La lettre aux parents N° 7 - Ecoles-du

Transcription

La lettre aux parents N° 7 - Ecoles-du
La lettre de l’ISPA
aux parents
No 7
Cher-s Parent-s,
Parler pour mieux
s’entendre
Communiquer, c’est bien plus que transmettre des informations. Communiquer signifie une ouverture à l’autre et
un échange réciproque. C’est un espace où chacun
exprime ses idées, ses désirs ou ses doutes et écoute
ceux de son interlocuteur. Parler, comme écouter, sont
deux aspects essentiels de la communication. Dans votre
relation avec votre adolescent-e, le dialogue est très
important. Tout jeune a besoin de reconnaissance,
d’écoute et de dialogue pour passer le cap de l’adolescence. Mais parfois, face à une jeune muré dans le
silence ou prêt à réagir à la moindre remarque, communiquer n’est pas chose aisée.
«
Il ne me confie plus rien...»
«Elle s’enferme dans sa chambre et passe des heures
avec ses amis au téléphone...»
«Impossible d’aborder certains sujets sans que cela
finisse en dispute...
»
Si les moments d’échange avec votre adolescent-e
peuvent être riches, ils peuvent aussi dégénérer en
disputes ou en négociations interminables. Peut-être
est-il nécessaire de revoir votre façon de communiquer
Les jeunes qui entretiennent de bons
rapports familiaux ont plus de chances de
mener une vie saine, sans problème
d’alcool, de tabac ou d’autres drogues
illégales.
Ainsi, les élèves dont les parents sont
informés de ce qu’ils font et avec qui ils se
retrouvent pendant leur temps libre sont
proportionnellement moins nombreux à
consommer régulièrement ces substances
psychoactives. Il en est de même parmi les
jeunes qui peuvent parler facilement de
leurs préoccupations à leur mère et/ou leur
père. Ces deux faits montrent que la
relation de confiance entre parents et
adolescents a un effet protecteur. Tel est le
constat de l’enquête HBSC menée auprès
des écolières et écoliers en Suisse en 2006.
avec votre adolescent-e? Certains parents disposent de
ressources pour faire face à cette nouvelle dynamique,
pour d’autres c’est plus difficile et cela termine parfois
dans l’affrontement, l’agressivité et le conflit.
Les adolescents et la communication
A l’adolescence les jeunes réagissent souvent avec
fougue, sous le coup d’émotions intenses. Les parents ne
comprennent pas toujours ce que leur adolescent
souhaite leur transmettre. L’adolescent lui-même a
parfois de la peine à savoir où il en est. Il y a parfois des
malentendus sur le sens de mots ou d’expressions spécifiques aux jeunes. Certains jeunes peuvent aussi utiliser
l’agressivité pour s’exprimer, ce qui est souvent mal perçu
par les adultes. Ainsi, par exemple, si votre jeune rentre à
la maison et claque la porte, vous pouvez penser qu’il/
elle vous provoque. Est-ce bien ce qu’il/elle a voulu
manifester? Peut-être a-t-il/elle passé une mauvaise
journée? De même lorsqu’un adolescent est touché par
ce que son parent lui dit, il peut répondre: «j’en ai rien à
f... de ce que tu me dis», ce qui n’exprime pas ce qu’il
ressent. Pour les parents il est important de discuter
calmement avec leur adolescent pour saisir ce qu’il a
voulu exprimer à travers ses paroles et/ou son comportement. Pour comprendre un adolescent, il est nécessaire
d’aller au-delà du langage verbal – souvent trompeur –
et de s’intéresser aussi à ce qu’il exprime à travers ses
postures, ses gestes, son look, sa coiffure, sa musique ou
ses prises de risques. Pour échanger avec un jeune, il faut
savoir se montrer créatif pour trouver un "langage"
au-delà des mots, par exemple pratiquer des activités
ensemble, pour qu’il y ait la possibilité d’un partage.
Les obstacles au dialogue
Une bonne communication implique une ouverture à
l’autre. Cependant certaines attitudes, tant du côté du
parent que de l’adolescent, peuvent être des obstacles au
dialogue.
Ainsi votre adolescent-e peut refuser le dialogue parce
qu’il/elle a le sentiment que vous ne l’écoutez pas ou
que vous ne le/la prenez pas au sérieux. Il/elle peut vous
trouver trop critique vis-à-vis de son look ou trop
méfiant-e envers ses ami-e-s ou ses nouveaux intérêts.
Les jeunes se plaignent que leurs parents s’intéressent
trop à leurs résultats scolaires et qu’ils ont tendance à
tout dramatiser ou, au contraire, à prendre les choses
trop à la légère.
Il est vrai que les parents ont le souci de protéger leur
enfant dans une période qu’ils perçoivent comme "à
risques" (voir lettre No 6) et pour cela ils donnent des
conseils à leur enfant, conseils souvent perçus comme de
la "morale" par le jeune.
Les parents quant à eux peuvent être irrités de se trouver
face à un adolescent qui ne répond que par monosyllabes ou qui réagit de manière démesurée à la moindre
remarque. Il est difficile également de dialoguer avec un
jeune qui reste muet pendant des jours et qui soudainement devient intarissable, ou encore qui n’écoute rien et
affirme tout comprendre. La plupart des parents connaissent ces moments de critique, d’agressivité ou de provocation de la part de leur adolescent déchiré entre ses
différents besoins: besoin d’être compris par ses parents
tout en exigeant qu’ils ne se mêlent pas de sa vie, besoin
de vivre de nouvelles expériences tout en se sentant en
sécurité.
Avoir des points de vue différents
Votre adolescent-e a besoin de contester vos opinions, de
refuser vos décisions et de s’affirmer différent-e de vous.
Cela lui permet de devenir autonome. Dès lors tout peut
devenir source de disputes: les sorties, les amis, les résultats scolaires, les consommations de tabac, d’alcool ou
d’autres substances illégales.
Les adolescents questionnent et critiquent parfois
certains comportements des adultes. Par exemple, il
arrive fréquemment que les jeunes remettent en question
les consommations d’alcool des adultes, qu’ils estiment
aussi dangereuses que la consommation de cannabis.
Parlez avec votre enfant des risques liés à ces deux
substances (voir lettre No 3).
En tant que parent il est important que vous compreniez
que les "attaques" de votre enfant ne sont pas forcément dirigées contre vous. A l’adolescence les affrontements peuvent être pénibles mais ils sont inévitables, ils
aident votre jeune à prendre de la distance et à affirmer
sa personnalité.
On peut ne pas être d’accord, cela n’a rien de grave. Le
conflit fait partie de la vie, il permet de se développer et
d’évoluer. Il n’y a pas de bons et de mauvais conflits.
Seules les manières de les gérer et les solutions apportées peuvent être "bonnes" ou "mauvaises". En discutant on peut trouver un compromis afin que tout le
monde soit gagnant.
Le rôle des parents
Votre adolescent-e a besoin de s’opposer à vous, mais il/
elle a aussi besoin de vérifier qu’il/elle peut compter sur
vous, que vous êtes solide et fiable. Même s’il/elle vous
remet en question, votre opinion est importante pour lui/
elle. Vous pouvez avoir parfois le sentiment d’une douche
écossaise: tantôt votre enfant se montre affectueux,
tantôt il/elle est distant. C’est à vous, parent, de trouver
l’équilibre entre lui manifester de l’intérêt sans l’envahir,
lui laisser prendre de la distance sans paraître indifférent-e, l’aider sans l’infantiliser.
Votre jeune a aussi besoin que vous l’encouragiez, que
vous le/la félicitiez dans ses réussites.
Trouver le juste milieu dans vos attitudes, vous adapter
sans cesse aux besoins de votre adolescent-e, faire face à
ses provocations, son agressivité ou son apathie
demande beaucoup de patience, de persévérance et
aussi la capacité à prendre de la distance. En tant que
parent, l’essentiel est de maintenir une communication
Plus d’ informations
avec votre adolescent-e, malgré les difficultés, sans
hésiter vous-même à chercher de l’aide en cas de besoin
auprès d’autres parents ou d’un service spécialisé.
Cher-s Parent-s, nous souhaitons que cette lettre vous
aide à trouver des moyens de mieux communiquer avec
votre adolescent-e. Vous trouverez dans le feuillet
annexé des conseils et des suggestions à mettre en
pratique au quotidien.
Les lettres aux parents de l’ISPA
No 1 «Etre parent-s d’adolescent-e»
No 2 «Tous les autres le font, l’influence, les
fréquentations et les consommations»
No 3 «Parler avec les adolescents de l’alcool, du
tabac ou des drogues illégales»
o
N 4 «Les sorties, les fêtes, les consommations»
No 5 «Accorder des libertés, fixer des limites».
No 6 «Prendre des risques : besoin ? danger ?»
Brochures
«Alcool – comment en parler avec les ados»
«Tabac – pour en parler aux ados»
«Cannabis – en parler avec les ados»
«La consommation d’alcool, de tabac et de
cannabis des jeunes: données et éclairages»
Flyers «Alcool», «Tabac», «Cannabis» etc.
Infodrogues «Alcool», «Alcopops», «Tabac»,
«Cannabis» etc.
L’équipe prévention de l’ISPA
Les brochures peuvent être téléchargées
gratuitement sous www.ispa.ch, rubrique
«publications» ou commandées par téléphone au
021 321 29 76 ou [email protected]. Seuls les
frais d’envoi sont facturés.
Nous remercions pour leur soutien
ISPA, case postale 870,
1001 Lausanne, tél. 021 321 29 76, www.ispa.ch
Edition 2009
Avec nos meilleures salutations
Conseils
et suggestions
«Entre ce que je pense, ce que je
veux dire, ce que je crois dire, ce
que je dis, ce que
vous avez envie d’entendre, ce que
vous entendez, ce que vous comprenez... il y a dix possibilités
qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand
même...»
s #HOISISSEZLESMOMENTSDEDIALOGUE
Soyez attentif/ve à ne pas vous laisser parasiter dans
vos moments d’échanges. Regardez votre enfant dans
les yeux lorsque vous lui parlez, accordez-lui toute
votre attention: éteignez la TV, posez votre livre ou
votre journal, demandez-lui de débrancher ses
écouteurs lorsque vous parlez ensemble. Evitez de
discuter de certains sujets devant de tierces personnes, cela pourrait mettre votre adolescent-e mal à
l’aise. Si vous êtes stressé-e, pressé-e ou énervé-e ce
n’est pas le bon moment pour un dialogue. Dites-le à
votre adolescent-e et remettez la discussion à plus
tard.
s %CHANGEZVOSPOINTSDEVUE
Bernard Werber
s -ANIFESTEZVOTREINTÏRÐT
Votre adolescent-e a besoin de sentir qu’il/elle compte
pour vous. Prenez du temps avec lui/elle, intéressezvous à ce qu’il/elle a vécu durant sa journée, à ses
activités, ses fréquentations, en veillant toutefois à ne
pas être trop indiscret/ète. Racontez-lui aussi ce que
vous vivez, ce qui vous intéresse ou vous agace à votre
travail, avec vos amis. Votre adolescent-e a besoin de
sentir que son avis compte pour vous. Vous pouvez
pour cela profiter des moments de bavardage dans la
voiture, lors des repas, etc. Pratiquez des activités
ensemble, de son choix ou du vôtre, à tour de rôle.
C’est souvent dans ces moments qu’il est plus facile
d’aborder certains sujets. Passer du temps avec votre
adolescent-e, c’est entretenir votre relation, et une
bonne relation facilite la communication.
Dans vos échanges avec votre jeune, essayez de vous
mettre à sa place afin de mieux comprendre sa réalité,
ses difficultés et ses envies. Votre adolescent-e n’a ni
votre expérience, ni votre maturité pour faire face aux
événements. Ainsi il/elle peut être tenté-e d’essayer
de fumer une cigarette ou un joint sans percevoir les
risques liés à cette expérience (lettre No 6). Prenez en
compte ce qu’il/elle sait, cherchez des informations
ensemble et parlez de manière ouverte. C’est ainsi que
vous l’aidez à compléter ses connaissances et à se
forger ses propres opinions.
Vous craignez peut-être qu’il/elle soit influencé-e par
certains camarades et essaie, par exemple, de
consommer de l’alcool, du tabac ou d’autres drogues
illégales (voir lettre No 2). Exprimez votre avis en
évitant de porter un jugement sur ses ami-e-s.
s 3OYEZATTENTIFVEÌVOTREMANIÒREDEPARLER
Interrogez votre jeune en lui posant des questions
ouvertes et non pas des questions où il/elle peut se
contenter de répondre par "oui" ou "non". Par ex.
«Que penses-tu de…», «Comment expliques-tu… ?»,
«Quel est ton avis sur… ?» Evitez les longs discours
s 0ARLEZDETOUTOUPRESQUE
Parents et enfants ont souvent de la peine à discuter
de certains sujets, comme la sexualité, l’argent ou les
drogues. Vous ne devez pas hésiter à utiliser un fait
divers, une émission TV, etc. (voir lettre No 3) pour
parler des drogues ou de l’alcool avec votre jeune. Il y a
aussi des thèmes délicats sur lesquels un parent devrait
éviter de questionner son enfant adolescent, c’est le
cas notamment pour ce qui est en lien avec son aspect
physique ou sa vie amoureuse. Vous devez respecter
l’intimité de votre adolescent-e et accepter qu’il/elle ne
vous dise pas tout. Les jeunes ont le droit de ne pas
tout dire, les parents ne doivent pas tout savoir. Par
contre n’hésitez pas à parler à votre jeune si son
comportement vous inquiète et soyez ouvert-e au
dialogue s’il/elle aborde lui/elle-même ces questions.
Si vous craignez que votre adolescent-e consomme de
l’alcool ou du tabac, parlez-lui de vos craintes mais
évitez de fouiller sa chambre ou ses affaires. Abordez
calmement le sujet en disant ce que vous avez vu, les
faits que vous avez pu constater. Demandez-lui ce
qu’il/elle a voulu vivre avec cette expérience. N’hésitez
pas à en parler avec d’autres parents ou avec un
professionnel.
s %XPRIMEZCLAIREMENTVOSATTENTES
Prenez le temps d’expliquer clairement vos attentes à
votre adolescent-e. Lorsque vous exprimez une
demande, un souhait ou un ordre, il est important de
vérifier que le message a bien été compris tel que vous
avez voulu l’exprimer, et, au besoin, il peut être
nécessaire de le corriger. On peut ainsi éviter de
nombreux malentendus et conflits (voir lettre No 5). Il
peut en effet y avoir des décalages entre ce que vous
dites et ce que votre jeune comprend et inversement.
De plus les paroles et les actes de votre adolescent-e
ne correspondent pas toujours à ce qu’il/elle aimerait
exprimer. Pour un adolescent, il n’est souvent pas facile
de mettre des mots sur ses émotions. N’oubliez pas
d’être aussi à l’écoute du langage non-verbal de votre
jeune (gestes, attitudes, etc.).
s 2ÏAGISSEZENADULTE
Dans les situations de conflits, ne réagissez pas en
miroir avec votre adolescent-e. C’est à vous, parent, de
"tempérer" les discussions trop houleuses et d’éviter
l’escalade des provocations. Votre adolescent-e réagit
parfois viscéralement, tête baissée, avec toute l’énergie
dont il/elle sait faire preuve. En tant que parent, vous
devez continuer de défendre vos valeurs, même si
votre jeune ne les partage pas et les critique peut-être
violemment. N’hésitez pas à remettre la discussion à
plus tard lorsque le climat sera plus calme, ne cherchez
pas à avoir le dernier mot, gardez le contrôle de
vous-même. Votre jeune a besoin que vous soyez un
modèle, dans vos paroles et vos comportements (voir
lettre No 1).Votre rôle de parent est de rester un adulte
structurant, afin d’aider votre adolescent-e à grandir.
N’hésitez pas vous-même à chercher du soutien auprès
d’autres parents ou des services de consultation.
s 0ARLEZDELACOMMUNICATIONDANSVOTRE
FAMILLE
Parlez en famille de votre manière de communiquer et
définissez ensemble des règles. Par exemple vous
pouvez décidez d’un moment de discussion ("conseil
de famille") à fréquence régulière où chacun peut
s’exprimer et être écouté. Donnez-vous aussi des
consignes pour vos échanges: parler en "je",
ne pas couper la parole, écouter l’autre
quand il parle, se donner le droit de
différer une réponse, etc.
ISPA, case postale 870, 1001 Lausanne, tél. 021 321 29 76, www.ispa.ch
Edition 2009
qui peuvent être perçus comme moralisateurs. Pour
parler de vos soucis à votre jeune, utilisez le "je", car
ainsi vous exprimez ce que vous ressentez. Lorsqu’on
utilise le "tu", l’autre se sent accusé et obligé de se
défendre. Ainsi dites à votre adolescent-e: «Je suis
inquiet car lorsque tu es rentré hier soir à la maison, tu
sentais l’alcool», plutôt que de dire «Tu as bu hier
soir!» S’il y a un accusateur et un accusé, le dialogue
est impossible.