L`Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant?

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L`Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant?
 L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? Document de discussion pour le Dialogue International sur la consolidation de la paix et de renforcement de l'État Points clés Le New Deal a joué un rôle important pour assurer que la notion de la paix soit incluse dans l’Agenda 2030. Il offre de nombreuses leçons qui devraient être reflétées et absorbés dans la planification de la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Le New Deal a créé un espace pour un dialogue plus que nécessaire à plusieurs niveaux pour faire face aux défis politiques et techniques des gouvernements confrontés à des conflits et à la fragilité. Les priorités, les processus, les outils et les mécanismes du New Deal peuvent être renforcer à travers la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Cependant, la façon dont les deux cadres peuvent se renforcer mutuellement pour avoir un meilleur impacte dans les Etats touchés par un conflit est une question qui reste ouverte. Les points clés reflétés dans cette analyse sont: • L'alignement peut être réalisé en reliant les PSG de chaque pays aux objectifs et indicateurs pour l’implémentation des ODD. Les pays du New Deal prioriseraient l’implémentation que de quelques ODD. • Le processus d'intégration de l’Agenda 2030 dans le New Deal devrait également être utilisé pour réévaluer les progrès et les priorités au sein de chaque contexte et identifier ce qui a pu manquer dans le cadre du New Deal. Les enseignements généraux de la phase pilote du New Deal doivent être adressées, notamment en: o Valorisant l'inclusion, notamment en créant un rôle plus important pour la société civile et attirer de nouveaux acteurs; o Utilisant l'Agenda 2030 pour élargir l'autonomisation des priorités des PSG au sein du gouvernement; o Réorientant les efforts de l'engagement international sur les personnes et apprendre à construire des sociétés pacifiques; o Apprenant à consolider des institutions responsables qui tirent leur force de l'inclusion social tout en acceptant les limites de l'engagement extérieur; o S’engageant sur un spectre plus large sur les problèmes de financement au-­‐delà des questions d’aide accrue et productions internes, y compris un ensemble plus large d'options de financement, en considérant aussi les flux financiers illicites, l'investissement privé du secteur des ressources et les envois de fonds. • Un dialogue mondial plus inclusif sur les sociétés pacifiques pourrait être construit sur la reconnaissance universelle des liens entre la paix et le développement. Cela permettrait aux pays de l’IDPS de partager leurs leçons, tout en facilitant l'action collective afin de permettre la mise en œuvre nationale de l’Agenda autour de sociétés pacifiques, justes et inclusives. Ceci est un document du CSPPS inspiré par un document préparé par Saferworld Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? 1 Une politique mondiale: mission accomplie? Il y a quelques semaines les dirigeants mondiaux ont ratifiés l'Agenda 2030 pour le développement durable. L'existence de l'objectif 16 sur la paix, la justice et la gouvernance-­‐ ainsi qu’une claire référence à la paix à travers l'Agenda 2030 -­‐ était loin d'être garantie. Alors que de nombreux acteurs du monde entier collectivement et passionnément s’y sont engagés, l'attention doit être attirée sur le rôle critique du New Deal pour garantir la paix. Par exemple, les objectifs de consolidation de la paix et de renforcement de l'État (PSG) présents dans le New Deal ont influencés la manière dont les questions autour de justice et de politiques légitimes sous-­‐tendent les sociétés pacifiques. Lui-­‐même influencé par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), le New Deal et ses objectifs, ses sous-­‐priorités et ses indicateurs sur les questions liées à la paix, la justice et la gouvernance avaient déjà été mis à l'essai par le New Deal, créant ainsi un précédent qui prouve que la paix pourrait être intégrée dans les secteurs plus traditionnellement orientées vers le développement. Enfin, l'existence du Dialogue International sur la consolidation de la paix et de renforcement de l'État a créé un réseau de gouvernements, d’institutions multilatérales et d’acteurs de la société civile qui se sont engagés à assurer la paix dans le nouveau cadre de développement. Le rôle actif des pays du G7 + est particulièrement critique, notamment pour influencer le Groupe de travail ouvert, la position commune africaine et le Groupe de haut niveau. Les pays qui ont été touchés par les conflits et qui font face à des défis de développement graves depuis les 15 dernières années ont joué un rôle déterminant pour essayer d'éviter ce piège dans les 15 prochaines. Malgré son engagement pour les sociétés pacifiques, justes et inclusives, l'Agenda 2030 est loin d'être parfaite. Elle risque d'ailleurs de s’effondrer sous le poids de son ambition, et en essayant de tout faire, les résultats pourraient ne pas aboutir. Beaucoup de ses objectifs sont ambigus et non quantifiables (un problème si nous voulons analyser si les objectifs qui seront atteints au final). Si le suivi et le mécanisme de revue est faible, alors qu'il y a une grande flexibilité sur la façon dont les Etats membres peuvent intégrer les objectifs globaux et les objectifs dans les politiques nationales de développement, des questions importantes se profilent sur la façon dont le cadre peut conduire vers le changement sur le terrain. En outre, l’analyse des changements autour de 169 objectifs pourrait laisser en évidence les bureaux de statistiques les mieux équipés. L'Agenda 2030 sera universelle, et d’application pour tous. Son échelle signifie qu'il y a quelque chose pour tout le monde à œuvrer collectivement -­‐ pas une mauvaise chose dans un monde de plus en plus polarisé. Aucun autre cadre multilatéral ne peut prétendre avoir une telle appropriation mondiale, en partie grâce à une vaste phase de consultation. Son approche multiparti signifie qu'elle sera également, en théorie, mise en œuvre par tous. De nouvelles données deviendront peu à peu disponibles sur un large éventail de questions de développement. En ce qui concerne la paix, un grand nombre de questions qui sont vues comme cause des conflits dans différents contextes sont abordés, y compris l'injustice, un faible état de droit, la corruption, les contraintes transnationales (armes, finance illicites, la criminalité organisée), la gouvernance irresponsable et non représentative, et les échecs pour protéger les droits de l'homme. Le fait que ces questions seront ciblées et surveillées dans le plus grand cadre de développement est un grand succès. 2 Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? 2 L'harmonisation de programmes progressifs Certains défis se tissent déjà. L’Agenda 2030 prend note des situations particulières rencontrées par les pays en situation de conflit et de post-­‐conflit. C’est dans ces pays où les efforts pour éradiquer la pauvreté extrême, qui est au cœur du nouvel ordre, sera le plus urgent. Dans le même temps, ces pays devront faire face aux plus grands obstacles pour la mise en œuvre des ODD. En outre, la charge mondiale de conflits et de violence a augmenté rapidement au cours des dernières années. L'incidence des conflits armés -­‐ y compris les guerres ouvertes -­‐ a fortement augmenté. Il est frappant de voir que 2014 a été l'année la plus meurtrière depuis 19891, et de nos jours un de chaque 122 habitants au monde est soit réfugié, déplacé à l'intérieur de son propre pays, ou demandeur d’asile2 .Il est donc urgent de trouver des modèles efficaces qui peuvent inverser cette tendance. En se concentrant explicitement sur la renforcement de l'État et la consolidation de la paix, identifiant un nombre limité de priorités, et coordonnant les donateurs et les gouvernements nationaux autour d'un projet commun, le New Deal a été mis en place pour répondre aux défis spécifiques que les pays émergents d’un conflit ont pour la réalisation des OMD. Quel rôle le New Deal jouera dans la réalisation des objectifs de développement durable -­‐ et quelles leçons peuvent être tirées de la phase pilote? Sur un plan très pratique: est-­‐ce que les pays touchés ou sortant d'un conflit pourront à la fois atteindre les ODD et les PSG? Y a-­‐t-­‐il un moyen de les réunir? Nous devons éviter une situation où les différents acteurs nationaux et internationaux travaillent en parallèle, dans lequel un groupe travaillerait sur le respect des PSG du New Deal et un autre sur l’implémentation des ODD. L'approche minimaliste entre l’intégration des ODD et le New Deal pourrait être dénommée comme «l'option de l’alignement». Selon cette approche, nous continuons avec le New Deal comme avant, en mettant l'accent sur la coordination de l'aide fournie par le biais des PSG et les compacts dans un nombre limité d'Etats touchés par des conflits et la fragilité. La seule chose qui doit être faite en vertu de cette option est, dans chaque contexte et dans le cadre des cinq compacts des PSG, de les relier à des objectifs pertinents dans le ODD (cela devrait être relativement simple compte tenu qu’il y en a 169 à choisir parmi eux). Par exemple, en vertu du PSG 2, le compacte de la Somalie comprend la priorité 2, qui est "les institutions judiciaires commencent à répondre aux injustices clés de Somaliens." Cela peut être lié à l'objectif 16.3, qui « promu la primauté du droit au niveaux national et international et assure un accès égal à la justice pour tous ». Une vision cohérente peut également être créée par l'alignement des indicateurs PSG et les ODD. Même sous cette option, une étape importante serait de réaffirmer l'engagement politique et le soutien au plus haut niveau entre les gouvernements G7+ et les membres de l’INCAF. Lorsqu'il n'y a pas encore de compacts, les ODD pourraient fournir un cadre d'orientation ou un menu pour circonscrire les priorités. L'approche d'alignement minimaliste signifierait que les pays du G7 + ne chercheraient pas à répondre à tous les ODD -­‐ loin de là -­‐ mais seulement à une poignée de cibles prioritaires identifiées. Cependant, peu de pays pourront aborder les 17 buts et 169 objectifs, et donc chaque pays devra établir des priorités. En effet, l’Agenda 2030 note que les buts et objectifs sont "de nature mondiale et 1
T Pettersson, P Wallensteen, «Les conflits armés, 1946-­‐2014 'Journal of Peace Research 2015, Vol. 52 (4) 536-­‐550 2
HCR, «déplacement Worldwide frappe tous les temps élevé que la guerre et la persécution augmentation ', 18 Juin ici à 2015 3 Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? universellement applicable, tenant compte des différentes réalités nationales, les capacités et niveaux de développement et en respectant les politiques et priorités nationales." Afin de prioriser, le processus d'évaluation de la fragilité, la consultation et le dialogue qui mène à des priorités PSG devraient être conservés. De cette façon, les jalons politiques et processus de valeur ajoutée du New Deal peuvent être exploités pour la réalisation des PSG et des ODD. Les évaluations de fragilité pourraient être revues, d'autres séries de consultations nationales inclusives et des accords de pays pourraient aussi être révisés. En effet, les compacts doivent être véritablement multipartite dans la pratique pour veiller à ce qu'ils reflètent les besoins de la population. Une fois ce travail d'alignement est fait, la pertinence à long terme des cinq PSG pourrait être rediscutée. Ils ont été développés pour affirmer les priorités politiques et institutionnelles fondamentales qui pourraient agir comme un fondement essentiel pour les États fragiles pour atteindre les objectifs de développement plus larges tels que les OMD. Mais cette lacune dans le cadre des OMD a été remplie par Objectif 16 des ODD. Un risque important est que le large éventail d’ODD contrecarre la clarté et la simplicité relative offerte par le New Deal. Les PSG ont été établis pour une fondation simple et claire concernant les questions sur lesquelles les membres du G7+ devaient se focaliser avant d’entamer la route vers un ample développement soutenable. Accepter les ODD dans des contextes de conflits ne doit pas porter atteinte à une telle clarté – d’ici que l’attention portée à l'objectif 16 sera à long terme particulièrement crucial. 3 Une opportunité pour la réforme L'option d'alignement n’est donc pas aussi simple que cela puisse paraître. En effet, assumer que l'intégration des ODD avec le New Deal nécessite peu d'effort serait synonyme de manquer une occasion pour l'apprentissage et la réforme. Au lieu de travailler comme nous l’avons fait jusqu’à présent, le lancement des ODD offre une opportunité de faire une pause et analyser où nous en sommes et voir quelles devraient être les priorités dans chaque pays. Au niveau international, cela est également une occasion importante pour avoir une discussion sérieuse sur ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné – comme par exemple en regardant le rôle que le New Deal a eu dans la résolution des conflits au Soudan du Sud ou la gestion de la crise du virus Ebola en Afrique de l'Ouest. Un défi majeur que la phase pilote du New Deal a dû faire face est la faible appropriation des PSG en tant que priorités tant pour le gouvernement comme pour la société. Ceux-­‐ci ont souvent étés confinés aux ministères des finances ou de la planification -­‐ alors qu’ils devraient être des objectifs appartenant aux gouvernements et aux sociétés entières. La visibilité et l'importance de l'Agenda 2030 pourrait contribuer à élargir la réceptivité politique et sociale pour le processus du New Deal si nous créons les bonnes synergies entre les PSG, les ODD et les cadres de planification nationaux, qui souvent ont une plus grande influence à des niveaux où les décisions les plus importantes sont implémentés. Tenant compte de l'approche multiparti de l'Agenda 2030, cela pourrait être aussi une occasion pour renforcer et protéger le rôle de la société civile. Le consensus mondial qui a été construit autour du nouveau cadre de développement pourrait fournir une base pour l'engagement avec des acteurs importants dans les États touchés par un conflit, y compris les donateurs émergents et les entreprises, qui ont jusqu'à présent eu tendance à piloter clairement le New Deal. 4 Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? Une troisième possibilité de réforme, établie par l'agenda 2030, est la nécessité de remettre les gens au centre de notre attention. Le focus du nouvel agenda de développement sur la construction de sociétés pacifiques, justes et inclusives est fondamental. Lorsque des techniques concernant les meilleures pratiques sont privilégiés au détriment d’une conscience aiguë des dynamique locales et des risques potentiels que celles-­‐ci peuvent avoir, il est un danger toujours présent que l'engagement international dans les États touchés par un conflit cherchera à renforcer les capacités des États, quel que soit son niveau d’engagement pour la paix -­‐ et ce parfois au détriment de la paix et les gens qu'ils sont censés servir. Le nouveau programme doit être plus fortement axé sur le renforcement des sociétés, pour assurer qu'il y est un équilibre sain dans les relations État-­‐société et que les divisions au sein de la société puissent être résolus pacifiquement. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur la façon dont nous construisons des sociétés plus fortes et comment la paix peut être maintenue plus amplement. Nous avons aussi beaucoup à apprendre sur les États et les institutions qui tirent leur force d’un haut niveau d’inclusion. Des institutions publiques efficaces sont nécessaires pour fournir des services publics et créer les conditions d'une croissance économique inclusive. Mais les institutions clés doivent aussi être assez fortes pour faire respecter l'état de droit, lutter contre l'impunité et faire en sorte que toutes les voix se fassent entendre si nous voulons éviter les cycles d'injustice qui sous-­‐tendent les conflits. Par exemple, des parlements plus forts et les partis politiques pourraient être nécessaires pour rendre l'Etat plus représentatif et inclusif. Renforcer l'indépendance des systèmes judiciaires peut être nécessaire pour assurer la responsabilisation. Ce que nous savons c’est qu'il n'y a pas de modèles. En outre, le renforcement des capacités et le soutien extérieur peuvent aider, mais seulement lorsque le contexte est juste: notre expérience nous dit que, finalement, une telle force ne peut venir que de la volonté politique et de vision qui est largement partagée dans la société. Comment le New Deal peut mieux s’adapter à cette réalité doit être plus soigneusement analysé pour que le soutien international puisse renforcer le changement dans la direction de la légitimité, la sécurité des personnes et de la justice, plutôt que de faire de telles transformations moins susceptibles en sauvegardant le statu quo. Un autre domaine de réflexion est lié non à l’Agenda 2030, mais à son document parallèle, le Programme d'action d'Addis-­‐Abeba sur le financement du développement. L'accord d'Addis-­‐
Abeba (qui comprend un forte focus sur les pays touchés par le conflit) se penche sur le financement du développement bien au-­‐delà de l’aide internationale. Alors que l'aide continuera d'être cruciale pour beaucoup de pays G7 + et qu’accroître les recettes intérieures est déjà une priorité des PSG, les ODD pourraient fournir une occasion de s’engager sur une liste de financement plus large, y compris l'action sur les flux financiers illicites, le secteur des ressources de l'investissement privé, et le rôle des envois de fonds. Les questions liées à la sensibilité au conflit et à la cohérence entre les donateurs et le gouvernement seraient alors mises sur la table parallèlement aux discussions sur la livraison de l'aide. Cela pourrait avoir l'avantage supplémentaire d'aider à rendre le New Deal plus pertinent pour un ensemble plus large d'acteurs aux niveaux national et mondial. Il existe de nombreuses autres questions qui pourraient être abordées -­‐ telles que la nécessité d'une vraie localisation, un soutien à chaque contexte et plus de focus sur la résilience à long terme -­‐ et il y aura aussi des questions spécifiques au niveau national dans chaque contexte qui méritera une attention sérieuse. De même, la nécessité d'assurer que le New Deal est activement utilisé pour promouvoir des progrès significatifs dans les pays confrontés à une crise aiguë ou d'instabilité est un problème critique. Néanmoins, le fait est que la transition vers un focus sur la réalisation des ODD dans les États touchés par un conflit est aussi une occasion d'améliorer l'engagement international. La revue indépendante du New Deal et la fin de sa phase pilote sont donc bien chronométrés. 5 Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? Tenant compte des mises en garde ci-­‐dessus, les éléments clés du New Deal -­‐ comme les évaluations de fragilité ou les compacts -­‐ doivent être conservés avec les principes convenus pour l'engagement dans les États touchés par un conflit. De même, les relations uniques de confiance et de coopération qui se sont développées au long du processus de l’IDPS doivent également être préservés. Néanmoins, il y a de sérieux défis qui devront être abordés à l'avenir, et si cela se traduit par un nouveau New Deal ou non devra être abordé par un groupe plus amples que l’IDPS. 4 Au-­‐delà de nos horizons actuels: l'occasion de façonner la coopération mondiale Les ODD présentent une nouvelle occasion pour penser au-­‐delà des horizons actuels. Le processus IDPS – New Deal a été confiné à un petit nombre de pays -­‐ parfois avec suspicion indue par d'autres groupes d'Etats. Le fait que le nouveau cadre de développement global, négocié par 193 Etats membres de l'ONU, comprenne l’Objectif 16 et un accent mis sur la paix signifie que leurs discussions peuvent maintenant avoir un attrait beaucoup plus universel. Est-­‐il temps pour l’IDPS de revoir qui est à bord et étendre sa composition sous de nouvelles bannières et avec un modèle différent de la propriété? Si cette option ce matérialise, les leçons apprises du New Deal pourraient être partagés avec d'autres personnes qui vont maintenant penser à la manière d'opérationnaliser ou soutenir l’Objectif 16. Par exemple, est-­‐ce que les évaluations de fragilité pourraient être utilisées par d'autres pays pour identifier des priorités spécifiques au processus de la mise en œuvre de l’Objectif 16 ? Quelles leçons ont été tirées sur l’édification de la paix, la justice et l’étude d’indicateurs de gouvernance, et quels sont les défis autour de ces données? De nombreux pays du G7 + qui ont piloté le New Deal sont, à certains égards, en avance par rapport aux autres. Ces leçons doivent être documentées de manière ciblée pour façonner l’action future mondiale. La question, alors, est de savoir comment l’IDPS peux participer plus efficacement avec la communauté internationale et partager ses leçons. Au niveau mondial, peut-­‐être l’IDPS pourrait créer -­‐ ou éventuellement même devenir -­‐ un dialogue mondial sur les sociétés pacifiques. Alors que les pays du G7 + et le focus sur leurs besoins particuliers pourraient demeurer un point central, ce possible dialogue mondial lui donnerait une orientation universelle. Dans ce scénario, prudence devrait être mise pour faire en sorte que les besoins particuliers des pays du G7 + ne soient pas dilués. En même temps, il pourrait être crucial d'avoir un principe de base : que toutes les sociétés peuvent être plus pacifiques. Les émeutes raciales, la violence des gangs et de la guerre civile partagent souvent des racines dans l'injustice et l'exclusion. En outre, certains des pays qui sont confrontés à des crises les plus graves de violence aujourd'hui n’étaient pas à l'origine sur les listes des États fragiles et ne sont pas impliqués dans le processus du New Deal. Parvenir à la consolidation de la paix dans un pays exige une action collective de toutes les nations. Cela ne conteste pas l’évidence qui nous dit que les pays sortant d'un conflit sont les plus à risque d’y retomber, ni de nier que ces pays ont besoin d'une attention particulière. Cependant, les ODD offrent une occasion de transformer la paix en une question universelle: si nous voulons tirer parti de l'Agenda 2030 pour prévenir les conflits, nous avons besoins de nous concentrer sur l'objectif 16 et sa mise en œuvre dans un ensemble beaucoup plus large que l’IDPS a fait à ce jour. Embrasser pleinement l'universalité des sociétés pacifiques, justes et inclusives signifie redéfinir la «fragilité» sous une terminologie binaire (vous êtes ou vous n’êtes pas sur la liste) et, au-­‐delà du G7 +, ceci reste une question politiquement sensible (si vous êtes sur la liste cela serait une raison pour en être inquiet). Le débat en cours sur la 6 Document de travail : L’Agenda 2030 et le New Deal: Vers où aller maintenant? façon dont la «fragilité» pourrait être redéfini ou remplacée pour mieux informer la prévention des conflits et de consolidation de la paix est donc très opportun. Un dialogue global sur les sociétés pacifiques pourrait également utiliser l'acceptation politique de l'objectif 16 et les ODD comme la base sur laquelle attirer de nouveaux acteurs (bailleurs de fonds émergents, les pays à revenu intermédiaire, les organisations régionales, les agences des Nations Unies) dans la discussion plus significative tout en articulant avec d'autres plates-­‐formes mondiales pertinentes tels que la Commission de consolidation de l'ONU ou de l'OGP. Il serait également une occasion de renforcer son acceptation politique et de mettre l’accent encore plus sur le composant de la paix dans les ODD. Un dialogue de ce genre pourrait établir un forum pour mobiliser le soutien nécessaire pour les capacités de collecte de données pour la surveillance. Il pourrait également être un forum pour l'échange des meilleures pratiques et politiques efficaces sur les sociétés pacifiques, par exemple entre le Libéria et les Etats-­‐Unis sur la gestion des gangs de jeunes ou entre l'Irlande du Nord et le Ghana sur la cohésion sociale, et ainsi faciliter un véritable apprentissage bidirectionnelle entre les pays. Le dialogue global pourrait se centrer sur les facteurs déstabilisateurs que les politiques dans un pays peuvent avoir par inadvertance sur d’autres. Enfin, les membres du dialogue pourraient également être une source de soutien politique international et de partenariat pour le changement au niveau national, y compris bien sûr dans les pays du G7+. Le scepticisme vers la création d'une couche supplémentaire de dialogue mondial est justifié. Néanmoins, en dehors de la nécessité de relever les défis véritablement transnationaux, l'action collective, le soutien, la pression et la surveillance au niveau mondial aideront à permettre un changement significatif sur le terrain. Au jour d’aujourd’hui, une plate-­‐forme véritablement mondiale pour promouvoir des sociétés pacifiques, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'ONU, est toujours manquante. Si d'autres acteurs remplissent cet espace, il peut ne pas être défini avec une reconnaissance suffisante des priorités et des capacités qui existent au sujet de la fragilité, la prévention des conflits et de consolidation de la paix. Par conséquent, l'IDPS et ses membres doivent s'engager dans l'élaboration de la vision, indépendamment de si ils souhaitent ou pas adapter l'IDPS lui-­‐même comme organisme principal de cette vision. Bien qu'aucun organisme ou regroupement international ne puisse revendiquer la propriété de ce programme ou de l'Objectif 16, un dialogue global sur les sociétés pacifiques pourrait être un moyen de se mobiliser collectivement d'une manière qui est sensible aux processus de l'ONU. Cela exige un leadership, de la diplomatie et un engagement stratégique, sans devoir non plus implémenter une architecture supplémentaire avec de nouveaux secrétariats et plus de bureaucratie. * * * Comprendre les liens entre le New Deal et l'Agenda 2030 met en évidence les défis et les opportunités présents. Il existe des solutions pratiques aux défis, mais elles ne seront pas aussi simples qu'elles paraissent. Les possibilités doivent être mises à profit pour changer la façon dont la communauté internationale s’engage auprès des États touchés par un conflit à partir des leçons tirées du New Deal, mais aussi pour changer la façon dont la communauté internationale travaille elle-­‐même. 7 

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