Le castor - Le Smiril

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Le castor - Le Smiril
Les castors, gestionnaires actifs des îles et lônes du Rhône en cet hiver 2008/2009
Photo Bruno Fouillat
Les familles des iles et lônes du Rhône
En ce début d’année 2009, 7 familles de castors sont installées sur le Vieux Rhône et 2 sur le Canal.
Sachant qu’une famille est composée de 2 adultes, 2 jeunes de l’année et 2 jeunes de l’année précédente, on
comptabilise donc une 40aine de castor sur le Vieux Rhône !
Leurs présences sur notre espace cet hiver 2008/2009 :
La famille du Vieux Port à Irigny s’est appropriée la zone de la Mouche et de l’étang Guinet
En 2 mois (mi-novembre à mi janvier 2009), cette famille a abattu 77 arbres de plus de 10 cm de diamètre. Ses
préférences gastronomiques vont vers les bois tendres, peupliers et saules. Il peut abattre un arbre de 25 cm de
diamètre en 4h00.
Pour rejoindre l’étang Guinet, la famille monte un escalier de 14 marches et en redescend 3 avant d’affronter 100 m sur
du plat malgré ses 7 à 8 kg à trainer au sol !!
Cette famille nous a étonné il y a quelques années, car au cœur de l’hiver, il nous est arrivé de voir des arbres rongés à
une hauteur de 90 cm de haut ou de voir des branches rongés à 1m20 dans la houppe … Le castor grimperait-il aux
arbres ? Après réflexion, l’énigme fut vite résolue par nos naturalistes fin déducteurs des indices laissés par les
animaux : il s’agit de coupes réalisées durant des crues, qui ont permis au castor de grignoter à une hauteur inaccessible
en temps normal !
La famille la lône Ciselande à Vernaison dépose tous les ans du castoréum aux quatre coins du lieu pour marquer son
territoire. Ambiance embaumée assurée au printemps.
La famille de la lône Table Ronde installe régulièrement sa hutte à l’embouchure, bénéficiant ainsi de l’eau calme de la
lône et du fleuve pour des nages en eaux plus tumultueuses. Tels des stars, ils se sont installés face à l’observatoire, afin
de permettre aux plus courageux qui feraient des affuts tôt le matin ou tard le soir de pouvoir les observer sans les
déranger.
Photo Vincent Gaget
Dans la lône Jaricot à Vernaison, du saule avait été planté pour maintenir la berge et attirer le castor. Nos prévisions ont
marché, et en effet, une famille vient régulièrement grignoter cet arbuste qui fait partie de ses mets préférés.
L’hiver, la hutte en amont de la passerelle s’offre au regard des passants.
Les saules de la lône ont été plantés pour éviter l’érosion de la berge mais la famille ne prélève pas suffisamment d’où
une coupe des gros brins de + de 5 cm de diamètre pour monter une saulaie de petits bois. On évite ainsi d’avoir de trop
gros arbres qui en tombant pourraient faire levier et emporter beaucoup de terre avec les racines.
La famille de la pointe de l’île travaille toute les nuits, au grand damne de l’équipe du
SMIRIL qui ne voit que ces travaux mais arrive très rarement à l’apercevoir
Le castor et le plan de gestion pour la biodiversité
La ripisylve (forêt des bords de cours d’eau) est caractérisée par le peuplier et le saule. Notre plan de gestion favorise
donc leur présence au grand plaisir de nos castors.
Dans le cadre du plan de gestion, la diversité des milieux est favorisée, ainsi des zones de prairies sont conservées. Une
coupe des arbres est donc réalisée par l’équipe technique… aidé parfois par nos partenaires non conventionnés : les
castors ! (cf ci-dessous)
Un peu d’histoire… l’homme et le castor au fil du temps
Au début du XXème siècle, le constat est catastrophique : la population de castor a quasi disparue de France à part en
Camargue.
Le castor était pourtant très présent dans nos contrées ; en témoigne les noms de lieux et rivières en de nombreux
endroits : dans notre secteur, on a ainsi entre l’île Crémieu et Grenoble la plaine de bièvre, l’île du Beurre, la Brévène,
tous des noms étymologiquement liés au castor.
Pourquoi a-t-il disparu ?
Sa peau était utilisée pour faire des manteaux et pour les casques de la garde anglaise.
Au Moyen-âge, les moines affirmaient que les castors étaient des poissons avec l’argument qu’ils vivent dans l’eau et
ont la queue couverte d’écailles. Il était donc de bon ton le vendredi de manger de la queue de castor farcie !
(http://dauphin32.bloguez.com/dauphin32/page20/ recette à boycotter bien sur !)
Les parfumeurs étaient avides de l’animal pour sa glande odorifère : le castoréum, notamment utilisé dans le patchouli.
(Principalement dans les parfums de prestige, les notes chyprées, orientales, cuirées, ambrées ou boisées).
Le retour du castor…
Il fait partie de 1ères espèces protégées en France en 1906.
Pour compenser la fourrure du castor, l’homme a alors élevé du myocastor (ragondin). Relâcher dans la nature, il s’est
approprié le territoire. N’ayant aucun prédateur et ayant une tolérance assez forte par rapport au nombre important
d’individu sur un même territoire, il a eu tendance à se multiplier grandement au détriment du milieu. Il est classé dans
les espèces nuisibles.
Le castor remonte alors de Camargue et en 1979 arrive sur l’île de la Table Ronde.
Sa hutte historique sur l’île a permis de mettre cet espace en arrêté de biotope.
Le castor est bloqué dans sa remonté au Nord de notre espace par le barrage de Pierre-Bénite.
La FRAPNA, le CORA et l’ONC capturent alors une 15aine de castors au sud de Lyon et les réimplantent au Nord… Ces
derniers sont remontés jusqu’en Savoie. La crue de 1992 fut meurtrière : 92 familles périrent au Nord de Lyon, mais ce
qui prouve aussi qu’ils s’étaient développés !
Le parc de la Tête d’Or a exposé des castors vivants jusqu’en 1985 (300 castors ont vécu dans le parc, régulièrement
remplacé car la durée de vie était très courte dans ce milieu trop restreint pour notre vedette).
Questions pour un champion :
Craint-il la pollution de l’eau ?
Pas directement, n’étant pas un prédateur des poissons ou des plantes aquatiques, il est moins sensible que d’autres
espèces.
Mange-t-il des poissons ?
Non, il se nourrit de feuilles d’arbres et de rameaux voir d’herbacées en été et d’iber
en hiver d’où cet acharnement à faire tomber les arbres à cette saison.
Le castor ronge-t-il pour le seul plaisir gastronomique ?
Il est vital pour lui de ronger car ses dents poussent en continue et s’il n’use pas ses
dents, elles peuvent pousser à l’infini, finissant par handicaper terriblement l’animal,
l’empêchant alors de se nourrir.
Comment se fait la régulation de la population de castor ?
Elle se fait par les prédateurs : par le loup pour les adultes, donc peu de mortalité par
prédation par chez nous et par le silure pour les jeunes. Les crues peuvent aussi avoir un effet
dévastateur. Les familles sont très territoriales. La régulation se fait donc d’elle-même sur un
territoire et les jeunes vont chercher un cours d’eau plus loin quand ils sont adultes.
silure
Peut-il y avoir surpopulation de castor puisqu’il n’a plus de prédateurs ?
Les familles sont très territoriales, les jeunes une fois adultes vont se chercher un territoire plus loin. Il ne peut donc pas
y avoir surexploitation à l’inverse du ragondin qui a une stratégie de peuplements différents et qui peut avoir tendance
à trop se développer dans notre secteur.
Ragondin
Photo Vincent Gaget
Photo Bruno Fouillat
Le castor peut-il vivre sous l’eau sans respirer ?
Non, comme tout mammifère, il a besoin de respirer à l’air libre et remonte régulièrement à la surface quand il est sous
l’eau, il ne peut y rester que 5 à 6 mn …
Le castor peut-il vivre 100 ans ? Ils vivent en moyenne 7 à 8 ans avec un maximum de 25 ans pour les anciens.
L’accouplement a lieu en février, la gestation est d’une centaine de jour, et les naissances ont lieu en mai avec une
moyenne de 3 petits. Ils sont adultes à 3 ans.
Nous vous souhaitons de belles découvertes des traces et indices du castor sur le site, voir pour les plus chanceux, de
rencontrer notre bel animal emblématique…
SMIRIL – 11/03/09