Fumée et sécurité en cas d`incendie
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Fumée et sécurité en cas d`incendie
Fumée et sécurité en cas d’incendie Franck GYPPAZ Nexans Research Center [email protected] Mars 2014 F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 1/15 2014/03 Sommaire 1 Introduction ........................................................................................................ 3 2 Du polymère à la fumée ..................................................................................... 3 3 Evaluation du dégagement de fumée ................................................................. 4 3.1 Transmittance.............................................................................................. 4 3.2 Densité optique ........................................................................................... 4 3.3 Coefficient d’extinction (K) ........................................................................... 5 3.4 Méthodes d’essai pour l’évaluation de la production de fumée potentielle par des câbles ........................................................................................................... 5 3.4.1 Normes IEC/EN 61034-1 et -2 ............................................................... 5 3.4.2 Norme EN 50399 .................................................................................. 6 3.4.3 Autres méthodes ................................................................................... 7 4 Modélisation de la visibilité ................................................................................. 8 5 Influence de la vitesse longitudinale de l’air sur la stratification de la fumée....... 12 6 Conclusion ....................................................................................................... 14 F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 2/15 2014/03 1 Introduction La norme ISO 13571 établit, s’agissant, d’évaluer les conséquences d’un incendie pour la vie des personnes, comme critère crucial en matière de sécurité que le temps disponible pour l’évacuation soit supérieur au temps nécessaire à cette évacuation. La perte de visibilité due au dégagement de fumée lors d’un incendie est l’un des principaux paramètres ayant une incidence négative sur le temps restant pour l’évacuation : plus la production de fumée est importante, plus le temps disponible est restreint. Le présent Livre blanc vise à présenter les effets du dégagement de fumée sur la visibilité et, en définitive, sur la sécurité. 2 Du polymère à la fumée Au départ d’un incendie, les polymères sont portés à une température à laquelle ils commencent à se décomposer et à libérer des produits gazeux. Ceux-ci se diffusent dans la flamme, subissent une combustion dans la phase gazeuse, et dégagent toujours plus de chaleur. Dans des conditions de combustion en régime continu, la chaleur revient vers la surface du polymère, produisant davantage de fragments volatils pour entretenir le cycle de combustion. Lors d’une combustion complète, les polymères se transformeraient entièrement en produits gazeux stables. Des matériaux ou polymères tels que le polyéthylène seraient totalement décomposés en dioxyde de carbone (CO 2) et en eau (H2O). Or, lors d’incendie, les réactions sont incomplètes. Avec la diminution de la concentration d’oxygène, la ventilation et/ou la température de la flamme, l’oxydation du carbone n’atteint jamais 100 %. Dans le cas du polyéthylène, lorsque la température à proximité de la surface s’élève, le matériau connaît une scission en des points aléatoires de sa chaîne, créant de nombreux petits fragments. Ces derniers peuvent subir des réactions de pyrolyse aboutissant à la formation de structures moléculaires insaturées, qui ellesmêmes peuvent réagir entre elles pour former des espèces aromatiques, par exemple du benzène. Comme l’énergie nécessaire à la formation des structures aromatiques est plus faible que celle nécessaire à leur rupture, les conditions sont idéales pour la création de réseaux. C’est l’origine des hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH), qui forment finalement des particules de suie. Lorsque la taille de ces particules atteint le même ordre que la longueur d’onde de la lumière, elles réduisent la visibilité. Ce phénomène peut s’expliquer principalement par l’absorption directe de la lumière par les particules les plus grosses (entre 1 µm et 1 mm) ou sa diffraction par des particules dont la taille est du même ordre que la longueur d’onde (de 0,3 à 0,7 µm). Naphtalène Fluorène Benzo (a) pyrène Figure 1 : exemples de PAH dans les fumées F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 3/15 2014/03 Il semble que les types de suie dépendent bien plus des conditions de l’incendie (concentration d’oxygène, ventilation, température) que du type de matériau. En fait, pendant la combustion, les polymères libèrent des produits de décomposition similaires (méthane, éthylène, etc.). Il a été démontré que le polyéthylène et le PVC dégagent la même quantité de suie à 1000°C. 3 Evaluation du dégagement de fumée En cas d’incendie, la fumée a de nombreux effets, l’un des plus graves étant la réduction de la visibilité. Elle retarde l’évacuation des bâtiments étant rapidement perçue comme une barrière infranchissable affectant également la respiration et irritant les yeux. La visibilité (m) est évaluée par l’opacité de la fumée, en calculant sa densité optique, son coefficient d’extinction ou sa transmittance. Enfin, l’effet de l’opacité sur l’être humain est déterminé à l’aide de modèles prennant en compte l’objet que celui-ci essaie de voir à travers la fumée. 3.1 Transmittance La transmittance est le rapport entre l’intensité de la lumière transmise à travers la fumée et l’intensité de la lumière incidente dans des conditions données. Cette mesure, sans dimension, s’exprime généralement par un pourcentage. En l’absence de fumée, sa valeur est de 100 %. Elle décroît à mesure que de la fumée se dégage. I0 : intensité lumineuse mesurée en l’absence de fumée (transmittance = 100 %) I : intensité lumineuse mesurée en présence de fumée 3.2 Densité optique La loi de Beer–Lambert(-Bouguer) définit l’absorption de la lumière par un matériau en fonction de ses propriétés. Elle peut servir à déterminer l’atténuation de la lumière à travers la fumée sur un trajet de longueur donnée. La densité optique s’obtient généralement par la mesure de l’atténuation d’un faisceau lumineux traversant la fumée, selon la formule suivante : où K : coefficient d’extinction (m-1) C : concentration massique des particules de fumée L : longueur du trajet optique (m) La densité optique est alors définie par la relation : où D : densité optique mesurée (bel) La densité optique, D, est toujours donnée pour une longueur spécifique du trajet optique (m), mais elle pourrait également être déterminée indépendamment par cette formule : or où D0 : densité optique pour une longueur de 1 m (bel/m) L : longueur du trajet optique (m) F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 4/15 2014/03 3.3 Coefficient d’extinction (K) Le coefficient d’extinction de la fumée se calcule à l’aide de l’équation suivante : où K : coefficient d’extinction (m-1) 3.4 Méthodes d’essai pour l’évaluation de la production de fumée potentielle par des câbles 3.4.1 Normes IEC/EN 61034-1 et -2 L’une des principales méthodes d’essai employées dans l’industrie du câble pour évaluer le potentiel de production de fumée en cas d’incendie est décrite dans les normes IEC/EN 61034-1 et -2. Les câbles sont posés au-dessus d’un bac contenant une source combustible spécifique, principalement de l’éthanol, à l’intérieur d’une cabine de 27 m3. Lorsque les matériaux composant le câble se consument, de la fumée se dégage, réduisant l’intensité lumineuse dans la chambre d’essai. Cette atténuation est mesurée par une cellule photoélectrique placée devant un faisceau de lumière blanche à une distance fixe, à savoir un trajet optique de 3 m. Le résultat final est donné en terme de transmittance, It (%). En l’absence d’autres prescriptions, le critère normal de réussite ou d’échec au test se situe à 60 % de transmittance de la lumière. Figure 2 : méthode d’essai IEC/EN 61304 Cet essai sera mis en œuvre dans le cadre du Règlement européen des Produits de Construction (RPC) pour discriminer les câbles classés s1 lorsque testés selon le protocole EN 50399. Les câbles dont la transmittance est supérieure à 80 % seront classés s1a, et ceux dont la transmittance est supérieure à 60 %, s1b. F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 5/15 2014/03 3.4.2 Norme EN 50399 La méthode d’essai EN 50399 est un test au feu, d’échelle moyenne, permettant d’évaluer la tenue au feu de câbles installés verticalement sur une échelle et exposés à la flamme d’un brûleur calibré à 20,5 ou 30,0 kW. Le test porte sur l’évaluation du danger de propagation des flammes le long de câbles, le potentiel, par la mesure du taux de chaleur dégagée, par le feu de s’étendre aux zones voisines du compartiment de départ, et le danger, par la mesure de la production de fumée, de réduire la visibilité dans la zone de départ et dans les pièces adjacentes. Figure 3 : méthode d’essai EN 50399 Le dégagement de fumée est déterminé en l’occurrence dans des conditions dynamiques suivant le même principe de mesure que celui du test IEC/EN 61034-2. Un système à lumière blanche installé sur le conduit d’évacuation enregistre l’atténuation de la lumière en terme de transmittance, toutes les trois secondes pendant toute la durée du test. Les valeurs de transmittance sont converties en coefficients d’extinction : Enfin sont calculés le taux de production de fumée SPR (m²/s), ainsi que la production totale de fumée TSP (m²) : où V : débit d’air dans le conduit d’évacuation (m3/s) TS : température de la fumée (°K) F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 6/15 2014/03 Le taux de production de fumée, SPR (m²/s), est lié au débit de fumée (m 3/s) par un coefficient d’extinction en m-1. De même, la production totale de fumée, TSP, dans un volume donné (m3) est ensuite définie en m². Tableau 1 : EN 13501-6 (projet de norme) Classe de fumée TSP (m²) SPR crête (m²/s) s1 ≤ 50 ≤ 0,25 s2 ≤ 400 ≤ 1,5 s3 > 400 > 1,5 3.4.3 Autres méthodes D’autres techniques connues, statiques ou dynamiques, permettent d’évaluer le dégagement de fumée dans des conditions spécifiques. La chambre d’essai ASTM E662, également nommée NBS, caractérise la tenue de plaques de matériau (75 x 75 x 2 mm) soumises à un flux de chaleur rayonnante de 25 kW/m² avec et/ou sans flamme pilote, à l’intérieur d’une cabine fermée de 0,5 m3, pendant une durée de 20 min. L’atténuation est mesurée par l’intermédiaire d’un faisceau vertical de lumière blanche. Cette valeur est convertie en une densité optique spécifique et la valeur la plus élevée est prise comme résultat d’essai. Figure 4 : chambre d’essai NBS Dans certains cas est également prescrit le VOF4, qui caractérise l’obscurcissement total pendant les 4 premières minutes de l’essai. Ce paramètre correspond pour les applications ferroviaires, au temps nécessaire pour arrêter un train et commencer son évacuation. Cette méthode d’essai est souvent critiquée pour son manque de répétabilité et de reproductibilité. En outre, la corrélation entre les matériaux et la tenue finale du câble n’a jamais été mise en évidence. La norme ISO 5660 présente l’essai au cône calorimètre. Cet outil mesure la chaleur dégagée, la densité de la fumée produite, la perte de masse ainsi que l’émission de CO et de CO2 des plaques de matériaux en combustion (100 x 100 x 3 mm). F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 7/15 2014/03 Mesures d’extinction laser (température, notamment) Mesures de température et de pression différentielle Ventilateur d’évacuation Hotte d’évacuation Prélèvement d’échantillons de gaz Elément chauffant conique Allumeur par étincelle Echantillon Cellule de charge Figure 5 : calorimètre à cône L’échantillon est directement irradié par un élément chauffant à un flux spécifique, souvent 50 kW/m². Des étincelles permettent la mise en combustion des gaz combustibles produits par l’échauffement intense du spécimen. L’ensemble des fumées et des gaz est aspiré à travers une cheminée, dans laquelle la densité de fumée est mesurée par un faisceau laser. Des résultats tels que le taux de production de fumée (m²/s) et le total de fumée dégagée (TSR) sont ensuite calculés. 4 Modélisation de la visibilité La visibilité n’est pas un paramètre qui se mesure directement. Elle est calculée ou estimée par des modèles à partir de la densité optique ou de la concentration de la fumée. Il existe de nombreuses publications sur ce sujet. Jin (1) avance un coefficient d’extinction limite de 0,15 m-1 (D0 = 0,06 bel/m) pour des personnes ne connaissant pas bien les issues de secours contre 0,5 m-1 (D0 = 0,2 bel/m) pour des occupants normalement préparés, tandis que Rabash(2) indique une limite de visibilité de 10 m, équivalant à une densité optique de 0,08 bel/m (k = 0,19 m-1). Pour Babraukas(3), le coefficient d’extinction doit être supérieur à 1,2 m-1 (D0 = 0,5 bel/m). Finalement, par souci de sécurité, les limites de visibilité sont déterminées pour des coefficients d’extinction compris entre 0,15 et 0,20 m-1. Tableau 2 : coefficient d’extinction limite (ou D) et transmittance correspondante Coefficient d’extinction limite (m-1) (bel/m) 1,2 0,5 1,5 3 0,5 0,2 0,6 22 0,19 0,08 0,24 57 0,15 0,06 0,18 64 DO D (bel ; L = 3 m) Transmittance (%) Ces valeurs sont très proches de celles prescrites par la norme d’essai IEC/EN 61034-2, qui sert à déterminer les émissions de fumée des câbles. En l’occurrence, la transmittance minimale est de 60 % (K = 0,17 m-1). Les câbles classés s1b (euroclassification) répondent à ces critères. F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 8/15 2014/03 SmokeOpacité opacity extinction coefficient limit limite for escape deand la fumée et coefficient d’extinction pour 1.4 l’évacuation Babraukas K K Coefficient d’extinction Coefficient Extinction 1.2 Prescription IEC/EN 61034 pour les câbles 1 0.8 0.6 Jin / occupants préparés 0.4 0.2 Jin / occupants non préparés Rabash 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Transmittance(%) (%) Transmittance Différents modèles de visibilité présentés dans la littérature sont présentés ici. Butcher & Parnell(4) recommandent une corrélation simple entre la densité optique D0 et la visibilité générale à travers la fumée, selon la formule suivante : où S : visibilité (m) D0 : densité optique pour un trajet long de 1 m (bel/m) Cette relation permet de modéliser la visibilité en fonction des résultats obtenus par la mesure de la densité de fumée de câbles en combustion dans les conditions de la norme IEC/EN 61034-2 : General visibility through smoke Visibilité générale à travers la fumée (Butcher and Parnell) (Butcher & Parnell) 50 45 Visibilité S (m) S (m) Visibility 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% Transmittance (%) Transmittance (%) F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 9/15 2014/03 100% Une visibilité de 10 m au minimum est nécessaire pour l’évacuation sûre d’un bâtiment, ce qui signifie que la transmittance doit être supérieure à 50 %. Cette valeur correspond à des câbles classés s1b (euroclassification). Pour la visibilité des panneaux « issue de secours », cette corrélation est différente, suivant le type d’éclairage. Des études réalisées par Jin, Rabash et Parnell & Butcher montrent la corrélation suivante entre la visibilité et le coefficient d’extinction de la fumée ou sa densité optique : où S : visibilité (m) C : constante pour les panneaux lumineux ou réfléchissants K : coefficient d’extinction (m-1) Tableau 3 : constante C pour les panneaux rétroéclairés ou réfléchissants C (panneau lumineux) 5,8 8,0 5,75 Rabash (1951) Jin (1979) Parnell & Butcher C (panneau réfléchissant ) NA 3,0 2,3 Smokede opacity and et visibility Opacité la fumée visibilité 50 Rabash (1951), panneau lumineux Rasbash (1951) Light system 45 Jin lumineux Jin(1979), (1979)panneau Light system 40 Parnell (1979), panneau lumineux Parnell&&Butcher Butcher (1979) Light system Visibilité S (m) (m) Visibility 35 Parnell (1979), panneau réfléchissant Parnell&&Butcher Butcher Reflective system 30 Jin réfléchissant Jin(1979), (1979)panneau Reflective system 25 20 15 10 5 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Transmittance(%) (%) Transmittance Dans ces conditions, cela signifie que, pour les panneaux réfléchissants, la transmittance doit être supérieure à 50 %. Les câbles Alsecure classés s1b (euroclassification) répondent à ce critère. Concernant les panneaux lumineux, la visibilité resterait assurée pour une transmittance descendant jusqu’à 20 %. Toutefois, les effets physiologiques de la fumée ne sont pas pris en compte ici (irritation des yeux, toxicité…), alors qu’ils limitent considérablement les possibilités d’évacuation. F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 10/15 2014/03 Le Tableau 4 présente les résultats obtenus au moyen d’essais IEC/EN 61034-2 effectués sur des câbles typiques utilisés dans les bâtiments. A l’intérieur d’une cabine de 27 m3, la combustion d’environ 250 g de matériau polymère (3G2,5 mm²) aboutit à une transmittance de 30 % pour des câbles PVC, contre 90 % pour des échantillons LSZH. Tableau 4 : IEC/EN 61034-2 - Valeurs de transmittance pour des câbles « bâtiment » Câbles R2V 3G2,5 mm² 3G16 mm² (PVC) Câbles FR N1X1G1 (LSZH) 27,6 % 28,6 % 92,7 % 91,6 % General générale visibility through smoke Visibilité à travers la fumée (Butcher and Parnell) (Butcher & Parnell) 50 Jin (1979), (1979) Light system lumineux Jin panneau 40 40 35 (m) Visibility S (m) Visibilité (m) Rasbash (1951), (1951) Light system lumineux Rabash panneau 45 45 S (m) S Visibilité Visibility Smoke opacity and visibility Opacité de la fumée et visibilité 50 30 25 20 15 Parnell Butcher (1979), panneau réfléchissant Parnell &&Butcher Reflective system 30 Jin panneau réfléchissant Jin (1979), (1979) Reflective system 25 20 15 10 10 5 5 0 Parnell Butcher (1979), lumineux Parnell &&Butcher (1979) Light panneau system 35 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Transmittance Transmittance (%) (%) Câbles PVC 80% 90% 100% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Transmittance Transmittance (%) (%) Câbles PVC Câbles LSZH Câbles LSZH Cela montre que les câbles PVC réduisent la visibilité à 5 m dans des couloirs sans panneaux lumineux ou entre 10 et 15 m en présence de panneaux lumineux. En revanche, les câbles LSZH n’ont pas d’incidence sur la visibilité. Jin prend également en compte l’effet irritant de la fumée et souligne que, pour un coefficient d’extinction supérieur à 0,25 m-1 (D = 0,33 ; transmittance = 47 %), l’acuité visuelle baisse rapidement. Les modèles proposent l’utilisation des équations suivantes pour estimer la vitesse de progression à travers la fumée non irritante et irritante : (fumée non irritante) et (fumée irritante) où V : vitesse de progression (m.s-1) D0 : densité optique pour un trajet long de 1 m (bel/m) F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 11/15 2014/03 Smokede opacity andet walking Opacité la fumée vitesse speed de progression 1.4 Smoke andetescape Opacité deopacity la fumée tempstime d’évacuation 180 160 1.2 0.8 0.6 Non irritant smoke Fumée non irritante 0.4 120 Non irritante smoke Fumée non irritante 100 Irritante smoke Fumée irritante S (m) Visibilité time (50m) Escape S (m) Visibilité speed (m/s) Walking 140 1.0 80 60 40 Irritant irritante smoke Fumée 0.2 20 0.0 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Transmittance(%) (%) Transmittance Câbles PVC Câbles LSZH 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% Transmittance Transmittance (%) (%) Câbles PVC 70% 80% 90% 100% Câbles LSZH En l’occurrence, sans tenir de compte de la toxicité potentielle de la fumée, les câbles PVC affectent tant la vitesse de progression que le temps d’évacuation, ce qui n’est pas le cas des câbles LSZH. En outre, les câbles PVC réduisent très fortement la transmittance. Une légère accentuation de la combustion conduirait à ralentirt la vitesse de progression à sa plus faible valeur et allongerait donc le temps d’évacuation. Le document PD 7974-6:2004, « Application des principes d’ingénierie de la sécurité contre l'incendie à la conception de la sécurité-incendie des bâtiments - Partie 6 : Facteurs humains : stratégies de sécurité des personnes, évacuation, comportement et état des occupants » (également repris dans la directive européenne « Ingénierie de la sécurité contre l’incendie concernant l’évacuation des bâtiments »), établit que les limites de tenabilité suivantes devraient être mise en oeuvre: Tableau 5 : effet de la fumée selon PD 7974-6:2004 Limites de tenabilité pour les bâtiments : Petites enceintes et distances à parcourir Grandes enceintes et distances à parcourir 5 D0 = 0,2 (visibilité 5 m) D0 = 0,08 (visibilité 10 m) Influence de la vitesse longitudinale de l’air sur la stratification de la fumée Des systèmes de désenfumage sont couramment utilisés pour assurer l’évacuation des personnes en cas d’incendie dans les bâtiments. Leur fiabilité repose sur le fait que la fumée demeure stratifiée. Sans influences externes, le comportement de la fumée dépend de sa flottabilité dans l’air. Elle monte au plafond et se propage le long de celui-ci, s’éloignant du feu pour former une couche stratifiée. Mouvement de la fumée sans influences externes à proximité de la source du feu Comportement idéalisé F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 12/15 2014/03 La vitesse de propagation de la fumée est influencée dans une certaine mesure par l’ampleur du feu, mais une valeur de 2 m.s-1 est généralement prise comme référence pour des incendies graves. A mesure qu’elle se déplace, la couche de fumée se refroidit et perd de la vitesse. Dans le même temps, elle transmet de la chaleur au plafond, aux murs et à l’air ambiant. Finalement, la couche de fumée la moins chaude devient plus profonde. Loin de la source du feu, la fumée peut être proche du sol, puis renvoyée vers les flammes par le flux d’air. La fumée remplit alors l’ensemble du volume. Back-layering Amont Aval Fig. 1 : vitesse longitudinale de l’air inférieure à la vitesse critique V<Vd (zone exempte de fumée vers le bas, en aval du feu) Amont Aval Fig. 2 : vitesse longitudinale de l’air égale à la vitesse critique Vd<V<Vc (zone exempte de fumée vers le bas, en aval du feu) Amont Aval Fig. 3 : vitesse longitudinale de l’air supérieure à la vitesse critique V>Vc (aucune zone exempte, fumée sur toute la hauteur) Le retour de fumée (back-layering) se produit en amont du feu lorsque la vitesse longitudinale est inférieure à une « vitesse critique » (Vc). Si la vitesse longitudinale de l’air est faible (<1 m/s) avant le départ du feu, alors la fumée se propage comme le montre la Fig. 1. Cela a deux avantages majeurs : Il existe une zone exempte de fumée sous la couche stratifiée de fumée, permettant l’évacuation des personnes. La propagation de la fumée est lente, ce qui rallonge le temps disponible pour l’évacuation. De même que dans le comportement idéalisé, la fumée progresse de manière quasi symétrique de chaque côté du feu. Elle demeure stratifiée jusqu’à ce qu’elle baisse en température sous l’effet combiné des échanges convectifs de chaleur avec le mur et du mélange de la fumée et des couches d’air frais. F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 13/15 2014/03 Si la vitesse longitudinale de l’air est inférieure à la vitesse critique, la fumée progresse en amont du feu. Dans ce cas, et sous réserve qu’aucune perturbation aérodynamique ne se produise (causée, par exemple, par la mise en route d’un ventilateur dans la zone de fumée), la couche de fumée en amont du feu demeure stratifiée. Lorsque la vitesse de l’air est inférieure ou égale à la vitesse critique, la fumée peut – en fonction de la vitesse de dégagement de chaleur du feu – demeurer stratifiée en aval du feu (Fig. 2 et 3). Si la vitesse longitudinale de l’air est supérieure à la vitesse critique, le risque de déstratification en aval du feu augmente (Fig. 3). Dans ce cas, les personnes présentes dans cette zone ne peuvent évacuer en toute sécurité. La vitesse de déstratification, Vd, au-dessus de laquelle la fumée en aval d’un feu ne sera plus stratifiée, est difficile à définir. Contrairement au retour de fumée en amont du feu, la stratification en aval est plus complexe en raison de la nature plus turbulente du flux, et donc du mélange accru entre la couche de fumée et la couche d’air frais. Enfin, il n’est pas du tout évident que les systèmes de désenfumage assurent l’évacuation des personnes dans des conditions de sécurité, car ils peuvent provoquer la déstratification de la couche de fumée lorsque le débit d’air ne répond pas aux critères idéaux. 6 Conclusion Le présent document souligne que la fumée dégagée en cas d’incendie ralentit voire empêche l’évacuation en raison de la réduction de la visibilité sur le chemin des issues de secours. De nombreux auteurs ont étudié cette question et défini des limites. Il est généralement admis qu’une visibilité minimale de 10 m est nécessaire pour l’évacuation sûre des occupants d’un bâtiment. Cette distance correspond à une transmittance de l’ordre de 60 % ; c’est également la valeur prescrite par la norme IEC/EN 61034 pour l’évaluation du comportement des câbles en matière de production de fumée. Dans les bâtiments, l’euroclassification sera prochainement appliquer pour l’évaluation du dégagement de fumée des câbles et de leur réaction au feu. Suivant leurs performances, les câbles seront classés s1, s1a, s1b, s2 ou s3. Les classes s1, s2 et s3 seront déterminées au moyen d’un essai EN 50399, tandis que le niveau s1a ou s1b sera établi selon le protocole EN 61034-2. Les informations finales seront indiquées sous forme de marquages supplémentaires sur le câble. Il apparaît que certains câbles, en PVC standard, devraient être classés s2 ou s3 tandis que les câbles LSZH devraient répondre aux critères s1a ou s1b, qui correspondent aux performances les plus élevées. Il est également à noter que les systèmes de sécurité typiques, par exemple de désenfumage, risqueraient de provoquer une déstratification de la fumée suivant le débit d’air créé, aboutissant à un obscurcissement ou à un « brouillard de fumée » envahissant tout l’intérieur du bâtiment. Ces aspects remettent en question le concept sur lequel repose la sécurité des bâtiments. Le présent Livre blanc préconise de ne pas dissocier l’ingénierie incendie et la tenue au feu des câbles afin d’optimiser les chances d’évacuation en cas d’incendie dans un bâtiment. F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 14/15 2014/03 Références (1) Jin T., Journal of Fire and Flammability, vol. 12, 1981, p. 130. (2) Rabash D.J, Relevance of firepoint theory to the assessment of fire behavior of combustible material. International Symposium on Fire safety of Combustible Materials, Université d’Edimbourg (1975). (3) Babrauskas, V., Full-Scale Burning Behavior of Upholstered Chairs (Tech Note 1103), [U.S.] Natl. Bur. Stand., Gaithersburg MD (1979). (4) Butcher, E.G. & Parnell, A.C. (1979). Smoke control in Fire safety design. E. & F.N. Spon Ltd., Londres F. Gyppaz – Nexans Research Center – Lyon France - +33 4 37 37 47 47 Page 15/15 2014/03