .………..………………………………………………………………7 GROUPE DE TRAVAIL ...……………………………………………………………….8 1 INFORMATIONS DE BASE ..…………………………………………………….9 1.1 Augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies dégénératives dues à l’âge ................................................................................................................... 9 1.2 Nombre de personnes atteintes d’une démence aujourd'hui et demain ……………....9 1.3 Les démences et l'âge ………………………………………………………………...9 1.4 Nombre de nouveaux cas chaque année ..................................................................... 10 1.5 Situation des malades à domicile …………………………………………………...10 1.6 Situation des malades en institution 1.7 Les coûts de la prise en charge des personnes atteintes de démence 1.8 Le rôle des démences dans l'économie nationale ………………………………….12 1.9 Participation aux coûts par les familles ……..…………….…………………………11 ….………....11 …………………………………………...12 1.10 Prise en charge des personnes atteintes de démence: une problématique en soi …..12 2 DEFINITIONS 2.1 Démence ………………….…………………….………………………………….13 2.2 La maladie d'Alzheimer 2.3 Autres formes de démence …………..………………………………………………14 2.4 Causes …………………………………………………………...13 ……….……………………………………………………………………14 2.5 Prévention 3 ………...………………………………….……………………..13 ...……………………………………………………………………….15 PRISE EN CHARGE MEDICALE DES PERSONNES ATTEINTES DE LA MALADIE D’ALZHEIMER ………………………………………………..…….16 3.1 Dépistage précoce 3.1.1 3.1.2 3.1.3 3.1.4 3.1.5 3.1.6 ……………………………..………………………………….16 Arguments en faveur d'un dépistage précoce …..……………………….…………16 Dépistage en deux étapes ……………………………………………………………..16 Implication des proches …………………………………………………………….17 Maladie ignorée et maladie camouflée ……………………………………………..17 Diagnostic difficile …………………………………………………………………17 Information du malade et de ses proches …………………………………………..18 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 5 3.2 Traitement médical des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer 3.2.1 3.2.2 3.2.3 3.2.4 3.2.5 3.2.6 3.2.7 3.2.8 4 ………….18 Mesures médicales ………………….………..………………………….………….18 Un traitement axé sur deux priorités ………………………………………………..18 Objectifs du traitement médical …………………………………………………….19 Consentement des malades et implication des proches ……………………………..19 Le médecin de famille en tant que coordinateur ……………………………………19 Tâches des centres de consultation …………………………………………………20 Rôle des hôpitaux gériatriques et psychogériatriques ………………………………20 Aspects organisationnels ……………………………………………………………21 SOINS DE BASE ET PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE DES PERSONNES ATTEINTES DE LA MALADIE D’ALZHEIMER ….………...23 4.1 Soins et prise en charge: généralités 4.1.1 4.1.2 4.1.3 4.1.4 4.1.5 4.1.6 4.1.7 4.1.8 4.2 4.3.2.1 4.3.2.2 4.3.2.3 4.3.2.4 4.3.2.5 4.3.3 4.3.4 4.3.5 4.3.6 4.3.7 4.3.8 4.3.9 …………………..….25 Malades Alzheimer vivant seuls ………….……………...…………..….………….25 Malades Alzheimer vivant avec un proche soignant ..………..…………………….26 Information et soutien 4.3.1 4.3.2 4.4 Les soins aux malades Alzheimer sont aussi des soins palliatifs ………………….23 Vivre et mourir: les interrogations ……………………………………………….23 Objectif: le bien-être …...…………………………………………………………...23 Stress et apprentissage, deux caractéristiques des soins aux malades Alzheimer ….24 Prise en charge et soins centrés sur la personne …………………………….………24 Surveillance des malades agités ………...…………………………………………..24 La constance des soins aux malades Alzheimer: une nécessité ……..……..……25 La rationalisation des soins aux malades Alzheimer: une impossibilité ………..…..25 Soins et prise en charge à domicile des malades Alzheimer 4.2.1 4.2.2 4.3 …………..…………………………………..23 …………………………………………………………………...27 Diffusion de l'information ……………………..……………………………………28 Conseil individuel et familial et accompagnement psychosocial …………………..28 Apprendre à utiliser ses propres compétences …….……………………..…...……...……..28 Accompagnement psychosocial …………………………………………………...………..29 Assistance juridique ………………………………………………………………………...29 Assistant social comme conseiller ………………………………………………………..29 Accompagnement en situation de crise ………………………………………………….29 Groupes d'entraide pour les proches ……………………………………………..30 Groupes d'entraide pour les malades Alzheimer ……..….…………….…………….31 Entraînement de la mémoire ………..……………..………….……………………32 Formation pour les proches ………...……………………………………………….32 Activités créatives et sociales …..…………………………………………………...33 Présences à domicile ……….…………………………………………………….34 Repas à domicile ……………………………………………………………………34 Prise en charge de malades Alzheimer par les services d'aide et de soins à domicile 4.4.1 4.4.2 4.4.3 4.4.4 4.4.5 4.4.6 4.4.7 ….…35 Possibilités et limites du maintien à domicile ………………………..…………..35 Facteurs déclenchant l'intervention des services d’aide et de soins à domicile ……..36 Définition des besoins ………………………………………………...………….37 Planification de l'intervention …………………………………………...………….37 Mise sur pied de l'intervention …………………………………………….………..38 Equipes interprofessionnelles ……………………………………………………38 Polyvalence des soignants …………………………………………………………..39 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 6 4.4.8 4.4.8.1 4.4.8.2 4.4.8.3 4.4.8.4 4.4.8.5 4.4.8.6 4.5 Organisation des services d'aide et de soins à domicile ………………………….40 Compétence .……………………………………………………………………………….40 Bases légales ……………………………………………………………………..…………40 Processus de fusion ……….…………………………………………………...…………40 Aire de desserte optimale des centres de soins à domicile ………………………..………..40 Palette de prestations d'un centre moderne de soins à domicile ……………………………41 Flux d'information et coordination …………………………………………………………41 Offre de soins et de prise en charge semi-stationnaires ……………………………...44 4.5.1 Objectifs et tâches des offres semi-stationnaires ………….……………..………45 4.5.2 Situation initiale ……………………………………….……………………………46 4.5.3 Hôpitaux de jour ……………………………………………..……………………...46 4.5.4 Centres de jour spécialisés ………………………………………………………….47 4.5.4.1 4.5.4.2 4.5.4.3 4.5.4.4 4.5.4.5 4.5.5 4.5.6 4.5.7 4.5.8 4.5.8.1 4.5.9 4.6 Aménagement ………………………………………………………………………………47 Structuration de la journée …………………………………………………..……………...48 Soins psychogériatriques de base …………………………………………………………..48 Interaction adaptée aux malades Alzheimer ………………………………………………..49 Normes de qualité …………………………………………………………………………..49 Centres de jour polyvalents ………………………………………………..………..51 Accueil de jour dans des établissements médico-sociaux …….…………………….51 Accueil de jour dans des centres de rencontre ……………………………………..52 Accueil de nuit ……………………………………………………………………...53 Modèles de prise en charge de nuit …..……………………………………………………..53 Prise en charge temporaire dans des établissements de soins stationnaires ………...54 Offre de vacances 4.6.1 4.6.2 4.6.3 ………………………………………………………….…56 Vacances pour les malades Alzheimer ……………………………….……………..56 Vacances pour les malades Alzheimer et leurs proches soignants …………………56 Séminaires de vacances pour la formation des proches soignants ………………….58 5 CONCLUSIONS ……………………………………………………………….…59 5.1 Les malades Alzheimer en chiffres: aujourd'hui et demain ..…….....……………..59 5.2 Forte augmentation du nombre de personnes âgées atteintes d’Alzheimer 5.3 Amélioration de la prise en charge ambulatoire et semi-stationnaire 5.4 Offres de prise en charge à des tarifs abordables 5.5 Besoin croissant de personnel pour la prise en charge et les soins 5.6 Amélioration nécessaire des offres de formation …..…..59 …………….59 …………………………………60 ……………….60 …………………………………60 BIBLIOGRAPHIE .………………………………………………………………….…...61 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 7 Avertissement Sur le plan médical et des traitements médicamenteux, il est certes primordial de différencier les diverses formes de démence. Par contre, en ce qui concerne les besoins de soins et de prise en charge, cette différenciation n’a guère de sens. De plus, le grand public en général connaît, du moins un peu, la maladie d’Alzheimer. Pour ces raisons et pour améliorer la lisibilité de ce rapport, nous parlons le plus souvent de « personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer » ou de « malades Alzheimer » en y incluant l’ensemble des personnes atteintes d’une démence. Toujours pour des raisons de lisibilité, les désignations de personnes sont toutes au masculin dans ce rapport. Les auteurs sont bien entendu conscients que, en particulier dans le domaine des soins et de l'encadrement, la majeure partie du travail est effectué par des femmes. Introduction L'Association Alzheimer Suisse et la Fondation Pro Senectute Suisse, dans leurs discussions avec l'Office fédéral des assurances sociales, ont à maintes reprises signalé les carences en matière de prestations en faveur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leurs proches. Au printemps 2001, l'Office fédéral des assurances sociales a chargé l'Association Alzheimer Suisse et la Fondation Pro Senectute Suisse de montrer dans un rapport ce que devait être un réseau satisfaisant de prestations ambulatoires et semi-stationnaires en faveur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs proches (objectifs à atteindre). Ensuite, les conditions cadre énumérées dans le présent rapport doivent servir de base pour évaluer les prestations existantes en matière de prise en charge à disposition des malades Alzheimer et de leurs proches (situation actuelle). La dernière étape compare l'objectif à atteindre et la situation actuelle. Les résultats qui en découlent serviront de base pour la discussion politique – nécessaire, voire urgente – sur les "Prestations de base pour personnes atteintes de la maladie Alzheimer" en Suisse, ainsi que pour les mesures concrètes à prendre à grande échelle. L’objectif premier du présent rapport est d’analyser la situation qui prévaut en Suisse dans le domaine de l'accompagnement, de la prise en charge, des soins et des traitements médicaux ambulatoires destinés aux malades Alzheimer, et d'évaluer les mesures de soutien et d'accompagnement proposées aux proches. Quant aux questions, très importantes elles aussi, de la protection des adultes (droit de la tutelle), elles ne figurent pas dans ce rapport, car elles sont actuellement traitées par une commission fédérale d'experts chargée de réviser les articles correspondants du code civil. Il n'y est pas davantage fait mention de la recherche, qui est une question discutée à l'échelon international et national. Pour ce qui est du financement, dont dépend la mise en œuvre des diverses solutions, il devra faire l'objet d'une étude séparée ultérieure. Se basant sur la constatation que la maladie d’Alzheimer doit désormais être considérée comme une maladie très répandue qui concerne un nombre croissant de personnes - les malades et leurs proches -, ce rapport révèle la nécessité impérative d'agir. Il veut contribuer à la mise en œuvre rapide des mesures nécessaires pour tisser un vaste réseau de prestations de base en Suisse. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 8 Groupe de travail L'Association Alzheimer Suisse et la Fondation Pro Senectute Suisse ont mis sur pied un groupe de travail interdisciplinaire chargé de réaliser pour fin janvier 2002 un rapport définissant les exigences minimales en matière de prestations de base pour les malades Alzheimer et leurs proches en Suisse. Ce groupe de travail était constitué principalement de spécialistes qui, depuis plusieurs années, traitent, soignent ou assistent des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et offrent un soutien psychologique à leurs proches. Etaient également représentées dans le groupe de travail des organisations publiques et privées œuvrant dans les domaines de la gériatrie, de la psychogériatrie, des soins ambulatoires, de la prise en charge stationnaire, de l'assistance sociale et de la défense des intérêts des malades Alzheimer et de leurs proches. Le groupe de travail était en outre particulièrement représentatif de la Suisse, puisque ses participants venaient de diverses régions urbaines et rurales du pays. Groupe de travail « Prestations de base pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer »: • • • • • • • • • • • Allgöwer Carole, assistante sociale, responsable d'un centre médico-social, Orbe Diener Oskar, infirmier en psychiatrie, assistant social et thérapeute de famille, au bénéfice d'une formation complémentaire en politique sociale, responsable de projet de l'Association Alzheimer Suisse, Yverdon-les-Bains (rédacteur du rapport) Faes Jürg, Dr. med., président central de l'Association Alzheimer Suisse, Genève (président du groupe de travail) Heidelberger Verena, assistante sociale, responsable de l'antenne téléphonique de la section ALZ Argovie c/o Pro Senectute canton d'Argovie, Aarau Kalbermatter Elsbeth, gérontopsychologue, service psychogériatrique ambulatoire du centre psychiatrique du Haut-Valais, Brigue Mezger Martin, directeur de Pro Senectute Suisse, Zurich Ohagen Monika, secrétaire de direction, Pro Senectute Suisse, Zurich (rédactrice des procès-verbaux) Perle Iris, infirmière en psychiatrie et infirmière de santé publique, responsable du centre de consultation Alzheimer du service de psychiatrie ambulatoire du canton de Thurgovie, Frauenfeld Portmann Hilda, directrice d'EMS, maison de retraite, Pfäffikon ZH Schreiter Gasser Ursula, PD, Dr. med., médecin-cheffe du centre psychogériatrique Hegibach, Clinique psychiatrique universitaire, Zurich Stähelin Hannes B., Prof. Dr. med., médecin-chef de la clinique gériatrique universitaire, Bâle Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 9 1 Informations de base Une espérance de vie plus longue a pour conséquence une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies dégénératives dues à l’âge. On compte aujourd’hui quelque 84'000 personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence en Suisse. La majorité d’entre elles est prise en charge à domicile, mais on estime à deux tiers celles qui passent la phase terminale de leur maladie en institution. Les coûts directs et indirects des soins et de la prise en charge s’élèvent actuellement à plus de 5,4 milliards de francs par année. 1.1 Augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies dégénératives dues à l’âge Les progrès réalisés dans la lutte contre les maladies qui, il y a encore quelques années ou décennies étaient fatales, ont prolongé l’espérance de vie de la population, augmentant de ce fait le nombre des personnes âgées dans une proportion inattendue. Mais ce tableau réjouissant est terni par la forte augmentation du nombres de personnes atteintes de maladies dégénératives apparaissant avec l’âge. 1.2 Nombre de personnes atteintes d’une démence aujourd’hui et demain Fin 1995, sur la base d'une prévalencea de 8,1%, la population suisse âgée de plus de 65 ans comptait quelque 84'000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence1. Si l’on ne découvre pas des traitements plus efficaces dans un avenir proche, ce chiffre ne cessera de croître selon les prévisions démographiques effectuées jusqu’en 2040. A ce moment-là, il y aura au moins 140'000 malades atteints d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence, dont près de 100'000 auront plus de 80 ans2. Ces chiffres se fondent sur les prévalences établies par Hofman3 et Jorm4 et sur des prévisions prudentes de l'évolution démographique en Suisse5. On doit donc désormais s’attendre à ce qu’il y ait au total plus de 1800 cas de maladies supplémentaires par année. 1.3 Les démences et l’âge Les démences, dont la forme la plus courante est la maladie d’Alzheimer, apparaissent en général à partir de 60 ans. Comme le taux de prévalence double tous les cinq ans, ce sont entre 32%3 et 38%4 de la population âgée de 90 ans qui est touchée. Ensuite, le nombre des nouveaux cas n’augmente plus de la même manière. Cela est principalement dû aux décès plus précoces des malades Alzheimer. Leurs chances d’atteindre un âge avancé sont nettement réduites. Si l’on examine des centenaires, on constate un partage égal entre ceux dont les facultés mentales sont intactes et ceux souffrant d’une démence. L'analyse des données a Prévalence: Fréquence d’une maladie au sein d’une population (ou d’un segment de ladite population) à un moment donné. Exprimé en %, il s’agit du nombre de malades par 100 habitants. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 10 épidémiologiques prouve que les démences ne découlent pas d’une évolution "normale" qui font simplement partie de l’âge, mais qu'elles sont une maladie en soi qui est en forte relation avec le vieillissement. Cela dit, la maladie d’Alzheimer ou d'autres formes de démence peuvent également frapper des personnes plus jeunes. On estime que la prévalence est de 0,067%6 pour la population âgée de 30 à 65 ans, ce qui équivaut pour la Suisse à quelque 2000 démences préséniles. Il s'agit là de personnes qui ont des besoins tout à fait particuliers en matière de conseils, de soins et de traitements: les aspects génétiques jouent un rôle important (conseil génétique et soutien spécialisé aux familles), la "jeunesse" de ces patients est souvent la cause de graves problèmes tant sur le plan familial que professionnel et financier. 1.4 Nombre de nouveaux cas chaque année En se basant sur un taux d'incidenceb estimé de 1,5%7 8 au sein de la population âgée de plus de 65 ans, on estime à 15'000 le nombre de nouveaux cas de maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence en Suisse par année. Ce taux d'incidence est légèrement plus élevé chez les femmes que chez les hommes9. Chez les femmes, une espérance de vie plus longue explique le risque plus élevé de démence.10 Plus d'un quart des personnes âgées de 65 ans développeront une maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence dans la suite de leur existence.7 1.5 Situation des malades à domicile Au fur et à mesure de la progression de sa maladie, la personne touchée dépend toujours davantage de son entourage. Mais aussi, plus elle avance en âge, plus se rétrécit le réseau social et familial de solidarité inconditionnelle sur lequel elle peut compter. Très vite, ce sont divers facteurs externes qui déterminent si un malade Alzheimer peut rester chez lui ou non: la famille, le domicile, l'infrastructure, etc. Souvent, les malades Alzheimer vivant seuls rencontrent des difficultés à rester chez eux dès les premiers symptômes de la maladie. Pour ceux qui vivent avec un conjoint ou un autre proche, les chances de pouvoir rester à la maison sont nettement plus élevées, même lorsque leur handicap et leur dépendance deviennent plus marqués. Dans ce dernier cas, il est impératif que le proche soignant soit en bonne santé (ce qui n'est pas toujours le cas dans les couples âgés) et qu'il puisse de surcroît compter sur l'aide de son réseau familial et social. Cela dit, la possibilité de garder un malade Alzheimer chez lui à long terme dépend aussi des habitudes culturelles, de l'existence de services d'aides et de soins à domiciles bien rodés, des offres de prise en charge (services de présences à domicile, centres de jours, unités d'accueil de nuit, etc.) et du mode de financement des diverses prestations. Des études montrent que le pourcentage des malades souffrant d’une démence moyenne à grave pris en charge à domicile est à peu près identique en Angleterre (60%)11, en Allemagne (60%)12 et en France (61,7%)13. Pour ce qui est de la Suisse, par contre, on ne dispose pas encore de chiffres fiables. b Taux d'incidence: Fréquence d’apparition de nouveaux cas de maladie au sein d’une population (ou d’un segment de ladite population) au cours d'une année. Exprimé en %, il s’agit du nombre de personnes par 100 habitants chez qui un diagnostic de démence a été posé pour la première fois au cours de l'année. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 11 1.6 Situation des malades en institution Ce sont les malades au stade débutant ou moyen qui bénéficient plus souvent des soins à domicile. En Allemagne, seul un tiers des malades Alzheimer reste au domicile privé jusqu'au décès, tandis que les établissements de soins prennent en charge les malades au stade avancé et s'occupent des deux tiers des malades Alzheimer en phase terminale.14 La probabilité d'une admission en institution est étroitement liée à l'âge et plus précisément aux maladies et infirmités accompagnant la vieillesse. En 1990, quelque 40% de la population suisse âgée de plus de 90 ans vivait en établissements collectifs.5 La maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence sont de loin la principale raison d'une admission en institution. En Allemagne, plus de la moitié des admissions en EMS sont motivées par la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence et les limitations d'autonomie qui en découlent.14 Aux USA, on constate même que 60% des admissions en institutions ont pour principal motif avancé une démence15 et dans les pays scandinaves et anglo-saxons, entre 52% et 72% des résidents en EMS sont diagnostiqués comme déments.14 En Suisse, à nouveau, les chiffres relatifs à cette problématique sont très rares. Dans le canton de Vaud par exemple, on sait qu'en 1993 près de 45% des pensionnaires d'EMS et de maisons de retraites souffraient de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence.16 1.7 Les coûts de la prise en charge des personnes atteintes de démence Les charges économiques liées à la prise en charge de malades Alzheimer sont aujourd'hui déjà colossales. Il est possible qu'elles soient si peu mises en évidence du fait qu'elles ne grèvent que faiblement les coûts d'ordre médical puisqu'elles sont pour la plupart financées par d'autres canaux (participation personnelle des malades et des proches, prestations complémentaires, allocations pour impotent, aide sociale, subventions de l'Etat, des cantons et des communes). De plus, on ignore généralement les coûts des prestations bénévoles des proches, lesquels n'obtiennent aucune rémunération d'ordre monétaire. Selon des estimations, les coûts directs en Suisse pour les seules prestations fournies dans le cadre de la santé publiquec en faveur des quelques 84 000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence se sont montées en 1998 à plus de 3,1 milliards de francs.17 A cela s'ajoutent encore les coûts directs hors santé publiqued pour les prestations bénévoles des proches; ces coûts sont estimés à plus de 2,3 milliards de francs pour 1998 en Suisse. Sur la base de cette estimation, on constate que les dépenses totales par malade Alzheimer et par an s'élèvent à quelque 66'000 francs. Les résultats de trois études américaines, qui ont été adaptés à l'inflation, montrent qu'en 1997 aux Etats-Unis les dépenses totales par malade Alzheimer et par an se sont situées entre 63'000 francs et 90'000 francs. 18 19 20 Pour ce qui est de l'Angleterre, ces dépenses se sont situées entre 45'000 francs et 75'000 francs en 200021. Quant aux études12 effectuées en Allemagne, au Danemark et en Suède, leurs résultats sont largement similaires. On peut donc en déduire que les résultats de l'étude menée en Suisse sont tout à fait parlants. c d Par coûts directs dans le cadre de la santé publique on entend tous les coûts découlant directement de la prise en charge du patient (dépenses pour des séjours en hôpital, centre de jour, unités d'accueil de nuit, services d'aide et de soins à domicile, visites médicales, médicaments, etc.). Par coûts directs hors santé publique on entend les dépenses découlant des prestations de soin et de prise en charge fournies gratuitement par les proches et les amis. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 12 1.8 Le rôle des démences dans l'économie nationale On l'aura compris, la maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence ont une importance économique non négligeable. Ce sont en particulier les coûts des prestations fournies dans le cadre de la santé publique qui sont intéressants d’un point de vue purement économique, étant donné que les malades Alzheimer et leurs familles paient des services qui ne subissent que peu de fluctuations conjoncturelles et qui ont de par ce fait une action stabilisatrice sur l’économie nationale. Les revenus acquis sous forme de rentes et les fortunes des personnes concernées, mais aussi les prestations des assurances et les subventions financées par le biais des rentrées fiscales entrent ainsi dans le circuit économique et créent des postes de travail et des revenus, qui à leur tour vont alimenter la consommation nationale dans son ensemble. 1.9 Participation aux coûts par les familles Il est évident que pour les personnes concernées et leurs proches, il est vital - au sens propre du terme – de savoir quels canaux financeront les coûts du traitement, des soins et de l’accompagnement, et dans quelle mesure eux-mêmes devront puiser dans leur revenu et leur fortune pour participer à ce financement. Et ce d'autant plus que les coûts pour les soins et l'accompagnement générés par la maladie et à charge des familles sont souvent à la limite du supportable. 1.10 Prise en charge des personnes atteintes de démence: une problématique en soi Tout comme les cancers, la malade d’Alzheimer et les autres formes de démence font aujourd'hui partie de maladies très répandues qu'il convient de prendre au sérieux. Ce ne sont pas là des affections rares qui nécessitent exceptionnellement la mise en œuvre d'un traitement spécial. Il est primordial que nous prenions bien conscience que nous avons désormais affaire à un ensemble de maladies qui touche un nombre croissant de personnes et qu'il est donc indispensable que nous appréhendions dans leur globalité les problèmes qui lui sont liés afin de trouver les solutions les plus adéquates. A ce jour il manque encore en Suisse une réflexion et une planification cohérente dans ce domaine. Il faut donc que l'organisation et le financement des soins et de l'accompagnement à long terme des personnes touchées soient reconnus et traités comme une problématique en soi. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 13 2 Définitions Le terme générique de "démence" regroupe diverses pathologies qui toutes affectent les capacités mentales. La plus courante d'entre elles est la maladie d'Alzheimer. Le principal facteur de risque est l'âge, mais les facteurs génétiques jouent également un rôle. Quant aux possibilités de prévention, elles sont à ce jour encore très limitées. 2.1 Démence Le terme démence désigne toute maladie qui provoque une perte des capacités mentales. Le diagnostic d'une démence comporte toujours des troubles de la mémoire. Mais il faut que d'autres capacités mentales soient également affectées (calcul, langage, compréhension et réflexion logiques, faculté de planification, etc.) avec des effets négatifs sur la vie quotidienne des personnes touchées. Les examens neuropathologiques pratiqués lors d'autopsies ont montré des modifications caractéristiques dans le cerveau et ont permis de différencier un grand nombre de démences, lesquelles se manifestent plutôt isolément chez les sujets jeunes, mais souvent en combinaison les unes avec les autres chez les patients plus âgés. 2.2 La maladie d'Alzheimer Entrant pour trois quarts dans le nombre total des démences, la maladie d'Alzheimer est de loin la forme de démence la plus courante. Elle est caractérisée par des dépôts de protéines à l'intérieur et à l'extérieur des cellules nerveuses, les empêchant ainsi de fonctionner et provoquant simultanément une réaction de type inflammatoire dans le cerveau, laquelle cause à son tour d'autres dommages. La progression visible de la maladie dure entre sept et neuf ans, voire exceptionnellement vingt ans, avant le décès du patient. A partir de la manifestation des premiers symptômes, on subdivise généralement la maladie en trois étapes: le stade précoce, le stade moyen et le stade avancé. La maladie débute de façon insidieuse. Le stade précoce est caractérisé par des défaillances de la mémoire, des difficultés à trouver ses mots, des problèmes d'orientation et de reconnaissance ainsi que des comportements inhabituels. Si la personne touchée est encore en mesure de gérer seule son quotidien, elle a néanmoins besoin du soutien régulier de tiers. Au stade moyen de la maladie, le patient n'est plus capable de gérer seul son quotidien. La désorientation temporelle et spatiale continue de s'aggraver. La capacité de comprendre des messages simples et d'exécuter des tâches quotidiennes élémentaires (hygiène corporelle, ménage, etc.) se détériore. Des troubles du comportement apparaissent de plus en plus souvent, comme l'agitation et l'agressivité. Des troubles hallucinatoires ne sont pas rares non plus, comme par exemple la certitude d'avoir été cambriolé. A ce stade, on peut assister aussi à des modifications de la personnalité. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 14 Arrivé au stade avancé, le patient est entièrement dépendant de l'aide et du soutien constants de tiers pour gérer son quotidien. Au cours de ces dernières années, des traitements symptomatiques efficaces ont été développés pour traiter la maladie d'Alzheimer, avec pour résultat une influence bénéfique sur plusieurs années.22 Néanmoins, les possibilités thérapeutiques actuelles ne suffisent pas encore à entraver définitivement le processus dégénératif progressif de la maladie. Au fur et à mesure de la progression de la maladie, le tableau clinique se modifie posant de ce fait des exigences nouvelles à la prise en charge médicale, aux soins et à l'assistance psychosociale. Cette dernière revêt diverses formes selon les caractéristiques de chaque individu, les malades Alzheimer ayant comme tout le monde des préférences et des aversions conditionnées par leur histoire personnelle. Et comme une partie des malades souffre de troubles du comportement qui rendent les contacts avec les proches très difficiles, il faut se rappeler avant tout que "le" malade Alzheimer n'existe pas de façon paradigmatique, mais que la maladie progresse différemment pour chaque individu et qu'elle se modifie au fil du temps.23 2.3 Autres formes de démence Les méthodes modernes de diagnostic permettent de délimiter toujours plus précisément les différentes formes de démence, comme par exemple la démence frontotemporale, dont la nature est très semblable à celle de la maladie d'Alzheimer, mais qui a probablement des prémisses génétiques différentes. La démence avec corps de Lewy est elle aussi une démence proche de la typologie de la maladie d'Alzheimer. Les affections des vaisseaux du cerveau peuvent également être une cause de démence. On parle dans ce cas de démence vasculaire. Un grand nombre d'autres maladies, notamment certaines maladies infectieuses comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob et autres variantes de l'ESB ou des infections dues au virus HIV, présentent également le tableau clinique d'une démence. 2.4 Causes On ne connaît pas encore aujourd'hui les causes pathologiques exactes des diverses formes de démence. On sait que les facteurs héréditaires jouent un rôle, car près de 10% des cas d'Alzheimer ont une indéniable origine génétique. Par exemple, le risque de développer la maladie est 3,5 fois plus élevé chez une personne dont la mère, le père ou les frères et sœurs souffrent de la maladie d’Alzheimer.10 Cependant, la plupart des cas de maladie d’Alzheimer ne fait que présenter une prédisposition génétique, et il faut que d'autres conditions internes et externes soient réunies pour que la maladie se déclenche. En fait, un âge avancé est de loin le facteur de risque le plus élevé pour contracter la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 15 2.5 Prévention En l'état des connaissances actuelles, les mesures préventives pour contrer la maladie d’Alzheimer, soumises en ce moment à discussion, reposent sur des hypothèses insuffisamment étayées pour justifier des campagnes de prévention à grande échelle.10 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 16 3 Prise en charge médicale des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer Il est très important de procéder à un dépistage précoce dès les premiers signes inquiétants au niveau des facultés mentales et du comportement. Il faut associer à ce processus le parent ou l'ami le plus proche de la personne touchée. Une fois informés sur le diagnostic et ses conséquences, les personnes touchées et leurs proches sont plus à même de comprendre la maladie et sa progression. La prise en charge médicale des malades Alzheimer nécessite une bonne collaboration entre le médecin traitant et les services spécialisés. 3.1 3.1.1 Dépistage précoce Arguments en faveur d'un dépistage précoce Les premiers signes d'une démence débutante devraient être rapidement décelés et pris au sérieux. Le dépistage précoce permet de • poser un diagnostic précis en cas de démence; • reconnaître les causes de démence curables (p. ex. troubles hormonaux, troubles du métabolisme, abus de médicaments et d'alcool, infections, intolérance à certains médicaments, etc.) et prendre les mesures thérapeutiques nécessaires; • reconnaître et traiter des symptômes apparentés à ceux d'une démence, qui se manifestent dans le cadre d'une dépression24 ou d'une autre maladie psychique; • expliquer au malade ainsi qu'à son entourage familial et social que les modifications mentales et comportementales sont dues à la maladie, et à calmer ainsi la crainte et l'insécurité que leur inspirent ces symptômes; • à recourir à des traitements médicamenteux et non-médicamenteux, ainsi qu'à des mesures psychosociales pour influencer positivement le déroulement de la maladie; • permettre à la personne atteinte de démence, mais encore capable de discernement, de prendre elle-même les décisions et les mesures relatives à son avenir (donner procuration, établir un testament, prendre des dispositions, rédiger ses volontés, etc.).25 3.1.2 Dépistage en deux étapes Idéalement, le dépistage de la maladie d’Alzheimer et des autres formes de démence s'opère en deux étapes. D'abord, tous les médecins et en particulier les médecins de famille devraient profiter d'un examen de routine pour effectuer le dépistage précoce d'une éventuelle démence. Puis, si nécessaire, des spécialistes ou des centres de consultations (cliniques de la mémoire ou "consultations de la mémoire", cliniques psychogériatriques, etc.) procèdent au diagnostic Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 17 différentiel. En outre, le Forum Alzheimer Suisse26 recommande de procéder à un dépistage minutieux notamment • chez les patients jeunes; • en cas de symptomatologie atypique; • dans le cas d'un déroulement atypique. 3.1.3 Implication des proches Il est absolument impératif que les personnes les plus proches (conjoint, filles et fils, amis) du malade soient impliquées dans le processus de dépistage. En effet, leurs observations sur les modifications du comportement et les troubles cognitifs du patient sont indispensables pour poser le diagnostic. Elles seules sont en mesure de fournir au médecin ces informations décisives. 3.1.4 Maladie ignorée et maladie camouflée Du fait que la perte des facultés cognitives se fait de façon insidieuse, notamment chez les malades Alzheimer, elle est en général d'abord ignorée par l'entourage, puis pendant longtemps elle passe plus ou moins inaperçue ou est mise sur le compte du processus "normal" de vieillissement. Et il est extrêmement rare que des personnes se trouvant au stade précoce d'une maladie d’Alzheimer estiment leurs déficits suffisamment gênants pour envisager d'elles-mêmes d'aller consulter un médecin.27 Par contre, la perte de leurs compétences provoque souvent chez elles irritabilité, dépression, apathie et autres changements d'humeur. D'autres malades Alzheimer quant à eux développent des stratégies pour camoufler la diminution de leurs facultés cognitives. Usant de prétextes, d'accusations et d'explications très plausibles, ils parviennent très souvent à cacher longtemps leurs déficits vis-à-vis des tiers.28 3.1.5 Diagnostic difficile Il est difficile de déterminer avec exactitude le début d'une maladie d’Alzheimer car les symptômes nécessaires à son diagnostic ne sont pas tous présents dès le départ. De légères pertes cognitives, que l'on peut constater déjà lors d'un examen neuropsychologique, permettent un pronostic relativement fiable: environ 15% des personnes âgées présentant une diminution de leurs facultés cognitives développeront une maladie d’Alzheimer en l'espace d'une année.29 Quant aux modifications caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, notamment sur le plan neuropsychologique, et aux modifications plus grossières de la structure du cerveau démontrables par imagerie médicale, elles ne sont décelables qu'à un stade plus avancé de la maladie. On admet que dans le cas d'une maladie d'Alzheimer, les modifications cérébrales peuvent s'effectuer en toute clandestinité durant des années, voire des décennies, avant que les symptômes deviennent visibles. A l'heure actuelle, le diagnostic repose sur des tests simples mais fiables qui permettent de renforcer ou de rejeter comme peu probable la suspicion d'une maladie d’Alzheimer ou d’une Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 18 affection apparentée. Un dépistage minutieux permet aujourd'hui déjà de poser un diagnostic relativement fiable et donc de procéder à la mise en œuvre d'une thérapie appropriée. On estime que le taux d'erreurs de diagnostic est de 10% aux Etats-Unis.30 Pour un diagnostic parfaitement exact, il faut procéder à l'autopsie après le décès du patient.31 3.1.6 Information du malade et de ses proches Aussitôt que le médecin est convaincu que les troubles cognitifs et comportementaux sont dus à la maladie d’Alzheimer ou à une autre forme de démence, il doit informer la personne malade et ses proches du diagnostic et les renseigner sur le déroulement probable de la maladie. Il est important de leur donner une explication médicale de la diminution des facultés cognitives et des modifications du comportement, car cela peut aider à éviter des malentendus et des conflits. Bien entendu, la certitude d'être en présence d'une maladie d’Alzheimer ou d’une affection apparentée ne va pas résoudre les problèmes comme par magie. Mais elle permet au malade et à ses proches de développer en toute connaissance de cause des stratégies adéquates pour affronter la maladie. On entend régulièrement des proches soignants regretter de n'avoir pas pu bénéficier d'un dépistage précoce. Celui-ci les aurait aidés à se préparer à la maladie et aux changements de comportement du malade qui lui sont associés. Cette lacune dans l'information a pour effet pervers que nombre de proches culpabilisent par la suite de ne pas s'être comportés de façon adéquate. Une seule séance d'information et de discussion est insuffisante. Pour comprendre et finalement accepter la maladie, il faut un long processus au cours duquel il est nécessaire de répéter les choses et soutenir les personnes concernées.32 C'est là une des tâches importantes des médecins de famille. Le présent rapport n'a pas pour objet de donner des indications précises sur le dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer ni d'expliquer la procédure médicale spécialisée. Ces aspects du problème sont décrits en détail dans l'article Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer – Un consensus pour la Suisse du Forum Alzheimer Suisse.26 3.2 3.2.1 Traitement médical des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer Mesures médicales Le traitement médical des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer consiste à initier et coordonner les mesures thérapeutiques susceptibles d'influer positivement sur le déroulement de la maladie. 3.2.2 Un traitement axé sur deux priorités Le traitement repose essentiellement sur deux axes principaux: d'une part le traitement médicamenteux qui agit directement sur le mécanisme spécifique de la maladie, et d'autre part le traitement thérapeutique des symptômes connexes à la maladie tels que l'apathie, la Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 19 dépression, l'inquiétude, l'agitation, l'agressivité, etc. Dans ce second cas, il convient d'accorder une importance toute particulière aux efforts thérapeutiques non médicamenteux, notamment à la formation et au soutien de l'entourage. (Cf. 4.1.3 et 4.3.6) 3.2.3 Objectifs du traitement médical Un traitement réussi a pour objectif d'optimiser l'indépendance du malade, de diminuer ses troubles de l'humeur et du comportement, de créer un environnement sécurisé et protégé pour lui et d'améliorer sa qualité de vie.26 C'est pourquoi il faut considérer comme faisant partie intégrante de la thérapie, et ayant une influence décisive sur le déroulement de la maladie, aussi bien le traitement médicamenteux et les mesures thérapeutiques fournies ou prescrites par le médecin que la façon dont les proches soignants à domicile et le personnel soignant en institution gèrent le quotidien avec le malade. 3.2.4 Consentement des malades et implication des proches Aussi longtemps que les malades disposent encore de leur capacité de discernement, les mesures médicales ne peuvent être appliquées qu'avec leur consentement. Mais comme ils perdent peu à peu leurs facultés, ils dépendent de l'aide de proches ou de professionnels de la santé et des soins. C'est pourquoi une part importante du traitement repose sur l'implication de toutes les personnes soignantes. Guidés par leur entourage, les malades en phase débutante parviennent souvent à conserver leurs capacités et à développer de nouvelles stratégies pour gérer leur quotidien. Mais à un stade plus avancé de la maladie, ces mécanismes ne fonctionnent plus. A ce moment, il convient d'adapter l'environnement à domicile ou en établissement de soins aux capacités du malade, en gardant toujours à l'esprit que si les malades Alzheimer ne disposent plus que d'une très faible capacité d'apprentissage, ils ont conservé en revanche une très forte sensibilité émotive et affective. Le mot d'ordre est donc ici: encourager sans forcer. 3.2.5 Le médecin de famille en tant que coordinateur Le médecin de famille joue un rôle clé dans le traitement des malades Alzheimer. C'est lui qui devrait centraliser les efforts thérapeutiques entrepris. Le patient, ses proches et tous les acteurs de la prise en charge attendent de lui la compétence professionnelle pour juger de la situation et gérer le traitement, ainsi que la disponibilité pour collaborer, et le cas échéant la décision de recourir à des spécialistes, à des cliniques de la mémoire, à des services psychogériatriques ou à d'autres institutions analogues.26 Par ailleurs, les proches sont les observateurs privilégiés de l'évolution de la maladie et sont donc souvent plus à même que le médecin d'évaluer la situation. Etant donné qu'en général l'état des malades Alzheimer se modifie constamment malgré tous les efforts thérapeutiques, les traitements doivent être régulièrement contrôlés et adaptés aux possibilités et ressources physiques et psychiques du réseau social. Il est important que les mesures thérapeutiques médicales soient toujours discutées, par exemple à l'occasion d'un colloque, avec tous ceux qui doivent les appliquer au quotidien, notamment les proches et le personnel des services d'aide et de soins à domicile. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 20 Afin de comprendre et trouver le moyen d'atténuer l'ampleur du stress auquel les proches soignants de malades Alzheimer sont soumis, le médecin de famille doit se renseigner avec précision sur les problèmes que la famille touchée rencontre au quotidien. Il doit connaître les ressources du patient et de son principal proche soignant. En effet, toute idée préconçue sur les divers stades de la maladie et la dynamique familiale, ou toute certitude intuitive de savoir ce qu'il y a de mieux pour la famille concernée peuvent être pour le moins trompeuses. Les types de comportement, les échelles de valeurs et les ressources des familles sont trop divers pour que leurs problèmes puissent tous être abordés de la même manière. Il incombe au médecin de famille d'analyser régulièrement chaque cas et à réévaluer correctement les critères pertinents sur le plan clinique (troubles du comportement du patient et manière dont le proche soignant y réagit, le soutien social sur lequel ils peuvent compter, le stress et les contraintes qui pèsent sur le proche soignant, le système de valeur de la famille et leurs types de solutions privilégiées, etc.).33 3.2.6 Tâches des centres de consultation Outre le diagnostic et le traitement des patients en phases de transition ou de crise, les cliniques de la mémoire (appelées aussi "consultations de la mémoire"), les services neurologiques, gériatriques et psychogériatriques doivent être en mesure, en tant qu'organismes spécialisés, de soutenir et de conseiller les personnes et les services qui soignent et s'occupent à long terme de malades Alzheimer (proches, voisins, aides bénévoles, médecins de famille, collaborateurs des services d'aide et de soins à domicile, Pro Senectute, les centres de jour, les établissements médico-sociaux, les maisons de retraite, etc.). Appelé travail de liaison34 dans les milieux spécialisés, ce travail indirect au bénéfice des malades Alzheimer englobe le conseil et le soutien, la formation et le perfectionnement, la supervision du personnel et l'information du public.35 3.2.7 Rôle des hôpitaux gériatriques et psychogériatriques Si les malades Alzheimer vivant chez eux expriment leur humeur par une agitation extrême, de l'agressivité, de la confusion, du rejet, de la dépression, etc. la situation peut vite devenir insupportable, voire explosive, tant pour eux-mêmes que pour leur entourage. Lorsque se déclenche une situation de crise qui progressivement laisse les proches impuissants, irrités, surmenés et épuisés, un placement en institution devient inévitable.36 Dans ce cas, ou si par exemple le principal responsable des soins doit être soudain lui-même hospitalisé, il faut que les malades Alzheimer puissent en tout temps être admis en urgence dans des hôpitaux gériatriques ou psychogériatriques. Souvent, une hospitalisation de courte durée est également indiquée pour poser un diagnostic complet et éclaircir la situation psychosociale, pour interrompre une médication ou en commencer une nouvelle et pour initier d'autres mesures thérapeutiques.37 L'implication des proches soignants avant, pendant et après l'hospitalisation d'urgence, une réflexion et une action interdisciplinaires et systémiques, ainsi qu'une bonne coordination avec les médecins de famille et avec les services d'aide et de soins à domicile responsables réduisent le taux de réhospitalisations et contribuent à éviter que les malades Alzheimer soient placés prématurément en institution. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 21 3.2.8 Aspects organisationnels Des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Association Mondiale de Psychiatrie demandent que soient observés un certain nombre de principes pour l'organisation de services psychogériatriques: une offre complète, une mise en œuvre des soins compétente et responsable, une vitesse de réaction optimale, une attention centrée sur le patient ainsi qu'une démarche interdisciplinaire et systématique.38 Ces exigences peuvent être reprises sans restriction pour l'organisation des soins aux malades Alzheimer. Comme ces principes ne sont de loin pas tous appliqués dans la réalité, les proches soignants de malades Alzheimer se plaignent notamment du fait que les médecins de famille connaissent insuffisamment la problématique de la maladie d’Alzheimer et qu'ils ne peuvent par conséquent pas fournir un traitement et un soutien adéquats aux malades et à leurs proches. Ces derniers regrettent en outre de ne pas disposer d'une offre de soutien et de prise en charge suffisante, de constater un manque de coordination entre les différents corps de métier et de recevoir des conseils contradictoires pour comprendre et résoudre des situations de crise. Ce manque de coordination se trouve encore aggravé du fait d'un système de financement morcelé, imputant les charges sur des payeurs différents selon qu'il s'agisse d'un traitement médical, d'une réadaptation, ou d'une prise en charge médico-sociale.39 Les mesures thérapeutiques en tant que telles ne font pas l'objet du présent rapport. Ces aspects de la question sont détaillés dans l'article Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer – Un consensus pour la Suisse du Forum Alzheimer Suisse.26 Prise en charge médicale des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leurs proches: conditions requises • Formation de base des médecins. Dans le cadre de leur programme de formation, les facultés universitaires doivent transmettre aux futurs médecins les bases et les connaissances issues des recherches les plus récentes qui leur permettront de déceler une démence et d'évaluer, a) dans quels cas il convient d'établir un diagnostic différentiel auprès d'un spécialiste ou d'un centre de consultation, et b) quelles mesures thérapeutiques sont indiquées pour chaque cas. • Formation continue des médecins de famille. La Fédération des Médecins Suisses et les organisations médicales spécialisées, dans le cadre de leurs programmes de formation continue, ont également le devoir de transmettre aux médecins de famille les bases citées plus haut au fur et à mesure de l'avancée des connaissances. • Formation des spécialistes. La Fédération des Médecins Suisses FMH doit définir quelles sont la formation complémentaire et la pratique clinique obligatoires dont doit bénéficier un médecin afin de pouvoir exercer en tant que spécialiste de la maladie d’Alzheimer et des autres formes de démence et encadrer les autres professionnels de la santé. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 22 • Formation des neuropsychologues. L'association professionnelle des psychologues doit également définir quelles sont la formation complémentaire et la pratique clinique obligatoires dont doit bénéficier un psychologue afin de pouvoir exercer en tant que neuropsychologue. • Spécialistes et centres de dépistage. Les instances cantonales responsables doivent garantir que, dans leur canton, des spécialistes et des centres de dépistage (cliniques de la mémoire ou consultations de la mémoire, services psychogériatriques, services neurologiques) sont matériellement en mesure de procéder à un dépistage des démences au moyen d'un diagnostic différentiel sur la base des connaissances les plus récentes et de mettre en œuvre les mesures thérapeutiques nécessaires. Elles doivent en outre conseiller et soutenir tous services ou personnes qui s'occupent à long terme de malades Alzheimer. Ces offres doivent être disponibles sur toute l'étendue du territoire et, pour les grands cantons, réparties régionalement. A défaut, les cantons doivent faire en sorte que leur population ait accès aux spécialistes des cantons voisins, et ce aux conditions cantonales usuelles. • Interdisciplinarité. Le personnel des centres de consultation doit comporter au minimum un spécialiste et un neuropsychologue. Ces centres doivent en outre pouvoir compter sur la collaboration interne ou externe d'un personnel soignant qualifié, d'ergothérapeutes et d'assistants sociaux. • Indemnisation. Le temps que les médecins et les neuropsychologues consacrent au dépistage d'une démence doit être indemnisé équitablement par les caisses maladie. Celles-ci doivent également indemniser de façon adéquate le temps que les médecins de famille, les spécialistes et le personnel qualifié des centres de consultation consacrent à des prestations indirectes comme les discussions avec les proches des malades (anamnèse par les tiers, transmission d'information, coordination et conseils destinés aux proches soignants et aux soignants professionnels de la prise en charge et des soins). • Indemnisation des prestations de liaison. Les caisses maladies doivent indemniser équitablement le temps que les spécialistes et le personnel qualifié des centres de consultation consacrent au conseil et au travail de liaison avec les médecins établis. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 23 4 Soins de base et prise en charge psychosociale des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer Les soins de base et la prise en charge psychosociale des malades Alzheimer ne peuvent être assurés que par un réseau de compétences parfaitement étudié où les proches et les spécialistes interagissent activement. 4.1 Soins et prise en charge: généralités La relation est au centre des soins prodigués aux malades Alzheimer: elle confère soutien et sécurité et influence donc considérablement le déroulement de la maladie. Pour les soignants, cela représente un gros investissement, car ils doivent apprendre à communiquer avec une personne qui perd le contrôle et qui ne se comporte plus conformément aux normes de la société. 4.1.1 Les soins aux malades Alzheimer sont aussi des soins palliatifs Dans leur acception la plus large, les soins aux malades Alzheimer incluent toutes les mesures définies par la Société Suisse de Médecine et de Soins Palliatifs (SSMSP). Ainsi, la médecine et les soins palliatifs englobent tous les actes médicaux, les soins physiques ainsi que l'encadrement psychique, social et spirituel de patients souffrant d'une maladie évolutive incurable.40 4.1.2 Vivre et mourir: les interrogations Le malade Alzheimer reste présent physiquement, certes, mais il perd peu à peu la faculté de communiquer pleinement avec son entourage. Cette perte déclenche chez les proches soignants, alors que le malade est encore en vie, un processus de deuil que des auteurs nomment "le deuil blanc".41 Ces soignants doivent être capables de surmonter la peur que leur inspire ce lent et long processus dont l'aboutissement est la mort, et apprendre à apprivoiser leur peur de la mort.42 C'est bien pourquoi les soins palliatifs sont souvent plus exigeants que la médecine curative et requièrent un énorme engagement personnel.43 4.1.3 Objectif: le bien-être Contrairement à ce qui se passe avec de nombreuses autres maladies pour lesquelles des mesures de soins palliatifs sont également indiquées, le processus de dégradation physique et mentale dans le cas d'une maladie d’Alzheimer s'étend sur une très longue durée. Et c'est dans cette durée que la relation avec les soignants devient le "médicament" le plus important pour les malades Alzheimer.44 On a pu constater en effet qu'un travail positif et constructif effectué Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 24 avec des malades Alzheimer dans une relation interpersonnelle, qui leur donne soutien, consolation, sécurité et donc bien-être, permettait aux soignants d'influencer notablement le déroulement de la maladie.45 4.1.4 Stress et apprentissage, deux caractéristiques des soins aux malades Alzheimer Etant donné la nature évolutive de la maladie, les proches doivent constamment s'adapter aux modifications de la personnalité de leur parent ou de leur conjoint, donc à une personne n'ayant qu'un lointain rapport avec l'image mentale qu'ils ont d'elle. Bien sûr, ils sont soumis à d'autres facteurs de stress, mais le principal est bien la sollicitation psychique que conditionnent la dégradation de la personnalité du proche malade, la disparition de sa faculté de dialogue, l'agitation et l'agressivité, la lenteur et l'apathie, la peur, les accusations, le manque de recul. Ce stress peut déclencher la peur, la dépression, la tristesse mais aussi la colère et l'agressivité, ainsi que des sentiments de culpabilité et d'échec. Ce qui est épuisant aussi pour les proches, ce sont les interruptions fréquentes du sommeil, la disparition progressive de toute vie sociale, et une charge tant physique que financière parfois à la limite du tolérable.46 Ils doivent apprendre à vivre avec une personne qui perd le contrôle et qui ne se comporte plus conformément aux normes et aux schémas habituellement admis par la société. De plus ils doivent acquérir une bonne faculté d'observation au fur et à mesure de la progression de la maladie, afin de comprendre les expressions non verbales de sentiments et de besoins. Or s'ils bénéficient d'une formation adéquate et qu'ils ont la possibilité de discuter de leurs expériences avec des tiers confrontés à des situations analogues, les proches soignants peuvent apprendre à mieux gérer la maladie en en comprenant le déroulement et les conséquences. 4.1.5 Prise en charge et soins centrés sur la personne Chaque patient a besoin d'être pris en charge d'une façon qui soit non seulement personnalisée, mais qui évolue au rythme de la maladie. Les habitudes, les préférences et les aversions, les activités et savoir-faire passés, les rôles sociaux acquis au cours d'une longue vie déterminent largement les besoins et les comportements des personnes touchées.47 Les offres de soins doivent par conséquent être adaptées au vécu48 de chaque malade en répondant à ses besoins spécifiques et en tenant compte de ses possibilités, tout en évoluant à son rythme.49 Bien que la perspective d'une diminution constante de la liberté d'action et de la faculté de discernement du malade soit inéluctable, la prise en charge et les soins centrés sur la personne ont pour objectif de lui assurer un style de vie qui lui soit aussi familier et normal que possible. 4.1.6 Surveillance des malades agités Il n'est en règle générale pas possible d'établir un rapport entre le temps consacré à la prise en charge d'un malade Alzheimer et la phase morbide dans laquelle il se trouve. Néanmoins, des malades pleins d'allant ou agités, souffrant en outre de désorientation, nécessitent en phase moyenne de la maladie une surveillance constante, ce qui est épuisant nerveusement, tandis que la prise en charge de malades en phase avancée est davantage orientée sur les soins Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 25 corporels (hygiène, alimentation, prophylaxie de décubitus, etc.) et repose donc sur une stratégie de soins plus maniable. 4.1.7 La constance des soins aux malades Alzheimer: une nécessité En général, les malades Alzheimer se sentent bien avec des personnes et dans des environnements qu'ils connaissent bien.50 C'est pourquoi il faut que le nombre de personnes qui s'occupe d'un malade Alzheimer, que ce soit à domicile ou en institution, soit aussi restreint que possible. Il faut éviter tout changement inutile. 4.1.8 La rationalisation des soins aux malades Alzheimer: une impossibilité Ce qui est certain, c'est que la prise en charge et les soins aux malades Alzheimer nécessitent en général beaucoup de temps. Contrairement à ce qui se passe dans l'industrie et l'administration, la plupart de ces tâches ne peuvent guère être rationalisées ou automatisées par des moyens techniques. Car ce sont précisément la relation interpersonnelle et le facteur temps qui jouent un rôle primordial dans la prise en charge des malades Alzheimer. 4.2 Soins et prise en charge à domicile des malades Alzheimer Au cœur du réseau de soins se trouve indubitablement la famille. Et les personnes qui ne bénéficient pas de cette infrastructure familiale se retrouvent dans une situation potentiellement délicate. En revanche, les malades Alzheimer qui vivent à domicile avec leur conjoint ou avec un autre proche soignant ont toutes les chances de pouvoir rester chez eux malgré leur dépendance croissante. Pour ce qui est des enfants de malades Alzheimer, la prise en charge de leur parent malade peut certes s'avérer problématique, mais peut également leur offrir l'occasion de se repositionner par rapport à lui. 4.2.1 Malades Alzheimer vivant seuls Les personnes qui vivent seules, ce qui est fréquemment le cas plus elles avancent en âge, rencontrent des difficultés à rester chez elles dès les premiers symptômes de la maladie. Pour elles, il devient vite crucial de déterminer si elles peuvent compter sur l'aide régulière de leurs famille, amis et voisins. En général, une aide provenant du cercle familial est mieux acceptée qu'une aide externe. En effet, la famille est le cœur du réseau d'entraide du fait de l'affection qu'elle porte au parent âgé et de son rôle de coordinatrice. La personne qui ne dispose pas de cette infrastructure familiale se retrouve dans une situation potentiellement délicate; il est rare que des personnes issues de son réseau social plus éloigné puissent assumer cette fonction de prise en charge.51 Et le plus souvent, la personne malade passe par bien des expériences douloureuses avant d'accepter de l'aide d'une personne extérieure.52 De plus, le malade Alzheimer, en général, ne peut éviter un placement rapide en institution que si lui et son réseau d'aides peuvent compter sur des offres adéquates et abordables de prise en charge et de soutien professionnels. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 26 4.2.2 Malades Alzheimer vivant avec un proche soignant Les malades Alzheimer vivant à domicile avec leur conjoint ou un autre proche soignant ont davantage de chances de pouvoir rester chez eux malgré l'aggravation de leur dépendance et de leurs handicaps.53 En général, les conjoints se glissent bien plus naturellement dans la peau d'un soignant que les filles et les belles-filles, sans parler des fils et des gendres. Quand ils rencontrent des difficultés dans l'administration des soins, ils les attribuent plutôt à un problème relationnel qui fait partie de la sphère intime de leur couple et qui n'a donc pas à être rendu public. On constate que la formule matrimoniale "pour le meilleur et pour le pire" prend ici tout son sens. Et c'est pourquoi les conjoints sont en général les derniers à finalement demander une aide extérieure. Souvent aussi, les enfants sont motivés à s'occuper de leur parent malade du fait de leur passé commun: gratitude pour les belles années passées ensemble et sentiment d'appartenance, mais aussi parfois le sentiment d'être redevable de quelque chose. Les enfants qui prennent soin de leur père ou de leur mère malade Alzheimer doivent forcément adopter une attitude à la fois protectrice et directrice, ce qui leur pose quelques problèmes au début, puisque le schéma d'autorité traditionnel parent-enfant se trouve inversé. Mais cette nouvelle relation peut aussi donner aux enfants l'opportunité de voir une relation sclérosée à l'égard de leur parent sous un jour nouveau et permet de désamorcer des conflits qui se sont poursuivis des années durant, à condition d'accepter les changements et leur nouveau rôle54, ainsi que les émotions qui en découlent. Par rapport aux générations précédentes, les filles et les belles-filles d'aujourd'hui sont fortement marquées par la redistribution des rôles entre hommes et femmes et ont davantage d'exigences pour leur vie personnelle et professionnelle. Leurs façons d'aborder les demandes de soins et de prise en charge émanant d'un membre de la famille sont très variables. Beaucoup veulent intégrer leur parent malade dans leur quotidien: elles le prennent en charge parfois par fidélité au modèle traditionnel de la femme et souvent par loyauté envers leur famille. Tiraillées entre leur épanouissement existentiel et les soins quotidiens, rares sont celles qui parviennent à bien délimiter leur disponibilité matérielle et émotionnelle.55 La prise en charge d'une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ou de toute autre forme de démence est une lourde tâche. Elle nécessite des connaissances et des compétences étendues. Les malades Alzheimer développent des comportements qui sont souvent d'abord incompréhensibles pour les proches soignants, ce qui insécurise ces derniers et les fait douter de leurs compétences. En général, le quotidien d'un proche soignant est marqué par une intense sollicitation physique et psychique, qui a des répercussions sur les différents domaines de sa vie:56 • troubles de santé, • renoncement aux vacances et aux intérêts personnels, • abandon de l'activité professionnelle, • appauvrissement de la vie sociale, diminution des contacts sociaux, • tensions et crises conjugales, • problèmes financiers. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 27 Dans tous les cas, il est essentiel que le proche soignant soit en bonne santé, qu'il dispose d'abondantes ressources tant physiques que psychiques (ce qui n'est pas toujours le cas dans les couples âgés) et qu'il puisse compter sur le soutien actif de son réseau familial, amical et vicinal.57 Dans le cas contraire, les troubles comportementaux du malade, comme l'agressivité, la peur, la dépression, la méfiance ou l'apathie peuvent être extrêmement éprouvants, au point que le proche soignant finit parfois par se couper du monde extérieur, et qu'il se trouve à la longue avoir lui-même besoin de soins. Outre le stress physique que provoque la prise en charge d'un malade Alzheimer, le stress psychique joue un rôle non négligeable. Près d'un tiers des soignants à domicile souffre de dépression ou d'un sentiment de culpabilité, et ce même encore longtemps après le décès du malade.58 Les malades Alzheimer doivent pouvoir bénéficier d'un environnement qui leur est bien adapté. Si les relations entre conjoints ont toujours été conflictuelles, ce n'est certes pas à leur domicile que se trouvera ou que pourra se créer un tel environnement. Si des conflits incessants viennent perturber la routine des soins, alors le placement en institution est la meilleure solution pour tout le monde. A lui seul, le sentiment du devoir à accomplir ne suffit pas pour pouvoir persévérer à long terme dans un travail de prise en charge et de soins. En fait, les proches peuvent soigner un malade Alzheimer à domicile dans le moyen et le long terme et éviter son placement en institution à la seule condition qu'ils puissent compter sur une offre adéquate et substantielle en matière d'information, de conseil, de soutien et de prise en charge professionnels, et ce à des tarifs abordables. 4.3 Information et soutien Une bonne information et diverses formes de soutien renforcent le réseau privé d'aide et de soins aux malades Alzheimer. L'accompagnement des proches par des personnes qualifiées permet souvent de retarder de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le placement du malade dans un établissement médico-social. Les groupes de discussions pour les proches sont une de ces possibilités de soutien. La création d'un réseau de structures où les malades Alzheimer et leurs proches puissent trouver aide, soutien, conseil et accompagnement est une tâche qui incombe tant aux réseaux privés qu'aux prestataires professionnels. Les malades Alzheimer et leurs proches ont besoin d'un large éventail d'offres différenciées, bien adaptées aux diverses situations.59 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 28 4.3.1 Diffusion de l'information Sachant qu'en Suisse le nombre de nouveaux cas de maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence est de près de 15'000 chaque année, c'est un nombre égal de familles qui se trouvent confrontées pour la première fois avec la problématique de la maladie d’Alzheimer et qui doivent s'informer de façon approfondie sur le sujet. C'est la raison pour laquelle la demande d'information est en permanence très élevée. Pour pouvoir accomplir sur un long terme toutes les tâches inhérentes aux soins et à la prise en charge d'un malade Alzheimer, les proches ont besoin d'informations précises sur la maladie, sur son déroulement probable et sur les possibilités thérapeutiques du moment. Diffusion de l'information: conditions requises Il faut créer dans chaque canton des antennes téléphoniques et des centres d'information professionnels – répartis régionalement selon les cas – à l'intention des malades, des proches soignants et des autres personnes concernées. Ces bureaux et ces antennes doivent également servir de centrale d'information cantonale ou régionale aux médecins de famille, aux services sociaux et aux services d'aide et de soins à domicile ainsi qu'aux responsables des prestations de Pro Senectute. Ces bureaux et antennes peuvent être identiques à des structures existantes (p. ex. centres médico-sociaux des cantons ou des communes, antennes de l'Association Alzheimer, services d'aide et de conseil Pro Senectute), mais ils doivent être qualifiés pour gérer les questions spécifiques à la maladie d’Alzheimer. Au besoin, le personnel de ces bureaux doit pouvoir se rendre à domicile. Il doit non seulement connaître la problématique de la maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence apparentées, mais aussi les aspects juridiques et financiers, ainsi que l'offre cantonale existante en matière de prestations de base. Il doit en outre être en relation avec d'autres spécialistes, de sorte à pouvoir aiguiller ceux qui viennent chercher de l'aide vers la bonne personne. 4.3.2 Conseil individuel et familial et accompagnement psychosocial 4.3.2.1 Apprendre à utiliser ses propres compétences Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs familles devraient avoir accès dans leur ville, leur commune ou leur région, à des services sociaux ou des services d'aide et de conseil Pro Senectute, dont les collaborateurs sont en mesure de les conseiller et de les accompagner efficacement. Le but de ce service de conseil peut être simplement de renforcer les compétences dont les proches disposent. Pour que les conseils puissent bien être centrés sur les demandes spécifiques de chacun, le conseiller doit tenir compte de tous les domaines ayant trait de près ou de loin à la prise en charge et aux soins, qu'il s'agisse du domaine psychique, physique, social, juridique ou matériel.60 61 En outre, la condition sine qua non pour l'efficacité d'un service de conseil de cette nature est une compréhension approfondie du vécu et de la situation des personnes concernées, ainsi que la connaissance des stratégies optimales de soins et de prise en charge qu'il est possible de mettre en œuvre. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 29 4.3.2.2 Accompagnement psychosocial Les conseillers et spécialistes de l'accompagnement psychosocial doivent être en mesure d'établir une relation stable - et au besoin de la développer sur le long terme62 - avec les malades et leurs proches. Cette relation doit être basée sur des sentiments d'empathie, de confiance, d'acceptation et d'encouragement envers les personnes concernées, tout en laissant la part belle aussi à l'organisation pratique du quotidien. Les conseillers doivent savoir ressentir ce que les malades Alzheimer et leurs proches endurent, reconnaître les signes de solitude et de désespoir et initier le dialogue sur ces questions. Car rien qu'en exprimant leurs sentiments et émotions, les proches peuvent déjà alléger quelque peu le fardeau qui pèse sur leurs épaules.63 4.3.2.3 Assistance juridique Dans certains cas, il peut s'avérer utile que le conseiller accompagne le malade Alzheimer et ses proches soignants durant toute l'évolution de la maladie, qu'il les aide à surmonter les crises et les transitions et les soutienne dans leur recherche de solutions de prise en charge ambulatoire ou d'un placement stationnaire adéquat, et qu'il les assiste juridiquement afin de les aider à résoudre tous les problèmes légaux, administratifs (notamment les questions d'assurances) et financiers auxquels ils sont confrontés.64 65 4.3.2.4 Assistant social comme conseiller Il est à souligner que le conseiller joue un rôle de médiateur, et ce souvent dès les premiers temps de la maladie. En effet, les malades ou leurs proches s'adressent rapidement à lui pour qu'il les aide par exemple à régler des problèmes administratifs (déclaration d'impôts, paiements mensuels, etc.). Dans le meilleur des cas, il s'établit alors une relation de confiance qui confère au conseiller un statut de médiateur privilégié, avec qui les malades et leurs proches discutent, pendant toute la durée de la maladie, de tous les problèmes et de toutes les décisions à prendre. On conçoit donc aisément que le conseiller doive faire appel à d'autres personnes pour s'occuper de certains aspects pratiques de la prise en charge. 4.3.2.5 Accompagnement en situation de crise La prise en charge à domicile d'un malade Alzheimer est jalonnée de crises aiguës, lorsque par exemple le proche soignant, épuisé ou malade, doit être lui-même soigné ou lorsque le malade a des accès d'errances. L'assurance de pouvoir compter en tout temps sur une personne de confiance capable de trouver des solutions a un effet rassurant sur la famille touchée par une de ces crises. Dans ce cas, le conseiller doit être en mesure d'assurer l'organisation et l'application pratique de solutions interprofessionnelles de coordination et de gestion.66 Il doit en outre s'assurer que sa fonction de médiateur, coordinateur et de personne de confiance est reconnue des instances médicales et psychosociales qui interviennent au cours de la maladie auprès des malades et de leurs proches. Les conseillers qui accomplissent avec compétence cette vaste tâche dans la continuité parviennent souvent, grâce à des mesures préventives, à éviter des hospitalisations et à différer de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le placement en institution. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 30 Accompagnement social des proches: Conditions requises67 • • • • • • • 4.3.3 Il doit être proposé au plus tôt, autrement dit dès la pose du diagnostic. C'est en effet à ce moment-là qu'il y a le plus de chances d'influencer positivement le déroulement de la maladie et d'éviter des surcharges inutiles, provoquées par les réactions inadéquates des proches vis-à-vis du malade. Il doit être individuel, autrement dit adapté à chaque cas particulier, en tenant compte du contexte culturel et historique du malade et de ses proches. Il doit être ciblé, autrement dit les problèmes doivent être reconnus dans leur spécificité et traités concrètement. Ce faisant, il est primordial de noter la moindre modification positive et de la signaler aux proches. Il doit être constant, autrement dit l'accompagnement se poursuit pendant toute la durée de la maladie et parfois au delà du décès du malade. Il doit être actif, autrement dit il doit aussi être préventif et dynamique, car il ne suffit pas d'informer les proches sur les solutions possibles, ceux-ci ayant besoin de soutien concret et de conseils pour la mise en œuvre des solutions. Il doit englober un soutien émotionnel. En effet, il est important que les proches puissent exprimer leurs sentiments souvent ambivalents, ce qui n'est évidemment possible qu'au sein d'une relation de confiance. Les collaborateurs des services d'aide et de soins à domicile et des services sociaux qui dans le cadre de leurs activités proposent des conseils individuels et familiaux pour les malades Alzheimer et leurs proches doivent être au bénéfice d'une formation complémentaire en gériatrie et en psychogériatrie ou doivent pouvoir suivre une telle formation en cours d'emploi. En outre, leurs employeurs doivent leur offrir des possibilités de supervision pour l'exercice de cette fonction. Ici, la devise est: Mieux vaut ne pas conseiller que mal conseiller! Groupes d'entraide pour les proches Pour tous les proches soignants qui souhaitent entrer en contact avec des personnes dans la même situation qu'eux pour échanger leurs expériences avec elles, il convient d'organiser des groupes d'entraide dans les diverses régions du pays. Etant donné que les proches doivent passer le plus clair de leur temps avec le malade et que peu à peu les amis et les voisins se font plus rares, les contacts sociaux dont ils peuvent en général bénéficier se rétrécissent comme peau de chagrin. Le groupe d'entraide représente donc la meilleure occasion de pouvoir dialoguer à nouveau avec quelqu'un.68 En outre, la similitude des situations permet aux membres du groupe de s'ouvrir facilement les uns aux autres et d'échanger leurs problèmes personnels. 69 C'est dans la discussion commune que peuvent enfin s'extérioriser des sentiments négatifs que provoquent parfois les soins à prodiguer au malade. Forts de cette expérience, les proches soignants peuvent plus aisément passer d'une attitude de don total de soi à une certaine distanciation intérieure par rapport au malade Alzheimer. Et bien sûr, l'échange de conseils, d'idées, de savoir-faire et d'expériences joue un rôle essentiel lui aussi.70 Plus les proches font usage de ce service, plus ils modifient leur comportement à l'égard du malade Alzheimer: ils parviennent à faire preuve de davantage de patience et d'empathie, ce qui a une influence positive sur la qualité de vie du malade. Si un membre du groupe renonce à venir, c'est, entre autres, parce qu'il n'y trouve plus d'intérêt, que les destins des autres Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 31 membres représentent une charge émotionnelle trop lourde pour lui, qu'il ne peut se libérer faute de moyens de prise en charge par des tiers, ou parce que le malade a été placé en institution ou est décédé.71 Cela dit, les proches ne sont pas tous intéressés par cet échange d'expérience. En fait, seule une personne sur cinq, à qui l'on offre la possibilité de faire partie d'un groupe d'entraide décide d'y adhérer.72 En outre, l'expérience a montré qu'un groupe d'entraide permet de couvrir les besoins d'une agglomération de l'ordre de 20'000 habitants. La plupart des groupes d'entraide comprennent six à douze participants et se rencontrent environ une fois par mois. Animation d’un groupe d’entraide de proches de malades: conditions requises Les responsables de groupes d'entraide doivent être au bénéfice d'une formation complémentaire en gériatrie et en psychogériatrie et avoir en outre des connaissances en dynamique de groupe ou les acquérir en cours d'emploi. De bonnes expériences ont également été faites avec des groupes dirigés par les membres eux-mêmes, donc sans l'intervention d'une personne spécialement formée. Cela dit, les responsables de groupes d'entraide, qu'ils soient professionnels ou non, doivent pouvoir bénéficier d'une supervision et de conseils pratiques. 4.3.4 Groupes d'entraide pour les malades Alzheimer La plupart des malades Alzheimer en phase débutante souffrent beaucoup de la perte progressive de leurs capacités et de leur identité. Bien qu'ils ne puissent se concentrer que sur une durée limitée, ils ont tout à gagner à participer à des discussions de groupe, pour autant que leur capacité de réflexion soit encore suffisante. Les malades sont nombreux à souhaiter partager leurs pensées, leurs craintes, leurs soucis, leurs peurs et leurs doutes.73 Animation d’un groupe d’entraide de malades Alzheimer: conditions requises Des institutions spécialisées devraient proposer des groupes de discussion pour malades Alzheimer. Les personnes qui dirigent ces groupes doivent avoir des connaissances thérapeutiques spécialisées et disposer d'une bonne expérience dans le contact avec des malades Alzheimer. 4.3.5 Entraînement de la mémoire Une fois le diagnostic posé, les patients souffrant d'une maladie d’Alzheimer débutante peuvent suivre un entraînement de la mémoire proposé en Suisse par plusieurs cliniques de la mémoire, des hôpitaux et des institutions gériatriques et psychogériatriques de jour. Une ou Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 32 plusieurs fois par semaine, on y encourage, stimule et motive les malades Alzheimer par groupes de 6 à 8 participants à prendre conscience du potentiel mental dont ils disposent encore, à l'entraîner et à l'utiliser. Des mécanismes de compensation, comme par exemple des astuces mnémotechniques, les aident à mieux gérer leur quotidien74, ce qui a des répercussions très positives sur leur santé émotionnelle.75 Etant donné que la capacité d'apprentissage des malades Alzheimer est faible, il faut appliquer les différentes techniques d'entraînement avec subtilité et discernement, de façon à être adaptées aux possibilités de chacun. Et il faut essentiellement que le tout revête un aspect ludique, sans concurrence aucune au sein du groupe social. Un entraînement global de la mémoire comprend une combinaison d'exercices de mémoire, de prise de conscience de la réalité, de compétences sociales et d'activation générale. Si l'on n'entraînait que la mémoire verbale spontanée, le patient risquerait d'être rapidement surmené et découragé.76 Pour qu'un entraînement de la mémoire soit réussi, il faut que les animateurs connaissent le savoir et les compétences de chaque participant. En effet, même si l'entraînement de la mémoire se fait en groupe, les patients sont interpellés et entraînés individuellement. Ainsi, il est possible de mettre en valeur et d'utiliser les capacités encore présentes et les connaissances particulières de chacun, et l'on évite ainsi d'exiger trop ou trop peu de chacun. Groupes d'entraînement de la mémoire: conditions requises Les responsables de groupes d'entraînement de la mémoire doivent posséder, outre une formation d'animateurs de groupes, de bonnes connaissances en psychogériatrie, une empathie subtile et beaucoup de souplesse. Leur cahier des charges est volumineux. Cependant, il n'est pas nécessaire que le responsable soit au bénéfice d'un diplôme universitaire. La direction d'un groupe peut aussi être assurée, moyennant une formation adéquate, par des assistants sociaux, des aides-soignants et des personnes provenant d'autres milieux professionnels et ayant suivi des cours de recyclage. Ce qui importe, c'est qu'une personne qualifiée et expérimentée vienne régulièrement superviser le déroulement des opérations.77 4.3.6 Formation pour les proches Les proches bien renseignés sur la problématique de la maladie d’Alzheimer sont en mesure de montrer plus de compréhension à l'égard du malade, de mieux gérer leur temps et leurs émotions et d'élargir leur cercle social.78 Ils sont capables d'évaluer de façon différenciée les compétences et l'évolution du malade, de sorte qu'ils peuvent renseigner le médecin et les collaborateurs des services d'aide et de soins à domicile le plus objectivement possible.79 En suivant une formation adéquate, les proches apprennent à développer des stratégies qui permettent d'éviter autant que possible des réactions d'agressivité chez le malade (p. ex. en évitant de changer ses habitudes en le douchant alors qu'il a l'habitude d'être baigné), de répondre autrement à un comportement agressif (recours à l'humour, etc.) et de trouver des solutions pour réduire la véhémence de certains comportements intempestifs ou inconvenants (par une manœuvre de diversion). Grâce à une formation et un entraînement adéquats, les proches parviennent à maintenir le stress à un niveau raisonnable.80 D'ailleurs, le but principal de ces techniques est d'aider les proches par un soutien permanent à développer des Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 33 compétences personnelles qui leur permettent d'allier dans les meilleures conditions possibles leurs propres aspirations et leurs responsabilités à l'égard de la personne dont ils ont la charge.81 Il est à cet égard essentiel de définir des objectifs thérapeutiques réalistes, qui permettent de comparer au mieux la situation obtenue à la situation initiale. En outre, les offres de formation pour les proches soignants ont également pour effet de retarder de plusieurs mois le moment du placement en institution pour de nombreux malades Alzheimer.82 Formation des proches: conditions requises Seules des personnes qualifiées, disposant de compétences professionnelles avérées et d'une vaste expérience dans le contact avec les malades Alzheimer, sont en mesure d'assurer la formation des proches. 4.3.7 Activités créatives et sociales Souvent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer n’osent plus participer à des activités sociales, ou alors ils n’en ont tout simplement plus envie. Il arrive aussi qu’on les évite, voire qu’on les exclue (p. ex. de sociétés locales), du fait de leur comportement parfois incongru. Bien des proches se sentent quant à eux gênés de se montrer en public avec une personne "excentrique" et refusent de plus en plus souvent les invitations et les visites de la parenté, des amis et des connaissances. Bref, les contacts avec le monde extérieur se raréfient. Ainsi, c'est pour éviter qu'ils se coupent du monde extérieur que l'on propose aux malades Alzheimer et à leurs proches soignants de nombreuses activités telles que la danse83, le chant, la musique84, le jeu85, les promenades, la gymnastique, le bricolage, le dessin et la peinture, le tout dans un environnement empreint de compréhension. Les effets thérapeutiques de ces offres font aujourd'hui l'unanimité. Elles stimulent les ressources existantes, apportent joie et satisfaction, chassent l'ennui et assurent un meilleur sommeil nocturne grâce aux nombreuses activités diurnes.86 87 Appliquées correctement, elles ont en outre le don de calmer le malade et de détendre le proche soignant. Elles permettent au malade Alzheimer de communiquer avec son entourage à un niveau qui lui reste encore longtemps accessible.88 Elles réveillent des souvenirs et stimulent l'imagination.89 Et pour autant qu'elles ne le surmènent pas, ces activités créatives et sociales permettent au malade Alzheimer de faire des expériences valorisantes.90 Dans les stades avancés de la maladie, la promenade reste parfois la dernière activité facile à accomplir; largement répandue et socialement acceptable, elle permet de canaliser le besoin de mouvement de nombreux malades Alzheimer. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 34 Activités créatives et sociales: conditions requises Les personnes qui proposent des activités créatives et sociales doivent savoir créer un climat de confiance et de convivialité. Les talents naturels de spontanéité, de créativité et d'humour comptent ici davantage que les diplômes et les connaissances formelles. Cela dit, les personnes qui organisent ce genre d'activités doivent quand même impérativement avoir des connaissances de base en psychogériatrie, savoir échanger leurs expériences et bénéficier d'une supervision. 4.3.8 Présences à domicile Du moment qu'un malade Alzheimer nécessite une surveillance constante, son proche soignant doit pouvoir bénéficier de moments de repos. Souvent ce sont d'autres proches, des amis et des voisins qui offrent spontanément leurs services pour s'occuper du malade pendant quelques heures. Plusieurs sections de l'Association Alzheimer Suisse ont recruté des bénévoles pour décharger les proches soignants à domicile pendant quelques heures. Néanmoins, c'est une aide qui est peu sollicitée, ce qui laisse supposer que le proche soignant éprouve des réticences à accueillir sous son propre toit un inconnu bénévole pour s'occuper gratuitement de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. En revanche, la section vaudoise de l'Association Alzheimer Suisse a obtenu un franc succès en proposant contre rémunération un service de présences à domicile pour soulager les proches soignants pendant quelques heures. C'est là une offre qui est régulièrement sollicitée.91 Présences à domicile: conditions requises Les personnes qui s'occupent contre rémunération d'un malade Alzheimer à son domicile, afin de permettre au proche soignant de se reposer quelques heures, doivent avoir des connaissances de base en psychogériatrie et une bonne expérience des contacts avec les malades Alzheimer. Leurs employeurs doivent les faire bénéficier d'une supervision. 4.3.9 Repas à domicile Les malades Alzheimer vivant seuls affichent souvent dès le début de la maladie une notable perte de poids.92 Celle-ci peut avoir plusieurs causes: manque d'appétit dû à un état dépressif induit par la maladie; forte dépense calorique due à un incessant besoin de mouvement; oubli de faire les commissions, de préparer les repas ou de se nourrir; modifications pathologiques du métabolisme, etc.93 Il est possible de prévenir la perte pondérale de la personne touchée en lui faisant livrer à domicile des repas qui sont non seulement appétissants, mais qui ont été spécialement adaptés au malade Alzheimer (autrement dit, des repas que l'on peut facilement manger aussi sans couteau ni fourchette), et l'on privilégiera les boissons riches en protéines. Bien entendu, il faut que le malade Alzheimer demande de lui-même de se faire livrer ses repas à domicile, ou qu'il soit pour le moins d'accord d'accepter ce service. De plus, le Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 35 personnel qui distribue ces repas doit disposer de suffisamment de temps pour s'assurer que le malade se nourrit bel et bien. Un coup d'œil occasionnel dans le réfrigérateur ou dans la poubelle est souvent aussi très instructif. Si le malade ne consomme pas régulièrement les repas qui lui sont livrés, il est préférable qu'il se rende deux à trois fois par semaine dans une unité d'accueil pour un repas complet et bien équilibré. Il est probable en outre que c'est dans les agglomérations urbaines que ce service quotidien de repas à domicile est le mieux réalisable. Repas à domicile: Conditions requises Les services de repas à domicile doivent proposer des menus adaptés aux malades Alzheimer. Au besoin, le personnel doit avoir le temps d'encourager le malade Alzheimer à consommer son repas. 4.4 Prise en charge de malades Alzheimer par les services d’aide et de soins à domicile Les services d’aide et de soins à domicile sont en général investis d’une double tâche. D’une part, ils fournissent une aide directe aux malades Alzheimer ; d’autre part, ils conseillent et soutiennent les réseaux sociaux qui soignent et encadrent ces personnes. Leur intervention doit par conséquent être clairement définie et bien coordonnée. En Suisse alémanique, l’expression Spitex (spitalexterne Kranken- und Gesundheitspflege), largement répandue, évoque presque inévitablement l’hôpital en tant que lieu naturel des soins. En Suisse romande, on parle volontiers de maintien à domicile pour désigner les services d’aide et de soins à domicile. Cette expression est bien plus heureuse, dans la mesure où elle renvoie à une politique visant à accorder à la personne âgée le droit de continuer à vivre dans son environnement habituel et de conserver ainsi son propre univers.94 4.4.1 Possibilités et limites du maintien à domicile Fondamentalement, les possibilités des services de soins à domicile sont nettement plus limitées dans le cas de malades Alzheimer vivant seuls qu’elles ne le sont chez les patients qui bénéficient de l’aide d’un proche soignant au sein du ménage. Au début de la maladie, la perte progressive des facultés cognitives peut être compensée en partie par la présence des membres de la famille, des voisins et des amis, ainsi que par les prestations des services sociaux et des organisations de soins à domicile. Cependant, dès que l’état de confusion sporadique ou permanent du malade requiert sa surveillance 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, le maintien à domicile sera réservé à ceux qui vivent sous le même toit qu’un proche soignant. En Suisse, beaucoup de personnes qui souffrent momentanément d’une maladie ou d’autres Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 36 problèmes existentiels peuvent compter sur l’aide et la solidarité spontanées de leur famille ou de leur cercle d’amis. Par contre, celles qui sont atteintes d’une affection de longue durée n’ont bien souvent pas un proche disposé à assurer leur prise en charge à domicile.95 A maintes reprises, les économistes de la santé ont souligné que la prise en charge de personnes souffrant d’une maladie de longue durée par les services d’aide et de soins à domicile revient moins cher que leur admission dans un établissement médico-social.96 97 98 99 100 Cette argumentation n’est pertinente que dans la mesure où les prestations bénévoles fournies par les proches – prise en charge à domicile de personnes malades et dépendantes, sans compensation financière – ne sont pas incluses dans le calcul des coûts. Dans l’esprit collectif, ces prestations, assurées en majeure partie par des femmes, sont le plus souvent ignorées ou considérées comme allant de soi. Cette non reconnaissance de leur travail par la société explique vraisemblablement l’impression des proches soignants qu’aux yeux des assureurs maladie et des pouvoirs publics, leur demande de soutien ne fait que contribuer indûment à l’augmentation des coûts engendrés par les services de soins à domicile, ou par la prise en charge du malade dans un hôpital ou un établissement médico-social. Or, les proches qui ne bénéficient ni de reconnaissance, ni de soutien courent le risque d’être rapidement épuisés et de tomber malades à leur tour. Pour assurer un encadrement global et adapté aux besoins des malades Alzheimer, les services de soins à domicile (mais aussi les services sociaux et Pro Senectute) doivent fournir une aide directe à la personne touchée, mais aussi une assistance indirecte, sous la forme de conseils et de soutien au réseau social formé par les proches.101 Les membres de la famille, les amis et les voisins acquièrent au quotidien leur expérience en matière de soins. Les employés des services de soins à domicile doivent leur témoigner du respect, leur apporter un soutien actif, leur prodiguer des conseils professionnels et les décharger de manière efficace. 4.4.2 Facteurs déclenchant l’intervention des services d’aide et de soins à domicile Il est rare que les malades Alzheimer sollicitent eux-mêmes l’aide des services sociaux ou des organisations de soins à domicile. La demande d’un soutien émane généralement du médecin, de l’hôpital, de la famille, des amis ou des voisins de la personne touchée. Bien souvent, ce pas est franchi à la suite d’un événement inquiétant. Un homme âgé vivant seul accuse ses amis et ses voisins de l’avoir volé ; les factures restent impayées ; l’appartement dégage des odeurs de fruits et légumes pourris, de viande avariée ou d’urine séchée ; les voisins sont dérangés par des bruits nocturnes ; l’époux soignant une femme confuse doit être hospitalisé d’urgence ; la fille qui s’occupe de son père désorienté se trouve dans un état d’épuisement total, du fait qu’elle doit poursuivre en même temps une activité professionnelle et qu’elle élève seule ses enfants. Chaque situation est unique et complexe. Afin de planifier au mieux l’intervention des services de soins à domicile (cf. 4.4.4), il est essentiel d’une part que le dépistage et le diagnostic par le médecin de famille interviennent le plus tôt possible et, d’autre part, que les proches soient impliqués dans l’élaboration d’une stratégie de prise en charge (cf. 3.1.6). Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 37 4.4.3 Définition des besoins Le personnel chargé de définir les besoins et de planifier l’intervention des services de soins à domicile doit être capable de cerner des problèmes souvent très complexes. Une analyse systémique102 permet de rendre compte de la situation dans sa globalité.103 Les exigences posées à ces personnes varient beaucoup selon les situations particulières. Leurs connaissances professionnelles, leurs méthodes de travail et leurs qualités humaines doivent correspondre aux problèmes qu’elles sont appelées à résoudre. Lorsqu’une demande écrite ou un premier entretien laisse supposer que l’aide sollicitée concerne un malade Alzheimer, l’établissement du bilan doit être confié d’emblée à un spécialiste en possession de solides connaissances psychogériatriques et d’une vaste expérience en la matière. Il importe que les principaux proches soient impliqués dans le processus visant à cerner les besoins et à planifier l’intervention (membres de la famille, amis, voisins, tuteurs, prestataires de services d’autres organisations, etc.). A ce stade déjà, le personnel des services d’aide et de soins à domicile doit établir une relation de confiance avec le patient d’une part et avec les proches impliqués d'autre part. C’est à ce prix seulement qu’il lui sera possible d’engager avec succès les mesures qui s’imposent. Pour cela, il doit cependant aussi être à même d’offrir une palette de prestations véritablement adaptée aux besoins.104 Un spécialiste qui s’appuie exclusivement sur ses connaissances théoriques partira peut-être du principe qu’un malade Alzheimer souffrant d’importants troubles comportementaux et d’un rythme perturbé des phases de sommeil et d’éveil ne saurait être pris en charge de manière adéquate que dans le cadre d’une institution. Pourtant, dans la réalité pratique, le maintien ou non à domicile dépend de plusieurs autres éléments : la qualité de la relation entre le malade et le principal proche soignant, l'entente entre les deux parties, l'aide et le soutien dont ils bénéficient de la part des autres membres de la famille, amis ou voisins et les valeurs morales de chacun. Seule une analyse approfondie de tous ces facteurs permet d’éviter que la prise en charge en milieu institutionnel intervienne trop tôt ou trop tard.105 Dans le courant de ce processus, il peut s’avérer que d’autres prestataires sont mieux à même de répondre aux besoins du malade et de son réseau social. Dans un tel cas, le personnel chargé des soins à domicile doit être en mesure de fournir les adresses des organisations concernées : services de conseil lors de problèmes d’ordre social, financier ou juridique, groupes d'entraide et offres de formation pour les proches, services de présence, centres de jour, offres de vacances, etc. La collaboration avec d’autres acteurs sociaux permet d’exploiter les synergies potentielles et d’éviter que des prestations soient fournies à double. 4.4.4 Planification de l’intervention Le besoin d’intervention varie fortement en fonction du stade de la maladie, de l’atteinte à la santé et de l’environnement du patient. Il est rarement nécessaire d’agir dans l’urgence (p. ex. recherche d’une solution temporaire en cas d’hospitalisation subite du proche soignant). En règle générale, mieux vaut procéder à une analyse approfondie de la situation que de prendre des décisions précipitées. Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer le besoin d’aide du malade et, le cas échéant, celui des proches soignants. La deuxième étape consiste à convenir Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 38 d’un objectif clair avant de déterminer, en troisième lieu, les personnes chargées de l’intervention ainsi que le moment et, si possible, la durée de celle-ci.106 4.4.5 Mise sur pied de l’intervention Après le premier bilan, la mise sur pied concrète des interventions assurées par les services de soins à domicile dépend de l’organisation interne de ces derniers ainsi que des moyens en personnel et en matériel dont ils disposent. Si le spécialiste chargé de l’évaluation des besoins dispose de solides connaissances psychogériatriques et d’une vaste expérience en la matière, il convient de lui confier aussi la coordination, la gestion et la supervision de l’intervention. En principe, l’aide apportée régulièrement à un malade Alzheimer doit être assurée par une ou deux personnes au maximum. La constance et la continuité sont des facteurs importants. Il faut éviter les changements fréquents, qui augmentent la confusion chez le malade et empêchent l’instauration d’un climat de confiance. Il incombe au responsable de l’intervention de fixer avec précision les modalités devant régir la coopération, la coordination et la communication entre les collaborateurs des services de soins, en y associant également le médecin de famille et les proches soignants.107 Dès lors qu’une famille choisit d’avoir recours à une aide professionnelle pour soigner l’un des siens atteint de la maladie d’Alzheimer, c’est qu’elle a déjà largement épuisé ses possibilités d’entraide et que le malade requiert le plus souvent un soutien continu pour effectuer les tâches courantes. Par un accompagnement discret et des soins de qualité, le personnel spécialisé veille à activer les compétences du malade et à favoriser sa stabilité et sa confiance par des gestes et des attitudes toujours identiques. Cette façon de faire permet de freiner l’altération de la personnalité et, surtout, d’augmenter le bien-être subjectif du patient.108 109 La manière dont le malade Alzheimer exprime ses besoins et ses désirs change au fil du temps. Par conséquent, il est essentiel que le soignant accorde une attention constante et soutenue au comportement du patient, et qu’il note ses observations de façon systématique.110 L’état de santé du malade Alzheimer évolue sans cesse. Aussi le responsable de l’intervention doit-il revoir la situation à intervalles réguliers, en collaboration avec les professionnels concernés et le réseau social du patient. Il doit veiller notamment à ce que les prestations des services de soins à domicile soient adaptées aux circonstances nouvelles. 4.4.6 Equipes interprofessionnelles Il ressort parfois de l’évaluation initiale ou des réévaluations ultérieures que la situation requiert la collaboration de plusieurs spécialistes. Le cas échéant, une équipe interprofessionnelle sera constituée. Cependant, ce type de collaboration n’est réellement utile et efficace qu’à condition d’être adaptée au cas particulier et de répondre aux besoins effectifs des bénéficiaires.111 Chaque membre de l’équipe • doit être conscient de son rôle et des tâches qui lui incombent ; • doit être disposé à partager avec les autres membres de l’équipe ses valeurs et ses connaissances spécifiques ; • doit être prêt à définir avec ses collègues les objectifs de l’intervention ; Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 39 • doit être convaincu du fait que le travail en équipe permet de mieux atteindre ces objectifs.112 L’aide et les soins à domicile en faveur des malades Alzheimer doivent être assurés par un nombre de professionnels aussi restreint que possible. Il importe par conséquent que l’intervention directe de spécialistes (psychogériatres, psychologues, assistants sociaux, ergothérapeutes, physiothérapeutes, ludothérapeutes, collaborateurs de Pro Senectute, etc.) soit réservée à des situations complexes. D’une manière générale, ces professionnels doivent intervenir de façon indirecte, en transmettant leurs connaissances et leur savoir-faire à l’équipe qui accomplit régulièrement les tâches ménagères auprès du malade et qui lui assure des soins généraux de base et des soins psychogériatriques. Le travail d’une équipe interprofessionnelle n’est plus rationnel dès lors que chacun des spécialistes qui en fait partie estime qu’il doit en toutes circonstances faire valoir ses compétences spécifiques sur place. Malheureusement, force est de constater que la tendance actuelle, consistant à enregistrer et à indemniser toutes les prestations selon leur nature, leur durée effective et la formation des prestataires, favorise une segmentation peu judicieuse des interventions assurées par les services de soins à domicile. Cette façon de faire a pour effet d’augmenter les coûts plutôt que de les diminuer. Les problèmes inhérents au traitement et aux soins d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer changent au fil du temps. L’aide et les mesures thérapeutiques doivent être constamment adaptées à l’évolution de la maladie. Les spécialistes et les institutions sont donc appelés à collaborer pour soutenir les proches dans l’encadrement du malade. Les échanges interdisciplinaires sont particulièrement importants à cet égard. Pour être en mesure d’assurer une prise en charge adéquate, même les soignants professionnels doivent être suffisamment informés, non seulement sur la maladie en tant que telle, mais sur la situation individuelle du patient telle qu’elle se présente à ce moment-là.113 4.4.7 Polyvalence des soignants Jour et nuit, des proches accompagnent à titre bénévole des malades Alzheimer. Ils les surveillent, les encadrent et les soignent, leur administrent des médicaments, s’occupent des tâches ménagères. Aux yeux de la société, rien de plus normal. Les services d’aide et de soins à domicile doivent disposer de collaborateurs polyvalents, capables d’assumer eux aussi une large palette de prestations. Dans le cadre d’une intervention de plusieurs heures, l’aide familiale ou l’aide-soignant doit être habilité à assister le patient lors du bain, à lui donner ses médicaments, à l’activer par un jeu de cartes, à accomplir avec lui certaines tâches ménagères telles que le repassage et la préparation du repas. Pendant ce temps, le conjoint, qui s’occupe normalement du malade, est libre de se rendre en ville pour faire ses courses. Le cahier des charges doit également comprendre des tâches sociales et relationnelles : par exemple, évoquer avec le proche soignant, autour d’une tasse de café, les problèmes auxquels il est confronté. Malheureusement, la LAMal favorise actuellement une évolution différente (répartition des prestations en fonction de leur nature sur plusieurs personnes). Or, dans le cas des malades Alzheimer tributaires de soins, d’une aide régulière pour la gestion de l’économie domestique et d’un soutien psychosocial, l’intervention doit être assurée par une équipe composée de trois personnes au maximum (p. ex. un soignant au bénéfice d’une formation complémentaire en psychogériatrie et deux aides familiales ou aides-soignants polyvalents qui Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 40 se relaient). L’aide peut également être fournie par un personnel n’ayant pas suivi une formation spécifique, tant que le spécialiste chargé de diriger et de coordonner l’intervention garde une vue d’ensemble de la situation et veille au respect des objectifs fixés en matière de prise en charge et de soins. Par ailleurs, les collaborateurs doivent disposer d’une importante marge de manœuvre dans l’organisation de leur travail. 4.4.8 Organisation des services d’aide et de soins à domicile 4.4.8.1 Compétence Dans le cadre de la loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal), les cantons sont compétents en matière d’organisation et de financement de leur système de santé, qu’ils réglementent en toute indépendance. L’organisation des soins et de l’aide à domicile incombe généralement aux communes. Souvent, les soins sont délégués à des organisations privées ou à des organismes de droit public. Pour leur part, les cantons se bornent dans bien des cas à un rôle de coordination et de conseil, contribuant parfois au financement des prestations par des subventions. 4.4.8.2 Bases légales La collaboration entre les organismes cantonaux, communaux et privés doit reposer sur des bases légales clairement définies dans le cadre du droit cantonal. Les conventions, en particulier celles qui lient les fédérations cantonales de caisses maladie ou les représentations régionales des assureurs maladie suisses (santésuisse) d’une part, et les associations cantonales des services d’aide et de soins à domicile d’autre part, comptent également parmi les bases légales fondamentales devant être soumises à l’approbation du gouvernement cantonal. La réglementation de l’aide et des soins à domicile diffère selon les cantons. Elle peut être définie dans le cadre de lois cantonales sur la santé, sur l’aide sociale ou sur la péréquation des charges, ou encore dans des dispositions relatives aux tâches des associations communales. Plus souvent, elle est intégrée dans les lois et les ordonnances d’exécution cantonales relatives à la LAMal. Elle ne fait que rarement l’objet d’une loi particulière.114 4.4.8.3 Processus de fusion Les services sociaux et les services de soins à domicile visent souvent des segments précis du marché. Leur offre est déterminée par leurs programmes respectifs davantage que par les besoins du client. Par conséquent, si les objectifs sont les mêmes, les stratégies employées pour les réaliser varient. Confusion, lacunes dans la prise en charge et manque d’efficacité sont les corollaires de cette situation.115 De même, l’absence de structures uniformes en matière de supervision et de pratique empêche les échanges d’expériences, d’une manière générale comme dans les cas particuliers. Ces dernières années, les organisations de soins à domicile d’intérêt public ont lancé un processus de concentration et de fusion, qui doit encore être renforcé et poursuivi en Suisse alémanique.116 En l’an 2000, 30 de ces organisations étaient actives en Suisse romande et au Tessin, alors que les cantons alémaniques en comptaient 720.117 4.4.8.4 Aire de desserte optimale des centres de soins à domicile Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 41 Idéalement, un centre de soins à domicile doit desservir un bassin de 10'000 à 20'000 habitants. Voilà la taille critique qui permet de garantir une palette de prestations conforme aux besoins, assurées de manière efficace par des équipes interprofessionnelles. L’offre doit être conçue en fonction des exigences de la clientèle et non pas des intérêts défendus par les représentants de divers métiers ou prestataires. La collaboration entre professionnels et la coordination des interventions ne doivent pas être laissées au hasard. Il s’agit par conséquent de réunir de manière ciblée les conditions requises, sur le plan tant organisationnel que structurel.118 Fondamentalement, les services d’aide et de soins à domicile doivent être d’autant plus flexibles que les patients le sont de moins en moins, du fait qu’ils perdent progressivement leurs facultés d’adaptation à mesure que leur maladie évolue. En ce sens, tous les groupes professionnels impliqués sont appelés à jeter des ponts entre le patient, la famille, l’environnement social et les possibilités d’une prise en charge professionnelle ou en institution. 4.4.8.5 Palette de prestations d’un centre moderne de soins à domicile Les équipes d’un centre moderne de soins à domicile doivent être en mesure d’assumer, au minimum, les tâches suivantes en faveur des malades Alzheimer : définition des besoins, conseils et accompagnement psychosociaux, soins thérapeutiques, soins généraux de base, soins de base psychiatriques et psychogériatriques, ergothérapie et gestion de l’économie domestique. 4.4.8.6 Flux d’informations et coordination Les centres de soins à domicile dont tous les collaborateurs sont employés par le même organisme sont mieux en mesure d’assurer un bon flux d’informations (p. ex. au moyen d’une gestion commune des dossiers et de contacts informels réguliers) et une coordination efficace que ceux dont les membres des équipes dépendent d’employeurs différents ayant chacun leur structure hiérarchique propre. Cela dit, dans la mesure où il existe une volonté réelle de collaborer (nourrie dans certains cas par des pressions politiques ou des contraintes économiques), les centres exploités par plusieurs prestataires sont tout à fait capables, eux aussi, d’assurer des interventions interprofessionnelles bien rodées. Il importe à cet égard que les trois services clés – soins infirmiers à domicile, soins auxiliaires à domicile, aide au ménage – soient regroupés ou du moins travaillent en étroite collaboration.119 Le cas échéant, les structures de communication formelles de ces services et le travail au sein de l’équipe interprofessionnelle doivent être coordonnés de manière à garantir une prise en charge optimale des malades Alzheimer et de leurs proches. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 42 Prise en charge par les services d’aide et de soins à domicile : conditions requises • Accès aux services d’aide et de soins à domicile. Les autorités compétentes au plan cantonal et communal doivent assurer que, sur leurs territoires respectifs, des organisations d’intérêt public gèrent des centres d'aide et de soins à domicile en mesure d’offrir aux patients et à leurs proches soignants les prestations dont ils ont besoin à des tarifs raisonnables. • Formation des cadres. Les organisations d’aide et de soins à domicile doivent veiller à ce que le bilan, la planification, la coordination et l’évaluation des interventions soient assurés par des spécialistes (p. ex. infirmières de santé publique, assistants sociaux, ergothérapeutes) au bénéfice d’une solide formation de base ainsi que d’une formation complémentaire en gériatrie et en psychogériatrie, et qui peuvent se prévaloir en outre d’une expérience d’au moins deux ans en matière d’encadrement de malades Alzheimer et de leurs proches. • Formation spécialisée. Dans le cadre de leurs programmes de formation, les écoles spécialisées et les hautes écoles spécialisées doivent transmettre aux élèves et futurs professionnels les connaissances de base qui leur permettront de reconnaître, chez le malade Alzheimer, la perte des facultés cognitives et les troubles du comportement, et d’y réagir de manière adéquate. Les organisations d’aide et de soins à domicile doivent permettre à leur personnel qualifié de parfaire sa formation par l’acquisition de connaissances complémentaires dans le domaine de la gériatrie et de la psychogériatrie. Elles doivent également lui donner l’occasion d’être supervisé dans son travail. • Formation d’aides-soignants. Les aides-soignants engagés pour s’occuper des tâches ménagères et des soins à domicile chez un malade Alzheimer doivent avoir suivi au moins la formation d’auxiliaire de santé CRS. Ils doivent en outre bénéficier d’une expérience de plusieurs semaines dans un établissement médico-social, où ils ont dû s’occuper de malades Alzheimer. L’employeur doit leur offrir la possibilité d’être supervisés. Le perfectionnement et la formation continue de ces employés doivent viser à leur permettre de reconnaître, de mettre à profit et de soutenir de façon optimale les ressources personnelles du malade. • Equipes interprofessionnelles. Outre les aides-soignants, les gestionnaires en économie familiale et le personnel soignant diplômé, les centres de soins à domicile doivent faire intervenir, au besoin, des assistants sociaux, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, etc. pour soutenir les malades Alzheimer et leurs proches. Le spécialiste qui dirige l’intervention et qui coordonne l’équipe interprofessionnelle doit être au bénéfice de vastes connaissances psychogériatriques et d’une solide expérience en la matière. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 43 • Collaborateurs polyvalents. L’équipe de base chargée d’intervenir chez un malade Alzheimer à domicile doit se composer de trois personnes au maximum. Il faut éviter les changements fréquents, qui augmentent la confusion chez le patient et empêchent l’instauration d’un climat de confiance. Il convient par conséquent de confier à des aides polyvalents aussi bien des tâches ménagères que des soins de base. • Coordination. Le spécialiste chargé de diriger l’intervention doit rester en contact avec le médecin de famille responsable de coordonner le traitement. Il doit également être habilité à revêtir, vis-à-vis de tiers (autres prestataires de services, tuteurs, etc.), le rôle de personne de référence de l’équipe ou des services de soins à domicile en général, et à assumer au besoin des tâches de coordination. • Financement. Les prestations des services d’aide et de soins à domicile en faveur des malades Alzheimer et de leurs proches doivent être adéquates quantitativement et raisonnables financièrement. Cela vaut notamment pour les personnes des classes moyennes qui n’ont pas droit à des prestations complémentaires à l’AI ou à l’AVS. C’est pourquoi l'aide et les soins à domicile doivent être financés en majeure partie par des subventions des pouvoirs publics et des indemnisations des caisses maladie. Il convient en outre de mieux définir, dans l’ordonnance sur les prestations de la LAMal, quelles prestations fournies par les services d'aide et de soins à domicile pour les malades Alzheimer sont prises en charge par l’assurance maladie obligatoire. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 44 Exemples d’aide et de soins à domicile en faveur des malades Alzheimer 4.5 • Ne supportant plus les odeurs émanant de son appartement, les voisins d’un homme atteint de la maladie d’Alzheimer prennent contact avec les services d'aide et de soins à domicile de leur quartier. L'assistant social chargé de faire le point de la situation réussit à établir avec le malade une relation de confiance, ce qui lui permet, dans un premier temps, d’éliminer les aliments avariés lors de ses visites hebdomadaires. Dans un deuxième temps, il incite le patient à engager une femme de ménage. Lors de ses visites, il a également des contacts avec les voisins. Ils sont heureux du résultat des interventions et se déclarent prêts à communiquer à l'assistant social tout changement manifeste qu’ils pourraient constater chez leur voisin malade. • Une femme parvient à assurer la prise en charge et les soins de son époux atteint de la maladie d’Alzheimer sans l'aide de tiers. Par contre, elle accepte difficilement que son mari l’accuse sans cesse de choses sans importance et se montre jaloux à chaque fois qu’elle quitte la maison. La visite mensuelle d’une infirmière des services d'aide et de soins à domicile, qui sait l’écouter avec intérêt et compréhension, lui donne la force de poursuivre. Sur le conseil de l’infirmière, elle développe de nouvelles stratégies comportementales vis-à-vis de son conjoint malade. • Un mari s’occupe avec dévouement de l’encadrement et des soins de sa femme atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cependant, il souhaite que la toilette intime de son épouse, qui souffre d’incontinence, soit assurée par une aidesoignante du centre d'aide et de soins à domicile. Il apprécie les visites journalières de cette personne, toujours la même, et le fait qu’elle prenne le temps de boire un café avec lui. Ce petit moment est pour lui l’occasion de parler de son quotidien. Il se sent moins seul, et conforté dans son travail. Offres de soins et de prise en charge semi-stationnaires Plus l'offre de soins et de prise en charge semi-stationnaire est importante, plus nombreux sont les malades Alzheimer qui peuvent vivre à long terme chez eux ou avec des proches. De plus, ces derniers sont déchargés des soins et peuvent ainsi mieux allier activité professionnelle et prise en charge. La prise en charge semi-stationnaire de malades Alzheimer est proposée dans des hôpitaux de jour, des centres de jour, des unités d’accueil et de soins de nuit ainsi que dans des établissements médico-sociaux. La durée et la nature de la prise en charge doivent répondre aux besoins des malades et de leurs proches et doivent de ce fait être très souples. Les hôpitaux de jour et les centres de jour proposent une prise en charge à la mi-journée ou, la plupart du temps, à la journée pour un à plusieurs jours par semaine. Les offres combinées jour et nuit proposent des séjours hebdomadaires qui comprennent par exemple deux jours et une nuit ou trois jours et deux nuits. Cependant, les offres de prise en charge de nuit semblent insuffisantes pour permettre aux proches de récupérer. C'est pourquoi les séjours de courte Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 45 durée d’une à plusieurs semaines dans des établissements médico-sociaux servent de "vacances" pour les proches en charge d’un parent malade et leur permettent de décompresser. La nécessité de ces formes de soutien aux proches soignants fait aujourd'hui l'unanimité dans les milieux spécialisés, car c'est dans ces conditions seulement qu'il est possible de soigner à long terme un parent malade à domicile sans épuisement psychique ou physique. Grâce à de telles offres, les malades Alzheimer peuvent vivre sur une longue durée chez elle ou chez des proches. Certains cantons financent avec les deniers publics la création de services semi-stationnaires dans le cadre de leurs services d’aide et de soins à domicile. Dans la plupart des cantons, l’offre de prise en charge semi-stationnaire reste toutefois lacunaire, particulièrement dans les régions rurales. Dans plusieurs cantons, aucune possibilité de prise en charge semistationnaire n’est à disposition des proches de malades Alzheimer. 4.5.1 Objectifs et tâches des offres semi-stationnaires Dans le domaine des offres de soins et de prise en charge semi-stationnaires, les personnes touchées doivent pouvoir bénéficier des prestations aussi bien directes qu'indirectes sous forme de conseil et de soutien de leurs réseaux sociaux. Les infrastructures de soins et de prise en charge semi-stationnaires doivent répondre aux besoins spécifiques des malades Alzheimer et doivent assumer les tâches suivantes: Prestations directes: • diagnostic et bilan psychosocial, (seulement dans les hôpitaux de jour); • soutien des facultés encore existantes des malades, afin de leur assurer la meilleure autonomie le plus longtemps possible; • création d’un entourage compréhensif et d’une ambiance dans laquelle les personnes désorientées se sentent à l’aise et en sécurité, et qui donne aux proches en charge d’un malade Alzheimer l’assurance que leur conjoint ou leur parent sera bien soigné pendant leur absence; • création d’un emploi du temps structurant les journées des malades, comprenant des repas en commun et des activités telles que: éplucher les légumes, préparer les repas, mettre la table, danser, chanter, faire de la musique, jouer, bricoler, dessiner peindre, faire de la relaxation, de la gymnastique, des promenades, des commissions, travailler au jardin, etc.; • aide aux soins de base (douche, repas, hygiène buccale, exercices pour rendre le patient plus autonome pour aller aux toilettes, etc.); • soins thérapeutiques en collaboration avec le médecin de famille; • en cas de besoin, administration de médicaments; • surveillance des malades sujets à l'errance; Prestations indirectes: • soutien des proches en charge d’un malade Alzheimer; • créations d’occasions formelles et informelles pour favoriser le contact entre les proches, les malades et le personnel (soirées des proches, thés dansants, etc.); Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 46 • • • 4.5.2 contact et échange d’expériences avec les proches de malades Alzheimer et, en cas de besoin, diffusion d’informations, conseil individuel, aide financière, formation, soutien en cas de deuil, etc.120; en cas de besoin, préparation et accompagnement de la personne malade et de sa famille en vue d’un placement à long terme dans un établissement médico-social; organisation d’un service de transport qui se charge de chercher les malades et de les ramener chez eux. Situation initiale Dans un rapport sur la prise en charge de malades Alzheimer dans des centres de jours, la Société Alzheimer Allemagne a constaté en 1994 que: "Dans les débats de politique sociale, les soins de jour n’ont été que trop longtemps considérés comme une variante bon marché entre les soins ambulatoires et les soins stationnaires. Dans les discussions, la réadaptation somatique s’était révélée une mission plus importante que la réadaptation psychogériatrique. Les planificateurs n'acceptèrent qu'avec hésitation de prendre dans leur collimateur des maladies comme la maladie d’Alzheimer ou la démence vasculaire. Les solutions de soutien proposées aux proches se rapportèrent plutôt aux modes de vie et d’habitation "intergénération". La variante urbaine, où des proches se sentent responsables mais sont professionnellement actifs et vivent dans un autre quartier – avec toutes les conséquences que cela implique du point de vue de l’administration des soins quotidiens – ne fut considérée que de façon périphérique. Mais c’étaient exactement ces facteurs qui ont eu une influence considérable sur le type d’offre, sur la nécessité de créer des réseaux de soutien et sur les coûts des soins de jour. Il s’est avéré que les visiteurs des centres de jour, particulièrement ceux qui étaient dépendants à cause d’une démence, avaient besoin d’une aide complémentaire: de façon ponctuelle, simplement pour pouvoir recourir aux soins de jours, mais aussi plus généralement pour surmonter les difficultés du quotidien lorsque les forces viennent à manquer. Dans les cas où la famille et les voisins ne peuvent pas apporter un soutien régulier, il faut alors se tourner vers le soutien apporté par les services de soins ambulatoires. Parfois, une prise en charge complémentaire de nuit ou des soins de courte durée peuvent également être requis. Les soins de jour sont donc rarement à prodiguer en tant que forme unique d’aide – en particulier lorsqu’il ne se trouve aucun proche soignant dans l’entourage direct de la personne touchée. Il s’agit là de connaissances qui ont été lentement acquises, particulièrement avec l'accroissement du nombre de visiteurs diminués psychiquement dans les centres de jour."121 Ces constatations sont, en grande partie, également valables pour la Suisse. 4.5.3 Hôpitaux de jour Des hôpitaux de jour sont aujourd’hui rattachés à la plupart des hôpitaux gériatriques et psychogériatriques et à plusieurs services ambulatoires gériatriques et psychogériatriques. Vingt-huit établissements psychogériatriques proposent de telles offres semi-stationnaires en Suisse.122 Des visites temporaires dans un hôpital de jour peuvent être indiquées lorsque l’on suspecte une maladie d’Alzheimer ou une affection apparentée, pour établir un diagnostic approfondi et un bilan psychosocial, pour prescrire une nouvelle médication ou pour prendre Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 47 d’autres mesures thérapeutiques. En plus des malades Alzheimer, des patients souffrant d’autres maladies psychiques liées à l’âge peuvent être traités (dépressions, psychoses, Parkinson, etc.). Dans les hôpitaux de jour, sont pris en charge essentiellement les malades qui disposent d’un haut potentiel de réadaptation et qui recouvrent au moins une partie de leur autonomie passée123 (voir aussi entraînement de la mémoire pour malades Alzheimer, p. 32). Du reste, les hôpitaux de jour se chargent en règle générale de toutes les tâches relatives aux soins de jour mentionnées ci-dessus. La durée du séjour est limitée au temps nécessaire du traitement. Un traitement dans un hôpital de jour permet aux malades Alzheimer d’éviter en partie un séjour stationnaire ou de le raccourcir sensiblement. La plupart du temps, les hôpitaux de jour doivent également se charger d’une mission de formation. Le personnel qualifié doit être préparé et équipé de manière à pouvoir transmettre aux futurs médecins, psychologues, etc. ses connaissances et savoir-faire relatifs aux diagnostics, aux traitements et aux relations avec les malades Alzheimer et leurs proches. C’est pourquoi les hôpitaux de jour affiliés à une institution universitaire se chargent souvent aussi de travaux de recherche. 4.5.4 Centres de jour spécialisés En Suisse, il n’y a que peu de centres de jour non médicalisés spécialisés dans la prise en charge et les soins aux malades Alzheimer qui souffrent d’importantes troubles du comportement; il s’agit de personnes qui sont très agitées, qui parlent ou qui jurent sans discontinuer, qui demandent toujours les mêmes choses, qui sont agressives, désinhibées ou qui sont sujettes à l'errance.124 Un milieu qui convient aux malades Alzheimer suppose que l’aménagement intérieur du centre de soins de jour, l’emploi du temps structurant les journées, les soins psychogériatriques de base, les interactions humaines et les normes de qualité auxquelles tout un chacun aspire soient adaptés aux besoins spécifiques des visiteurs. 4.5.4.1 Aménagemente Les malades Alzheimer perdent leur équilibre intérieur. C’est pourquoi il importe de leur donner un équilibre extérieur qui représente le centre spatial, social et émotionnel des activités de leur milieu. Dans le centre de jour, le lieu central vivant de l’établissement est la grande cuisine; on la voit ou on l'entend depuis toutes les autres pièces. Ce lieu central est toujours occupé par plusieurs membres du personnel.125 Les malades Alzheimer sont souvent sujets à une forte agitation psychomotrice. La faculté de marcher et de pouvoir prendre seul des décisions relatives au déplacement représente l’une des compétences le plus longtemps conservées par ces malades.126 En même temps, marcher permet de réduire des tensions et de ressentir de la satisfaction. Pour qu'un centre de jour soit adapté à des malades Alzheimer, il faut que son aménagement intérieur et extérieur (sur un terrain libre d’accès mais clos) présente de larges chemins formant une boucle ainsi que des espaces consacrés au mouvement et à la gymnastique – de façon à ce que personne ne soit dérangé par les gens qui déambulent.127 e Extraits d'un article de Bettina Rath. Betreuung im Tagesheim und Kontaktpflege mit den Angehörigen. In: Actes du 8e congrès Alzheimer Europe à Lucerne. Association Alzheimer Suisse. Yverdon 1999: 261 Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 48 Dans l’aménagement, il faut également tenir compte du fond sonore. Il faut maintenir le niveau sonore le plus bas possible pour éviter une sollicitation auditive excessive. Les malades Alzheimer réagissent souvent de façon extrêmement sensible au bruit. Ils ne sont plus en mesure de faire la différence entre les bruits du premier plan et ceux de l’arrière-plan, puisqu’ils ne savent plus interpréter les sons. Ils perçoivent donc les bruits secondaires de façon très forte et sont, par conséquent, constamment submergés par des stimuli inadéquats. 4.5.4.2 Structuration de la journée Les malades Alzheimer essaient souvent de maîtriser leur panique intérieure et leur perte cognitive par une forte activité. Puisqu’ils ne savent plus comment faire les choses, ils font, aux yeux des personnes lucides, des choses insensées telles que ranger des radis dans la machine à laver, des sous-vêtements dans le four et des chaussures sales dans le réfrigérateur. Mais pour eux, il s’agit de tâches sensées et importantes. Beaucoup de malades Alzheimer aiment trier, classer, empiler et ranger des choses. La structuration de la journée dans le centre de jour permet aux malades d’accomplir des tâches qu’ils ont eux-mêmes décidé d’accomplir, sans sentiments d'échec et sans recevoir de critiques. Le personnel doit s’efforcer de reconnaître le sens subjectif de ces actes et accepter de tels comportements. En fonction de la composition des groupes de visiteurs, il peut être indiqué de danser et de chanter à différentes occasions plusieurs fois par jour – que ce soit de façon planifiée ou spontanée. Dans l’ensemble, la journée ne devrait pas se dérouler selon un horaire journalier et hebdomadaire fixe, parce que les malades Alzheimer ne se comportent pas de façon méthodique. Il est bien plus important de tenir compte de leur humeur et de leurs capacités du moment, et d’entretenir une communication non-verbale expressive. 4.5.4.3 Soins psychogériatriques de base Pour que l’équipe de prise en charge d’un centre de jour spécialisé puisse remplir son mandat multiple nécessitant des compétences spécialisées, il faut qu'elle soit composée de manière interdisciplinaire. Les membres de l’équipe doivent cependant être polyvalents.128 Ils doivent tous être prêts à assurer des tâches de soins de base psychogériatriques. Sur la base des besoins habituels en matière de soins, de prise en charge et de soutien des malades Alzheimer, les soins psychogériatriques de base comprennent les tâches suivantes:129 • • • • • • • • accompagner; partager les joies et les souffrances; reconnaître aux patients des besoins spirituels, sociaux et physiques et les satisfaire; planifier les journées en fonction des besoins individuels; communiquer par un moyen adapté aux besoins des patients ; gérer des situations où les patients présentent un comportement difficile en cas de crises d’angoisse et de symptômes dépressifs ou psychotiques; stimuler, guider, surveiller et accompagner le déroulement de la vie quotidienne et l’accomplissement des tâches ménagères; communiquer des informations au réseau familial et professionnel. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 49 4.5.4.4 Interaction adaptée aux malades Alzheimer Une interaction attentive, chaleureuse et sensible avec des malades Alzheimer renforce leur identité, produit un sentiment positif et a un effet calmant. Tom Kitwood a dénombré douze manières différentes d’interagir avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer:130 • • • • • • • • • • • • Reconnaître. La personne soignante adopte une attitude ouverte et libre de jugement, évite les approches stéréotypées et réductrices en fonction de la pathologie. Elle reconnaît à la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer son caractère unique. Négocier. Le soignant accepte de mettre entre parenthèses tout ce qu'il pense devoir faire et ose demander, conseiller et écouter. Collaborer. Le soignant renoncera consciemment au recours à la force et à toutes forme de contrainte. Il fera autant de place que possible au malade Alzheimer pour favoriser sa prise en charge autonome. Jouer. La personne soignante peut donner libre cours à sa créativité et proposer des jeux. Communiquer par les sens. Le malade Alzheimer éprouve du plaisir à communiquer par voie directe, notamment par le sens du toucher. Cela implique que le soignant doit être à l’aise avec sa propre expression sensorielle et qu'il ne doit pas ressentir de culpabilité ou d’inhibition à pratiquer ce genre de communication. Fêter. Malgré les exigences et les contraintes de son travail, le soignant sait exprimer sa joie et sait reconnaître les beaux moments de la vie. Se détendre. Le soignant est libre d’interrompre momentanément l’activité en cours et même de décider de ne plus suivre le programme. Il s’identifie positivement aux besoins des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer: réduire le rythme de l’activité et accorder une pause au corps et à l’esprit. Valider. Le soignant met de côté ses pensées et ses soucis pour comprendre les autres de façon empathique; la pensée rationnelle sera réduite et la sensibilité relative aux sentiments et à l’émotion augmentée. Encadrer. Quelles que soient les souffrances que le malade Alzheimer endure, le soignant reste présent. Il doit se montrer sûr de soi et prêt à réagir, capable de gérer toute émotion déconcertante qu’il pourrait ressentir. Faciliter. Là, il est fait appel à une douce et subtile fantaisie. Cela consiste à réagir aux gestes des malades Alzheimer, non pas en leur imposant une quelconque signification, mais en les aidant à trouver du sens et en les encourageant à agir. Etre créatif. L’activité créative commencée par le malade Alzheimer doit être reconnue. Le soignant réagit sans prendre le contrôle de l’activité. Recevoir. Le soignant est assez modeste pour recevoir ce qu’un malade Alzheimer lui donne en guise de témoignage d’amitié ou de soutien, et assez honnête pour reconnaître ses propres manques et besoins. Les notions obsolètes de charité et de pitié condescendantes n’ont pas leur place ici. 4.5.4.5 Normes de qualité Sur la base des publications internationales relatives à ce sujet et sur la base d’une analyse de trois foyers de jour spécialisés en Suisse131, il faut tenir compte des critères suivants lors de Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 50 l’élaboration de normes de qualité pour des centres de jours adaptés aux besoins des malades Alzheimer. • • • • • • • • • Spécialisation. Comme les malades Alzheimer ont besoin d’un genre de soins spécifique qui ne sont que difficilement compatibles avec d’autres usagers de centres de jour, les cantons devraient créer dans les grandes agglomérations des infrastructures spécialisées pour les gens souffrant de ce type de maladie. Situation. Les centres de jour spécialisés doivent être situés d’une manière aussi centrale que possible, pour que le trajet des visiteurs soit le plus court possible.132 Taille des groupes. Dans un centre de jour, il ne faudrait jamais prendre en charge plus de 12 personnes par groupe. Plusieurs études internationales recommandent des groupes de 8 à 10 personnes. Dans les régions rurales, comme par exemple en Ecosse, des centres de jour spécialisés ont même été créés pour recevoir des groupes de 4 à 5 personnes.133 Transport. Le centre de jour doit utiliser des véhicules appropriés pour transporter les malades Alzheimer. En effet, on sait que le transport de personnes souffrant de ce type de maladie peut représenter un danger si le chauffeur est seul. C’est pourquoi des praticiens ou des bénévoles devraient être recrutés comme personnel d’accompagnement. Personnalisation de la prise en charge et des soins. Chaque visiteur d’un centre de jour a droit à un programme de soins, de prise en charge et d’activités conçu pour ses besoins et capacités spécifiques. Besoins en personnel. Les membres du personnel doivent être suffisamment nombreux en raison des sollicitations particulières dont ils sont l’objet. En effet, les problèmes spécifiques liés aux malades Alzheimer visitant les centres de jour sont nombreux: il n’est par exemple pas possible de convenir sérieusement avec eux d’un rendez-vous ou d’un accord; de même, ils réagissent de façon aiguë à l’agitation et à l’anxiété. C’est pourquoi il faudrait pouvoir disposer d'au moins un soignant pour trois malades. Composition du personnel. Les membres du personnel d’un centre de jour doivent être des personnes qualifiées, formées pour moitié dans le domaine social et pour moitié dans celui de la santé. Formation. Les organisations qui dirigent des centres de jour doivent donner à tout leur personnel qualifié et aux aides-soignants la possibilité d’acquérir des connaissances gériatriques et psychogériatriques complémentaires. Elles doivent également les faire bénéficier d'une supervision. Leur formation et leur perfectionnement doivent être orientés de façon à leur permettre de reconnaître, d’utiliser et de soutenir de façon optimale les ressources naturelles des malades. Enseignement. Les foyers de jour spécialisés qui accueillent des malades Alzheimer souffrant de troubles du comportement ont un devoir de formation. Le personnel qualifié doit être prêt à transmettre aux praticiens issus d’écoles médico-sociales leurs savoirs et savoir-faire relatifs à l’interaction avec des malades Alzheimer et leurs proches. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 51 4.5.5 Centres de jour polyvalents En Suisse, la plupart des centres de jour accueillent des visiteurs qui souffrent de maladies hétérogènes, qu’elles soient de nature somatique ou psychogériatrique. En raison de leur taille et de leur structure, ces établissements doivent souvent refuser des candidats et les exclure d’un groupe – ceux-là qui ont justement le plus besoin d’une prise en charge, particulièrement pour soulager leur entourage. Les causes principales de cette exclusion sont la grande agitation, les troubles du comportement ainsi que la perte des capacités d’orientation et de discernement que l’on rencontre souvent chez de tels patients. Les centres de jours polyvalents conviennent en règle générale de ne pas prendre en charge des patients agités présentant des réactions agressives et ayant une tendance à l’errance, vu que les autres visiteurs se montrent peu tolérants vis-à-vis de tels comportements et que, parfois, ils y réagissent violemment. Souvent, les centres de jour polyvalents n’accueillent les malades Alzheimer présentant des troubles du comportement qu’à condition qu’ils puissent neutraliser les symptômes indésirables au moyen de médicaments. Il existe cependant des grands centres de jour polyvalents qui sont en mesure de prendre en charge de façon adéquate des malades présentant des troubles du comportement. En effet, leur infrastructure est adaptée aux malades Alzheimer (place suffisante pour permettre la libre déambulation tant à l’intérieur des bâtiments du centre qu'à l’extérieur, dans un espace sécurisé), ils parviennent à répartir les personnes souffrant des même types de maladies dans des groupes de prise en charge et peuvent confier les malades Alzheimer à un personnel suffisamment nombreux, spécialisé et motivé. 4.5.6 Accueil de jour dans des établissements médico-sociaux Dans plusieurs cantons, les établissements médico-sociaux prennent en charge à la journée dans leurs divisions de soins stationnaires des malades Alzheimer vivant à domicile. L’avantage, c’est que les malades Alzheimer peuvent ainsi se préparer à une entrée future en établissement médico-social. De même, cette solution permet au personnel de construire une relation basée sur la confiance avec les proches avant le placement du malade et de dissiper les inquiétudes qu’ils pourraient avoir. Toutefois, cette solution comporte certains dangers. Dans les divisions de soins stationnaires, il est sensiblement plus difficile de mettre sur pied un emploi du temps structuré de manière dynamique, offrant diverses activités et de le concevoir en fonction des capacités et des besoins spécifiques de chaque visiteur. Le danger est alors que le malade Alzheimer ne soit pas suffisamment stimulé. Si, en raison des tarifs cantonaux ou communaux en vigueur et des contrats passés avec les caisses maladies, le financement des soins de jour s’avère moins favorable que celui d'une prise en charge stationnaire complète, le risque sera que les administrations d’EMS, pour des raisons de gestion d’entreprise, optent pour une exploitation maximale des lits. En d’autres termes, dès qu’un lit se libère, les visiteurs journaliers et leurs proches risquent d’être mis sous pression et contraints de se décider pour une entrée "prématurée" en EMS. En matière de soins de jours, un exemple qui s’est avéré efficace depuis des années dans la partie germanophone de la Belgique pourrait convenir à certains établissements médicosociaux et faire école. Une équipe motivée et bien formée de l'établissement accueille la journée des visiteurs externes atteints de la maladie d’Alzheimer avec des comportements Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 52 perturbateurs et leur propose des activités dans un environnement et une atmosphère particulièrement adéquats pour eux. Des pensionnaires de l'EMS souffrant de troubles du comportement similaires rejoignent ce groupe et passe la journée avec lui. 4.5.7 Accueil de jour dans des centres de rencontre Le modèle d'accueil de jour dans des centres de rencontre n’est que partiellement connu en Suisse.134 Ce concept de prise en charge est devenu, particulièrement dans le Land allemand du Bade-Wurtemberg, un élément indispensable de la palette de soins aux malades Alzheimer.135 Caractéristiques de l'accueil de jour dans les centres de rencontre: • • • • • • Des bénévoles prennent en charge pendant quelques heures six à huit malades Alzheimer dans une pièce spacieuse disposant au moins d’une niche permettant de préparer boissons et gâteaux (par exemple, dans les foyers paroissiaux). La plupart des centres de rencontre proposent leurs services un après-midi par semaine. Mais il existe également des groupes de prise en charge qui proposent leurs services deux fois par semaine, parfois le matin ou toute la journée et même le samedi, le dimanche et les jours fériés. Chaque personne prend en charge un malade. Cette formule permet de répondre de façon adéquate aux besoins individuels des malades. Ainsi, l’équipe peut s’occuper également de patients qui ont des tendances à l’errance, en ce sens qu’il y a toujours quelqu’un qui a le temps d’accompagner le malade. Un spécialiste formé dans le domaine sociopédagogique, thérapeutique ou des soins travaille avec chaque groupe. Il s’occupe de la structuration et de l’organisation de la journée. La proposition de constitution d’un centre de rencontre émane en général d'un groupe d'entraide formés par les proches. Le financement de ce type de centre se fait par des contributions (modestes) de participants, par des dons, par le biais des associations de soutien, des communes et (du moins en Bade-Wurtemberg) par des subventions du ministère des Affaires sociales (DM 10'000.- par année et par groupe d'entraide). Les proches ont la possibilité d’observer comment d’autres proches et bénévoles s’occupent des malades et peuvent ainsi procéder à un échange d’expériences en plus de bénéficier du soutien concret. En règle générale, tous les participants à cette forme de groupes de prise en charge sont atteints de la maladie d’Alzheimer. Cela facilite les relations des visiteurs entre eux parce qu'il n'y a pas de conflits avec des gens âgés encore « lucides » qui n’arrivent pas à considérer le comportement des malades Alzheimer comme résultant d'une maladie et préfèrent donc les éviter. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 53 4.5.8 Accueil de nuit Les proches qui soignent des malades Alzheimer sont souvent épuisés le soir, tant psychologiquement que physiquement, à cause de la prise en charge astreignante que cela constitue. Pour récupérer, ils ont besoin d’un sommeil ininterrompu. Or, il n’est pas rare que les malades Alzheimer souffrent de troubles du sommeil durant la nuit, ce qui empêche leurs proches soignants d’avoir un sommeil réparateur. Les conséquences de l’interruption fréquente du sommeil pendant la nuit sur la santé du proche sont considérables. Les personnes qui s’occupent le plus souvent du malade, et dont le sommeil est régulièrement perturbé, risquent de contracter un tiers de maladies de plus que les autres.136 Les troubles du rythme de sommeil et d’éveil chez les malades Alzheimer constituent une des principales causes de placement. A cet effet, différents concepts d’accueil de nuit ont été développés afin de soulager les proches de l’obligation de prodiguer des soins à domicile durant la nuit. Toutefois, en Suisse et dans les pays voisins, seuls quelques concepts ont pu jusqu’à présent être concrètement mis en œuvre. 4.5.8.1 Modèles de prise en charge de nuit • • • Les établissements stationnaires proposent des lits pour les résidants de nuit, mais ne disposent pas d'un concept de soins de nuit proprement dit. Dans ce cas, il existe le risque latent que des patients actifs la nuit soient préventivement mis sous sédatifs à cause d’un manque de personnel. Les établissements stationnaires ou semi-stationnaires mettent à la disposition des malades Alzheimer une offre de soins de nuit, basée sur un concept de prise en charge adaptée à leurs besoins individuels. Afin de réduire le sentiment d'insécurité des malades, les bâtiments doivent être aménagés de façon à ce que les résidants de nuit puissent facilement s’orienter. Une bonne connaissance de la vie et des habitudes des patients, la possibilité de disposer d'au moins un soignant pour trois malades et la certitude de pouvoir prodiguer des soins personnalisés créent une atmosphère de confiance, de calme et de confort. Une amorce de modèle de soins de nuit ambulatoires dans des établissements stationnaires ou semi-stationnaires, par exemple sous forme d’un "café de nuit", est accessible aux malades Alzheimer, pendant la soirée et les premières heures de la nuit. Tout comme pour l’accueil de jour, un service de transport doit bien entendu aussi être organisé pour l'accueil de nuit, on va chercher le patient à son domicile et on l’y reconduit. Il y a quelques années, deux projets de soins de nuit fort prometteurs ont échoué: l'un dans la région lausannoise137 pour des raisons administratives et financières, l’autre à Zurich138 par manque de demande. Depuis lors, des projets de soins de nuit ont été concrètement mis en œuvre ailleurs en Suisse. Le centre de jour et de nuit de Dielsdorf connaît un franc succès car ici, en plus de l’offre uniquement composée de soins de jour, des séjours combinés de jour et de nuit répondent à une forte demande. Les séjours uniquement nocturnes ne sont que très rarement demandés, car la durée de repos est trop courte pour les proches. Ce modèle présente également Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 54 l’avantage que le malade Alzheimer a déjà pu apprivoiser son environnement durant la journée et qu’ainsi, sa désorientation est moindre durant la nuit. Causes des troubles du sommeil chez les malades Alzheimer139 4.5.9 • En raison des limites de leurs capacités mentales, les malades Alzheimer peuvent de moins en moins participer à la vie quotidienne "normale". Puisqu'ils s'investissent moins dans les tâches quotidiennes et domestiques, et qu'ils ont une activité physique insuffisante, les malades Alzheimer ont de courtes périodes de sommeil pendant la journée. C'est pourquoi, ils ont moins besoin de dormir la nuit, autrement dit, cela entraîne des troubles de l’endormissement et du sommeil. • Le besoin de dormir la nuit est non seulement influencé par les conditions externes (p. ex. fatigue causée par des activités pendant la journée), mais également par une "horloge interne". L'évolution de la maladie peut également affecter le contrôle du rythme jour-nuit exercé par le cerveau. • La maladie d’Alzheimer peut parfois s’accompagner d’un état dépressif. Des troubles du sommeil sont typiques de la dépression – comme c’est aussi le cas chez les malades Alzheimer dépressifs. • Les troubles du sommeil peuvent également être les effets (secondaires) indésirables de la prise de certains médicaments. Les neuroleptiques, par exemple, que l’on prescrit pour des états d’angoisse et de nervosité, produisent parfois l’inverse de l’effet escompté chez les personnes âgées, et accentuent encore leur nervosité. La prise de somnifères peut elle aussi causer des problèmes si le médicament est pris trop tôt ou à trop haute dose. Dans ce cas, le sommeil sera soit trop court, soit au contraire trop long, ce qui rendra difficile l’endormissement la nuit suivante. Prise en charge temporaire dans des établissements de soins stationnaires Comme toutes les personnes actives, qui exercent un métier en-dehors de chez elles, les personnes qui s’occupent à domicile d’un proche atteint de la maladie d’Alzheimer doivent pouvoir s’arrêter de temps en temps et prendre des vacances. La possibilité de se détendre totalement à des intervalles réguliers aide la plupart de ces personnes à assurer plus longtemps leur difficile mission de soignants tout en gardant le moral et une bonne santé. Il peut également arriver que le proche soignant doive lui-même recevoir des soins à cause d’une maladie aiguë, d’une intervention chirurgicale ou d’un accident et qu’il doive alors confier provisoirement le malade Alzheimer à un établissement médico-social. En Suisse, de nombreux établissements sont prêts à prendre en charge et à soigner de façon stationnaire, pour une période de temps limitée de quelques jours à quelques semaines, des malades Alzheimer, afin d'épauler ou de remplacer le proche en charge du malade. Dans les Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 55 cantons qui encouragent par des subventions cette forme de prise en charge temporaire dans le cadre de leurs concepts d’aide et de soins à domicile, les offres de soins temporaires disponibles sont fréquemment utilisées. Dans le canton de Vaud, par exemple, les proches d’un malade Alzheimer nécessitant des soins peuvent, sur la base d’un rapport médical, recourir à des soins hospitaliers pour une période de quatre semaines maximum par an (dans les cas difficiles, jusqu’à huit semaines) et ce à un prix raisonnable. En Allemagne, les prises en charge temporaires sont encouragées par l’assurance de soins obligatoire (Pflegeversicherung). Les malades Alzheimer, qui ont été soignés au moins un an à domicile, ont droit, chez nos voisins allemands, au maximum quatre semaines par an de soins de courte durée dans un établissement stationnaire.140 Cette forme de prise en charge présuppose que le soignant principal du malade est disposé à se séparer temporairement de celui-ci et à le confier à des inconnus qui le soigneront. Vu que les malades Alzheimer ont souvent des réactions de résistance et de peur dans pareille situation et que cela provoque chez leur proche soignant un sentiment de culpabilité, tous deux ont besoin dans ces moments d’accompagnement et de soutien professionnels. Pendant le premier séjour, de nombreux proches soignants supportent difficilement d'être séparés volontairement de la personne malade et, bien souvent, ils ne parviennent pas à véritablement se détendre. Ce qui est décisif pour le futur, c’est l’état de santé dans lequel elles retrouveront la personne malade après les vacances. Les proches qui peuvent constater que cet état n’a pas fondamentalement changé pendant son absence, auront en général à nouveau recours à cette possibilité de prise en charge. Prise en charge semi-stationnaire pour aider les proches: conditions requises Diversité des offres de prise en charge. Les autorités cantonales et communales compétentes doivent s’assurer que, dans leur canton ou leur commune, les proches de malades Alzheimer peuvent disposer d'une palette d’offres de prise en charge semi-stationnaire adaptée à leurs besoins. A côté des simples centres de jour, il faut promouvoir les possibilités de séjours combinés jour et nuit. Formation du personnel qualifié. Des organisations de prestations de services, qui accueillent des malades Alzheimer pour relayer temporairement les proches soignants, doivent pour cette mission déléguer la responsabilité à des personnes qualifiées qui possèdent une solide formation de base ainsi qu’une formation complémentaire en gériatrie et en psychogériatrie. Le personnel qualifié doit être capable de déceler chez les malades Alzheimer des troubles des facultés mentales et des modifications du comportement, et d’y réagir de façon adéquate en cas de besoin. Il doit également être capable de guider et d’assister le personnel auxiliaire dans les soins quotidiens. Les organisations de prestation de services doivent fournir à leur personnel qualifié la possibilité d’acquérir si nécessaire des connaissances professionnelles complémentaires en gériatrie et en psychogériatrie. Elles doivent en outre les faire bénéficier d'une supervision. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 56 Formation des aides-soignants. Si une organisation de prestation de services engage du personnel auxiliaire pour ses offres de prise en charge, celui-ci doit au moins avoir auparavant obtenu le diplôme "aide-soignant(e) de la CRS". Sa formation initiale et continue doit être orientée de sorte à pouvoir déceler les ressources innées des malades, de les utiliser et de les encourager de façon optimale. Il faut en outre le faire bénéficier d'une supervision. Financement. La prise en charge semi-stationnaire doit être financièrement raisonnable pour les malades Alzheimer et leurs proches. Cela vaut notamment pour les personnes des classes moyennes qui n'ont pas droit à des prestations complémentaires de l’AI ou de l’AVS. Les offres de prise en charge semistationnaire doivent donc être en grande partie financées par des subventions des pouvoirs publics et par des indemnisations des caisses maladie. Il convient en outre de mieux définir dans l'ordonnance sur les prestations de la LAMal dans quelle mesure l'assurance maladie obligatoire indemnise la prise en charge semistationnaire. 4.6 Offres de vacances Les offres de vacances sont une forme particulière de prise en charge destinée à soulager les proches soignants; certaines s'adressent aux malades seuls, d'autres aux malades et à leurs proches. 4.6.1 Vacances pour les malades Alzheimer Pour offrir aux proches une prise en charge qui peut être planifiée plusieurs semaines à l’avance, les vacances que certaines organisations proposent pour les personnes mobiles atteintes de la maladie d’Alzheimer sont une bonne solution. Le Service médical de la ville de Zurich141 et la section bâloise de l’Association Alzheimer Suisse142 organisent depuis des années pour les malades Alzheimer des séjours de deux ou trois semaines dans des lieux touristiques. La mobilisation volontaire d'hommes engagés dans le service de protection civile permet de garantir la présence d'une aide par malade. Les membres de la protection civile sont informés sur la problématique de la maladie d’Alzheimer (maladie, symptômes, comportement) et sur la façon d'interagir avec les malades ainsi que sur le déroulement des vacances. Celles-ci comportent en outre des activités comme des randonnées, de la gymnastique, des jeux et des chants. 4.6.2 Vacances pour les malades Alzheimer et leurs proches soignants De nombreux proches soignants, qui ont un besoin urgent de soutien, ne sont pas prêts à se séparer du malade, ne serait-ce que pour quelques heures. Parfois, ce comportement s’explique par un séjour temporaire antérieur dans un établissement de soins qui a eu des répercussions négatives sur l’état de santé général du malade. Afin d’offrir à ces proches Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 57 soignants l’opportunité de sortir de leur quotidien épuisant et répétitif au moins une fois par an, l’Association Alzheimer Suisse (ALZ) organise plusieurs semaines de vacances annuelles chaque fois pour 10 malades Alzheimer et leurs proches soignants.143 Il s’agit dans la plupart des cas de couples. Ces vacances offrent aux proches soignants notamment la possibilité: • d’échanger des expériences avec d’autres proches soignants; • d’observer comment les autres proches soignants s’occupent de leur partenaire ou parent malade; • de se détendre sans devoir se séparer du malade; • de pouvoir se reposer et se délasser; • d’apprendre à confier temporairement et partiellement les soins à une tierce personne; • de se rendre compte que le malade Alzheimer peut aussi s’habituer à d’autres soignants. Ces vacances offrent au malade Alzheimer notamment la possibilité: • de revivre sur le plan émotionnel, avec le proche, des situations communes agréables, et de raviver des souvenirs communs; • de s’habituer à des soignants inconnus. Chaque couple est assisté et accompagné d’un bénévole, afin que le partenaire en bonne santé dispose de suffisamment de temps libre à passer "séparé" de son partenaire malade. Les aides bénévoles mettent gratuitement à disposition leur temps et leurs compétences et l’ALZ, en contrepartie, finance leur séjour, prend en charge leurs frais de voyage et leur offre un séminaire de préparation d’une journée. Pendant ces vacances, ils se sentent généralement fort sollicités, mais ils considèrent en même temps leur engagement comme une expérience enrichissante.144 Quant à l'organisation des vacances, elle incombe à une personne qualifiée expérimentée. Les vacances ont lieu dans des hôtels modernes et agréables, dans des lieux de villégiature très appréciés. Les hôtels doivent aussi être équipés pour accueillir les fauteuils roulants, afin que les malades Alzheimer souffrant d’un grave handicap physique ne soient pas exclus. Selon le temps et l’envie, les participants pourront s'adonner à des activités de vacances comme la randonnée, les promenades, la gymnastique, les jeux, les chants et la danse dans une atmosphère décontractée.145 Pendant la semaine de vacances, les proches se réunissent deux fois sans leurs partenaires malades. Selon de nombreux récits d’expérience spontanés, il apparaît clairement que les participants considèrent ces vacances comme très reposantes et instructives.146 La plupart des proches rentrent chez eux moralement renforcés, avec de nouveaux conseils et idées, ce qui les aide à assumer leur quotidien de soignant avec un courage renouvelé et de nouvelles stratégies de soin. De plus, après les vacances, il n’est pas rare que les proches qui accompagnent les malades gardent le contact entre eux, ainsi qu’avec les aides bénévoles. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 58 4.6.3 Séminaires de vacances pour la formation des proches soignants La clinique de la mémoire zurichoise Entlisberg147 et la clinique de la mémoire Münsterlingen148 organisent régulièrement des séminaires de vacances pour les couples dont un membre est atteint de la maladie d’Alzheimer. Y sont d’une part favorisés le plaisir et le délassement pour tous les participants et d’autre part la formation des proches soignants.149 Pendant les séminaires, les malades sont pris en charge par du personnel qualifié. Objectifs de la formation des proches pendant les séminaires de vacances150: • prise de conscience de ses propres compétences; • reconnaissance et acceptation de ses propres limites; • travail émotionnel (prise de conscience et acceptation de ses propres tristesse, colère, honte, culpabilité et défaillances); • renforcement des liens sociaux (encouragement à faire de nouvelles expériences et à nouer des contacts avec des personnes dans une situation similaire); • modification de son attitude subjective (abandon du rôle de victime et de martyre, renforcement de la confiance en soi); • approfondissement des connaissances de base (répertorier les possibilités leur permettant de se décharger, trouver de possibles explications à des comportements difficilement compréhensibles); • acquisition de stratégies cognitives pour résoudre des problèmes (discuter et tester les consignes données aux malades, apprendre à connaître les possibilités de prise en charge); • apprentissage interactif (adapter à sa situation certaines expériences faites par les soignants et les personnes concernées); • découverte et apprentissage de techniques de délassement et de relaxation. Organisation d'offres de vacances pour les malades Alzheimer (et leurs proches): conditions requises Diversité des offres. Les différentes offres de vacances doivent être adaptées aux besoins des malades Alzheimer et de leurs proches. Soutien. Les organisations qui proposent des vacances aux malades Alzheimer et à leurs proches doivent en confier la direction à un ou plusieurs spécialistes expérimentés. En outre, elles doivent pouvoir assurer la présence d'une aide par malade. Financement. Les offres de vacances doivent être financièrement raisonnables pour les malades Alzheimer et leurs proches soignants. Une partie de ce financement doit provenir des pouvoirs publics ou d'organisations telles que l’Association Alzheimer Suisse. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 59 5. Conclusions 5.1 Les malades Alzheimer en chiffres: aujourd’hui et demain Aujourd'hui en Suisse, une grande agglomération de 10'000 habitants compte en moyenne 120 personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’une affection apparentée et ayant besoin de l’aide d’un tiers. Parmi ces malades, 72 sont pris en charge et soignés à domicile, et 48 sont placés en institutions. Sans d’importantes percées médicales, une agglomération similaire comptera en 2040 plus de 210 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence nécessitant des soins. 5.2 Forte augmentation du nombre de personnes âgées atteintes d’Alzheimer Le nombre des Suisses âgés de plus de 80 ans augmentera continuellement pendant les 40 prochaines années et aura doublé d’ici 2040. Parallèlement, le nombre de malades Alzheimer ne cessera de croître. Le nombre de malades de plus de 80 ans aura également doublé d’ici 2040. Cette évolution conduira à un besoin croissant de possibilités supplémentaires de prise en charge et de soins ambulatoires, semi-stationnaires et stationnaires. 5.3 Amélioration de la prise en charge ambulatoire et semi-stationnaire En raison du développement démographique et du taux de divorces actuellement élevé, le noyau familial restreint, sur l’aide duquel les personnes âgées de demain peuvent compter, se rétrécira sans doute encore par rapport à aujourd’hui. Afin qu’à l’avenir le pourcentage de malades Alzheimer soignés à domicile (60 %) puisse être maintenu, les offres de prise en charge ambulatoires et semi-stationnaires pour les malades Alzheimer doivent encore être élargies. Parallèlement, le nombre de lits pour les malades Alzheimer devra lui aussi être doublé d’ici 2040 dans les établissements médico-sociaux. En Suisse, on trouve la gamme complète des modèles ambulatoires et semi-stationnaires de diagnostic, de traitement, de prise en charge et de soins pour les malades Alzheimer, modèles qui sont actuellement discutés dans les publications spécialisées internationales. Cependant, l’offre de prise en charge est répartie de façon inégale selon les régions et présente des lacunes la plupart du temps. C'est pourquoi le présent rapport démontre, entre autres, quels modèles et concepts existent déjà en Suisse et fait aux instances compétentes des suggestions pour planifier et améliorer continuellement la prise en charge ambulatoire et semi-stationnaire des malades Alzheimer et pour élargir les offres de soutien pour les proches soignants. Les données statistiques concernant les pathologies de démence et leurs répercussions sur l'entourage familial des malades ne sont pas encore suffisamment complètes en Suisse. Elles doivent être étendues et affinées, afin que les offres de prise en charge et de soutien puissent à l’avenir mieux s’adapter, aussi bien du point de vue quantitatif que qualitatif, aux besoins des malades Alzheimer et de leurs proches. Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 60 5.4 Offres de prise en charge à des tarifs abordables Le financement de la prise en charge de malades Alzheimer et du soutien de leurs proches doit en partie se faire par les impôts sous la forme de subventions. En effet, les offres de prise en charge ambulatoires et semi-stationnaires doivent également être accessibles aux malades et à leurs proches des classes moyennes qui n’ont pas droit à des prestations complémentaires. Il convient de définir clairement dans l'ordonnance sur les prestations de la LAMal le terme "soins de base psychogériatriques", afin de déterminer quelles prestations doivent être prises en charge par l'assurance maladie obligatoire . 5.5 Besoin croissant de personnel pour la prise en charge et les soins Etant donné le nombre croissant de malades Alzheimer nécessitant des soins, le besoin en auxiliaires et en personnel soignant diplômé augmentera sans cesse dans les années à venir. Tout comme aujourd’hui, la prise en charge et les soins des malades Alzheimer seront demain assurés en premier lieu par des aides-soignants. Afin que le bien-être général des malades et la qualité de leur prise en charge s’améliore encore à l’avenir ou se maintienne au moins au niveau actuel, la demande de personnel qualifié, motivé et bien formé chargé de diriger et seconder les aides-soignants continuera d'augmenter. 5.6 Amélioration nécessaire des offres de formation Les offres de formation pour le personnel qualifié qui travaille dans le domaine du diagnostic, du traitement, du conseil, des soins et de la prise en charge des malades Alzheimer, doivent être améliorées et étendues à tous les niveaux. Pour les spécialisations en gériatrie et en psychogériatrie, des chaires doivent être créées dans toutes les facultés de médecine afin que, dans ces domaines, on puisse à l’avenir assurer une meilleure formation des spécialistes et des médecins généralistes. Il faut offrir aux psychologues, infirmiers, assistants sociaux, ergothérapeutes etc. selon leur formation de base, des formations professionnelles complémentaires interdisciplinaires en gériatrie et en psychogériatrie, grâce auxquelles ils pourront notamment élargir et approfondir leurs connaissances et leur savoir-faire en matière de traitement, de prise en charge, de soins et de relations avec les malades Alzheimer et leurs proches. Les programmes de formation pour les aides-soignants qui travaillent avec des malades Alzheimer doivent davantage se focaliser sur les besoins de ceux-ci pour l'accompagnement des malades au quotidien. Ce ne sont pas les patients qui doivent s’adapter aux concepts, mais les concepts qui doivent s’adapter aux besoins spécifiques du groupe qu’ils visent ! Rapport Prestations de base pour malades Alzheimer © Association Alzheimer Suisse et Pro Senectute Suisse 61 Bibliographie 1 François Hermann. 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