Peut-on vraiment rire de tout

Page 1/3
Les propos racistes et antisémites d’un sinistre "comique"dont on parle beaucoup
en ce moment dans les médias, me choquent bien évidemment et me font réagir.
Ce vulgaire "clown" antisémite qui semble regretter les chambres à gaz est
méprisable.
Il s’acoquine avec quelques nostalgiques du IIIème Reich qui font le salut hitlérien
dans ses meetings(et non spectacles) politiques, il cotoie quelques négationnistes
qui
osent encore nier le génocide pratiqué par les nazis, il fait pouffer quelques autres
partisans friands de quenelle.
Malgré plusieurs condamnations pour diffamation, injure, provocation à la haine et
à la discrimination,ce "clown" de bas étage essaye par tous les moyens d’échapper
aux lois de la République tout en se proclamant victime d’un Etat qui porterait,
selon lui,
gravement atteinte à sa liberté d’expression, à celle de tous les humoristes, des
"créateurs artistiques".Allons donc !Le grand art serait-il à ce point menacé ?
Certes, la liberté de pensée et d’expression est un des fondements de notre
démocratie, de notre République à laquelle je suis bien évidemment attaché.Certes,
les humoristes ont tout à fait le droit de s’exprimer librement sur presque tous les
sujets.Je dis "presque", parce que de mon point de vue, les sujets non pas
tabous,mais graves, ceux qui touchent à la condition humaine doivent êtres maniés
avec précaution, voire proscrits lorsqu’ils sont tragiques.
Peut-on vraiment rire de tout ?Non, bien sûr !Les vrais humoristes savent trouver
un équilibre entre parti d’en rire et le respect de la dignité humaine.Chacun d’entre
nous s’est forgé son propre système de valeurs, et ce qui amusera l’un risque de
choquer l’autre.L’humour est bénéfique parce qu’il permet d’aborder certains sujets
et d’en désamorcer la gravité.Mais il y a des tragédies qui ne peuvent se
transformer en comédies.Il y a des catastrophes actuelles ou plus anciennes, des
crimes contre l’humanité avec il est difficile de plaisanter.C’est pour ces raisons que
je considère que le rire doit avoir ses propres limites.
Je ne tolère pas le racisme et l’antisémitisme.Je considère même que la tolérance
universelle est moralement condamnable parce qu’il ne faut jamais oublier toutes
les nombreuses victimes de toutes les barbaries humaines...mais plutôt s’en
souvenir dignement.Si la tolérance n’avait pas ses limites, la tolérance finirait par
se nier elle-même.Ce n’est pas faire preuve d’intolérance que de prendre conscience
avec clairvoyance de ses limites.Je note au passage que la tolérance est un des
problèmes majeurs de nos démocraties qui devrait faire l’objet d’un débat citoyen.
Page 2/3
Je crois qu’il faut se donner les moyens de contrer les idéologies intolérantes avec
des arguments logiques et le soutien de l’opinion ; d’interdire ces thèses racistes et
antisémites qui gangrènent notre société parce qu’elles portent gravement atteinte
à la dignité humaine.Dans ce cas précis il n’est pas choquant d’interdire.Cette
interdiction exceptionnelle ne peut être assimilée à une quelconque censure.Donc
censurons ce qui doit l’être.Si nous ne le faisons pas ,si nous acceptons tous ces
discours de haine ou d’injure,nous finirons par admettre que tout se vaut, que l’on
peut vraiment rire de tout et même de l’innommable.
Quant à la liberté d’expression souvent mise en avant par tous les partisans de tous
les imposteurs et qui a servi parfois de bouclier juridique...il faut que les juges
prennent conscience, que dans certaines situations, la liberté d’expression qui n’a
rien d’artistique dans le cas que je viens d’évoquer, possède elle aussi ses propres
limites,celles qui préservent surtout la dignité humaine, l’ordre public et la paix
sociale.Je crois que le Conseil d’Etat vient d’en prendre conscience en interdisant
ce qui doit être interdit, ce qu’interdit déjà les lois actuelles.Il faut que la justice
puisse plus rapidement et faire appliquer les condamnations qu"elle a prononcées.
Enfin, il est vrai que l’on rit aisément des autres....il est plus mal aisé de rire de soimême.L’humour est avant tout conscience de son propre personnage, de sa propre
extravagance, de ses petits travers, de l’écart entre ce qu’on voudrait être et ce que
l’on est.Le regretté et talentueux humoriste Raymond Devos, que j’appréciais
beaucoup l’avait bien compris.Rire de soi-même exige, disait-il, exige une certaine
force d’âme.Mais ajoutait-il ,on ne peut pas rire de tout et du racisme notamment ;
parce que lorsqu’on pourra en rire c’est que nous l’aurons maîtrisé.
"Le rire est le propre de l’homme"Gargantua.Certes, mais rendons le rire propre.
Robert
Page 3/3