Les mutations du marché automobile autour de la
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Les mutations du marché automobile autour de la
Les mutations du marché automobile autour de la question des partages Par Bruno Marzloff et Aladin Mekki – Juin 2011 © Chronos Sommaire INTRODUCTION ................................................................................................................ 2 1. “PEAK-CAR” OU LES FUTURS DE L’AUTO ....................................................................... 2 2. DU PARC À LA FLOTTE ................................................................................................... 5 3. LOGICIELS DES SERVICIELS ........................................................................................... 11 4. LE “PEAK-DRIVING” OU LA RÉVOLUTION AUTO PAR L'USAGE ..................................... 17 PRÉCISIONS SÉMANTIQUES ............................................................................................. 22 REPÈRES CHRONOLOGIQUES ........................................................................................... 24 Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 1 Introduction Ce dossier en quatre volets explore la mutation du marché automobile. Que comprendre des signes que ne cesse de produire la demande ? Qu‟entendre derrière ces initiatives brouillonnes de l‟offre ? Quelle place pour les autorités dans ces perspectives de maîtrise des mobilités ? Quid du jeu d‟acteurs qui chamboule les positions bunkerisées des constructeurs ? Comment le numérique urbain rend-il possible techniquement et économiquement des innovations de rupture ? Trop de constats sont là pour ne pas admettre l‟hypothèse d‟un renversement du marché ; le “peak-car” nous servira de fil conducteur. Ces constats sont aussi autant d‟injonctions d‟innovation sur tous ces fronts. 1. “Peak-car” ou les futurs de l’auto Le futur est déjà là, trouvez-le "Le futur est déjà là, il est juste très inégalement distribué". La formule de William Gibson, auteur de science-fiction, est dans les esprits quand on parle de la voiture et de ses écarts. Les huit contradictions ou paradoxes qui suivent sont autant de bonnes raisons d‟aller plus loin. #1 La flambée des ventes de voitures en Chine, Inde… masque le recul des marchés en Europe et aux Etats-Unis et un ralentissement de la croissance chez les premiers. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, des signes de saturations se multiplient déjà en Chine. #2 Les incitations fiscales des états agissent comme “effets d‟aubaine” et reculent le constat d‟une dégradation de la demande. Quand les pouvoirs publics prendront-ils la mesure de l‟opportunité d‟une filière productrice de valeurs et d‟externalités positives ? #3 Le glissement du marché vers des modèles de taille réduite et des modèles low cost masque une baisse en valeur du marché et une dégradation de l‟auto comme produit phare des consommations. Pourquoi cet acharnement d‟une logique consumériste des constructeurs quand les usagers réclament le droit d‟usage ? Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 2 #4 La progression des ventes vers les flottes dissimule la chute des ventes aux particuliers. Début de l‟ère des partages ? Évolution des ventes de véhicules neufs selon le type de client Source : CCFA, 2008 #5 La stagnation du parc des véhicules particuliers cache une baisse des usages automobiles en portée et en fréquence. Quand la baisse des usages se convertira-t-elle en achats de services ? #6 La stabilité de ce parc est trompeuse car si les zones captives de la voiture consolident leur demande, celle-ci s‟érode depuis un certain temps dans les grandes villes. Quand la dimension contraignante des villes s‟étendra-t-elle aux autres territoires pour produire là aussi de l‟innovation ? #7 La vision d‟une flotte électrique ne peut masquer qu‟une voiture reste une voiture, électrique ou non, avec des séquelles qui dépassent les maigres bénéfices de l‟électrique. Quand les constructeurs admettront-ils que la valeur se déplace de l‟objet – même électrique – au service ? #8 Last but not least, derrière l‟apparente crispation des automobilistes sur “leur” voiture personnelle, on entrevoit un puissant crédit d‟avenir des usages de la voiture publique et de la VDA (la “voiture des autres”). Comment transformer ce désir en offres pertinentes ? Le “peak-car” comme ligne d’horizon Cette confusion de signes, entre ombres et lumières, appelle vigilance et discernement. En jouant astucieusement de tel ou tel argument, on défendra aussi bien l‟avenir radieux de l‟auto que son inéluctable dégringolade. Personne de s‟en prive d‟ailleurs. Une lecture engagée de ce qui se passe peut se formuler dans le “peak-car”. La formule, énoncée par The Independant, renvoie bien sûr au “ “peak-oil” ”, c‟est-à-dire ce moment où le gisement fossile résiduel est inférieur à la production déjà réalisée. Là, on parle du parc automobile. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 3 En d‟autres termes, sommes-nous dans la perspective annoncée l‟an passé par Carlos Ghosn d‟un parc de deux milliards d‟unités à l‟horizon de 2020 (face aux 600 millions de voitures aujourd‟hui) ou d‟une baisse tendancielle du parc ? Une question qui peut aussi se résoudre dans un déplacement de la valeur, au bénéfice entre autres d‟une réduction drastique des émissions carbone. C‟est la voie qu‟ouvrent “les partages”. Dit autrement, comment se passe le déplacement de la valeur ? La productivité automobile n’est pas là où l’on croit Dans la prospective – spontanée ou volontariste – du "peak-car", il y a d‟abord l‟amélioration de la productivité de l‟automobile. La révolution automobile cherche ses relais de croissance. L‟équation à résoudre est la domestication de l‟automobile sans perdre ses incontournables services. La voiture sera servicielle ou elle continuera de malmener la planète. La voiture sera intégrée à un système global de mobilités ou elle persistera dans des impasses. La voiture doit trouver des issues dans des productivités qui ne relèvent ni des carburants, ni des motorisations. Une seule issue donc, des services, dans les partages et l'intégration de l'automobile au système des mobilités. Comment mieux remplir une voiture ? Comment utiliser plus fréquemment une même voiture ? Comment optimiser les flottes, dont celles des particuliers ? Comment optimiser le rabattement de la voiture sur les autres modes ? Valeur du partage et partage de la valeur Les 50.000 vélos mis en place à Hangzhou, ville chinoise de sept millions d‟habitants, produisent 240.000 voyages par jour. Ils sont fluidifiés par 2050 stations avant une montée en charge prévue jusqu‟à 175.000 vélos en 2020. Le Velib‟ à Paris, à son échelle, pourrait monter en gamme si la politique de l‟espace public était plus favorable au vélo. Cela se passera sans doute. L‟Autolib‟ à Paris se construit sur un modèle identique pour l‟auto. Ce modèle s‟analyse dans le partage d‟un bien commun, il se formule en “service public”, il impose une logique de réseau et il repose sur des “intelligences”. Le fait patent est l‟émergence d‟un “transport public individuel”, formule que nous avions énoncée lors de l‟arrivée de VéloV à Lyon en 2005. Passée la bizarrerie de l‟hybridation, il faut admettre que la révolution est dans le partage, donc l‟érosion de la possession. Cette rupture sociologique, après un siècle d‟automobile statutaire et soliste, est le pas à franchir pour consolider l‟autonomie de l‟usager, lui ménager une flexibilité de ses temps par la pertinence et la légèreté des solutions. Du côté de la ville, il est inutile d‟énumérer les bénéfices mais il serait bienvenu de les mesurer. Ne serait-ce que pour accélérer ce mouvement et l‟étendre à la voiture. C‟est du côté des opérateurs que surgissent le plus de questions. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 4 2. Du Parc à la Flotte La batterie de constats pose plus de questions qu‟elle n‟en résout. A tout le moins, on sait que le marché réagit à la première alerte du prix du carburant ou quand l‟Etat dégaine ses subventions ou encore lorsque les congestions se font insupportables. In fine, mêmes les instances publiques en conviennent par le truchement du Centre d'analyse stratégique : "Le système automobile tel qu‟il s‟est bâti au fil du 20e siècle n‟est plus soutenable." Les constructeurs aussi se rendent à l‟évidence : “Pour Vincent Besson, directeur du plan produit de PSA, c‟est la première révolution copernicienne du secteur. „Nous devons passer de la voiture à la mobilité‟.” (Next/Libération). Les mêmes mots, à un mot près (“Nous devons passer du transport à la mobilité”), répétés à l‟envi depuis des années par Georges Amar (ex directeur de la prospective à la RATP) et sous d‟autres formes dans ces colonnes. Cela passe, qu‟on le veuille on non, par le “peak-car”, c‟est-àdire l‟inverse de ce qui se fait depuis un siècle, donc renier les canons de la croissance et l‟extension du parc. Dieu qu‟il est difficile de se tirer une balle dans le pied ! Le moment des ruptures (usages, économie, social et territoire) Il faut donc s‟attendre à des changements de cap majeurs. Au premier janvier 2010, le parc automobile français comptait 37,4 millions de véhicules, soit près de 600 voitures pour 1.000 habitants. Plus d‟une voiture pour deux habitants pour des véhicules comportant en général quatre ou cinq places, plus de 60% des ménages qui détiennent au moins une seconde voiture, et cela dans un pays où la population est urbaine à 82%... Même en tenant compte de l‟étalement urbain et de l‟inflation des déplacements, on comprend vite que l‟équilibre de l‟équation “parc disponible = nombre de déplacements et ± nombre de places de stationnement” se fait au prix d‟une large sous-utilisation du parc et d‟une non moins large sur-utilisation du stationnement urbain. Les modes de vie épousant ce modèle ont renforcé la logique de la voiture individuelle et de “la ville occupée” (par la voiture). On ne connaît pas la source du chiffre de 5% de taux d‟utilisation moyen d‟une voiture, mais il est largement repris et semble intuitivement correct. On sait en revanche que le taux d‟occupation de la voiture en usage est dérisoire (1,1 personne par voiture pour les trajets pendulaires et 1,6 pour les déplacements liés aux loisirs). C‟est là que se joue la suite de l‟histoire, dans la recherche d‟autres productivités. Mais ces dernières bousculent radicalement des modèles d‟usage bien établis, des modèles économiques lourdement ancrés, un cadre social qui a puissamment intégré la voiture et un territoire dont l‟architecture a pris appui sur son développement. Aujourd‟hui les premiers vacillent, les seconds chancellent, le troisième doute fortement et le quatrième est essoufflé. Revue d‟une prospective du présent en adoptant une lecture volontariste, la seule qui vaille en la matière. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 5 Voiture publique et crédits d’avenir des partages En France, les loueurs traditionnels, avec un parc de 150.000 automobiles, entreprennent d‟explorer d‟autres modèles. Ils ne sont pas les seuls. Selon l‟EPOMM, il y aurait plus de 400.000 abonnés à un service d'autopartage en Europe, principalement en Suisse (Mobility), en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et au Royaume-Uni. De son côté, Frost & Sullivan prédit que 5,5 millions d‟Européens souscriraient à un programme d‟autopartage en 2016, soit – selon l‟institut – quelques 77.000 véhicules en autopartage. Qui assurera la gestion de ces flottes et dans quels modèles ? Constructeurs et prestataires en tous genres guettent les opportunités. Source : TNS Sofres / Chronos, étude « Auto-mobilités », 2010, sondage réalisé auprès d‟un échantillon de près de 7.000 individus représentatifs de la population française. L‟autopartage est une solution d‟avenir pour 47% des Français, 60% accordent un crédit d‟avenir au covoiturage tandis que seuls 18% accordent le même crédit à la voiture particulière ; 82% des Français pensent ainsi qu‟il faut diminuer le nombre de voitures circulant dans les villes (TNS Sofres / Chronos, étude “Auto-mobilités”, 2010). Chacun entrevoit derrière ces chiffres un marché de services énorme mais tous tâtonnent. Impossible en l‟état de tracer des lignes entre les modèles émergents. Covoiturage, autopartage de flotte, entre particuliers, location de courte durée, transport à la demande, taxi collectif... les issues sont multiples et se démultiplieront sans doute. Face au modèle monolithique de la voiture particulière, tout dit que les offres seront demain plurielles pour offrir la plus grande flexibilité et s‟adapter aux multiples situations de mobilité. Pour autant, les avancées s‟opèrent dans la confusion. La plainte de l‟Union des Loueurs professionnels contre Autolib‟ souligne l‟implication publique (Autolib' “est un service public qui va se substituer à un service déjà fourni sans subventions par des opérateurs privés”) et la remise en cause des périmètres acquis. Ils ne cesseront de l‟être dans cette quête d‟équilibre. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 6 Taux d’occupation et d’usage vs. la Pyramide de Ponzy Un analyste américain recourt à la métaphore du schéma de Ponzy pour signifier la fuite en avant insoutenable mais pourtant irrépressible des infrastructures publiques. La seule solution pour éviter une dégringolade de la Pyramide est de trouver des solutions de productivité drastiques ; non pas seulement dans le carburant, la motorisation et l‟autonomisation du véhicule mais dans le service de la voiture. “On peut tripler ou quadrupler la capacité du système routier”, affirme The Transport Politic, en animant le partage automobile. L'ingénieur Bill Reinert de Toyota confirme deux solutions pour réduire les congestions : l'augmentation des taux d'usage des véhicules et une régulation du trafic par le biais de voitures autonomes (Il y a une voiture dans votre futur, mais vous ne la conduirez ni ne la posséderez pas). Faire de l‟auto une ressource collective et améliorer sa productivité, là s‟arrête la ressemblance entre les offres. Le covoiturage partage des trajets; l‟amélioration de la productivité qu‟il apporte tient à l‟augmentation du “taux d‟occupation” du véhicule et donc à la réduction du nombre de voitures en circulation à un même moment. Avec l‟autopartage, on agit sur le “taux d‟usage”, soit le nombre de déplacements. Les résultats pour la collectivité sont les mêmes. Pour cumuler leurs effets et maximiser “le taux d‟utilisation”, il faudrait que le système soit sacrément huilé. Ce qu‟il n‟est pas encore. On commence à entendre que les taxis déclinent ces principes depuis longtemps et peuvent consolider leur statut de transports collectifs ; d‟autres systèmes aussi – moins répandus – comme le transport à la demande – se proposent. Des développements sont à attendre sur des registres divers : accessibilité, stationnement, retour au point de départ, abonnement, tarif, places de marché et plus généralement toutes les formes d‟intégration de la voiture au marché unique des mobilités. Services cherchent modèles L‟innovation se développe grossièrement sur deux voies très différentes, voire antinomiques. La voie classique, portée par la modernité de la machine, explore les petits modèles, le carburant électrique, la sobriété énergétique, les automatismes… bref l'objet. L‟autre piste admet que le salut de la voiture est dans le sujet, la mobilité. Donc on parle “modèle”. Tiraillés entre la logique industrielle et capitalistique d‟une fatalité de la croissance d‟une part et un modèle serviciel qui signe la décroissance à terme des ventes, les constructeurs sont forcément schizophrènes et les acteurs concurrents sont en embuscade, voire déjà dans la place. Ainsi, ce n‟est pas un constructeur qui signe la première grande opération publiqueprivée d‟autopartage, mais un fabricant de batterie qui de facto devient constructeur automobile. Avec Autolib‟, Bolloré investit 200 millions d‟euros – autant dans la batterie que dans des modèles d‟usage actuels –, prenant des risques qu‟aucun constructeur n‟envisageait. "Notre hypothèse, dit Vincent Bolloré aux Echos, c'est que nous compterons plus de 100.000 abonnés au bout de la troisième année et neuf utilisateurs par jour et par voiture soit à peu près neuf heures d'utilisation journalière d'un véhicule. A partir de là, nous commencerons à gagner de l'argent.” Sans doute très optimiste ! Trop, le risque de l'affaire Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 7 est de jeter le bébé avec l'eau du bain, d'une solution peu viable au plan économique classique, quand sa rentabilité est sociale. C'est-à-dire quand on intègre les bénéfices de tels usages pour la collectivité et qu'elle les assume. Ce n‟est pas non plus un constructeur, ni même un loueur, qui prend un autre risque – celui de l‟autopartage entre particuliers, au milieu d‟autres initiatives – c‟est un réseau de mobilités, Mobivia (ex-Norauto Groupe). Ces différences de logiques et de trajectoires troublent un marché établi et se concluent dans une offre hétérogène. L‟innovation bat son plein avec des modèles loin d‟être stabilisés. Quels acteurs tireront leur épingle du jeu ? Ceux qui auront une vision globale, car toutes ces offres s‟inscrivent dans une logique de “gestion de flotte” professionnelle et particulière, elle-même enchâssée dans un “marché unique des déplacements”. Le récent succès de l‟introduction du pionnier ZipCar à la bourse de New York étonne quand on sait que l‟entreprise est déficitaire depuis dix ans. Il étonne moins quand on connaît son expansion régulière, l‟enthousiasme des usagers, sans oublier la récente rafale d‟annonces dans ce secteur (une chronologie de l‟autopartage figure à la fin du dossier). Les loueurs automobiles étaient concentrés sur des locations de longue et moyenne durée adressées aux entreprises. Pour les locations au fil de l‟eau (en France, dix millions de locations l‟an passé, en augmentation de 6,7% sur un an), la clientèle bascule brutalement vers les particuliers et vers les jeunes. La clientèle loisirs génère désormais 60% de l'activité contre 30% il y a 15 ans (source Les Echos). La prochaine étape est celle de la flexibilité – des durées courtes et variables – et de la complétude – la couverture garantie des divers usages. L‟autopartage classique en effet n‟y suffit pas. Il ne fait qu‟une partie du chemin, celui des déplacements de proximité. On peut avoir aussi besoin d‟une voiture pour un week-end ou des vacances. Plusieurs y ont pensé. Sauf qu‟aucun réseau n‟a la granularité suffisante pour servir toutes les occurrences et toutes les échelles de mobilités. Cela soulève les enjeux de la station, du stationnement et de leurs réseaux, condition incontournable des développements des partages et d‟un marché intégré des transports. La question du stationnement. Vers un “service public” de l’auto ? L‟autopartage rend accessible un parc de voitures en locations de très courte durée, à l‟image du Vélib‟ pour les vélos. Les options – avec retour à la base ou non, communautaire ou non, électrique ou non, intégré ou non, privé ou public… – multiplient les combinaisons. De fait, la location très courte durée n‟est plus loin de l‟autopartage classique, posant la question de son statut. Or c‟est précisément la raison pour laquelle les loueurs ne veulent pas reconnaître la mission de service public accordée à Autolib‟. Face à cette situation, en Amérique du Nord la Carsharing Association entend consolider la dimension éthique de l‟autopartage en institutionnalisant l‟objectif de réduction de la dépendance à l‟automobile, excluant ainsi les sociétés de location (voir l‟entretien Chronos de Marco Viviani, Communauto). Mais l'éthique n'a rien à voir là-dedans. C'est l'économique qui conduira les changements. C'est la puissance publique qui doit faire des choix. Faut-il attendre de subir, d'être contraint et forcé pour imaginer des issues ? Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 8 © Chronos La ville d‟Hoboken aux Etats-Unis a mis en place un service d‟autopartage avec Hertz pour affronter les limites insurmontables du stationnement. C‟est dire le rôle crucial du stationnement dans l‟autopartage. C‟est la chance des partages : garantir des places de stationnement pour les voitures servicielles. La maîtrise du stationnement en surface est aussi l‟opportunité que les villes doivent saisir pour orienter le marché. Le stationnement préférentiel accordé à Autolib‟ (750 euros la place à l‟année, soit 2 € par jour) signe sa mission de service public. Ce tarif s‟analyse comme une subvention quand il est mis en balance avec le coût de création d‟une place de parking souterrain à Paris, 20.000 € à 30.000 €. Par le truchement du stationnement garanti, la voiture devient un service public de facto. Contradictions et nouveaux équilibres L‟objectif est alors de trouver un nouvel équilibre entre l‟espace (fixe ou mobile) dédié à la voiture en ville et celui dédié aux autres modes de transport qui en ont cruellement besoin. Donc favoriser la réduction progressive de l‟emprise de stationnement pour les voitures particulières, si l‟analyse est conséquente. L‟histoire parisienne récente montre la voie. Depuis 2003, Paris a réduit ses places de surfaces de 14.300 places, soit 9% du parc (Cities Cut Down on Car Parking). A Paris, on est passé de “gardez votre voiture, mais ne l‟utilisez pas” (incitation au parking résidentiel), à “si vous circulez, ce sera moins vite” (la multiplication des zones 30). Il manque encore de franchir un pas vers “et si vous circuliez autrement” qu‟esquisse Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 9 timidement Autolib‟. Une question de temps. L‟épisode récent du recul politique sur l‟affaire des radars rappelle qu‟il faut être habile à la manœuvre pour franchir les étapes. Les automobilistes sont plongés dans de multiples contradictions, enkystés dans un siècle de pratiques assidues d‟un système automobile qui a façonné leur quotidien et redessiné leur territoire. Résultats ? Ils évaluent leur budget automobile à moins de la moitié de sa réalité. Ils se réclament des valeurs de la liberté automobile, oubliant le stress des congestions. Ils célèbrent la résidence à la campagne en se masquant les budgets temps, pollution et économie des servitudes automobiles. Et soulignent, à juste titre, l‟absence d‟alternatives. Ils réclament furieusement moins de voitures, au moins en ville, depuis longtemps mais persistent dans son usage. En 1998 déjà, La vie du rail titrait en double page, “Les Français sont croyants mais pas pratiquants.” Si les dimensions utilitaires de la voiture prennent le pas sur ses valeurs statutaires et ses promesses imaginaires, tout reste à faire. Il semble bien que le “peak-car” devient une idée crédible. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 10 3. Logiciels des serviciels Qu‟on regarde les partages de l‟auto comme un (libre) service (pour les clients), un marché (pour les opérateurs) ou une solution (du point de vue des territoires), rien n‟est simple. Qu‟il s‟agisse des modèles économiques, des appariements, des services, des stationnements, des accessibilités, des intégrations tarifaires, logistiques, servicielles, informationnelles…, les solutions techniques existent ou se dégagent peu à peu. Reste à régler quatre chorégraphies pour faire le ballet : le jeu des acteurs (qui fera quoi ?), la couche logicielle (quelles intelligences ?), la dynamique des réseaux (l‟intégration de la voiture dans le territoire, le quotidien et le marché unique des déplacements) et enfin le partage de la valeur (les modèles économiques) qui ne sera pas traité dans ce dossier. C‟est au travers de ces choix que se redéfinira la notion actuelle de service public dont l‟architecte Antoine Grumbach rappelait l‟importance : “Que ce soit Hannah Arendt, Vernant ou Fernand Braudel, tous ont estimé que ce qui importe dans ces grands territoires, c‟est sans conteste la question du service public minimum.” La voiture publique, individuelle ou collective, en fait désormais partie. N‟attendez pas ici de réponses, mais plutôt une prospective de l‟actuel autour de deux points clé : la voiture en libre-service passe par l‟intégration servicielle et par des réseaux et des stations de mobilité. 3.1. Le jeu des acteurs Les partages et leur bazar Le partage automobile est encore un marché dérisoire. Il n‟empêche. L‟échiquier se remplit au point que le jeu des pions est au bord de la confusion, une sorte de bazar. Un tour d‟horizon en France laisse perplexe. Où sont les lignes directrices ? Qui veut tenir le manche ? # Les territoires deviennent des autorités organisatrices de la voiture (Paris, Lyon, Nice, Strasbourg avec l'autopartage et de nombreux territoires impliqués dans le covoiturage). # Les constructeurs (ils sont nombreux sur les rangs) disputent aux loueurs (quasiment tous sur ce front) la gestion des flottes et explorent les pistes de l‟auto servicielle (chez les constructeurs : Mu, Multicity, Renault et Carbox) # Chez les loueurs : ConnectByHertz, AvisOnDemand, Car2Go/Europcar… # La distribution automobile, même discrète, est carrément dans l‟innovation (Mobivia Groupe avec BuzzCar, AlterMove ou encore GreenCove). # Les opérateurs de stationnement (Vinci Park, Lyon Parc Auto…) ou les assureurs (Macif, Maif, Axa…) – déjà fournisseurs des automobilistes – observent attentivement les mouvements sans trop s‟engager. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 11 # Les énergéticiens (EDF Mobilité électrique, Total...) guettent les services que leur réseaux fourniront demain. # Les fournisseurs d‟accès aux partages (Comuto, GreenCove, Caisse Commune, Mobizen, etc.) tissent leur toile. # Les acteurs des intelligences (Google, Orange...) savent bien qu‟ils ont une place et s‟interrogent sur leur rôle. # Les transporteurs publics enfin bichonnent la voiture dont ils savent le rôle incontournable dans le porte à porte (Veolia, Transdev, SNCF et Keolis sont engagés dans le secteur). # Comme dans toute innovation, des acteurs moins attendus (Bolloré ou Schneider Electrique par exemple) gravitent autour de ces développement à la recherche de niches. # Derniers acteurs, et non les moindres, les automobilistes – eux-mêmes en posture de loueurs et locataires, propriétaires et usagers de la voiture – sont les maîtres d‟un jeu dont les règles se cherchent. Donc une douzaine de familles d‟acteurs se penchent sur le berceau de la voiture servicielle. Cela promet de multiples réglages multipartenariaux. Il faut s‟attendre par ailleurs à des initiatives de montée en puissance soudaine pour préempter des marchés. Constructeurs et loueurs, le pas de deux En quête de relais de croissance via les partages, les constructeurs doivent d‟abord admettre le "peak-car". Pas facile de digérer les conséquences de la contraction du parc quand on était inscrit dans une logique de croissance. Pour réussir, ils disposent de la source, le véhicule. C‟est tout et c‟est même sans doute un obstacle si l‟orientation industrielle qui préexiste crée une inertie dans la rupture servicielle en cours. Leurs réseaux sont inadaptés aux services de mobilités. Il n‟existe pas d‟outil de dialogue permanent avec les clients. De fait, loueurs et constructeurs font le pas de deux. Trois constructeurs allemands, trois cas de figure ! Le service d‟autopartage Car2Go lancé par Daimler à Hambourg en 2008 est détenu maintenant en majorité par EuropCar (seul Car2Go Hambourg est concerné). BMW en 2011 lance Drive Now en partenariat avec le loueur Sixt. Le dernier en date, Volkswagen, se lance avec Quicar, sans partenaire loueur cette fois-ci. En France, Mu by Peugeot se lance en s‟adossant à son réseau de distribution tandis que Citroën choisit d‟en passer par des places de marché internet (Multicity). Toyota va lancer au cours de l‟été une borne de charge interactive et un programme d‟auto-partage. Les opérateurs de flotte ont moins de mal à gérer cette dérive servicielle. Ils misent sur le "peak-car" et voient leur part dans le parc global augmenter dans les années à venir (Les loueurs de voitures gagnent de nouveaux clients). Les grands de la location s‟y collent, soit en partenariat (voir ci-dessus), soit en cavalier seul. Avis s‟est détaché de Vinci Park pour Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 12 créér Avis on Demand (ex-Okigo). Connect by Hertz est l‟extension courte durée du réseau Hertz. Europcar a déjà été mentionné. Les opérateurs de transport en commun ont senti le vent tourner très tôt. Ainsi, Keolis (Groupe SNCF) lançait Lilas à Lille dès 2008, puis à Rennes. La SNCF héberge depuis longtemps des loueurs dans ses grandes gares et investit dans le covoiturage et le taxi collectif. Transdev rachète Caisse Commune. “Il faut favoriser les partages auto, déclare le directeur du développement durable de la SNCF, Jean-Louis Jourdan lors d‟un colloque organisé par Silicon Sentier et animé par Chronos à la Cantine. Cela pose des problèmes de gestion des affinités et nécessite la mise en place d’un système de stationnement préférentiel pour les autopartageurs et cela suppose de garantir une continuité de l’information. La chaîne de l’information transport nécessite un opérateur transverse.” Quel système d‟information distribuée ? Avec quels opérateurs ? 3.2. La couche logicielle L‟innovation, c‟est le libre-service de la voiture, quelles qu‟en soient les modalités. D‟un côté l‟aire numérique urbaine supporte les fonctionnalités d‟informations, de services, de transactions et de places de marché nécessaires aux partages. De l‟autre, des réseaux de stations garantissent la marche “réelle” des appariements et assure l‟intégration de la voiture au marché unique des déplacements. La notion de libre-service automobile est au cœur de la réflexion. © Chronos Pourquoi le libre-service ? L‟apport des sites d‟autopartage Peer to Peer réside dans la construction du “libre-service” (voir notre entretien avec Fabien Derville de Mobivia). A la tête de Buzzcar et soutenu par Mobivia, Robin Chase identifie (vidéo) deux facteurs clé de développement de l‟autopartage : Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 13 Le numérique (Web 2.0, applications mobiles et faible coût des équipements de géolocalisation) crée les accessibilités aux services dans une économie transactionnelle. On connaît en temps réel la disponibilité des véhicules et leur état général (recommandations, niveau de carburant, localisation exacte), la réservation et les transactions s‟opèrent en direct (cf. forum organisé par Benchmark Group). Le budget auto. Face à une estimation très sous-évaluée (environ 2.200 €) par les usagers du coût annuel de la possession d‟une voiture, les valeurs réelles oscillent entre 5.000 € et 8.000 € par an. Cela finit par se savoir. L‟autopartage deviendrait en moyenne moins coûteux que la possession d‟un véhicule en dessous de 10.000 km par an. Le coût du pétrole constituera la variable d‟accélération. Le libre-service de l‟autopartage entre particuliers, c‟est l‟amortissement de l‟auto pour les uns, le service et l‟économie pour les autres. Mais pour tous les partages automobiles, le point clé est celui du libre-service. Du libre-service, mais dynamique La maîtrise et l‟évolution du concept est au cœur des succès et des échecs. “Nous sommes, par exemple, capables d‟alerter un conducteur sur les passagers à la recherche d‟une voiture sur son trajet”, dit le directeur commercial d‟Avego, Jonathan Guard. L‟idée du libreservice s‟enrichit de l‟idée du temps réel et de ce qui se découvre au-delà, le “dynamique”. Bien sûr, seul le numérique a cette capacité et les usagers ont acquis cette familiarité avec l‟immédiateté et l‟anticipation. “La disponibilité quand je veux, où je veux” a cessé d‟être un fantasme le jour où les citadins se sont vus proposer les vélos en libre-service dans un réseau d‟une capillarité extrême, éventuellement servi par un système d‟information et d‟actualisation constante, dynamique. Le “libre-service dynamique” était né. A la voiture de se le réapproprier. L‟affaire n‟est pas mince. L‟appariement – à tel jour, à telle heure, à tel lieu, pour une durée de tant – est la partie low tech sous la forme d‟une place de marché sur internet (fixe ou mobile) entre propriétaires et usagers. D‟autres informations renseignent l‟offre en direct : GPS de géolocalisation, base de donnée affichant la disponibilité des véhicules en temps réel, application mobile du service en situation de mobilité, reconnaissance intuitive, etc. Les technologies sans clef (un code ouvre un boîtier contenant les clés ou bien une serrure électronique à code ou à carte) permettent éventuellement l‟économie de la rencontre. L‟appariement des offres et les technologies sans contact réduisent de manière drastique le coût de gestion d‟une flotte. Mais le socle incontournable reste une information interopérable s‟étendant autant que possible aux données collaboratives. OpenTripPlanner aux Etats-Unis montre la voie. C‟est le logiciel de calcul d'itinéraire multimodal le plus actif en ce moment. Un rapport de l'Université de Floride présente de manière très didactique et détaillée (y compris le calage voirie OSM / arrêts GTFS avec l'outil google) comment le mettre en œuvre avec des données 'open data' d'OpenStreetMap et des horaires de transports collectifs publiés en GTFS par de nombreux réseaux nord-américains (via Prédim). En matière de covoiturage, le numérique rapproche l‟offre de la demande, essentiellement sur les déplacements partagés de salariés en habitat dispersé ou sur de la longue distance. La révolution qui couve est le covoiturage dynamique qui permettrait de covoiturer sur de Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 14 courtes distances. Ainsi, avec Avego Driver, le covoiturage passe au temps réel et prend des airs de ligne de bus. Légende : Capture d’écran de l’application mobile Avego Driver, qui alerte les conducteurs de la présence de passagers potentiels situés sur leur trajet et inversement les usagers des trajets disponibles à proximité. On s‟attend bien sûr à des améliorations et des réglages signant le rôle incontournable du numérique dans cette affaire. Mais cet appariement ne peut se réduire qu‟à l‟immatériel, un réseau est nécessaire (voir plus loin les “stations”). Le libre-service, c’est aussi la confiance Le libre-service pose aussi la question de la confiance dans les transactions entre particuliers; d‟où des services d‟assurance du véhicule et du conducteur durant la location et un historique des usages du véhicule. Robin Chase suggère d‟autres voies. Pour elle, “civiliser” la conduite passe par la construction de communautés d‟autopartageurs. Fortes de leurs échanges fréquents et de leur proximité, leurs membres sont incités au respect et à la prudence. Cette transparence pour la confiance, pense-t-elle, devrait aller jusqu‟à l‟historique accessible de la conduite associé à chaque permis de conduire (comme aux Etats-Unis) pour réduire de facto le tarif d‟assurance. Là encore le numérique a sa place, ne serait-ce que sous les protocoles de recommandations. 3.3. Les hubs et la dynamique des réseaux Le stationnement est constitutif du libre-service auto, quelle que soit la forme du partage et quelles que soient les correspondances avec les autres modes de transport. Dans le cas du covoiturage, les initiatives sont encore sauvages et appellent des accompagnements. Les autopartageurs particuliers s‟accordent eux librement sur le lieu et l‟heure de retour du véhicule. On présume un stationnement disponible. Dans le cas de l‟autopartage de flotte, le “libre-service” implique nécessairement un stationnement… plus ou moins libre. Soit le client Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 15 doit ramener sa voiture à l‟endroit où il l‟a prise (système classique de location), soit il peut la garer ailleurs (one way, ainsi du partenariat entre Sixt et BMW), soit il la ramène dans une station du réseau (Autolib‟, autre forme de one way). Dans tous les cas, il faut prévoir un nombre de parkings au moins égal au parc en circulation. C‟est ainsi le cas pour Communauto à Montréal et pour Car2Go à Lyon. Cette dimension critique du stationnement explique pourquoi des gestionnaires de parking comme Vinci ou Lyon Parc Auto en France ou Park 24 au Japon se lancent sur ce marché. Les stations de mobilité et ses réseaux Derrière le stationnement, il y a la station de mobilité. L‟optimisation du système automobile ne serait pas complète sans l‟intégration de l‟automobile à un système de transport multimodal. Cette intégration pose question. Où installer les stations de partage ? Et comment se conçoit l‟intégration des multiples modes aux échelles diverses du territoire (de la proximité locale jusqu‟à un hub du type Roissy CDG) ? Tous les “hubs” de transports peuvent y prétendre : gares ferroviaires ou autoroutières, aéroports, stations de métros, de bus ou de vélos. La question peut s‟élargir à d‟autres réseaux. Des enseignes de distribution jouent déjà le jeu du covoiturage et des bornes pour les voitures électriques. Mais pourquoi pas le réseau de La Poste ou d‟autres encore ? Les villes sont concernées au premier chef. Tandis que Paris déploie ses premières stations Autolib‟, Strasbourg fête avec EDF et Toyota le premier anniversaire d‟une flotte de 70 véhicules hybrides et son réseau de bornes et stations afférentes et La Rochelle continue d‟explorer les pistes innovantes d‟intégration “du bus, du vélo, du bateau, des véhicules en libre-service, des taxis collectifs et des TER”, sans oublier la composante livraison qui s‟inscrit dans le même schéma. Il s‟agit d‟un enjeu pour la fluidité des mobilités urbaines, mais également d‟un enjeu économique pour les opérateurs qui augmentent ainsi la qualité et l‟efficience de leurs services par un glissement de plus en plus marqué vers la proximité. Nous sommes déjà pleinement dans une économie du service (85% de la croissance provient de ce secteur en France). Nous nous dirigeons vers une économie de l‟usage, adossé en l‟occurrence au partage. La question qui se posera si le mouvement identifié dans ces pages se confirme est celle du parc automobile des particuliers. L‟hypothèse qu‟on peut avancer serait que ce parc servira de variable d‟ajustement progressif. La possession des uns justifiant le non-équipement voire le “déséquipement” progressif des autres. Le jour où on se posera la question de la vitesse de cette transition, on saura que le mouvement sera définitivement engagé. L‟ère industrielle de la voiture se poursuivra mais son ère servicielle prévaudra alors aux bénéfices des voyageurs, des entreprises et de la société. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 16 4. Le “peak-driving” ou la révolution auto par l'usage Quand on entend Bill Ford, le petit-fils d'Henry Ford, aux manettes de l'entreprise éponyme, déclarer que les solutions de la voiture se situent en dehors de la voiture, on se dit que les esprits évoluent singulièrement vite. En revanche, les signaux de ces changements sont confus. Le maintien du marché en volume des ventes au plan mondial masque de très fortes différences entre les pays et les signaux faibles des transformations profondes à l‟œuvre. Comment faire pour que les très nombreuses solutions déjà imaginées se déploient ? Audelà des solutions techniques rapidement reformulées, cette dernière tribune s'attache aux manières de faire (elles doivent être consolidées) et aux manières de convaincre. Le “peak-driving” Après le “peak-oil” qui annonce l‟épuisement des gisements fossiles, après le "peak-car" qui spécule sur une stagnation puis une réduction du parc automobile, on relève l‟expression du “peak-driving” . Selon l'étude "World Transport, Policy & Practice" (pdf) publiée par EcoLogica, entre 1995 et 2005, on observe les baisses suivantes dans le nombre de kilomètres parcourus (phénomène déjà observé dans d'autres villes américaines et européennes). En Europe, Londres perd 1,2% de pratiques, Stockholm 3,7%, et Vienne 7,6%. Aux Etats-Unis, Atlanta chute de 10,1% et Houston de 15,2%; même Los Angeles abandonne 2% de pratiques. Six raisons sont énoncées par le même observatoire d‟une saturation des pratiques : # Le "mur de Marchetti” Cette loi énonce une limite d'une heure à l'élasticité des déplacements quotidiens. Elle est souvent dépassée mais on peut retenir cette idée d‟une lassitude quand la pratique devient trop chronophage. # La croissance de l'offre de transport public On ajoutera aussi la croissance d‟offres alternatives puisées d‟ailleurs en large partie dans la voiture mais pas seulement. # Le renversement de l'étalement urbain C‟est vrai qu‟un mouvement de contraction urbaine se fait jour aux Etats-Unis, mais qui est encore peu présent en France. Mais la densification est dans les esprits. # The aging of the cities Les gens vieillissent et pratiquent moins la voiture mais surtout les jeunes générations ont tendance à délaisser la voiture pour lui préférer la mobilité numérique quand ils peuvent. # La culture urbaine La “ville vivable” avec sa recherche de proximités et le déploiement de mobilités actives est un facteur de baisse de pratiques automobiles. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 17 # L'augmentation du prix des énergies Ce sont le “peak-oil” et ses séquelles. Résistances Pour autant, tout n‟est pas gagné. Au-delà des inerties du système évoquées, Gabriel Plassat de l'Ademe (ici et là) souligne la capacité du dispositif de transport à résister à des changements, même aussi fort qu'un carburant à deux euros, quitte pour les usagers pénalisés à faire "chanter" la puissance publique. L'épisode des radars et son exécrable pilotage gouvernemental lui donne raison. Il rappelle aussi les effets "à la marge" des innovations balbutiantes des covoiturage, autopartage et autres innovations récentes de partages de véhicules. C'est également vrai pour l'heure. Cela ne retire rien à leur pertinence. On peut aussi voir cela comme un encouragement à aller au-delà de ce qui a déjà été expérimenté. Enfin, il observe que les conditions sont loin d'être remplies pour éviter des déplacements, notamment en s'appuyant sur du "travail à distance". On ne peut qu'acquiescer ! Tout ceci nous dit qu'on ne saurait se contenter de réponses techniques et qu'il reste à accompagner le changement. Urgences Il n'empêche que des principes de réalité (le plan climat… mais aussi la Grèce… l‟Espagne, etc.) et leurs menaces tangibles se rapprochent de nous. Elles rendent dangereuse l'extension du "repas gratuit" ("There's no such thing as a free lunch", il faut toujours bien que quelqu'un paie, disait l'économiste Milton Friedman). Sur le climat, deux signes intéressants : # la Colombie britannique vient de prendre des mesures pour faire face à la montée des eaux (cette perspective est désormais "réelle"), # la vénérable HSBC convient que l'Arlésienne – l'épuisement de l'énergie pétrole d'ici à 50 ans – n'en est pas une. S'agissant de la posture des gouvernements, nous savons leur frénésie à alléger le budget auto des ménages via des subventions à l'achat de voitures neuves et à ménager les ressources fiscales de l‟essence (via la TIPP en France). Mais l'absence de revenus supplémentaires rend impossible des financements au-delà de la masse considérable que la puissance publique assume déjà sur ce secteur. Plutôt que d'épuiser les "cartouches" qui transfèrent au contribuable ce que ne paie plus le voyageur, les acteurs publics seraient mieux inspirés de réduire carrément les factures (de carburant, d'infrastructures, de temps, de stress…) pour tous (usagers, entreprises et territoires). L’incontournable intégration des offres Qu‟il s‟agisse de réduire les congestions, d‟optimiser le dispositif de transport ou de s'attaquer au volume de déplacements subis, ces objectifs et leurs solutions postulent la fluidité comme principe et passent par la notion "d'intégration". Cette vidéo souligne comment la ville de Los Angeles la conçoit. Certes, elle peint en rose une offre qui n'a sans doute jamais pleinement ni cette disponibilité, ni la fluidité suggérées. Il n'empêche ! Malgré Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 18 ses airs angéliques, ce sont des voies évidentes, déjà explorées ici. On peut les résumer ainsi : # Les intégrations servicielles de transport : logistiques (correspondances des modes), informationnelles, tarifaires, géographiques… # Les intégrations urbaines de déplacement : mobilités intersticielles, mobilités de proximité, mobilités actives… # Les intégrations quotidiennes de mobilités et le quotidien à distance… Pour ce faire, nous ne reviendrons pas sur quelques pistes robustes déjà défrichées : # Les mobilités en partage : augmentation des taux d'occupation des véhicules, augmentation des taux d'usage des flottes. # Les mobilités complexes et en réseau : optimisation des déplacements par leur combinaison qui se conclut par une augmentation du taux d'utilisation du dispositif, optimisation des ressources (véhicules et réseaux) par l'étalement des déplacements. # Les mobilités numériques : fluidification des déplacements, évitement des déplacements, réflexions sur les proximités. © Chronos Manières de faire Toutes ces réponses sont déjà identifiées, connaissent déjà diverses expérimentations et pour beaucoup des débuts de réalisation. Les gisements de productivités ne manquent pas et d'autres sans doute se révéleront. Cette multiplicité est à la fois la chance et la difficulté de Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 19 l'exercice. La chance, parce qu'il y a forcément dans cette trousse des solutions adaptées à chaque configuration. La difficulté, elle, se situe à deux niveaux : 1) on en rajoute dans la complexité et 2) ce jeu complexe de réponses n‟entre pas dans le système classique de gouvernance. Donc, la révolution la plus conséquente réside à la fois dans les manières de faire et dans les manières de persuader. Une foultitude de propositions constructives mais brouillonnes se proposent, sans pour autant convaincre. Elles désarçonnent un modèle qui se pensait monolithique et agissait en silos. Les autorités organisatrices et les opérateurs se fourvoient dans une fuite en avant des infrastructures quand il faut redistribuer totalement le jeu et faire confiance aux usagers. Les intégrations par l'usage Cette confrontation donne l'impression de se retrouver dans la même effervescence que lors de l'émergence du Web 2.0. On en vient à penser que le système s'en sortira par le haut, par les usagers eux-mêmes, adossés à des start-up et à des autorités à l'écoute. Il en existe ! La récente expérience Hirondo de covoiturage innovant ("hirondelle" pour la fluidité) repose sur l'usage du mobile de base (donc non smartphone) en milieu rural, sur la mise en œuvre d'intelligences ergonomiques et sur la complicité des usagers. "Nous lançons un appel aux amateurs qui co-construiront le projet avec nous", disent le Pays de Haute-Gironde et ses partenaires aquitains. Quand le défrichage surviendra, alors de nouveaux acteurs se seront imposés. Ils ne sont pas loin. Libération en convient dans une double page – OpenStreetMap, le wiki distribue les cartes –, et prend acte que déjà les usagers s'y collent. Ces derniers entrevoient spontanément des solutions dans le numérique et poussent leurs pions. Les blogs, les wikis ou les places de marché sont simples à manier et font la preuve qu'il existe de nombreux moteurs à ces transformations. Gabriel Plassat ne dit pas autre chose quand il propose quelques mots-clés pour décrire l'évolution à venir : "les usagers ont le pouvoir, abondance d'intelligences, réseau, plate-forme, ouverture…". Bref, il est en train de définir la mobilité 2.0. Une mobilité faite d'inventivité, adossée à la force de frappe des données, bâtie sur des outils informatiques conviviaux, consolidée par des réseaux sociaux actifs et hyperlocaux. Intégrer les usagers aux gouvernances Code for America est une organisation non-gouvernementale composée de pros de l'informatique qui volent au secours des territoires. Ces développeurs – salariés de Google, Facebook et autres dinosaures du Web – accompagnent bénévolement les collectivités sur la vague du numérique. Leur but est d‟améliorer les relations entre les structures territoriales et leurs administrés. Cette démarche s‟effectue à l'échelle locale avec des réplications envisagées aux échelles nationale et pourquoi pas internationale. Pour cela, deux démarches conjointes : d'une part, faciliter les conditions du dialogue avec les individus, c'est-à-dire proposer des horaires convenables et des canaux multiples (des réunions de quartier aux réseaux sociaux) ; d'autre part, faire preuve de transparence, notamment en partageant les données dont elles disposent. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 20 Le processus est lent tant il se heurte à des résistances. Si le premier projet expérimental de Boston a débuté il y a six mois, il a fallu plus d'une année auparavant pour nouer des relations avec les acteurs concernés. Un travail de longue haleine. A la clé des bouleversements énormes, comme celui évoqué dans les dernières secondes de la vidéo (5'54") réalisée pour le programme DatAct (Le Hub Agence et Chronos) : "Le pouvoir [des gouvernants] ? Ils le perdront de toute façon car le modèle [actuel de gouvernance] n'est plus soutenable" (sic !). Manière de dire Pour convaincre, on ne fera jamais mieux que les arguments économiques. Les autorités organisatrices sont bien placées pour connaître leurs faibles marges de manœuvre. Comment faire la preuve que d'autres issues sont rentables pour la collectivité ? La démonstration nous vient de Copenhague (voir le rapport édité par la Mairie danoise) : "Le gain social net d'un kilomètre parcouru à vélo et de 1,22 couronnes (soit 0,17 €). Pour comparaison, la perte sociale essuyée par un kilomètre parcouru en voiture est de DKK 0,69 (soit 0,1 €)". Une étude (pdf en anglais et en allemand) de l‟Universität für Bodenkultur de Vienne analyse les effets économiques globaux – à savoir avant tout les coûts et bénéfices externes dans le cas du vélo et de l‟automobile dans le trafic urbain. Si les coûts supportés par les cyclistes et les automobilistes sont proches, le trafic automobile pèse sur l‟économie à hauteur de 0,44 € par km parcouru (accidents et bruit) tandis que les cyclistes rapportent 0,82 € par km (les effets du vélo sur la santé, qui réduisent ainsi les coûts des caisses maladie). Enfin les bénéfices issus de la faible part de trafic cycliste (4% des trajets) excèdent de 35 millions d‟euros par année les coûts du trafic automobile dominant (25%). Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 21 Précisions sémantiques Quelques précisions sur les termes des partages automobiles. Le foisonnement des innovations s‟ajoute à celui des dénominations pour installer la confusion. Profitons-en pour apporter un autre éclairage sur notre problématique. Trois principales formes d‟autopartage se dégagent : L'autopartage pratiqué par ZipCar aux États-Unis, Mobility en Suisse ou Caisse Commune en France consiste à mettre à disposition des usagers une flotte de véhicules au sein de stations où les véhicules retournent après usage. Cet autopartage classique ou autopartage de flotte peut être opéré par des acteurs purement privés ou en délégation de service public (DSP). Dans la variante proposées par Car2Go ou Autolib' Paris, les voitures en libreservice (au sein de stations ou non) ne retournent pas nécessairement au point d‟origine après usage. Ce type d‟autopartage sera dit en trace directe ou one way. Dans l'autopartage entre particuliers pratiqué sur des sites de location comme Cityzencar ou Buzzcar, on parle aussi d‟autopartage peer to peer (ou P2P) ou encore de micro-location (ainsi que le propose Nicolas Le Douarec). Le covoiturage désigne le partage de trajets automobiles : En covoiturage domicile-travail, les trajets quotidiens se partagent de manière régulière. Le covoiturage au long cours ou ponctuel consiste à partager des trajets de plus longue distance (en moyenne 300 kilomètres) de manière ponctuelle. Le covoiturage dynamique insiste sur le temps réel pour partager des trajets sur des itinéraires dans l‟immédiat. Ils peuvent être renseignés à l‟avance ou non, de portées courte ou non. S‟agissant du terme autopartage lui-même, les points de vue divergent. Certaines offres s‟apparentant fortement à de l‟autopartage, à l‟instar des offres de location courte durée proposées par les loueurs classiques (Hertz, Avis) ou d‟autres site comme Citizen Car, n‟y font jamais référence, voire le réfutent. L‟étymologie du partage – connoté à des problématiques éco-citoyennes, communautaires ou engagées – gêne souvent les loueurs. Le choix marketing d‟exclure le terme d‟autopartage positionne dans leur esprit l‟offre comme un service commercial. Le point de vue de Nicolas Le Douarec, co-fondateur de CitizenCar, s‟inscrit dans ce sillage, mais ne sacrifie pas à la rigueur : Car enfin, depuis le début, la pratique qui consiste à prendre une voiture quand on veut, où on veut, sans la posséder a un nom, […] la location de voiture. Il a certes peut être été utile de distinguer la pratique de la location urbaine dématérialisée et automatisée et la singulariser un moment mais il suffit, car cela ne sert à rien. Rencontré récemment, il proposait le terme de micro-location pour qualifier l‟autopartage entre particulier et le distinguer de l‟autopartage classique. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 22 Jean-Baptiste Schmider, qui répond ici au nom du réseau France Autopartage à la sortie de N. Le Douarec, rappelle qu‟une commission de normalisation de la terminologie réunissant des experts du CERTU et d’autres, s’était réunie voici près de 10 ans et que le terme d‟autopartage s‟était au final imposé de lui-même. Selon lui, c‟est son utilisation indifférenciée pour des services de nature différentes (autopartage en entreprise, entre particuliers, etc.) qui en transforme la portée et non le terme en lui-même. Au final, le principe de l‟abonnement différenciera peut-être à terme l‟autopartage de la location, bien que l‟on puisse le trouver (ou pas) dans les deux types de formules... Mais laissons les usages apporter leur patine à la terminologie. Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 23 Repères chronologiques 1991 En Suisse, ATG et ShareCom donnent naissance à Mobility, aujourd‟hui leader européen de l‟autopartage 1998 Création de Caisse Commune, première société d‟autopartage en France 2000 Création de Zip Car 2001 Création de City Car Share Création du réseau d‟opérateurs France Autopartage sous la forme d‟une coopérative d‟entreprises 2007 Lancement de Okigo à Paris, partenariat entre Avis et Vinci Park Lancement de Mobizen Keolis, filiale de la SNCF, lance Lilas à Lille La Ville de Paris lance le label "Autopartage Paris" 2008 Lyon Parc Auto lance son Autolib‟ à Lyon Europcar et Transdev lancent Marguerite à Nantes Rachat de Mobizen par Veolia Transport Daimler lance Car2Go à Ulm en Allemagne, avec 50 Smart Fortwo Transdev rachète Caisse Commune Hertz lance Connect by Hertz simultanément à New York, Londres et Paris Communauto est la première organisation d'autopartage à faire partie des signataires de la Charte de l'UITP (Union Internationale des Transports Publics) 2009 ZipCar annonce un partenariat avec Zimride, leader du covoiturage aux EtatsUnis. 2010 Peugeot lance Mu by Peugeot Car2Go se lance à Austin, Texas tandis que Zipcar renforce sa présence en Europe avec le rachat de StreetCar Lancement de WhipCar à Londres et de Voiturelib‟ à Paris Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 24 Ucar (location de véhicules) lance un service de covoiturage sur ses véhicules de location en partenariat avec covoiturage.fr Après Car2Go, Daimler propose Car2gether, service de covoiturage Europcar acquière 75% des parts de Car2Go à Hambourg Communauto annonce son lancement dans l‟autopartage P2P Citroën s'allie à Carbox pour lancer une offre d'autopartage de flotte électrique en entreprise Nice annonce le lancement d‟un programme d'auto-partage doté de véhicules électriques Le groupe Bolloré remporte l‟appel d‟offre Autolib‟ à Paris 2011 Car2Go se lance à Hambourg Lancement de CitizenCar, et de Deways, services d‟autopartage entre particuliers Annonce du lancement d‟un système d‟autopartage à Shangai Lancement de Buzzcar (autopartage entre particuliers) par Robin Chase BMW se lance dans l‟autopartage en partenariat avec le loueur Sixt : DriveNow Lancement de Avis on demand Le syndicat professionnel Ulpro - Union des loueurs professionnels, attaque Autolib‟ en justice Car2go se lance à Amsterdam, à Vancouver et à Lyon Succès de l‟Introduction en bourse de Zipcar Hertz accroit sa flotte de véhicules électriques à Londres Communauto annonce le lancement d‟un service de voiture en libre-service à Montréal Comuto, leader français du covoiturage annonce le millionième abonné à son service et cinq millions de voyages Le Gart annonce la création d‟un “club des villes autopartagées” Volkswagen se lance dans l‟autopartage avec Quicar à Hannover, Allemagne. Car2Go se lance dans l‟autopartage électrique à San Diego avec 300 Smarts électriques Pour en savoir plus, rendez-vous sur la plateforme de veille du Groupe Chronos, qui réunit près de 15.000 brèves sur les mobilités : http://www.delicious.com/groupechronos Voir notamment: l‟autopartage : http://www.delicious.com/groupechronos/autopartage le covoiturage : http://www.delicious.com/groupechronos/covoiturage l‟auto : http://www.delicious.com/groupechronos/auto Chronos – 4, rue du Caire, 75002 Paris Email : [email protected] – Tél : 01 42 56 02 45 25