Manfred ZELLER (Goettingen University), Bart MINTEN (Cornell

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Manfred ZELLER (Goettingen University), Bart MINTEN (Cornell
Séminaire International 5-6-7 février 2001 Hôtel Panorama - Antananarivo
CELLULE TECHNIQUE D'ELABORATION
DE LA STRATEGIE DE REDUCTION DE LA PAUVRETE
UMR CIPRE / DIAL / IRD,
Paris
INSTAT / MADIO
Antananarivo
RESAL /
UNION EUROPEENNE
SEMINAIRE INTERNATIONAL
« LA PAUVRETE A MADAGASCAR :
E T A T D E S L I E U X , R E F L E X I O N S S U R L E S P O L I T I Q U E S D E R E D U C TION ET
LEUR MISE EN OEUVRE »
LES LIENS ENTRE CROIS SANCE ECONOMIQUE, REDUCTION DE LA PAUVRETE, ET DURABILITE
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DE L'ENVIRONNEMENT EN MILIEU RURAL A M ADAGASCAR
Manfred ZELLER (Goettingen University), Bart M INTEN (Cornell University-Programme Ilo),
Cécile LAPENU (IFPRI), Eliane RALISON (FOFIFA),
et Claude RANDRIANARISOA (FOFIFA-Michigan S.U.)
Extraits de l'étude
La plupart des pauvres dans les pays en développement dépendent directement ou indirectement de
l’agriculture pour leur sécurité alimentaire et leur subsistance. Dans les régions rurales, le taux de croissance
démographique est de l’ordre de 2 à 3,5% exerçant une pression constante sur les ressources naturelles avec
l’augmentation de la production agricole. De telles augmentations de la production peuvent principalement être
obtenues à partir de deux facteurs: augmentation de la surface ou augmentation du rendement ou la combinaison
des deux facteurs. Nous appellerons le premier la stratégie de l’extensification agricole tant qu’elle n’est pas due
à l’utilisation des semences ou plantes améliorées ni des engrais minéraux ou de l’irrigation ou des techniques
améliorées de la gestion des sols ou animales ou des plantes. La seconde est appelée la stratégie d’intensification
agricole (Boserup, 1965; Ruthenberg, 1980; Pingali, Bigot et Binswanger, 1987). La transformation avec succès
de certaines sociétés agraires nous montre que l'apprauvissement et la dégradation massives des ressources
naturelles ont pu être évités en suivant la stratégie d'intensification c'est à dire par l'adoption des technologies de
cultures à haute rentabilité qui produisent une croissance de la production année après année sans dégrader la
qualité des sols. Quels sont les facteurs qui déterminent un changement dans l’utilisation et la gestion des
ressources naturelles et comment la politique pourrait-elle intervenir pour aider à la fois à la protection de
l’environnement, à la croissance des revenus et la réduction de la pauvreté au niveau des ménages ruraux et des
villages? Notre but est d’essayer d’apporter des réponses à cette question en nous basant sur l’analyse des
données communautaires à Madagascar.
Implications pour les politiques
A Madagascar, comme ailleurs, les programmes sur l’environnement, la croissance agricole et économique et de
la réduction de la pauvreté sont liés: étudier l’un d’entre eux sans traiter les autres conduit à des échecs à long
terme (Vosti et Reardon, 1997). Il s’agit de mieux comprendre les liaisons entre la pauvreté et l’environnement
et entre la croissance et l’environnement et les processus par lesquels les politiques alternatives, les institutions et
les technologies affectent ces trois objectifs de développement.
Adopter le triangle critique c’est mettre en avant les ménages et villages ruraux. Les politiques qui mettent
seulement l’accent sur l’environnement, avec ou sans compensations pour les acteurs ruraux, s’avèrent
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Cet article est une synthèse du Cahier de la Recherche sur les Politiques Alimentaires, No. 19, Juillet 1998, IFPRI/FOFIFA,
Antananarivo.
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Séminaire International 5-6-7 février 2001 Hôtel Panorama - Antananarivo
économiquement insoutenables à long terme; les politiques qui ne prennent pas en considération la pauvreté,
l’amélioration nécessaire des revenus des pauvres, de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la santé sont
des politiques qui conduiront probablement des échecs. Des questions se posent et nécessitent d’être éclaircies à
travers le triangle critique et les problèmes spécifiques de Madagascar: comment faire pour que les individus, les
ménages et les villages choisissent la stratégie d’intensification, compatible avec la durabilité de
l’environnement, par rapport à la stratégie d’extensification, et comment les politiques sectorielles, nationales et
institutionnelles, les innovations technologiques, la santé et l’éducation contribueront-elles à faire que la stratégie
d’intensification soit plus attractive à court et à long terme.
L’analyse dans ce document propose des suggestions pour des politiques. Premièrement, l’accès aux institutions
de crédit semble avoir un rôle important pour promouvoir une stratégie d’intensification agricole à Madagascar.
L’accès aux institutions financières a un effet positif sur le rendement du riz irrigué et sur la fertilité des sols des
tanety. Cependant, la participation à une mutuelle financière d’épargne et de crédit a un effet positif sur
l’augmentation de l’expansion des tanety quand le capital devient plus accessible et moins cher pour les paysans.
Mais cet effet direct est compensé par l’effet indirect de la participation aux marchés de crédit.
L’effet de l’accès au crédit formel sur les tanety est la somme de l’effet direct du changement des surfaces en
tanety et des effets indirects de l’accès au crédit sur le rendement, la fertilité des sols et les salaires. La somme de
tous les effets montre que l’augmentation de 1% des ménages qui participent à une mutuelle de micro-crédits
réduit les surfaces en tanety en valeur absolue de 0.36% (Zeller et al., 1998). Nous en concluons que la
promotion des micro-crédits pour les ménages ruraux pourrait avoir des effets bénéfiques sur la productivité
agricole, la pauvreté et les ressources naturelles.
Deuxièmement, les échanges inter-régionaux pourraient être améliorés par la réduction des coûts de transactions
dans l’accès aux marchés des produits, et pourrait augmenter les gains commerciaux à partir de la spécialisation.
Les résultats ont montré un effet positif de l’amélioration de l’accès aux marchés du riz et des intrants agricoles
sur le rendement du riz, la fertilité des sols et la réduction des tanety cultivés. A court terme, l’amélioration de
l’accès aux marchés des produits autres que le riz cultivés sur les tanety augmente l’expansion des surfaces en
tanety. Comme l’accès au marché s’améliore et, par conséquent, les prix de revient des producteurs augmente
comme les coûts de transaction pour la vente et l’achat des produits diminuent, la valeur des terres augmentera et
les investissements pour la conservation des sols seront plus rentables. Négliger les possibilités d’améliorer
l’accés aux marchés et aux infrastructures au niveau des ménages et des villages ruraux les condamnerait à
continuer à utiliser un faible taux d’intrants agricoles, à produire de faibles quantités mais aussi à continuer à
s’orienter vers la stratégie d’extension des tanety.
Troisièmement, la croissance démographique n’est pas une cause majeure d’extensification agricole. De plus,
Zeller et al. (1998) montrent que la pression démographique pourrait amener à la conservation des sols à travers
l’adoption de technologies et d’arrangements institutionnels plus efficaces. Nous avons vu que la migration est
un facteur majeur d’expansion des terres arables. La pauvreté dans les villages qui envoient des migrants
(Faritany de Fianarantsoa) à la recherche de meilleures conditions de vie pourrait accélérer la dégradation des
ressources naturelles dans les autres régions. Ainsi, la réduction de la pauvreté à travers l’amélioration de l’accès
aux services publics, tels que l’école, les services de santé, l’amélioration du commerce, et la création
d’opportunités pour des revenus hors -agriculture, ont des effets bénéfiques sur la conservation des sols et des
ressources naturelles. Notre analyse semble suggérer que quand la terre devient plus rare, cela pourrait réduire
les investissements pour la conservations des sols à cause de l’existence probable de conflits sur les propriétés
communes et donc de l’insécurité sur la tenure des terres. Alors qu’il y a encore beaucoup de villages qui ont la
possibilité d’étendre les tanety, les autres louent ou vendent les propriétés privées et peuvent subir des conflits
sur les terres communes. Une meilleure connaissance de telles situations sur le mode de tenure des terres et sur
les droits fonciers est importante pour que les programmes d’interventions ou éventuellement les révisions des
lois foncières puissent prendre en considération les contraintes des ménages ruraux.
Nous notons qu’on ne devrait pas sous-estimer la potentialité d’opportunités de création d’emplois et de revenus
dans le secteur non agricole à Madagascar. La plupart des ménages ruraux pourtant dépendent directement ou
indirectement de la production agricole ou animale. La première nécessité est encore l’intensification agricole
pour les cultures majeures telles que riz, manioc, patates et maïs: Madagascar est un pays où la Révolution Verte
doit encore avoir lieu (Von Braun, Malik et Zeller, 1993). Ces résultats suggèrent fortement que les politiques
publiques ont un grand rôle à jouer dans l’amélioration de la production agricole sur les rizières irriguées et les
tanety qui nécessitent un accroissement de l’investissement sur les recherches et la vulgarisation agricole.
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