Mythe - Canadian Foundation for Healthcare Improvement (CFHI)
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Mythe - Canadian Foundation for Healthcare Improvement (CFHI)
ISSN 1923-1261 LA FIN D’UN MYTHE - JANVIER 2002 IL S’EFFONDRE DE NOUVEAU! - FÉVRIER 2011 à bas les mythes UTILISATION DE DONNÉES PROBANTES POUR DÉMYSTIFIER DE FAUSSES CROYANCES COURANTES PAR RAPPORT AUX SERVICES DE SANTÉ AU CANADA MYTHE : LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION EST RESPONSABLE DE LA HAUSSE INCONTRÔLABLE DES COÛTS DE LA SANTÉ FAIT : alors que les baby-boomers atteignent l’âge de la retraite, le pourcentage de Canadiens de 65 ans et plus s’accroît. FAIT : les personnes âgées ont besoin de plus de services de santé que les plus jeunes. Ensemble, ces bribes de réalité évoquent une image effrayante, où les coûts de santé pour la population vieillissante gonflent jusqu’à ce que le système soit incapable de les contenir et qu’on soit obligé de réduire les services ou de hausser les impôts. Cependant, il ne faut pas penser que les dépenses liées aux soins de santé augmentent de manière incontrôlable simplement parce que les personnes âgées sont plus nombreuses. Selon les experts, rien ne justifie ce qu’on appelle parfois l’« angoisse existentielle des baby-boomers ». LE COÛT DU VIEILLISSEMENT Habituellement, les coûts liés aux soins de santé augmentent avec l’âge. Lorsque la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé a, pour la première fois en 2002, détruit ce mythe, le Canada dépensait 8 208 $ par année par personne âgée comparativement à 1 428 $ (en dollars de 2008) par personne de moins de 65 ans. En 2008, ces chiffres se sont élevés à 10 742 $ et à 2 097 $, respectivement. Chez les aînés plus âgés, ces données s’avèrent encore plus révélatrices. Les dépenses de santé sont de 18 160 $ pour chaque personne âgée de 80 ans ou plus, soit trois fois plus que celles pour les personnes âgées de 65 à 69 ansi. Les estimations de l’impact du vieillissement de la population sur les coûts de la santé varient considérablement, certaines prédisant des jours très sombres, et d’autres, des répercussions sans importanceii. Seul le temps nous le dira, mais il n’en reste pas moins que l’établissement de prédictions crédibles est un élément essentiel d’une planification responsable des systèmes de santé. Certaines des meilleures recherches sur le sujet révèlent que, même si les coûts liés aux soins de santé augmentent avec l’âge des baby-boomers, le vieillissement de cette génération aura de modestes répercussions comparativement à d’autres générateurs de coûts, comme l’inflation et l’innovation technologiqueiii;iv. Selon les modèles économiques, la croissance des coûts de la santé engendrée par le vieillissement de la population sera d’environ un pour cent par année entre 2010 et 2036v (bien que certains soutiennent que les hypothèses utilisées dans ces modèles donnent lieu à des prédictions optimistes). Ce chiffre modeste peut certes être rassurant, mais si l’on tient compte de l’ampleur du financement accordé par l’État pour les dépenses en santé, lequel dépassait 120 milliards de dollars en 2008i, une hausse d’à peine un pour cent représente une somme très importante. LE VIEILLISSEMENT ET LA VIABILITÉ La question de l’âge et de la prestation de services de santé soulève deux enjeux. Premièrement, plus nous vieillissons, plus nous avons besoin de soins de santé. Bien que l’ensemble de la population ait recours aux services de santé plus que jamais, les personnes âgées ont besoin, toutes proportions gardées, de plus de services médicaux que les jeunes, ce qui explique qu’elles coûtent plus cher au système. Elles sont aussi plus susceptibles que les jeunes de souffrir d’une maladie chronique (et parfois de plus d’une), comme la cardiopathie, la démence et le diabète. Leurs séjours à l’hôpital sont donc plus longs, et leurs visites chez le médecin, plus fréquentesvi. Les personnes qui souffrent de maladies chroniques multiples doivent, bien souvent, consommer plusieurs médicaments différents pour traiter chacune de celles-ci. La recherche a montré que la prise en charge de ces schémas thérapeutiques est, dans bien des cas, déficiente, ce qui entraîne des réactions aux médicaments et de nouvelles hospitalisationsvii. FONDATION CANADIENNE DE LA RECHERCHE SUR LES SERVICES DE SANTÉ | À BAS LES MYTHES | FÉVRIER 2011 à bas les mythes UTILISATION DE DONNÉES PROBANTES POUR DÉMYSTIFIER DE FAUSSES CROYANCES COURANTES PAR RAPPORT AUX SERVICES DE SANTÉ AU CANADA Pour ce qui est de la viabilité, c’est la croissance sans cesse plus rapide de l’utilisation des soins de santé selon l’âge au sein de la population âgée qui semble préoccupante. D’après plusieurs études, le recours, par habitant, aux médecins, chirurgiens et diagnosticiens s’accroît avec l’âge, et les services fournis aux personnes âgées sont, dans l’ensemble, plus coûteuxviii. De nos jours, une personne âgée de 80 ans est deux fois plus susceptible de subir une chirurgie de la cataracte, une arthroplastie du genou ou un pontage coronarien qu’elle ne l’était en 1990ix. RÉFÉRENCES i. Institut canadien d’information sur la santé (2010). Tendances des dépenses nationales de santé, 1975 à 2010, Ottawa, Canada, ICIS. ii. Infrastructure Canada. (2010). Vieillissement de la population et infrastructures publiques : Une analyse documentaire des effets dans les pays développés, Ottawa, Canada, Gouvernement du Canada. iii. Evans, R.G. (2010). Sustainability of health care: Myths and facts. Consulté le 15 septembre 2010. http://medicare.ca/ L’augmentation de l’utilisation est attribuable, d’une part, aux progrès de la médecine et aux avancées technologiques (par ex. équipement utilisé pour appliquer de nouvelles techniques chirurgicales ou hausse du recours à l’imagerie médicale)x, et d’autre part, aux besoins de soins de santé selon l’âge, qui se multiplieront au même rythme que le vieillissement de la population (par ex. le nombre d’aînés atteints de démence devrait doubler d’ici 2038)xi. Si aucune modification n’est apportée aux politiques, à la prestation des soins, à la prévention et au traitement des personnes souffrant de démence, les implications économiques de l’utilisation accrue des services de santé peuvent être considérables. iv. Constant, A., S. Petersen, C.D. Mallory et J. Major, J. (2011). Research synthesis on cost drivers in the health sector and proposed policy options, Série de rapports de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé sur les générateurs de coûts et l’efficience du système de santé : Rapport 1, Ottawa, Canada, Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé. v. Mackenzie, H. et M.M. Rachlis (2010). Viabilité du régime d’assurancemaladie, Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers. Consulté le 27 août. http://www.fcsii.ca/. vi. Denton, F.T. et B.G. Spencer (2010). Chronic health conditions: Changing prevalence in an aging population and some implications for the delivery of health care services, Canadian Journal on Aging, vol. 29, 11-21. Deuxièmement, vieillir coûte cher. La recherche montre que les coûts liés aux soins de santé augmentent durant les dernières années de la vie — et il ne fait aucun doute que la probabilité de mourir augmente avec l’âgexii. En effet, l’utilisation élevée (et croissante) des services de santé par les personnes âgées est, à bien des égards, le reflet de leur plus grande probabilité de mourir. vii. Institut canadien d’information sur la santé (2011). Les personnes âgées et le système de santé : quelles sont les répercussions des multiples affections chroniques?, Ottawa, Canada, ICIS. viii. Barer, M.L., R.G. Evans, K.M. McGrail, B. Green, C. Hertzman et S.B. Sheps (2004). Beneath the calm surface: the changing face of physician-service use in British Columbia, 1985/86 versus 1996/97, Journal de l’Association médicale canadienne, vol. 170, 803-807. ix. Lee, M. (2007). How sustainable is Medicare? A closer look at aging, technology and other cost drivers in Canada’s health care system, Vancouver, Canada, Canadian Centre for Policy Alternatives. x. Institut canadien d’information sur la santé (2008). L’imagerie médicale au Canada, 2007, Ottawa, Canada, ICIS. xi. Société Alzheimer du Canada (2010). Raz-de-marée : Impact de la maladie d’Alzheimer et des affections connexes au Canada. Consulté le 20 décembre 2010. http://www.alzheimer.ca/ xii. Payne, G., A. Laporte, D. K. Foot et P.C. Coyte (2009). Temporal trends in the relative cost of dying: Evidence from Canada, Health Policy, vol. 90, 270-276. xiii. Velhi, K. (2010). Présentation aux cafés scientifiques des ISRC, Qui prendra soin de moi dans mes vieux jours? – Les conséquences du vieillissement de la population sur le système de santé canadien, 24 novembre 2010. xiv. Hollander, M. J. et N. Chappell, (2002). National Evaluation of the CostEffectiveness of Home Care, Victoria, C.-B., National Evaluation of the Cost-Effectiveness of Home Care. xv. Hollander, M.J., N. L. Chappell, M. J. Prince et E. Shapiro (2007). Providing Care and Support for an Aging Population: Briefing Notes on Key Policy Issues. Healthcare Quarterly, vol. 10, no 3, 34-45. LA RESTRUCTURATION DES SOINS POUR LES PERSONNES ÂGÉES Si l’on veut éviter que le recours aux soins de santé en fonction de l’âge n’augmente démesurément, il faut non seulement prendre des décisions difficiles qui donneront peut-être lieu à un désengagement de l’État dans certains services et à des investissements accrus dans d’autres, mais également concevoir des systèmes adaptés aux soins des aînés. C’est aussi peut-être en raison du grand nombre de personnes âgées dans des établissements de soins actifs qu’aucun soutien communautaire (qu’il s’agisse d’établissements de soins, de logement avec assistance ou de soins à domicile) n’est disponible. Notre dépendance aux lits pour patients nécessitant d’autres niveaux de soins (ANS) (c.-à-d. des patients ayant besoin de soins non actifs qui occupent des lits de soins actifs, en attendant d’être admis ailleurs)xiii montre l’importance de développer les services de soins continus. L’intégration de la prestation des soins continus est susceptible de générer des économies de coûts non négligeables, d’atteindre l’efficience et d’améliorer la qualité des soins ainsi que la satisfaction des soignantsxiv;xv;vi. L’éducation, le recrutement et le maintien en poste pour contribuer au soutien à domicile sont des éléments essentiels d’une vaste stratégie de mise en valeur de la main d’œuvre qui vise à répondre aux besoins de soins des personnes âgées, tout en contrôlant les coûts. Les articles À bas les mythes sont publiés par la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé après avoir été revus par des spécialistes du sujet. La FCRSS est un organisme indépendant et sans but lucratif financé dans le cadre d’une entente conclue avec le gouvernement du Canada. Les opinions exprimées par les personnes qui distribuent ce document ne reflètent pas nécessairement celles de la FCRSS. © 2011. CONCLUSION Bien que l’impact du vieillissement de la population seul ne ruine pas le système de santé, on doit arriver à contrôler les coûts selon l’âge, en particulier ceux liés à la fin de vie. Nous pouvons nous réjouir, toutefois qu’en apportant des changements rationnels à la prestation des soins pour les aînés, nous serons à même de gérer les questions associées au vieillissement de la population. Nous devons nous pencher avant tout sur les autres problèmes — la croissance des coûts des services de santé et de ceux découlant de l’innovation technologique, notamment — que sont les générateurs de coûts et qui font grimper les dépenses. FONDATION CANADIENNE DE LA RECHERCHE SUR LES SERVICES DE SANTÉ | À BAS LES MYTHES | FÉVRIER 2011