Trois nouvelles formes de boutique pour soutenir la presse
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Trois nouvelles formes de boutique pour soutenir la presse
Ouest EN BREF ➫ Michel Pérol, directeur général de LS Travel Retail France : « Il ne faut pas enterrer la presse trop rapidement » Directeur général de Lagardère Services Travel Retail France, Michel Pérol est un spécialiste des activités de commerce dans les lieux de transport. Son domaine ? La vente de détail, à la fois en duty free (à travers la marque Aelia Duty Free), en presse (avec l’enseigne et les magasins Relay) et en restauration. En visite à Nantes, il a exposé les nouveaux modèles de boutiques imaginés pour soutenir l’activité presse, impactée par la crise… ’histoire de Relay commence en 1852 lorsque Louis Hachette met en place les premières librairies de gare. Au fil du temps, la vente de livres s’additionne de celle de la presse et la formule s’étend des gares aux stations de Métro, puis aux aéroports. En 1985, les boutiques de gare sont renommées “Relais H” puis se métamorphosent en “Relay” lorsque la marque devient internationale, il y a une vingtaine d’années. Relay est aujourd’hui le premier réseau mondial de points de lecture : la marque est connue aux États-Unis, en Australie et commence à faire parler d’elle en Chine. En somme, une belle saga française dédiée aux produits de lecture. Mais, il y a une vingtaine d’années, de nombreux autres commerces se sont développés dans les lieux de transport. Sous la pression de cette nouvelle concurrence, le groupe Lagardère a donc souhaité étendre ses activités au-delà de la seule lecture en mettant un pas dans le duty free et, plus récemment, en abordant la restauration. En France, LS Travel Retail occupe la quasi totalité des espaces selon le principe d’une franchise à durée limitée, celle-ci dépendant de la durée de la concession (entre 5 et 7 ans, selon les emplacements et selon les activités). En règle générale, la durée L de concession est plus longue pour ce qui concerne la restauration car il y a de plus gros investissements à mener. « Nombre de nos sites accueillent plus de 3000 clients par jour: la fréquence des passages nous conduit à régulièrement réinvestir dans l’entretien de nos points de vente. C’est pourquoi nous incluons de nouveaux travaux dans chaque appel d’offres. Nous ne sommes propriétaires d’aucun des locaux commerciaux. Si nous perdons un appel d’offres, nous devons enlever tout notre mobilier pour laisser place nette » explique Michel Pérol. Dans ces conditions, Lagardère Services Travel Retail est soumis à une contrainte forte : celle d’amortir tous les investissements qu’il a consentis pendant la durée de la concession. Pour ce qui touche aux métiers de la presse, un amortissement en 5 ans est plutôt court car ce n’est pas un secteur qui réalise de fortes marges. « Tous les jours, nous nous battons pour gommer l’image un peu négative que nos concédants portent sur la presse. Ils considèrent que la vente des journaux est appelée à baisser et ils se demandent s’il est encore opportun de la maintenir dans les lieux de transport. Les grèves à répétition menées par le syndicat du livre CGT de Presstalis font très mal ! » souligne Michel Pérol. En France, Relay opère environ 750 points de vente de presse (réalisant un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros), 200 cafétérias (notamment dans les hôpitaux) et entre 350 à 400 points de vente sous franchises (notamment avec la FNAC, Jeff de Bruges et L’Occitane). Si les ventes de journaux reculent vis-àvis du duty free ou de la restauration, Michel Pérol se garde toutefois d’enterrer la presse : « C’est le produit le plus demandé par les voyageurs, avant même le café. Mais il est sujet à l’érosion de ses ventes en raison des changements de mentalité et des Michel Pérol constate une croissance des ventes en duty free et en restauration mais un repli des ventes presse (Relay) : il va donc mixer les activités. habitudes de vie : les outils numériques ont créé une vive concurrence. Toutefois, l’achat d’impulsion existe bel et bien. Les hors-séries représentent 20 % des ventes de la presse magazine : c’est considérable. Si la thématique de la couverture plaît, les acheteurs cèdent à l’impulsion d’achat et se soucient peu d’acquérir un titre en particulier. Loin de baisser les bras, nous avons scruté les attentes des consommateurs et décidé d’enrichir l’offre des boutiques Relay. Nous allons préserver la presse et l’accoler à d’autres activités en déclinant de nouveaux concepts de boutiques, tournés vers des ambiances nouvelles ». Avec l’agence parisienne Version, Michel Pérol a imaginé plusieurs concepts (pour les banlieusards ou les voyageurs grandes lignes de la SNCF) qui couvriront entre 100 et 200 m2 et s’intègreront graduellement dans les gares, au fil de la réattribution des appels d’offres et des travaux de rénovation menés au cours des prochaines années… Trois nouvelles formes de boutique pour soutenir la presse Trois des nouveaux concepts imaginés pour séduire les consommateurs (de gauche à droite) : “Chez Jean” mêle presse et produits gastronomiques ; “Trib’s” juxtapose les journaux et la restauration à consommer sur place ou à l’emporté ; des vêtements et d’autres objets apparaissent dans les nouvelles boutiques Relay. Nouvel Ouest - N° 196 - Avril 2013 1