L`affirmation de soi - Savoir dire Non

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L`affirmation de soi - Savoir dire Non
M. Naudet, psychologue, 2015
[email protected]
L’affirmation de soi
Savoir dire « Non » et autres difficultés
Objectifs de la séance :
1. Comprendre que l’affirmation de soi consiste à adopter un comportement assertif,
c’est-à-dire un juste milieu entre se laisser dominer et dominer les autres.
2. Comprendre également que « dire non » ou poser des limites ne sont pas des
comportements agressifs mais seulement nécessaires à une bonne communication.
3. Et surtout, ne pas confondre « dire non » (à la demande d’une personne) et « rejeter »
(la personne).
4. Savoir « dire non » dans les règles provoquera un changement de comportement et
non des représailles
5. Entraînez-vous dès maintenant !
L’affirmation de soi est constituée d’un ensemble de compétences qui nous permettent de
gérer nos rapports avec les autres et d’occuper notre place dans le monde. S’affirmer, c’est
trouver la juste mesure entre la passivité et l’agressivité. Elle s’exprime notamment dans les
situations suivantes :
1) Formuler une demande
2) Accepter ou refuser une demande, savoir dire « non », poser des limites
3) Recevoir ou formuler une critique
4) Recevoir ou faire un compliment
5) Exprimer et défendre son point de vue
6) Négocier, faire des compromis
7) Désamorcer et recadrer les situations de conflit
Schémas de pensée sous-jacents : « J’ai besoin qu’on m’aime », « j’ai peur de déplaire ».
Conséquences d’un manque d’affirmation de soi : Phobies sociales, anxiété, évitement, repli
sur soi, sensation de « survie »
Conséquences d’un excès d’affirmation de soi : Rejet social, agressivité.
Passif
Retient son avis
Dominé par l’autre
Frustré
Ne se respecte pas
Affirmé (assertif)
Exprime son avis
Egal à l’autre
Calme
Se respecte et respecte l’autre
Agressif
Impose son avis
Domine l’autre
Enervé
Ne respecte pas l’autre
Les comportements passifs et agressifs font partie de la personnalité. Le comportement
assertif peut s’apprendre.
Etre affirmé, c’est :
1) Exprimer directement et sincèrement (« je »)
- Ce que l’on pense
- Ce que l’on ressent
- Ce que l’on veut
2) Tout en étant à l’écoute de ce que l’autre pense, ressent et veut
Gagner en affirmation de soi permet d’augmenter sa confiance en soi et, à terme, son
estime de soi.
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Exemple de la file d’attente au supermarché : Alors que vous êtes sur le point de passer en
caisse, une personne coupe la file d’attente et vous devance car elle est pressée et n’a qu’un
seul article. Comment réagissez-vous ?
- Une personne passive ne va pas avoir de réaction apparente car elle a peur de se confronter.
Mais elle risque d’éprouver des émotions négatives, notamment de la frustration et de la
colère contre le resquilleur et contre elle-même.
- Une personne agressive aura systématiquement une réaction, même si la situation ne lui
provoque pas d’émotion négative, au risque d’envenimer les choses et se mettre en colère.
- Seule la personne affirmée (ni passive ni agressive) pourra moduler sa réaction en fonction
des circonstances : si elle n’est pas pressée ou bien de bonne humeur, elle pourra ne pas
relever l’incident. Si, au contraire, cette situation la gêne, elle pourra réagir
Etre affirmé, c’est avoir le choix de ses réactions, selon les circonstances
Exemple du « Dire non »
Pourquoi est-il si difficile de dire non ?
1)
2)
3)
4)
5)
6)
La peur d’être jugé ou de décevoir
La peur des conflits (représailles)
La peur de blesser
Le transfert
Peur de la culpabilité/remords
Peur de perdre l’amour de l’autre
La plupart du temps, répondre par l’affirmative est beaucoup plus facile, et surtout beaucoup
moins effrayant. C’est souvent la peur qui nous bloque.
Indiquez pourquoi il est souvent difficile de dire « Non » dans les circonstances suivantes.
Que craignent les gens qui n’osent pas refuser ?
1) Votre patron vous considère comme son bras droit bien que vous n’en ayez pas le grade.
Régulièrement il vous confie de nouvelles tâches alors que vous êtes déjà surchargée. Suite à
sa présente demande, vous allez encore devoir emmener du travail chez vous au week-end.
La peur d’être jugé ou de décevoir : dire non équivaut à un aveu de faiblesse. « Si je refuse
de prendre ce dossier supplémentaire, je vais décevoir mon patron, il va penser que je suis
limitée ou peu motivée ».
2) Alors que vous finissez de tondre votre pelouse, un voisin peu aimable qui, d’ordinaire,
vous ignore totalement, vient vous demander de lui prêter votre tondeuse.
Les peur des conflits : En disant non, certains ont l’impression de tenir tête à leur
interlocuteur. Ils préfèrent alors dire oui pour éviter des ennuis (ou représailles).
3) Une nouvelle collègue vous invite à prendre un verre après le bureau afin de faire mieux
connaissance. Vous n’osez pas refuser bien que vous souhaitiez rentrer chez vous le plus tôt
possible car vous avez des choses à faire.
La peur de blesser : Essuyer un refus n’est pas toujours agréable. Par conséquent, il arrive à
certains de dire oui dans le seul but de ne pas blesser leur interlocuteur. Ceux dans ce cas se
résignent à dire oui car ils s’estiment responsables de la déception de l’autre.
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Dans les trois cas précédents, il s’agit d’affirmation de soi. Dans les trois suivants,
l’incapacité à dire « non » est plus profond, il ne concerne pas nos habiletés sociales mais
notre personnalité et notre inconscient.
4) En général, vous savez dire « non » quand il le faut. Mais face à certains hommes, plus
âgés que vous, vous perdez cette capacité et n’osez jamais rien leur refuser
Il s’agit d’un transfert (uniformes, porteurs d’autorité, figures parentales). Certaines
personnes vous rappellent des personnes auxquelles vous n’osiez pas vous opposer étant
enfants (parents sévères, instituteurs, etc.). Lorsque vous êtes en leur présence, vous
régressez.
5) Un ami de toujours, qui vit très seul, vous invite trop souvent à passer du temps avec lui,
cela vous ennuie car vous avez beaucoup de choses à faire. Il arrive que vous refusiez sa
proposition, ce qu’il comprend très bien, mais vous finissez toujours par le rappeler et
accepter (culpabilité, remords).
6) En général, vous savez très bien dire « non » aux gens lorsque cela vous paraît justifié. Ce
n’est pourtant pas le cas avec votre famille, notamment vos enfants, à qui vous ne savez rien
refuser, malgré le désagrément que vous ressentez à leur dire « oui » devant leurs demandes
parfois exagérées ou contraires à vos principes d’éducation.
Peur de perdre l’amour de l’autre. N’oubliez jamais que l’amour est inconditionnel.
Pourquoi dire non ?
1) Dire « Non » c’est agir (très important pour être fier de soi et augmenter son estime
de soi.
2) Être en accord avec soi même, éviter la frustration.
3) Donner de la valeur au oui : Si vous acceptez tout ce que l’on vous demande, mais
faites preuve de mauvaise volonté, vous ne serez pas considéré comme quelqu’un de
confiance.
4) Améliorer sa vision de soi et sa confiance en soi : En affirmant franchement vos
préférences, vous aiderez les autres à cerner votre personnalité. Vous deviendrez
moins “flou”, moins superficiel, et gagnerez en charisme.
Comment dire non ?
1) Valider la demande affectivement (j’ai envie, pas envie). Il nous arrive d’accepter
une invitation avant de savoir si nous désirons réellement nous y rendre.
2) Evaluer les conséquences de la réponse pour vous et pour l’autre (ou plutôt sur la
relation avec l’autre)
3) Déterminer exactement vos objectifs (par rapport à vous-même et par rapport au
demandeur) : Si vous hésitez sur la réponse à donner, différez-la.
4) Dire non : (si c’est votre décision). Un simple “non, je suis désolé” permettra à votre
interlocuteur de prendre acte de votre refus.
5) Si vous savez pourquoi et si la raison peut être comprise, expliquez-la. car
personne ne sait ce que vous pensez et ressentez. Donnez des raisons objectives qui
permettront à votre interlocuteur de comprendre que votre refus est motivé par des
raisons valables (prendre en compte les émotions de l’autre, se voir refuser une
demande sincère peut être blessant).
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6) Expliquer votre point de vue en utilisant le “je”. Ne dites pas “vous me donnez trop de
travail”, mais “je n’aurai pas le temps de faire tout le travail que vous me donnez”.
7) Proposer éventuellement un compromis
8) Persister !
Exemples
1) Vous rencontrez quelqu’un dans le train avec lequel vous discutez un bon moment. Cette
personne finit par vous demander votre numéro de téléphone. Vous n’avez pas envie de lui
donner car vous avez peur qu’il vous importune ensuite.
Dans ce cas, les enjeux sont très faibles, la difficulté vient de la peur d’être jugé
défavorablement. Si vous utilisez des stratagèmes (« je n’ai pas de téléphone », faux numéro,
etc.), il n’y aura pas de conséquences, sauf pour l’estime de vous-même et un nouvel
évitement de l’action.
2) Vous croisez votre voisine dans la rue. Celle-ci se montre particulièrement contente de
vous voir car elle part à l’étranger pour deux mois et vous demande si vous pourriez avoir la
gentillesse d’arroser ses plantes durant son absence, à charge de revanche. Vous n’avez pas du
tout envie d’avoir des corvées supplémentaires.
Comment réagissez-vous ?
Jeux de rôle : Un ami a qui vous aviez proposé de venir passer un week-end chez vous
téléphone. Il vous informe de la date de son arrivée et vous dit qu’il restera une dizaine de
jours. Vous êtes content de sa visite, mais cela vous ennuie qu’il s’impose pendant une durée
si longue, car vous avez pas mal de choses prévues à cette période.
Ici, l’enjeu est double, préserver votre emploi du temps et voir votre ami en posant des
limites et sans le vexer.
Que voudriez-vous faire ? (vos objectifs)
Vous souhaiteriez lui faire raccourcir son séjour sans que cela affecte votre amitié.
Que faites-vous ?
- Vous ne faites rien et vous vous résignez à reporter vos projets et supporter sa présence.
- Vous envoyez des messages flous (ex : intonation de la voix…) en pensant que c’est à l’autre
de deviner que cela vous gêne.
Proposition : « Ecoute, ça me gêne d’avoir à te dire cela mais je ne peux pas te recevoir aussi
longtemps car j’ai déjà des projets. Par contre ce que je peux faire c’est m’arranger pour
regrouper ce que j’ai à faire afin de me libérer 3 ou 4 jours pour que l’on puisse passer du
temps ensemble ».
Autres cas….
3) Une amie de faculté qui n’avait pas donné de nouvelles depuis très longtemps vous appelle
au téléphone. Après avoir demandé des nouvelles et évoqué le bon vieux temps, elle vous
demande de l’héberger quelques jours avec son mari car ils souhaiteraient visiter Paris.
4) Votre mère vous appelle à heure fixe tous les dimanches à 19h00 exactement. Cela vous
devient insupportable et vous rend très anxieux. Mais si elle n’appelle pas, c’est vous qui
l’appelez car vous êtes inquiet. Vous avez déjà essayé de lui faire comprendre, mais elle prend
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tout de suite la mouche et dit que si ça vous dérange, elle n’appellera plus du tout. A chaque
fois, vous faites marche arrière et le cycle recommence.
5) Deux sœurs habitent dans la même ville. L’ainée (Edith) est veuve et bénéficie
d’importants revenus. La seconde (Gilberte) est en retraite et dispose de peu de moyens.
Depuis son veuvage, Edith invite tous les week-ends sa sœur cadette dans des grands
restaurants car elle est très gourmande et connaisseuse. Au mois de juillet, Edith demande à
Gilberte de l’accompagner en croisière. Cette dernière apprécie la compagnie de sa sœur mais
souffre de cette situation car elle a l’impression de servir de dame de compagnie. Pour le
moment, à chaque fois que Gilberte a refusé, sa sœur lui fait la tête pendant toute la semaine
suivante, provoquant sa culpabilité et c’est elle qui rappelle.
6) Un ami vient passer le weekend chez vous. Il vous téléphone pour vous demander de
venir le chercher en voiture vendredi à 19h à Orly. Vous préféreriez qu’il vienne jusqu’à chez
vous par les transports car vous n’aimez pas conduire aux heures de pointe, cela va vous vous
effraie. Mais quand vous allez lui rendre visite, lui vient vous chercher à l’aéroport sans
même que vous ayez à lui demander.
8) Votre patron vous donne trop de travail. Malgré votre bonne volonté, vous êtes obligé
de faire des heures supplémentaires pour le satisfaire. Lorsque vous demandez leur règlement,
il refuse en rétorquant que ce n’est pas de sa faute si vous êtes trop lent pour effectuer toutes
les tâches qui vous incombent.
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Bibliographie
o Affirmez-vous ! Pour mieux vivre avec les autres, Frédéric Fanget, Odile Jacob, 2011
o Savoir s’affirmer en toutes circonstances, Charles Cungi, Ed Retz
Et toujours…
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Imparfaits, libres et heureux, pratique de l’estime de soi, C. André, Odile Jacob Poches
Dieu voyage toujours incognito, Laurent Gounelle, Anne Carrière Editions
L’estime de soi, C. André, Odile Jacob
La peur des autres, C. André, P. Légeron, Odile Jacob
Oser, thérapie de la confiance en soi de Frédéric Fanget, Odile Jacob, “Poches”, 2006
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