Le Cairn - Emmaüs Lescar-Pau
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Le Cairn - Emmaüs Lescar-Pau
Le Cairn 81 n0 Trimestriel du Village Emmaüs Lescar-Pau Avril 2015 - www.emmaus-lescar-pau.com un projet dUn projet de vie dans e société al ternative e ns l a d es s, mar itoyen, l s 6 et 1 antier c Emmaü 9 e h s Le un c Village é plus d ’ d e cadr ants du nt plant s. t e habi r-Pau o mellifèr a Lesc rbustes a 200 Le 8 janvier à l’ouverture, les habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau invitent les visiteurs de l’Espace vente à une minute de silence. 1 De plus en plus de personnes et surtout des jeunes demandent à rejoindre le Village Emmaüs Lescar-Pau alors qu’il y a encore quelques années ils n’exprimaient pas cette intention. Les aides sont inexistantes pour les personnes de moins de 25 ans. Mais, ce vide ne justifie pas entièrement la croissance de ce besoin d’accueil. Beaucoup de jeunes sont désoeuvrés : absence de projet de vie, d’idéal, doublé du sentiment d’être incompris voire rejeté par la société. Face à cette réalité d’abandon de la jeunesse, notre aveuglement est tel que nous laissons faire, tant que ça ne concerne pas nos propres enfants… L’ambition du Village Emmaüs Lescar-Pau est de redonner leur dignité à tous ces jeunes. En leur proposant d’évoluer dans une microsociété alternative où se mêlent l’humain, la culture, l’agro-écologie, nous tentons de leur apporter de l’espoir, l’envie d’être et surtout l’envie de vivre. En découvrant un mode de vie plus solidaire, original mais non marginal, ils redonnent du sens à leur vie. La sculpture « Le Chemin de l’Utopie » exprime pour partie cette reconstruction de la jeunesse et de toutes les personnes qui ont participé à l’évolution de notre projet utopique. Par son dynamisme, elle symbolise l’envie d’avancer, de construire, de se projeter dans l’avenir ! Germain, responsable du Village Emmaüs Lescar-Pau Appel à créativité ! Le Village Emmaüs Lescar-Pau souhaite avoir une image en phase avec son projet alternatif. Il lance un appel à la création d’un logo qui garde une référence forte au mouvement Emmaüs tout en soulevant son originalité à savoir : - un projet de société alternative, - une parole politique forte, - un engagement dans l’agro-écologie et la préservation des espèces, - une réflexion urbaine autour de l’écoconstruction et de la citoyenneté, - un accès à une culture engagée pour tous, - une autonomie financière totale, - une activité principale de récupération tendant vers zéro déchet. 2 le 10 janvier au matin, l’Espace vente du Village Emmaüs Lescar-Pau reste exceptionnellement fermé. La plupart des habitants ont choisi de rejoindre le rassemblement palois. 3 Le 19 février, à La Paz, accueil par David Choquehuanca (au centre), ministre des affaires étrangères, dans son bureau. Un échange d’une heure a eu lieu en présence de Jean-Paul Guevara (à droite), ambassadeur de Bolivie en France. Bolivie Bolivie Du 18 au 25 février, une délégation du Village Emmaüs Lescar-Pau était en Bolivie en vue d’un renforcement de partenariat avec une communauté de paysans dont le principal objectif est l’accès à une parole politique autour du bien-être de la personne et l’échange de savoir-faire agricoles. La délégation était composée de Germain, responsable du Village Emmaüs Lescar-Pau, Tayeb Cherfi, programmateur du Festival Emmaüs LescarPau et Jean Ortiz, spécialiste de l’Amérique du Sud du XXème siècle. Sur place, ils ont été rejoints par Fabien, jeune responsable du Chantier Solidaire, actuellement en séjour en Amérique Latine. « Ce fut une expérience exceptionnelle, unique. Humainement, nous sommes sortis du cadre de pensée et d’attitude occidental. Nous sommes arrivés dans un pays neuf, avec une extraordinaire dynamique et une foi en l’avenir. Moi, fils d’immigré, j’ai été extrêmement touché par la façon dont la Bolivie aborde les multiples conséquences liées à la colonisation. Dans ce pays, elle n’est pas taboue. Les Boliviens abordent cette question librement et vivement... Leur logique communautaire fait qu’ils se retrouvent ensemble. Ce peuple, humilié et multiculturel, agit et milite pour la valorisation de ses origines et par là pour mieux s’ouvrir aux autres. Vraiment, j’ai reçu une leçon d’humanité ! » Tayeb « En Bolivie, tout repose sur un peuple qui recommence à être lui-même. Tout est basé sur l’équilibre, le partage, l’harmonie, la recherche d’un consensus, d’une organisation et d’une production autrement. Oui, c’est possible ! La pauvreté a reculé. Le gouvernement a choisi une politique de lutte contre la pauvreté. Ça marche ! » Jean « La protection des dirigeants, c’est le peuple ! » Evo Morales - A l’issue de la rencontre, à pied, ils ont traversé La Paz pour suivre David Choquehuanca à une conférence qu’il a donné devant 300 personnes, des travailleurs de la coopérative de télécommunication, Cotel. Le Chancelier bolivien est théoricien du Buen vivir. Le 20 février, première rencontre à Cota Cota Baja avec les autorités et le coordinateur bolivien du partenariat, Rolando (à droite, l’homme au chapeau), nommé fin mars. La délégation a été accueillie à La Paz par l’ambassadeur de Bolivie en France, Jean-Paul Guevara. Il leur a fait rencontrer le ministre des affaires étrangères de l’Etat plurinational de Bolivie, David Choquehuanca, avant de faire un séjour dans la communauté du Syndicat Agraire de Cota Cota Baja avec qui des liens existent depuis 2 ans (cf. Cairn n°75 et n°78). 4 5 Bolivie De nombreux échanges ont eu lieu avec représentants de Cota Cota Baja. Afin de s’inscrire dans la pérennité d’un partenariat, ils doivent désigner un des leurs afin qu’il devienne pour plusieurs années l’interlocuteur du Village Emmaüs Lescar-Pau. En 2015, deux temps forts devraient se dérouler : la venue au Village Emmaüs Lescar-Pau de 3 représentants boliviens. Cette mission devrait coïncider avec les Rencontres Internationales du Réseau des Semences Paysannes en septembre. Puis, en octobre, 3 habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau feront le déplacement en Amérique Latine. Germain définit le projet : « Nous devons apprendre à nous connaître autour des alternatives que nous développons tant sur le plan d’une association (Village Emmaüs Lescar-Pau), que sur le plan d’une ville (Marinaleda) ou d’un pays (Etat plurinational de Bolivie). Nous devons faire découvrir cette réalité bolivienne d’engagement politique qui nait de la base aux jeunes occidentaux afin qu’ils s’approprient une conscience politique. » Le 21 février, chantier collectif à Cota Cota Baja. L’enjeu étant la plantation de plus de 200 arbres, un par famille, pour reboiser une parcelle. Avant la plantation, l’opération s’organise dans l’instant après échanges entre tous les habitants. De nombreux échanges ont eu lieu avec les représentants de Cota Cota Baja. Afin de pérenniser le partenariat, ils doivent désigner un des leurs afin qu’il devienne pour plusieurs années l’interlocuteur du Village Emmaüs Lescar-Pau. En 2015, deux temps forts devraient renforcer les liens : la venue en Béarn de 3 représentants boliviens ; mission qui devrait coïncider avec les Rencontres Internationales du Réseau des Semences Paysannes en septembre. Puis, en octobre, 3 habitants du Village Emmaüs LescarPau feront le déplacement en Amérique Latine. Germain définit le projet ainsi : « Nous devons apprendre à nous connaître autour des alternatives que nous déve- 6Distribution des arbres. Patrick3, Gérard, Mathieu dit « Bichon » et Jean-Pierre2 vous invitent à faire un Charlie ! loppons tant sur le plan d’une association (Village Emmaüs Lescar-Pau), que sur le plan d’une ville (Marinaleda) ou d’un pays (Etat plurinational de Bolivie). Nous devons faire découvrir cette réalité bolivienne d’engagement politique qui nait de la base aux jeunes occidentaux afin qu’ils s’approprient une conscience politique. » 7 Paroles d’habitants Les jeunes arrivent au Village Emmaüs Lescar-Pau souvent en état de mal être. Ils y découvrent un autre modèle de société. Certains Du Village Emmaüs Lescar-Pau apprennent un métier, s’initient aux règles de vie en collectif, avec la solidarité et l’entraide. La plupart adopte une famille alternative. Ils se construisent en apprenant à donner du sens à leur projet de vie. « J’ai débarqué ici en catastrophe. J’avais écumé toutes les possibilités familiales et autres », précise Alexandre. Depuis ses 14 ans, il mène un parcours du combattant. Jeune, seul, un peu rebelle et difficile, il va de galère en galère. Peintre en bâtiment, il ne trouvait pas de travail ou il tombait dans des plans bancals… C’est une ancienne famille d’accueil qui l’a orienté vers Emmaüs Lescar-Pau. Petit, il avait suivi l’évolution du village mais avec un regard d’enfant : « Même si gosse, je venais toutes les semaines, je ne voyais pas les gens qui travaillaient ici. » Pourtant, il débarque sans a priori. La découverte est une surprise : « cool ! ». Il intègre immédiatement la notion de vie en collectif. Deux ans après, il constate : « c’est la Paroles d’habitants Du Village Emmaüs Lescar-Pau Originaire de Pau, Guillaume reconnait volontiers être arrivé au Village Emmaüs Lescar-Pau par défaut. Maçon de formation, il est resté un an sans emploi avant de partir faire une session de perfectionnement. Mais, elle tourne court. De retour au domicile familial, sa Maman est radicale : « tu ne vas pas rester à rien faire à la maison. Tu n’as qu’à rejoindre Emmaüs ! » Au bout de 10 mn de réflexion, Guillaume, qui est un habitué de l’Espace vente depuis tout petit, se dit : « Je n’avais pas assez travaillé pour toucher le chô- mage. Je venais de galérer une année. Alors, en attendant de trouver mieux, pourquoi pas ? Au fur et à mesure, je me suis fait des amis, j’ai pris mes marques et surtout, je me suis senti mieux. Aujourd’hui, je reste par choix. » Alexandre // 23 ans Arrivé le 25 mai 2013 Ripper première fois de ma vie que je reste aussi longtemps en place ». Avant d’enchaîner sur l’activité : « Rester sans travailler ça va un moment. Là, j’ai la fierté de gagner ma croûte plutôt que d’être dépendant d’un système. Je ne suis pas fainéant ! Quand je me compare à mes potes, je vois vite tous les avantages que j’ai ici. Du coup, je fais de la pub. J’ai un travail , un toit rien que pour moi … je gagne mes sous. J’économise. Je me fais plaisir. Je construis mes projets personnels au sein du groupe. Là, je viens de m’acheter ma moto avec mes économies. Je réalise mon rêve de gosse ! Je ne pense pas qu’ailleurs j’aurais pu. Je suis bien ici, je m’y projette loin . En fait, tout en étant ici, j’ai des projets plein la tête ! » Guillaume revient sur la déception de précédentes expériences en entreprise. Il ne cherche plus de travail : « Tant que je suis bien ici, je reste ! » Guillaume // 22 ans Arrivé le 27 septembre 2013 À la vente 8 Il assume son statut de compagnon : « C’est un statut comme un autre ! » Guillaume parle avec fierté ce que ce statut sous-entend : joie de vivre, entente en collectif, grande famille…, tout en parlant de son évolution : « je suis moins timide. J’ai appris à ne plus fuir les gens, à les connaître… ». Il partage toujours des activités extérieures avec des amis d’adolescence ou d’aujourd’hui. 9 Paroles d’habitants Du Village Emmaüs Lescar-Pau La première fois, Mathieu dit «Bichon» arrive par obligation. Il reste peu. Deux ans plus tard, il revient par choix. « J’ai travaillé durant toute cette période à Lyon , mais basiquement la grande ville m’oppressait. J’avais envie d’un retour aux sources. Je suis du Béarn et de la campagne. Revenir ici était une évidence. Je ne me voyais ni dans une entreprise avec une relation hypocrite, ni seul dans une boite où personne te fait c*… Justement, j’aime qu’on me fasse c*… Je le rends bien . J’aime ce système de village. Tu sors de chez toi, tout le monde te connaît. Une ambiance familiale. L’isolement m’emm*…de. J’assume ce choix d’autant que l’on n’est pas dans un cliché misérabiliste. On fait un combat ensemble. Le vivre ensemble n’est pas une utopie légendaire. Ici, c’est cool ! La dynamique est assez forte pour me donner un coup de pied au c*…, et j’en redemande car je suis un nostalgique. Je vis dans le passé, dans mon passé. Je suis cas*…-cou*… avec ça. A mon jeune âge, je suis un vieux c*… Ici on m’aide à passer à autre chose. De plus, comme je ne suis pas ok avec le système dominant, je ne me vois pas travailler à l’extérieur. Je refuse de donner mes sous à l’Etat : il n’est pas respectueux des travailleurs ». « Bichon » est carrément rebelle mais heureux de participer à quelque chose qui a du sens. « Si on baisse les bras, le combat mené ici depuis 33 ans ne servira à rien . Continuons la lutte ! » *Le vocabulaire et les expressions qui sortent de la bouche de Mathieu dit «Bichon» ne peuvent pas être couchés sur papier. Veuillez nous excuser d’avoir atténué ses propos… Inversement, merci à Mathieu dit « Bichon » de sa généreuse tolérance. 10 Mickaël2 n’arrivait pas à trouver du travail : « C’était toujours la même exigence : avez-vous une première expérience ? Mais, en sortant de l’école, si personne ne te donne ta chance, tu ne peux pas avoir la première. J’allais d’échec en échec. J’étais blasé, écœuré. Mon contrat de jeune majeur a été cassé. Le foyer d’accueil m’a mis à la porte un 28 février.» Au moment où il part dans la rue, son éducateur lui parle d’Emmaüs. Il tente Tarnos, mais il n’y a pas de place. Finalement, c’est le Village Emmaüs LescarPau qui l’accueille suite à une vacance de place. « Je me suis installé. J’ai fait mon petit nid. Je m’en- tends bien avec tout le monde. Sincèrement, cette expérience m’est bénéfique ! » Et il mentionne pêle- mêle : la vie en collectif, l’ouverture vers l’extérieur, la façon de penser,… « Ici, on te demande juste de Mathieu dit «Bichon » // XX ans De passage du 12 décembre 2010 au 25 janvier 2011 Arrivé le 27 mars 2013 t’engager dans le collectif. Ça colle ou pas. Tu as le droit de faire tes choix, d’exprimer tes opinions. Ailleurs, c’est le contraire. » Mickaël2 poursuit : « Pourquoi suivre un schéma de mondialisation où tout le monde pense pareil ? On ne peut pas être emmuré dans une optique similaire. Chacun doit pouvoir avoir son libre point de vue. » Il enchaîne : « On s’engage dans l’écologie. C’est important ! Les Boliviens n’ont pas tort. Nous venons tous de la terre. Elle nous fait vivre. Nous devons prendre soin d’elle. » Mickaël2 // 20 ans Arrivé le 15 mars 2014 Ripper Quand des personnes se montrent sceptiques visà-vis de son statut de compagnon, Mickaël2 se fait pédagogue. « J’explique. Au final , elles s’intéressent. Elles le voient d’un bon œil . » D’autant que : « Pour l’instant, je suis bien ici. Je n’ai pas de réel besoin de bouger. En tant que ripper, je me déplace tout le temps. J’ai découvert un métier et je l’aime. » 11 Paroles d’habitants Quand Valentin arrive en Béarn à l’automne 2012, c’est pour intégrer un BTS. Erreur d’aiguillage, il ne débute pas son cursus. Mais, il choisit de rester sur Pau et d’y trouver du travail. « Les quatre premiers Du Village Emmaüs Lescar-Pau Lise avoue : « J’ai eu une première expérience de mois, j’ai trouvé sans problème. Les quatre suivants, j’ai raté ! » Finalement, il se retrouve à la rue. Au bout stage qui ne m’a pas convenue. J’étais dans un grand groupe international . J’avais l’impression d’être perchée dans un bureau sans avoir accès à la réalité. Il n’y avait rien de concret. C’était très marketing. L’objectif était de tirailler voire persécuter le consommateur et de créer des besoins qu’il n’a pas. » de 8 jours, un copain lui parle d’Emmaüs Lescar-Pau et du projet. L’idée le séduit d’autant que, dans sa famille, il passe pour le révolutionnaire : « J’ai toujours été contre cette société de consomma- tion et de paraître, alors je suis venu pour voir avec l’idée de rester 1 ou 2 mois… Maintenant, j’y suis, j’y reste ! » Dans le cadre de ses études, situées à la charnière de l’agronomie et de la communication, Lise précise : « Mon école nous donne des bases sur l’agriculture. C’est à chacun de choisir son orientation suivant ses convictions : suivre la voie de l’agriculture industrielle ou prendre celle des alternatives. J’ai eu besoin d’aller vers du concret, de voir la portée de ce que je faisais, d’évoluer dans des notions plus humaines. » Arrivée au Village Emmaüs Lescar-Pau en Chantier Solidaire, Lise participe à tous les ateliers. Elle s’immerge dans le fonctionnement global. L’idée de postuler pour un stage s’impose à elle progressivement. « La parole et l’engagement font partie de mon projet professionnel . Etre ici est un choix ! » Lise vit au village. Elle est totalement intégrée. Son défi est de s’appuyer sur un des projets du collectif en l’occurrence la Ferme alternative en lien avec le Réseau Semences Paysannes*. Par cette approche, elle veut conforter son orientation avant de continuer son chemin initiatique en faveur d’une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement. Toutes les pensées intuitives de Valentin se confirment : « Tout ce que j’avais imaginé se révèle être vrai. En grandissant, je trouve que la société est de pire en pire. Quand je vois le potentiel qu’elle a et qu’elle gâche… Dès que je peux, j’essaie de diffuser nos idées, d’expliquer aux gens notre projet. Ah oui ! Je veux être un maillon de cette aventure. » Lise // 23 ans Arrivée mi-septembre dans le cadre du Chantier Solidaire Au 1er janvier 2015 en stage de fin d’études dans le cadre d’un Master II Agronomie Aux Ateliers Communication et Ferme alternative Valentin // 23 ans Arrivé le 5 juillet 2013 A la Recyclerie-Déchetterie Valentin revient sur son statut qui ne convient pas forcément aux siens : « Moi, je suis très fier d’être compagnon , de tout ce que ce mot véhicule. Un ensemble de valeurs qui vont au-delà du simple job : être une immense famille, travailler ensemble, faire des choses bien . Ma famille admet car elle sait que c’est moi qui gère ma vie. Ici, on m’accepte tel que je suis. C’est le plus important. J’ai tout ce qu’il me faut : une occupation et des amis, la base de la vie. Je n’ai besoin de rien d’autre car tout le reste est superficiel . » Mais, Valentin est curieux de nature. Il sait qu’un jour il partira pour vivre d’autres expériences : « Je veux voir de mes propres yeux, je veux avoir un jugement lucide. » *Réseau Semences Paysannes : du 24 au 26 septembre, le Village Emmaüs Lescar-Pau accueille les Rencontres Internationales du Réseau Semences Paysannes : « Sème ta résistance ! Les Semences Paysannes nourrissent l’homme ». Lise coordonne le projet entre les deux partenaires. 12 13 Paroles d’habitants Chantier Solidaire Du Village Emmaüs Lescar-Pau Envie de bouleverser ton quotidien ? De vivre de nouvelles expériences ? Intéressé par les projets alternatifs et constructifs ? Envie de faire autre chose que de farnienter sur des plages surchargées ? Dans un premier temps, Jonathan est venu car, tout en ayant une activité, il cherchait à voyager et à rencontrer du monde. Puis, il a apprécié de s’engager dans des combats politiques ou d’avancer dans des projets qui ont un sens. La dynamique du Village Emmaüs Lescar-Pau et son ouverture lui permettent de répondre à ses deux objectifs. « La différence avec les autres activités bénévoles que j’ai pu exercer par le passé vient de la diversité des actions proposées et de l’amplitude du projet. Auparavant, je n’étais jamais tombé sur une telle énergie globale. » Jonathan parle de l’absence d’essoufflement : « Du fait du monde, du renouvellement des personnes, de la diversité des activités, on ne ressent pas de lassitude. On n’est pas enfermé dans un ronronnement de confort. On n’attend pas que les choses viennent à nous. On y va ! » Jonathan se sent investi même s’il n’est présent que par périodes. « A chaque retour, les gens sont contents de me voir. Je découvre ou je redécouvre. Je fais de nouvelles connaissances. Je m’accroche naturellement au wagon . Je suis happé par l’énergie ambiante. Finalement, je me sens acteur du projet. Absent, je m’informe. Je communique avec des amis et je me projette. Je vois ma vie ici. » Engage-toi à nos côtés et vis l’expérience ! Si les problématiques de surconsommation et de gaspillage, d’agro écologie, de développement durable ou de changement climatique éveillent en toi quelques interrogations, si tu as envie de découvrir un autre modèle de société entièrement indépendant, prends de l’avance et mobilise-toi. Participe à la vie du Village Emmaüs Lescar-Pau en rencontrant ses habitants et de nombreux jeunes venus du monde entier. Tente une expérience enrichissante en t’inscrivant aux Chantiers Solidaires 2015 ! Conditions de participation Jonathan // 32 ans Chantier Solidaire été 2013 et été 2014 Bénévole en décembre 2014 et en mars 2015 Âge : à partir de 18 ans Période : toute l’année Bénévolat d’été ou possibilité de stage conventionné Conditions : Gîte et couvert pris en charge par le Village Emmaüs Lescar-Pau contre participation à l’activité dans le respect des règles d’une vie en communauté. www.emmaus-lescar-pau.com/chantier-solidaire Parc Beaumont, les 30 000 manifestants furent invités à partager le repas de midi. Plus de 500 personnes se sont retrouvées autour d’un bol de garbure ou de couscous, préparés par l’atelier Cuisine du Village Emmaüs Lescar-Pau. L’Association AFRAHT64 a servi un thé à la menthe accompagné de biscuits tunisiens. 14 Khalida au service du couscous qu’elle a cuisiné avec d’autres compagnes (ons). 15 Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau Un projet de vie dans un projet de société alternative Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau Un projet de vie dans un projet de société alternative En France, pour être réinsérée, la personne est captée par un organisme, quel qu’il soit. Pour entrer dans le système d’insertion, elle s’appuie sur un travailleur social. La batterie d’aides mises en place doit lui permettre de s’en sortir. Malheureusement, malgré les compétences des professionnels, le système capitaliste enferme les personnes en demande dans l’assistanat. Publiquement, l’Etat affirme son intention de vaincre le chômage. Mais, sournoisement, il ne met pas en place de réelles politiques de lutte : il refuse le partage du travail et le partage des revenus. Il ne donne aucun moyen aux travailleurs sociaux pour mener à bien leur mission. Le décalage entre l’intention et la réalité enferme les personnes en difficulté dans l’assistanat qui devient presque un statut légitime. Les gouvernants achètent la paix 16 sociale à grands coups de RSA ou d’allocations de toutes sortes qui endorment les personnes et les enferment dans l’inutilité. Elles sont accompagnées économiquement mais elles restent seules sans pouvoir donner de sens à leur vie. Les valeurs fondamentales que sont l’entraide, la solidarité et le travail sont les grandes oubliées du système néolibéral. Au final, seules 15% des personnes en demande se réinsèrent. Et les autres ? Répondant à cette lacune, de nombreux organismes ou institutions gèrent le misérabilisme. Mais, en parallèle, d’autres refusent de se substituer aux manquements de l’Etat. Ne voulant pas cautionner l’hypocrisie de la société dominante, ils s’inscrivent ouvertement dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Pour cela, ils développent des expériences alternatives proposant à ceux qui le souhaitent de s’intégrer dans la société et de redevenir des citoyens à part entière par une autre voie. Tel est le cas du Village Emmaüs LescarPau, mais cette dynamique sociale ne lui est pas propre, loin de là. De tout temps, chez nous et ailleurs dans le monde, d’autres modèles sociétaux ont gravité en marge du schéma dominant pour apporter des réponses à ceux qui n’étaient pas en phase avec le schéma imposé. Des alternatives qui ont une égale légitimité face à la norme étatique. Des alternatives qui sont reconnues pour certaines. Des alternatives qui doivent être acceptées en fonction du principe de la démocratie et de la liberté. Des alternatives qui, en aucun cas, ne peuvent être considérées comme marginales car minoritaires ou en opposition avec la pensée suprême. 17 Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau Un projet de vie dans un projet de société alternative Vers de nouveaux modèles de société Assemblée mensuelle du Syndicat Agraire de Cota Cota Baja, 5 avril 2014. 18 Un éco-village tend vers des valeurs écologiques et bien souvent de partage. Il s’agit en général d’anciens villages abandonnés en raison de leur éloignement géographique des villes. Ils ont été rachetés et restaurés de manière écologique. Les habitants tentent d’y relancer une économie locale via l’installation d’agriculteurs, d’éleveurs, d’entreprises et d’autres activités artisanales ou touristiques. Ou, il peut s’agir aussi de lieux entièrement construits autour d’un projet commun à tous les futurs habitants. Un éco-village cherche à reconstituer une économie locale basée, en circuit court ou en économie circulaire, sur l’autosuffisance, dans une relation équilibrée entre les besoins de ses habitants et les ressources environnantes. Il fonctionne bien souvent comme une microsociété. Parfois, certains mettent en place une monnaie alternative afin de favoriser les échanges en interne. Dans les communautés intentionnelles, éco-villages et habitats groupés, certains termes se retrouvent souvent : – Constructions bioclimatiques et à énergies positives, phyto-épuration, énergies renouvelables. – Consensus (décisions prises à l’unanimité) et sociocratie (cf. page 20). – CNV : communication non violente permettant de résoudre les conflits. – Permaculture : méthode permettant de designer* un territoire. *Designer : En permaculture, concevoir un modèle d’aménagement et de développement d’un territoire, à partir d’un diagnostic écologico-humain, visant à prendre soin de la nature et de l’homme, et à partager équitablement la production. Le modèle bolivien Certaines sociétés dites « traditionnelles » développent des axes prioritaires différents de ceux du monde occidental. Elles ont du mal à s’exprimer pleinement. Elles sont souvent piégées par la rapacité du modèle néolibéral qui a tissé autour d’elles une toile d’araignée robuste comme lors des conquêtes ou des colonisations. Cependant, à force de résistance, des peuples parviennent à faire reconnaître et valoir leur culture ancestrale. Comme en Bolivie où les droits des peuples indigènes et de la diversité culturelle peuvent s’épanouir pleinement après avoir longtemps été relégués et méprisés par les colons. Les éco-villages ou comment vivre autrement Une nouvelle société émerge, celle du buen vivir, de la pachamama, des biens communs, de la souveraineté des peuples. En résumé, celle de la démocratie communautaire. Autour d’un bol, des habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau et François Bayrou, maire de Pau et président de la Communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées. De même, dans la société contemporaine, en marge du modèle dominant, des alternatives naissent d’un réel besoin. Car si tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits, ils n’aspirent pas tous à une même et unique société. Certains, de plus en plus nombreux, imaginent d’autres façons de penser, de vivre ensemble ou de travailler. 19 Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau Un projet de vie dans un projet de société alternative Le modèle sociocratique ou comment travailler autrement nité et d'organisation. Enfin, il est attaché à l'égalité de salaire, quelles que soient les compétences (expérience ou niveau d'étude) de chacun. Avec cette méthode de gouvernance, il n'y a pas de structure hiérarchique. La fonction de direction est répartie entre les différents permanents de l'équipe. Chacun est également responsable et porte sa part du projet. Les décisions sont prises collectivement, au consensus. A la division du travail, il préfère une certaine polyvalence, qui permet à tout un chacun de prendre la mesure de la réalité des différents postes, même si tout le monde ne fait pas de tout pour des questions d'affi- Si le fonctionnement en autogestion demande du temps et de l'énergie pour maintenir l'égalité entre les personnes, il favorise en contrepartie la prise d'initiative et l'implication de chacun dans le projet, gage de dynamisme et d'inventivité. L'autogestion, ce n'est ni évident ni naturel. Cela nécessite un apprentissage permanent et la mise en place d'outils à questionner et re-questionner sans cesse. Serge dit « Poupi » au service de la garbure qu’il a mitonnée avec le soutien d’autres compagnes (ons). Le projet utopique du Village Emmaüs Lescar-Pau salariés. D’autres viennent librement proposer de leur temps : les bénévoles ou les amis. D’autres y réalisent un stage. D’autres effectuent un TIG. D’autres… En remettant en question les fondements de la société dominante, en affirmant qu’avoir un statut de travailleur salarié ou par défaut qu’être bénéficiaire du RSA peut ne pas être la norme, le projet de vie des habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau interpelle voire dérange. En choisissant ce mode collectif, avec un statut spécifique*, le compagnon devient acteur de son insertion, ou plutôt acteur de son intégration dans la société puisqu’il ne suit pas la voie dogmatique. Les principaux facteurs de sa reconstruction sont l’activité, la solidarité et un cadre qui lui fournissent des repères. Dans le contexte utopique du Village Emmaüs Lescar-Pau, la personne expérimente d’autres formes « de vivre et de travailler ensemble » notamment par la démultiplication des statuts, par l’interactivité entre les postes ou par l’échange et la transmission des savoir-faire. On parle d’intégration dans la société civile et non d’insertion. La personne est toujours citoyen à part entière sur son territoire, même si elle expérimente une autre façon de vivre, car elle participe à la vie économique, à la vie sociale, à la vie culturelle… Peu importe le statut, l’essentiel est l’interactivité entre le collectif et la personne durant son passage. La mixité des statuts fait la richesse des rencontres, des échanges, d’un projet qui se construit sur le principe d’une dynamique participative. Evoluant hors cadre réglementaire, dans un système de prise de décisions dans l’instant avec les personnes concernées et non en instance par un conseil d’administration jaloux de ses prérogatives, le Village Emmaüs Lescar-Pau et son projet alternatif sont en évolution intuitive permanente. En effet, au Village Emmaüs Lescar-Pau, quels que soient les statuts des personnes, toutes partagent un objectif commun : la pérennisation du projet en mode collectif doublé d’un engagement fort, lutter contre les causes de la misère. Certains y vivent en permanence tout en ayant un espace de vie privée préservé : les compagnons (es). D’autres y exercent une activité professionnelle engagée : les 20 * Les communautés Emmaüs bénéficient du statut d’OACAS défini par le décret no2009-863 du 14 juillet 2009 relatif à l’agrément des Organismes d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires. Il n’est pas exclusivement réservé aux communautés Emmaüs. « Le statut d’OACAS permet aux communautés, sous réserve du contrôle par l’Etat d’abus éventuels, de poursuivre leur longue histoire d’expérimentation socio-économique dans une liberté d’initiative large, sans contrôle a priori, et non dans un cadre règlementaire préétabli et contraignant. Porteuse d’une forme de contestation des modes de vie, de production, d’échange, de partage, de consommation, la communauté conserve, malgré son statut législatif, une force d’interpellation et une capacité de propositions alternatives qui l’inscrit résolument dans l’économie solidaire. » Extrait de « Un Job pour Tous », 2014. Ouvrage de Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France de 2007 à 2013 21 Éloge du beau Hommage à l’abbé Pierre sous la statue « AbbéPierre » créée en 2009 par Jean-Marc Martinez et Laurent Bardier et récemment installée dans l’alignement de la sculpture « Le Chemin de l’Utpie ». Éloge du beau Le 22 janvier, en hommage au départ de l’abbé Pierre, le Village Emmaüs Lescar-Pau offrait un temps d’émotion intense. Il célébrait sa façade nord sous son nouvel aspect, mettant en exergue un des objectifs de son projet politique : l’art fait partie du processus de construction de la personne. Mais, bien plus que la mise en avant de son image, c’est tout le Village Emmaüs LescarPau qui s’est révélé. En fin de cérémonie, le maire, Serge4, entouré de tout le conseil municipal, dévoilait le plan du Village Emmaüs Lescar-Pau. Cette première présentation est le fruit d’un travail d’appropriation par tous les habitants de leur espace de vie. Toutes les voies (chemins, rues…) et certaines places ont été nommées, faisant référence aux origines d’Emmaüs LescarPau comme à ses engagements. Une place «Je Suis Charlie » a été inaugurée. Placée sous le signe de la Mémoire comme de l’Avenir, cette matinée, rythmée par Yélé Kabé, la batucada du Village Emmaüs Lescar-Pau, a regroupé plus de 400 personnes. « En 1997, dans la première communauté où je me suis arrêté, Etoile-sur-Rhône, l’abbé Pierre et Haroun Tazieff étaient invités. Au repas, j’étais face à eux. Ce fut une soirée mémorable où je n’ai eu qu’à écouter. Le premier disait que la pauvreté n’est pas une fatalité. Le second argumentait autour du communautarisme et de l’ignorance qui conduisaient aux conflits. J’espère que les évènements de janvier ne sont pas un effet de masse, que nous retrouverons cet élan dans notre quotidien. » Serge dit « Serge de Berni». 22 « Ces derniers temps, on se rend compte qu’il y a du boulot. Suite à beaucoup de violence, les gens se sont levés. Ils ont bougé. Ils ont dit qu’ils voulaient du vivre ensemble, de la liberté de parole. Mon souhait est qu’on continue tous à être des petits Abbé Pierre, à bouger ensemble, à avancer sur le chemin de l’Utopie dans la Liberté et dans la dignité. » Claudine. « En 50 ans, je l’ai rencontré à 2 reprises. La première fois, ado, j’étais bête et rebelle. La seconde en 99, je revenais de Compostelle. Je voulais échanger avec lui sur cette expérience. Il m’a accueilli. Je n’ai rien pu dire. Il a parlé. Mais, il a signé ma crédential. » Patrick3. « S’il vivait, il dirait : Mes amis, levez-vous ! Que se lèvent les résistants d’aujourd’hui ! » Jean Ortiz, ami du Village Emmaüs Lescar-Pau. « Je l’ai rencontré à plusieurs fois. Quand je pense à lui, je vois un visage où se reflétaient la bonté et un leitmotiv : Et les autres. Et les autres. Et les autres… Que nous soyons croyant, non-croyant, athée, mais tous laïcs, continuons le combat de l’abbé Pierre ! Soyons dignes de son héritage ! » Joël. Rencontre d’habitants du Village Emmaüs LescarPau avec Didier Larrieu, maire d’Arbus et président de la Communauté de Communes du Miey-de-Béarn, Lors du pique-nique palois « Je suis Charlie » « Par 2 fois, ici, ma route a croisé la sienne. Il y a des rencontres qu’on sait déterminantes. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la force incroyable qui émanait de lui et qui était en contraste avec sa fragilité et son humilité. Cette force, c’était celle de la solidarité. Je suis convaincu qu’à Lescar-Pau c’est cette même force qui nous anime. Je suis fier d’être compagnon du Village Emmaüs Lescar-Pau. » François1er. 23 Éloge du beau Le long du chemin « Chapeau à vous ! » (cf. aux artistes) Jean-Marie. « Pour moi, tous ces gens qui avancent dans la même direction signifient : malgré nos différences nous arrivons à marcher ensemble. » Alexis. « Les silhouettes sont de plusieurs tailles. Elles n’ont pas de couleur de peau, pas de nationalité. Elles disent : nous marchons tous ensemble dans le même sens. » Telma. « Elle évoque un chemin de mémoire. De ceux qui sont passés. De ceux qui passent. De ceux qui passeront. Elle évoque un slogan : bien différents, bien ensemble. » Jean-Pierre1. L’inauguration de la sculpture, « Le Chemin de l’Utopie », a fédéré autour des artistes quelques habitants invités à un moment de prises de paroles sincères. « Cette composition est créée à partir de 50 silhouettes posées sur une partition qui racontent toutes une petite histoire. » Fanny Piérot. 24 « Un tel projet coûte cher. Nous avons réussi ce pari grâce à des gens engagés qui accordent leur confiance à des artistes. C’est énorme, car c’est très rare d’autant qu’ici, la qualité de vie et la qualité humaine sont incroyables ! » Nathanaël Petitjean. « Passé la surprise de la découverte de la face cachée d’ici, nous nous sommes appropriés l’ampleur du projet. Si nous n’avons pas été à la hauteur de ce projet, nous avons été à la longueur… » Monsieur Térez. « Elle est l’image d’Emmaüs : des hommes debout qui ne restent pas figés comme dans une société bien-pensante. » Gérard. « P… que c’est beau ! Je vous recommande de venir tous les matins, tous les soirs, de voir combien la lumière reflète dans la couleur des silhouettes… Et, surtout, n’oubliez pas l’autre face ! » Pablo. « Cette sculpture est impressionnante car du coup, l’Utopie devient concrète ! » Cédric. 25 Éloge du beau « Les pauvres ont droit à l’art, à la beauté ! » Hugo. Jean-Paul Brin, 6ème adjoint au maire de Pau, dépose un message de soutien au nom de la municipalité de Pau. Petite discussion conviviale avec Martine Lignières-Cassou, députée des Pyrénées-Atlantiques. « J’ai eu la chance d’y participer pendant plusieurs semaines. Je m’y suis reconstruit car j’y ai vu ma vie. » Hervé. « J’invite tout le monde à se planter devant chaque silhouette. Devant une, vous vous retrouverez. » Jean-Marc Ruiz, Lescarien et ami du Village Emmaüs Lescar-Pau. . 26 « Je fais partie de ceux qui ont connu Mirepeix. Quand je vois le chemin parcouru, je suis fier de Lescar. Emmaüs est la première image que l’on voit en entrant sur le territoire… Je suis fier du travail mené avec vous qui êtes totalement intégrés dans l’activité communale. » Christian Laine, maire de Lescar, a tenu à s’exprimer au côté de son collègue, Serge4, maire du Village Emmaüs Lescar-Pau. « J’ai accepté la représentation du président de Région, car nous avons tous notre histoire avec Emmaüs. Vous démontrez à travers une réalisation les actes que vous posez. Vous faites exister l’éthique qui est souvent, aujourd’hui, bousculée. » Marie-Pierre Cabanne, conseillère régionale. « Pour moi, paysan, la vache béarnaise représentée est le lien physique entre la culture et l’agric… » Maxime. 27 Bric - à - brèves Le 7 février à la Ferme alternative du Village Emmaüs Lescar-Pau, Libertine est née. Petite fille de Vagabonde arrivée en 2010 alors qu’elle était jeune adulte, fille de Beròja née le 19 juillet 2012, elle est l’ainée de la seconde génération de vaches béarnaises nées sur le site. Recyclage du mobilier Depuis le début de l’année, la Recyclerie du Village Emmaüs Lescar-Pau est point de dépôt du mobilier d’entreprise. Tous les professionnels qui se débarrassent de leur mobilier, dans la limite d’un chargement de 25 m3 peuvent le déposer à la RecyclerieDéchetterie. Cette collecte se fait dans le cadre d’un partenariat avec l’éco-organisme agréé : Valdelia. Rappel : Concernant le recyclage du mobilier en provenance de particuliers, depuis avril 2014, le Village Emmaüs Lescar-Pau a un partenariat avec l’éco-organisme : Eco-Mobilier. Aidez-nous à sauver les abeilles ! Pour la Ferme alternative, le Village Emmaüs Lescar-Pau récupère les ruches peuplées et le matériel d’apiculture. Contact au 05.59.81.17.82 ou [email protected] Le 14 janvier, 18 auditeurs du CHEDD, Collège des Hautes Etudes du Développement Durable, étaient en session au Village Emmaüs Lescar-Pau : leur thème de travail était l’Economie Sociale et Solidaire Circulaire. Pour l’appréhender, il leur a été proposé de prendre appui sur le site d’accueil du village. http://www.cheddaquitaine.fr/ Le 17 janvier, 5 habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau assistaient à l’assemblée générale d’EHLG qui marquait le 10ème anniversaire de la création de cet acteur du développement local engagé pour une agriculture paysanne en Pays basque, respectueuse des paysans, des consommateurs et de l’environnement. http://www.ehlgbai.org/ 28 Le film « Laïcité » réalisé par Dominique Gautier en 2007, est plus que jamais d’actualité. Le 13 février, il a ouvert le débat du vivre ensemble devant plus de 120 personnes sensibilisées par le sujet et par les événements de janvier. Le 26 février Au Village Emmaüs LescarPau s’est tenue la dernière réunion municipale sous l’égide du maire sortant. Serge4 s’est exprimé au nom de tous les conseillers municipaux réunis à ses côtés. « Depuis un an, nous essayons tous de travailler ensemble. Si je m’exprime c’est au nom de toute l’équipe, nous avons une parole commune. Je pense que notre mandat a été propice au développement et à l’embellissement du village » a-t-il conclu. L’appel à candidature au poste de conseiller municipal était ouvert jusqu’au 15 mars. Les élections se sont déroulées le 25 mars. Dans la semaine suivante, la nouvelle équipe a élu le nouveau maire du Village Emmaüs Lescar-Pau. 29 Les Béarnais s’expriment librement ! Bric - à - brèves Le 28 février à Fontaine (37), dans le cadre du forum « Désobéir, agir citoyen », Germain intervenait autour du thème : « S’engager en faveur d’une autre société ». http://desobeissance.fr/ Du 2 au 22 mars, 10 jeunes adultes d’iffeurope étaient en immersion au Village Emmaüs Lescar-Pau. En échec par rapport à leur cursus d’études supérieures, ils suivent un parcours « tremplin » de 5 mois durant lesquels ils vivront des expériences fortes. En les sortant du schéma de vie habituel, en leur proposant un tutorat personnalisé, en leur donnant des cours interactifs, l’objectif est de leur apprendre à se connaître, de monter un projet de vie cohérent, d’apprendre à gérer une vie de groupe. www.iffeurope.org Christian Laine, maire de Lescar, fraternise autour d’un bol de couscous. Le 13 mars, sur invitation du Groupe Daniel, 3 habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau ont assisté à une rencontre avec François-Charles Génolini, ingénieur en design industriel, concepteur du vestiaire haute-couture automne/hiver de la maison Chanel en micro-carrés de béton. Le 18 mars à Cogolin (83), invité par le collectif Place Publique, Germain a présenté le Village Emmaüs Lescar-Pau autour du thème : « Un autre monde solidaire est possible ». Face la montée du racisme et de l’intolérance, il est de notre responsabilité d’affirmer : Vivre ensemble est source de richesse humaine. http://www.placepubliquecogolin.fr/ 30 31 Faites un acte de solidarité Parrainez un prisonnier palestinien « Il y a toujours un black out d’Israël. Toutes les informations qu’Israël donne parlent de terroristes alors que des personnes de tout profil sont enfermées : des enfants mineurs, des adolescents (es), des étudiants, des femmes, des gens de tous milieux professionnels…» Actuellement plus de 7000 palestiniens sont détenus dans 29 prisons israéliennes. Pour qu’ils ne se sentent pas isolés, oubliés, l’AFPS invite au parrainage de prisonniers : « Quand un prisonnier reçoit une lettre, c’est tous ceux de la prison qui la lisent », confirme Moncef, lui-même parrain d’un prisonnier, tout comme Yves. Alors ils agissent pour apporter de l’espoir à ces milliers de vies, privées injustement de liberté et de droits humains élémentaires. Yves Goaer et Moncef Chahed se disent frères jumeaux tellement ils sont unis dans un même combat : la reconnaissance de la Palestine. Pourtant chacun a un parcours différent. 1967, on parlait beaucoup des disparus arabes, palestiniens… Quand je suis arrivé en France, j’ai constaté que les informations étaient différentes de celles de Tunisie. » Les disparitions l’interpellent. Il fait ses propres recherches. Un jour, il décide d’entrer en militance active. Le Français, Yves, est sensibilisé à la cause depuis la guerre des 6 jours. Comme de nombreux autres militants, les mensonges qui ont entouré cet événement ne l’ont pas laissé indifférent. En 2008, il a l’opportunité d’aller en Palestine. Dès son retour, il s’engage : « On ne revient pas indemne de Palestine ! » De cette même époque, le Tunisien, Moncef, garde en mémoire la tristesse de son père chaque fois qu’il écoutait les infos du Proche Orient à la TSF. Les deux hommes se rencontrent lors de leur première manifestation paloise en 2009. Depuis, ils militent de concert. Ils sont tous les deux présents au niveau local et national des instances de l’AFPS*. Un jour il lui dit : « La Palestine va très mal. Le pays a été volé ! », Moncef poursuit : « En 32 Du fait de sa quête sur les disparitions d’arabes et de palestiniens et de son étude personnelle sur le sujet, Moncef est plus particulièrement investi dans le dossier des prisonniers politiques palestiniens. Il travaille en lien direct et étroit avec des ONG palestiniennes et israéliennes ainsi qu’avec le ministère chargé des affaires des prisonniers. Le 17 avril Journée internationale des Prisonnier.e.s Politiques A 20h, pour le respect des droits des Prisonniers Politiques Palestiniens, soirée cinédébat à la salle « Atelier Débats » du Village Emmaüs Lescar-Pau. Projection du film : « Libres dans la prison de Gaza » réalisé par Chris Den Hond, suivie d’un débat en présence de Moncef Chahed, de Martine Brizemur, membre de la coordination Israël/ Territoires Palestiniens Occupés/ Palestine à Amnesty International France et de Taoufiq Tahani, président de l'Association France Palestine Solidarité. Soirée gratuite Quelques chiffres 4653 : le nombre de prisonniers politiques palestiniens (mai 2012). Entre 700 000 et 750 000 : le nombre de Palestiniens qui sont passés par les prisons israéliennes depuis juin 1967, soit près de 20% de la population des territoires occupés. Entre 45 et 50% : des hommes palestiniens de plus de 18 ans résidant dans les territoires occupés ont séjourné au moins une fois en prison. *AFPS : Association France Palestine Solidarité. Pour parrainer un prisonnier politique palestinien, rendez-vous sur : http://www.france-palestine.org ou écrivez directement à : [email protected] Le 22 janvier, lors de la cérémonie d’hommage au décès de l’abbé Pierre, les villageois inaugurent la place « Je Suis Charlie ». 33 Rendez-vous au Village Emmaüs Lescar - Pau Le 8 juin en fin d’après-midi, le Village Emmaüs Lescar-Pau accueillera le Tour Alternatiba. En fin d’après-midi : arrivée au Village Emmaüs Lescar-Pau A 20h, conférence débat autour du climat A 21h30, Concert Duo Bernardo Sandoval & Serge Lopez Gratuit. *COP21 : Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris - du 30 novembre au 11 décembre 2015. Du 14 au 18 juin, 2ème édition de la transhumance. Le Village Emmaüs LescarPau prendra la route des estives. A pied, les ânes et les hommes relieront la Ferme alternative du plateau du Pont-Long à Lescar aux bergeries d’Avajan dans le val Louron (65). A Arreau, les moutons les rejoindront pour effectuer les deniers kilomètres. Le 4 juillet, nouvelle édition de Fous de Musique à 20h dans le bric-à-brac des meubles. Libre participation Le Tour Alternatiba parcourra 5000 km pendant l’été 2015, avec un vélo 4 places et deux 3 places, pour mobiliser des dizaines de milliers de personnes autour des « vraies alternatives » au changement climatique dans la perspective de la COP21* en décembre 2015. Il entraînera dans son sillage de nombreuses associations environnementales et sociales, des sections syndicales, mais aussi des clubs de sport, des groupes d’étudiants, des collectifs de pompiers, des groupes de musique, de danse, etc. Des milliers de cyclistes, portant le dossard Alternatiba, suivront ces vélos insolites dans leur périple, ponctué de 180 étapes. 90 réunions publiques sont prévues sur ce trajet. Il démarrera à Bayonne le 5 juin pour arriver sur Paris le 26 septembre. Tous les messages de soutien des palois sont présentés dans le Bric-à-brac B. 34 35 Recyclerie – Déchetterie Ouvert 7 jours / 7 - Gratuit Du lundi au samedi de 8h30 à 19h00 Les dimanches et jours fériés de 9h à 18h Fermé les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre et durant le Festival Emmaüs Lescar-Pau Pour tout débarras maison, papier, vêtement, chiffon, meuble, électroménager, informatique, voiture et autres… Contact au 05 59 81 17 82 [email protected] Gratuit Bric-à-Brac / Espace vente Ouvert du mardi au vendredi de 14h à 18h Le samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h Épicerie Ouverte du mardi au vendredi de 8h à 12h30 et de 13h15 à 18h Le samedi de 10h à 18h Crêperie Ouverte du mardi au vendredi de 14h à 18h Le samedi de 10h à 18h - - - Coordonnées - - Village Emmaüs Lescar-Pau Chemin Salié, 64230 Lescar (France) Tél +33 (0)5 59 81 17 82 [email protected] www.emmaus-lescar-pau.com Ferme alternative 7 jours / 7 de 8h à 18h, les animaux vous accueillent - Gratuit Comment venir ? - Gare SNCF Pau à 10 km - Aéroport Pau-Pyrénées à 5 km - Bus Idelis ligne P12, arrêt Pontérique à Lescar à 1 km - Autoroute A65 / A 64 : sortie A64 n°9.1, direction Aéroport Pau-Pyrénées / Pau Ouest / Lescar, à 50 m du péage. - GPS 43°20’38’’N – 0°25’02’’O Visite du site réalisée par un compagnon du mardi au samedi, de 8h à 18h - Gratuit Abonnement au Cairn Nom : Prénom : gratuit Abonnement version papier ( en France uniquement) Rue : Code postal : Ville : Abonnement version électronique Courriel : Coupon à remplir en lettres majuscules et à renvoyer à : Village Emmaüs Lescar-Pau - Chemin Salié - 64230 Lescar ou adresser une demande par mail à [email protected] Le Cairn Petite pyramide de pierres élevée par des alpinistes ou des explorateurs pour servir de point de repère, de guide, de témoin de leur passage. Textes et photos réalisés par les habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau ISSN 2117-3192 Graphisme : Loïc Laborde Édité en 4500 exemplaires sur papier recyclé avec encres végétales. Format optimisé pour éviter les chutes excédentaires de papier. Distance de transport entre l’imprimerie et le Village Emmaüs Lescar-Pau : 4 km.