19810826 Le Jardin des Caresses

Transcription

19810826 Le Jardin des Caresses
26 Aôut 1981 (Soirée avec dames)
LE JARDIN DES CARESSES
Je poussais mon plateau, un soir au Casino, quand une petite mimine blonde,
rieuse, aux boucles folles, s’en vint à caresser la mienne.
Je trouvais ce jeu-là charmant et répondis à ces chatouilles en savourant
comme il convient ce modelé, ce potelé, ce charme des quatre fossettes
d’une menotte de six ans.
Puis, me tournant vers la maman, je lui dis « quel âge adorable où ce petit jeu
des caresses nous attendrit, nous fait sourire, sans aucune arrière-pensée ».
« Moi aussi, j’aime les caresses me dit la maman simplement. Allez c’est à
moi maintenant ! … »
Son mari était derrière elle. Je n’ai pas jugé nécessaire de poursuivre ce jeu
plus loin.
Et puis d’ailleurs !.... Euh … j’avais faim !
Mais ce chuchotement des mains, ces frôlements qui font du bien, chacun les
aime et les réclame.
Oui, vous Monsieur qui faites le malin,
Vous ne détestez pas votre petit câlin !
Peut-être oui, mais les tatous,
Qui vient leur caresser la joue ?
Et la tortue, le hérisson
Boudent chacun à sa façon
En s’enfermant dans sa maison.
Comme ces enfants mal aimés
Repoussent cette main qui cherche à les flatter
En prenant l’air importuné de celui qui est dégoûté !
Pauvre assoiffé qui fait semblant d’avoir trop bu !
Chien bien aimé donne la patte et distribue les coups de langue.
Chat de maison vient se frotter.
Il vient pour vous solliciter et cherche la main de son maître qui est aussi
heureux que lui en passant la main sur son dos, entre les oreilles ou sous le
menton.
Sacré Mistigri, machine à ronron !
Et les chevaux, fières montures, on vous dit toujours « caressez l’encolure ! »
La caresse est partout. Tenez dans le regard.
On dit « un regard de velours » c’est déjà comme une caresse.
Alors on fait donner la voix. Il est c’est vrai des voix qui sont des coups de
poing, des voix qui claquent comme un fouet.
Mais il est des voix de velours qui sont déjà comme un baiser.
Des voix douces, magiques, légères
Comme un petit lézard qui court sur votre peau.
Certaines ont de vrais ronrons de petit chat,
D’autres des gazouillis d’oiseaux.
Toutes sont autant de caresses.
Et même ces ronflements d’orgues
Qui vous parcourent de frissons
C’est la caresse de géant.
Car il en est de toutes sortes,
Mais il en faut pour tout le monde.
Petit jeu de doigts qui se mêlent
Effleurement, légers prémices
La petite bête qui monte
Et puis le rire et le baiser.
Souvent c’est une main qui calme
Une main posée sur un front fiévreux.
Un souffle de maman efface les bobos.
Il est mille sortes d’amours
Tous se nourrissent de caresses.
On est trop timide ou trop prude
Et se toucher, c’est se connaître.
Voyez ! Que font les escargots
Se touchant du bout des antennes !
On dirait l’espace Cardin
Où l’on jouait au jeu des mains sur les visages.
Caressons les enfants, caressons les malades
Des caresses il en est qu’on réserve aux amants.
Mais il y des indigents.
Pitié pour ces pauvres humains
Qui pourraient se prendre pour des oursins,
Qui découragent les caresses
Bien sûr, on ne peut pas caresser tout le monde.
On peut alors toujours sourire
Et montrer qu’on a remarqué
Cet être un peu abandonné.
Le sourire est une aumône.
Demain peut-être on l’aimera.
En attendant lui, il caresse …
Oui, il caresse au moins … l’espoir !