Popularité du Premier ministre et situation économique en France
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Popularité du Premier ministre et situation économique en France
Popularité du Premier ministre et situation économique en France (1981:3-2002:1) Antoine Auberger LAEP – Université de Paris I Maison des Sciences Economiques 106-112, bd de l’Hôpital 75647 Paris cedex 13 France E-mail : [email protected] 5 Mai 2004 Merci de ne pas citer sans l’accord de l’auteur Résumé : Le but de cet article est de proposer des estimations pour la popularité du Premier ministre français sur la période 1981:3-2002-1. On commence par rappeler la définition des fonctions de popularité et par décrire le comportement des électeurs. Sur la période 1981 :3-2002 :1, on montre que les électeurs ont un comportement rétrospectif suivant l’hypothèse de responsabilité et que la variation du taux de chômage a eu une influence négative sur l’indice de satisfaction du Premier ministre et que le taux d’inflation a eu une influence négative sur l’indice de confiance du Premier ministre. On montre également que la popularité du Premier ministre dépend des changements de Premier ministre, de l’image personnelle de certains Premiers ministres et de la coupe du monde de football. classification au JEL : D72 Mots-clés : Popularité ; comportement des électeurs ; situation économique 1 1. Introduction De nombreuses études, depuis le début des années 70, ont mis en évidence l'influence significative de la situation économique sur la popularité des gouvernants et des partis politiques. C’est un thème de recherche important de l’école du « public choice1 ». Les études les plus nombreuses concernent la popularité du Président américain et des gouvernants et partis des pays occidentaux. Le développement de ces recherches est facile à comprendre car les enquêtes de popularité jouent un rôle important dans la vie économique et politique et l’étude des fonctions de popularité est à la frontière de l’économie et de la politique2 . Les fonctions de popularité permettent d’estimer l’influence des différents facteurs sur la popularité des gouvernants. Une fonction de popularité explique la popularité d’un gouvernant à un sondage. Cette popularité correspond à un sondage simulant une élection ou à une cote de satisfaction ou de confiance. Les fonctions de popularité ont une partie économique et une partie politique. D’après Paldam (1981), on peut écrire : Pt = P(f1t, f1 t-1 ,...,fnt,...,fnt-i,g1 t,...gmt,...,gmt-j) où f1,...,fn sont n variables économiques explicatives, g1,...,gm sont m variables politiques explicatives. Les variables économiques les plus utilisées sont les taux d’inflation et de chômage. D’autres variables économiques ont été employées comme les taux de croissance du PNB ou du PIB réel, du revenu disponible réel, des salaires réels. Les variables politiques peuvent être liées à la personnalité des gouvernants3 (utilisation de variables muettes prenant en compte les niveaux de popularité), aux cycles de popularité (usure du pouvoir 1 Dennis Mueller (2003) fait une présentation complète et actualisée de la théorie des choix publics ; on trouvera notamment dans cet ouvrage une synthèse de l'influence des différentes variables économiques sur la popularité des gouvernants et des partis pour un ensemble de pays. 2 Ce qui lui vaut de relever de l’analyse économique de la politique, champ d’analyse Lafay (1997) montre l’intérêt. 3 Ces facteurs personnels peuvent être liés au charisme, à la compétence, à la confiance, à la sympathie... Pour la France, la popularité d'un Président de la République peut être influencée par la popularité de son Premier ministre. Les auteurs utilisent alors des variables muettes prenant en compte les différents niveaux de popularité suivant chaque Premier ministre. 2 ou état de grâce4 ), à des événements politiques extérieurs (comme la guerre du Vietnam pour les Etats-unis) ou intérieurs (comme le scandale du Watergate pour les Etats-Unis), à la situation politique (comme les périodes de cohabitation pour la France), à des décisions de politique économique (comme le plan Barre pour la France). La présente étude effectue une présentation des fondements microéconomiques des fonctions de popularité et du comportement des électeurs (section 2). On rappelle également les résultats empiriques trouvés dans les études passées sur la popularité du Premier ministre (section 3). Ensuite, on précise la situation politique et économique en France pendant la période 1981:3-2002 :1 (section 4). On décrit différentes modélisations de la popularité du Premier ministre suivant le comportement des électeurs (section 5). Enfin, on fait des estimations sur la période 1982:3-2002:1 pour les gouvernants français (section 6). 2. Les fondements microéconomiques des fonctions de popularité et le comportement des électeurs La construction et l’estimation des fonctions de popularité s’appuient implicitement sur certaines hypothèses concernant le comportement des électeurs. Downs (1957) suppose que les électeurs sont rationnels, c’est-à-dire que chaque électeur vote pour le candidat ou le parti qui lui donnera l’utilité la plus forte. Les électeurs devraient donc avoir un comportement prospectif, c’est-à-dire soutenir les gouvernants en fonction de leur situation personnelle future (comportement « égotropique »). En fait, dans beaucoup de modèles économiques de popularité, les électeurs sont supposés avoir un comportement rétrospectif. De plus, ils sont souvent supposés être myopes (ils ne tiennent compte que 4 Les variables usure du pouvoir et état de grâce sont différentes car l'usure du pouvoir (baisse de la popularité au cours du temps) dure pendant un mandat entier alors que l'état de grâce (popularité plus élevée en début de mandat) ne dure que pendant quelques trimestres. 3 de la situation économique récente5). Ils se comportent suivant l'hypothèse de responsabilité de Paldam (1981), c’est-à-dire qu’ils soutiennent les gouvernants s'ils sont satisfaits de la situation économique et politique, et les sanctionnent dans le cas contraire6 ; cela correspond au comportement « récompense-punition » de Key (1966). Par ailleurs, ils sont souvent supposés évaluer les performances économiques en fonction de la situation économique générale comme la croissance réelle du PIB (comportement « sociotropique »). Les deux types de comportement (« sociotropique » et « égotropique ») peuvent cependant être difficiles à distinguer car de bonnes performances économiques ont souvent des conséquences positives sur chaque électeur (et inversement). Lewis-Beck et Paldam (2000) notent que, généralement, les électeurs adoptent un comportement « sociotropique ». De nombreux auteurs comme Frey et Schneider (1978) et Hibbs (1983) utilisent le modèle rétrospectif pour construire une fonction de popularité. D'après Lewis-Beck et Paldam (2000), les électeurs ont davantage un comportement rétrospectif que prospectif mais la différence de résultats entre les différents modèles est faible. Swank (1993) développe pour les Etats-Unis un modèle où les électeurs ont des préférences partisanes comme dans la théorie du cycle partisan de Hibbs (1987) : en période d’inflation soutenue, un parti de droite au pouvoir ou dans l'opposition peut voir sa popularité augmenter si les électeurs observent que la priorité de son action en matière économique est la lutte contre l’inflation ; en période de chômage croissant, un parti de gauche au pouvoir ou dans l'opposition peut voir sa popularité augmenter si les électeurs observent que la priorité de son action en matière économique est la lutte contre le chômage. Il trouve des résultats favorables à ce modèle pour la popularité du Président américain. Carlsen (2000) trouve également des résultats favorables pour le comportement partisan (chômage) pour les gouvernements de droite (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada et Australie). Un modèle plus complet est développé par 5 Par contre, Hibbs (1982) suppose que les électeurs prennent en compte la situation économique sur l’ensemble du mandat ; il suppose toutefois qu’ils accordent une plus grande importance aux résultats économiques récents. 6 Par contre, Hibbs (1983) trouve que les électeurs évaluent les performances économiques des gouvernements de manière relative en les comparant avec celles des gouvernements précédents. 4 Letterie et Swank (1997) et Swank (1998) : les auteurs incluent des variables de responsabilité et des variables partisanes. Leurs résultats sont favorables à leur modèle pour la popularité du Président américain. Bloom et Price (1975) ont développé un modèle pour les élections du Congrès américain en supposant que les électeurs ont un comportement asymétrique : ils sanctionnent les gouvernants qui ont de mauvaises performances économiques, mais ne les récompensent pas de manière symétrique pour de bonnes performances. Cette hypothèse sur le comportement des électeurs, confortée par les résultats de leur étude empirique n’a pas été souvent testée pour la popularité. Plusieurs auteurs se sont demandés si le comportement des électeurs était compatible avec l'hypothèse d'anticipations rationnelles. Selon cette hypothèse, seules les variations non anticipées des variables économiques ont une influence sur la popularité des gouvernants et des partis. Cette hypothèse a été testée par plusieurs auteurs : elle a été acceptée par Holden et Peel (1985) pour la Grande-Bretagne mais rejetée par Kirchgässner (1991) pour l'Allemagne et Neck et Karbuz (1997) pour l'Autriche. Dans le modèle d’Erikson, MacKuen et Stimson (2000), les électeurs forment des anticipations rationnelles pour évaluer les performances économiques du Président américain. La popularité du Président américain dépend des anticipations de court terme des électeurs sur la situation économique. 3. Résultats empiriques pour le Premier ministre français7 Dans toutes les études, le chômage (taux de chômage ou nombre de demandes d’emploi non satisfaites) est choisi parmi les variables économiques et a souvent une influence négative significative sur la popularité du Premier ministre français. Par exemple, Lecaillon (1981b) trouve qu’une augmentation du taux de chômage de 1% entraîne une baisse de la popularité (mesurée par le rapport pourcentage de satisfaits/pourcentage de mécontents) égale à 0.137. Dans la plupart des études, le taux d’inflation ou sa variation 7 On trouvera en annexe 1 un tableau résumant les principales études sur la popularité du Premier ministre français. 5 est également choisi comme variable économique et a également souvent une influence négative significative sur la popularité du Premier ministre. Par exemple, Lafay (1977) montre qu’une baisse de 0.25% du taux d’inflation trimestriel entraîne une augmentation de 1.60% de la popularité du Premier ministre. Par contre, Auberger (2001) ne trouve pas que le taux d’inflation a une influence négative significative sur la popularité du Premier ministre (1969-1998). D’autres variables économiques ont été employées comme l’indice des salaires réels et le taux de croissance du RDB des ménages et ont régulièrement une influence positive significative sur la popularité du Premier ministre. Par exemple, Courbis (1995) montre qu’une augmentation de 1% du taux de croissance du pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages entraîne une augmentation de 2.21% de la popularité du Premier ministre. Les variables politiques peuvent être liées aux cycles de popularité. Courbis (1995) utilise une variable usure du pouvoir pour certains Premiers ministres et des variables muettes prenant en compte certains changements de Premiers ministres. Lewis-Beck (1980) emploie une variable inverse du temps pour chaque Premier ministre permettant de tenir compte du pourcentage très important de personnes ne se prononçant pas après que certains Premiers ministres aient été nommés8 . Lafay (1977,1981) utilise des variables muettes pour prendre en compte les différents niveaux de popularité liés à des facteurs personnels pendant l'action de chaque Premier ministre. Les variables politiques peuvent dépendre de la situation politique : Courbis (1995) montre que la popularité du Premier ministre est plus élevée pendant les périodes de cohabitation. Courbis (1995) utilise, en plus, le pourcentage de sans opinion comme variable explicative de la popularité du Premier ministre, car ce pourcentage a varié de façon importante9. 8 9 Comme Pierre Messmer de 1972:7 à 1972:9, Jacques Chirac en 1974:6, Raymond Barre en 1976:9. Cela peut être critiquable sur le plan économétrique car la variable pourcentage de sans opinion n'est pas forcément prédéterminée par rapport à la variable popularité du Premier ministre (il peut y avoir une relation de causalité NSP PRMIN). 6 4. Situation politique et économique en France 4.1 La popularité du Premier ministre français On a calculé chaque trimestre les moyennes des cotes de popularité du Premier ministre français dans les baromètres mensuels de l’IFOP10 (POPPMS) et de la SOFRES11 (POPPMC) sur la période 1981:3-2002:1. Sur cette période, la moyenne de la popularité du Premier ministre pour le baromètre de l’IFOP est égale à 41.8% et celle pour le baromètre de la SOFRES est égale à 51.4%. On constate, en effet, que POPPMC est supérieure à POPPMS (graphique 1). graphique 1 : Popularité du Prem ier Ministre (1981:3-2002:1) 80 60 POPPMS 40 POPPMC 20 0 1981-3 1984-3 1987-3 1990-3 1993-3 1996-3 1999-3 On a obtenu l’estimation suivante12 entre POPPMC et POPPMS : POPPMCt = 11.20 + 0.95POPPMSt (2.93) (10.91) 2 N = 82, R c = 0.77, DW = 2.16 10 Le baromètre de l’IFOP est publié par le Journal du Dimanche. Cet institut demande aux Français s’ils sont satisfaits du Premier ministre. 11 Le baromètre de la SOFRES est publié par le Figaro-Magazine. Cet institut demande aux Français s’ils font confiance au Premier ministre. 12 Avec correction de l’autocorrélation des erreurs à l’ordre 1 par la méthode de Cochrane-Orcutt. 7 On constate donc que les deux séries POPPMS et POPPMC ont une évolution semblable. 4.2 Les indicateurs économiques Le taux de chômage (CHOM) est représenté sur le graphique 2 pendant la période 1981:3-2002 :1. Pendant cette période, il a été en moyenne égal à 10.3%. Sur ce même graphique, est également représenté le solde de l’opinion des ménages par rapport à l’évolution future du chômage a été représenté (OMCHOM). Pendant, cette période, il a été en moyenne égal à 43.8%. graphique 2 : Chôm age (1981:3-2002:1) 15 100 80 60 40 20 0 -20 -40 10 5 0 CHOM OMCHOM 1981-31984-31987-31990-31993-31996-31999-3 Le taux d’inflation (INFL) est représenté sur le graphique 3 pendant la période 1981:3-2002 :1. Pendant cette période, il a été en moyenne égal à 3.7%. Sur ce même graphique, est également représenté le solde de l’opinion des ménages par rapport à l’évolution future des prix a été représenté (OMPRIX). Pendant, cette période, il a été en moyenne égal à -29%. 8 graphique 3 : Inflation (1981:3-2002:1) 15 10 20 0 INFL -20 5 0 OMPRIX -40 -60 1981-3 1984-3 1987-3 1990-3 1993-3 1996-3 1999-3 5. Modélisations de la popularité du Premier ministre français On suppose que les électeurs sont myopes (la mémoire des électeurs remonte à un an ou moins) et qu'ils évaluent les performances économiques des gouvernants de façon relative pour le taux de chômage (la variable CHOM n’est pas stationnaire) et absolue pour le taux d’inflation (la variable INFL est stationnaire)13 . Les variables CHOM et INFL sont retardées d'un trimestre14 . Les électeurs ne tiennent pas compte du contexte économique mondial. On suppose d’abord que les électeurs ont un comportement rétrospectif suivant l’hypothèse de responsabilité : c’est-à-dire qu’ils récompensent (resp. sanctionnent) le Premier ministre pour de bonnes (resp. mauvaises) performances économiques. On estime le modèle suivant pour la popularité du Premier ministre15 : 13 On a fait les tests de racines unitaires DF et ADF pour les séries CHOM et INFL. 14 On précise que les électeurs n'ont pas alors toutes les informations concernant l'évolution du chômage (ils ne connaissent que les données pour les deux premiers mois d'un trimestre) mais ils savent si des personnes de leur entourage ont trouvé (ou perdu) un emploi. 15 D’après les tests de racines unitaires DF et ADF, on trouve que la série POPPM (POPPMS ou POPPMC) est stationnaire. On rejette les relations de causalité SPRMIN INFLF, SPRMIN CHOMF au seuil de 5%. 9 (1) POPPMt = a1 + a2 POPPMt-1 + a3 CHOMt-1 + a4 INFLt-1 + aiVARPOLi + t (i 5) avec POPPMt : popularité du Premier ministre pendant le trimestre t (indice de popularité POPPMS ou POPPMC), POPPMt-1 : popularité du Premier ministre pendant le trimestre précédent, CHOMt-1 : variation du taux de chômage trimestriel retardée d’un trimestre, INFL : taux d’inflation retardé d’un trimestre, VARPOLi : variables politiques (DUM84, DUM86, DUM88, DUM91, DUM92, DUM93, DUM95, DUM97, CRE, BER, BAL, JUP et JOS, USU, RIG, CM, KOS16 ), t : terme d'erreur aléatoire. Les variables dum sont des variables muettes prenant en compte que lorsqu’un Premier ministre est nommé, sa popularité est souvent élevée. Les variables CRE, BER, BAL, JUP et JOS sont des variables muettes prenant en compte la popularité ou l’impopularité de ces Premiers ministres. La variable USU est une variable muette tenant compte de l’usure du pouvoir des différents Premiers ministres. Les variables CM et KOS sont des variables muettes intégrant respectivement en compte les effets positifs de la coupe du mode de football et du conflit au Kosovo sur la popularité du Premier ministre. On attend les signes suivants : a3 < 0 et a4 < 0. Si on suppose que les électeurs ont un comportement partisan (et rétrospectif), on estime le modèle suivant pour la popularité du Premier ministre : (2) POPPMt = b1 + b2 POPPMt-1 + b3PARTCHOMt-1 + b4PARTINFLt-1 + biVARPOLi + t (i 5) avec PART = GAUCHE - (1- GAUCHE) et GAUCHE = 1 pendant les périodes avec un Premier ministre de gauche et 0 sinon. On attend les signes suivants b3>0 (quand la gauche est au pouvoir, une augmentation du chômage entraîne une augmentation de la popularité du Premier ministre) et b4 < 0 (quand la gauche est au pouvoir, une augmentation de l’inflation entraîne une baisse de la popularité du Premier ministre). 16 Les variables politiques sont définies en annexe. 10 Si on suppose que les électeurs ont un comportement asymétrique (et rétrospectif), on estime le modèle suivant pour la popularité du Premier ministre : (3) POPPMt = c1 + c2 POPPMt-1 + (c3 + c4 ASYMC)CHOMt-1 + (c5 + c6ASYMI)INFLt-1 + ciVARPOLi + t (i 7) avec ASYMC = 1 quand la variation du chômage augmente et 0 sinon, ASYMI = 1 quand le taux d’inflation augmente et 0 sinon. On attend les signes suivants : c3 < 0, c4 < 0, c5 < 0 et c6 < 0. Si on suppose que les électeurs ont un comportement prospectif, on estime le modèle suivant pour la popularité du Premier ministre17 : (4) POPPMt = d1 + d2 POPPMt-1 + d3 OMCHOMt-1 + d4 OMINFLt-1 + diVARPOLi + t (i 5) On attend les signes suivants : d3 < 0 et d4 < 0. 17 D’après les tests de racines unitaires DF et ADF, la série OMCHOM n’est pas stationnaire et la série OMINFL est stationnaire. 11 6. Résultats des estimations18 On présente les estimations correspondant aux modèles 1, 2, 3 et 419 . Pour le modèle 1, on retient les estimations suivantes sur la période 1982:1-2002:120 (tableaux 1 et 2) : tableau 1 : POPPMS constante POPPMSt-1 CHOMt-1 INFLt-1 CRE BAL JUP JOS DUM92 DUM93 DUM95 DUM97 USU CM KOS N R2 c DW Q(19) *** 22.95 (5.14) 0.46*** (4.81) -3.90 (-1.56) -0.12 (-0.57) -7.58** (-2.25) 6.32*** (2.81) -7.18*** (-3.61) 5.29*** (2.80) 9.33** (2.22) 12.10** (2..62) 21.04*** (5.01) 9.12* (1.91) -0.91* (-1.99) 10.22*** (2.58) 8.33** (2.09) 81 0.86 1.96 15.59 POPPMS constante POPPMSt-1 CHOMt-1 30.31*** (9.10) 0.27*** (3.55) -4.83* (-1.94) CRE BAL JUP JOS DUM92 DUM93 DUM95 -12.01*** (-4.28) 8.88*** (3.90) -8.02*** (-4.19) 8.50*** (5.06) 6.94* (1.75) 7.34* (1.71) 22.73*** (5.69) USU CM KOS N R2 c DW Q(19) -1.37*** (-3.10) 10.03*** (2.67) 7.06* (1.87) 81 0.86 1.97 17.16 les t de Student sont entre parenthèses coefficients significativement différents de 0 au seuil de : *** 1%, ** 5%, * 10% 18 Dans les tableaux 1 et 2, on présente deux estimations : dans la première, on a laissé toutes les variables (même celles qui ne sont pas significatives au seuil de 10% mais on n’a pas écrit les coefficients des variables politiques non significatives au seuil de 10%), dans la deuxième estimation, on a gardé que les variables (économiques et politiques) significatives au seuil de 10%. Dans les tableaux 3, 4 et 5, on a laissé toutes les variables (même celles qui ne sont pas significatives au seuil de 10% mais on n’a pas écrit les coefficients des variables politiques non significatives au seuil de 10%). 19 La définition des différentes variables est donnée en annexe 1. 20 Avec correction de l’autocorrélation des erreurs à l’ordre 1 par la méthode de Cochrane-Orcutt. 12 tableau 2 : POPPMC constante POPPMCt-1 CHOMt-1 INFLt-1 CRE BER JUP DUM84 DUM86 DUM88 DUM92 DUM93 DUM95 DUM97 CM N R2 c DW Q(19) 11.27*** (4.30) 0.78*** (17.82) -2.45 (-1.28) -0.34*** (-2.64) -8.64*** (-3.33) -4.39** (-2.23) -6.33*** (-4.56) 20.73*** (5.22) 8.83** (2.32) 19.97*** (5.28) 33.04*** (7.22) 31.51*** (7.93) 18.91*** (4.69) 28.72*** (7.29) 10.55*** (2.82) 81 0.89 2.06 12.33 POPPMC constante POPPMCt-1 10.54*** (4.01) 0.81*** (18.81) INFLt-1 CRE BER JUP DUM84 DUM86 DUM88 DUM92 DUM93 DUM95 DUM97 CM N R2 c DW Q(19) -0.45*** (-3.69) -10.08*** (-4.90) -5.14** (-2.64) -6.51*** (-4.61) 21.01*** (5.27) 9.25** (2.39) 20.59*** (5.37) 34.06*** (7.39) 29.99*** (7.79) 19.08*** (4.07) 28.71*** (7.16) 10.53*** (2.76) 81 0.89 2.00 13.51 les t de Student sont entre parenthèses coefficients significativement différents de 0 au seuil de : *** 1%, ** 5%, * 10% commentaires sur les tableaux 1 et 2 : Dans ces estimations, les coefficients des variables ∆CHOMt-1 et INFLt-1 ont le signe attendu (négatif). Dans l’estimation 1’, le coefficient de la variable ∆CHOMt-1 est significativement différent de 0 au seuil de 10% et d’après cette estimation, une hausse (resp. une baisse) de 0.1% de la variation du taux de chômage entraîne une baisse (resp. une hausse) de 0.48% de la popularité (indice de satisfaction) du Premier ministre. Dans les estimations 2 et 2’, le coefficient de la variable INFLt-1 est significativement différent de 0 au seuil de 1%. D’après l’estimation 2’, une hausse (resp. une baisse) de 1% du taux d’inflation entraîne une baisse (resp. une hausse) de 0.45% de la popularité (indice de confiance) du Premier ministre. Dans les estimations 1’ et 2’ (surtout dans l’estimation 2’), de nombreuses variables DUM ont un coefficient significativement différent de 0 au seuil de 10% (au moins), cela montre que lorsqu’un Premier ministre est nommé, la popularité du Premier ministre varie de façon importante (augmentation significative). C’est particulièrement vrai pour 13 l’indice de confiance. Dans les différentes estimations, les coefficients des variables CRE et JUP sont négatifs et significativement différents de 0 au seuil de 5% (au moins), cela montre que pendant les périodes où Edith Cresson et Alain Juppé ont été Premiers ministres, la popularité du Premier ministre a été très basse. Dans les estimations 1 et 1’, les coefficients des variables BAL et JOS sont positifs et significativement différents de 0 au seuil de 1%, cela montre que pendant les périodes où Edouard Balladur et Lionel Jospin ont été Premiers ministres, la popularité du Premier ministre (indice de satisfaction) a été élevée (cela a correspondu également à des périodes de cohabitation). Dans les différentes estimations, le coefficient de la variable CM est positif et significativement différent de 0 respectivement au seuil de 1% : la coupe du monde de football a eu des effets favorables sur la popularité du Premier ministre. Dans les estimations 1 et 1’, le coefficient de la variable KOS est positif et significativement différent de 0 respectivement au seuil de 5% : le conflit au Kosovo a eu des effets favorables sur la popularité du Premier ministre (indice de satisfaction). 14 Pour le modèle 2, on retient les estimations suivantes sur la période 1982:1-2002:121 : tableau 3 : POPPMS constante POPPMSt-1 PARTCHOMt-1 PARTINFLt-1 CRE BAL JUP JOS DUM91 DUM92 DUM93 DUM95 DUM97 CM KOS N R2 c DW Q(19) 20.29*** (5.23) 0.52*** (6.02) -4.50* (-1.97) -0.17 (-1.21) -6.70** (-2.13) 4.44** (2.20) -8.02*** (-4.26) 4.23** (2.39) -9.08* (-1.87) 9.78** (2.40) 15.46*** (3.35) 21.75*** (5.20) 10.09** (2.14) 10.30** (2.63) 8.79** (2.24) 81 0.87 1.98 17.41 POPPMC constante POPPMCt-1 PARTCHOMt-1 PARTINFLt-1 CRE 10.37*** (4.18) 0.78*** (17.39) -5.54*** (-2.77) -0.11 (-1.23) -7.44*** (-2.94) JUP -6.87*** (-4.90) DUM84 DUM86 DUM88 21.25*** (5.36) 9.26** (2.46) 21.98*** (5.73) DUM92 DUM93 DUM95 DUM97 CM 32.46*** (7.08) 32.73*** (8.59) 22.63*** (5.38) 29.18*** (7.51) 11.93*** (3.21) N R2 c DW Q(19) 81 0.89 2.00 8.75 les t de Student sont entre parenthèses coefficients significativement différents de 0 au seuil de : *** 1%, ** 5%, * 10% commentaires sur le tableau 3 : Dans les deux estimations, le coefficient de la variable PART∆CHOMt-1 n’a pas le signe attendu et celui de la variable PARTINFLt-1 a le signe attendu (négatif) mais il n’est pas significativement différent de 0 au seuil de 10%. Si on ajoute les variables ∆CHOMt-1 et INFLt-1 , on obtient des résultats équivalents. On rejette l’hypothèse d’un comportement partisan de la part des électeurs. 21 Avec correction de l’autocorrélation des erreurs à l’ordre 1 par la méthode de Cochrane-Orcutt. 15 Pour le modèle 3, on retient les estimations suivantes sur la période 1982:1-2002:122 : tableau 4 : POPPMS constante POPPMSt-1 CHOMt-1 ASYMCCHOMt-1 INFLt-1 ASYMIINFLt-1 CRE 21.93*** (5.27) 0.48*** (5.39) 0.13 (0.04) -7.21 (-1.59) -0.24 (-1.21) 0.40* (1.75) -9.16*** (-2.80) POPPMC constante POPPMCt-1 CHOMt-1 ASYMCCHOMt-1 INFLt-1 ASYMIINFLt-1 CRE BER 12.14** (2.34) 0.79*** (16.97) -0.05 (-0.13) -0.99 (-0.31) -0.45** (-2.60) 0.16 (0.51) -9.30*** (-3.45) -4.87** (-2.45) BAL JUP JOS 5.74*** (2.88) -7.07*** (-4.03) 5.17*** (3.00) JUP -6.70*** (-4.29) dum84 dum86 dum88 dum92 dum93 dum95 dum97 CM 20.76*** (5.04) 8.56** (2.20) 20.30*** (5.25) 33.13*** (7.06) 30.20*** (7.25) 19.56*** (4.75) 28.48*** (6.82) 11.15*** (2.85) N R2 c DW Q(19) 81 0.88 2.03 11.06 dum92 dum93 dum95 dum97 CM KOS N R2 c DW Q(19) 8.13* (1.93) 11.20** (2.40) 19.57*** (4.64) 10.10** (2.14) 8.34** (2.05) 8.74** (2.21) 81 0.86 1.90 18.33 les t de Student sont entre parenthèses coefficients significativement différents de 0 au seuil de : *** 1%, ** 5%, * 10% commentaires sur le tableau 4 : Dans les deux estimations, le coefficient de la variable ASYMC∆CHOMt-1 a le signe attendu (négatif) mais il n’est pas significativement différent de 0 au seuil de 10% ; le coefficient de la variable ASYMIINFLt-1 n’a pas le signe attendu. On rejette l’hypothèse d’un comportement asymétrique de la part des électeurs. 22 Avec correction de l’autocorrélation des erreurs à l’ordre 1 par la méthode de Cochrane-Orcutt. 16 Pour le modèle 4, on retient les estimations suivantes sur la période 1982:1-2002:123 : tableau 5 : POPPMS constante POPPMSt-1 OMCHOMt-1 OMINFLt-1 CRE 22.16*** (4.20) 0.47*** (4.59) -0.03 (-1.09) -0.04 (-0.91) -7.38** (-2.24) POPPMC constante POPPMCt-1 OMCHOMt-1 OMINFLt-1 CRE BER 5.53** (2.39) 0.80*** (18.94) 0.02 (0.40) -0.12*** (-3.74) -8.67*** (-3.44) -4.71** (-2.56) BAL JUP JOS 6.17** (2.57) -7.16*** (-3.98) 4.73** (2.45) JUP -5.77*** (-4.47) dum84 dum86 dum88 20.71*** (5.29) 10.40** (2.64) 18.28*** (4.79) dum92 dum93 dum95 dum97 33.43*** (7.37) 30.97*** (8.34) 19.15*** (4.75) 27.64*** (6.95) CM 10.27*** (2.73) N R2 c DW Q(19) 81 0.89 2.04 11.13 dum91 dum92 dum93 dum95 dum97 USU CM KOS N R2 c DW Q(19) -8.57* (-1.70) 9.44** (2.23) 12.17** (2.58) 20.74*** (4.28) 9.43* (1.96) -0.82* (-1.83) 9.*93** (2.46) 8.05* (1.98) 81 0.86 1.96 14.43 les t de Student sont entre parenthèses coefficients significativement différents de 0 au seuil de : *** 1%, ** 5%, * 10% commentaires sur le tableau 5 : Dans l’estimation 7, les coefficients des variables ∆OMCHOMt-1 et OMINFLt-1 ont le signe attendu mais ne sont pas significativement différents de 0 au seuil de 10%. Dans l’estimation 8, le coefficient de la variable OMINFLt-1 a le signe attendu et est significativement différent de 0 au seuil de 1% : une augmentation (resp. baisse) du solde de l’opinion des ménages par rapport à l’évolution future des prix de 1% entraîne une 23 Avec correction de l’autocorrélation des erreurs à l’ordre 1 par la méthode de Cochrane-Orcutt. 17 baisse (resp. augmentation) de 0.12% de la popularité du Premier ministre (indice de confiance). 7. Conclusion Il y a eu un nombre important de travaux sur la popularité des gouvernants. Dans cet article, on a présenté les fonctions de popularité et le comportement des électeurs. On a vu, qu'en général, les auteurs supposent que les électeurs ont un comportement rétrospectif suivant l'hypothèse de responsabilité : c'est-à-dire qu'ils récompensent (resp. punissent) les gouvernants pour de bonnes (resp. mauvaises) performances économiques. On montre que sur la période 1981:3-2002-1 les électeurs ont un comportement rétrospectif suivant l’hypothèse de responsabilité et que la variation du taux de chômage a eu une influence négative sur l’indice de satisfaction du Premier ministre et que le taux d’inflation a eu une influence négative sur l’indice de confiance du Premier ministre. On montre également que la popularité du Premier ministre dépend des changements de Premier ministre et de l’image personnelle de certains Premiers ministres (images personnelles négatives d’Edith Cresson et d’Alain Juppé). La coupe du monde de football a eu une influence positive sur la popularité du Premier ministre (indices de satisfaction et de confiance). 18 ANNEXE 1 : tableau 1 : résultats empiriques sur la popularité du Premier ministre Auteur période Lafay (1977) 1961:3-1977:1 données trimestrielles (IFOP) Lewis-Beck (1980) 1960:1-1980:5 données mensuelles (IFOP) 1961:3-1977:1 données trimestrielles (IFOP) Lafay (1981) Lecaillon (1981a) Lecaillon (1981b) 1960-1979 données annuelles (IFOP) 1960-1979 données annuelles (IFOP) 1969:4-1980:4 données trimestrielles (IFOP) 1965-1979 données annuelles (IFOP) 1969:2-1979:4 données trimestrielles (IFOP) 24 modèle (ou méthode) économétrique et variable expliquée modèle log-linéaire Log S variables économiques significatives (au seuil de 5%) salaires réels (+,1T), indice des prix (-,0Tà1T), taux de chômage (,4T) modèle linéaire taux d’inflation dynamique (-,2T), taux de S chômage (-,2T) (au seuil de 10%) modèle log-linéaire indice des prix Log S (-,0Aà1A), indice des salaires réels (+,1A), niveau de chômage (-,4A) modèle aucune autorégressif d’ordre 1 S modèle variation du taux autorégressif de croissance du d’ordre 1 revenu disponible S/M (+,1Aà2A) modèle taux de chômage autorégressif (-,0T), taux d’ordre 1 d’inflation (-,0T) S/M modèle linéaire écart entre le taux Eprmin d'accroissement des revenus nominaux et le taux d'inflation (+,0A), taux de chômage (-,0A) modèle linéaire taux d’inflation Eprmin (-,0A), taux de chômage (-,0A) variables politiques significatives (au seuil de 5%) niveaux de popularité pour chaque Premier ministre inverse du temps pour chaque Premier ministre24 (-) niveaux de popularité pendant l’action de chaque Premier ministre Cette variable permet de tenir compte du pourcentage très important de personnes ne se prononçant pas quand certains Premiers ministres ont été nommés. 19 1978:121987:4 données mensuelles (SOFRES) modèle autorégressif d’ordre 1 C Courbis (1995) 1971:2-1994:3 données trimestrielles (IFOP) modèle autorégressif d’ordre 1 S 1970 :21998 :4 données trimestrielles (IFOP) modèle linéaire variation du taux dynamique de chômage (-,1T), S taux de croissance du revenu disponible brut des ménages (+,0T) Auberger (2001) 25 pourcentage de personnes pensant que : l’action du gouvernement est efficace contre l’inflation, contre le chômage, les conditions économiques vont s’améliorer taux de chômage (-,1Tà5T), taux de croissance du revenu disponible brut des ménages (+,0T), différentiel de croissance (en %) du pouvoir d’achat de l’excédent brut des entrepreneurs individuels et du revenu disponible brut des ménages (-,0T) Lafay (1991) changements de Premier ministre pourcentage de sans opinion (+), quand le Président est de gauche (+), en situation de cohabitation (+), quand E. Balladur est Premier ministre (+), inverse du temps (+), usure du pouvoir pour R. Barre, P. Mauroy, E. Cresson (-), 1981:3 (+), 1988:3 (+), 1992:225 (+) niveaux de popularité pour chaque Premier ministre, état de grâce (+), plan Barre (-), coupe du monde de football (+), 1972 :3 (-), 1976 :3 (-) Nomination de Pierre Bérégovoy comme Premier ministre. 20 ANNEXE 2 : Liste des variables politiques : dum84, dum86, dum88, dum91, dum92, dum93, dum95, dum97 variables muettes égales respectivement à 1 en 1984 :3, 1986 :2, 1988 :2, 1991 :3, 1992 :2, 1993 :2, 1995 :2, 1997 :3 et 0 sinon CRE : variable muette égale à 1 pendant la période où Edith Cresson est Premier ministre (1991:3-1992:1) et 0 sinon BER : variable muette égale à 1 pendant la période où Pierre Bérégovoy est Premier ministre (1992:2-1993:1) et 0 sinon BAL : variable muette égale à 1 pendant la période où Edouard Balladur est Premier ministre (1993:2-1995:1) et 0 sinon JUP : variable muette égale à 1 pendant la période où Alain Juppé est Premier ministre (1995:2-1997:2) et 0 sinon JOS : variable muette égale à 1 pendant la période où Lionel Jospin est Premier ministre (1997:3-2002:1) et 0 sinon USU (usure du pouvoir) : variable muette égale à 0 pendant les quatre premiers trimestres après la nomination d’un Premier ministre, à 1 pendant les quatre trimestres suivants, à 2 …, à 3 … (éventuellement) CM (coupe du monde de football) : variable muette égale à 1 en 1998:3 et 0 sinon KOS : variable muette égale à 1 en 1999 :2 et 0 sinon 21 BIBLIOGRAPHIE Auberger A. 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