Troubles alimentaires et image corporelle - Eki-Lib

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Troubles alimentaires et image corporelle - Eki-Lib
Troubles alimentaires et image corporelle
Les troubles de l’alimentation commencent habituellement à l’adolescence
Note de la rédaction : l’article suivant est basé sur une présentation donnée
lors du Women's Health Matters Forum & Expo 2003.
La plupart des femmes n’aiment pas l’image que leur renvoie leur miroir. Cette
insatisfaction face à leur image corporelle débute souvent à l’adolescence. C’est
en effet à l’adolescence que les fillettes courent le plus grand risque de
développer de mauvaises habitudes alimentaires. Et leur insatisfaction face à
leur corps vient souvent du fait qu’elles ont été harcelées à ce sujet par leurs
camarades, a déclaré Carla Rice lors d’un récent symposium sur le sexe et la
santé.
Spécialiste en programmes cliniques au Sunnybrook & Women’s Regional
Women’s Health Centre de Toronto, Mme Rice et sa collègue June Larkin ont
récemment fait une étude sur les fillettes et l’insatisfaction face à leur corps.
Dans le cadre de cette étude, les fillettes ont déclaré que le harcèlement
commençait à l’âge de neuf ans environ et qu’il avait un impact direct sur la
représentation qu’elles se font de leur corps. Dans le but d’éviter de se faire
harceler davantage, nombre de fillettes se mettent à adopter des façons de
cacher ou d’altérer leur corps.Les fillettes sont harcelées à propos de leur
poids
L’étude de Mmes Rice et Larkin portait sur des fillettes qui étaient en 7e et 8e
années.
Presque toutes, quel que soit leur physique, ont exprimé de
l’insatisfaction face à leur corps
« Quand j’étais en 5e année, on m’a même battue à cause de mon poids », a
confié une fillette à Mmes Rice et Larkin. Des camarades se mirent à lui donner
des coups et à lui dire qu’elle était grosse. D’autres fillettes ont raconté que
certaines de leurs amies avaient développé des troubles alimentaires parce
qu’elles se faisaient harceler au sujet de leur poids.
« Dans de nombreux cas, le harcèlement subi à propos de leur corps contribuait
grandement à l’insatisfaction qu’elles ressentaient face à leur corps et les avait
amenées à adopter des moyens de modifier leur corps ayant de graves
conséquences pour leur santé », affirme Mme Rice. Une autre fillette a raconté
comment une amie qu’elle avait invitée chez elle avait été malade lorsque sa
mère l’avait forcée à manger parce qu’elle n’avait rien avalé depuis trop
longtemps.
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Mmes Rice et Larkin ne sont pas les seules à arriver à de telles conclusions.
Une étude publiée en 2001 a révélé que 27 % des jeunes filles âgées de 12 à 18
ans en Ontario avaient une attitude et un comportement malsains face à la
nourriture. Cette même étude a aussi révélé que 7 % des fillettes âgées de 12 à
14 ans s’étaient fait vomir au cours du dernier mois dans le but de perdre du
poids.
« On s’accorde de plus en plus à dire que la prévention des troubles de
l’alimentation doit commencer dans les écoles élémentaires et intermédiaires,
avant que n’apparaissent de mauvaises habitudes alimentaires », de dire Mme
Rice. Des messages contradictoires
Mme Rice croit toutefois qu’il se pourrait que le programme d’éducation actuel en
Ontario empire le problème plutôt que de s’y attaquer. Le programme comporte
des messages contradictoires quant à l’importance de contrôler son poids, d’une
part, et d’accepter son corps, d’autre part, dit-elle.
Les inquiétudes que ressentent les fillettes à propos de leur corps sont
renforcées lorsqu’elles adoptent les normes culturelles courantes à propos du
poids. « Les idées répandues au sujet d’une alimentation et d’un poids sains
peuvent ajouter aux pressions qu’elles ressentent déjà pour perdre du poids. »
Une étude récente a montré que les gens croient nécessaire de modifier leur
alimentation seulement s’ils veulent perdre de poids. « Ils s’alimentent bien non
pas pour bien s’alimenter, mais pour maigrir. »
Mme Rice craint que les fillettes interprètent les messages à propos d’une saine
alimentation comme un incitatif à perdre du poids.
Les messages sur une saine alimentation sont confondus avec les messages sur
un poids santé. Les fillettes auxquelles ont parlé Mmes Rice et Larkin avaient
bien appris à surveiller leur alimentation comme moyen de base pour réduire son
poids. Les messages sur une alimentation santé ont appris aux fillettes
l’importance de surveiller son poids. Beaucoup d’entre elles en ont déduit que le
contrôle du poids et l’amélioration de son corps sont une seule et même chose.
Elles croient que quelque chose ne va pas chez elles si elles ne cherchent pas à
contrôler leur poids.
Le fait de cibler les fillettes grassouillettes pour ce qui est de contrôler son poids
a pour effet d’augmenter leur insatisfaction face à leur corps de même que les
problèmes d’alimentation.
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Il faut aussi se garder d’établir des liens entre l’activité physique des enfants et la
prévention de l’obésité, ce qui, selon Mme Rice, serait un objectif douteux.
Autre conférencière lors du symposium, Mme Deborah McPhail admet que
l’attitude de notre société face aux personnes bien en chair est troublante.
Porte-parole de l’Institut d'études pédagogiques de l'Ontario, Mme McPhail a
déclaré que les personnes ayant une surcharge pondérale sont souvent perçues
comme étant paresseuses, gourmandes et en mauvaise santé.
Mettre l’accent sur la santé plutôt que le poids
Pour ne pas ajouter au stigma que ressentent les enfants qui sont jugés
corpulents, Mme Rice dit que les éducateurs devraient promouvoir l’activité
physique dans une optique de bien-être et de bonne santé générale plutôt que
pour prévenir l’obésité. Autrement, on renforcera l’insécurité que ressentent déjà
les fillettes à propos de leur corps. Mme Rice préconise l’élaboration d’un
programme d’éducation qui fasse échec au harcèlement fondé sur le corps et
mette en doute les normes culturelles à l’endroit du corps.
Les fillettes qui ont participé à l’étude disaient qu’elles voulaient tout simplement
être normales, mais elles avaient de la difficulté à préciser ce qu’elles entendent
par là. « Qu’est-ce que ça veut dire être normal de toute façon ? » demandait
une fillette. « Pourquoi pas moi? Pourquoi ne pourrais-je pas servir de
normale ? »
Les fillettes venant d’autres pays et appartenant à d’autres groupes culturels
peuvent aussi ressentir de la pression pour adopter les normes de notre pays,
affirme Mme Rice. Des fillettes nouvellement arrivées au Canada ont affirmé
qu’elles luttaient pour se conformer aux normes culturelles nord-américaines
face à leur corps. Une fillette roumaine a fait remarquer que dans son pays, être
en chair est désirable parce que cela veut dire que vous êtes riche. Ici, elle a
pris l’habitude de regarder sur les emballages le nombre de grammes de
matières grasses que contient un aliment qu’elle songe à manger.
«
L’adaptation au milieu veut dire renier son histoire et son corps. » Cela veut dire
se donner une apparence physique étrangère à la sienne.Des statistiques
alarmantes :
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Si elles ne se font pas soigner, jusqu’à 20 % des personnes atteintes de
troubles de l’alimentation mourront.
Environ 50 % des personnes qui ont souffert d’anorexie développent la
boulimie ou des comportements boulimiques.
Environ 90 % des personnes qui ont des troubles de l’alimentation sont
des femmes.
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