Régime alimentaire du guêpier de perse Merops superciliosus dans
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Régime alimentaire du guêpier de perse Merops superciliosus dans
USTHB-FBS-4th International Congress of the Populations & Animal Communities “Dynamics & Biodiversity of the terrestrial & aquatic Ecosystems""CIPCA4"TAGHIT (Bechar) – ALGERIA, 19-21 November, 2013 Régime alimentaire du guêpier de perse Merops superciliosus dans le Grand Erg Oriental Algérien. MARNICHE F.1, MILLA A1, VOISIN J.F.2, DOUMANDJI S.3 1 2 Ecole supérieure nationale vétérinaire d’El Harrach, Alger UMS 305 Département d’Ecologie et Gestion de la Biodiversité – Muséum national d’Histoire naturelle – 57 rue Cuvier – 75005 Paris (France). 3 Département de Zoologie Agricole et Forestière, Institut National Agronomique, El-Harrach, DZ-16200 (Algérie). E-mail: [email protected] Résumé L’étude du régime alimentaire du guêpier de Perse Merops superciliosus dans cette station est abordée par l’analyse des pelotes de réjection en récoltant une quarantaine de pelotes de régurgitation aux alentours du l’oued. Les résultats montrent que 99,4 % des proies sont des insectes dont les diptères sont dominants avec 40,69%. Ils sont suivis par les hyménoptères (17,6%) et les autres classes représentent un très petit nombre. Les gastéropodes et les Crustaceae, même s'il est présent, sont négligeables. Mots clés : Guêpier de Perse Merops superciliosus, Grand Erg Oriental, Régime alimentaire, Pelotes de réjection, Insectes. Abstract The study of the contents of the Blue-cheeked Bee-eater Merops superciliosus pellets collected in its saharian habitats of Oued Khrouf (El-oued) shows that 99.4% of the preys are insects, with dipterans feing highly dominant (40.69%). They are followed by hymenopterans (17.6%), and the other classes account for very small numbers. The gastropods and crustaceae, even if present, are negligible. Keywords: Blue-cheeked Bee-eater Merops superciliosus, Saharian habitats, Diet, Pellets, Insects, Algeria 1. Introduction Peu de travaux ont été réalisés sur le Guêpier de Perse Merops superciolosus, que ce soit sur sa systématique, sa répartition géographique, sa reproduction où son régime alimentaire. Il est largement répandu dans les steppes du sud de l’Asie et du Nord de l’Afrique (FRY et FRY 1997), et est très occasionnel en Europe (JONSSON, 1994). Au Maghreb, la sous-espèce chrysosercus n’est connue comme reproductrice qu’en certains points du Sahara algérien et dans le Sud tunisien, où HEIM DE BALSAC le considère comme rare. Selon ce dernier auteur, on n’en connaît que trois points de nidification dans l’ouest du Sahara : Biskra (ETCHECOPAR et HÜE 1953), le M’Zab et Figuig à la frontière Algéro-marocaine. Il hiverne en Afrique tropicale d’où il revient à fin mars et en avril, et repart entre fin juillet et début octobre (ISENMANN et MOALI, 2000). Les données du régime alimentaire de cette espèce sont fragmentaires. Parmi les rare données disponibles citons celles de KOENIG (1895, 1953), CHAPIN (1939), BATES (1934), HUTSON (1947, 1954), HARTLEY (1948), PEK et FEDYANINA (1961), MEETH (1962), DOLGUSHIN et al. (1970), BORRETT (1973), ATAKISHIEV (1971) et FRY (1981). Aucun travail sur son alimentation n’a encore été conduit en Algérie. 430 USTHB-FB BS-4th Intern national Cong gress of the P Populations & Animal Com mmunities “D Dynamics & Biodiversity B of the terrrestrial & aq quatic Ecosysstems""CIPC CA4"TAGHIT (Bechar) – ALGERIA, 19-21 Novem mber, 2013 M 2. Maatériel et Méthodes Le site d’O Oued Khrouuf (Sidi Kheelil) est situué à une cinq quantaine de d mètres d’ altitude dan ns la wilayaa d’El-Oued, à environ 900 km au Sud-Est d’A Alger dans le grand Errg oriental ((Fig. I). Ellle se trouvee en région ssteppique, caractérisée c e par un clim mat aride à hiver froid d, avec une m moyenne annuelle dess précipitatioons ne déppassant guèère les 1500 mm et une u tempéraature maxim male du mois m d’aoûtt avoisinant les 42°C. L’hydrophil L lie et la saliinité du sol conditionnent la distriibution de la l flore qui,, en-dehors du désert caaillouteux, se s répartit een quatre grandes zoness : les duness fixées parr le Tamariss Tamarix arrticulata, des pâturagees broutés à Retam Rettama retam et Atriplexx Atriplex halimus, h et,, au bord dee l’eau, des zones à roseaux Phraagmites australis et maassettes Typpha elephan ntina. Enfinn les zones ssalées sont couvertes c dee Salsolacéees et de salicornes. Figuree 1: Localisaation d’Oued d Khrouf (El Oued). Les sortiees sur le teerrain se sont dérouléees en septem mbre 2006,, surtout auux alentourss de l’ouedd Khrouf. Quuinze pelottes récoltées sous les pperchoirs daans des tamaaris morts oont été analy ysées. Elless ont été dissséquées apprès ramolisssage à l’alccool, puis les l pièces sclérotinisée s es ont été rassemblées r s séparémennt par affinittés systémaatiques danss des boitess de Pétri affin de pouvvoir estimerr le nombree d'individuss consomm més par esp pèce-proie. Les déterm minations spécifiques s ont été réalisées auu Laboratoire de Zoologie agricolee de l'Instituut national agronomique d'El-Harrrach sous la l directionn UMANDJI. de Professeeur S. DOU 3. Réssultats Analyse gllobale du régime r Parmi les 442 pelotes décortiquées d s, 8 seulemeent sont enttières et ont été mesuréées, leur lon ngueur variee de 7 à 20 m mm, et leur grand diam mètre de 9 à 11 mm. L’analyse de 15 d’enntre elles a permis p l’ideentification n de 290 pro oies qui se répartissen nt en quatree classes : A Arachnides, crustacés, c in nsectes et g astéropodess (Tab. I). On remarqque que : Less insectes représenten nt la quasii-totalité dees proies (99,4 ( %), alors que celles dess aracchnides, des gastéropodes et surtoout des crusttacés sont extrêmemennt faibles ; Parrmi les insectes, l’ordree des diptèrres à lui seu ul compte laa majorité ddes proies (40,7 ( %), ett est essentiellem ment représsenté par laa famille dees Syrphides, qui en reeprésente un n tiers. Less 431 USTHB-FBS-4th International Congress of the Populations & Animal Communities “Dynamics & Biodiversity of the terrestrial & aquatic Ecosystems""CIPCA4"TAGHIT (Bechar) – ALGERIA, 19-21 November, 2013 autres groupes de diptères ne comptent que pour des proportions inférieures à 10%. L’ordre des hyménoptères arrive après celui des diptères, mais ne représente que moins d’un cinquième des proies, chacune des familles qui le composent ne représentant qu’un pourcentage très faible. Les autres catégories de proies, gastéropodes, arachnides et crustacés apparaissent de façon anecdotique. Dans deux pelotes examinées très récemment, et que nous n’avons pas pu prendre en compte ici, nous avons aussi trouvé quelques phalanges de petit Lacertidé. Tableau I – Composition du régime alimentaire du Guêpier de Perse près d’Oued Khrouf (El-Oued). The diet of blue-cheeked bee-aeter in the Oued Khrouf (El-Oued). TAXONS ni AR% Gasteropoda 1 0,34 Arachnida 2 0,69 Crustaceaa 1 0,45 Odonatoptera 3 1,03 Orthoptera 17 5,86 Dermaptera 2 0,69 Isoptera 25 8,62 Hemiptera 27 9,31 Homoptera 19 6,55 Coleoptera 17 5,86 Hymenoptera 50 17,24 Lepidoptera 8 2,76 Diptera 118 40,69 Total 290 100 n: nombre d’individus ; AR % : abondance relative 4. Discussion Le régime alimentaire du Guêpier de Perse dans le milieu steppique aride de l’Oued Khrouf est fondé sur les diptères, très abondants dans cette région. La très faible représentation des autres ordres d’insectes peut s’expliquer par leur faible masse, et donc leur faible valeur énergétique et leur plus grande rareté, qui rend leur chasse moins rentable. Ceci est tout-à-fait remarquable car, en d’autres régions, Les diptères sont fort peu représentés, voire absents, dans le régime alimentaire de cet oiseau. A Biskra (Algérie) KOENIG (1895) a trouvé dans les pelotes qu’il avait récoltées surtout des hyménoptères, des criquets pélerins Schistocerca gregaria, des blattes et des lépidoptères. Au Tchad et en Malaisie, les diptères, pourtant abondants, sont absents des pelotes examinées par Fry (1981) et FRY et FRY (1997), et n’apparaissent que pour une quantité négligeable dans celles récoltées au Sultanat d’Oman (KOSSENKO et FRY 1998) (Tab.II). L’absence de l’abeille domestique est certainement en rapport avec l’absence de ruches dans la région, mais le guêpier de Perse ne semble pas consommer très souvent cette espèce, même si des quantités notables en ont été trouvées dans des contenus stomacaux en Ouzbékistan par DOLGUSHIN et al. (1970) et au Zimbabwe (BORRETT 1973) (Tab.III). La faible représentation des fourmis (2,8 %) est de même assez remarquable. Cependant, le fait que les guêpiers de l’Oued Khrouf aient un régime fondé sur les diptères de façon aussi importante montre leur adaptabilité, car en cette localité ils ne disposent pas, ou guère, de leurs proies favorites et ils se rabattent sur les plus disponibles. Malgré tout, cette colonie d’une dizaine de couple subsiste, aux dires des habitants de l’oasis, depuis plusieurs dizaines d’années au moins et produit régulièrement des jeunes. 432 USTHB-FBS-4th International Congress of the Populations & Animal Communities “Dynamics & Biodiversity of the terrestrial & aquatic Ecosystems""CIPCA4"TAGHIT (Bechar) – ALGERIA, 19-21 November, 2013 Tableau II: Régime alimentaire du Guêpier de perse en différentes localités. The diets of Blue-checked- bee-eaters and different localities. Région Afrique de l’ouest Afrique Asie central Malaisie Pays Nigéria T’chad Sultanat d'Oman Kuala Lumpur Penang Fry et Fry (1997) 16 % Kossenko et Fry (1998) 55,5 % Fry (1981) Fry (1981) Hymenoptera 28,0 % 9,8 % Fry et Fry (1997) 96 % Coleoptera 0,6 % 6,6 % - 16 % 8,7 % Odonatoptera 55,7 % 83,6 % - 68 % 0,2 % Orthoptera 0,9 % - - - 1,6 % Hemiptera 1,9 % - - - 32,2 % Homoptera - - - - 1,2 % Isoptera - - - - 0,1 % Lépidoptera 7,8 % - - - 0,4 % Diptera 5,1 % - - - 0,2 % Référence Région Tableau III: Contenus stomacaux du Guêpier de perse en différentes localités. The stomachs of Blue-checked- bee-eaters and different localities. Asie Afrique Sud de central l’Afrique Pays Zaïre Nombre de contenus stomacaux Référence Proies 4 Odonata Zimbabwe 1 Chapin (1939) Borrett in Cramp et al. (1973) 1994 1 - Kazakhstan Kirgiziya Mirzachul 1 5 2 47 Bates (1934) - Atakishiev (1971) in Cramp et al. 1994 - Pek et Fedyanina (1961) in Cramp et al. 1994 1 Dolgushin et al. (1970) in Cramp et al. 1994 - Schistocerca gregaria Mantidae - - 1 6 - - - - - - - 2,1% Apis sp. - 1 - 2 - - Apis mellifera - 40-50 - - 61 % Sphecidae - - - - - Curculionidae - - - - 21 % Scarabeidae - - - 1 - 21 % Buprestidae - - - - - 21 % Carabidae - - - - - 21 % Isoptera 1 - - - - - Cicadidae - - - 2 - - Heteroptera - - - - - 6.3 % 1 Remerciements Nous remercions M. le professeur S. DOUMANDJI pour la détermination des insectes, ainsi que M. R. AISSAOUI., chargé de cours à Oum- El-Bouaghi et M. T. BENSASI, postulant magister à Oum-El-Bouaghi qui fut notre guide de cette région pour la collecte des pelotes. 433 USTHB-FBS-4th International Congress of the Populations & Animal Communities “Dynamics & Biodiversity of the terrestrial & aquatic Ecosystems""CIPCA4"TAGHIT (Bechar) – ALGERIA, 19-21 November, 2013 5. Références bibliographiques [1] BATES, G.L., 1934. – Birds of the southern Sahara and a joining countries in French west Africa. Ibis (13) 4: 213 – 239. [2] BORRETT, R. 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