Trail Malamot Tour (38 km – 2100 m +, 3000 m-) 2 août 2009

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Trail Malamot Tour (38 km – 2100 m +, 3000 m-) 2 août 2009
Trail Malamot Tour
(38 km – 2100 m +, 3000 m-)
2 août 2009
Après le marathon des Burons (le 21 juin 2009) qui s’était très bien déroulé, mon frère
m’avait encouragé à m’inscrire à la 1ère édition du Trail Malamot Tour, petit frère du Trail
Cenis Tour. Un trail qui avait l’air magnifique, dans ma vallée natale avec départ du lac du
Mont Cenis à la frontière franco-italienne, passage au Malamot, au col de Sollières et arrivée
à Lanslebourg. La distance (38 km) et le dénivelé (2100 m +, 3000 m -) me paraissaient
abordables.
Toute la famille (ou presque) était inscrite sur le 38 km : mon père, mon frère et sa copine.
Mon frère ne prendra malheureusement pas le départ, victime d’une entorse 3 semaines
avant.
Une semaine avant l’épreuve, j’avais beaucoup de fatigue accumulée, due à des semaines
bien chargées (aussi bien au boulot qu’en dehors). Le samedi 25 juillet, j’avais participé à la
dernière édition du tour de la Serra à Genod, où j’avais été surprise par mes bonnes
sensations et ma forme alors que je pensais arrivée là bas complètement HS.
Je partais pour le Malamot avec l’idée d’une grande et belle balade en montagne avec
l’unique objectif de terminer, sans trop forcer et de bien profiter des paysages.
Quelques jours avant la course, la météo annonçait un dimanche pluvieux et orageux. La
veille, le temps était très chaud, entre 30 et 35°C, et lourd.
Pourtant, le matin, en se levant à 5h le ciel est découvert. Malheureusement, on voit le
mauvais temps qui arrive par le bas de la vallée et en montant à Lanslebourg, le mauvais
temps gagne également par l’Italie et le haut de la vallée. On arrive à Grand Croix à 7h30, en
dessous du barrage du Mont Cenis, au départ, sous un ciel chargé et menaçant.
On récupère les dossards. Nous ne sommes qu’une soixantaine d’inscrits… Mais combien
serons-nous réellement au départ ? On apprend que le parcours du 66 km a déjà été modifié
pour des raisons de sécurité.
On commence à se préparer…en rigolant…On ne dirait pas qu’on va partir courir sous la
pluie !
Je charge mon camel back avec une veste qui me permettra de lutter contre la pluie et le
vent. Et puis, il se met à pleuvoir… mais pas pour rigoler, une vraie pluie qui mouille. On se
précipite dans la voiture. Sauf qu’il est 8h30, que c’est l’heure du départ et qu’on doit être en
train de louper le briefing qui doit se dérouler au sec dans le bâtiment à côté. On y court…
Appel des concurrents (oups, ça fait déjà 2 fois qu’il nous appelle !) et dernières
recommandations.
Et puis on attend tous serrés à l’abri qu’il pleuve un peu moins pour sortir prendre le départ.
Finalement vers 8h45, 8h50, une accalmie. Le départ est donné.
On part tous assez tranquille sur une grande piste qui s’élève doucement. Mais la pluie a
déjà recommencé à tomber. Puis la piste attaque une légère descente. Ça avance bien,
mais je trouve que j’ai peu de souplesse dans mes appuis, et je n’arrive pas à allonger
comme je le voudrai.
Et puis tout à coup, le parcours prend à droite, direct très raide dans un petit sentier. Et mes
yeux se fixent sur le Malamot, là haut… dans l’orage… les éclairs zèbrent le ciel, le tonnerre
retentit. Je ralentis le rythme, pas très motivée pour aller à la rencontre de l’orage. Je croise
mon père qui redescend « non, je ne monterai pas dans l’orage, trop dangereux ». Je lui dis,
que si moi aussi j’ai trop peur je ferai demi-tour. Et là je cogite… je continue à avancer, mais
sans forcer… je me fais doubler.
Dans ma tête, je pense à plein de choses… : je compte l’écart entre les éclairs et le tonnerre,
me dis que si ça pète trop près, je fais demi-tour. Je regarde si l’orage décide de tourner. Et
je pense au Mercantour, qu’un drame est vite arrivé, que la montagne aura toujours le
dernier mot. Je sens la force des éléments : la pluie, le vent et puis la grêle qui s’y met. Ce
n’est pas parce que tout le monde fonce dans l’orage, qu’il n’y a pas de danger et que je suis
obligée de les suivre !!! Est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Des courses je peux en
faire plein d’autres… Qu’est ce que je vais gagner à défier la nature et à me battre contre
elle ? Et pourtant, je continue d’avancer, incertaine…
Et puis, l’orage s’éloigne… il n’y a plus que la pluie, mêlée à de la grêle… Je décide
d’essayer de me rapprocher des deux participants qui sont un peu devant car je me sens un
peu seule, et ça me remotive. Mais le vent, le froid, la pluie restent là… mon vêtement est
collé à la peau et j’ai froid. Je m’arrête, et passe ma veste plus efficace contre la pluie. Mes
doigts sont gourds, je suis contente de passer un vêtement qui est resté à peu près sec dans
mon sac et qui me protège davantage ! Dans ma tête, je sais maintenant que j’abandonnerai
en bas de la descente : trop mouillée, un peu froid… je ne suis pas obligée de courir dans
ces conditions ! Je n’ai rien à me prouver et rien à prouver ! ça me suffira comme promenade
dominicale !
J’arrive au sommet, je suis seule. Un bénévole me souhaite bon courage pour la descente.
Des coureurs me rejoignent. Le chemin est glissant et ressemble à un petit ruisseau. Je
préfère courir à côté dans l’herbe.
Je rattrape une femme qui m’avait doublé à la montée. Elle a vraiment froid. Je lui demande
si elle a une couverture de survie, si ça va aller. Je reste un peu pour m’assurer qu’elle n’a
pas besoin d’aide supplémentaire et continue mon chemin. Plus bas, une jeep nous arrête :
course annulée, on doit se rendre à l’hôtel Malamot, au départ, où on sera ensuite rapatrié à
Lanslebourg (à l’arrivée). Je me trouve à ce moment avec deux concurrents. On rentre
tranquillement en discutant jusqu’au départ. Moment plutôt sympa à échanger sous la pluie...
A l’hôtel, les autres concurrents sont déjà nombreux à se réchauffer et à se sécher à côté du
poêle. Je retrouve mon père et la copine de mon frère. J’enlève ma veste et essaye moiaussi de me réchauffer. J’attends avec impatience mes affaires sèches restées dans la
voiture qui se trouve à Lanslebourg, ma mère et mon frère étant resdescendus, pensant
qu’on serait tout de suite rapatriés en bas.
C’est avec beaucoup de bonheur que je retrouverai un pull et un pantalon !
On descend ensuite à Lanslebourg où nous attend une tartiflette qui fait du bien !
Les organisateurs prennent ensuite la parole pour expliquer les raisons d’annuler la course.
Je suis entièrement en accord avec leur décision, mais je sais que dans la salle certains sont
déçus d’avoir été arrêtés dans leur effort.
Pourtant, il y a une certaine mesure du risque à prendre lorsqu’on court dans de telles
conditions. On n’est pas obligé de débrancher son cerveau en course. On n’a qu’une vie…
Des courses, il y en une multiplicité…et tant d’autres occasions de se faire plaisir en trail…
Tout mon respect aux organisateurs et l’envie que l’an prochain cette édition puisse se faire
sous le soleil !
Pauline
Encore merci à mon frérot pour les photos…