Nouvelles techniques de guerre

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Nouvelles techniques de guerre
Nouvelles techniques de guerre
Nom : Patrick Roussel
Institution : Université d’Ottawa, Faculté des Arts, Baccalauréat en études
anciennes, 2e année
Professeur : Monsieur Geoffrey Greatrex
1
L’histoire du monde antique ne peut être définis avec certitude. Celle de la Grèce
ancienne n’y fait pas exception. Celle-ci est en partie réelle et en partie fictive, c’est une
histoire qui a un passé double. De là vient tout le problème de l’incertitude constante à
laquelle on fait face lorsqu’on étudie un phénomène qui a eu lieu autour des âges obscurs.
Est-ce qu’on peut se fier à des sources anciennes pour tenter d’expliquer un avancement
quelconque durant cette époque? C’est vraisemblablement une question délicate qui
demande réflexion. Gardons à l’esprit que la spéculation est présente à l’intérieur de
nombreuses théories avancées sur le phénomène étudié dans cette dissertation.
L’étude du sujet, les nouvelles méthodes de guerre, se concentrera sur l’apparition
de l’hoplite au VIIe siècle av J.-C. Les causes de cette apparition seront abordées afin de
retracer l’origine de ce changement fondamental de l’histoire grecque. Par la suite, les
liens qui unissent l’apparition de l’hoplite avec le commerce et la politique seront
approfondis. Nous tenterons de discerner ce qui a vraiment stimulé la venue de ce
nouveau combattant.
Suite à cette étude, nous verrons que les évidences, contrairement à la tendance
populaire qui tenterait à croire à une apparition soudaine de l’hoplite au VIIe siècle,
suggèreraient une hypothèse plus probable. Alors, serait-ce vraiment à cette époque
qu’apparaîtrait soudainement ce nouveau soldat, ou serait-ce tout simplement une
2
évolution des techniques de guerre déjà existantes? Ce texte tentera d’éclaircir et de
prendre position sur ces deux questions.
Avant de se lancer dans la rédaction du sujet, il serait important de définir tout
d’abord quelles sont les causes du changement des techniques de guerre. Cependant,
même si les historiens et spécialistes ont apportés quelques points tout au long de
l’histoire pour tenter d’éclaircir ce chapitre méconnu du monde, il n’en demeure pas
moins vague.
Tout d’abord, ce que l’on voit le plus souvent comme explication à ce renouveau
dans le domaine de la guerre est l’expansion démographique, géographique et
commerciale qui a eu lieu vers le mi VIIIe siècle.1 Ces changements auraient permis
l’émergence d’un nouveau soldat vers le début du VIIe siècle, l’hoplite. Il va de soi que
ces changements ne peuvent s’être produits partout, au même moment dans l’ensemble
du monde grec. Alors, cela impliquerait, dès le début, une évolution des choses plutôt
qu’une subite apparition.
Cependant, « expansion démographique» est peut-être un terme trop moderne
pour tenter d’expliquer un phénomène si ancien. Il est peu probable que la Grèce antique
est connu un phénomène aussi extraordinaire que le « Baby Boomer » que nous avons
connu à la mi-XXe siècle. Il existait certainement des gens qui immigraient aussi à
l’époque, mais il semble douteux que c’était suffisant au point de forcer les cités à
coloniser.
1
Bref, parler d’une quelconque croissance démographique est problématique,
Paul Cartledge, Spartan Reflections, University of California Press, Berkeley, 2001, p. 160
3
faute de preuves.2
Jean Nicolas Corvisier apporte un exemple sur le sujet : « […]
Sélinonte fut fondée par Mégéra Hyblaea. Or, l’examen archéologique du territoire de
Mégéra Hyblaea prouve qu’elle était loin d’être surpeuplée […]. »3 Cela démontre bien
que l’augmentation de la croissance de la population n’est pas présente partout en Grèce,
peut-être même à aucun endroit. Les cités coloniseraient donc par simple plaisir? Cela
est peu probable si l’on prend en considération l’effort déployé pour coloniser. Mais
encore, faut-il se remettre en contexte. À cette époque, un individu de plus dans la cité
pouvait être une surpopulation par rapport aux ressources nourricières disponibles.4
Cette pensée se réfère surtout à la stenochoria, qui est en effet un motif plus
vraisemblable qu’une hausse extraordinaire de la population faite soit par la naissance,
l’immigration, ou tout autres moyens et qui nécessite tout de même la recherche d’autres
territoires.
Toutefois, l’expansion commerciale est vraisemblablement le moteur de cette
évolution, stimulée par la nature agonistique des aristocrates en quêtes de richesses. 5
Grâce aux commerçants, la Grèce entre en contact avec de nouveaux territoires
(comptoirs), se pourvoit en matières premières (cuivre et étain pour la panoplie), en
nouvelles techniques (soudure du fer et polissage du bronze) et en artisans qualifiés.6
C’est aussi avec l’aide des commerçants que les premières colonies sont fondées.
Néanmoins, cette expansion de la Grèce dès le VIIIe siècle (relié au commerce et
aux besoins de terres) explique principalement l’émergence de conflits entre les différents
2
Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle à 478 a.v. J.-C.), Paris,
Ellipses, 1996, p. 42
3
Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle à 478 a.v. J.-C.), Paris,
Ellipses, 1996, p. 42
4
Ibid.
5
G.Greatrex, La Grèce archaïque : l’émergence de la cité, Notes de cours du 22 septembre 2005.
6
Paul Cartledge, Spartan Reflections, University of California Press, Berkeley, 2001, p. 160
4
endroits où les gens tentent, soit d’acquérir, soit de défendre leurs terres. De là viendrait
la nécessité d’avoir une grande armée mieux adaptée au combat des plaines, car elles
encerclent souvent les installations (apoikia) et sont aussi synonyme de richesse à cette
époque7. Cette nécessité mènera à l’apparition de l’hoplite comme le laisse sous entendre
Aristote lorsqu’il écrit: « When, however the states began to increase in size, an infantry
forces required a greater degree of strength, more persons were admitted to enjoyment of
political right. »8 L’apparition des apoikia stimulerait donc la nécessité de recourir à une
nouvelle tactique de combat.
Bien qu’il soit difficile de pencher en faveur d’un parti en particulier, à savoir
qu’elle cause est réellement la bonne, nous pouvons difficilement croire que l’expansion
démographique est une cause de la venue de l’hoplite, même si on ne peut l’écarter
totalement.
Nous définirons donc que les causes principales des changements des
techniques de guerre sont l’expansion commerciale et géographique. Ils forceront, chez
les Grecs, des innovations dans beaucoup de domaines et particulièrement dans celui de
la guerre.
Donc, avec les causes établies, il paraîtrait peut-être plus facile de tenter de définir
l’apparition de l’hoplite dans le monde grec. Pourtant, les faits sont beaucoup plus
compliqués à prouver. Afin de dater l’apparition de l’hoplite, il faut d’abord s’entendre
sur ce qu’il faut pour être un hoplite et c’est un problème. Encore une fois, deux théories
s’imposent.
7
John Rich & Graham Shipley, War and Society in the Greek World, London , Routledge, 1993, p. 48
Aristotle, Politics, 1297b16 – 28; citer dans Kurt Raaflaub & Nathan Rosenstein, War and Society in the
Ancient an Medieval Worlds, London , Center of Hellenic Studies, 1999, p. 132
8
5
La première veut que le hoplite soit apparu soudainement avec l’hoplon tandis
que l’autre opte pour une évolution des techniques de guerres déjà existantes avant,
jusqu’au VIIe siècle. Mais quelle choisir?
Premièrement, si on suit la croyance populaire, pour avoir un hoplite il faut
obligatoirement que le soldat soit en possession de la panoplie. Il s’agit d’une armure
confectionnée avec du bronze. Elle comprend le casque, la cuirasse, la lance (ou les
lances), les jambières, un court glaive et surtout, l’hoplon qui définit l’hoplite et en vient
à lui donner ce nom.9
Alors, si on suit la première hypothèse qui veut une apparition soudaine de ce
soldat, cela impliquerait certainement que toute cette panoplie ne se trouvait pas avant et
que tout à coup elle fut inventée, sinon que l’agencement de ces différentes pièces n’était
pas d’usage. Or, ce n’est certainement pas le cas. La panoplie et l’agencement des
différentes pièces existaient belle et bien précédemment. La cuirasse, le casque, les
jambières et la lance, par exemple sont des armes que l’on retrouve sur le vase aux
guerriers, qui date de 1230 av J.-C. Ils ne sont pas fais de bronze, mais cela montre tout
de même que l’agencement de ces armes était d’usage auparavant.
Aussi, un des
premiers casques de bronze à cimier retrouvé est celui de Cnossos, qui date de 1450-1400
av J.-C.10 Même le bouclier rond est connu dès le VIIIe siècle.11 Ceci pose un autre
problème. Comment définir l’apparition de l’hoplite si la panoplie existait déjà avant lui?
On voit bien que l’hypothèse du spontané devient aberrante. Il faut donc aller plus loin et
aborder cette hypothèse sous un autre angle. C’est en regardant de quelle façon l’hoplite
9
Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle à 478 a.v. J.-C.), Paris,
Ellipses, 1996, p. 81
10
Pierre Ducrey, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Paris, Payot, 1985, p. 26-31
11
G.Greatrex, La crise de la société, Notes de cours du 06 octobre 2005
6
prenait avantage de cette armure, comment il guerroyait comparativement aux guerriers
qui lui on précédé, qui expliquerait peut-être mieux cette apparition.
Peut-on utiliser l’arrivée de la phalange dans la tactique de guerre pour essayer de
dater l’apparition de l’hoplite? Est-ce réellement un nouveau style de combat, comme
plusieurs auteurs tentent de définir ainsi ce phénomène? Peut-être bien, mais les origines
de la phalange sont aussi ambiguës que celles de l’hoplite. La référence aux sources
anciennes est donc nécessaire.
Cependant, définir la phalange serait approprié. Alors, la phalange est composée
d’hoplites disposés sur huit rangées de profondeur collés les uns contre les autres. Le but
étant de déstabiliser la phalange adverse, la cohésion devient primordial dans les rangs
des phalangites.12 Ce style de combat aurait été développé spécialement pour garder les
champs contre l’ennemi.13 Il s’agit là de la façon traditionnelle de voir la phalange si l’on
veut et c’est aussi ce qu’on pensé les spécialistes jusqu’à tout récemment. Pourtant, M.
van Wees apporte l’hypothèse qu’il y aurait eu une sorte de pré phalange, ou la lance
aurait servi de javelot. Cela aurait nécessité une formation espacée et non resserrée et ce
même si l’hoplon était d’usage. La phalange en formation compacte aurait été adoptée
lorsque le combat au corps à corps serait venu en vogue.14 L’hypothèse de M. van Wees
est intéressante, elle montre bien l’évolution qui se fait dans les tactiques de guerres et
semble plus plausible qu’une soudaine apparition de la phalange.
De plus, comme nous l’avons mentionné plus haut, le vase aux guerriers montre
un groupe de soldats très semblable à l’hoplite. Bien sûr, il s’agit peut-être d’un défilé
12
Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle à 478 a.v. J.-C.), Paris,
Ellipses, 1996, p. 82.
13
Paul Cartledge, Spartan Reflections, University of California Press, Berkeley, 2001, p. 160
14
Hans van Wees, War and Society in Ancient Greece, London, The Classical Press of Wales, 2001, p.
130-131.
7
quelconque et cela n’implique nullement le combat de groupe mais c’est tout de même
une possibilité. Homère aussi, même s’il faut prendre ces récits à la légère, fait allusion à
une forme de combat de masse à quelques reprises dans l’Iliade.
Worried at the strength of the opposition, Idomeneus eventually calls out
for help and his comrades come to the rescue: ‘they all took a stand close
by him, leaning their shields against their shoulders’.15
Alors, le combat de masse semble bien présent avant la venue de l’hoplite. Un autre
exemple qu’on ne peut ignorer du combat hoplitique est le vase de Chigi (fin VIIe siècle)
qui montre, ce qui semble à première vue, deux phalanges sur le point de s’ébranler.
C’est la première représentation attestée d’une formation ressemblant de près à la
description d’une phalange comme le rapporte les auteurs anciens.16 On est en mesure
d’identifier sur ce vase deux rangées d’hommes sur le point de s’affronter, en suivant le
rythme de l’aulète et portant la panoplie.
De plus, on y voit l’hoplon et de quelle façon
l’utilisaient les soldats. Pourtant, tout cela ne prouve pas grand-chose. M. Hans van
Wees apporte quelques explications qui viennent chambarder les théories précédentes.
Selon lui, ce qui est représenté sur le vase Chigi n’est autre chose qu’une bataille épique,
semblable à celles trouvées dans l’Iliade.17
Il est donc évident qu’on ne peut se fier totalement sur l’art pour tenter de
répondre aux questions précédentes.
L’évolution politique serait donc une autre
alternative pour essayer de dater l’apparition de l’hoplite.
15
Homer, Iliade, livre X, 477-88, citer dans; Hans van Wees, War and Society in Ancient Greece, London,
The Classical Press of Wales, 2001, p.139
16
Pierre Ducrey, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Paris, Payot, 1985, p. 65
17
Hans van Wees, War and Society in Ancient Greece, London, The Classical Press of Wales, 2001, p.139
8
La politique joue un rôle important dans la cité grecque. Un fait intéressant que
l’on voit apparaître avec l’épanouissement de la polis est le lien qui se tisse entre les
valeurs de celle-ci et celles de l’armée.
Rappelons d’abord que la guerre n’est plus seulement réservée aux aristocrates.
Certaines personnes, comme Mme. Claude Mossé, mettent en relation l’ouverture des
rangs de l’armée avec le besoin de protéger les frontières de la polis :
La défenses des [frontières de la cité] devient pour la communauté un
impératif catégorique. Elle explique à la fois l’adoption de la phalange,
mais aussi la nécessité d’ouvrir ses rangs à tous ceux qui peuvent en
acquérir la panoplie18.
Nous voyons donc une toute nouvelle idéologie de la population grecque qui apparaît.
Non seulement la guerre n’est plus seulement réservée à une « élite », mais la fusion
entre l’homme du peuple et le guerrier est établie. Ils ne sont plus différenciés l’un de
l’autre. Certains spécialistes, comme Corvisier, avancent même que la phalange est le
reflet de la polis. L’égalité et l’interchangeabilité des membres de la phalange seraient
une copie du rôle qu’a le citoyen au sein de la polis.19. La phalange aurait alors évolué
avec la cité, ce qui expliquerait que le combat hoplitique n’est pas survenu du jour au
lendemain mais bien par une évolution plus lente des choses. Cette explication semble
tout à fait raisonnable, l’évolution de la phalange impliquerait inévitablement une
évolution de l’hoplite également.
On se doit tout de même d’essayer d’expliquer qui fait parti de ce nouveau
mouvement. Qui sont ses « égaux des aristocrates »? Ceux qui sont désormais considérés
comme citoyens à part entière, ayant un pouvoir politique? M. Kurt Raaflaub avance
18
Claude Mossé, La Grèce archaïque d’Homère à Eschyle, Paris, Éditions du Seuil, 1985, p. 113
Jean-Nicolas Corvisier, Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av. J.-C.), Paris, Armand
Colin, 1999, p. 14
19
9
que: « […] the free farmers who could afford the panoply were integrated into the polis
army and eventually achieved political integration as well. »20. Donc, il ne s’agit pas
vraiment ici d’une nouvelle classe sociale, comme plusieurs ont tenté de définir ainsi ce
phénomène. Une telle notion n’existait pas à cette époque. Disons plutôt qu’il est
question de paysans (certains disent même marchands), plus fortunés. Un exemple un
peu plus tardif du début du VIe siècle nous dit que : « Solon divisa le corps des citoyens
d’après le revenu imposable en 4 classes : pentacosiomédimnes, cavaliers, zeugites et
thètes […] »21. Cet exemple nous donne une idée de la division en groupes de la
population, par le montant de récolte que produit la terre du citoyen. Ce serait donc ce
groupe de « fermiers fortunés » (ou les zeugites), si l’on peut les classer ainsi, qui
constitueraient ce nouveau groupe venu élargir les rangs de l’armée, et du même coup,
diviser le pouvoir que les aristocrates conservaient entres eux jusque là.
Alors, si l’on résume en quelques lignes ce que nous venons de voir, c’est la perte
d’une partie du pouvoir d’un groupe (les aristoi) par le gain de ce pouvoir par un autre
groupe plus vaste (les fermiers fortunés).
Ce que cela apportera à la société sera
vraisemblablement un changement majeur dans l’optique politique. Non seulement les
riches ne seront plus les seuls à gérer le territoire, mais ils seront aussi grandement
désavantagés lorsque les législateurs et les tyrans prendront la direction des cités. Les
paysans riches auront, dans certains cas, la possibilité de vote et l’opportunité d’assister
aux assemblées politiques.
20
Kurt Raaflaub, War and Society in the Ancient and Medieval World, Harvard University Press, 1999,
p.133
21
Aristote, Constitution d’Athènes, 7; cité dans Jean-Nicolas Corvisier, Guerre et société dans les mondes
grecs (490-322 av. J.-C.), Paris, Armand Colin, 1999, p. 210
10
Alors, pour faire une parenthèse assez brève sur ces formes de dirigeants, notez
que ce changement ne s’est pas effectuer paisiblement partout, et même qu’il n’a pas eu
lieu partout. Les cités avancées politiquement, comme Athènes, ont en effet connu le
règne de législateurs et de tyrans, mais ce phénomène n’est pas propre à toutes les cités
de la Grèce Archaïque.22
De plus, plusieurs hypothèses tentent d’expliquer la venue de ces dirigeants
illégitimes. Personne ne semble s’entendre sur l’une ou l’autre. Donc, nous retiendrons
celle que l’on retrouve le plus souvent, qui suppose que la crise du VIIe siècle soit une
conséquence de l’endettement paysanne face au aristoi, qui mena à une révolte.23 Mais
notez bien que ce n’est pas la seule possibilité.
Donc, avec cette crise, nous assistons à l’opposition de la « majorité des
hoplites »24, qui sont maintenant majoritairement paysans, envers les aristocrates et à
leurs façons de diriger la cité. Ceci emmènera d’abord les législateurs, qui tenteront de
calmer la crise en créant des lois dont bénéficiera le paysan (comme l’abolition des dettes
paysannes). Nous pensons à Solon, qui instaura une forme de démocratie à Athènes et fut
considéré comme l’un des sept sages de la Grèce. Mais lorsque le législateur échouera à
calmer la crise, ce sera le tyran qui prendra la relève.
Finalement, bien que certains spécialistes s’obstinent à tenter de démontrer que
l’hoplite est apparu soudainement, c’est de moins en moins probable. On l’a vu, on ne
peut réellement pas parler de l’hoplite comme étant un phénomène inconnu du monde
Grec ultérieur. De plus, tout porte à croire à une évolution non seulement de l’hoplite
22
G.Greatrex, L’avènement des tyrans, Notes de cours du 13 octobre 2005
Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle à 478 a.v. J.-C.), Paris,
Ellipses, 1996, p. 97
24
Paul Cartledge, Spartan Reflections, University of California Press, Berkeley, 2001, p. 160
23
11
comme tel, mais aussi de son mode de combat, qu’on n’hésite pas à comparer à la polis.
On se doit alors d’opter pour la seconde hypothèse apportée dans cette dissertation qui
veut que l’apparition de l’hoplite soit un phénomène d’évolution et non de révolution.
Ceci dit, il est présentement impossible de dater avec certitude la venue de l’hoplite dans
le monde grec antique. Toutefois, il s’agit d’un phénomène qui à réellement eu lieu et
dont les conséquences se sont faites sentir tant au sein de la société grec que dans
l’ensemble de la méditerranée. L’hoplite à fait de l’armée grec une puissance militaire
dont il est possible de retracer l’influence jusqu’en Égypte.25
25
John Rich & Graham Shipley, War and Society in the Greek World, London , Routledge, 1993, p. 90
12
Bibliographie
1. CARTLEDGE, Paul, Spartan Reflections, p. 160, University of California Press,
Berkeley, 2001.
2. CORVISIER, Jean-Nicolas, Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.
J.-C.), p. 14; 210, Paris, Armand Colin, 1999.
3. CORVISIER, Jean-Nicolas, Les Grecs à l’époque archaïque (milieu du IXe siècle
à 478 a.v. J.-C.), p. 42; 81-82; 97, Paris, Ellipses, 1996.
4. DUCREY, Pierre, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, p. 26-31; 65, Paris,
Payot, 1985.
5. GREATREX, Geoffrey, Notes de cours automne 2005.
6. MOSSÉ, Claude, La Grèce archaïque d’Homère à Eschyle, p. 113, Paris, Éditions
du Seuil, 1985.
7. RAAFLAUB, Kurt & Nathan ROSENSTEIN, War and Society in the Ancient an
Medieval Worlds, p. 132-133, London, Center of Hellenic Studies, 1999.
8. RICH John & Graham SHIPLEY, War and Society in the Greek World, p. 48; 90,
London, Routledge, 1993.
9. VAN WEES, Hans, War and Society in Ancient Greece, p. 130-131; 139, London,
The Classical Press of Wales, 2001.