et le numéro spécial de Info-CSC

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et le numéro spécial de Info-CSC
Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise
Une victoire
collective
Edito
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La formation: espoir, dignité et performance
«Avec 51.841 demandeurs d’emploi dont 33% de jeunes, la formation est capitale, insiste Roger
Parthoens, secrétaire fédéral de la CSC Liège-Huy-Waremme. Pour les jeunes, c’est l’espoir; pour les
sans-emploi, la dignité; pour les travailleurs actifs, la performance. Dans les entreprises, la formation
ne doit pas être réservée aux cadres ou au personnel de direction. Elle doit, avant tout, s’adresser
aux ouvriers et au personnel de production. Pour les illettrés, une formation-pivot doit ouvrir l’accès
à des formations qualifiantes.
Des formations dans des secteurs comme la technologie, la construction, la logistique, les
métiers de bouche sont autant d’espoirs pour développer l’emploi et permettre à chacun d’avoir un
juste revenu».
Situation de l’emploi à Liège
L
’arrondissement de Liège est aujourd’hui
la sous-région la plus peuplée de Wallonie avec 609.256 habitants (au 1er janvier
2007), soit 17,7% de la Région wallonne.
Son taux d’activité - englobant toutes les
personnes en capacité de travailler - est
évalué à 67,5% (pour une moyenne de
67,9% en Région wallonne) et son taux
d’emploi -qui cible les personnes effectivement au travail- à 52,8% (pour une moyenne de 55,9% en Région wallonne.)
Avec 51.841 demandeurs d’emploi
indemnisés au 30 juin 2007, la région retrouve quasi sa situation de juin 1997. Parmi
ces demandeurs d’emploi, 52,9% sont des
femmes et 33,5% des personnes de moins
de 30 ans (pour une moyenne de 35,4% en
Région wallonne). Parmi ces jeunes, 54,9%
ont effectué au plus des études secondaires;
51,8% sont inoccupés depuis 2 ans ou plus
et 28,2% sont inoccupés depuis 5 ans ou
plus.
En 2007, de nombreux emplois étaient
vacants: 2.518 postes dans les services
administratifs, 1.387 dans la vente, 1.204
dans la construction mécanique et les travaux des métaux, 1.069 dans des postes
de personnel d’entretien et de maintenance,
997 dans les services aux personnes, 981
dans la logistique, 969 dans la construction.
Un «plan langues» est jugé incontournable pour compléter des formations ciblées
sur les besoins du marché de l’emploi.
Encore faut-il que ces formations soient
organisées en parfaite collaboration et non
en concurrence, avec chasse aux subsides
à la clé! Il faut aussi revaloriser d’urgence
l’enseignement technique et professionnel et
donner à la formation en alternance toute la
place qu’elle mérite.
Données exposées à la CSC par Anne-France Mossoux,
analyste du marché de l’emploi au Forem.
a CSC Liège-Huy-Waremme veut
saluer aujourd’hui la lutte de la
CSC-Métal et de la CNE: elles se
sont battues, becs et ongles, depuis
toujours, non seulement pour le maintien du chaud à Liège mais aussi pour
le froid et pour tout le froid.
Ces deux centrales font partie des
pionniers du combat pour une sidérurgie intégrée, qui ont recherché une
solution globale - et non une solution
partielle - avec toutes les retombées
possibles pour la région liégeoise.
Aujourd’hui, c’est donc à juste titre
la victoire de tous que nous voulons
fêter en remerciant tous les acteurs
de cette réussite. Parmi eux, il y a les
50.000 personnes présentes place St
Lambert, en mars 2003, pour se mobiliser contre la décision d’Arcelor de fermer la sidérurgie à Liège.
Dans le même esprit que celui qui
avait présidé à la création de Meusinvest dans les années 80, le redéploiement liégeois a été initié par les organisations syndicales lors des accords
tripartites de 2003 avec Arcelor et la
Région Wallonne.
Voilà 5 ans que le GRE (groupe de
redéploiement) a été mis en place.
Cela fait beaucoup de temps écoulé
déjà, parfois trop, et des projets toujours en cours. A plusieurs reprises, la
CSC a fait appel à la mobilisation des
forces vives et elle a souvent donné
des coups de pieds dans la fourmilière…
Aujourd’hui, nous devons à nouveau faire appel à tous les acteurs du
GRE pour redoubler d’efforts et profiter
de l’opportunité que constituent les
délais supplémentaires acquis avec
la réouverture du Haut Fourneau 6
(HF6).
Cette réouverture est «une opération à cœur ouvert réussie». Il faut
maintenant que toutes les fonctions
prématurément condamnées puissent
revivre pleinement et bien au-delà de
2012!
Plus de 8.000 emplois sont à consolider et le redéploiement concret doit
devenir une réalité pour les 51.841
demandeurs d’emploi indemnisés à
Liège.
Jean-Marc NAMOTTE
Président CSC Liège-Huy-Waremme
N. VdK
l’info n°9 l 29 février 2008 l 3
Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liége
Arcelor Mittal, un acteur global et incontournable
L
eader mondial de la production d’acier, Arcelor
Mittal est le prototype même de la multinationale
qui prospère dans un marché globalisé. Le groupe
emploie 320.000 personnes dans plus de 60 pays différents. En 2007, son chiffre d’affaires était de 75 milliards
d’euros, pour un bénéfice net de 7,5 milliards d’euros. Il
est le premier producteur mondial d’acier: 110 millions
de tonnes, soit environ 10% de la production mondiale
d’acier.
Plus de 8.000 emplois directs et indirects dans le
bassin liégeois
Le groupe Arcelor Mittal est présent en Belgique, essentiellement à Liège et Gand. Dans la Cité ardente, le
groupe emploie 4900 travailleurs sous contrat à durée
indéterminée. Il faut y ajouter les ouvriers qui travaillent
avec un contrat à durée déterminée, ainsi que les centaines d’emplois indirects générés par l’entreprise. En tout,
l’activité du groupe sidérurgique à Liège est responsable
de plus de 8.000 emplois directs et indirects.
Ces emplois se répartissent dans quatre activités: le
chaud, le froid, le packaging et le Centre de Recherche
et Développement. Arcelor Mittal est aussi présent dans
une dizaine de filiales.
Un peu d’histoire Apres 175 années de vie sociale et économique, après
avoir traversé toutes les crises, Cockerill-Sambre et la
Région wallonne comme seul actionnaire, décident de
tourner la page nationale pour entrer résolument sur la
scène européenne.
1998
Le groupe Usinor, sous la présidence de Francis
Mer, décide d’un plan de développement commun.
Il implique le maintien d’Industeel, la reprise de Carsid par
Duferco et surtout, un investissement majeur pour Liège:
une nouvelle coulée continue complémentaire à Chertal.
2002
Tout bascule avec la naissance d’Arcelor, né de la
fusion d’Arberd, Usinor et Aceralia. Il ne s’agit pas d’une
fusion de développement, mais bien d’une fusion de
restructuration. Objectif avoué: la réduction des coûts.
C’est le temps du plan Apollo et de l’annonce
de la fermeture de la phase à chaud de Liège.
Par la mobilisation de l’ensemble des acteurs syndicaux
et le soutien de toute la région, Arcelor va reporter la
fermeture totale de la phase à chaud prévue en 2006
jusque 2010.
2006
C’est l’année de la création d’Arcelor Mittal et d’une nouvelle stratégie industrielle basée sur trois piliers:
- produire le plus possible,
- partout où c’est possible,
- avec un maximum de profit pour les actionnaires.
Le plan Apollo est remis en cause pour l’Europe de
l’Ouest et le maintien d’une phase chaude complète est
décidé, ce qui implique le redémarrage du HF6.
Aujourd’hui, une page se tourne, une nouvelle s’annonce.
Plus que jamais, la CSC sera mobilisée.
M. Olynyk
Bassin sidérurgique liégeois
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Chiffres d’Arcelor Mittal au 31.01.2008
Paul Liakos
«Un nouveau séisme est possible»
A l’annonce du plan Apollo, Paul Liakos était
permanent syndical. Il a ensuite été confronté
à l’annonce de la fermeture du chaud en tant
que secrétaire principal de la CSC-Métal en
province de Liège. Il est aujourd’hui secrétaire
général de la CSC-Métal.
Quelles réflexions vous inspire la réouverture du HF6?
Je ne peux m’empêcher de repenser qu’au
moment où je deviens secrétaire principal dans la province
à Liège, je gère un premier dossier, celui de la fermeture
du site de Chertal où je travaillais comme responsable du
plancher de la coulée continue.
Appelé à assumer les responsabilités provinciales,
c’est l’annonce de la perte de plus de 2700 emplois qui
me heurte, et ce doublement. Pour moi, ce sont des visages qui se dessinent sur ces chiffres, les visages de mes
collègues qui ont partagé mon quotidien pendant plus de
14 ans. Je comprenais d’autant moins bien cette décision
que les sidérurgistes liégeois avaient fait de lourds efforts
dans un plan de restructuration appelé plan Delta.
Quelle a été la ligne de conduite syndicale à l’époque?
Très rapidement, la CSC-Métal se bat pour une sidérurgie intégrée face à un patronat soucieux principalement de ses résultats financiers. C’était, et c’est encore aujourd’hui, le combat
du pot de terre contre le pot de fer. Nous avons voulu avec la
CSC mener un combat juste, et responsable, en y associant
tous ceux qui étaient concernés, et en y associant aussi la
population liégeoise. Nous étions déjà convaincus à l’époque
que le combat serait long et difficile!
Quelle a été votre implication dans ces combats?
Sidérurgiste un jour, sidérurgiste toujours…, dit-on. Il était
donc tout naturel pour moi d’être aux côtés des travailleurs,
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dans les manifestations, dans les autocars vers
le Luxembourg, dans leur combat au quotidien.
C’est à cette époque aussi que j’ai confié à Jordan
Atanasov la responsabilité de l’équipe syndicale et
que je lui ai demandé d’être Président de la délégation de Cockerill-Sambre. Déjà dans les années
9O, Jordan Atanasov, que j’avais affilié personnellement à la CSC, était apparu comme un affilié, puis
un militant particulièrement engagé. Il a toujours
posé au bon moment les bonnes questions, les
questions essentielles pour l’avenir de la sidérurgie liégeoise.
Je lui reconnais ses qualités de travailleurs d’abord, il était
un sidérurgiste particulièrement compétent. C’est aussi un
homme particulièrement honnête, un homme droit et réfléchi.
Il a pour moi toutes les qualités du bon syndicaliste.
Quelles étaient vos priorités?
Avec Jordan, et tous les sidérurgistes de la CSC, nous
défendions l’argumentation du maintien du chaud, avec
pour objectif de sauver un maximum d’outils du chaud, et
parallèlement sauver le froid. Lâcher la proie pour l’ombre,
nous n’y croyions pas. Nos positions et nos actions ont
toujours été orientées pour le maintien du chaud et du
froid que nous pensons intimement liés. Mais nous avons
également posé les jalons de la reconversion liégeoise, car
il en a va de l’avenir de nos jeunes travailleurs.
Vous vous réjouissez donc de cette réouverture?
Oui, aujourd’hui, je me réjouis, mais je ne suis pas dupe.
Je suis conscient que cette réouverture est de nature
conjoncturelle, car le marché de l’acier est redevenu porteur. En 2003, nous avons subi un tremblement de terre
d’amplitude maximale. Ceux qui l’ont vécu savent que les
répliques sont possibles. Ne nous reposons pas sur nos
lauriers. Restons vigilants et mettons les bouchées doubles pour la région liégeoise.
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«Aujourd’hui, tout reste à faire»
Jordan Atanasov, secrétaire régional de la CSC-Métal, fait
le point sur la relance du haut fourneau 6 (HF6) et sur les
perspectives d’avenir.
dépend d’un seuil de rentabilité à atteindre. L’effort à fournir sera important pour les travailleurs. Aujourd’hui, il faut
pouvoir le dire, tout reste à faire.
Le brassard de la CSC-Métal distribué pour la réouverture
Quel est l’élément déclencheur qui a permis la
Quels sont les enjeux principaux de la réouverture
relance du HF6?
du HF6?
Le premier enjeu est de revenir à un fonctionnement optimal avec deux hauts fourneaux alors que, «Il n’y a aujourd’hui aucun projet, aucune
pendant trois ans, les travailleurs ont été concen- industrie qui soit capable de produire le même
trés sur le seul haut fourneau B. Ils vont donc être nombre d’emplois que celui de la sidérurgie»
confrontés à un rythme de travail auquel ils n’étaient
pas habitués. Une nouvelle organisation du travail a
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, mais le
été négociée le 18 mai dernier; parallèlement à sa mise
premier élément est le changement de patron à la tête
en application, un plan de prépension reste d’actualité, ce
du groupe. M. Mittal est un homme qui dirige lui-même
qui signifie le départ de plusieurs travailleurs expérimenson entreprise et qui décide seul. Dans un contexte écotés. Il faudra donc intégrer les nouvelles recrues et s’assunomique très favorable pour l’acier, il a besoin de tous
rer qu’elles possèdent les compétences techniques pour
ses outils pour répondre à la demande mondiale et donc pour soutenir sa propre crois«En tant qu’organisation syndicale, nous avons un
sance économique. Dans ce contexte, il n’a
grand challenge devant nous pour garantir la qualité
pas voulu se passer d’un haut fourneau qui,
des emplois et une sécurité maximum»
comme celui de Seraing, pouvait être remis
en état rapidement.
le travail qui leur sera demandé. En tant qu’organisation
Quel peut être l’impact de cette réouverture sur le
syndicale, nous devrons relever un vrai challenge afin de
redéploiement économique de Liège ?
garantir la qualité des emplois et une sécurité maximum
Pour nous, une sidérurgie intégrée est l’épine dorsale du
pour tous.
redéploiement économique de Liège. Dans cette optique,
Le deuxième enjeu est lié à la rentabilité. Mittal l’a claila réouverture du HF6 est une bonne chose. Aujourd’hui,
rement annoncé, la viabilité de la phase à chaud à Liège
aucun projet, aucune industrie n’est capable de produire
le même nombre d’emplois que celui de la sidérurgie.
Mais il ne faudrait pas faire croire, parce que l’on a relancé le HF6, que le redéploiement économique de Liège
est assuré. Ce serait une erreur. Il faut mettre la situation
actuelle à profit pour continuer les efforts entamés dans
le cadre du redéploiement économique de la région; et
cela, je le répète, ne passe pas seulement par le maintien
du chaud.
Ph. Taquet (MOC)
Bio express
Jordan Atanasov
Marié - 49 ans - 3 enfants
1979-1997: Aciérie Chertal «Polyvalent»
1997-2001: Délégué à Chertal
2001-2004: Délégué principal pour
Arcelor-Liège
Depuis 2004: Permanent CSC-Métal
Sidérurgie
l’info
n°9
l 29 février 2008 l 5
Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise • Sidérurgie liégeoise
Relever le défi!
André Lovato
«Le maintien du chaud, personne n’y croyait plus»
déclare André Lovato, un des membres de l’équipe syndicale CNE d’Arcelor Mittal. Il exprime aussitôt quelques appréhensions: «J’ai quand même un
peu peur, il faut aller très vite et le travail aux hauts
fourneaux, ça ne s’apprend pas sur six mois. La
formation des jeunes n’est pas assez peaufinée,
ça demande des années d’apprentissage, un long
écolage au contact des anciens. Or, ceux-ci ne
représentent plus que la moitié de l’effectif. Il ne
faudrait pas qu’un accident se produise, sinon ce
serait rater tout ce qu’on a fait».
Dépanner aujourd’hui et
demain
Domenico
Di Clemente
Alain Klaikens
Mauro Moscatelli
«C’est sûr que c’est une très bonne nouvelle pour
la région, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que la relance de l’outil est conditionnée par
une grosse restructuration: près de 400 personnes
dégagées sur le chaud et la même chose quasiment dans le froid, sans parler des efforts qu’il va
falloir faire pour bien se positionner sur le marché
et se montrer compétitifs» explique son collègue
Domenico Di Clemente. Il précise: «La hiérarchie
locale veut qu’on soit les meilleurs dans le groupe,
mais on ne nous donne pas de garanties. Les quotas, c’est nous qui allons les payer. Pour quelqu’un
qui a fait 7 milliards et demi d’euros de bénéfices,
on en arrive à payer pour avoir le droit de travailler.
Un comble!
En plus, une usine qui aura quatre fois la capacité de la nôtre se construit en Inde. Alors quoi?
Aujourd’hui, on dépanne mais demain, le financier
s’en souviendra-t-il ou nous laissera-t-il tomber au
nom de la rentabilité?
Il y a de quoi se réjouir, c’est vrai, en sachant
toutefois que le combat est loin d’être terminé. On
doit se battre pour maintenir un maximum d’emplois
dans le chaud à Liège et pour défendre la sidérurgie
qui reste l’épine dorsale de la région parce que la
reconversion n’est pas prête. Devant nous, beaucoup de challenges, mais ça ne nous fait pas peur,
on va tout faire pour les relever».
Un savoir-faire indéniable
«C’est inespéré pour la région et pour les jeunes,
c’est un retournement de situation auquel personne
ne s’attendait» affirme Alain Klaikens, qui rappelle
au passage que, voici un an presque jour pour jour,
«M. Mittal est venu visiter les sites liégeois et a ainsi
pu constater que le savoir-faire des travailleurs de la
région et la performance de certains outils permettaient quelques prouesses technologiques. Il s’est
aperçu que les Wallons n’étaient pas aussi mauvais
que l’image qu’on en faisait.
Ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est d’éviter
que des activités de plus en plus nombreuses ne
soient externalisées, sous-traitées et qu’elles passent
finalement dans d’autres filières» tient-il à ajouter.
Sidérurgie intégrée d’abord et
avant tout
«Si la bonne viabilité de la partie chaud est assurée,
l’approvisionnement et l’activité du froid est mieux
garantie» souligne Mauro Moscatelli. «Les efforts
demandés sont importants: 120.000 tonnes de fer
blanc et 25.000 tonnes d’autres produits au lieu de
245.000 tonnes! On s’oriente vers la mise en place
Les coils (bobines) d’acier qui seront retravaillés
dans le froid.
de structures les plus petites possibles pour produire du fer blanc pour la grande exportation. Il faut y
croire fermement. C’est possible avec des produits
de haute valeur ajoutée, mais pour juger de la viabilité du système, il faut du temps, pas seulement
quelques mois, mais au moins trois ans. Et il faut
des conditions acceptables pour ceux qui restent.
Quant à l’avenir du froid, il faut garantir un certain
volume de production pour avoir des lignes rentables avec des prix corrects. On a des raisons d’être
optimiste, mais pas un optimisme béat. Il faut rester
lucide. Une période assez difficile s’annonce, mais
nous sommes prêts et volontaires. On va se battre
pour que les choses soient possibles».
N. Vdk
Maintenir le cap malgré les difficultés
Eric Cop
Adrien Guidolin
Damien Milazzo
«Après un long combat mené par tous depuis 2003
et la venue de monsieur Mittal, la relance du haut
fourneau est effective. Il y a de quoi se réjouir, mais
ça ne doit pas masquer d’autres difficultés, comme
une grosse réorganisation de travail dans le chaud
avec une énorme restructuration portant sur près
de 500 personnes pour obtenir une meilleure rentabilité.
En ce qui concerne API (Fer blanc), une action
de grève a été déclenchée pour lutter contre des
mesures arbitraires» lance Eric Cop, délégué de
la CSC Métal.
«On s’est retrouvés en structure incomplète d’un
coup, sans qu’il y ait eu la moindre négociation,
après l’envoi des préavis de licenciement aux CDD»
ajoute son collègue Adrien Guidolin.
«D’office, sans aucune négociation, le travail s’organisait autrement dans ce qui était appelé une
phase transitoire» surenchérit Damien Milazzo.
Il était hors de question pour les travailleurs de se
laisser mener en bateau. Ils refusent une structure
transitoire et réclament des négociations pour la
mise en place d’une structure définitive en se préoccupant également du sort des CDD laissés sur le
carreau après plusieurs années passées dans l’entreprise. Ils veulent aussi la négociation d’un plan
industriel garantissant tant l’amont avec les décaperies, les laminoirs et les ateliers cylindres que l’aval
avec TDM. Des négociations ont été entamées.
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l’info
n°9
En attendant que celles-ci se finalisent, le travail a
repris vaille que vaille, en l’absence des CDD.
«Il faut négocier fermement pour parvenir à mettre en place la structure définitive. Il faut que les
travailleurs sachent où ils vont, il faut qu’ils puissent faire entendre leur voix. Pour ça, on est intraitables» insiste Eric Cop. Il conclut: «Le travail a
repris car nous avons obtenu un accord pour ne
pas travailler avec une structure transitoire et pour
négocier directement une structure finale; un volet
social pour tous les CDD aussi bien du chaud que
du froid; le maintien de 119 emplois au lieu des 70
annoncés; des garanties pour l’avenir du Fer Blanc
et une garantie d’emplois pour les lignes amont et
aval du fer blanc. Grâce au soutien des travailleurs,
nous sommes beaucoup plus forts pour assurer la
pérennité du froid dans le nouveau plan industriel».
Dans le contexte actuel, l’enjeu est de taille.
D. Huybregts,
délégué CSC Métal:
«Le maintien du
chaud, c’est une
chance unique, il ne
faut pas passer à
côté. Mais la tâche
sera particulièrement
rude pour les anciens
qui doivent s’efforcer
d’encadrer et former
les jeunes, tout en
assurant la relance
de l’outil avec
le maximum de
sécurité».
«C’est une grande
satisfaction de voir le
redémarrage de l’outil»
déclare Pierre Lognard,
délégué CSC Métal qui
se demande ce que
le pouvoir politique a
fait pour préparer la
reconversion du chaud.
«Si on examine la
situation, les boulots
créés sont souvent
des petits boulots,
mais guère d’emplois
qualifiés. Apparemment,
tout reste à faire et la
relance du haut fourneau
ne devrait surtout pas
nous amener à baisser
notre garde».
Photos Philippe Taquet / Alain Louviaux / CSC Métal

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