Iran Le retour de la France dans ungrand pays déjàcourtisé
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Iran Le retour de la France dans ungrand pays déjàcourtisé
PAYS : France DIFFUSION : (15000) PAGE(S) : 16-17 SURFACE : 162 % PERIODICITE : Bimensuel 26 novembre 2015 - N°2000 Iran Le retour de la France dans un grand pays déjà courtisé sont Si les sanctions internationales Car la concurrence annonce rude . commerciales déferlent en Iran , grand transfert de technologie , partenariat affaires. levées au premier trimestre 2016 , il faudra être prêt. Asiatique , mais aussi européenne . Les délégations marché de 80 millions d habitants . Intégration locale , seront les maîtres mots pour remporter de bonnes s' Annoncéà Parisdu 16 au 18 novembre, le président iranien Hassan Rohania dû renoncer à sa visite en Franceaprès les attentats qui ont ensanglanté la capitale française le 13 novembre. On avait dit l Iranfâché avecla France,on avaitmême parlé de Fabius Bashing , parce que le ministre des Affaires étrangères et du développementinternationalauraitadopté une position dure sur le dossiernucléaire à l accord du 14juillet. Lavenuedu jusqu' chef de l État iranien aurait sans doute balayé toutes les craintes des observateurs économiqueset surtoutdes milieux d affaires. La visite officielledu président de la République islamique aurait aussi revêtu une valeur symbolique à un peu plus d un mois de laremisedu rapport de l Agence internationale de l énergie atomique (AIEA) qui devra indiquer si oui ou non Téhéran a respecté ses engagements en matièrenucléaire. Du diagnostic de lAIEA, dépendraalorsla levée courant du premier semestre progressive 2016 des sanctions internationales, qui sont de trois types : européennes, américaines et des Nations-Unies. Hassan Rohaniétait attendu à Parisà un moment particulier pour l économie de son pays. « La croissance est molle et les tendances de la consommation ne sont pas très bonnes , parce que les ménages ont adopté une position d attente en matièred achat », selon Thierry Joulin, président de la section Iran des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), qui a accordé une interview exclusiveau Moci ( lire page 18). La populationiranienne- 80 millionsde personnes - a sans doute cru un peu à un boom économique, après rapidement la signature de l accord du 14 juillet, et attendu jusqu' à aujourd hui une baisse des prix qui est toujours pas venue. ' ' ' ' ' Fotoha - ' ' Borna_Mïr ' ' ' ' ' ' ' n' Si l agroalimentairesouffre, est le cas aussi d autres industries, comme l automobile , de l immobilierou encore du secteur bancaire. est dire à quel point il est important pour le régime iranien que repartel économie. Desources officielles françaises, on estime à deux points de croissance la première annéeet 7 à 8 dans les 18 mois le profit que l ancienne Perse pourrait tirer de l accord . Ce dernier pourrait aussi générer une hausse de 400 %% du commerce avec l Union européenne d ici à 2018. Pour les entreprises françaises, la ruée vers Téhéranou Machhad, deuxièmeville du pays où on rêve d accueillir un TGV, est liée, en grande partie, au réamorçage des financements publics et à la réouverture de la Coface sur le pays , qui devraient intervenir parallèlementà lafin des sanctions. Une reprise d autant plus souhaitée que les grandesbanques françaises , qui ont des intérêts aux EtatsUnis, ont peur de engagerdansun pays sous sanction américaine. Les groupes ' c' ' ' ' Téhéran , capitaleau coeurd un grand marchéde 80 millionsd habitants , attirele mondeentier. ' ' C' ' ' ' ' ' ' ' s' français, sensiblesau marché outre-Atlantique , demandent l autorisation de l Office of Foreign Assets Control (Ofac), le bureau du Trésor à Washington en charge du contrôle de la mise en conformité avec les sanctions. En revanche, les banques de l Hexagone, même quand la direction généraledu Trésor à Parisl autorise , évitentencore aujourd huide un quelconque risque. Résultat prendre d abord , les concurrents allemands ou italiens en profitent, car dans leurs pays elles peuvent faire appel à des banques régionalesqui ne sont pas exposées aux Etats-Unis ensuite, les entreprises doivent adresser à des banques françaises de pays tiers, notammentallemandeset italiennes. Fin novembre 2013 , Téhéran avait accepté de conclure un accord intéri' ' ' ' ' ' s' Tous droits de reproduction réservés PAYS : France DIFFUSION : (15000) PAGE(S) : 16-17 SURFACE : 162 % PERIODICITE : Bimensuel 26 novembre 2015 - N°2000 maire sur le démantèlement nucléaire, l autorisant, en contrepartie notamment, à exporter de l or, des métaux précieux, des produits chimiques, à acquérir des biens pour des raisons humanitaires (dansla pharmacie, lalimentationhumaine ou le matériel médical de base) auprès d entreprises listées, commeSanofi, et à débloquer d autresfonds pouvant«servir à tout type de commerce licite vers l Iran . En particulier,Téhéranpeut librement exporterdu brut, en respectant des quotas, danssixpays : Inde,Japon, Corée du Sud, Chine, Turquie, Taïwan. « Le principe est que les ventes sont payéesen monnaielocale à près de 100 et lessommesdégagées placéessous séquestredansles Banques centralesde ces pays. Les montants en jeu peuvent être très importants, compte tenu de la capacité d exportation de l Iran. Certains de mes clients sont ainsi passés par la Chine et , dans ce cas, est la filiale chinoise de l entreprisefrançaisequi signele contrat, lequel doit cependant inclureune part localedont le pourcentage reste négociable , expliqueJean largement Talmon , associé de Map International, cabinet spécialisé dans les montages financiersde projets d infrastructures. Pour que les entreprisesfrançaises le terrain perdu pendant les regagnent sanctions et gagnent de nouvelles parts de marché,trois conditions doivent être réunies , remarque Romain Keraval, le tout nouveaudirecteur de l agence Business France à Téhéran: d abord, « rétablirles circuits financiers », et , selon lui, « l Etat françaisest très proactif »et «le rôlede la Coface sera déterminant ensuite , faire de l intégration locale , car « les Iraniensveulent des projets à long terme et du transfertde technologie et , enfin, trouver un partenairelocal de qualité La partie annonce rude, car certains pays ayantpasimposé de sanctionsont pris une avance considérable, à l instar de laChine. Y comprisdans des secteurs d excellence de l Hexagone , comme l agroalimentaire. Dans la santé , Medef International a reçu le ministre iranien Hassan Hachemi, le 15 octobre . Après avoir organisé deux grosses missions d entreprises en Iran en 2014 et en 2015 (avec 120 sociétés , le septembre ministrede Agriculture StéphaneLe et lesecrétaired Etatau Commerce extérieur Matthias Fekl), l organisation d em ' ' ' ' ' ' ' ' c' ' ' ' ' ' ' s' n' ' ' ' ' ' ' ' ployeurs a décidé de développer une approche sectorielle. Une stratégie qui , dans la santé , va l amener à piloter une missiond entreprises dansce pays du 7 au 9 décembre. Si le rapportde lAIEA est positif, non seulement les sanctions seront levées, mais Téhéran récupérera une partie de ses avoirs gelés à l extérieur, dont le montant est estimé entre 110 et 130 milliards de dollars. Lorsde lamissionde Medef International en septembre, un homme d affaires français confiait au Moci son optimisme . « Cela pourrait repartir plus vite on l imagine, maisil y atant de projets on y perd Routes, trains , . . . Coupés de l Occident depuis la aéroports Révolutionislamique (1979), les Iraniens ont encore du malà définir leurs priorités. Mais il sembleraitaussi que des marchés de gré à gré soient envisageables. est en tous les cas ce on laissait entendre à la mairie de Machhad pendant le séjour des Français. « Ce qui est certain , est que tout le mondese prépare», rapportait Floriande SaintVincent, coordinateurpour l Afrique, leProcheet Moyen-Orientà l Association pour le développement des échanges internationauxde produits et techniques ' ' ' ' ' ' qu' qu' s' ' C' qu' c' ' ' agroalimentaires (Adepta) , qui était du voyagede Medef International. Au cours du premiertrimestre, 200 entreprisesont pris le cheminde Téhéran, représentant douzepays : Suisse, Allemagne, Autriche, Afrique du Sud, Chine, Turquie, Russie, Azerbaïdjan, Kazakhstan,Arménie, Liban, Irak Aprèsavoir organisédansses locaux un atelier sur l approche du marché iranien pendant la visite du président Rohani, la CCI Paris Ile-de-France annonce, à son tour, la préparationd une mission d entreprises en mars prochain, en partenariat avec toute une série de partenaires : Business France, CCEF, Chambrede commerce d Iran, Chambre de commerce franco-iranienne, Fédération du prêt-à-porter féminin. Chacun a, en outre, en tête que si l Iran est redevenu incontournable dans la région, il pourrait aussi regagner vite la place de plateformerégionale il autrefois . Téhéran a annoncé sa occupait volonté d y parvenir. Le ministre de l Industrie , des mines et du commerce , Mohammad-Reza Nematzadeh, a ainsi invité les investisseursétrangers à sur place pour produire et implanter exporter dans lazone. François Pargny ' ' ' ' ' qu' ' ' s' CHIFFRES CLÉS Superficie 1 648 000 km2 (30 provinces). Population : 78,3 millionsd habitants(en juin 2015), dont 55 %% de moinsde 30 ans. Taux d urbanisation : 70%% (en 2013) . Taux d accroissement démographique : 1 ,22 en 2014 Taux d alphabétisation : 93 pour les Iraniensde 19 à 40 ans (en 2013). 10,5 de femmes. millionsde diplômés, dont 60 Monnaie : le rial (1 euro = env. 37 000 rialsen juin 2015) . Produit intérieur brut ( PIE» : 406 ,3 milliards de dollars en 2014/ 2015 contre 366 ,1 milliardsde dollars en 2013/ 2014. 3%% (en 2014/ 2015) . Évolution du Pl B PIB/ habitant 5 211 dollars en 2014/ 2015 (est.) contre 4 748 dollars en 2013/ 2014. Taux d inflation : 15,8 en 2014/ 2015 (est .) contre 35,2 %% en 2013/ 2014. Taux de chômage : 11,6 %% (en 2014/ 2015) selon lessources iraniennes, mais estimé à près de 30 %% par le FMI. Production pétrolière : 2 ,52 millions de barils par jour (en 2013/ 2014) . Exportations pétrolières 1,3 millionde barils par jour (en 2012/ 2013) . Balance courante : 3 ,28 milliardsde dollars (en 2013/ 2014) . Dette externe/ PIB : 2,1 (en 2013/ 2014) . Part des principaux secteurs d activités dans le Pl B : agriculture 11,3 industrie 37 ;services 51 ' ' ' ' ' ' Source : rapport d information en date du 7 octobre 2015 du groupe de travail au Sénat sur «l Iran le renouveau d une puissance régionale ? » ' ' ' ' ' Tous droits de reproduction réservés