Coût de production dans les élevages bovins viande 2011
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Coût de production dans les élevages bovins viande 2011
COÛTS DE PRODUCTION ET STRATégies gagnantes en élevage charolais TERRES d' aVENIR L’analyse des coûts de production, au cours de formations et à travers le suivi des fermes du Réseau Charolais, permet de révéler les différentes stratégies pour atteindre un revenu optimum. Les Chambres d’agriculture de l’Allier et du Puy-de-Dôme organisent des formations collectives d’analyse des résultats économiques afin de mettre en évidence des leviers et des marges de manœuvre pour optimiser le revenu des éleveurs allaitants. Ces formations permettent de comparer des exploitations d’un même système entre elles, mais aussi avec des repères établis par le Réseau de Référence Charolais, via la méthode nationale de calcul des coûts de production, mise en place par l’Institut de l’élevage. Elle vise à ramener les différentes charges d’exploitation à la quantité de viande produite (100 kg vifs). MON COÛT DE PRODUCTION en 3 étapes 1 Calculer sa production de viande vive (gain de poids vif par l’atelier). 2 Définir le périmètre de l’atelier (cheptel et surfaces utilisées). 3 Affecter les charges (courantes, amortissements et supplétives) une unité : 100 kg de poids vif Le coût de production de l’atelier ainsi que le détail des charges et des produits sont présentés pour 100 kilos de viande vive (VV) afin de pouvoir comparer les exploitations entre elles. Les produits et les charges sont analysés (selon un ensemble de critères techniques) afin de bien caractériser le fonctionnement de l’exploitation (productivité du troupeau, efficacité économique) et de mettre en évidence les marges de progrès en termes d’économies de charges et de gains de productivité. > Au niveau de la conduite du troupeau La productivité animale (kilos vifs produits/UGB) est très dépendante de la réussite de la reproduction. La concentration des vêlages sur une durée de 3 à 4 mois permet d’obtenir de meilleurs résultats grâce à des lots plus homogènes avec une meilleure maîtrise de l’alimentation, une meilleure surveillance, plus de prévention sanitaire, ce qui au final permet de limiter la mortalité des veaux. La gestion des réformes est fondamentale dans l’amélioration de la productivité globale du troupeau. De plus, des options comme la mise en place du vêlage à 2 ans peuvent réduire la part des périodes improductives. 2 > Au niveau de la valorisation des produits La diversité des systèmes analysés permet de situer l’intérêt de la repousse ou de l’engraissement sur les mâles et sur les femelles, et surtout de mettre en exergue les conditions de réussite. > Au niveau de la gestion des surfaces La recherche de l’autonomie alimentaire peut être un moyen de réduire les coûts de production, en ayant des stocks suffisants et de qualité. Mais aussi, en ayant une meilleure gestion du pâturage, secteur au niveau duquel les marges de progrès sont importantes. Le poste « alimentation », qui regroupe l’ensemble des frais engendrés sur les surfaces et les achats d’aliments à l’extérieur, reflète bien la maîtrise globale et l’intérêt de cette recherche d’autonomie. Enfin, des approches « travail » ont été réalisées afin de comparer les différentes charges de travail, notamment en termes de travail d’astreinte. Les différences d’organisation, tant au niveau de la structure que des bâtiments, ont des impacts importants sur la productivité de la main d’œuvre et donc sur les coûts de production (au sein desquels l’exploitant est rémunéré forfaitairement à 1.5 SMIC/Unité de main d’œuvre (UMO) consacrée à la production). 53 exploitations étudiées en 2013 Le travail réalisé au cours des formations et le suivi régulier des fermes du Réseau Charolais ont permis de constituer un ensemble de 53 résultats sur l’année 2013 [Tableau 1] Nous avons choisi de trier les producteurs de broutards sur la période vêlage et l’objectif de sortie des animaux. Nous retrouvons naturellement une répartition équilibrée entre des systèmes avec vêlages avancés sur octobre-novembre et d’autres plus classiques avec peu de vêlages avant mi-décembre. Type de mâle Broutard produit vêlage Caractéristiques précoce Broutard vêlage hiver Taurillon fini 21 22 10 Surface Agricole Utile en ha 162,3 180,3 233,3 Surface consacrée aux BV en ha 142,2 157,3 207,7 129,3 147,1 177 dont maïs ensilage 4,6 4,4 11,7 dont céréales consommées 8,3 5,8 19 94 107 145 Nombre d’élevages dont herbe Nombre moyen de vêlages Tableau 1 : 53 élevages étudiés selon le type de mâle produit en 2013 3 formations 30 éleveurs Automne 2014 ...organisées par les Chambres d’agriculture du Puy-de-Dôme et de l’Allier, avec la participation de Covido-Bovicoop et FederSocaviac. L’analyse des 30 systèmes de production a permis d’étudier très précisément la production de l’année 2013, puis les différents postes de charges. Elle a permis d’établir des comparaisons riches d’enseignements pour les participants : au-delà des constats de niveaux de production et de charges qui étaient associées, chaque éleveur a pu réfléchir à des pistes d’évolution. Au vu de cet objectif, les perspectives d’évolution des marchés et le calcul des incidences de la nouvelle PAC étaient également au menu de ces formations. Même si la conjoncture 2014 posait de nombreuses questions, chacun est reparti avec le sentiment qu’il existait des marges de progrès et qu’il serait intéressant de mesurer les évolutions au bout de deux ou trois ans. 3 L’approche comptable Le bilan détaillé de la production 2013 et des aides attachées a permis d’établir, pour chacun des trois systèmes précédemment évoqués, le calcul de la production de viande vive et la valorisation finale qui en est faite. De plus, l’affectation, puis la compilation des différents postes de charges toutes ramenées à 100 kg vifs produits, a conduit à l’expression du coût de production dans sa version comptable. Ont alors été prises en compte, en plus des charges courantes, la rémunération forfaitaire des terres en propriété, celle des capitaux propres et celle du travail de l’exploitant. L’analyse de ces différents paramètres révèle des écarts entre les trois systèmes. [Graphique Coût de production et produit BV total par 100 kg vifs] Dans l’analyse des résultats individuels, l’incidence de tous les postes de charges est mesurée par rapport à des moyennes ou des « cas-types ». Il faut alors à la fois « scanner » le système de production pour pister les coûts trop élevés, et tenir compte de la situation « structurelle » de l’exploitation : potentiel agronomique des sols, historique de l’exploitation, stade de carrière et objectifs de(s) l’exploitant(s). Cette approche comptable prend en compte des amortissements - sur matériels et bâtiments essentiellement - qui peuvent ne pas être représentatifs de la durée réelle d’utilisation des investissements. Il faut donc en tenir compte dans l’appréciation de la situation de chacun, comme de l’influence de certaines dispositions fiscales. Une approche complémentaire se rapprochant de la trésorerie Pour mieux coller à la réalité de tous les jours de l’exploitation, une version «coût de fonctionnement» permet de substituer, aux amortissements et rémunération des facteurs de production (capital et foncier en propriété), le remboursement des annuités et une provision de 1.5 SMIC par UMO pour prélèvements privés et autofinancement. Si cette approche maintient évidemment des écarts selon le stade d’acquisition du capital, elle traduit mieux la capacité de l’entreprise à résister à une conjoncture difficile ou à investir. 4 La situation de nos 53 fermes apparaît moins critique [Graphique Coût de fonctionnement et produit BV total par 100 kg vifs] En moyenne le produit bovin - avec des aides qui représentent respectivement 35 % et 27 % de ce produit pour les systèmes broutards et systèmes taurillons - couvre mieux ses charges. D’où un «solde de trésorerie» respectif de 1.32, 1.61 et 1.68 SMIC par UMO exploitant pour assurer le remboursement du capital des annuités, les prélèvements privés et les besoins d’autofinancement. Il n’en reste pas moins une grande dispersion au niveau de la «trésorerie» dégagée par l’activité bovins viande : 28 des 53 exploitations n’atteignent pas les 1.5 SMIC par UMO. La productivité au travail, facteur essentiel ? De par l’expression des résultats aux 100 kg vifs produits, les niveaux de productivité du troupeau - et par rapport à la main d’œuvre engagée - influencent le résultat. Sur l’ensemble des 43 élevages « broutards », nous percevons un impact certain et quasi-automatique de cette productivité sur le niveau du coût de production : l’augmentation de la productivité se traduit par une diminution des coûts, notamment du fait de la dilution des charges de structure. L’incidence est nettement moindre et plus irrégulière sur la rémunération du travail. Globalement, on a tendance à retrouver une rémunération optimale dans la catégorie 30 à 45 tonnes de VV produite par UMO. Cela correspond à des exploitations de taille suffisante pour amortir les charges de structure, tout en restant gérables par rapport au travail et sans tomber dans de trop lourds investissements, notamment en matériel. Production par UMO exploitant BV Nombre d’élevages < 30 T 30 à 45 T > 45 T 16 16 11 Coût de production (1,5 SMIC) 455 € 371 € 361 € Prix de revient* pour 1,5 SMIC 2,97 € 2,51 € 2,52 € 0,68 1,19 1,05 Rémunération travail** en SMIC/UMO BV (option comptable) *Prix de revient Il mesure le prix nécessaire pour rémunérer, à hauteur de 1.5 SMIC par UMO, la main-d’œuvre exploitant consacrée à l’atelier bovin viande, compte tenu du montant déjà couvert par les aides. **Rémunération travail Reliquat entre le produit et l’ensemble des charges, elle est exprimée en nombre de SMIC par UMO à rémunérer. Cette approche comptable doit être complétée par une approche trésorerie qui fait abstraction des amortissements comptables et considère le capital remboursé sur l’année aux travers des annuités. On parle alors de coût de fonctionnement et de trésorerie permise par le produit. 5 Zoom sur le groupe «vêlage précoce» Après avoir présenté un ensemble de résultats sur 53 élevages des départements du Puy-de-Dôme et de l’Allier, observons plus dans le détail ceux obtenus dans le cas du vêlage précoce (21 élevages) : les éleveurs qui dégagent une meilleure rémunération de leur travail sontils aussi les plus techniques, les plus productifs ou les plus économes ? Des résultats contrastés > Au niveau de la productivité 52 % de ces 21 exploitations - dont les vêlages ont lieu en grande majorité du 20 septembre au 10 décembre et dont l’objectif de vente des broutards se situe surtout sur l’été et le début d’automne - ont un bon niveau de production, mais 7 élevages ont un niveau de production insuffisant (production moyenne de 327 kg par UGB). Ces écarts s’expliquent par la qualité du cheptel, les résultats de reproduction, la gestion des réformes, la mortalité - autant dans les veaux que dans les adultes - mais aussi la stratégie d’alimentation. > Au niveau des coûts Les coûts opérationnels, notamment ceux liés à l’alimentation, ramenés à 100 kilos de viande vive produite, vont de 42 € à 106 €. Il y a bien là la traduction de stratégies différentes, notamment sur l’objectif de croissance sur les broutards, et des efficacités très variables du système fourrager mis en place. Globalement, les 8 éleveurs qui enregistrent les meilleures productions ont en moyenne des coûts d’alimentation inférieurs à l’ensemble des autres élevages (74 € par 100 kg VV contre 75 €) même si les achats d’aliments à l’extérieur sont un peu plus élevés (47 € par 100 kg VV contre 44 €). Et les 8 qui dépensent le plus dans la production ou l’achat d’aliments n’ont pas toujours le niveau de production visé : en moyenne 326 kg par UGB contre 328 kg pour l’ensemble des 13 autres élevages. Ces quelques constats montrent que de nombreux facteurs viennent influencer cette marge hors aides sur les coûts opérationnels pour 100 kg produits qui est en moyenne de 164 €, soit exactement la même marge que dégagent en moyenne les 22 élevages « Broutards vêlage hiver ». 6 Les élevages les plus rentables Un tri des élevages broutard en vêlage précoce sur le critère de la rémunération de la main d’œuvre en méthode « coût de fonctionnement » permet d’identifier les 10 élevages les plus efficaces sur le plan économique. Le graphique cicontre montre que ces élevages ne sont pas plus productifs par rapport à la main d’œuvre mais économisent sur tous les postes. La meilleure production à l’UGB représente un atout important pour ces élevages. Notons tout de même, en moyenne, l’impact fort des coûts de mécanisation, modérés et plus homogènes dans le groupe des 10, mais aussi celui des achats d’aliments : 2 secteurs essentiels de maîtrise des charges. 1,5 SMIC en option comptable 2,2 SMIC en option trésorerie Production de 339 kg/UGB et 38 300 kg/UMO BV 0,2 SMIC en option comptable 0,5 SMIC en option trésorerie Production de 316 kg/UGB et 36 800 kg/UMO BV > Leurs atouts Une bonne production du troupeau Globalement la gestion du troupeau est efficace et aboutit à une productivité à l’UGB supérieure à la norme du type de production pour 7 des 10 élevages (en moyenne 358 kg vifs produits par UGB) Une bonne productivité de la main d’œuvre C'est le critère assez déterminant pour 6 d’entre eux, avec plus de 38 000 kg vifs produits par UMO. Une maîtrise des coûts opérationnels Elle est excellente pour 4 des 10 élevages, avec une combinaison proche de l’optimum entre les coûts sur les surfaces et les achats d’aliments à l’extérieur. Une bonne gestion des charges de structure, notamment une charge de mécanisation raisonnable à ce niveau, 6 élevages sur les 10 ressortent à moins de 80 € aux 100 kg vifs produits alors que la moyenne pour tous les autres élevages broutards était de 99 €. La combinaison de ces 4 facteurs permet à ces 10 élevages de conserver 76 € aux 100 kg vifs produits pour rémunérer les exploitants contre seulement 17 € pour les 11 autres élevages. > Leur profil Les productifs avec maîtrise des charges 4 élevages atteignent un niveau de production nettement supérieur à la moyenne avec une bonne adéquation des charges et notamment des coûts d’aliments limités : bon troupeau, conduite d’élevage efficace, système fourrager performant. Les productifs en situation de charges structurelles favorables Qu’ils soient en phase de croisière, avec des investissements déjà en partie amortis, ou qu’ils aient bénéficié d’un historique favorable, 5 élevages ont aussi une productivité supérieure à la moyenne mais une maîtrise des coûts opérationnels perfectible L'«économe» Pour cet élevage, l’objectif de production est plus bas mais à partir d’un coût d’alimentation très limité. 7 Les freins à l'efficacité économique Des coûts de mécanisation élevés pour 6 éleveurs, en moyenne 136 €/100 kg vifs produits contre 87 € pour les 15 autres des 21 élevages. Des achats d’aliments beaucoup trop élevés pour 5 d’entre eux, vis-à-vis de la production obtenue : 69 € par 100 kg vifs produits contre 36 € pour l’ensemble des 16 autres élevages. Un déficit de productivité à l’UGB : 8 élevages à moins de 330 kg par UGB enregistrent un coût de production de 470 € et une trésorerie permise en dessous de 0.5 SMIC par UMO . Ceci traduit l’importance de la technicité de l’éleveur dans la conduite du troupeau et des surfaces qui lui sont consacrées et des choix d’équipements, même si différents profils se dégagent, le plus souvent liés aux caractéristiques de l’exploitation et à son historique. La solution ? Des choix cohérents avec l’objectif de production Des trajectoires assez différentes permettent d’atteindre une bonne efficacité économique. Le niveau de production doit valoriser les efforts faits tant au niveau des coûts opérationnels qu’au niveau des équipements. Pas de recette mais dans chaque situation des choix techniques pertinents qui, à terme, assurent l’équilibre, la pérennité et la reprise du système de production mis en place. Et dans les situations de vêlage précoce étudiées ici, devant la volatilité des prix des intrants, chacun veut s’efforcer de renforcer son niveau d’autonomie alimentaire. La réussite passe alors par un système fourrager performant avec un pâturage optimisé et des stocks de qualité pour l’hiver. Les références élaborées au sein du Réseau d’Elevage Charolais s’inscrivent dans cet objectif de maîtrise de la production dans des systèmes économiquement performants et durables. Régulièrement réactualisées, elles sont disponibles auprès de la Chambre d’agriculture et utilisées dans l’ensemble des actions de conseil et de formation déployées sur le département. EN SAVOIR + ? Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme 11 allée Pierre de Fermat - BP 70007 63171 Aubière Cedex Tél. : 04 73 44 45 46 Email : [email protected] www.chambre-agri63.com Participez à nos formations "Coûts de production" Nov. et déc. 2015 Contact : Bruno Maugue - 04 73 44 46 79 Dossier réalisé par Bruno Maugue, Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, Daniel Lafaye, Chambre d'agriculture de l'Allier et Christèle Pineau, Institut de l'élevage - Printemps 2015 Conception et crédits photos : Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme - Service Communication