Hector Hotte, un dévouement inégalé envers la communauté
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Hector Hotte, un dévouement inégalé envers la communauté
Hector Hotte, un dévouement inégalé envers la communauté Par Yanick Labossière, conservateur au Muséoparc Vanier L’article original a paru dans la revue Le Chaînon du printemps 2012 publié par le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO). Pour de plus amples renseignements sur la revue Le Chaînon ou le RPFO, veuillez consulter le site www.rpfo.ca. Il est toujours très émouvant de voir des hommes et des femmes dédier leur existence à la communauté dans laquelle ils ont grandi. Tout au long de leur vie, ils s’impliquent dans les différentes organisations qui ont pour but l’épanouissement de leurs concitoyens. Bien souvent, cette œuvre d’une vie se fait en parallèle avec le labeur quotidien que constitue un emploi à temps plein et une famille, qui, à l’époque, a bien des chances d’être nombreuse. Joseph Hector Arthur Hotte fait partie de ces hommes et de ces femmes qui ont, pendant toute leur vie, fait preuve d’un véritable dévouement pour aider leurs prochains et améliorer la qualité de vie de leur entourage. L’enfance et l’adolescence Hector Hotte voit le jour dans une famille d’Eastview (Vanier) le 10 mars 1924. Quatrième enfant d’une famille de sept, il passe son enfance dans la paroisse St-Charles, à Eastview. L’enfance d’Hector est ce qu’il y a de plus traditionnelle pour l’époque. Il partage ses journées entre l’école et les loisirs. Il fréquente l’école Montfort, puis l’école Genest, toutes deux situées à Eastview. Vers le milieu de l’adolescence, l’appel d’une certaine liberté et la nécessité d’aider sa famille au point de vue e monétaire se fait sentir. C’est à l’âge de 14 ans qu’Hector décide d’abandonner l’école en 7 année pour travailler à temps plein et ainsi aider sa famille. Il enchaîne alors avec une panoplie de petits boulots différents qui lui permettent de subvenir à ses besoins. L’armée Quelques années après le début de la Deuxième Guerre mondiale, Hector Hotte reçoit son papier d’enrôlement du bureau de l’armée canadienne. C’est ainsi qu’il fait son entrée au sein des forces armées canadiennes à l’âge de 18 ans. Après l’entraînement d’usage en sol canadien, Hector Hotte est envoyé outre-mer. Il arrive à Aldershot, en Angleterre, en 1944. Sur le territoire anglais, les hommes sont encore une fois soumis à un entraînement intensif en vue de l’invasion qui se prépare dans le plus grand secret. Puis il prend le bateau en direction de la Normandie. Leur destination initiale change en cours de route et son bataillon se retrouve en territoire belge, plus précisément près du canal Albert. Il combat trois mois sur les rives de ce canal pour déloger les forces allemandes de cette position stratégique. Il combattra les Allemands jusqu’à leur capitulation le 8 mai 1945. Après la victoire des forces alliées, Hector se trouve en service prolongé jusqu’en 1946. Ce service avait pour but d’assurer la paix et la sécurité dans les pays libérés des Nazis. Le retour à la vie civile Hector est de retour au Canada en mai 1946. Alors âgé de 22 ans, il en profite pour renouer les liens qu’il avait tissés avec Thérèse Groulx, une jeune fille qu’il avait connue avant la guerre. Mais il n’était pas question d’engagement plus sérieux tant que celui-ci n’aurait pas un emploi plus régulier qui lui permettrait de subvenir aux besoins d’une famille. Cet emploi viendra assez rapidement au sein de Poste Canada. À l’époque, le bureau de poste auquel il travaille est situé sur la rue Besserer à Ottawa. Il pratiquera ce métier dans le quartier Rockliffe et le quartier de la Basse-ville à Ottawa, ainsi que dans la paroisse St-Charles d’Eastview. Amorçant ses journées à 6 heures du matin, celui-ci doit parcourir jusqu’à 9 miles quotidiennement pour livrer le courrier dont il est responsable. Il occupera ce poste de postier pendant 37 ans. Un emploi régulier en poche, il peut maintenant demander la main de Thérèse Groulx. Le mariage a lieu le 11 novembre 1948 à l’église St-Charles, à Eastview. Le mariage est béni par nul autre que le chanoine Groulx, historien et grand nationaliste canadien-français, qui est le cousin du père de la mariée, Valmord Groulx. Le couple s’installe à Ottawa pour une courte période de six mois, puis revient à Eastview pour y élire domicile. Thérèse est alors enceinte de leur premier enfant, Denis, qui naîtra en 1949. Au total, le couple aura 7 enfants ; six garçons et une fille. Implication sociale Avec le retour d’une certaine stabilité familiale, Hector Hotte s’efforce de s’impliquer dans la quasitotalité des activités sociales d’Eastview. Il commence à s’impliquer au sein de la vie paroissiale de la paroisse St-Charles en participant à la gestion de la salle paroissiale et des activités offertes aux paroissiens. Ces différentes activités paroissiales l’amènent à se faire remarquer par certains membres haut placés de la section locale de l’Ordre de Jacques-Cartier, dont il est appelé à joindre les rangs. L’Ordre de Jacques-Cartier, aussi appelé La Patente, est une organisation secrète qui a pour but de prendre la défense des francophones et de faire la promotion de l’Église catholique. Hector Hotte se rend régulièrement aux réunions de l’Ordre, section St-Charles, qui ont lieu dans le sous-sol de l’église St-Charles, pour y discuter des problèmes des francophones de la région et élaborer des stratégies pour les aider à défendre leurs droits. Une de ces initiatives consiste à aider les paroissiens à remplir des formulaires pour les différents paliers de gouvernement afin de faire valoir leurs droits de francophones. En 1949, Hector Hotte se joint également au Cercle social Saint-Charles. Au fil des années, il prendra de plus en plus de place dans cette organisation sociale, il en deviendra même le trésorier et le président. En plus de la direction des activités sociales, culturelles et sportives de la paroisse, le Cercle social avait pour but de procurer des fonds à la paroisse lorsque celle-ci nécessitait des sommes importantes pour différentes occasions. Puis, dans les années cinquante, il commence à s’impliquer dans le comité civil de la compagnie des zouaves de la paroisse St-Charles. La compagnie est fondée à la suite d’une initiative du curé Barrette e au tournant des années 1954 et 1955. Elle devient la 39 compagnie du troisième bataillon canadien de Montréal et sera, à partir de 1956, la seule compagnie de zouaves canadienne à l’extérieur du Québec. En tant que président du comité civil de la compagnie des zouaves de St-Charles, Hector Hotte participe à l’organisation des parades, de la garde d’honneur, des conventions de différentes compagnies de zouaves canadiens et de l’établissement des chartes de la compagnie. Également responsable de la gestion financière de la compagnie, le comité a dû amasser plus de 15 000$ lors d’une campagne de financement spéciale qui avait pour but de payer pour les uniformes des zouaves ainsi que plusieurs autres dépenses. En plus de l’Ordre de Jacques-Cartier, du Cercle social St-Charles et du comité civil de la compagnie des zouaves de St-Charles, Hector Hotte trouve le temps de s’impliquer au sein des Chevaliers de e Colomb (3 degré), de la Société St-Jean Baptiste du diocèse d’Ottawa, de la St-Vincent-de-Paul de St-Charles (membre et président), et de la Caisse populaire St-Charles (trésorier). Implication dans la vie politique municipale Mais le plus grand apport d’Hector Hotte à la communauté d’Eastview demeure la politique municipale. Il se présente à l’élection municipale de 1951 comme conseiller du quartier numéro 6 à Eastview. Cette décision se prend à la suite de pressions de son entourage au sein de la vie paroissiale de St-Charles et de l’Ordre de Jacques-Cartier. Ceux-ci apprécient grandement la dévotion d’Hector Hotte envers les autres et son acharnement au travail. À cette époque, les élections municipales ont lieu tous les deux ans. Hector Hotte est élu comme conseiller au sein de l’équipe du maire Gordon Lavergne. Se découvrant une passion pour la politique municipale, il occupera le poste de conseiller (échevin à partir de 1963) pendant 24 ans, soit jusqu’en 1974, avec comme seule exception les années 1961-1962. Il occupera même le poste de sous-préfet durant deux mandats, de 1957 à 1960. Au conseil de ville, les tâches et les dossiers ne manquent pas pour un homme toujours désireux d’aider ses concitoyens. Durant les années 1950, il prend en charge le système de secours directs de la municipalité. Ce système permet au nécessiteux de recevoir certaines sommes d’argent pour pallier aux besoins les plus pressants durant les moments difficiles. Cela prend une forme sentimentale pour Hector puisque son père bénéficiait à l’occasion de ce système pour boucler certaines fins de mois difficiles. Une des plus grandes réalisations d’Hector Hotte en tant que conseiller municipal de la ville d’Eastview demeure le changement de nom de cette ville pour adopter le nom de Vanier, le 1 ier janvier 1969, en l’honneur du Gouverneur Général Georges Vanier, premier gouverneur général d’origine canadienne-française du Canada. Hector est le responsable du comité du changement de nom de la ville, qui est responsable d’étudier les différents noms proposés pour Eastview. Ce changement de nom ne se fait pas sans heurts puisqu’un groupe d’anglophones lance une pétition pour empêcher ce changement. Cette pétition recueillera plus de 400 noms, mais ne parviendra pas à faire changer la décision du conseil municipal, au sein duquel deux conseillers s’y opposaient également. Sous l’administration de Gérard Grandmaître, Hector Hotte occupe également le poste de maire suppléant. Le maire avait fait la suggestion de nommer Hector à ce poste, décision adoptée à l’unanimité par le conseil municipal. Selon lui, les plus grandes réalisations de ses années au sein du conseil municipal d’Eastview et de Vanier sont le développement économique et social de son quartier ainsi que le changement de nom de la municipalité. Son but politique fut toujours l’amélioration du sort de ses concitoyens et le développement du quartier. Un des moments les plus difficiles de sa carrière de conseiller fut la mort de deux travailleurs de la ville tués pendant le dynamitage de la glace sur la rivière Rideau. Ce dur et dangereux travail était nécessaire puisque des embâcles de glaces créaient régulièrement des inondations à Eastview. En tant que maire suppléant, Hector Hotte a dû annoncer la nouvelle aux familles des victimes. Cet événement fut l’un des plus difficiles auquel il a fait face au cours de sa carrière. La longue carrière d’Hector Hotte dans le monde politique municipal aura duré près de 25 ans. Il a œuvré sous les administrations de Gordon Lavergne (1949-1960), Oscar Perrier (1961-1964), Gérard Grandmaître (1965-1969 et 1973-1974) et Roger Crète (1970-1971). Pendant toutes ces années, il fut un témoin privilégié de la transformation et de la modernisation de la ville d'Eastview, et par extension de la cité de Vanier, en plus d’être un témoin privilégié des courants sociaux des années 1950, 1960 et 1970.