La paranoïa de nos sociétés au cœur de la pièce

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La paranoïa de nos sociétés au cœur de la pièce
01/10/12
La paranoïa de nos sociétés au cœur de la
pièce "Cible mouvante"
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la société tend vers une certaine paranoïa. Marius Von
Mayenburg, écrivain de théâtre allemand, en fait le sujet principal de sa pièce "Cible mouvante", dans
laquelle les adultes nourrissent une crainte terrible vers les enfants de 10 à 12 ans.
Après avoir monté Les exclus de Elfriede Jelinek au Théâtre Varia, Olivier Boudon, jeune
metteur en scène, cherchait une pièce qui resterait dans le thème de la transmission. Ici dans
Cible mouvante, pièce de l’allemand Marius Von Mayenburg, pas encore éditée et jouée une
fois seulement en France, il s’agit plutôt de l’absence de transmission. Dans cette pièce
d’anticipation, la paranoïa propre à nos sociétés modernes est exacerbée et la communauté la
plus proche de nous, celle des enfants, est soupçonné des pires crimes. Dans cette société du
bouc-émissaire, la transmission entre les générations ne se fait plus, les échanges sont rompus,
la communication entre parents et enfants est anéantie. Il est d’ailleurs question d’une fille
tout le long de la pièce que l’on ne verra jamais. Le collectif prime et il pousse à des dérives
que l’on a déjà connues.
L’originalité de la pièce repose sur plusieurs aspects. D’abord, les répliques ne sont pas
distribuées. Il n’existe pas de personnages, mais une "nuée". Olivier Boudon disposait donc
d’une grande liberté quant au choix du nombre d'acteurs et à la répartition du texte. Il a fait
appel à Anne-Marie Loop, Elena Perez, Pietro Varrasso, Guillaume Alexandre et Laurent
Caron pour interpréter ces personnages anonymes, dont le jeu repose en grande partie sur
l’intonation et l’expression du visage. Ensuite, l’autre défi était de s’approprier le lieu dans
lequel les acteurs évoluent. Le metteur en scène a choisi de donner ses représentations au
Dexia Art Center. Un étage entier sert de scène, avec en son centre une verrière. À travers
elle, on peut voir tous les étages, mais aussi la petite fille qui est en haut et surtout, on peut la
surveiller. Olivier Boudon aimait l’idée de se réapproprier un espace, aux allures de loft vide
et neutre, abandonné au cœur de la ville. Aucune sortie de scène n’est possible dans un tel
décor, les acteurs sont soumis aux yeux des spectateurs tout au long de la pièce. Les vitres de
l’immense baie qui donne vers l’extérieur sont occultées pour renforcer cette idée de bunker
qui protège des dangers du dehors.
Leslie Meuraillon (stg)

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