Rencontre avec une jeune auteure venue de l`autre sexe

Transcription

Rencontre avec une jeune auteure venue de l`autre sexe
Rencontre avec une jeune auteure venue de l’autre sexe (et de Montpellier)
Personnages :
MARION AUBERT
LA JEUNE FILLE DE LA THÉATROTHÈQUE
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
DE JEUNES PARTICIPANTS
DES PARTICIPANTS MOINS JEUNES
QUELQUES HISTRIONS LOCAUX
SPECTATEURS
Premier tableau : Le matin.
LA JEUNE FILLE DE LA THÉATROTHÈQUE
Bonjour tout le monde ! Approchez medames mesdemoiselles et messeieurs, venez rencontrer Marion Aubert, venue
tout exprès pour vous de Montepellier (et pas de Limoges !) Tout le monde a bu son café ? Tout le monde a fait
pipi ? Tout le monde est prêt ? On y va !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit la Jeune Fille de la Théâtrothèque en souriant et puis elle s’en va bien vite, elle court toujours, elle est toujours
très occupée les jours de stage,c’est comme ça.
LES PARTICIPANTS JEUNES ET MOINS JEUNES
Oui, on y va !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Alors Marion Aubert joue avec ses participants, elle leur fait raconter leurs prénoms, elle les fait se rencontrer et se
connaître, un peu, elle les fait jouer aux chaises musicales…et puis quand tout le monde commence à être un peu
réchauffé :
MARION AUBERT
Maintenant, vous allez réfléchir un peu et puis vous allez venir chacun à votre tour pour vous présenter, comme vous
voulez.
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit Marion Aubert.
MARION AUBERT
Vous avez le droit de mentir !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Ajoute-t-elle.
DES PARTICIPANTS
Encore des présentations ! Zut alors, mais on se connaît déjà !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Bougonnent dans leur barbe quelques uns des participants les plus âgés, mais évidemment ils n’osent pas trop
protester…Lorsque commence l’exercice ce sont les jeunes participants courageux qui se lancent. Puis c’est autour
des moins jeunes et il y a comme un flottement…
MARION AUBERT
Ils sont bien mous, ces paricipants moins jeunes !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Pense peut-être Marion Aubert, et puis finalement tout le monde peu à peu se décide, puis ils conviennent finalement
que c’était un bon exercice, pas si facile que ça, et lorsqu’après avoir bien joué aux Trublions la matinée se termine,
ils sont bien contents, les participants jeunes et moins jeunes, et puis voilà ils ont un peu faim quand même, ils disent
merci beaucoup et puis certains s’en vont et d’autres restent.car la journée de Marion n’est pas finie, oh non !
Deuxième tableau : L’après-midi
LA JEUNE FILLE DE LA THÉATROTHÈQUE
Tout le monde a terminé son pique-nique ? Tout le monde a bien mangé ? Vous avez eu assez de café ? Alors on y
va !
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit la Jeune Fille de la Théâtrothèque très gentiment et puis de nouveau elle s’en va bien vite, elle court vaquer à
d’autres occupations, il y a toujours beaucoup à faire les jours de stage, c’est comme ça.
MARION AUBERT
Cet après midi nous allons travailler sur ma dernière pièce, Le Brâme des Biches.
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Annonce Marion Aubert.
MARION AUBERT
Vous allez voir, c’est une commande du théâtre du peuple de Bussang, il s’agit d’une saga sur l’industrie textile dans
les Vosges, une tragi-comédie industrielle pour 57 acteurs et foule, et ça se passe à Bussang, dans les Vosges…
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Les participants sont en cercle, ils ont leur texte en main, et s’apprêtent, périlleux exercice, à lire devant et avec
l’auteure…même les jeunes participants de l’après midi, intimidés, que Marion a peu à peu apprivoisés.
UN PARTICIPANT
« Les petites filles, vous enjambez les cadavres sur les champs de bataille, avec vos boucles. Je ne sais pas, moi.
C’est une bataille napoléonienne, peut-être. »
MARION AUBERT
Oui, ce n’est pas mal, mais pour Le « montreur », sa parole doit être comme la caméra, elle doit être vivante. Ce
sont des visions ! Il invente au fur et à mesure.
UN AUTRE PARTICIPANT
« D’abord, on s’est dit: «C’est un signe, cette petite.» Elle était là, juste au pied de l’église. Lorsque nous l’avons
trouvée, le matin, elle était presque morte ».
MARION AUBERT
Il faut que ce soit une parole « dressée »pas une lecture scolaire. On parle d’actions passées mais il faut tout jouer
comme au présent.
TOUS LES PARTICIPANTS
« Viva! Viva pour Lomont en Franche-Comté! »
MARION AUBERT
Attention, on reprend, pour que tout le monde soit au Taquet.
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit Marion Aubert, et elle continue à diriger la lecture de ses participants, elle se penche en avant avec attention et
puis elle fait des gestes avec les bras, comme un chef d’orchestre, on sent vraiment qu’elle impulse son energie à
toutes ces voix ; et les participants entendent bien comme ça change les choses quand ils font ce qu’elle dit, et ils
sont contents, mais quand même certains ont un peu faim, c’est l’heure du pique-nique.
Trosième tableau : La soirée
LA JEUNE FILLE DE LA THÉATROTHÈQUE
Installez-vous, spectateurs et spectatrices, participants et participantes, car MarionAubert va nous lire un extrait des
Orphelines, et puis quelques histrions locaux vont nous présenter des extraits de la Saga des Habitants du val de
Moldavie, et ensuite nous pourrons discuter avec Marion de ses pièces et de son écriture…
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit la Jeune Fille de la Théâtrothèque, et puis cette fois elle ne court pas voir ailleurs, non, elle s’intalle avec les
spectateurs, non mais !! Une fois que Marion a lu— très bien— et que les histrions ont terminé leur petite
présentation (honorable), le débat s’engage avec les spectateurs.
UN SPECTATEUR
Il y a tout de même des choses violentes dans ce que vous dites, ne trouvez-vous pas ?
MARION AUBERT
Si, sans doute, mais c’est une violence que j’espère libératrice.
UN HISTRION
Finalement avec toutes vos histoires, que cherchez-vous à dire ? Et d’ailleurs avez-vous quelque chose à dire ?
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit un histrion un brin provocateur, ce qui suffoque un peu les spectateurs présents…
MARION AUBERT
Je n’ai pas de « message » à proprement parler, je n’aime pas cette idée, mais tout de même ça parle, de la maternité,
de la place des femmes, par exemple. En fait je travaille beaucoup sur le non dit, sur les tabous
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Répond Marion, un peu décontenancée tout de même au départ, mais qui reprend rapidement ses esprits et se dit
qu’elle pourra toujours faire une petite fable moqueuse sur cet histrion là.
UNE SPECTATRICE
Votre écriture fait penser aux tableaux de Jérôme Bosch, il y a beaucoup d’histoires en même temps, beaucoup de
détails qui fourmillent, et auxquels on prête plus ou moins d’attention selon les moments…
MARION AUBERT
C’est juste, et d’ailleurs ce peintre a été l’une de mes sources pour certaines pièces ; comme Alice au pays des
merveilles pour les Trublions…
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
La discussion continue encore un moment comme ça, Marion fait bien rire tout le monde en lisant son histoire sur
l’élu à la culture de Saint-Herblain, et puis, il se fait un peu tard.
LA JEUNE FILLE DE LA THÉATROTHÈQUE
Je crois que le moment est venu d’aller dîner, le temps est un peu incertain mais nous devrions tout de même pouvoir
pique-niquer dehors.
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Dit la jeune fille de la théâtrothèque, optimiste. Alors tous sortent leur repas et commentcent à manger, et peu à peu
une petite pluie arrive, c’est normal à Josselin en cette saison, et les gouttes tombent doucement sur le pain et le pâté,
elles font de drôles de taches plus claires sur le fromage, et le pain ramollit peu à peu, puis les gouttes se font plus
drues et là, quand même, tout le monde rappatrie son verre et son assiette à l’intérieur parce qu’on a beau dire que
l’eau douce ne mouille pas, il ne faut pas exagérer, et puis d’autres arrivent encore avec des pizzas chaudes, on refait
du café, c’est bruyant et convivial.
MARION AUBERT
C’est vraiment sympathique, mais on mange toujours beaucoup plus qu’on ne devrait dans ce genre de circonstances.
LA FEMME QUI ESSAIE D’ÊTRE PRATIQUE
Se dit Marion, mais il f aut bien qu’elle prenne des forces, car elle va lire de grands extraits du Brâme des biches, et
ça demande du souffle et de l’énergie comme le constatent un peu plus tard les spectateurs ébahis et séduits,
emportés par la voix de Marion qui fait tous les personnages. Ils se disent qu’ils iraient bien à Bussang cet été pour
voir ça, mais surtout qu’ils ont eu bien de la chance de vivre une journée aussi riche, joyeuse et généreuse.

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