LA PREPARATION MENTALE

LA PREPARATION MENTALE
L’analyse des exigences et des contraintes ainsi que les règles propres aux disciplines de compétition en canoë et
en kayak mettent en évidence différentes ressources que le pagayeur doit mobiliser pour rechercher et obtenir une
performance. Parmi celles-ci nous retrouvons les aspects psychologiques, cognitifs, émotionnels, relationnels et
affectifs, qui déterminent en partie l’organisation et le comportement du sportif.
La préparation mentale chez le kayakiste aura donc pour objectif d’optimiser ces différents aspects afin que les
qualités physiques et techniques de l’athlète puissent s’exprimer pleinement en course.
On peut présenter les exigences mentales de la compétition de la façon suivante, l’athlète doit :
- Être motivé et gérer ses objectifs,
- Rester centré sur l’action « mon coup de pagaie, ma trajectoire… » (ne pas sortir de la compétition),
- Analyser et gérer les situations qui se présentent, pour prendre les meilleures décisions aux meilleurs moments
(s’adapter aux conditions extérieures, faire évoluer sa stratégie par rapport à la concurrence…),
- Contrôler et gérer le stress et l’anxiété,
- Améliorer la communication (avec son ou ses équipiers, avec son entraîneur…),
- Gérer l’incertitude (prévoir l’imprévisible !),
- Eprouver du plaisir et des sensations positives durant la compétition,
- Avoir une grande confiance en soi (estime de soi-même),
- Bien se connaître tant sur le plan corporel que psychologique (être autonome),
- Développer la créativité,
- Gérer et contrôler la douleur, la souffrance et la fatigue.
En contrôlant ses différents aspects l’athlète pourra alors atteindre l’excellence mentale et ainsi développer puis
exprimer pleinement son potentiel aussi bien en compétition qu’à l’entraînement.
Fixation et gestion des objectifs
L’athlète doit en préambule se poser plusieurs questions :
- Pourquoi je m’entraîne et pourquoi je pratique la compétition ?
- Quel est ou quels sont mes objectifs dans ma carrière d’athlète ?
- Comment je peux construire et mener à bien mon projet ?
L’athlète doit choisir ses propres objectifs. L’entraîneur ne peut que l’aider et le guider.
Le ou les objectifs doivent être simples, précis, bien définis, concrets (ex. : se sélectionner au championnat de
France pour la saison 2006-2007).
Il est important de fixer des objectifs de performance ou de conduite à réaliser et pas uniquement des objectifs de
résultats (ex d’objectifs de performance : faire moins de 1 minute 50 au 500m en Course En Ligne, passer à « 0 » en
slalom… ; ex d’objectif de résultat : faire dans les 10 premiers…).
Le ou les objectifs doivent être formulés en terme positif et présenter un défi : la motivation et la performance seront
d’autant plus élevées.
Enfin le ou les objectifs peuvent être découpés en trois périodes de temps :
- Court terme : moins d’un mois
- Moyen terme : un mois à six mois
- Long terme : une à plusieurs années (ex : les pagayeurs de très haut niveau des disciplines olympiques slalom et
course en ligne se donnent souvent un objectif d’une olympiade à une autre, c’est à dire pour quatre années plus
tard !)
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Développement de la visualisation
Les activités du canoë-kayak peuvent souvent nécessiter l'utilisation de la visualisation mentale afin d’intérioriser, de
mémoriser, et de bien comprendre les différentes sensations et images qui nous viennent de manière plus ou moins
intuitives.
La faculté à visualiser et à penser en image est une habileté qui s’apprend. La visualisation est régulièrement utilisée
en slalom et en descente pour apprendre et intégrer les parcours et les passages. Mais elle peut aussi être utilisée
pour apprendre et intégrer un geste technique en le répétant mentalement (ex : Travail d’amélioration de la technique
du coup de pagaie par la visualisation).
Enfin la simulation mentale est une démarche dynamique qui permet de mieux préparer et gérer les compétitions en
rappelant des images plus ou moins symboliques (souvenir d’une compétition passée, image d’un champion…).
"Illustration 1" Slalom et trajectoire
FFCK / Igor MEIJER
Amélioration de la confiance
La confiance en soi est indispensable dans la vie de tous les jours comme sur un plan d’eau ou une rivière. Elle
implique la manière dont vous pensez, agissez et ressentez les choses. Se trouver dans un état psychique positif,
avec des images et des pensées positives dans la tête, associé à un certain degré d’entraînement technique et
physique, contribue à vous bâtir une confiance inébranlable en toutes circonstances.
Avoir la conviction que l’on est capable de réaliser une grande compétition, et même de la gagner, c’est s’engager
sur les voies de la solidité mentale. Tout repose sur une approche mentale positive et c’est pourquoi les athlètes
confiants sont des sportifs qui croient en eux-mêmes. Même en cas d’échec, l’analyse et l’intégration des problèmes
rencontrés doivent permettre de conserver, voire de renforcer la confiance de l’athlète.
Amélioration des capacités de concentration
Améliorer ses capacités d’attention et de concentration avant et pendant une compétition demeure un objectif
prioritaire pour atteindre la plénitude mentale. C’est une qualité qui permet de fixer son attention sur une action
précise (ex : un tir en kayak polo, un passage à « 0 » en slalom, un départ en course en ligne…), un but, un
comportement, tout en faisant abstraction d’éléments perturbateurs (ex : publics, adversaires, conditions
climatiques…).
Il n’est pas facile de maintenir sa concentration pendant toute la durée d’un entraînement ou d’une compétition où les
efforts peuvent être plus ou moins longs et plus ou moins intenses. C’est pourquoi il est nécessaire de se focaliser
sur ce que l’on a à faire afin de détendre l’esprit, de faire abstraction d’éléments parasites extérieurs, de se relâcher
et d’orienter ses pensées vers l’action à réaliser.
Rester centré sur l’action permettra de faire corps avec la compétition et faire preuve de lucidité.
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Maîtrise des émotions : stress et anxiété
Les émotions représentent un ensemble de réactions de l’organisme qui s’expriment par des manifestations
comportementales et physiologiques (besoin de parler à tout le monde, gorge serrée, suées, tremblements,
désorganisation…).
Ces émotions sont nécessaires à la réalisation de grandes performances. C’est pourquoi, il ne faut pas en avoir peur.
Cependant, l’athlète devra les connaître, les contrôler et les orienter pour fournir l’énergie indispensable à la réussite.
De ce fait, plus un sportif est émotif, plus il sera disposé à fournir de l’énergie. Avant et pendant une compétition,
l’athlète doit donc apprendre à cultiver, mobiliser cette ressource d’énergie, afin de se relâcher, de maîtriser les
incertitudes qui peuvent l’entourer (se centrer sur ce qui est maîtrisable : actions à réaliser et pas sur le résultat qui
ne peut être maîtriser donc source d’incertitude). Il est ainsi plus facile de gérer l’anxiété et le stress pour faire face
aux nombreuses contraintes liées à la compétition.
Favoriser la récupération mentale et physique
Se donner les moyens de structurer et d’optimiser la récupération physique et mentale à l’issue d’une compétition
d’un entraînement ou d’un cycle, c’est construire l’avenir et se mettre dans les meilleures dispositions pour aborder
les évènements suivants.
La récupération favorise la sérénité mentale, la détente musculaire et la restauration énergétique. Certaines
techniques comme la relaxation, la sophrologie, le yoga permettent d’optimiser la récupération physique et mentale.
Le plus souvent la base de ces exercices est le contrôle de la respiration afin de relâcher les tensions psychiques et
musculaires.
C’est aussi pendant cette période de récupération que le pagayeur pourra faire le bilan (débriefing), c’est à dire
s’organiser et discipliner ses pensées afin de rester lucide sur ce qui c’est passé. Il s’agira de :
- Identifier les points faibles et les points forts de sa prestation.
- Tirer tous les enseignements de la compétition ou de l’entraînement.
- Dépasser le simple fait d’avoir perdu ou gagné, d’avoir réussi ou échoué.
Ainsi il sera possible de se motiver de nouveau, grâce au plein d’énergie qui a été fait et aux enseignements qui ont
été tirés, pour préparer les futurs échéances.
Conclusion
Nous avons pu voir que l’aspect mental dans les différentes disciplines du canoë-kayak et dans le sport en général,
est un élément essentiel de la performance. Par conséquent, en créant les conditions mentales les plus favorables,
l’athlète, l’équipage ou l’équipe possèdent entre les mains tous les atouts pour développer leur potentiel et atteindre
leurs objectifs.
Olivier BOUKPETI – CTN FFCK
Guide de l’animateur et de l’entraîneur – FFCK - 2002
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