et le numéro spécial de Info-CSC
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et le numéro spécial de Info-CSC
Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise Une victoire collective Edito w L La formation: espoir, dignité et performance «Avec 51.841 demandeurs d’emploi dont 33% de jeunes, la formation est capitale, insiste Roger Parthoens, secrétaire fédéral de la CSC Liège-Huy-Waremme. Pour les jeunes, c’est l’espoir; pour les sans-emploi, la dignité; pour les travailleurs actifs, la performance. Dans les entreprises, la formation ne doit pas être réservée aux cadres ou au personnel de direction. Elle doit, avant tout, s’adresser aux ouvriers et au personnel de production. Pour les illettrés, une formation-pivot doit ouvrir l’accès à des formations qualifiantes. Des formations dans des secteurs comme la technologie, la construction, la logistique, les métiers de bouche sont autant d’espoirs pour développer l’emploi et permettre à chacun d’avoir un juste revenu». Situation de l’emploi à Liège L ’arrondissement de Liège est aujourd’hui la sous-région la plus peuplée de Wallonie avec 609.256 habitants (au 1er janvier 2007), soit 17,7% de la Région wallonne. Son taux d’activité - englobant toutes les personnes en capacité de travailler - est évalué à 67,5% (pour une moyenne de 67,9% en Région wallonne) et son taux d’emploi -qui cible les personnes effectivement au travail- à 52,8% (pour une moyenne de 55,9% en Région wallonne.) Avec 51.841 demandeurs d’emploi indemnisés au 30 juin 2007, la région retrouve quasi sa situation de juin 1997. Parmi ces demandeurs d’emploi, 52,9% sont des femmes et 33,5% des personnes de moins de 30 ans (pour une moyenne de 35,4% en Région wallonne). Parmi ces jeunes, 54,9% ont effectué au plus des études secondaires; 51,8% sont inoccupés depuis 2 ans ou plus et 28,2% sont inoccupés depuis 5 ans ou plus. En 2007, de nombreux emplois étaient vacants: 2.518 postes dans les services administratifs, 1.387 dans la vente, 1.204 dans la construction mécanique et les travaux des métaux, 1.069 dans des postes de personnel d’entretien et de maintenance, 997 dans les services aux personnes, 981 dans la logistique, 969 dans la construction. Un «plan langues» est jugé incontournable pour compléter des formations ciblées sur les besoins du marché de l’emploi. Encore faut-il que ces formations soient organisées en parfaite collaboration et non en concurrence, avec chasse aux subsides à la clé! Il faut aussi revaloriser d’urgence l’enseignement technique et professionnel et donner à la formation en alternance toute la place qu’elle mérite. Données exposées à la CSC par Anne-France Mossoux, analyste du marché de l’emploi au Forem. a CSC Liège-Huy-Waremme veut saluer aujourd’hui la lutte de la CSC-Métal et de la CNE: elles se sont battues, becs et ongles, depuis toujours, non seulement pour le maintien du chaud à Liège mais aussi pour le froid et pour tout le froid. Ces deux centrales font partie des pionniers du combat pour une sidérurgie intégrée, qui ont recherché une solution globale - et non une solution partielle - avec toutes les retombées possibles pour la région liégeoise. Aujourd’hui, c’est donc à juste titre la victoire de tous que nous voulons fêter en remerciant tous les acteurs de cette réussite. Parmi eux, il y a les 50.000 personnes présentes place St Lambert, en mars 2003, pour se mobiliser contre la décision d’Arcelor de fermer la sidérurgie à Liège. Dans le même esprit que celui qui avait présidé à la création de Meusinvest dans les années 80, le redéploiement liégeois a été initié par les organisations syndicales lors des accords tripartites de 2003 avec Arcelor et la Région Wallonne. Voilà 5 ans que le GRE (groupe de redéploiement) a été mis en place. Cela fait beaucoup de temps écoulé déjà, parfois trop, et des projets toujours en cours. A plusieurs reprises, la CSC a fait appel à la mobilisation des forces vives et elle a souvent donné des coups de pieds dans la fourmilière… Aujourd’hui, nous devons à nouveau faire appel à tous les acteurs du GRE pour redoubler d’efforts et profiter de l’opportunité que constituent les délais supplémentaires acquis avec la réouverture du Haut Fourneau 6 (HF6). Cette réouverture est «une opération à cœur ouvert réussie». Il faut maintenant que toutes les fonctions prématurément condamnées puissent revivre pleinement et bien au-delà de 2012! Plus de 8.000 emplois sont à consolider et le redéploiement concret doit devenir une réalité pour les 51.841 demandeurs d’emploi indemnisés à Liège. Jean-Marc NAMOTTE Président CSC Liège-Huy-Waremme N. VdK l’info n°9 l 29 février 2008 l 3 Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liége Arcelor Mittal, un acteur global et incontournable L eader mondial de la production d’acier, Arcelor Mittal est le prototype même de la multinationale qui prospère dans un marché globalisé. Le groupe emploie 320.000 personnes dans plus de 60 pays différents. En 2007, son chiffre d’affaires était de 75 milliards d’euros, pour un bénéfice net de 7,5 milliards d’euros. Il est le premier producteur mondial d’acier: 110 millions de tonnes, soit environ 10% de la production mondiale d’acier. Plus de 8.000 emplois directs et indirects dans le bassin liégeois Le groupe Arcelor Mittal est présent en Belgique, essentiellement à Liège et Gand. Dans la Cité ardente, le groupe emploie 4900 travailleurs sous contrat à durée indéterminée. Il faut y ajouter les ouvriers qui travaillent avec un contrat à durée déterminée, ainsi que les centaines d’emplois indirects générés par l’entreprise. En tout, l’activité du groupe sidérurgique à Liège est responsable de plus de 8.000 emplois directs et indirects. Ces emplois se répartissent dans quatre activités: le chaud, le froid, le packaging et le Centre de Recherche et Développement. Arcelor Mittal est aussi présent dans une dizaine de filiales. Un peu d’histoire Apres 175 années de vie sociale et économique, après avoir traversé toutes les crises, Cockerill-Sambre et la Région wallonne comme seul actionnaire, décident de tourner la page nationale pour entrer résolument sur la scène européenne. 1998 Le groupe Usinor, sous la présidence de Francis Mer, décide d’un plan de développement commun. Il implique le maintien d’Industeel, la reprise de Carsid par Duferco et surtout, un investissement majeur pour Liège: une nouvelle coulée continue complémentaire à Chertal. 2002 Tout bascule avec la naissance d’Arcelor, né de la fusion d’Arberd, Usinor et Aceralia. Il ne s’agit pas d’une fusion de développement, mais bien d’une fusion de restructuration. Objectif avoué: la réduction des coûts. C’est le temps du plan Apollo et de l’annonce de la fermeture de la phase à chaud de Liège. Par la mobilisation de l’ensemble des acteurs syndicaux et le soutien de toute la région, Arcelor va reporter la fermeture totale de la phase à chaud prévue en 2006 jusque 2010. 2006 C’est l’année de la création d’Arcelor Mittal et d’une nouvelle stratégie industrielle basée sur trois piliers: - produire le plus possible, - partout où c’est possible, - avec un maximum de profit pour les actionnaires. Le plan Apollo est remis en cause pour l’Europe de l’Ouest et le maintien d’une phase chaude complète est décidé, ce qui implique le redémarrage du HF6. Aujourd’hui, une page se tourne, une nouvelle s’annonce. Plus que jamais, la CSC sera mobilisée. M. Olynyk Bassin sidérurgique liégeois ;^a^VaZh "BdhVX^Zg :bead^h/&&% "DmnWZa :bead^h/&%) "HiZZa8dVi :bead^h/-' "8;G :bead^h/&'' ### @ZhhVaZh :bead^h/&.* 6E>;ZgWaVcX :bead^h/,* 9XVeZg^ZI^aaZjg :bead^h/(,' 6\\ad=;7Dj\gZ :bead^h/(%, 8dX`Zg^Z :bead^h/'%, ;aZbVaaZ :bead^h/',) =;+HZgV^c\ :bead^h/&-% =JN GVbZi I9B :bead^h/&.& l’info n°9 :jgd\Va GVbZi :bead^h/'-- Chiffres d’Arcelor Mittal au 31.01.2008 Paul Liakos «Un nouveau séisme est possible» A l’annonce du plan Apollo, Paul Liakos était permanent syndical. Il a ensuite été confronté à l’annonce de la fermeture du chaud en tant que secrétaire principal de la CSC-Métal en province de Liège. Il est aujourd’hui secrétaire général de la CSC-Métal. Quelles réflexions vous inspire la réouverture du HF6? Je ne peux m’empêcher de repenser qu’au moment où je deviens secrétaire principal dans la province à Liège, je gère un premier dossier, celui de la fermeture du site de Chertal où je travaillais comme responsable du plancher de la coulée continue. Appelé à assumer les responsabilités provinciales, c’est l’annonce de la perte de plus de 2700 emplois qui me heurte, et ce doublement. Pour moi, ce sont des visages qui se dessinent sur ces chiffres, les visages de mes collègues qui ont partagé mon quotidien pendant plus de 14 ans. Je comprenais d’autant moins bien cette décision que les sidérurgistes liégeois avaient fait de lourds efforts dans un plan de restructuration appelé plan Delta. Quelle a été la ligne de conduite syndicale à l’époque? Très rapidement, la CSC-Métal se bat pour une sidérurgie intégrée face à un patronat soucieux principalement de ses résultats financiers. C’était, et c’est encore aujourd’hui, le combat du pot de terre contre le pot de fer. Nous avons voulu avec la CSC mener un combat juste, et responsable, en y associant tous ceux qui étaient concernés, et en y associant aussi la population liégeoise. Nous étions déjà convaincus à l’époque que le combat serait long et difficile! Quelle a été votre implication dans ces combats? Sidérurgiste un jour, sidérurgiste toujours…, dit-on. Il était donc tout naturel pour moi d’être aux côtés des travailleurs, 4 l 29 février 2008 l 8]ZgiVa :bead^h/-') dans les manifestations, dans les autocars vers le Luxembourg, dans leur combat au quotidien. C’est à cette époque aussi que j’ai confié à Jordan Atanasov la responsabilité de l’équipe syndicale et que je lui ai demandé d’être Président de la délégation de Cockerill-Sambre. Déjà dans les années 9O, Jordan Atanasov, que j’avais affilié personnellement à la CSC, était apparu comme un affilié, puis un militant particulièrement engagé. Il a toujours posé au bon moment les bonnes questions, les questions essentielles pour l’avenir de la sidérurgie liégeoise. Je lui reconnais ses qualités de travailleurs d’abord, il était un sidérurgiste particulièrement compétent. C’est aussi un homme particulièrement honnête, un homme droit et réfléchi. Il a pour moi toutes les qualités du bon syndicaliste. Quelles étaient vos priorités? Avec Jordan, et tous les sidérurgistes de la CSC, nous défendions l’argumentation du maintien du chaud, avec pour objectif de sauver un maximum d’outils du chaud, et parallèlement sauver le froid. Lâcher la proie pour l’ombre, nous n’y croyions pas. Nos positions et nos actions ont toujours été orientées pour le maintien du chaud et du froid que nous pensons intimement liés. Mais nous avons également posé les jalons de la reconversion liégeoise, car il en a va de l’avenir de nos jeunes travailleurs. Vous vous réjouissez donc de cette réouverture? Oui, aujourd’hui, je me réjouis, mais je ne suis pas dupe. Je suis conscient que cette réouverture est de nature conjoncturelle, car le marché de l’acier est redevenu porteur. En 2003, nous avons subi un tremblement de terre d’amplitude maximale. Ceux qui l’ont vécu savent que les répliques sont possibles. Ne nous reposons pas sur nos lauriers. Restons vigilants et mettons les bouchées doubles pour la région liégeoise. eoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise 6 u a e n r u o f t u a h u d e c n Rela d u a h c u d le b m e s n e l’ e et maintien d relance du E se réjouissent de la La CSC-Métal et la CN r. se mobilisent pour l’aveni haut fourneau 6 (HF6) et rneau B au, en plus du haut fou Ce deuxième haut fourne dans le nforter notre sidérurgie d’Ougrée, va et doit co uvelles no de Cette relance ouvre groupe Arcelor Mittal. tous ur po ion liégeoise ainsi que perspectives pour la rég traitants. ses travailleurs et sous- l’annonce ud ne doit pas occulter l La relance du cha -Ferblatil, fer de l’activité de API (ex nent ues (Fédéral et Wallon) sig s. aire ess néc er les quotas de CO² l’accord le 1 février sur . 12 20 tivité du chaud jusqu’en Ce geste fort permet l’ac politiq l Les responsables rivé là? Comment en est-ons ar syndicales signent un tal, Mit r s les acteurs: Arcelo accord qui mobilise tou ent les travailleurs. Ce docum la Région wallonne et le et de responsabilité socia développe les notions le ers env a tal upe Arcelor Mit économique que le gro ! iale nd mo ore une première bassin liégeois. C’est enc e. gré inté défendu une sidérurgie l La CSC a toujours n du plan isio rév la urs reprises Elle a demandé à plusie ci-contre). APOLLO (voir encadré redevenue ncture économique est l Aujourd’hui, la conjo prévaent aux prévisions qui favorable et, contrairem ndial nde d’acier au niveau mo laient en 2003, la dema on cti du pro la en effet que est énorme. On estime s. ée les prochaines ann d’acier doit doubler dans semble du la prolongation de l’en La relance du HF6 et le groupe ues une nécessité pour chaud sont donc deven Arcelor Mittal. anisation l En 2003, les org 6, la sidérurgie liéAvec la relance du HF nome et autosuffigeoise redevient auto sante. certain temps, le Elle garantit, pour un 8.000 emplois. maintien de plus de le! Une première mondia réussite COLLECTIVE. Il s’agit d’une véritable NEMENTECHNIQUES, ENVIRON Les aspects SOCIAUX, prolontte ns cette relance et ce TAUX ont été intégrés da gation du chaud. ont partiTous les partenaires y : is le FEU VERTleu cipé et ont perm r pror pa ipé geois ont partic l Les travailleurs lié agede travail et par leur eng ductivité, par leur force l’a tal ent de l’outil. M. Mit ment au bon fonctionnem le 28 février 2007. constaté personnellement C, ont syndicales, dont la CS l Les organisations uveau no un , un accord pour signé, le 18 mai 2007 n nis d’optimaliser l’orga atio fonctionnement social afin la ce ux hauts fourneaux, et u travail au sein des de ociation. après un seul jour de nég la remise Mi lor ttal, a procédé à l Le patronat, Arce 6. en état technique du HF de la diminution 350 emplois. blanc) avec la perte de main, d’absera-t-il en mesure, de l Le froid de Liège s de on du chaud (3,5 Million sorber toute la producti tonnes d’acier par an)? en R&D poursuivre ses efforts l Arcelor Mittal doit bassin au re ment) et permett (Recherche et développe ur les po uvelles applications liégeois d’utiliser ses no nt s industriel liégeois exista intégrer dans le processu doit titre, le projet ARCEO ou encore à créer. A ce de lle rie ust ind une production permettre, rapidement, nouvelle ligne. ce produit à travers une le redétinuer à s’engager dans l Arcelor Mittal doit con engar Mittal doit respecter ses ploiement liégeois. Arcelo pour rs, seu rnis eau clients-fou gements d’utiliser son rés s. riel veaux projets indust susciter la création de nou mplois porter des volumes d’e Ces projets doivent ap isateurs oritairement vers les util significatifs orientés pri tentiels po rs leu aussi exploiter d’acier, mais ils doivent région en de nouvelles activités de recherche pour créer liégeoise. à profit oises doivent mettre Les forces vives liége éploiered pour poursuivre le la période qui s’ouvre sur cette et ne pas se reposer ment de notre région prolonance du HF 6 et la bonne nouvelle. La rel ules, ne du chaud, à elles se gation de l’ensemble té. impérieuse nécessi répondront pas à cette ndications Mais il reste des reve et des interrogatiosigns nifie pas nécessairement til ne l La pérennité de l’ou ploi i. Mais la garantie de l’em la pérennité de l’emplo reste notre priorité. grer les lleurs liégeois vont-ils inté l Comment les travai nt déjà déjà chiffrés qui leur so efforts de productivité demandés? a pas au coûts de 30% ne se fer l La réduction des de travail et de sécurité. détriment des conditions E, Pour la CSC-Métal et la CN PRIORITE UNE SEUégLE rée oui, Une sidérurgie int mplois de qualité et mais surtout porteuse d’e de développement. r du froid. Le chaud ne peut se passe indissociables. Ils sont, plus que jamais, Jordan Atanasov «Aujourd’hui, tout reste à faire» Jordan Atanasov, secrétaire régional de la CSC-Métal, fait le point sur la relance du haut fourneau 6 (HF6) et sur les perspectives d’avenir. dépend d’un seuil de rentabilité à atteindre. L’effort à fournir sera important pour les travailleurs. Aujourd’hui, il faut pouvoir le dire, tout reste à faire. Le brassard de la CSC-Métal distribué pour la réouverture Quel est l’élément déclencheur qui a permis la Quels sont les enjeux principaux de la réouverture relance du HF6? du HF6? Le premier enjeu est de revenir à un fonctionnement optimal avec deux hauts fourneaux alors que, «Il n’y a aujourd’hui aucun projet, aucune pendant trois ans, les travailleurs ont été concen- industrie qui soit capable de produire le même trés sur le seul haut fourneau B. Ils vont donc être nombre d’emplois que celui de la sidérurgie» confrontés à un rythme de travail auquel ils n’étaient pas habitués. Une nouvelle organisation du travail a Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, mais le été négociée le 18 mai dernier; parallèlement à sa mise premier élément est le changement de patron à la tête en application, un plan de prépension reste d’actualité, ce du groupe. M. Mittal est un homme qui dirige lui-même qui signifie le départ de plusieurs travailleurs expérimenson entreprise et qui décide seul. Dans un contexte écotés. Il faudra donc intégrer les nouvelles recrues et s’assunomique très favorable pour l’acier, il a besoin de tous rer qu’elles possèdent les compétences techniques pour ses outils pour répondre à la demande mondiale et donc pour soutenir sa propre crois«En tant qu’organisation syndicale, nous avons un sance économique. Dans ce contexte, il n’a grand challenge devant nous pour garantir la qualité pas voulu se passer d’un haut fourneau qui, des emplois et une sécurité maximum» comme celui de Seraing, pouvait être remis en état rapidement. le travail qui leur sera demandé. En tant qu’organisation Quel peut être l’impact de cette réouverture sur le syndicale, nous devrons relever un vrai challenge afin de redéploiement économique de Liège ? garantir la qualité des emplois et une sécurité maximum Pour nous, une sidérurgie intégrée est l’épine dorsale du pour tous. redéploiement économique de Liège. Dans cette optique, Le deuxième enjeu est lié à la rentabilité. Mittal l’a claila réouverture du HF6 est une bonne chose. Aujourd’hui, rement annoncé, la viabilité de la phase à chaud à Liège aucun projet, aucune industrie n’est capable de produire le même nombre d’emplois que celui de la sidérurgie. Mais il ne faudrait pas faire croire, parce que l’on a relancé le HF6, que le redéploiement économique de Liège est assuré. Ce serait une erreur. Il faut mettre la situation actuelle à profit pour continuer les efforts entamés dans le cadre du redéploiement économique de la région; et cela, je le répète, ne passe pas seulement par le maintien du chaud. Ph. Taquet (MOC) Bio express Jordan Atanasov Marié - 49 ans - 3 enfants 1979-1997: Aciérie Chertal «Polyvalent» 1997-2001: Délégué à Chertal 2001-2004: Délégué principal pour Arcelor-Liège Depuis 2004: Permanent CSC-Métal Sidérurgie l’info n°9 l 29 février 2008 l 5 Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise Relever le défi! André Lovato «Le maintien du chaud, personne n’y croyait plus» déclare André Lovato, un des membres de l’équipe syndicale CNE d’Arcelor Mittal. Il exprime aussitôt quelques appréhensions: «J’ai quand même un peu peur, il faut aller très vite et le travail aux hauts fourneaux, ça ne s’apprend pas sur six mois. La formation des jeunes n’est pas assez peaufinée, ça demande des années d’apprentissage, un long écolage au contact des anciens. Or, ceux-ci ne représentent plus que la moitié de l’effectif. Il ne faudrait pas qu’un accident se produise, sinon ce serait rater tout ce qu’on a fait». Dépanner aujourd’hui et demain Domenico Di Clemente Alain Klaikens Mauro Moscatelli «C’est sûr que c’est une très bonne nouvelle pour la région, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que la relance de l’outil est conditionnée par une grosse restructuration: près de 400 personnes dégagées sur le chaud et la même chose quasiment dans le froid, sans parler des efforts qu’il va falloir faire pour bien se positionner sur le marché et se montrer compétitifs» explique son collègue Domenico Di Clemente. Il précise: «La hiérarchie locale veut qu’on soit les meilleurs dans le groupe, mais on ne nous donne pas de garanties. Les quotas, c’est nous qui allons les payer. Pour quelqu’un qui a fait 7 milliards et demi d’euros de bénéfices, on en arrive à payer pour avoir le droit de travailler. Un comble! En plus, une usine qui aura quatre fois la capacité de la nôtre se construit en Inde. Alors quoi? Aujourd’hui, on dépanne mais demain, le financier s’en souviendra-t-il ou nous laissera-t-il tomber au nom de la rentabilité? Il y a de quoi se réjouir, c’est vrai, en sachant toutefois que le combat est loin d’être terminé. On doit se battre pour maintenir un maximum d’emplois dans le chaud à Liège et pour défendre la sidérurgie qui reste l’épine dorsale de la région parce que la reconversion n’est pas prête. Devant nous, beaucoup de challenges, mais ça ne nous fait pas peur, on va tout faire pour les relever». Un savoir-faire indéniable «C’est inespéré pour la région et pour les jeunes, c’est un retournement de situation auquel personne ne s’attendait» affirme Alain Klaikens, qui rappelle au passage que, voici un an presque jour pour jour, «M. Mittal est venu visiter les sites liégeois et a ainsi pu constater que le savoir-faire des travailleurs de la région et la performance de certains outils permettaient quelques prouesses technologiques. Il s’est aperçu que les Wallons n’étaient pas aussi mauvais que l’image qu’on en faisait. Ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est d’éviter que des activités de plus en plus nombreuses ne soient externalisées, sous-traitées et qu’elles passent finalement dans d’autres filières» tient-il à ajouter. Sidérurgie intégrée d’abord et avant tout «Si la bonne viabilité de la partie chaud est assurée, l’approvisionnement et l’activité du froid est mieux garantie» souligne Mauro Moscatelli. «Les efforts demandés sont importants: 120.000 tonnes de fer blanc et 25.000 tonnes d’autres produits au lieu de 245.000 tonnes! On s’oriente vers la mise en place Les coils (bobines) d’acier qui seront retravaillés dans le froid. de structures les plus petites possibles pour produire du fer blanc pour la grande exportation. Il faut y croire fermement. C’est possible avec des produits de haute valeur ajoutée, mais pour juger de la viabilité du système, il faut du temps, pas seulement quelques mois, mais au moins trois ans. Et il faut des conditions acceptables pour ceux qui restent. Quant à l’avenir du froid, il faut garantir un certain volume de production pour avoir des lignes rentables avec des prix corrects. On a des raisons d’être optimiste, mais pas un optimisme béat. Il faut rester lucide. Une période assez difficile s’annonce, mais nous sommes prêts et volontaires. On va se battre pour que les choses soient possibles». N. Vdk Maintenir le cap malgré les difficultés Eric Cop Adrien Guidolin Damien Milazzo «Après un long combat mené par tous depuis 2003 et la venue de monsieur Mittal, la relance du haut fourneau est effective. Il y a de quoi se réjouir, mais ça ne doit pas masquer d’autres difficultés, comme une grosse réorganisation de travail dans le chaud avec une énorme restructuration portant sur près de 500 personnes pour obtenir une meilleure rentabilité. En ce qui concerne API (Fer blanc), une action de grève a été déclenchée pour lutter contre des mesures arbitraires» lance Eric Cop, délégué de la CSC Métal. «On s’est retrouvés en structure incomplète d’un coup, sans qu’il y ait eu la moindre négociation, après l’envoi des préavis de licenciement aux CDD» ajoute son collègue Adrien Guidolin. «D’office, sans aucune négociation, le travail s’organisait autrement dans ce qui était appelé une phase transitoire» surenchérit Damien Milazzo. Il était hors de question pour les travailleurs de se laisser mener en bateau. Ils refusent une structure transitoire et réclament des négociations pour la mise en place d’une structure définitive en se préoccupant également du sort des CDD laissés sur le carreau après plusieurs années passées dans l’entreprise. Ils veulent aussi la négociation d’un plan industriel garantissant tant l’amont avec les décaperies, les laminoirs et les ateliers cylindres que l’aval avec TDM. Des négociations ont été entamées. 6 l 29 février 2008 l l’info n°9 En attendant que celles-ci se finalisent, le travail a repris vaille que vaille, en l’absence des CDD. «Il faut négocier fermement pour parvenir à mettre en place la structure définitive. Il faut que les travailleurs sachent où ils vont, il faut qu’ils puissent faire entendre leur voix. Pour ça, on est intraitables» insiste Eric Cop. Il conclut: «Le travail a repris car nous avons obtenu un accord pour ne pas travailler avec une structure transitoire et pour négocier directement une structure finale; un volet social pour tous les CDD aussi bien du chaud que du froid; le maintien de 119 emplois au lieu des 70 annoncés; des garanties pour l’avenir du Fer Blanc et une garantie d’emplois pour les lignes amont et aval du fer blanc. Grâce au soutien des travailleurs, nous sommes beaucoup plus forts pour assurer la pérennité du froid dans le nouveau plan industriel». Dans le contexte actuel, l’enjeu est de taille. D. Huybregts, délégué CSC Métal: «Le maintien du chaud, c’est une chance unique, il ne faut pas passer à côté. Mais la tâche sera particulièrement rude pour les anciens qui doivent s’efforcer d’encadrer et former les jeunes, tout en assurant la relance de l’outil avec le maximum de sécurité». «C’est une grande satisfaction de voir le redémarrage de l’outil» déclare Pierre Lognard, délégué CSC Métal qui se demande ce que le pouvoir politique a fait pour préparer la reconversion du chaud. «Si on examine la situation, les boulots créés sont souvent des petits boulots, mais guère d’emplois qualifiés. Apparemment, tout reste à faire et la relance du haut fourneau ne devrait surtout pas nous amener à baisser notre garde». Photos Philippe Taquet / Alain Louviaux / CSC Métal