Rapport sur la Conférence de solidarité avec Ingrid

Transcription

Rapport sur la Conférence de solidarité avec Ingrid
Patrick Farbiaz, délégué aux relations internationales, à l’Outremer et à
l’altermondialisation
Sergio Coronado
Porte-parole national
Constantin Fedorovsky
Assistant aux relations internationales
Au CNIR de novembre 2005
RAPPORT SUR LA CONFÉRENCE DE SOLIDARITÉ AVEC
INGRID BÉTANCOURT, CLARA ROJAS ET TOUS LES
OTAGES COLOMBIENS
à Bogota du 31 octobre au 6 novembre 2005
RAPPEL SUR L’ORIGINE DE CETTE ACTION :
Depuis l’enlèvement d’Ingrid Bétancourt et de Clara Rojas, le 23 février 2002, les Verts se sont
efforcés d’apporter leur solidarité à ces Vertes de Colombie et à leurs familles. Sergio Coronado,
porte parole national, s’est rendu à Bogota les 23 février 2003, 2004 et 2005 pour témoigner de
notre solidarité. En mars 2005, le Collège Exécutif des Verts a décidé d’amplifier cette action en
organisant en 2005 à Bogota une conférence de solidarité des partis Verts européens et
mondiaux avec Ingrid, Clara et l’ensemble des otages colombiens. Cette proposition a été
adoptée par le Conseil du Parti Vert Européen tenu à Riga les 7/8 mai 2005. Elle consistait
également à demander au Forum de Sao Paulo qui réunit depuis 1990 l’ensemble des gauches
latino-américaines, d’exclure les FARC (membre fondateur de ce Forum) de ses rangs. Le PVE a
demandé aux Verts français, initiateurs du projet, de se charger de sa réalisation en relation
avec les Verts colombiens, étant donné qu’il n’y avait pas de budget spécifique alloué pour
l’organisation de cette action, chaque parti Vert devant prendre en charge les frais de ses
représentants. Début juillet 2005, Grazia Francescato, porte-parole du PVE a adressé la lettre
au Forum de Sao Paulo. Sergio Coronado, a pu mesurer le bon accueil réservé par ses
responsables à cette lettre : le Forum de Sao Paulo entend désormais soutenir en Colombie non
plus les FARC mais les forces de gauche qui participent au jeu démocratique. Le 13 septembre
2005, Arnold Cassola, a adressé une lettre d’invitation à tous les partis Verts européens et au
GVPE, avec copie à la Coordination des Verts mondiaux, demandant à tous les partis Verts
d’Europe mais aussi du monde de participer à cette importante action de solidarité.
SUCCES DE l’ORGANISATION :
10 partis Verts de 4 continents présents (11 avec le Parti Vert colombien), malgré les
défaillances de dernière minute, les difficultés de visa, les difficultés financières. La
Secrétariat National : 247 rue du Faubourg Saint Martin - 75010 PARIS.
☎ 33 (0)1 53 19 53 19 - Télécopie 33 (0)1 53 19 03 93 – Courriel: [email protected]
participation modérée des Européens (absence regrettable des Allemands et des Sacandinaves)
a été plus que largement compensée, en termes de représentativité par la présence des partis
Verts des Etats-Unis, du Brésil, d’Australie, du Japon, de Taiwan. Les Verts mondiaux ont ainsi
été en mesure d’affirmer leur capacité d’action unitaire. Ont finalement participé à la
délégation :
Grazia Francescato (Italie,porte-parole du Parti Vert Européen)
Alain Lipietz (France, député au Parlement Européen, président de la délégation Communauté
Andine)
Marie Nagy (Belgique, sénatrice d’Ecolo)
Jacqueline Bot (Pays-Bas, membre du bureau national de Groen Links)
Dario Ghilarducci (Italie, membre de la Federazione dei Verdi)
Sergio Coronado (France, porte-parole des Verts)
Patrick Farbiaz (France, délégué aux relations internationales des Verts)
Milan Bastinac (Parti Vert de Bosnie-Herzégovine)
Carl Romanelli (membre du bureau international du Green Party of United States)
Margaret Blakers (Australian Greens, membre de la Coordination des Verts mondiaux)
Rikiya Adachi (Japon, membre du bureau National de Green Table)
Candido Jovino (Brésil, député Vert au Parlement fédéral)
Mme Yu-Hwei Tseng (Green Party of Taiwan)
Constantin Fedorovsky (France, assistant aux relations internationales des Verts)
Ainsi bien sûr que de nombreux membres du Partido Verde-Oxigeno
La conférence de solidarité a été organisée en relation étroite par Marelby Agatton, animatrice
de longue date des Verts colombiens et par Constantin Fedorovsky, assistant aux relations
internationales des Verts grâce à la volonté politique de Lucho Garzon, maire de gauche de
Bogota et actuel employeur de Marelby Agatton et du Collège Exécutif des Verts. Marelby
Agatton s’est plus spécialement consacrée à l’organisation sur place : elle a organisé un très riche
(et harassant) programme de rencontres et assuré la logistique (la délégation était logée dans un
hôtel doté de salles de réunions, un bus était disponible pour les rendez-vous extérieurs, un
impressionnant service de sécurité avait été mis en place par la mairie de Bogota (policiers en
civil, policiers en uniforme, motards escortant nos déplacements (et même un transport de
troupes en banlieue !)). Constantin Fedorovsky, désigné par Arnold Cassola comme contact de
référence, s’est davantage consacré aux relations avec les Verts d’Europe et du monde. Au final
ces capacités d’organisation minimales ont suffi à assurer le succès de cette action de solidarité.
BUTS DE CETTE ACTION :
Les buts de cette action étaient multiples :
- Avant tout, montrer aux autorités colombiennes, aux FARC et à l’opinion publique
colombiennes la force de la solidarité des Verts européens et mondiaux avec Ingrid
Bétancourt, Clara Rojas et tous les otages colombiens.
- Renforcer ainsi la pression internationale en faveur de la libération des otages,. En
sachant que les Verts ne peuvent faire de miracles, seulement ajouter tout leur poids à
celui de la communauté internationale, de nombreux gouvernements et de la société civile
en faveur de la libération des otages.
- Démontrer ainsi que la libération d’Ingrid Bétancourt, de Clara Rojas et des otages
colombiens n’est pas seulement une question colombienne ou franco-colombienne mais un
sujet de préoccupation mondial.
- Faire apparaître publiquement les Verts comme une importante force de soutien aux
otages aux côtés de la société civile (comités de soutien, Renaud)
- Remplir le devoir de solidarité des Verts mondiaux avec ceux d’entre eux qui, comme
Ingrid Bétancourt et Clara Rojas, subissent des persécutions en raison de leur
engagement.
- Dénoncer les FARC pour leurs pratiques criminelles et inhumaines de kidnapping, les
isoler politiquement (lettre au Forum de Sao-Paulo), dénoncer aussi l’absence de volonté
d’accord humanitaire d’Uribe et du gouvernement.
- Rappeler que l’accord humanitaire peut être un premier pas vers une résolution négociée
du conflit armé qui ensanglante et appauvrit le pays depuis 50 ans, alors que le
gouvernement et les FARC s’installent dans une logique purement militaire.
- Apporter la solidarité des Verts aux familles des otages et aux victimes du conflit armé.
-
Accessoirement (mais c’est important) donner vie aux Verts mondiaux en organisant la
première action concertée de leur histoire.
LA SITUATION POLITIQUE EN COLOMBIE :
Background : La « Violencia », cette forme de massacres à grande échelle à fort caractère
sadique, ravage la Colombie depuis le XIXème siècle, avec des pics tel que celui qui a suivi la
mort du leader libéral Jorge Eliecer Gaitan en 1948. Elle repose fondamentalement sur
l ‘appropriation du pouvoir et des ressources du pays, suite à l’indépendance en 1819, par une
classe politique oligarchique, divisée entre libéraux et conservateurs (deux facettes de la même
pièce).
Cette classe oligarchique corrompue n’a jamais cherché d’autre parade aux révoltes face à
l’énorme injustice sociale (2,5 % de la population détiennent 65 % des terres), que d’engager des
auxiliaires armés,les paramilitaires, chargés de réprimer sauvagement tous les mouvements de
mécontentement en lien étroit avec l’armée. Cette classe oligarchique n’a jamais hésité à recourir
au meurtre politique (élimination à la fin des années 1980 de 3000 cadres et militants de l’Union
Patriotique, ce parti comportant de nombreux ex-membres des FARC tentés par le jeu
démocratique, élimination en 1989 du leader libéral général Luis Carlos Galan). Cette classe
politique est très largement corrompue par l’argent de la drogue, tout comme les paramilitaires
et la guérilla des FARC, qui se finance principalement par le narcotrafic, accessoirement par les
enlèvements contre rançon et par l’ impôt révolutionnaire (extorsion de fonds par la force).
Aujourd’hui 2 guérillas subsistent en Colombie : principalement celle des FARC (Fuerzas
Armadas Revolucionarias de Colombia) qui compte plus de 20 000 combattants, et celle de
l’ELN (Ejercito de Liberacion Nacional), fondée en 1966, d’obédience castriste, qui compte
environ 5000 combattants. Malgré le soutien des Etats-Unis, l’oligarchie au pouvoir n’a jamais
pu réduire ces guérillas, du fait de 2 éléments : la misère généralisée qui renouvelle constamment
les rangs des guérillas et la géographie du pays, couvert de montagnes et de jungles
incontrôlables. Le résultat de cette situation est un pays sinistré dont la population recrue de
souffrances s’abandonne tantôt à l’espoir d’une paix négociée (élection du président Pastrana
en 1998), tantôt à l’illusion d’une solution par la force( élection du président Uribe et de sa
politique de la « main dure » en 2002). La Colombie est le 1er pays au monde pour le nombre
d’otages (80 % du total mondial). Le 1 er pour le nombre d’assassinats de syndicalistes. Le 2 ème
(derrière le Soudan) pour le nombre de réfugiés (plus de 3 millions de « desplazados »), l’un des
10 pays les plus pauvres au monde..
Les Etats-Unis soutiennent le gouvernement colombien, officiellement dans la lutte contre la
lutte le narco-trafic, mais surtout dans la lutte contre les guérillas, les FARC ayant été intégrées
à la liste des organisations terroristes, tant par les Etats-Unis que par l’UE suite au 11
septembre 2001. Sous ce couvert idéologique, le plan Colombie est destiné à lutter à coups de
milliards de dollars contre la culture de la coca, y compris par des fumigations qui ravagent la
très riche bio-diversité de Colombie. Pour les Etats-Unis de George Bush, soutenir le
gouvernement conservateur de Colombie est primordial dans le contexte d’un continent sudaméricain de plus en plus gouverné par des forces de gauche (Chavez au Vénézuela, Lula au
Brésil , le Frente Amplio en Uruguay, etc.).
Actualité politique :
• Aujourd‘hui Uribe et son gouvernement continuent de prétendre pouvoir réduire la guérilla par
la force et se targuent d’un plus large contrôle du territoire. Celui ci est surtout dû à la stratégie
des FARC qui se sont repliées dans leurs bastions d’où elles mènent une guerre de positions. Il
est généralement reconnu que les FARC misent sur la durée, contrairement à des gouvernements
toujours soumis à la pression de nouvelles élections : les FARC considèrent pouvoir faire traîner
la situation pendant des décennies et profiter du moment opportun pour obtenir les avantages
qu’elles recherchent : reconnaissance internationale d’un statut de belligérant (et non de
terroriste) puis administration légale d’un vaste territoire à défaut de pouvoir réaliser leur but
de naguère : le renversement du pouvoir central et l’instauration d’un « paradis communiste »
dans toute la Colombie.Le gouvernement contrôle les villes, alors que les campagnes sont
largement abandonnées aux paramilitaires et aux guérillas, d’essence rurale.
• La Cour constitutionnelle vient d’autoriser la loi permettant au président Alvaro Uribe de se
représenter à la présidentielle de 2006, dont il est le favori.
• La loi « Justice et Paix » a été promulguée en juillet 2005 par le Parlement à l’initiative du
président Uribe, elle est destinée à permettre la démobilisation et la réinsertion de tous les
« combattants illégaux » en pratique seulement des paramilitaires, puisque les FARC se refusent
à désarmer. Les paramilitaires se voient offrir de nombreuses garanties et avantages pour
désarmer (peine maximum de 8 ans de prison, primes à la réinsertion…). En pratique, cette loi
confine à une loi d’impunité qui permet aux paramilitaires de garder les immensités de terres
conquises par la violence. Elle est à ce titre condamnée par les organisations internationales et
colombiennes de droits de l’Homme, par des institutions de l’ONU et de l’OEA, et par les
Verts.
• Les forces de la gauche démocratique se présentent pour l’instant en ordre dispersé aux
législatives de mars 2006 et aux présidentielles de mai 2006. Ce qui, les unit est de croire aux
élections plutôt qu’à la lutte armée pour prendre le pouvoir : Lucho Garzon, personnalité de
type « luliste », proche des Verts, candidat à la présidentielle en 2002 pour le Pôle
Démocratique Indépendant (PDI), a été élu maire de Bogota en 2003 et se tient en retrait,
privilégiant l’administration de sa capitale avec deux thèmes centraux : la lutte contre la faim et
la libération des otages. Le candidat à la présidentielle du PDI (qui est un parti) est Antonio
Navarro Wolf, un ex-guérillero du M-19, une ancienne guérilla convertie à la participation au jeu
démocratique en 1989. Un autre candidat est Carlos Gaviria, du Front Social et Politique (qui
est une coalition de mouvements sociaux). Il est soutenu par le petit Parti Communiste
colombien. Quant au Partido Verde-Oxigeno, décapité par l’enlèvement d’Ingrid Bétancourt, il a
été privé de son existence légale par une mesure scélérate du Congrès en 2004, et ne pourra
concourir, avec ses faibles forces que s’il gagne le recours légal qu’il a déposé contre la mesure de
2004.
INGRID BETANCOURT ET CLARA ROJAS :
Nul besoin de présenter amplement Ingrid Bétancourt qui est devenue une figure mondialement
connue depuis son enlèvement par les FARC le 23 février 2002 dans le cadre de sa campagne de
candidate du Partido Verde-Oxigeno à la présidentielle de 2002. Clara Rojas, avocate, amie et
compagne politique d’Ingrid, enlevée en même temps qu’elle, était la candidate du PVO à la
vice-présidence. Rappelons simplement qu’Ingrid Bétancourt est entrée en politique en 1994 en
se faisant élire députée sous les couleurs du Parti libéral, par atavisme familial car sa mère en
avait était été députée. Elle dénonça rapidement la corruption de ce parti de l’intérieur, et la
corruption généralisée de la classe politique colombienne par les narcotrafiquants, ce qui en fit à
la fois une pasionaria appréciée par la population et une cible, échappant à deux attentats.
Ayant quitté le parti libéral elle fonde son propre parti « Oxigeno » sous les couleurs duquel elle
est élue sénatrice avec le meilleur score du pays. Elle a décidé de transformer le parti Oxigeno en
« Partido Verde-Oxigeno » suite à une rencontre en février 1999 à Paris avec les Verts français,
puis. Avec Wangari Maathai, créatrice du parti Vert kenyan ultérieurement devenue Prix Nobel
de la Paix, Ingrid Bétancourt a été l’oratrice de loin la plus applaudie lors du premier Congrès
des Verts mondiaux à Canberra, en avril 2001, au terme d’un discours émouvant où elle
affirmait le devoir de se battre pour ses convictions même au prix de sa vie. Son livre « La Rage
au cœur », racontant son combat politique est devenu un best-seller traduit en plus de 30
langues. Son enlèvement en a fait un symbole mondial de la lutte pour la justice, contre la
corruption et pour la paix, une immense mobilisation mondiale s’est créée pour sa libération.
Proposée par le Prix Nobel de la Paix, pour le prix Sakharov, lauréate de nombreux prix dont le
Prix Petra Kelly, Ingrid a été nommée citoyenne d’honneur de plus de 1200 villes dont Bogota,
Paris, Rome, Dublin, Bruxelles. De nombreux comités citoyens, la communauté internationale
(tout particulièrement le gouvernement français et Jacques Chirac lui-même), de nombreuses
associations agissent pour sa libération. Tout comme les Verts. Inutile de préciser dans ces
conditions combien la libération d’Ingrid est importante pour les Verts mondiaux. Et pour la
Colombie.
Depuis août 2003, les FARC n’ont communiqué aucune preuve de survie d’Ingrid et de Clara.
LA PROBLÉMATIQUE DES OTAGES COLOMBIENS :
Les FARC détiennent de 3000 à 6000 otages, presque tous enlevés pour soutirer une rançon.
Mais les FARC détiennent aussi 59 otages qu’ils déclarent « échangeables » contre la libération
de tous leurs guérilleros emprisonnés). Parmi ces 59 otages « échangeables » figurent 34 policiers
et militaires capturés au cours de combats, certains détenus depuis 8 ans, ainsi que 22
responsables politiques dont Ingrid Bétancourt et Clara Rojas, et 3 Américains travaillant pour
le Plan Colombie dont l’avion fut abattu. Il y a donc en fait trois catégories d’otages. Tous
devraient être libérés la prise d’otage étant un crime universellement reconnu, sauf par les
FARC,.
Les otages « économiques » n’ont d’autre espoir que le paiement de la rançon.
Parmi les otages « échangeables » colombiens il y a deux catégories, mis à part le cas des 3
Américains :
• les 34 policiers et soldats capturés lors de combats, qui devraient bénéficier d’un accord
humanitaire tel que défini par le droit humanitaire international sur les prisonniers de guerre.
• les 22 civils « politiques » qui ne sont pas des prisonniers de guerre et devraient donc être
relâchés par les FARC unilatéralement, immédiatement et sans conditions. C’est la position de
principe courageuse que défendait Ingrid Bétancourt, à son détriment même, dans la dernière
cassette communiquée par les FARC (août 2003) : L’alternative étant que le gouvernement, qui a
le devoir constitutionnel d’assurer la liberté de ses citoyens ne les libère par la force avec succès.
Or il est de notoriété publique qu’en cas de tentative de libération par la force, les FARC
exécutent systématiquement les otages.
La position constante des Verts est que les FARC doivent relâcher tout leurs otages civils et
« politiques » immédiatement, unilatéralement et sans conditions. Ils sont en faveur d’un accord
humanitaire pour les otages policiers et militaires. Considérant le temps qui passe et le refus
criminel des FARC de libérer les otages civils et « politiques », les Verts plaident comme pisaller pour un échange humanitaire incluant les otages « politiques ». Mais cette solution même se
heurte à la mauvaise volonté des FARC et du gouvernement. Chacun prétend vouloir l’accord
humanitaire mais fixe pour le début même de négociations des conditions qu’il sait
inacceptables par l’autre. Les deux camps cherchent à se rejeter la responsabilité du drame des
otages alors qu’en fait, le silence forcé d’Ingrid Bétancourt les arrange énormément, car elle avait
le rare courage de dénoncer les uns comme les autres, et de plaider pour une solution politique et
négociée du conflit, reposant sur l’introduction de la justice sociale. Or tant le gouvernement que
les FARC sont confortablement installés dans la guerre, on intérêt à ce qu’elle continue, et n’ont
nulle envie qu’une voix courageuse dénonce leurs turpitudes à l’opinion publique colombienne et
au monde.
Concrètement,le point de désaccord majeur porte sur la démilitarisation ou non de deux
communes pour que s’y tiennent les négociations sur l’échange humanitaire. Le gouvernement s’y
refuse, les FARC l’exigent. Des missions de bons offices entre les deux camps ont été effectuées
par l’Eglise catholique, et par la France. voire par la Suisse. A chaque fois le processus a été
torpillé par l ‘annonce publique, surtout par le gouvernement, d’exigences irréductibles. Cette
« politique du mégaphone » ne conduit qu’à la surenchère alors que le rapprochement nécessite
la discrétion.
DÉROULÉ DES ACTIVITÉS DE LA DÉLÉGATION :
Lundi 31 octobre : • matin : de 7 h à 9 h, à la mairie de Bogota : rencontre avec Lucho Garzon, maire de Bogota,
en compagnie de Yolanda Pulecio,
• après-midi : de 16 h 30 à 18 h, au bureau de l’ONU à Bogota : rencontre avec Michael
Frühling, représentant de l’ONU pour les Droits de l’Homme en Colombie. • Soir : 20 h-22 h
30, dans un restaurant : dîner-débat de la délégation et mise au point d’une déclaration
destinée à la conférence de presse du lendemain.
Mardi 1er novembre :
• matin : de 7 h 30 à 9 h, à l’hôtel : rencontre avec Atanas Mockus, ex-maire de Bogota et
candidat indépendant à la présidence • matin : de 9 h à 10 h 30 : rencontre avec Yolanda Pulecio, la mère d’Ingrid Bétancourt.
• matin : de 11 h à 12 h 30 : manifestation place Simon Bolivar (la place centrale de Bogota)
avec l’ASFAMIPAZ, association des familles de policiers et militaires pris en otages, animée par
Marleny Orjuela
• après-midi : de 14 h à 16 h 30 : rencontre avec les familles d’otages : Marleny Orjuela et
l’ASFAMIPAZ de nouveau, mais aussi Patricia Perdomo, Gloria Narvaerz, Francisco Giraldo,
Yolanda Pulecio, Juan-Carlos Lecompte, époux d’Ingrid Bétancourt, Clara Rojas (homonyme de
sa fille)…
• après-midi : 16 h 30 –18 h : conférence de presse : Grazia Francescato et Sergio Coronado
dénoncent le refus du commissaire à la paix du gouvernement, Luis Carlos Restrepo, de recevoir
notre délégation,
• soir : de 18 h à 21 h: rencontre avec différents syndicats : CUT CGT…
Mercredi 2 novembre :
• matin : 7 h 30-9 h : rencontre avec Alvaro Leyva, député libéral atypique, fervent partisan
d’un accord humanitaire, qui entretient des relations régulières avec les FARC depuis 25 ans, et
Yolanda Pulecio.
• matin : 9 h-11 h : rencontre avec Antonio Navarro Wolf , ex-guérillero du M-19, sénateur,
candidat du Pôle Démocratique Indépendant à la présidence.
• midi: 12 h-14 h 30 : Roberto Saenz (adjoint au maire de Bogota) présente les objectifs du
maire en matière de lutte contre la faim et pour l’accord humanitaire ; visite du Jardin botanique.
• après-midi : 15 h-17 h :rencontre Mgr Luis Augusto Castro, président de la Conférence
épiscopale, médiateur de longue date avec les FARC , et le père Dario Echeverri
• soir : 18 h –21 h 30 : rencontre avec des organisations de droits de l’Homme et
Jeudi 3 novembre :
• matin : 8 h-9 h 30 : rencontre avec Jesus Pinacué, sénateur indigène.
• matin : 10 h-12 h : rencontre avec le vice procureur de la République
• matin : 11 h : Sergio Coronado, Patrick Farbiaz et Alain Lipietz participent à une
manifestation syndicale.
• midi : 12 h-14 h : déjeuner avec le Parti Communiste colombien. Celui-ci accepte de demander
comme les Verts la libération unilatérale immédiate et sans conditions des otages civils et
politiques par les FARC.
• après-midi et soir : 15 h-19 h : rencontre avec le Mouvement des victimes de crimes d’Etat.
• après-midi : Sergio Coronado, Patrick Farbiaz et Alain Lipietz partent à Medellin rencontrer
Francisco Galan, chef historique de l’ELN en liberté surveillée.
Vendredi 4 novembre :
• matin : 7 h 3 0–9 h : rencontre avec la Commission de Réparation Ley Justicia y Paz
(Eduardo Pizarro et Ana Teresa Bernal)
• matin : 9 h-10 h 30 : rencontre avec Alfonso Lopez Michaelsen, ex-président de la
République, et Yolanda Pulecio ;
• matin : 10 h 30-12 h : rencontre avec l’Organizacion Nacional Indigena de Colombia (ONIC)
• matin : Marie Nagy et Constantin Fedorovsky rencontrent avec Yolanda Pulecio : Ivan
Marulanda, ex-sénateur du parti libéral et ami de Yolanda Pulecio.
• midi : retour de Alain Lipietz, Sergio Coronado et Patrick Farbiaz de Medellin : ils ont
proposé à la « Maison de la Paix » composée de 5 médiateurs qui épaulent Francisco Galan de
formuler autour des 5 points d’obstacle à la paix des concepts et des lieux de dialogue, de
mettre sur pied une conférence internationale de consensus et de débat public avec la
participation de prix Nobel.
• après-midi : 14 h –18 h rencontre avec le CINEP, association de lutte contre les fumigations.
• après-midi : 15 h-16 h 30 : conférence de presse très réussie : Sergio Coronado, Grazia
Francescato, Marie Nagy et Alain Lipietz sont abondamment interviewés par la presse audiovisuelle.
• soir : 19 h-22 h pot amical à l’appartement de Yolanda Pulecio.
Samedi 5 novembre :
•Matin : 8 h-11 h 30 : visite du programme Bogota air pur à Nueva Esperanza
• Midi : 12h-13 h 30 : visite du programme Bogota sans faim à Altos de Poblar
• Après-midi : 15 h-17 h rencontre avec le Partido Verde-Oxigeno : perspectives de
renforcement d’un parti décapité par l’enlèvement d’Ingrid, vampirisé par la lutte pour sa
libération, luttant pour recouvrer son statut légal, condition de la participation aux élections ;
• Après-midi : 17 h-19 h : réunion des Global Greens avec les 11 partis Verts représentés,
consacrée aux conclusions de l’action : adoption d’une déclaration en 15 points, examen de
l’appel à la création d’un comité de solidarité contre la répression des écologistes (document en
annexes).
CONCLUSIONS DE LA CONFÉRENCE DE SOLIDARITÉ :
On peut considérer que tous les buts de cette action de solidarité ont été atteints :
-
-
peser sur le gouvernement (le refus du commissaire gouvernemental à la Paix, Luis Carlos
Restrepo de nous recevoir, la mauvaise couverture presse de notre première conférence
de presse montrent que notre action a gêné le pouvoir)
peser sur les FARC en les isolant politiquement (la déclaration commune avec PC
colombien reprenant nos exigences de libération unilatérale, immédiate et sans conditions
des otages civils et « politiques » vient renforcer la décision du Forum de Sao Paulo de
soutenir les forces de gauche démocratique colombiennes et non plus les FARC).
toucher l’opinion publique colombienne (la 2 ème conférence de presse a été largement
couverte)
Montrer la solidarité des Partis Verts avec Ingrid, Clara, Vertes victimes de leur
engagement, et avec tous les otages (article dans Le Monde, interviews sur RFI, à l’AFP)
Apporter notre solidarité aux familles d’otages et aux victimes du conflit
Donner vie aux Global Greens en organisant leur première action concertée.
Nous ne saurions oublier combien l’ensemble de nos interlocuteurs nous ont remercié pour la
venue de notre délégation, considérant qu’elle était très importante pour renforcer la pression
internationale sans laquelle il ne saurait y avoir d’accord humanitaire. Les Verts européens et
mondiaux sont désormais un acteur reconnu dans la résolution du conflit colombien.