mag - Florent Torchut
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NUMÉRO 1449 24 AVRIL 2010 www.lequipemag.fr >mag RUGBY CES«ESTRANGIÉS» NATURALISÉS TOULONNAIS > 48 Handball La balade islandaise des Bleus > 54 ENQUÊTE LESSTARS ET L’HYPERSEXE > 68 Lisandro court toujours 34 Argentine, Portugal, France, le « Mag » a revisité l’histoire de l’infatigable attaquant de l’OL. SUPPLÉMENT DE L’ÉQUIPE Nº 20 377/NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT COMMISSION PARITAIRE N° 1212 1 82523 ISSN 02453312 magacTu « Licha » sauvage LES ESPOIRS DE L’OL, MARDI, À LYON REPOSENT SUR LISANDRO LOPEZ. Né au football chez lui, en Argentine, il a peaufiné son talent pur d’attaquant en Europe. D’abord au Portugal, puis à Lyon, où il fait des merveilles. Le « Mag » a revisité l’histoire de Lisandro Lopez, le teigneux et mutique artilleur lyonnais, alors que s’annonce une demi-finale retour musclée entre le Bayern et l’OL, mardi à Gerland, après le 1-0 subi à Munich mercredi dernier. > PAR CHRISTOPHE LARCHER, À PORTO ET MUNICH, FLORENT TORCHUT, À BUENOS AIRES, ET AYMERIC BLANC, À LYON 21 AVRIL ALLIANZ ARENA (MUNICH) DEMI-FINALE ALLER DE LIGUE DES CHAMPIONS BAYERN-OL : 1-0. ALAIN MOUNIC « INCERTAIN » LA VEILLE, LISANDRO A FINALEMENT BEAUCOUP COURU MERCREDI SOIR POUR GÊNER LA RELANCE ET COUPER LES COULOIRS DE PASSES DES BAVAROIS. 34 L ’ É Q U I P E M A G Nº 14 49 24 AV R I L 2 0 10 >> CONSENSUEL « Il y a beaucoup de joueurs argentins de grande qualité à mon poste. » ALEX MARTIN Lisandro Lopez EN ARGENTINE, SON TALENT EST ÉCLIPSÉ PAR CELUI DE MESSI « E L GROSERO PLANCHAZO de Ribéry a Lisandro. » Tard mercredi dernier, le site du quotidien argentin Olé résume la demi-finale européenne entre le Bayern et l’OL à la semelle infligée à l’attaquant lyonnais par l’international français du Bayern. Sur la prestation de Lisandro, pas un mot. De son côté, la Nación explique d’une phrase que « Licha peut continuer d’espérer une place dans la liste de Diego (Maradona) » à la Coupe du monde. Point final. L’affaire de mœurs qui touche Franck Ribéry intéresse davantage les deux quotidiens. Confirmation que, vue d’Argentine, écrasée par le feuilleton Leo Messi, la première saison, réussie, de Lisandro Lopez sous le maillot des septuples champions de France ne suscite guère de commentaires. Double malchance pour le Lyonnais, son compatriote de l’Inter Milan Diego Milito, lui aussi demi-finaliste de la Ligue des champions, a crevé l’écran mardi dernier face au FC Barcelone avec son but et ses deux passes décisives (victoire 3-1). Bilan, alors que Maradona peaufine son casting pour le voyage en Afrique du Sud : peu de spécialistes imaginent la sélection de Lisandro Lopez, distancé au poste d’avant-centre par Gonzalo Higuain (Real Madrid), Carlos Tévez (Manchester City) et Diego Milito, voire Sergio Agüero (Atlético Madrid) ou le vétéran Martin Palermo (Boca Juniors), 36 ans. « Le public argentin le connaît peu, admet Cristian Grosso, journaliste à la Nación. Comme il n’est pas charismatique, cela ne déclenchera pas de scandale dans l’opinion s’il n’est pas retenu. C’est dommage, car il serait une alternative de valeur. C’est un buteur affirmé qui possède une explosivité incroyable. » « Lisandro fait progresser les joueurs qui évoluent à ses côtés, remarque Miguel Mico, l’homme qui a repéré le jeune Licha et l’a emmené avec lui à Avellaneda, dans la banlieue sud de Buenos Aires, en 2002. Sans être un leader de vestiaire, il a toujours exercé une attraction sur ses partenaires. » Lisandro Lopez Attaquant, né le 2 mars 1983, à Rafael Obligado, en Argentine. 1,74 m ; 74 kg. > 2002-2005 Joue au Racing Club de Avellaneda. > 2005-2009 FC Porto. > 2005 Première de ses 7 sélections, le 9 mars (ArgentineMexique : 1-1). > 2006 Remporte la Coupe du Portugal (et aussi en 2009) et la Supercoupe du Portugal ; champion du Portugal (et aussi en 2007, 2008, 2009). > 2009 Signe pour cinq ans à l’Olympique Lyonnais. UNE ENFANCE BALLE AU PIED > À Rafael Obligado, petit village à l’orée de la pampa à 250 kilomètres de Buenos Aires. Lisandro, 6 ans, n’a déjà qu’une passion : le foot. Un ballon lui a été offert dès son premier anniversaire. > Ici, âgé de 12 ans et toujours à Rafael Obligado, Licha participe à un concours de tango. Un autel Lisandro dans les locaux du CA Jorge Newbery, club de ses jeunes années. Reste que, le 5 septembre 2009, Lisandro Lopez a regardé en tribunes ses coéquipiers se prendre une gifle contre le Brésil (1-3). Depuis, il n’a plus été retenu en sélection, malgré sa réussite lyonnaise. Et semble douter de ses chances de représenter l’Argentine en juin. « Dans deux mois, je me vois plutôt dans mon village, en vacances, a-t-il confié à ESPN Argentine, début avril. Il y a beaucoup de joueurs argentins de grande qualité à mon poste. L’autre réalité, c’est que, lorsque j’ai été convoqué, je n’ai pas été pris en compte et que, dernièrement, je n’ai même plus été convoqué. J’adorerais aller au Mondial, mais je suis conscient que mes chances sont très minimes. » Excès de modestie ou pur réalisme, peu importe. Le constat chagrine Oswaldo Piazza, l’ancien joueur de Saint-Étienne, qui séjourne régulièrement en France et suit d’un œil attentif les sorties de Lisandro Lopez. « Complet, intelligent et puissant, c’est l’Argentin qui a le plus appris en Europe. Il n’a plus rien à voir avec ce qu’il était au Racing. Mais, ici, les gens ne se rendent pas compte de la dimension qu’a prise son jeu, car on ne voit que les résultats du Championnat de France, pas les matches. Objectivement, il mériterait d’être au Mondial. » En tout cas, il ne portera pas le débat sur la place publique. Par discrétion. Par tempérament. « Pas bavard, généreux, humble. Et discret avec la presse », rappelle Juan Eluchans, son compatriote du Stade Malherbe de Caen. Les deux attaquants se sont souvent opposés dans les clásicos d’Avellaneda. Juan à l’Independiente, Licha au Racing. Issus de villages ruraux, les deux amis affichent les traits de caractère des natifs de l’« interior », provinciaux snobés par les gens de Buenos Aires, la mégalopole de 12 millions d’habitants où il vaut mieux avoir de la gueule pour s’imposer. « Licha envisage encore le football comme un jeu, il n’a jamais vu ça comme un métier, raconte sa mère, Maria Elena. Ce qui lui importe, c’est de se sentir bien là où il évolue et avec les gens qui l’entourent. L’argent, la gloire, il s’en fiche. Quand il revient ici, c’est pour retrouver les gens qu’il aime, pour aller à la pêche, pour la nature… » Une vision de l’existence qui empêche peut-être celui qui a grandi à Rafael Obligado, 1 000 habitants, de briller sur le devant de la scène dans son pays. FLORENT TORCHUT, À BUENOS AIRES 38 L ’ É Q U I P E M A G Nº 1 4 49 2 4 AV R I L 2 0 10 NATHALIA KOLESNIKOVA/AFP magacTu 12 AOÛT 2009, RUSSIE-ARGENTINE. LISANDRO PORTE LE MAILLOT ARGENTIN POUR LA SEPTIÈME FOIS ET MARQUE SON PREMIER BUT À LA 46e MINUTE. DEPUIS, PLUS RIEN. L ’ É Q U I P E M A G Nº 14 4 9 24 AV R I L 2 0 10 >> 39