Lire l`hommage au Dr.Eduardo Dei-Cas
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Résumé de la carrière d’Eduardo Eduardo est né le 1er octobre 1945 à Montevideo (Uruguay), il nous a quittés le 12 Janvier 2014 à l’âge de 68 ans. Eduardo a suivi un double cursus en médecine et en biologie en Uruguay et reçut le titre de Docteur en Médecine en 1975 (Faculté de Médecine, Montevideo). Arrivé à Lille la même année, grâce à une bourse du gouvernement français, il s’intéresse au système nerveux du Schistosome et travaille sous la direction du Pr. Jean Biguet. En 1978, il soutient son doctorat de 3ème cycle en biologie animale sur ce sujet. Il fut ensuite nommé assistant des universités-assistant des hôpitaux en 1982 avant d'être nommé MCU-PH en 1985. Enfin, il obtient son HDR en 1987. Eduardo a développé ses activités dans le domaine de la Parasitologie et de la Mycologie médicales depuis plus de 35 ans dans un contexte universitaire et hospitalier. Il a pratiqué sans interruption (i) (ii) (iii) (iv) l'enseignement et la formation médicale continue; le diagnostic, la thérapeutique et la prévention des maladies parasitaires et fongiques; des recherches fondamentales, cliniques et épidémiologiques dans ces deux domaines; l’expertise auprès d’institutions sanitaires et des groupes industriels. Eduardo était Maître de Conférences des Universités - Praticien hospitalier hors classe dans le Service de Parasitologie-Mycologie et co-responsable des secteurs « Mycologie » et « Sérologie fongique » dans le Service de Parasitologie-Mycologie (CBP, CHRU). Ses activités hospitalières se sont centrées progressivement sur la prise en charge et la prévention des pathologies fongiques et parasitaires notamment chez les patients immunodéprimés. Tout au long de sa carrière scientifique et médicale, Eduardo a toujours su partager, généreusement et humblement, ses connaissances. Il a formé de nombreux étudiants qui lui doivent aujourd’hui leur carrière. Eduardo est un excellent professeur de Parasitologie, talent qu’il a exercé à Lille face aux étudiants en Médecine, Pharmacie et Science mais aussi aux quatre coins du monde : Espagne, Pays-Bas, Liban, Mexique, Chili, etc. Ces cours étaient toujours illustrés par son expérience clinique auprès des patients ou par ses nombreuses missions de terrain à la recherche des parasites dans différents écosystèmes : dans la forêt tropicale en Guyane Française ou plus récemment à bord d’un navire océanographique pour collecter les parasites de poisson. Eduardo a été expert pour l’AFSSA, l’AFNOR, le CRECEP, GlaxoWellcome, consultant auprès de la Direction Générale de la Santé, Membre du Comité Scientifique CMP/INSERM/SNIP, Membre de l’Expertise Collective INSERM sur le traitement du SIDA et plus récemment expert pour la FAO (Janvier 2012). En Octobre 2010, il a été nommé membre honorifique de l’Académie Royale de Médecine et de Chirurgie de Cadiz. Sa carrière scientifique est immense. Au début des années 1980, Eduardo s’est d’abord intéressé au paludisme puis de 1985 à 2012 à la Pneumocystose. Au début de la pandémie du SIDA, peu de choses étaient connues sur le microchampignon opportuniste, Pneumocystis. Le début de son travail à l’Institut Pasteur de Lille date de 1996. En 1998, il prend la direction de Laboratoire de Parasitologie Appliquée au sein du département de Microbiologie des Ecosystèmes qui deviendra ensuite l’équipe Ecologie du Parasitisme (Equipe d’accueil universitaire, EA3609). Au début des années 2000, Eduardo a développé une nouvelle thématique portant sur la cryptosporidiose puis plus récemment sur les parasites de poisson, thématique pour laquelle il était coordinateur de l’action « ANR Fish-Parasites » dans l’équipe d’Eric Viscogliosi. Il a coordonné de nombreux autres projets de recherche (BioMed, ANR-ERA-Net, etc.) et il est l’auteur de près de 290 publications scientifiques, la majorité dans des journaux internationaux. Il est considéré par ses collègues de part le monde comme l’un des chercheurs qui a le plus apporté à la connaissance de Pneumocystis. Eduardo avait l’idée que la parasitologie était la discipline idéale pour comprendre que la recherche médicale ou vétérinaire ne devait pas être opposée à la biologie fondamentale ou l’étude des écosystèmes. Durant toute sa carrière, il a fait le lien entre ces domaines scientifiques trop souvent éloignés pour mieux appréhender les maladies parasitaires (Dei-Cas et DupouyCamet, Parasite, 2008, 15(3):185-528). Enfin, depuis plusieurs années Eduardo développait des activités dans le domaine de la Bioéthique. Il a été membre du Groupe Interdisciplinaire de Réflexion Ethique et Philosophique en Recherche Biomédicale (Convention entre le Centre d'Ethique Médicale de Lille et l'Institut Pasteur de Lille) et Membre du Séminaire de Réflexion Ethique et Recherche en Biologie (Centre d'Ethique Médicale de Lille). L’homme Eduardo avait d’immenses qualités humaines et scientifiques. C’était, avant tout, un homme profondément bon et chaleureux. Son insatiable appétit de savoir nous impressionnait tous. Cet humanisme s’exprimait à travers ses passions pour l’art, la musique, la littérature, les religions, la géopolitique, la philosophie, le cinéma d’auteur, les sciences au sens large…il était pour nous un puits de connaissance sans fin. Une grande qualité d’Eduardo était son ouverture d’esprit, son écoute et sa disponibilité. Son bureau était le lieu où tous les sujets pouvaient être abordés sans rendez-vous. Il n’avait peur d’aucune remarque et était ouvert à la critique. Pour ses étudiants, il était comme un père : attentif, bienveillant, excellent formateur tant sur le plan pratique que celui de l’esprit scientifique. Il nous a appris à poser des hypothèses et nous a montré la démarche pour y répondre. Il était un guide, un visionnaire, doté d’une insatiable curiosité scientifique, toujours ouvert à la nouveauté, l’inattendu, le surprenant auquel il savait donner sens. Travailleur infatigable, il était rigoureux, pointilleux, exigeant et ne mâchait parfois pas ses mots pour mieux façonner notre construction scientifique. Eduardo aimait également l’humour. Il se plut à jouer quelques farces mémorables à ces collaborateurs et amis. Jovial, il aimait travailler dans la bonne humeur, la sérénité et au milieu d’un réseau collaboratif construit sur la confiance et l’intégrité scientifique. La disparition de cet homme exceptionnel, si douloureuse soit-elle, ne doit pas nous empêcher d’aller de l’avant et de poursuivre ce qu’Eduardo a initié avec tant d’énergie et de passion.