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Actualité - 50 ans, le prêt de votre vie
50 ans, le prêt de votre vie
Vous en rêviez, Cafpi l’a fait. La CLCV met en garde l’emprunteur.
Cafpi a signé un protocole avec l’établissement espagnol Kutxa pour proposer en France des crédits
immobiliers sur 50 ans.
Cela part d’une bonne intention
Avec ce prêt à 50 ans, l’idée est de répondre à la demande d’emprunteurs à profil atypique en
élargissant les critères bancaires de recevabilité.
Le communiqué de presse livre toute la mesure des avantages : « Un jeune peut devenir primo
accédant pour une mensualité équivalente à un loyer. Une personne non assurable ou avec des
difficultés financières ponctuelles mais apportant des garanties peut y prétendre. Des couples plus
âgées déjà propriétaires peuvent souscrire un prêt longue durée pour racheter leur crédit en cours et
étaler le remboursement des échéances, ce qui leur permet de disposer d’un budget plus conséquent
pour leurs dépenses courantes, ou simplement profiter de la vie »
En allongeant la durée, on permet à l'accédant d'emprunter une somme plus forte, on accroît
sa capacité d'emprunt.
Ainsi, pour 1 000€ de remboursement mensuel, on peut emprunter 225 000€ sur 50 ans contre
seulement 165 000€ sur 20 ans. Mais à quel prix, puisque au bout de 20 ans il vous restera encore 80
% du montant à rembourser sur les 30 années suivantes.
« C’est une solution chère, un peu risquée, qui correspond plus à des gens qui ont vraiment besoin
pour des raisons diverses d’acheter et à qui cela peut permettre de mettre le pied à l’étrier » analyse
Fabrice Rousseau d’Empruntis.
Insensé souligne Marie Phoenix avec verve sur son blog immobilier. Micro-trottoir à l’appui « Un prêt
sur 50 ans, ce n'est plus un boulet, mais un suicide ». Les banques espagnoles, et les acheteurs,
semblent avoir perdu la cabeza outre Pyrénées puisque l’hypothèse de prêts hypothécaires sur …60
ans est même évoquée. Enfin, les contributeurs du blog immobilier s’interrogent, tout comme la CLCV
si de tels prêts ne risquent pas d'alimenter la hausse des prix immobiliers.
Les associations de consommateurs alertent rouge
L’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) reconnaît que « la possibilité
d'emprunter sur 50 ans peut sembler dans un premier temps attractive car elle permet d'emprunter
une plus forte somme avec des mensualités diminuées ». Cependant elle modère fortement son
jugement premier en ajoutant que « le coût réel de son crédit sur une telle durée peut se révéler
prohibitif, il doit être calculé et comparé avec le coût du loyer. »
La question des taux d'intérêt se pose, si ces derniers sont variables, il faut s'informer sur leur
variabilité, surtout en période de hausse comme actuellement, car toute variabilité des taux à la
hausse, renchérira les mensualités et le coût du crédit.
"Les taux recommencent à augmenter et opter pour du révisable peut avoir un impact négatif
important", souligne Christophe Cremer, PDG de Meilleurtaux.com cité par l’Express. Il évoque ainsi
le cas d’un client qui avait choisi un prêt à taux révisable et qui a vu, en l’espace d’un an, ce taux
passer de 3,75% à 5,96%. Et là la mensualité n’est plus du tout la même.
Un engagement sur 50 ans implique de contracter le prêt très jeune, vers l'âge de 25 ans. Les risques
d'accident de vie (accidents, divorces, etc.), de recomposition familiale, de déménagement (mobilité
professionnelle, etc.)…. sont d'autant plus importants. Actuellement, les transferts de prêts n'existent
pas, l'emprunteur qui voudra vendre son bien pour en acheter un nouveau devra solder le prêt initial et
en contracter un nouveau, ce qui s'accompagnera de frais supplémentaires. Le coût des assurances
(décès, invalidité, chômage, etc.) doit aussi être évalué avec précision.
La CLCV appelle les consommateurs appelle à un extrême vigilance notamment en évaluant
précisément le coût de leur crédit et en le comparant aux prix des loyers, en s'informant sur la valeur
réelle du bien immobilier que l'on envisage d'acquérir et en négociant avec sa banque les conditions
d'un éventuel remboursement anticipé de prêt.
Mêmes consignes de prudence à l’UFC-Que Choisir "En cas de baisse des prix, si on est obligé de
céder le bien, par exemple parce qu’on a perdu son emploi et qu’on ne peut plus assumer les
mensualités, il est possible que le prix de la vente ne couvre pas le capital qui reste à rembourser"
analyse Vanessa Dagand, responsable banque-finance, toujours dans l’Express.
Car pour les consommateurs, le krach, la bulle, ou la forte baisse du marché restent un risque majeur,
susceptible de les voir se retrouver propriétaires d’un bien dont la vente ne suffirait même pas régler
les échéances restantes. L’entêtement à devenir propriétaire peut donc conduire au surendettement.
Paradoxal, mais tellement immobilier !