On se tatoue pour trouver ses marques
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On se tatoue pour trouver ses marques
INFIRMIERS 2H00 Méthodologie / 20 pts Le texte suivant est un article de presse tiré du journal Ouest France. David Lebreton, Ouest-France. On se tatoue pour trouver ses marques Les marquages corporels correspondent à la volonté de rendre son corps plus beau, ils permettent aussi de se mettre en scène avec la satisfaction d'être dans l'air du temps. Mais le passage à l'acte peut renvoyer à bien d'autres choses. Ils répondent à une volonté de se construire une identité ressentie d'abord comme incomplète. Le sentiment d'identité aujourd'hui devient modulable. Alors on remanie son corps, il devient la matière première sur laquelle on se bricole des identités. On retrouve ce phénomène dans le culturisme, les régimes ou la chirurgie esthétique, qui touchent de plus en plus de gens. L'individu s'invente un corps à la hauteur de l'image qu'il en a. il s'agit de mettre le corps en harmonie avec soi. De se sentir, justement, bien dans sa peau. Pendant des millénaires, le corps a été vécu comme une souche identitaire non remaniable. On avait un corps pour le meilleur et pour le pire. Aujourd'hui, plus personne ne vit son corps comme un destin. Avec les nouvelles techniques, on peut endosser une identité rêvée, Une étudiante, très émue, nous racontait qu'après son tatouage, pour la première fois de sa vie, elle avait l'impression que son corps était enfin complet. Ces méthodes peuvent correspondre à une volonté de marquer sur son corps un moment de mémoire, une expérience forte. Le nom d'une personne aimée « qu'on a dans la peau » par exemple. Un étudiant s'est fait tatouer au moment d'une rencontre amoureuse qui lui tenait à cœur. La fille s'en va. Il porte sa main sur la flamme d'une bougie et se brûle : autre marque cette fois pour se souvenir de ne plus jamais tomber ainsi amoureux. La peau peut aussi symboliser l'appartenance à un groupe. Les skinheads se reconnaissent à leur crâne rasé. C'est là une affirmation politique. La douleur donne du poids à l'acte. Elle rappelle l'importance du moment qu'a vécu le jeune. Ce n'est pas du tout du masochisme, ça n'aurait aucun sens de dire ça. La douleur marque le prix de l'expérience, comme un rite personnel de passage. Le piercing n'est pas douloureux en soi, mais l'acte est angoissant. Il se pratique sur des organes particulièrement sensibles, comme la lèvre, la langue. Le jeune doit surmonter l'appréhension pour être capable de livrer son corps au perceur. C'est le même genre de défi que de plonger des six mètres à la piscine. Le jeune appréhende souvent le regard des parents, forcément décalé d'une génération. Les parents sont restés dans l'imaginaire d'il y a vingt ans, quand le tatouage était associé à la marginalité, II y a là parfois un motif de tension entre les générations. Mais après la stupeur, les parents, dans leur majorité, acceptent la démarche de leur enfant. Je me souviens d'une étudiante d'origine portugaise, dont les parents étaient plutôt traditionnels. Elle craignait beaucoup qu'ils découvrent son tatouage. Finalement, interloqués, ils ont posé beaucoup de questions. Ça a été l'occasion d'échanges et de retrouvailles. Le jeune en se faisant tatouer ou percer, se réapproprie son corps. Symboliquement, les parents supportent mal cette prise d'autonomie, ils ont la nostalgie d'un enfant dépendant, dont le corps leur appartenait. Les marques corporelles sont appelées à avoir un grand engouement. Il ne faut pas les juger mais les comprendre. Les parents doivent admettre cette culture (,..) Ces marques corporelles répondent à la crise de la jeunesse, au mal de vivre des jeunes. Les jeunes d'aujourd'hui sont moins les héritiers de leurs parents que les inventeurs de leur propre vie. Les cadres de la transmission sont effacés. Ils sont livrés à eux-mêmes. Cette liberté leur octroie une grande marge de manœuvre, mais la rançon de cette liberté, c'est le mal être, le manque de cadre et d'orientation, d'où le développement des conduites à risque, du mal de vivre. Le tatouage et le piercing sont une manière de reprendre sa vie en main, de se construire une identité personnelle, de se remettre au monde, Le tatouage provisoire est pratique. Il répond bien au désir de changer souvent d'apparence. Je crois que le marché du tatouage éphémère se développera. Le piercing est définitif car on perce la peau, maison peut enlever le bijou. Beaucoup l'enlèvent d'ailleurs avant un entretien d'embauche, pour ne pas faire une impression défavorable. Nous sommes dans une société du spectacle, régie par un impératif d'apparence. Les produits de consommation se multiplient pour mettre en scène la présence. Maquillage, teinture des cheveux et accessoires servent à se distinguer. L'apparence devient une raison d'être. C'est un phénomène récent. On est moins solidaires, moins ensemble, les individualismes sont croissants. Le regard prend alors une position essentielle. On est ce que les autres voient de nous. David lebreton, Ouest-France. Questions : 1. Définitions des termes et expressions soulignés. 2. Dégagez les idées principales données par le journaliste. 3. « Le jeune en se faisant tatouer ou percer, se réapproprie son corps. » Que pensez vous ce cette affirmation ; argumentez en une quinzaine de lignes.