Anaïs Antreasyan 12a rue des Délices 1203 Genève M. Guillaume

Transcription

Anaïs Antreasyan 12a rue des Délices 1203 Genève M. Guillaume
Anaïs Antreasyan
12a rue des Délices
1203 Genève
M. Guillaume Barazzone
Conseiller administratif
Ville de Genève
Rue de l’Hôtel-de-Ville, 4
1211 Genève
Genève, le 04.08.2014
Concerne : manifestation en soutien à Israël le 30.07.2014 sur la place de la Madeleine
Madame, Monsieur,
Je vous écris cette lettre afin de vous transmettre mon indignation quant au contenu de la manifestation de soutien à
l’Etat d’Israël qui s’est déroulée le 30 juillet 2014 sur la place de la Madeleine.
Lors de cette manifestation, les organisateurs avaient installé un écran géant sur la place de la Madeleine. Durant les
vingt minutes précédant la manifestation, ils ont fait défiler sur cet écran des images que l’association Suisse-Israël
avait sélectionnées sur des chaînes de télévisions arabes appartenant à des partis tels que le Hamas ou le Hezbollah
(AlQuds TV et Almanar). Le montage, traduit en anglais, montrait comment des enfants palestiniens apprennent dès
leur enfance à encenser les martyrs, à haïr les Juifs et à se préparer au Jihad. Bien que ces images soient choquantes, il
ne me semble pas éthique de présenter une enfance palestinienne abreuvée de slogans guerriers comme étant la
généralité, alors qu’elle ne représente qu’une minorité. Chaque enfant palestinien n’est pas éduqué à être un terroriste.
Tenir ce discours vise à nous faire croire que derrière chaque Palestinien se cache un bourreau. Il est encore plus
indécent de présenter ces propos alors que plus de 300 enfants palestiniens sont morts ces derniers quinze jours dans la
bande de Gaza. De fait, cette manipulation des images incite à la haine et à la méfiance de l’autre, un discours bien
éloigné des appels à la paix que la manifestation prétendait offrir. Il est bien facile d’aller chercher les vidéos les plus
extrémistes trouvées sur internet et de les présenter ensuite au grand public en faisant croire que ces images représentent
un peuple. Que la ville de Genève accepte que des cinémas s’installent en plein air pour diffuser des images incitant à la
haine est, selon moi, inacceptable.
De plus, j’ai été consternée par l’ampleur du service sécuritaire à la disposition des organisateurs. En effet, la place était
encerclée et surplombée de policiers alors qu’un service de sécurité interne circulait en permanence parmi la foule. Un
homme s’est d’ailleurs vu interdit de traverser l’enceinte de la manifestation sans être fouillé au préalable par le service
de sécurité interne. La rue reste pourtant un espace public et nous nous demandons pourquoi l’association Suisse-Israël
aurait le droit de contrôler le passage sur un lieu public. Dans aucune autre manifestation cela ne serait toléré. Je me
demande donc ce qui pousse la Ville de Genève a accepté un tel climat de paranoïa.
Dans un souci de pacifisme et de respect de l’autre, nous ne voulons pas que notre ville devienne une vitrine pour une
propagande dangereuse qui cherche à attiser la haine entre les peuples. En acceptant qu’un écran diffuse le montage qui
a été projeté, elle y contribue. Nous espérons que la Ville porte un regard plus attentif sur le contenu des futures
manifestations de cette association.
En vous remerciant pour votre compréhension, je vous adresse, Madame, Monsieur, mes sincères salutations.
Anaïs Antreasyan
Copie à : M. Sami Kanaan, Maire de Genève
Mme Esther Alder, Vice-présidente
Mme Sandrine Salerno, conseillère administrative
M. Rémy Pagani, conseiller administratif
Le Courrier.