guide du visiteur 11 - Musée d`art moderne et contemporain de Saint

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guide du visiteur 11 - Musée d`art moderne et contemporain de Saint
 Green man, 2004 Lois Weinberger
Impression jet d’ encre sur papier archive mat,
110 × 110 cm
1. László Fehér
2. Lois Weinberger
3. Andrei Molodkin
Bertrand Lavier
E-cité Bucarest
Monumental (jusqu’au 19 août 2012)
Hommage à Vicky Rémy (jusqu’au 29 janvier 2012)
GUIDE
DU
VISITEUR
11
Lois
WEINBERGER
László
FEHÉR
Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
La Terrasse – BP 80241
42006 Saint-Étienne Cedex 1
Tél. +33 (0)4 77 79 52 52
[email protected]
www.mam-st-etienne.fr
Parton (Sur le rivage), 2002 László Fehér
Huile sur toile
180 × 250 cm
IC&K
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h,
sauf les mardis, le 25 décembre et le 1er janvier.
Andrei
MOLODKIN
Absolute Return
10 décembre 2011 – 5 février 2012
László FEHÉR
Hajléktalan vacsor ája II (Repas d’ un sans-abris II), 2011 Lois WEINBERGER
Vue d’ atelier, 2010 Huile sur toile, 150 × 200 cm
L’ exposition László Fehér, né en Hongrie en 1953,
présente une trentaine de toiles de ce grand peintre
d’ instantanés de la vie, à la fois ancrés dans la réalité, et
fondus dans une atemporalité universelle et symbolique.
s­ pectaculaires des sans-abris constituent une sorte de
présentation symptomatique de la réalité de la société
postsocialiste en Hongrie, montrant nos problèmes “ ici
et maintenant ” ».
Il commence sa carrière de peintre à l’ issue de son
cursus à l’ Académie des Beaux-Arts de Budapest avec
des tableaux étranges, dont l’ hyper-réalisme, sensible
aux traditions réalistes, recherche une authenticité
dépassant parfois la stricte réalité visible. Par la suite,
dans les années 1980, des silhouettes au contour marqué
sur un fond de paysage souvent désertique peuplent
les tableaux. Cette présence fantomatique marque à
la fois l’ éphémère de la condition humaine face à un
environnement plus pérenne, mais montre aussi une
sorte de quête pour arriver à toucher l’ intouchable, à
cerner l’ indiscernable, une présence de l’ existence à
la fois concrète et impossible à circonscrire dans une
corporalité fixe.
Une série d’ autoportrait est là aussi, à la fois pour
rappeler la recherche d’ une authenticité pure, pour
évoquer son attachement aux thèmes traditionnels dans
la peinture (Rembrandt est un mystère qui le hante),
et enfin parce que cette forme d’ introspection incarnée
dans une chair rejoint son questionnement sur la « présentation visuelle de la dimension temporelle du corps
qui sous-entend la conscience de la mort ».
Les toiles plus récentes montrent les femmes et les
hommes que croise ou côtoie le peintre : sa fille Judit,
des religieux en prière à Jérusalem, une amie philosophe,
les sans domiciles fixes installés dans le square en bas
de chez lui… Au sujet de ces tableaux, Fehér explique
« … ces tableaux qui agrandissent et rendent
László Fehér a cet humanisme chaleureux qui offre
au regard un peu de son intimité pour un partage
d’ émotions. Ses tableaux singuliers font naître des
souvenirs communs, des images familières, mais aussi
des interrogations plus métaphysiques autour des thèmes
de l’ incarnation, de l’ éphémère des situations et de la
permanence des états, de la recherche d’ une Vérité qu’ on
sait être insondable.
ANDREI MOLODKIN
Absolute Return
What is beyond plants / is at one with them, 1997 Brandenburger Tor, 1994 Rue du Louvre, 2011 Absolute Return, 2010 Rails de chemin de fer, néophytes d’ Europe du sud
et du sud-est, longueur 100 m.
Tirage sur papier mat, 81 × 147 cm
Photographie noir & blanc, 150 × 125 cm
Stylo bille sur toile, 280 × 475 cm
Courtesy Galleria Pack, Milan
Stylo bille sur toile
285 × 510 cm
Courtesy Galleria Pack, Milan
Lois Weinberger est un artiste autrichien, fils de paysan
et paysan lui-même, né en 1947. Il mélange de manière peu conventionnelle une pratique agriculturale,
des connaissances biologiques, des réflexions écologiques, ainsi que des considérations sociologiques et
économiques. La diversité de sa pratique artistique
n’ offre aucune attraction formaliste spectaculaire,
elle nous conduit au contraire sur la voie d’ un mode
d’ organisation rhizomatique de la connaissance : une
méthode pour exercer une résistance contre un modèle
hiérarchique, contre une « structure sociale oppressive »
selon la théorie de Gilles Deleuze et Félix Guattari. L’ organisation des objets, dessins, peintures, installations,
travaux photographiques, vidéos, maquettes, jardins et
interventions sur la nature de Lois Weinberger ne suit
pas une ligne de subordination hiérarchique mais chaque
élément peut affecter ou influencer tout autre.
Il valorise ainsi des plantes dites « mauvaises herbes »,
ainsi que ces lieux, en donnant à voir des processus naturels en partie presque imperceptibles où le mouvement
et le développement sont favorisés. L’ artiste propose
ainsi un changement d’ évaluation critique de la réalité
en présentant les liens possibles entre différentes sphères
par des actions discrètes et sensibles qui transforment
lentement mais sûrement une situation conventionnelle
donnée.
Andrei Molodkin, artiste russe né en 1966, appartient à
la génération moscovite de l’ art contemporain conceptuel. Avec les artistes Alexi Kallima, Pavel Pepperstein
notamment, ils s’ expriment pour critiquer la politique
gouvernementale russe ou l’ économie mondiale. Surtout
connu pour ses installations « choc », utilisant du pétrole
avec parfois du sang pour signifier la nouvelle chair de
nos sociétés, l’ exposition Absolute Return permet de
découvrir son travail graphique.
Cette prise en considération de ces espaces et phénomènes autres, considérés comme « négligeables » peut
nous renvoyer à la notion de Tiers-Paysages du paysagiste
Gilles Clément qui se réfère aux mots de l’ Abbé Sieyès :
« Qu’ est-ce que le Tiers-Etat ? – Tout. Quel rôle a-t-il
joué jusqu’ à présent dans l’ ordre politique ? –Aucun.
Qu’ aspire-t-il à devenir ? – Quelque chose. »
Sa pratique artistique au stylo à bille a commencé dans
sa période militaire en Russie, entre 1985 et 1987, quand
Molodkin échangeait ses rations de cigarettes contre des
stylos. Ses tableaux au stylo à bille sont de grandes toiles
qui présentent des crânes, des portraits d’ hommes politiques (Vladimir Poutine portant des lunettes Ray Ban)
ou uniquement des mots-chocs comme Yes we can ou
Amen et Sin (« pêché ») en rouge ou bleu, flous. Devant
Empire at war (2006), dont le titre est inscrit dans l’ image
sous le pupitre de George W. Bush tenant la Bible, est
placé une boîte transparente avec 2 764 stylos à bille
usagés qui met en évidence le recouvrement fastidieux
et répétitif du travail. Avec le sens des formules et des
mots incisifs utilisés dans son travail, Molodkin pense
que « l’ art peut changer la société (…) C’ est le combat
entre le pot de terre et le pot de fer. Il faut s’ engager. »
Les trois couleurs ordonnées, à l’ encre bleue, blanche
et rouge, sur une grande toile appelée Rue du Louvre
se rapportent aux couleurs du drapeau de la France
qu’ il connaît pour y avoir vécu et travaillé. Le sujet
est au départ une photo de la revue Paris-Match qui
met en scène un homme brutalisé par un autre, lors
des mouvements de foule des banlieues dans Paris.
En apparence, la foule est inerte face à la brutalité et la
violence de la scène. C’ est en dessinant un fait divers
que Molodkin précise au stylo bille l’ indifférence des
gens face à la violence.
Dans plusieurs interventions, Lois ­Weinberger utilise des
plantes rudérales (du latin rudus, ruderis : décombre)
qu’ il sème, prélève, donne à voir ou laisse pousser
dans de rares espaces non maitrisés ou déterminés
par l’ homme et habituellement considérés comme
négligeables.
La pratique du dessin au stylo à bille pour cet artiste
engagé, évoque l’ art du tatouage qui était interdit à
l’ époque soviétique. Avant la chute du mur de Berlin,
« le tatouage signifiait une certaine résistance aux valeurs
établies et une tendance à la marginalité. »