une entreprise ethique est - elle rentable
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UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Conservatoire National des Arts et Métiers Mémoire de fin d’études UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS et Lanxin ZHANG Directeur de mémoire : Mr Lionel TOURTIER Directeur du DESS : Mr Denis DUBOIS DESS Finance d’Entreprise Année universitaire 2002-2003 1/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG REMERCIEMENTS Nos vifs remerciements s’adressent particulièrement à Monsieur Lionel TOURTIER qui a bien voulu encadrer le présent travail par ses conseils précieux et ses avis éclairés. 2/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG SOMMAIRE INTRODUCTION----------------------------------------------------------------------------------------p 6 SECTION 1 – ETUDE DES PERFORMANCES DES ENTREPRISES COMPRISES DANS DES INDICES ET PORTEFEUILLE DE FONDS ETHIQUES--------------------p 9 1 – Création ou destruction de valeur de ces entreprises---------------------------------------------p 9 1.1 – La performance des principaux indices éthiques---------------------------------------------------p 10 1.1.1 – Le Dow Jones Sustainability Index----------------------------------------------------------------p 10 1.1.2 – Le FTSE 4 Good Global Indice--------------------------------------------------------------------p 19 1.1.3 – L’ASPI Eurozone (ARESE Sustainable Performance Index)----------------------------------p 27 1.1.4 – Synthèse des performances et critiques----------------------------------------------------------p 36 1.2 – La performance des principaux portefeuilles de fonds éthiques---------------------------------p 38 1.2.1 – Le développement des fonds éthiques et les critères de choix---------------------------------p 38 1.2.2 – La conclusion des recherches récentes sur la performance des fonds éthiques--------------p 39 1.2.3 – La performance des fonds éthiques européens sur les trois dernières années----------------p 41 2 – La conciliation entre la rentabilité et l’éthique---------------------------------------------------p 43 2.1 – La recherche de la performance durable------------------------------------------------------------p 43 2.2 – Les moyens d’action en faveur d’une valeur économique durable------------------------------p 44 SYNTHESE DE LA SECTION 1---------------------------------------------------------------------p 46 3/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? SECTION 2 – L’ Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG INTEGRATION DE L’ ENTREPRISE DANS SON ENVIRONNEMENT GLOBAL : UN FACTEUR D’ EXCELLENCE-------------------p 47 1 – Les raisons de la création de valeur supplémentaire des entreprises éthiques-------------p 48 1.1 – Un actionnariat fidélisé--------------------------------------------------------------------------------p 48 1.2 – Ne pas être éthique peut conduire au boycott des consommateurs des produits commercialisés par l’entreprise--------------------------------------------------------------------------------------------p 49 1.3 – L’éthique : un nouveau marché-----------------------------------------------------------------------p 50 1.4 - L’éthique : de nouveaux produits---------------------------------------------------------------------p 51 2 – Les modifications de la stratégie de l’entreprise--------------------------------------------------p 52 2.1 – L’évolution des activités------------------------------------------------------------------------------p 52 2.2 – Le management-----------------------------------------------------------------------------------------p 53 2.3 – Les outils de pilotage----------------------------------------------------------------------------------p 53 3 – Les relations avec les actionnaires-------------------------------------------------------------------p 55 3.1 – Le poids de l’éthique dans les comportements d’investissement--------------------------------p 55 3.2 – Le respect des principes de Corporate Governance------------------------------------------------p 56 3.2.1 – L’identification et la gestion des risques - L’importance des procédures internes----------p 56 3.2.2 – La communication des entreprises en matière d’éthique---------------------------------------p 58 4 – Les relations avec les autres parties prenantes----------------------------------------------------p 60 4.1 – Les collaborateurs--------------------------------------------------------------------------------------p 64 4.1.1 – La cohésion sociale parmi les effectifs existants------------------------------------------------p 65 4.1.2 – L’attrait des nouveaux actifs, des jeunes diplômés----------------------------------------------p 65 4.2 – Les clients et les fournisseurs-------------------------------------------------------------------------p 66 4.2.1 – Les clients---------------------------------------------------------------------------------------------p 66 4.2.2 – Les fournisseurs--------------------------------------------------------------------------------------p 67 4/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 4.3 – Les relations avec la société civile-------------------------------------------------------------------p 67 4.4 – Le respect de l’environnement naturel--------------------------------------------------------------p 68 5 – Le coût du développement durable et son financement-----------------------------------------p 69 SYNTHESE DE LA SECTION 2---------------------------------------------------------------------p 70 CONCLUSION-------------------------------------------------------------------------------------------p 72 ANNEXES--------------------------------------------------------------------------------------------------p 74 BIBLIOGRAPHIE----------------------------------------------------------------------------------------p 74 ANNEXE 1 : COUT DU CAPITAL---------------------------------------------------------------------p 76 ANNEXE 2 : EVOLUTION DU PIB DE 1998 A 2002-----------------------------------------------p 78 ANNEXE 3 : REPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET SALAIRE MOYEN DE BAYER ET SAINT GOBAIN--------------------------------------------------------------------p 78 5/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG INTRODUCTION Le but premier d’une entreprise est de générer des bénéfices, c’est-à-dire de créer de la valeur pour ses actionnaires. Sa démarche fondamentale est donc d’optimiser l’emploi de ses ressources afin de maximiser les profits dégagés tout en minimisant ses coûts. L’entreprise poursuit ainsi un objectif de rentabilité mais la recherche de cette rentabilité ne peut se faire au détriment de l’environnement dans lequel elle évolue. Face à ses responsabilités, l’entreprise ne peut désormais se dispenser d’une réflexion de fond introspective à long terme sur ses propres activités et sur la façon dont elle dégage ses bénéfices. De ce constat se sont développées et médiatisées lors des dernières décennies les notions d’entreprise éthique (EE) et de développement durable. Le concept de fonds éthique se révèle malgré tout plus ancien. En effet, les fonds éthiques ont été créés aux Etats-Unis en 1920 à l’initiative des institutions religieuses qui refusaient d’investir dans les « valeurs du péché » (sinstocks). La problématique centrale de notre étude sera de déterminer la rentabilité des EE. Dans La Critique de la raison pratique, Kant pose les fondements d'une éthique universelle. La loi morale énonce : " agis toujours de telle sorte que maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle ". La version kantienne de la morale se résume donc de cette façon : un être doit faire le bien des autres ou du moins ne pas leur nuire. L’éthique est un ensemble de règles de conduite. L’éthique des affaires se traduit par l’application, non pas de règles spéciales, mais de règles générales en vigueur dans le monde des affaires. Une EE est ainsi une entreprise juste tout au long de son processus de production. Sa ligne de conduite l’amène à respecter l’environnement naturel (en minimisant les pollutions potentielles par exemple). Elle reconsidère également les conditions de travail de ses employés (en normalisant et en sécurisant l’utilisation de produits toxiques, en n’employant pas d’enfants, en optimisant la politique sociale, en menant une lutte active contre la corruption, etc.). Elle se penche sur le contenu moral des produits qu’elles commercialisent (les industries d’armes ou de pornographie par 6/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG exemple sont exclues des EE). Au plan financier, l’EE se dote d’un code de morale en s’assurant de la probité de ses dirigeants et de la justesse de ses comptes grâce à un contrôle interne efficient. La notion de développement durable trouve son origine dans les réflexions menées par les milieux écologistes dans les années 1970 sur le thème de l’éco-développement, notamment à l’occasion de la conférence de Stockholm, en 1972, qui préconisait une meilleure prise en compte des considérations environnementales dans le développement. Dans le rapport BRUNDTLAND en 1987, le développement durable est défini comme « la capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». Il est basé sur un équilibre entre trois pôles : • l’efficacité économique, • la soutenabilité écologique, • la responsabilité sociale. L’éthique, en tant qu’ensemble de règles de conduite, est présente dans toutes les sociétés et chez la plupart des individus, bien qu’elle varie d’un sujet à l’autre. Elle varie aussi selon le temps et le lieu. La recherche du développement durable se fonde sur le respect du principe de responsabilité. Etre responsable socialement exige un management à la recherche de la minimisation des conséquences sociales et environnementales néfastes découlant des décisions. Dans le présent travail, nous positionnons la politique de développement durable comme une éthique de la responsabilité, responsabilité envers les générations futures. En effet, on est passé de l’éthique religieuse des années 20, des simples principes d’exclusion, à la mesure de l’innovation, aux best practices et à la performance sociale et environnementale. La rentabilité s’appréhende comme étant égale au rapport entre l’accroissement de richesse (le résultat) et les capitaux investis. Une entreprise qui dégage une rentabilité au moins égale à celle exigée par ses apporteurs de fonds et ses chirographaires ne rencontrera pas de problèmes de financement pour assurer sa croissance et sa pérennité à longue échéance. 7/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG La rentabilité est définie comme la capacité d’une entreprise à dégager un résultat évalué en unités monétaires, dans une démarche d’efficience et d’efficacité. Cette vision peut paraître réductrice et occulter des aspects de la performance globale de l’entreprise difficilement exprimables en unités monétaires tels que les objectifs environnementaux et sociaux du développement durable. Une entreprise est dite performante lorsqu’elle obtient des résultats remarquables eu égard aux moyens alloués. La performance est perçue comme « un état de compétitivité atteint grâce à un niveau d’efficacité et de productivité assurant à l’entreprise une présence durable sur ses marchés » (Maria NICULESCU). La démarche éthique est finalisée au sein d’une entreprise par des dépenses d’investissement spécifiques et se heurte à un calcul économique. Nous pouvons nous interroger sur le coût de la mise en place d’une politique éthique au sein d’une entreprise et de ses répercussions sur le résultat de cette dernière. L’éthique est-elle un investissement à retenir, c’est-à-dire rentable économiquement ? La rentabilité de l’EE est assujettie à l’horizon temporel considéré et le clivage court terme - long terme est assez généralement accepté. A quel horizon l’EE est-elle rentable ? La pérennité de l’entreprise à long terme passe-t-elle dorénavant par une refonte complète de son organisation formalisée par la responsabilité sociétale et le développement durable ? Comment sont définis les caractéristiques des biens et services éthiques ? Une EE s’adresse-t-elle à une clientèle différente de celle d’une entreprise « classique » ? Les entreprises adoptant une attitude éthique sont-elles plus performantes que les autres ? La problématique développée ici est de tenter de fournir une réponse à la question : la notion de rentabilité financière est-elle la seule référence pour apprécier la performance des entreprises ? Nous étudierons ici tout d’abord la performance financière des entreprises comprises dans les produits financiers éthiques. Nous nous attacherons par la suite à l’intégration de l’entreprise dans son environnement global en tant 8/78 que facteur d’excellence. UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG SECTION 1 – ETUDE DES PERFORMANCES DES ENTREPRISES COMPRISES DANS DES INDICES ET PORTEFEUILLES DE FONDS ETHIQUES 1 – Création ou destruction de valeur de ces entreprises Afin de mesurer la rentabilité des entreprises, nous mènerons des analyses d’évolution du chiffre d’affaires, d’excédent brut d’exploitation (EBE) et du résultat d’exploitation (REX). Nous nous attacherons également à déterminer la rentabilité économique, la rentabilité financière et la rentabilité des fonds propres. Nous étudierons aussi l’évolution du bénéfice net par action (BNPA) et du cours boursier. L’analyse de l’évolution du chiffre d’affaires nous renseigne sur l’historique et le potentiel de développement commercial que présentent et peuvent espérer ces entreprises. L’EBE est la part de surplus global après rémunération des salaires, taxes et cotisations sociales. Il est nécessaire à la couverture : du coût de détention du capital engagé (dotations aux amortissements et provisions et rémunération du capital), du risque attaché à l’exploitation et au financement propre de la croissance, de toutes les charges liées aux obligations précédentes (impôt sur les sociétés, part des salariés). Le REX se déduit de l’EBE, une fois les dotations aux amortissements soustraites. Il traduit l’augmentation de richesse générée par le processus industriel et commercial de l’entreprise. Le résultat net est obtenu à partir du REX, après l’ajout des résultats financier et exceptionnel et après prise en compte de l’impact fiscal. Il représente l’enrichissement ou l’appauvrissement de l’entreprise au cours de l’exercice et revient aux actionnaires dont l’assemblée générale peut en choisir l’affectation (distribution de dividendes ou report à nouveau). Le taux de rentabilité économique ou Return on Capital Employed (ROCE) est calculé par le rapport entre l’EBE et l’actif économique (actifs immobilisés bruts d’exploitation corporels et 9/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG incorporels et besoin en fonds de roulement). Les immobilisations d’exploitation négligent les immobilisations en cours et les terrains nus. Elles intègrent les actifs financés par crédit-bail. La rentabilité financière se mesure par le rapport entre le REX et le capital engagé financier (fonds propres + dettes financières), qui est en fait le produit d’une rentabilité opérationnelle rapportée au chiffre d’affaires par la rotation des capitaux mesurée par rapport au même chiffre d’affaires. Une entreprise est dite rentable si sa rentabilité financière est supérieure au coût du capital (exigences de rémunération formulées par le marché des capitaux). La rentabilité des fonds propres ou Return on Equity (ROE) se mesure par le rapport entre résultat net et fonds propres (capitaux propres + provisions pour risques et pensions (en l’absence de réglementation, ces dernières sont considérées comme des fonds propres sinon ce sont des dettes) + intérêts minoritaires + comptes courants de personnes physiques – dividendes à payer + plus values latentes à long terme). Le levier financier d’une entreprise est le rapport entre son endettement et ses capitaux propres. C’est un élément caractéristique de la structure financière de l’entreprise. Un levier important, c’està-dire supérieur à 1, démontre une augmentation du risque de l’action. Afin d’évaluer le risque financier, nous étudierons également le ratio frais financiers sur EBE pour lequel il convient de ne pas dépasser 40%. Au-delà de leur rentabilité, nous analyserons également leurs performances sociale et environnementale. 1.1 – La performance des principaux indices éthiques Nous étudierons un échantillon d’entreprises issues de trois indices principaux : le Dow Jones Sustainability, le FTSE 4 Good Global et l’ASPI Eurozone. 1.1.1 – Le Dow Jones Sustainability Index Cet indice, développé aux Etats-Unis, fut opérationnel début 1999 et compte plus de 200 entreprises internationales. 10/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Cet indice est formé lui-même par une série d’indices élaborés grâce aux analyses du gérant de fonds Sustainable Asset Management. Les valeurs relatives au tabac, à l’alcool et au jeu sont exclues. Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans cet indice sont les suivantes : VOLKSWAGEN (Allemagne, industrie automobile), LAFARGE (France, matériaux de construction), PROCTER & GAMBLE (Etats-Unis, biens de grande consommation ), SWISS REASSURANCE (Suisse, réassurance), WESTPAC BANKING (Australie, banque). VOLKSWAGEN • Dimension financière En millions d'€ Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique 2002 2001 2000 1999 1998 86 948,00 88 540,00 83 127,00 73 140,80 66 787,56 -1,80% 9 659,00 6,51% 10 092,00 13,65% 12 673,75 9,51% 8 563,68 nd nd -4,29% 4 761,00 -20,37% 5 424,00 47,99% 4 024,00 nd 1 402,99 nd 2 204,48 -12,22% 2 597,00 34,79% 2 926,00 186,82% 2 614,00 -36,36% 821,39 nd 1 115,92 -11,24% 11,94% 218,24% -26,39% nd 47 040,00 45 830,00 66 528,00 58 580,00 89 012,00 78 400,00 33 463,68 30 789,05 29 442,79 49 445,77 46 022,39 43 781,59 84 526,37 79 271,64 nd Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité financière nette d'impôt Coût du capital1 Rentabilité des fonds propres 10,85% 12,87% 14,99% 10,80% nd 7,16% 4,42% 9,26% 5,71% 8,14% 5,02% 3,05% 1,88% 5,04% 3,11% 7,50% 5,52% 6,38% 7,81% 2,67% 3,79% Levier financier Frais financiers nets / EBE 1 voir Annexe 1 En € Plus bas cours de l'année (EURONEXT) Plus haut cours de l'année (EURONEXT) Moyenne Evolution du cours moyen sur EURONEXT 79,11% 53,14% 146,20% 162,82% 171,57% 4,95% 4,77% 5,19% -7,55% nd Résultat net par action Dividende versé par action 2002 2001 2000 1999 1998 34,74 62,15 32,95 62,40 39,05 61,00 46,48 78,60 49,34 101,18 48,45 1,62% 47,68 -4,70% 50,03 -20,01% 62,54 -16,90% 75,26 nd 6,72 7,66 4,81 1,97 2,75 nd 1,30 1,20 0,77 0,77 11/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Le chiffre d’affaires, les résultats de gestion intermédiaires (l’EBE, le REX) et le résultat net ont montré une croissance durable de 1998 à 2001. Les rendements économique, financier et des fonds propres se sont également appréciés. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. La performance de 2002 n’a pas été satisfaisante, celle-ci étant due à une mauvaise conjoncture générale. De 1998 à 2000, le levier financier, supérieur à 1, démontre un certain risque. Cependant, dès 2001, les dettes du groupe se sont largement réduites et sa structure financière est à nouveau saine. Le ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le cours a baissé de 1998 à 2001 et a légèrement remonté en 2002. Néanmoins, le BNPA et le dividende ont progressé durant ces cinq ans. Dans une approche création de valeur, type calcul de l’EVA®, le coût du capital observé est toujours supérieur à la rentabilité financière nette d’impôt. Il y a donc de ce point de vue destruction de valeur. Le coût du capital est malgré tout inférieur à la rentabilité financière en 2000 et 2001. • Dimension humaine et sociale La démarche éthique du groupe le conduit à la recherche du juste équilibre entre la dimension humaine et sociale et la performance économique. Le groupe a adopté les mesures suivantes : la semaine de 4 jours de travail, le « time asset bond » (crédit d’heures de travail permettant aux salariés de bénéficier de la retraite plus tôt que prévu ou d’augmenter leur allocation retraite), les plans de pension, les formations professionnelles des salariés, le projet 5000 x 5000 (projet de création de postes de travail), etc. • Dimension environnementale La stratégie de développement durable envisagée par le groupe le conduit à poursuivre son objectif de fabrication d’automobiles permettant d’économiser largement l’essence. LAFARGE • Dimension financière Le chiffre d’affaires et l’EBE ont connu une croissance soutenue. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB. De 1998 à 2001, le REX a augmenté de 14% et le résultat net de 17%. 12/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Pourtant, les indicateurs de rendement ont plutôt affiché une performance médiocre. De 1998 à 1999, LAFARGE présenta un faible risque financier. Cependant, dès 2000, le groupe a augmenté ses dettes financières afin de financer ses acquisitions, détériorant le levier financier. La couverture des frais financiers s’est dégradée mais demeure à l’intérieur de la fourchette de sécurité entre 20% et 40%. Le cours, le BNPA et le dividende ont démontré un retour aux actionnaires satisfaisant. En millions d'€ Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité financière nette d'impôt Coût du capital1 Rentabilité des fonds propres 2002 2000 1999 1998 14 610,00 13 698,00 12 216,00 10 528,00 9 802,00 6,66% 3 101,00 12,13% 2 862,00 16,03% 2 592,00 7,41% 2 222,00 nd 1 968,00 8,35% 1 665,00 10,42% 1 914,00 16,65% 1 713,00 12,91% 1 522,00 nd 1 290,00 -13,01% 456,00 11,73% 750,00 12,55% 726,00 17,98% 614,00 nd 466,00 -39,20% 3,31% 18,24% 31,76% nd 12 171,00 13 221,00 22 442,00 24 262,00 25 294,00 26 338,00 9 950,00 17 440,00 17 123,00 9 069,00 7 422,00 14 589,00 13 243,00 16 341,00 14 957,00 12,26% 7,42% 5,02% 10,87% 7,89% 5,34% 15,14% 9,82% 6,65% 13,60% 10,43% 7,06% 13,16% 9,74% 6,59% 7,93% 3,75% 5,67% 7,30% 6,77% 6,28% 115,00% 88,00% 69,00% 84,00% 28,57% 25,64% 20,83% 20,83% 2001 2000 1999 1998 74,00 114,00 73,75 118,40 70,10 115,60 54,73 100,31 94,00 -2,16% 96,08 3,47% 92,85 19,78% 77,52 nd 3,52 5,97 6,78 4,90 4,10 2,30 2,30 2,20 2,05 1,83 Levier financier 108,00% Frais financiers nets / EBE 31,25% 1 voir Annexe 1 En € 2002 Plus bas cours de l'année (EURONEXT) 67,00 Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 111,20 Moyenne 89,10 Evolution du cours moyen sur EURONEXT -5,21% Résultat net par action Dividende versé par action 2001 Le coût du capital est toujours supérieur à la rentabilité financière nette d’impôt. Il y a donc destruction de valeur. Le coût du capital est inférieur à la rentabilité financière en 1999 et 2000. Le calcul de l’EVA®, en comparant la rentabilité financière nette d’impôt et le coût du capital, ne nous a pas paru pertinent pour juger de la rentabilité des EE car les retraitements des données comptables sont complexes et ardues pour les analystes externes et le résultat est ainsi facilement 13/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG faussé par le biais des retraitements. De plus, selon les statistiques des années passées, l’utilisation de l’EVA® a tendance à pénaliser les industries lourdes. Les conclusion tirées de l’étude de cette donnée pour les 2 entreprises ci-dessus se sont avérées négatives, c’est pourquoi nous n’avons pas calculé le coût du capital pour les entreprises ci-après. • Dimension humaine et sociale Le groupe considère la santé et la sécurité de ses salariés comme ses principales priorités au plan social. Il cherche aussi à améliorer sa performance sociale dans trois autres domaines : la diversité et la recherche de la parité hommes-femmes (promotion des femmes cadres), la formation et l’actionnariat salarial. • Dimension environnementale Le groupe poursuit ses objectifs de réduction des émissions de CO2, de réduction des déchets de production mis en décharge et d’augmentation du niveau d’utilisation de matières premières recyclées. Nous rappellerons cependant que le groupe s’est vu imposer une amende de 160 000 $ au Canada après avoir reconnu que deux de ses centrales de béton avaient rejeté des effluents polluants dans le Fraser en 1998. PROCTER & GAMBLE • Dimension financière Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2001. Le groupe a connu une croissance moyenne de 2,01%, 2,64%, 2,48% et 3,59% sur le chiffre d’affaires, l’EBE, le REX et le résultat net. La rentabilité reste assez élevée, avec un ROCE moyen de 24,60%, un rendement financier de 24,97% et un ROE de 29,40%. Le levier financier est toujours inférieur à 1 et le ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le retour aux actionnaires est satisfaisant, le BNPA et le dividende augmentant durablement. 14/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 2002 2001 2000 1999 1998 40 238,00 39 244,00 39 951,00 38 125,00 37 154,00 2,53% 8 371,00 -1,77% 7 007,00 4,79% 8 145,00 2,61% 8 401,00 nd 7 542,00 19,47% 6 678,00 -13,97% 4 736,00 -3,05% 5 954,00 11,39% 6 253,00 nd 6 055,00 41,01% 4 352,00 -20,46% 2 922,00 -4,78% 3 542,00 3,27% 3 763,00 nd 3 780,00 48,94% -17,50% -5,87% -0,45% nd 13 706,00 12 010,00 28 072,00 24 541,00 34 170,00 31 749,00 12 287,00 24 225,00 33 657,00 12 058,00 12 236,00 21 352,00 21 716,00 28 119,00 33 725,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 24,50% 23,79% 31,75% 22,07% 19,30% 24,33% 24,20% 24,58% 28,83% 29,88% 29,29% 31,21% 22,36% 27,88% 30,89% Levier financier Frais financiers nets / EBE 81,72% 81,53% 69,70% 51,68% 47,12% 7,20% 11,33% 8,86% 7,74% 7,27% 2002 2001 2000 1999 1998 85,77 87,55 69,53 70,57 58,56 59,55 81,84 91,75 81,82 89,21 86,66 23,71% 70,05 18,62% 59,06 -31,96% 86,80 1,50% 85,52 nd 3,26 2,15 2,61 2,75 2,74 1,58 1,46 1,34 1,21 1,08 En USD Plus bas cours au 30 Juillet (NYSE1) Plus haut cours au 30 Juillet (NYSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action 1 NYSE : New York Stock Exchange • Dimension humaine et sociale La stratégie de développement durable conduit le groupe à la recherche d’une croissance des ventes et du profit d’une façon socialement responsable. Le groupe met l’accent sur la santé et la sécurité de ses employés, s’engage à augmenter le taux d’emploi des femmes et des représentants de minorités ethniques et à financer de nombreuses organisations culturelles, d’éducation, de santé et de service social. • Dimension environnementale Le groupe a démontré dans son rapport de développement durable qu’il a réussi à réduire l’utilisation des ressources (matériels, énergie et eau) nécessaires à sa production et à également réduit les quantités de déchets de production sur la période allant de 1999 à 2001. 15/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Cependant, P&G fut accusé récemment par Clean Water Action Council (CWAC) d’avoir dépassé la limite d’émissions de poussières et de particules dans l'air par son usine de papier de Green Bay aux Etats-Unis. SWISS REASSURANCE • Dimension financière En millions de CHF 2002 2001 2000 1999 1998 Produit Evolution du produit Charges Evolution des charges Résultat net Evolution du résultat net 34 415,00 34 104,00 31 553,00 25 731,00 22 653,00 0,91% 34 379,00 8,08% 34 208,00 22,63% 27 898,00 13,59% 22 502,00 nd 19 845,00 0,50% -91,00 22,62% -165,00 23,98% 2 966,00 13,39% 2 446,00 nd 2 161,00 -44,85% -105,56% 21,26% 13,19% nd Fonds propres Capital engagé 16 687,00 161 857,00 22 598,00 170 230,00 22 787,00 142 640,00 24 832,00 130 200,00 19 963,00 108 337,00 4,70% 8,00% 9,70% 8,80% 8,50% -0,50% -0,70% 11,90% 10,90% 11,30% 2002 2001 2000 1999 1998 Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres En CHF Plus bas cours de l'année Plus haut cours de l'année Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action 73,19 138,00 128,06 143,08 101,07 170,25 196,91 195,81 191,97 196,91 121,72 -27,31% 167,46 3,41% 161,94 -3,34% 167,53 12,44% 148,99 nd -0,29 -0,57 10,39 8,55 7,35 1,00 2,50 2,50 2,40 2,20 Le produit s’est accrû plus fortement que le PIB. Les résultats des années 2001 et 2002 étaient exceptionnels. Comme indiqué dans la lettre du président du conseil d’administration, « la tragédie du 11 septembre a constitué pour SWISS REASSURANCE la plus grande perte financière de ses 138 années d’existence ». Le résultat de 2001 est très décevant. Les améliorations nettes enregistrées dans les postes dommages et accidents ont été plus qu’atténuées par les pertes de valeur résultant de la baisse des marchés d’actions dans le monde entier (baisse des plus-values de cessions d’investissements). Nous considérons que les pertes réalisées lors de ces deux années consécutives ne représentent pas la tendance générale et si nous élargissons l’horizon temporel jusqu’à 1993, nous remarquons que le groupe a connu une croissance moyenne de ses produits de 18,68% pendant 10 ans et de son résultat net de 4,5 fois. Le ratio de solvabilité, entre 10,31% et 19,07%, assure sur 16/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG la période le minimum requis de 8%. Le cours fut particulièrement bas en 2002. Les dividendes s’accroissent depuis 1998 avant de commencer à baisser en 2002. • Dimension humaine et sociale Le groupe s’engage à améliorer les relations avec toutes ses parties prenantes : ses employés, ses actionnaires, ses clients, les communautés locales et les ONG. Il considère ses collaborateurs comme l’atout le plus précieux de l’entreprise. Il s’engage donc à fournir à ces derniers un environnement de travail épanouissant et des possibilités de développement personnel et professionnel leur permettant de satisfaire leurs exigences et de trouver l’accomplissement dans leur travail. • Dimension environnementale Le groupe considère que les principes du développement durable lui offrent de nouvelles opportunités et lui permettent de développer de nouveaux produits. Sur le plan environnemental, il a identifié deux sujets prioritaires : le changement climatique et l’eau. L’eau potable est devenue un bien rare et sa gestion a un impact immédiat sur le secteur de l’assurance _ comme risque et comme opportunité. Les risques proviennent de la responsabilité civile et les opportunités sont matérialisées par le potentiel de développement de nouveaux concepts d’assurance et par les perspectives d’investissement. Coopérant avec 295 institutions financières, le groupe cherche à pousser le secteur des services financiers à traiter le problème du changement climatique de manière plus directe et à aider les gouvernements à créer des conditions cadres encourageant le développement de nouveaux produits en rapport avec le climat. Les efforts déployés en faveur du développement durable ont été étendus à la gestion d’actifs. Dès 1996, la division Asset Management du groupe a commencé à constituer un « eco portfolio ». Cette initiative porte sur des investissements directs dans de petites sociétés pionnières et indirects par l’intermédiaire de fonds ou de sociétés d’investissement axés sur l’environnement. Le portefeuille se répartit entre les secteurs de l’énergie solaire, du recyclage et du traitement des déchets et de la production de produits biodégradables. 17/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG WESTPAC BANKING • Dimension financière En millions d'USD 2002 Produit 7 263,00 Evolution du produit 7,81% Charge & provisions sur perte des dettes 4 456,00 Evolution des charges et provisions 11,32% Résultat net 2 192,00 Evolution du résultat net 15,19% Fonds propres Capital engagé Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres En USD Plus bas cours de l'année Plus haut cours de l'année Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action 2001 2000 1999 1998 6 737,00 6 252,00 5 758,00 5 623,00 7,76% 4 003,00 8,58% 3 705,00 2,40% 3 605,00 nd 3 560,00 8,04% 1 903,00 2,77% 1 715,00 1,26% 1 456,00 nd 1 272,00 10,96% 17,79% 14,47% nd 10 468,00 9 705,00 9 262,00 8 997,00 8 611,00 191 037,00 189 845,00 167 618,00 140 220,00 137 319,00 5,50% 5,10% 5,50% 6,40% 6,30% 21,70% 21,10% 18,40% 16,80% 15,50% 2002 2001 2000 1999 1998 13,11 17,01 11,87 14,55 9,16 12,97 8,36 12,06 7,10 11,45 15,06 14,00% 13,21 19,39% 11,07 8,37% 10,21 10,08% 9,28 nd 118,30 102,80 88,80 77,00 70,10 70,00 62,00 54,00 47,00 43,00 Il semble que la récession économique en vigueur depuis 2001 ait peu influencé la position du groupe. Le chiffre d’affaires et le résultat du groupe se sont accrûs durablement. Le produit net bancaire s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999. La rentabilité financière reste assez stable et la rentabilité des fonds propres a augmenté chaque année. Cependant, le ratio de solvabilité, entre 5,11% et 6,42%, est inférieur à la norme de 8%. Le rendement aux actionnaires est assez satisfaisant. Les deux indicateurs de plus-value des actions sur le marché et de dividende ont connu une croissance soutenue. • Dimension humaine et sociale En 2003, le groupe est devenu le numéro 1 sur la liste des entreprises inclues dans le « Dow Jones Sustainability Index ». Son « social impact report » concerne 6 domaines tels que les collaborateurs, les clients, la communauté, l’environnement, etc. Dans ce rapport, le groupe a indiqué que son objectif stratégique est de devenir « employer of choice » pour ses collaborateurs. Il a adopté diverses démarches pour satisfaire les différentes catégories de clients : « Customer Charter », transparence des frais et charges, accessibilité des services, etc. pour les clients individuels ; atelier 18/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG « Beyond survival », aide fiscale et « Women in Business Unit » pour les PME & PMI ; prêts spéciaux, produits SRI (Socially Responsible Investment ou Investissement Socialement Responsable) et « Governance Advertise Service » pour les clients institutionnels, etc. Le groupe publie un rapport d’économie régionale tous les trois mois. Il accorde des temps de travail flexibles afin d’inciter ses salariés à participer à des activités au sein de la communauté. • Dimension environnementale Depuis 1990, le groupe a introduit un plan d’environnement dans sa stratégie. Il est un des signataires initiaux du « United Nations Environment Program’s Statement by Financial Institutions » et du « United Nations Global Impact ». Il a réussi à réduire ses émissions de CO2 de 50% depuis 1996. WESTPAC BANKING est l’unique banque d’Australie pratiquant le trading sur les énergies renouvelables. 1.1.2 – Le FTSE 4 Good Global indice Les critères d’exclusion de cet indice lancé en 2001 ont trait au nucléaire, au tabac, aux secteurs des armes ou de la pornographie. Les critères de sélection sont le respect des droits de l’homme, de l’environnement, du droit social et des relations avec les parties prenantes de l’entreprise. Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans l’indice FTSE 4 Good Global sont les suivantes : ROYAL DUTCH PETROLEUM (Pays Bas, pétrole), CISCO SYSTEMS (Etats-Unis, informatique-internet), JOHNSON & JOHNSON (Etats-Unis, secteur médical et pharmaceutique), INTEL (Etats-Unis, fabricant de micro-processeurs), COCA-COLA (Etats-Unis, boisson). ROYAL DUTCH/SHELL GROUP • Dimension financière L’année 1998 fut catastrophique pour le groupe. Son chiffre d’affaires et son REX ont alors chuté à cause de la baisse du prix de l’énergie (contre-coup de la crise asiatique de 1998). Le mauvais résultat financier a détérioré son résultat net. Nous considérons que la sous-performance de l’année 19/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 1998 était exceptionnelle, notre horizon d’analyse étant étendu à 1997, le caractère extraordinaire de l’année 1998 est ainsi mis en valeur. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1998 et 2001. De 1997 à 2002, le groupe a connu une croissance de son chiffre d’affaires de 6,96%. Le REX et le résultat net ont augmenté de 2,26% et de 3,97%. La rentabilité financière atteint en moyenne 22,60%, ce qui est largement supérieur à l’objectif visé par le groupe en 1998. Cependant, nous constatons que le profit et la rentabilité en 2000 et 2001 étaient moins satisfaisants par rapport à 2000. SHELL présente un faible risque financier. Le levier financier n’est que de 25% en moyenne. Le ratio de couverture des frais financiers est inférieur à 20% sauf en 1998, où le chiffre d’affaires s’était exceptionnellement réduit. Le dividende s’est élevé durablement. En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation 2002 2001 2000 1999 1998 1997 179 431,00 135 211,00 149 146,00 105 366,00 93 692,00 128 155,00 32,70% -9,34% 41,55% 12,46% -26,89% nd 18 190,00 20 135,00 25 526,00 16 598,00 3 345,00 16 128,00 -9,66% -21,12% 53,79% 396,20% -79,26% nd 15 942,00 17 823,00 20 002,00 24 500,00 15 232,00 3 104,00 Evolution du résultat d'exploitation -10,89% -18,36% 60,85% 390,72% -80,53% nd Résultat net 9 419,00 10 852,00 12 719,00 8 584,00 350,00 7 753,00 Evolution du résultat net -13,20% -14,68% 48,17% 2352,57% -95,49% nd Fonds propres 63 626,00 59 637,00 59 967,00 59 013,00 57 663,00 62 602,00 Capital investi 83 317,00 65 457,00 67 394,00 71 944,00 71 473,00 73 209,00 Actif économique 148 147,00 118 240,00 112 728,00 124 422,00 126 033,00 131 265,00 Rentabilité économique 12,28% 17,03% 22,64% 13,34% 2,65% 12,29% Rentabilité financière 21,39% 30,56% 36,35% 21,17% 4,34% 21,78% Rentabilité des fonds propres 14,80% 18,20% 21,21% 14,55% 0,61% 12,38% Levier financier 43,59% 15,41% 20,12% 24,60% 25,76% 21,41% Frais financiers nets / EBE 3,33% 1,38% 2,30% 4,62% 23,05% 1,96% En USD Cours fin d'année (EURONEXT) Evolution du cours sur EURONEXT Cours fin d'année (NYSE) Evolution du cours sur NYSE 2002 2001 2000 1999 1998 1997 Résultat net par action Dividende versé par action • 41,95 56,90 65,26 60,85 42,43 nd -26,27% 44,02 -12,81% 49,02 7,25% 60,56 43,41% 60,56 nd 47,88 nd nd -10,20% -19,06% 0,00% 26,48% nd nd 2,87 3,44 3,86 2,27 0,12 nd 1,72 1,66 1,59 1,51 1,45 nd Dimension humaine et sociale Le groupe considère la santé et la sécurité de ses collaborateurs comme sa première préoccupation au plan social. Il s’engage à augmenter le nombre de femmes et de représentants de minorités 20/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG ethniques parmi ses cadres de haut niveau. Le groupe travaille étroitement avec ses stakeholders (gouvernements locaux, salariés, clients, fournisseurs, fabricants de voitures, institutions diverses) afin d’améliorer la qualité de ses produits, de réduire les impacts négatifs vis à vis de l’environnement et de renforcer la communication avec ses collaborateurs. Après la répression sanglante par le gouvernement local des opposants à l’implantation de SHELL au Nigéria, le groupe en a tiré les enseignements et soutient dorénavant le développement de la communauté autour des sites de production (avec par exemple le Community Development Program). • Dimension environnementale De 1990 à 2002, le groupe a réussi à réduire progressivement ses émissions de gaz de serre chaude, les explosions et les déversements à l’eau de ses déchets. En 2002, il a réalisé un rapport de perception de la performance environnementale par les stakeholders via un « reputation tracker survey ». Il a obtenu la certification ISO14001 pour ses principales installations et s’engage à obtenir la même certification pour ses nouvelles acquisitions. CISCO SYSTEMS • Dimension financière En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique 2002 2001 2000 1999 1998 18 915,00 22 293,00 18 928,00 7 914,00 5 565,00 -15,15% 4 876,00 17,78% 232,00 139,17% 4 098,00 42,21% 3 362,00 nd 2 399,00 2001,72% 2 919,00 -94,34% -2 004,00 21,89% 3 235,00 40,14% 2 873,00 nd 2 070,00 245,66% 1 893,00 -161,95% -1 014,00 12,60% 2 668,00 38,79% 2 023,00 nd 1 331,00 286,69% -138,01% 31,88% 51,99% nd 26 497,00 27 629,00 10 453,00 11 811,00 11 811,00 3 948,00 7 148,00 7 148,00 3 478,00 28 656,00 27 120,00 29 405,00 27 864,00 15 221,00 14 387,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 32,03% 1,61% 39,20% 85,16% 68,98% 9,93% 6,61% -7,19% -3,74% 11,71% 10,07% 24,32% 17,13% 28,96% 18,62% Levier financier Frais financiers nets / EBE 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 4,29% -487,07% -27,04% -9,88% -8,17% 21/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? En USD Plus bas cours de l'année (sur NNM) Plus haut cours de l'année (sur NNM) Moyenne Evolution du cours moyen sur NNM Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 2002 2001 2000 1999 1998 13,30 19,79 16,54 28,24 46,78 37,51 42,42 61,53 51,98 19,01 26,80 22,91 9,26 12,23 10,75 -55,90% -27,84% 126,92% 113,17% nd Résultat net par action 0,25 -0,14 0,39 0,65 0,44 Note : le groupe n’a jamais distribué de dividendes depuis qu’il est coté sur le NASDAQ National Market (NNM). Le chiffre d’affaires a progressé de 35,78%, l’EBE de plus de 19%, le REX et le résultat net de 9% environ. L’année 2001 fut une année très difficile, le profit a reculé de 138% et les indicateurs de rendement sont devenus négatifs. Le groupe a vite retourné la situation et a présenté des résultats assez encourageants en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. Le groupe n’a jamais versé de dividendes et le cours a beaucoup varié. Cependant, CS est une des entreprises dont l’activité s’accroît le plus vite et est la plus rentable dans l’industrie informatique. Elle figure parmi les plus grosses capitalisations du marché. • Dimension humaine et sociale Le groupe considère la satisfaction de ses clients comme sa première préoccupation. Il a contribué à de nombreux programmes humanitaires, d’éducation et de formation en technologie informatique, etc. Dans sa lettre aux actionnaires de 2000, il se proclame comme étant « the most influential and generous company in history » (l’entreprise la plus influente et la plus généreuse de l’histoire). • Dimension environnementale L’activité du groupe étant centrée sur Internet, ce dernier est peu concerné par la dimension environnementale. JOHNSON & JOHNSON • Dimension financière La vente et les profits ont connu une croissance durable. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB. Les rentabilités économique, financière et des fonds propres demeurent à un niveau assez élevé. J&J présente un faible risque financier : le levier n’est que de 15% en moyenne et le ratio de couverture des frais financiers est négatif chaque année, ceci est dû aux produits 22/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG financiers élevés. Le retour aux actionnaires (dividendes et plus-values réalisables sur le cours de l’action) a augmenté de 1998 à 2000. Mais, comme beaucoup d’autres entreprises cotées en bourse, il a subi un recul en 2001 et 2002. En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique 2002 2001 2000 1999 1998 36 298,00 32 317,00 29 172,00 27 471,00 22 830,00 12,32% 11 151,00 10,78% 9 385,00 6,19% 8 141,00 20,33% 7 370,00 nd 6 015,00 18,82% 9 489,00 15,28% 7 780,00 10,46% 6 549,00 22,53% 5 926,00 nd 4 730,00 21,97% 6 597,00 18,80% 5 668,00 10,51% 4 953,00 25,29% 4 167,00 nd 3 003,00 16,39% 14,44% 18,86% 38,76% nd 22 697,00 24 233,00 29 107,00 30 444,00 27 143,00 26 333,00 18 808,00 24 181,00 22 020,00 16 213,00 14 077,00 21 709,00 18 999,00 20 877,00 18 904,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 41,08% 32,60% 29,07% 35,64% 25,56% 23,39% 36,97% 27,08% 26,33% 35,30% 27,30% 25,70% 31,82% 24,90% 21,33% Levier financier Frais financiers nets / EBE 8,91% 9,15% 16,82% 15,11% 28,74% -0,86% -3,23% -2,76% -0,15% -2,46% En USD Plus bas cours au 1er Août (NYSE) Plus haut cours au 1er Août (NYSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action • 2002 2001 2000 1999 1998 51,20 53,20 92,38 91,06 76,50 53,01 54,24 95,00 93,38 79,38 52,11 -3,01% 53,72 -42,66% 93,69 1,59% 92,22 18,32% 77,94 nd 2,20 1,87 1,65 1,43 2,16 0,21 0,18 0,32 0,28 0,25 Dimension humaine et sociale Le groupe a contribué à de nombreux programmes de santé, d’éducation et de culture aux EtatsUnis et dans d’autres pays à travers le monde. Il considère la santé et la sécurité de ses salariés comme une préoccupation majeure. Face à une pénurie d’infirmiers aux Etats-Unis, il a initié une campagne d’information afin d’attirer plus de jeunes gens vers le métier d’infirmier. • Dimension environnementale Le groupe a réussi à réduire l’utilisation des ressources (matières premières, énergie, eau et emballages) nécessaires à sa production et à également réduit ses émissions de CO2 et de déchets de 23/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG production depuis 1991. A fin 2002, 90% de ses installations avaient obtenu la certification ISO14001. INTEL • Dimension financière En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres Capital investi Actif économique 2002 2001 2000 1999 1998 26 764,00 26 539,00 33 726,00 29 389,00 26 273,00 0,85% 9 058,00 -21,31% 8 097,00 14,76% 14 954,00 11,86% nd 13 364,00 11 242,00 11,87% 4 382,00 -45,85% 2 256,00 11,90% 10 395,00 18,88% 9 767,00 nd 8 379,00 94,24% 3 117,00 -78,30% 1 291,00 6,43% 10 535,00 16,57% 7 314,00 nd 6 068,00 141,44% -87,75% 44,04% 20,53% nd 35 468,00 35 830,00 36 397,00 36 880,00 41 936,00 40 218,00 37 322,00 38 029,00 32 422,00 32 535,00 23 377,00 33 620,00 24 280,00 34 942,00 22 586,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 21,60% 12,04% 8,79% 20,13% 6,12% 3,60% 46,12% 27,33% 28,23% 38,25% 29,05% 22,48% 49,77% 34,51% 25,96% Levier financier Frais financiers nets / EBE 2,62% 2,93% 1,89% 2,94% 3,00% -2,14% -4,85% -6,60% -4,33% -5,10% En USD Plus bas cours au 1er Août (NYSE) Plus haut cours au 1er Août (NYSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action 2002 2001 2000 1999 1998 17,46 30,28 64,25 34,50 21,25 18,85 30,98 67,38 35,88 21,94 18,16 -40,73% 30,63 -53,46% 65,82 87,03% 35,19 62,95% 21,60 nd 0,80 0,80 0,70 0,55 0,33 0,020 0,020 0,015 0,015 0,010 Le groupe s’est développé rapidement de 1998 à 2000. Suite à la crise informatique de 2001, INTEL a connu une chute de son chiffre d’affaires de 21,31% et de son résultat net de 87,75% par rapport à 2000. Il y a eu une légère reprise en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2001 et 2002. Les rentabilités financière et des fonds propres du groupe ont subi les mêmes variations (de la croissance à la chute à une légère amélioration). INTEL présente un très faible risque financier. Le levier n’est que de 3% en moyenne. Le ratio de couverture des frais financiers est négatif chaque année, ceci est dû aux produits financiers élevés. La politique 24/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG concernant les shareholders a conduit le groupe à améliorer son BNPA et son dividende chaque année. • Dimension humaine et sociale Le groupe affiche et compare ses objectifs et sa performance réelle chaque année dans son rapport de développement durable. Il a ouvert 28 nouveaux « INTEL Computer Clubhouse » en 2002 et a formé plus de 850 000 professeurs à travers le monde dans le cadre du programme d’enseignement INTEL. Il a réussi à maintenir le taux de « turnover » du personnel au-dessous du niveau du marché. Malgré la conjoncture défavorable, une augmentation du nombre de femmes et de représentants de minorités ethniques à des postes de cadres de haut niveau est constatée. INTEL consacre une part accrue de son budget d’achat aux entreprises fournisseurs dirigées par des femmes et des représentants de minorités ethniques. • Dimension environnementale Tout comme pour la dimension sociale, le groupe affiche dans son rapport de développement durable la cible et la performance réelle de la dimension environnementale. En 2002, il a surperformé sa cible en matière de recyclage des déchets chimiques et de réduction de l’utilisation de l’eau et de l’énergie nécessaires à sa production. Au 30 Juillet 2002, il a obtenu la certification ISO14001 pour toutes ses installations. COCA-COLA • Dimension financière Le chiffre d’affaires du groupe n’a connu qu’une légère croissance. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2000. Les résultats de gestion intermédiaires (l’EBE et le REX) se sont améliorés. Les rendements économique, financier et des fonds propres restent assez élevés. Le levier est inférieur à 50%. Le ratio de couverture des frais financiers (soit négatif, soit minimum) montre un très faible risque de faillite. Le cours s’est détérioré de 1998 à 2001 et a connu une légère reprise en 2002. Cependant, le dividende a augmenté légèrement. 25/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? En millions d'USD Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 2002 2001 2000 1999 1998 19 564,00 17 545,00 17 354,00 19 284,00 18 813,00 11,51% 6 264,00 1,10% 6 155,00 -10,01% 4 464,00 2,50% 4 774,00 nd 5 612,00 1,77% 5 458,00 37,88% 5 352,00 -6,49% 3 691,00 -14,93% 3 982,00 nd 4 967,00 1,98% 3 050,00 45,00% 3 969,00 -7,31% 2 177,00 -19,83% 2 431,00 nd 3 533,00 -23,15% 82,32% -10,45% -31,19% nd 11 800,00 17 160,00 10 220,00 11 366,00 13 970,00 6 492,00 9 316,00 11 513,00 3 938,00 9 513,00 11 767,00 nd 8 403,00 10 505,00 nd Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 61,29% 31,81% 25,85% 94,81% 38,31% 34,92% 113,36% 32,06% 23,37% nd 33,84% 25,55% nd 47,28% 42,04% Levier financier Frais financiers nets / EBE 42,04% 19,18% 48,84% 38,52% nd -0,16% -0,58% 2,28% 1,61% nd 2002 2001 2000 1999 1998 49,75 43,76 61,31 60,25 82,13 50,79 44,75 64,00 61,69 84,00 50,27 13,59% 44,26 -29,37% 62,66 2,76% 60,97 -26,60% 83,07 nd 1,23 1,60 0,88 0,99 1,43 0,20 0,18 0,17 0,16 0,15 Fonds propres Capital investi Actif économique En USD Plus bas cours au 1er Août (NYSE) Plus haut cours au 1er Août (NYSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action • Dimension humaine et sociale Le groupe soutient financièrement diverses organisations d’art, de culture, de sport (Jeux Olympiques) et d’éducation. Il a contribué à hauteur de 124 millions de dollars à des programmes d’éducation. Il a aussi investi dans des programmes de lutte contre le sida en Afrique en coopération avec l’UNAIDS et les gouvernements locaux. • Dimension environnementale La politique de respect de l’environnement observée par le groupe le conduit à adopter diverses démarches de recyclage dans ses sites de production du monde entier. Par exemple, le groupe a introduit en 2000 dans son usine en Australie la bouteille recyclée « Pet » et aujourd’hui, 1 bouteille utilisée sur 4 en Amérique du Nord est une bouteille recyclée. Dans l’usine de Jordbro en Suède, les emballages de transport en bois recyclé et les bouteilles plastiques recyclées sont utilisés. 26/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Cependant, en Juillet 2003, le groupe provoqua des manifestations dans la ville indienne de Varanasi, l’eau souterraine rare étant exploitée et polluée par l’usine du groupe. 1.1.3 – L’ASPI Eurozone (ARESE Sustainable Performance Index) Cet indice, créé en France par la société de notation ARESE (Agence de Rating Environnemental et Social des Entreprises), filiale des Caisses d’Epargne et de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui vient d’être intégrée à VIGEO, fut opérationnel en Juillet 2001. Cet indice compte 120 entreprises. Aucun critère d’exclusion n’a été retenu pour cet indice afin d’en déterminer la composition et aucun critère de rentabilité financière n’a été utilisé. Les critères de sélection se répartissent en cinq familles : relations avec la société civile, gouvernement d’entreprise, relations avec les clients et les fournisseurs, santé et environnement. Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans cet indice sont les suivantes : AVENTIS (France, industrie pharmaceutique), BAYER (Allemagne, industrie pharmaceutique, agricole et chimique), DEXIA (Belgique, banque), SAINT GOBAIN (France, matériaux de construction) et VEDIOR (Pays Bas, intérim). AVENTIS • Dimension financière AVENTIS est passé en 2002 du 10ème au 5ème rang mondial du secteur pharmaceutique. Le chiffre d'affaires d' AVENTIS et l'EBE se sont accrûs considérablement en 2000 suite à la fusion opérée en Décembre 1999 des groupes RHÔNE-POULENC et HOECHST. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2002. Le REX et le résultat net du groupe se sont appréciés grâce aux synergies de la fusion. Le ROE se positionne en 2002 à un niveau honorable (13,95%), approchant la norme de marché des 15%. L’augmentation du ROE a été obtenue sans recours supplémentaire aux dettes financières qui ont été réduites progressivement. Le fort levier de 1999 et 2000 est justifié par la fusion, ce paramètre 27/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG devient ensuite inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers est très bon. Le cours boursier, après une forte hausse de sa valeur en 2000, a vu sa cadence d'augmentation ralentir pour finalement observer un cours moyen diminué de 19% en 2002 sur EURONEXT. Le dividende s'est accrû depuis 1999. En millions d'€ Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net 2002 2001 2000 1999 1998 20 622,00 22 941,00 22 304,00 12 598,00 13 232,00 -10,11% 6 207,00 2,86% 6 422,00 77,04% 4 566,00 -4,79% 2 033,00 nd 2 623,00 -3,35% 3 919,00 40,65% 4 339,00 124,59% 2 104,00 -22,49% 217,00 nd 1 409,00 -9,68% 2 091,00 106,23% 1 505,00 869,59% -147,00 -84,60% -970,00 nd 644,00 38,94% -1123,81% -84,85% -250,62% nd 14 990,00 17 135,00 15 625,00 15 473,00 nd 18 353,00 24 118,00 24 433,00 29 495,00 27 121,00 32 632,00 26 807,00 30 566,00 nd nd Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 25,74% 21,35% 13,95% 21,77% 17,76% 8,78% 13,99% 7,76% -0,94% 6,65% 0,81% -6,27% nd nd nd Levier financier Frais financiers nets / EBE 32,06% 65,49% 118,72% 119,54% nd 4,98% 10,96% 17,63% 22,28% 14,79% 2002 2001 2000 1999 1998 62,65 73,10 78,02 89,53 65,99 77,61 44,64 51,09 nd nd 67,88 -18,98% 83,78 16,68% 71,80 50,01% 47,87 nd nd nd 59,44 67,75 70,48 79,56 60,65 71,23 47,63 53,68 nd nd Fonds propres Capital investi Actif économique En € Plus bas cours de l'année (EURONEXT) Plus haut cours de l'année (EURONEXT) Moyenne Evolution du cours moyen sur EURONEXT Plus bas cours de l'année (NYSE) Plus haut cours de l'année (NYSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur NYSE Résultat net par action Dividende versé par action • 63,60 75,02 65,94 50,66 nd -15,23% 13,77% 30,17% nd nd 2,64 1,91 -0,19 -2,49 1,75 0,70 0,58 0,50 0,45 0,61 Dimension humaine et sociale AVENTIS estime que l’accès aux soins médicaux devrait être un des objectifs primordiaux de chaque société. Le groupe a ainsi décidé de soutenir ce but sociétal par ses activités de production et ses actions philanthropiques. Il a lancé en Juin 2002 une enquête d’opinion parmi tous ses salariés du monde entier intitulée « Votre voix peut tout changer ». Le questionnaire soumis avait pour 28/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG objectif de mesurer la satisfaction des salariés concernant leurs conditions de travail. Le groupe favorise également la participation de ses employés à la vie locale. Par exemple, des salariés de l’usine de Kansas City (Missouri, Etats-Unis) prennent part à un programme de réhabilitation d’habitations de quartiers défavorisés sur leur temps de travail en accord avec le groupe qui s’est engagé dans cette opération baptisée « Noël en Octobre ». • Dimension environnementale AVENTIS est un groupe chimique par définition et s’est engagé dans le respect du principe de précaution en adoptant notamment les Principes pour le développement durable en chimie (Sustainable Chemistry Principles). Le groupe minimise ainsi au maximum les éventuelles répercussions sur l’environnement de la totalité des processus de fabrication des produits. Le groupe fut malgré tout impliqué dans la mauvaise utilisation faite du maïs génétiquement modifié StarLink commercialisé par sa filiale AVENTIS Cropscience (cédée à BAYER le 3 juin 2002). Après la découverte de la protéine Cry9C associée à StarLink dans des produits destinés à la consommation humaine (céréales de petit déjeuner, …), AVENTIS fut l’objet de plaintes, de demandes de remboursement et d’indemnisation. Ce maïs était censé n’être destiné qu’à la consommation animale. B AYER • Dimension financière L'année 2000 fut pour le groupe l'année la plus faste en terme de croissance. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB seulement en 1998 et 2000. Les diverses rentabilités ont chuté de 1998 à 2002, malgré une petite amélioration du ROE en 2002 due à un accroissement du résultat net et à une légère baisse des fonds propres. Le levier financier est toujours inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le dividende a chuté de 3,08%. 29/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG En millions d'€ 2002 Chiffre d'affaires 29 624,00 Evolution du chiffre d'affaires -2,15% Excédent brut d'exploitation 4 573,00 Evolution de l'excédent brut d'exploitation -10,25% Résultat d'exploitation 1 260,00 Evolution du résultat d'exploitation -51,14% Résultat net 1 060,00 Evolution du résultat net 9,84% 2001 2000 1999 1998 30 275,00 30 971,00 27 320,00 28 062,00 -2,25% 5 095,00 13,36% 6 307,00 -2,64% 6 185,00 nd 9 139,00 -19,22% 2 579,00 1,97% 4 168,00 -32,32% 4 374,00 nd 7 596,00 -38,12% 965,00 -4,71% 1 816,00 -42,42% 2 002,00 nd 1 614,00 -46,86% -9,29% 24,04% nd 19 925,00 30 084,00 47 816,00 20 970,00 28 350,00 42 640,00 19 839,00 26 504,00 42 565,00 18 657,00 23 123,00 29 270,00 17 052,00 21 782,00 29 605,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 9,56% 4,19% 5,32% 11,95% 9,10% 4,60% 14,82% 15,73% 9,15% 21,13% 18,92% 10,73% 30,87% 34,87% 9,47% Levier financier Frais financiers nets / EBE 66,25% 43,61% 40,70% 29,42% 37,01% 9,82% 6,85% 4,93% 2,99% 1,96% En € Plus bas cours de l'année (DSE1) Plus haut cours de l'année (DSE) Moyenne Evolution du cours moyen sur DSE 2002 2001 2000 1999 1998 17,45 40,80 24,05 57,80 38,75 56,25 30,25 47,15 30,22 49,27 29,13 -28,83% 40,93 -13,84% 47,50 22,74% 38,70 -2,63% 39,75 nd 1,45 1,32 2,49 2,74 2,21 0,90 0,90 1,40 1,30 1,02 Fonds propres Capital investi Actif économique Résultat net par action Dividende net versé par action 1 DSE : Düsseldorf Stock Exchange • Dimension humaine et sociale BAYER a souscrit aux principes de développement durable qui inclut un engagement social à travers le monde. Ainsi, le groupe a créé en 1993 une équipe junior de football au Brésil qui ne promeut pas uniquement le développement social des jeunes mais aide aussi à leur éducation. Il s’est engagé dans un code de bonne conduite dont les principes directeurs sont l’interdiction des pratiques anti-compétitives, un engagement concernant l’emploi sécurisé des matériaux dangereux et le respect des obligations éthiques lors du développement de l’ingénierie génétique. • Dimension environnementale BAYER a depuis longtemps souscrit aux principes de fabriquer des produits compatibles avec l’environnement et de s’assurer d’une utilisation sécurisée et parcimonieuse (sans excès) des ressources naturelles. Le groupe a, sur les dix dernières années, réduit ses émissions de substances 30/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG nuisibles de 40 à 70%. Sur la même période, il a fait chuter sa consommation d’énergie de 30% et ses déchets solides de 25%. Cependant, BAYER a failli en 2002 à sa mission d’acteur de « santé durable ». Le groupe fut ébranlé par les nombreuses plaintes (700 en France) déposées à travers le monde par les patients et familles de victimes décédées suite à un traitement par un anti-cholestérol commercialisé par le géant pharmaceutique. BAYER fut accusé d’avoir exercé des pressions commerciales auprès des prescripteurs, au vu de l’importance des doses prescrites, au risque de mettre en danger la santé des patients et d’avoir pris trop tardivement des mesures de retrait de ce médicament. DEXIA • Dimension financière En millions d'€ Produit net bancaire Evolution du produit net bancaire Coûts Evolution des coûts Résultat brut d'exploitation Evolution du résultat brut d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net Fonds propres prudentiels (Tier 1) Capital investi Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres En € Plus bas cours de l'année (Paris) Plus haut cours de l'année (Paris) Moyenne Evolution du cours moyen sur Paris Plus bas cours de l'année (Bruxelles) Plus haut cours de l'année (Bruxelles) Moyenne Evolution du cours moyen sur Bruxelles Résultat net par action Dividende net versé par action 2 2002 2001 2000 1999 1998 5 165,00 5 665,00 3 579,00 3 165,00 2 593,00 -8,83% 3 045,00 58,28% 3 371,00 13,08% 2 081,00 22,06% 1 716,00 nd 1 455,00 -9,67% 2 120,00 61,99% 2 294,00 21,27% 1 678,00 17,94% 1 449,00 nd 1 138,00 -7,59% 1 299,00 36,71% 1 426,00 15,80% 1 001,00 27,33% 761,00 nd 605,00 -8,91% 42,46% 31,54% 25,79% nd 11,70 11,90 322 298,00 273 159,00 7,20 205 054,00 8,60 7,70 192 198,00 151 472,00 9,30% 9,30% 9,30% 9,00% 9,60% 16,10% 18,70% 17,70% 15,70% 14,00% 2002 2001 1 2000 1999 1998 8,22 18,95 13,12 19,55 128,40 195,90 110,10 166,90 101,68 141,02 13,59 -16,84% 16,34 -89,93% 162,15 17,08% 138,50 14,13% 121,35 nd 8,21 18,98 13,02 19,50 127,65 194,00 124,90 157,00 120,10 157,91 13,60 -16,39% 16,26 -89,89% 160,83 14,10% 140,95 1,40% 139,01 nd 1,13 1,25 11,50 9,82 8,52 0,41 0,36 3,22 2,93 nd 31/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Le produit net bancaire, le résultat brut d’exploitation et le résultat net se sont fortement appréciés sauf en 2002 et surtout en 2001 grâce à des opérations de croissance externe. Le produit net bancaire s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. Le ROE demeure satisfaisant. DEXIA a renforcé ses fonds propres prudentiels de 11,03% en moyenne. Son ratio de solvabilité (Capital Adequacy Ratio) s’est apprécié (sauf en 2000) passant de 10,7% à 13%. Le BNPA et le dividende après s’être envolés ont chuté en 2001, conséquence de la division du nominal des actions, et restent bas en 2002. Si la division n’avait pas eu lieu, le dividende aurait progressé sur 2001 et 2002. 1 après division du nominal par 10 en date du 6 juin 2001 • 2 après prélèvement du précompte mobilier belge Dimension humaine et sociale DEXIA applique des principes déontologiques stricts dont l’un des buts primordiaux est de ne participer, directement ou indirectement, à aucune opération de blanchiment d’argent sale. A cet effet, le groupe bancaire ne présente aucune filiale dans un pays mentionné sur la liste officielle des pays non coopératifs du GAFI (Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux). Le groupe a mis en place des séminaires Discovering Dexia à destination de tous ses salariés dont l’objectif est de faire se rencontrer les employés de tous horizons et de renforcer le sentiment d’appartenance au groupe. Plus de 600 collaborateurs ont pris part aux sessions organisées en 2002. • Dimension environnementale DEXIA se positionne comme « la banque du développement durable ». Le groupe encourage très fortement financièrement l’utilisation des modes de transport peu ou pas polluants (covoiturage, transports en commun, etc.). Un prix lui a été décerné en 2002 par la région de Bruxelles-Capitale pour ses efforts dans la mobilisation de son personnel à emprunter leur vélo pour se rendre sur leur lieu de travail. La collecte et le tri des déchets voués à être recyclés (papiers, cartons, divers) et l’utilisation de liquide de climatisation sans gaz fréon font désormais partie des mœurs courantes professionnelles des différents établissements relevant du groupe DEXIA. 32/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG SAINT GOBAIN • Dimension financière En millions d'€ Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net 2002 2001 30 274,00 30 390,00 28 815,00 22 952,00 17 821,00 -0,38% 4 185,00 5,47% 4 317,00 25,54% 4 324,00 28,79% 3 747,00 nd 2 912,00 -3,06% 2 582,00 -0,16% 2 681,00 15,40% 2 693,00 28,67% 2 314,00 nd 1 776,00 -3,69% 1 040,00 -0,45% 1 134,00 16,38% 1 517,00 30,29% 1 226,00 nd 1 097,00 -8,29% -25,25% 23,74% 11,76% nd 13 633,00 20 358,00 32 648,00 14 115,00 20 353,00 33 104,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 12,82% 13,04% 13,50% 13,48% 13,66% 12,68% 7,63% 13,17% 8,03% 13,27% 11,29% 13,13% 9,72% 12,51% 9,82% Levier financier Frais financiers nets / EBE 59,43% 52,31% 62,91% 52,47% 34,52% 9,01% 9,10% 9,78% 5,34% 6,63% 2001 32,05 45,00 38,53 -1,28% 2000 29,13 48,93 39,03 6,55% 1999 25,78 47,48 36,63 3,83% 1998 24,93 45,62 35,27 nd 3,33 1,13 4,45 1,08 3,51 0,90 3,04 0,80 Fonds propres Capital investi Actif économique En € 20021 18,57 Plus bas cours de l'année (EURONEXT) Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 49,05 Moyenne 33,81 Evolution du cours moyen sur EURONEXT -12,24% Résultat net par action Dividende net versé par action 1 3,05 1,13 2000 1999 13 439,00 12 616,00 20 297,00 17 621,00 32 038,00 27 807,00 1998 11 173,00 14 200,00 21 312,00 après division du nominal par 4 en date du 27 juin 2002 Depuis 1999, le chiffre d'affaires a vu sa cadence de croissance ralentir et devient inférieur en 2002 à son niveau de 2001. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. La croissance de l'EBE a été de même ralentie. Par contre, le REX et le résultat net du groupe se positionnent depuis 2001 en baisse au-dessous des niveaux observés en 2000. La rentabilité financière se maintient au cours du temps avec un pic en 2000. Cette stabilité est due principalement à l'augmentation soutenue des dettes financières qui se sont accrues de 22,09% en moyenne. A contrario, le ROE se dégrade depuis 2000. Le ROE reste au-dessous de la norme de marché des 15% et ne l'a « approchée » qu'en 2000. Le levier financier est toujours inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le dividende payé en 2001 et 2002 est 33/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG demeuré constant et supérieur à celui de 2000. Le groupe ne verse pas l'intégralité du résultat net disponible pour les shareholders et préfère affecter en report à nouveau plus des deux tiers du résultat net par action (consolidant ainsi ses capitaux propres dans un souci de constituer une réserve supplémentaire destinée à couvrir les risques liés à son exploitation). Le cours boursier s'est maintenu en 2001 mais l'action a connu la plus forte baisse de sa valeur en bourse en 2002. • Dimension humaine et sociale Le conseil d’administration de SAINT GOBAIN a désiré consigner de façon formelle les principes directeurs de l’action du groupe se déclinant en principes de comportement (engagement professionnel, respect des personnes, intégrité, loyauté et solidarité) et en principes d’action (respect de la légalité, de l’environnement, de la santé et de la sécurité du travail, des droits des employés). SAINT GOBAIN a développé ses propres structures de formation de son personnel avec l’Université du Verre créée en 1985, qui a accueilli 134 étudiants en 2002, et dont le but est d’accroître les avantages compétitifs du groupe. SAINT GOBAIN a de plus fondé un centre de formation, l’école Point.P en 1996, destiné à la bonification des relations commerciales. Il offre des service à ses salariés tels que l’accompagnement dans l’évaluation et la réalisation de projets personnels, l’aide à la mobilité interne pour les non-cadres, le suivi éventuel d’un conjoint ou d’un enfant, etc. • Dimension environnementale SAINT GOBAIN a adopté le programme EHS (Environnement, Hygiène et Sécurité). Dans ce cadre, chaque branche dispose d’une ou plusieurs personnes dédiée(s) au respect de l’application des principes et une fois par an les « Diamants de la Santé Sécurité » sont décernés aux unités affichant les meilleurs résultats et les bonnes pratiques de ces entités sont diffusées au sein de l’ensemble du groupe. SAINT GOBAIN veille également grâce à ses équipes de R&D à l’amélioration des performances environnementales des procédés de fabrication des verres. L’accent est mis sur les recherches permettant de réduire les oxydes d’azote (NOx) et les émissions de dioxydes de carbone (CO2). 34/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Nous rappelons cependant que SAINT GOBAIN doit encore faire face à des problématiques d’indemnisation émanant d’anciens ouvriers de ses usines d’amiante à travers le monde. De plus, si ce matériau fut cessé d’être utilisé, produit et vendu dès Juillet 1996 en France, ce n’est que l’année dernière que SAINT GOBAIN a fermé ces usines au Brésil. VEDIOR • Dimension financière En millions d'€ Chiffre d'affaires Evolution du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation Evolution de l'excédent brut d'exploitation Résultat d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Résultat net Evolution du résultat net 2002 2001 2000 1999 1998 6 154,00 6 766,00 6 584,00 4 057,00 4 037,00 -9,05% 229,00 2,76% 321,00 62,29% 344,00 0,50% 185,00 nd 194,00 -28,66% 178,00 -6,69% 267,00 85,95% 297,00 -4,64% 159,00 nd 165,00 -33,33% -200,00 -10,10% -143,00 86,79% -139,00 -3,64% 419,00 nd 102,00 39,86% 2,88% -133,17% 310,78% nd Fonds propres Capital investi Actif économique 1 023,00 1 792,00 2 618,00 1 260,00 2 120,00 2 216,00 717,00 2 282,00 3 104,00 752,00 2 249,00 974,00 293,00 335,00 393,00 Rentabilité économique Rentabilité financière Rentabilité des fonds propres 8,75% 9,93% -19,55% 14,49% 12,59% -11,35% 11,08% 13,01% -19,39% 18,99% 7,07% 55,72% 49,36% 49,25% 34,81% Levier financier Frais financiers nets / EBE 81,55% 75,04% 260,40% 223,43% 16,15% 24,02% 25,23% 30,23% 6,49% 2,58% 2001 2000 1999 1998 8,50 15,50 8,50 18,50 9,90 22,85 nd nd 12,00 -11,11% 13,50 -17,56% 16,38 nd nd nd 0,84 1,04 0,98 nd En € 2002 Plus bas cours de l'année (EURONEXT) 4 Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 16,50 Moyenne 10,25 Evolution du cours moyen sur EURONEXT -14,58% Dividende net versé par action 0,46 La croissance du chiffre d'affaires a réalisé un bond formidable en 2000 dû à l’entrée dans le groupe de la société SELECT en Novembre 1999 mais la croissance est retombée immédiatement et se transforme en récession en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2002. L' EBE s'est également très fortement accrû et a été contracté en 2001 et davantage en 2002. Le REX a chuté à partir de 2001. Les pertes nettes ne cessent de s'accentuer après le profit remarquable observé en 1999. Le très fort levier financier (supérieur à 2) de 1999 et 2000 est dû aux 35/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG acquisitions réalisées, il devient ensuite inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers se maintient dans la zone de surveillance (entre 20% et 40%). Le ROCE est cyclique et fluctue d'une année sur l'autre : une bonne année faisant suite à une année plus difficile et ainsi de suite. La tendance globale reste malgré tout baissière. La rentabilité financière a chuté depuis 2000. VEDIOR a recouru massivement à l'endettement en 2000 pour assurer sa croissance multipliant par 9,7 son endettement moyen/long terme. Le ROE ressort négatif de 2000 à 2002, le résultat net étant négatif, après de très bons résultats en 1998 et 1999. Les actionnaires ont continué de recevoir un dividende, quoique faible, en 2002 et 2001 malgré les pertes réalisées. Le cours boursier de l'action suit un trend baissier peu pentu. • Dimension humaine et sociale VEDIOR s'est doté d'un code de conduite (Code of Conduct) et d'un rapport de responsabilité sociale et sociétale (Corporate Social Responsibility Statement). Les points évoqués dans ces documents sont entre autres la lutte contre la corruption, la discrimination ou le harcèlement sexuel. VEDIOR considère la pluralité culturelle et ethnique de ses collaborateurs comme un avantage compétitif et les encourage à se comporter comme des citoyens respectables. Le groupe aide également financièrement des associations caritatives. • Dimension environnementale VEDIOR est un prestataire de services et non un producteur de biens. Cela ne l'empêche pas de consommer des ressources naturelles. Le groupe apprécie donc les effets bénéfiques des actions menées en faveur de la réduction de la consommation de ces ressources et encourage les diverses sociétés constitutives du groupe à rechercher des alternatives plus écologiques et à participer activement à toutes les actions de recyclage possibles. 1.1.4 – Synthèse des performances et critiques Nous avons analysé ci-dessus la performance financière des sociétés incluses dans des indices éthiques. Nous avons choisi des entreprises dont les activités se classent dans différents domaines et dont le siège se situe dans différents pays afin de minimiser les biais. La conclusion de notre 36/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG analyse est que les entreprises respectant les dimensions sociale et environnementale ont bien une création de valeur supplémentaire sur le moyen/long terme. L’horizon temporel d’étude concorde avec la création des indices éthiques et donc avec l’entrée des entreprises observées dans ces indices. Ces dernières ont depuis amélioré significativement leurs diverses rentabilités. En effet, leurs ventes et profit ont progressé durablement dans le temps, leurs rendements sur l’actif économique et sur les capitaux engagés ont augmenté et leur retour aux actionnaires s’est amélioré. Nous considérons que la mauvaise performance de ces sociétés en 2001 due à une récession économique (qui a touché particulièrement l’industrie informatique et l’assurance) fut exceptionnelle. Evolution du chiffre d'affaires Evolution de l'excédent brut d'exploitation Evolution du résultat d'exploitation Evolution du résultat net Evolution de la rentabilité économique Evolution de la rentabilité financière Evolution de la rentabilité des fonds propres Note : les pourcentages représentent la proportion de 2002 2001 2000 1999 MOYENNE 53,33% 50,00% 41,67% 46,67% 50,00% 46,67% 73,33% 33,33% 41,67% 46,67% 16,67% 26,67% 93,33% 83,33% 75,00% 73,33% 63,64% 46,67% 86,67% 63,64% 58,33% 73,33% 55,56% 50,00% 76,67% 57,58% 54,17% 60,00% 46,46% 42,50% 53,33% 33,33% 66,67% 57,14% 52,62% groupes parmi l’échantillon ayant eu sur l’année considérée une évolution positive ou nulle des indicateurs de création de valeur. 5 des 7 indicateurs observés ont évolué favorablement en moyenne sur l’ensemble de la période. Il est cependant possible de noter que certaines entreprises étudiées appartiennent à des secteurs industriels et pourraient de prime abord n’être pas considérées comme des EE car polluantes (industrie automobile, industrie chimique, …). L’inclusion de ces entreprises dans les indices éthiques se justifie par le fait que dans un monde où le consommateur exprime des besoins multiples en biens et en services, un indice éthique doit être composé des sociétés fournissant ces produits de la manière la plus respectueuse (des ressources naturelles et humaines) possible. L’approche retenue est qualifiée de « best-in-class » (« premiers de la classe »). Il est aussi possible de reprocher à ces indices de ne contenir que de grosses sociétés cotées. En effet, il peut être plus aisé, dans une petite structure, de favoriser l’adoption d’une stratégie d’entreprise écologiquement et socialement responsable de par les moyens plus rapides d’accès à la gestion de l’entreprise pour les apporteurs de fonds, les collaborateurs et les clients. 37/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Les critères environnementaux et sociaux appliqués peuvent également prêter à débats car ils peuvent être évalués et interprétés différemment : le subjectif intervient alors fortement dans la décision d’inclure ou non une société dans un indice éthique. Enfin, la performance financière, voire la surperformance des benchmarks, étant recherchée pour un indice éthique, il est difficile de se priver d’une entreprise présentant un bon retour sur investissement, les résultats des audits sociaux et environnementaux pouvant alors être interprétés de manière plus élogieuse pour justifier l’inclusion. 1.2 – La performance des principaux portefeuilles de fonds éthiques 1.2.1 – Le développement des fonds éthiques et les critères de choix Les placements éthiques sont apparus aux Etats-Unis dans l’entre deux guerres. Le premier fonds éthique français, «Nouvelle Stratégie 50», fut créé en 1983 par la Financière MEESCHAERT sous l’impulsion de sœur Nicole REILLE. Ce fonds fut d’abord proposé aux congrégations religieuses. Les actifs étaient sélectionnés sur des critères éthiques. Les investisseurs se diversifièrent rapidement (investisseurs institutionnels et particuliers, gestionnaires de fonds de pension) et les fonds éthiques se multiplièrent. Aujourd’hui, l’investissement socialement responsable représente : • plus de 2 500 milliards de dollars aux Etats-Unis avec 160 fonds de placement, soit 2 225 milliards d’euros, • près de 48 milliards de livres sterling au Royaume-Uni avec 34 fonds d’investissement, soit 69 milliards d’euros, • plus de 430 millions de francs suisses en Suisse, soit 277 millions d’euros. Aujourd’hui, chaque institution gérant des fonds éthiques utilise des critères qui lui sont propres pour créer et gérer ses fonds. Ils sont cependant tous basés sur des critères négatifs, également appelés critères d’exclusion, et des critères positifs (critères d’inclusion). 38/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? • Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Les critères négatifs (ou critères d’exclusion) Certains comportements ou activités sont considérés comme nuisibles au bon développement de la société et c’est sur cette base que de nombreuses entreprises, dans le cas où elles sont actives dans une trop grande mesure dans le domaine en question, vont être exclues des fonds éthiques. Donc en principe, aucune entreprise active ou franchement impliquée dans l’armement, le nucléaire, le tabac, le jeu, l’alcool, les OGM et la pornographie n’entre dans un fonds éthique. Les fonds éthiques excluent également les entreprises dont les comportements sont manifestement contraires aux droits de l’homme. • Les critères positifs (ou critères d’inclusion) Par opposition, les critères positifs sont utilisés pour évaluer l’impact ou le comportement de la compagnie dans une sphère bien définie. L’évaluation est généralement exprimée par un « rating » donné à la compagnie pour chaque critère. Les critères positifs peuvent être divisés en deux catégories : les critères environnementaux et les critères sociaux. Les critères environnementaux Par critères environnementaux, on entend les principes, stratégies et politiques environnementaux, les systèmes de management environnemental, les certifications (ISO14000, EMAS), l’écoefficience, les mesures prises pour réduire l’impact environnemental, les produits innovants. Les critères sociaux Par critères sociaux, on entend la politique sociale, le niveau des salaires, la participation des employés, les relations avec les syndicats, les droits de l’homme, les relations entretenues avec les pays en voie de développement, l’éthique des affaires, l’engagement dans la communauté, les pratiques de «Corporate Governance» (gouvernement d’entreprise), l’ouverture et la transparence. 1.2.2 – La conclusion des recherches récentes sur la performance des fonds éthiques Les portefeuilles de fonds éthiques sont-ils plus ou moins performants que les portefeuilles de fonds traditionnels (« non screened funds ») ? Certains investisseurs estiment que les fonds éthiques sous 39/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG performent les fonds traditionnels. Pour eux, les critères d’éligibilité (exclusion, inclusion) des valeurs qui composent ces fonds peuvent conduire à l’élimination de certains secteurs d’activité ou sociétés et de ce fait entraîner une sur/sous exposition de certains pays, industries ou types d’entreprises (faibles ou fortes capitalisations boursières, gestion croissance ou valeur) dans ces fonds. L’éventail de choix d’investissement des fonds éthiques est souvent plus étroit que celui des fonds traditionnels. Certains investisseurs en concluent que le rendement des fonds éthiques est plus volatil et génère plus de risque. Les doutes sur la performance des fonds éthiques sont-ils fondés ? Les bases de données actuellement disponibles aux Etats-Unis montrent une performance financière très semblable des fonds éthiques par rapport aux portefeuilles traditionnels comparables. Sur le marché britannique, les études menées par LUTHER, MATATKO et CORNER en 1992, comparant les fonds éthiques aux indices traditionnels, ont même montré que des fonds éthiques tendent à surperformer les indices traditionnels. Une étude plus récente menée par BAUER, KOEDIJK et OTTEN en 2002 a initié la théorie suivante : les fonds éthiques aux Etats-Unis et en Allemagne ont connu une phase d’apprentissage pendant laquelle leur performance est restée bien inférieure à celle des fonds traditionnels (début des années 90). Une décennie plus tard (fin des années 90, début 2000), les performances étaient identiques. Un autre groupe d'études a analysé les politiques de choix en matière de constitution des fonds éthiques : par exemple les managers des fonds éthiques au Royaume-Uni ont tendance à plutôt investir dans de petites sociétés. Certaines études aux Etats-Unis interprètent la bonne performance d’indices éthiques par les choix stratégiques dans tel ou tel secteur d’activité. DIBARTOLOMEO en 1996, GUERARD et KURTS en 1997, proclament que c’est grâce à l’utilisation du critère de croissance des entreprises (celles ayant un ratio P/E, price to book ou price to cash flow élevé) que les fonds éthiques ont une bonne performance et non grâce à l’effet positif des principes SRI. En conclusion, les bases de données actuellement disponibles montrent bien que la performance financière des fonds éthiques est très semblable à celle des portefeuilles traditionnels comparables. Les études les plus récentes cherchent à savoir si les différences de performance doivent être 40/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG attribuées aux politiques socialement responsables plutôt qu’au choix de certains secteurs d’activité (pour le moment, il n’y pas de conclusion claire et solide). 1.2.3 – La performance des fonds éthiques européens sur les trois dernières années La plupart des conclusions académiques citées dans le paragraphe précédent se rapportent aux fonds éthiques anglo-saxons. Cette section sera consacrée à l'analyse du comportement de risque/retour des plus grands fonds SRI en Europe (basée sur des gestions d’actifs) au cours des trois dernières années, jusqu’au 31 Octobre 2002. Une réelle analyse de la performance ne doit s’appuyer que sur la comparaison de fonds de même nature : instruments financiers identiques (obligations, actions, convertibles, etc.), pays identiques et secteurs d’activité identiques. Pour établir une classification appropriée, les fonds ont été assignés à une des trois catégories suivantes : • Fonds d’obligations • Fonds d’actions Europe • Fonds d’actions internationales • Fonds d’obligations Après l’éclatement de la bulle informatique début 2002, les marchés boursiers sont entrés dans une phase de déprime dont ils ne sont toujours pas complètement sortis à ce jour. Les fonds d’obligations se sont avérés être une alternative moins risquée aux fonds d’actions, avec un rendement plus élevé. Parmi ces fonds d’obligations, le fonds CDC Ixis AM Nord Sud Développement constitue une exception et a obtenu le meilleur rendement (+23.4%). Il a également surperformé le Salomon WGBI (+19%), un des principaux indicateurs des marchés internationaux d‘obligations. Sur la même période, les investisseurs de ce fonds ont moins souffert de la volatilité (5.1%) que les marchés internationaux d’obligations : 7,1% en moyenne (mesuré par le Salomon WGBI). 41/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? • Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Fonds d’actions Europe La performance des fonds d’actions Europe au cours des trois dernières années a été très négative. Elle oscille de -51.9% (Banco Humanfond Se) à +1% (Friends Provident Stewardship). Remarque : la performance positive de ce fonds est une exception dans cette catégorie et est partiellement due à la politique d'investissement spécifique de ce fonds dans des actions britanniques très particulières d’entreprises de petite et moyenne taille. En évaluant la performance du fonds Banco Fonder AB, rappelons qu’il investit principalement sur la bourse suédoise, qui a perdu plus que le marché européen global (MSCI Nordic Countries, par exemple, a enregistré une perte de -35,6% sur les trois dernières années, alors que le MSCI Europe a accusé -28,9% sur la même période). Les mêmes règles s'appliquent à la volatilité des fonds : Banco Humanfond fut le fonds d’actions européen le plus volatil de la période (31.3%) et les pays nordiques sont les marchés les plus volatils d’Europe (volatilité de 34.7% pour MSCI Nordic Countries). Ceci est dû à l'impact des difficultés rencontrées par quelques géants des télécommunications (principalement NOKIA et ERICSSON). • Fonds d’actions internationales La performance des fonds d’actions globaux sur les trois années précédentes varie de -42,4% (Sanpaolo Azionario Internazionale Etico) à -1,4% (la banque Sarasin&Cie. Oeko Vision). La forte surperformance de ce dernier est principalement due à son fort investissement dans des sociétés de petite ou moyenne taille. Tandis que les fonds MSCI ont perdu presque 32% de leur valeur sur les trois dernières années, son segment regroupant les petites capitalisations boursières (MSCI World Small Caps) a fortement surperformé l'indice général, limitant ses pertes à seulement 2%. Une caractéristique très importante du marché SRI d’aujourd’hui est le comportement particulier du couple risque/retour de ces fonds. L'éventail de fonds socialement responsables disponibles en Europe pourrait facilement satisfaire chaque investisseur potentiel avec ses préférences en termes de couple risque/retour, permettant ainsi à chacun de choisir un produit en conformité avec ses espérances. 42/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 2 – La conciliation entre la rentabilité et l’éthique Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, une EE est une entreprise qui respecte les principes du développement durable. Les principes du développement durable érigent la responsabilité économique comme la première préoccupation d’une EE. La réalisation des objectifs humains (sociaux) et environnementaux ne contrarie pas la réalisation d’une performance financière supérieure car bien au contraire, une entreprise ayant une performance économique supérieure dispose de plus de moyens à mettre en œuvre afin de poursuivre ses actions de responsabilités humaine et environnementale. En effet, « quelle entreprise peut plus aisément protéger l’environnement que celle qui crée de la valeur ? ». 2.1 – La recherche de la performance durable La notion de création de valeur se décline en quatre principes : • les pourvoyeurs de fonds propres investissent en évaluant le retour sur leur mise initiale, • l’entreprise raisonne en termes de retour sur investissement, • le retour sur capitaux employés, ou performance attendue, comme défini auparavant, est le produit d’une rentabilité opérationnelle rapportée au chiffre d’affaires par la rotation des capitaux, • tout collaborateur doit générer une variation positive de la valeur grâce à son bon comportement professionnel. Le dégagement d’un profit opérationnel couplé à une dynamique de croissance est la garantie d’une création de valeur durable. Cette dernière, pour être viable, doit être complétée par des investissements en capital humain et en technologies et par une équipe d’encadrement qui recherche les performances dans la durée dans une perspective de progrès de l’entreprise. 43/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 2.2 – Les moyens d’action en faveur d’une valeur économique durable La valeur durable créée pour l’actionnaire est un bon résultat au-delà de la charge du capital investi (montant du capital investi multiplié par son coût). Elle est mesurée par la valeur économique créée (VEC) ou Economic Value Added (EVA®), concept développé par le cabinet STERN-STEWART. L’EVA est un indicateur de mesure de performance interne qui permet de sélectionner les possibilités d’investissement qui présentent le potentiel le plus élevé. Les éléments à déterminer afin de calculer la valeur économique créée sont le REX minoré de l’impôt et avant frais financiers (REMI), le coût du capital (kC) et les capitaux investis (CI). VEC = REMI – kC x CI Après neutralisation du coût du capital et prise en considération de l’activité (exprimée en termes de chiffre d’affaires CA), on aboutit à : REMI / CI = REMI / CA x CA / CI = rentabilité opérationnelle x rotation des capitaux La performance en VEC par rapport aux capitaux employés est le résultat de deux moteurs, celui de la rentabilité opérationnelle et celui de la rotation des capitaux. Pour augmenter la valeur créée de façon durable, on peut, par conséquent, utiliser les leviers suivants illustrés dans le graphique de l’arbre de la création de valeur ci-après : 44/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Développement durable Clients éthiquement satisfaits Energie Pollution Matière Emploi social Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Chacun doit se retrouver sur l'arbre de la création de valeur Décrocher un contrat Assurer une qualité irréprochable (produit/service) Sur satisfaire les clients 1ère source de valeur : rentabilité opérationnelle Maintenir la marge Réduire les coûts Gagner en productivité (mat.& main d'œuvre) Actifs moins polluants Investissements préservant l'environnement Résultat opérationnel Céder des actifs Investir au plus juste Immobilisations Choix de fournisseurs éthiques… 2ème source de valeur : rotation des capitaux Réduire les stocks Livrer juste à temps Encaisser les créances Négocier les conditions fournisseurs Risk management Corporate Governance Activité Besoin en fonds de roulement Contrôle interne et organisation optimisée Coût des Meilleure communication capitaux propres auprès des stakeholders, Coût des dettes des groupes d'opinion et des bailleurs de fonds 3ème source de valeur : REMI/CI supérieur au coût du capital Source du graphique (modifié et amélioré): Développement durable, pour une entreprise compétitive et responsable, page 69 La valeur économique créée au cours d’une période t ou EVAt peut être également formalisée de la façon suivante : EVAt = (ret-kt) * Ct ret est la rentabilité économique des capitaux investis en t, kt est le coût moyen pondéré des ressources financières et Ct représente le montant des capitaux investis en t. 45/78 où UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Les actions suivantes permettent d’améliorer la valeur économique créée : • Augmenter la rentabilité économique des capitaux investis par une variation positive : - des ventes, - du résultat opérationnel (gain de productivité et/ou réduction des coûts de fonctionnement), - de l’investissement dans des projets dont la rentabilité du capital employé sera supérieure à son coût. • Abaisser le coût moyen pondéré des ressources financières : - grâce à l’effet de levier consistant à optimiser l’endettement par rapport aux fonds propres et à leur coût, tout en évitant l’effet massue matérialisé par un coût financier apparent de l’endettement (résultat financier) supérieur au REX, - en élaborant une meilleure gestion du risque et une meilleure communication à destination des apporteurs de fonds (actionnaires et banquiers). • Diminuer le montant des capitaux investis par des cessions d’immobilisations non nécessaires à l’activité et une diminution du besoin en financement d’exploitation, en optimisant les stocks et les en-cours, les créances clients et les dettes fournisseurs. Ceci conduit à établir un partenariat solide avec les clients et les fournisseurs sur une base de gagnant-gagnant. SYNTHESE DE LA SECTION 1 Comme nous l’avons abordé dans les parties précédentes, beaucoup d’études démontrent qu’il n’y a pas de différence significative entre la performance des fonds/indices éthiques et celle des fonds/indices traditionnels. Les bases de données historiques indiquent également que les performances des deux types d’investissement sont très proches et que les fonds/indices éthiques sont même souvent plus performants que leurs benchmarks financiers comparables. De ce fait, nous en concluons qu’il ne coûtera pas plus cher, pour les investisseurs et pour les gestionnaires de fonds, d’investir dans les 46/78 fonds/indices éthiques. UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG SECTION 2 – L’ INTEGRATION DE L’ ENTREPRISE DANS SON ENVIRONNEMENT GLOBAL : UN FACTEUR D’ EXCELLENCE La rentabilité financière est longtemps apparue comme l’unique référence pour un investisseur afin de choisir parmi plusieurs placements. Aujourd’hui, la seule prise en compte de la performance financière n’est plus suffisante même si elle conserve son caractère essentiel dans le processus de décision d’investissement. Les principes de la Corporate Governance et du développement durable recommandent de prendre en considération les cinq catégories de stakeholders suivantes : actionnaires, collaborateurs, clients et fournisseurs, société civile et environnement naturel afin d’apprécier et d’appréhender une entreprise dans sa globalité. Une autre approche du développement durable consiste à appréhender une comptabilité triple (triple bottom line) ou trois piliers : les 3P (People, Planet, Profit). D’après 65% d’investisseurs institutionnels, une performance globale additionnelle peut être dégagée par une entreprise si elle réussit à développer des synergies impliquant tous les partenaires afin d’améliorer les échanges en vue d’une émulation collective. Ainsi, la valeur d’une entreprise est qualifiée de supérieure si elle peut faire la preuve de la prise en compte des trois dimensions financière, sociale et environnementale. Après avoir explicité les raisons de la création de valeur supplémentaire des EE, nous nous intéresserons aux modifications de leur stratégie suite à leur adhésion aux principes de développement durable. En reclassant les parties prenantes en shareholders et autres stakeholders, nous mettrons en évidence le glissement de la prépondérance de la valeur actionnariale vers la valeur partenariale. 47/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 1 – Les raisons de la création de valeur supplémentaire des entreprises éthiques 1.1 – Un actionnariat fidélisé Les actionnaires qui investissent dans les fonds éthiques désirent obtenir un bon rendement de leur placement tout en s’assurant de la destination et de l’utilisation réelle qui sera faite de leur argent. Leurs investissements seront fonction de leurs valeurs et de leurs convictions. Les fonds éthiques se positionnent sur une logique de développement durable, ce qui séduit d’autant plus l’actionnaire qui recherche la pérennité de ses investissements et se laissera volontiers envahir par un sentiment d’affectio societatis. Le cercle vertueux du développement durable est alors amorcé. Les actionnaires individuels sont fidélisés par des mesures en leur faveur tels que des centres de diffusion de l’information financière appelés aussi clubs des actionnaires, l’organisation de rencontres d’actionnaires individuels avec les principaux dirigeants de la société, un site internet dédié à l’actionnariat, des numéros téléphoniques gratuits, des courriers régulièrement envoyés concernant l’actualité de la société, etc. DEXIA se pose en référence dans tous ces domaines et 74% de ses actionnaires disent intégrer le développement durable comme paramètre de leur choix d’investissement dans une valeur. Le groupe DEXIA se positionnant comme « la banque du développement durable », l’ensemble de ses actionnaires, sensibilisés à cette problématique, n’ont pas tenu rigueur à l’entreprise de ses difficultés en 2002 et ont privilégié le statut quo à une vente des titres (depuis le début de l’année 2002, seuls 17% des actionnaires ont vendu des titres). « Un comportement socialement et économiquement responsable permettant d’être mieux armé pour vivre une croissance durable, est nécessairement plus rentable sur le long terme, d’où la confiance des investisseurs. ». 48/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 1.2 – Ne pas être éthique peut conduire au boycott des consommateurs des produits commercialisés par l’entreprise Les consommateurs ou « consom’acteurs » ont désormais « le dessus » sur les entreprises qui manquent à leurs obligations morales. Ils n’hésitent pas à pénaliser ces dernières en les boycottant ouvertement. En Europe, la campagne « clean clothes » a été lancée en 1999 contre certaines entreprises du secteur textile (NIKE, ADIDAS, GAP) et fut soutenue par les ONG. Le textile est en France le 2ème type de produits (derrière l’alimentation) pour lequel il est important d’obtenir des engagements de citoyenneté de la part des entreprises avec 17% d’avis des sondés. Les consommateurs français estiment que l’éthique est importante voire essentielle dans leurs comportements d’achat à 57%. L’enquête du CREDOC « La consommation engagée» diffusée le 1er Décembre 2002 révèle que 9 interrogés sur 10 se déclarent disposés à boycotter les biens produits par une entreprise qui ne se soucierait pas de ses obligations envers ses salariés ou envers l’écosystème. Cette tendance à l’achat éthique est de même observée parmi les investisseurs institutionnels qui privilégient les investissements éthiques, c’est-à-dire les placements visant un double objectif : la performance financière et la recherche de l’amélioration du monde dans lequel nous évoluons. La devise de ces investisseurs peut être résumée ainsi : « investing for a better world ». Pour une rentabilité à long terme égale ou supérieure des investissements socialement responsables par rapport aux investissements « classiques », les gérants plébiscitent à 77% la première catégorie, et ce même si la rentabilité à court terme est inférieure. Les gérants se disent prêts à 92% à investir dans des produits ISR dont le ratio rendement/risque est équivalent à des produits « classiques ». Les deux dernières données doivent être contrebalancées par le retour sur investissement escompté par les investisseurs qui à 67% n’attendront que moins de trois ans pour obtenir une rentabilité supérieure à celle des produits « classiques ». L’entreprise prend de plus en plus conscience du rôle prépondérant de la fidélisation de sa clientèle par son attitude juste et éthique. Dans le contexte actuel de concurrence exacerbée et de globalisation, l’éthique semble avoir un rôle de tout premier plan à jouer. Elle assure aux entreprises 49/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG qui suivent ses principes une certaine stabilité de ses parts de marché et l’assurance de trouver les capitaux nécessaires à sa croissance future. Ainsi, le leader mondial du diamant brut DE BEERS est à l’origine d’un processus international dénommé « initiative de Kimberley » réunissant les Nations Unies, les ONG, 35 pays et l’industrie diamantaire. Le groupe, objet de critiques de la part de la communauté internationale, censé tirer partie des guerres que se livrent les pays producteurs de diamants, a voulu répondre de manière forte aux multiples attaques. Il a résulté de la concertation un nouveau système de certification d’origine ratifié le 5 Novembre 2002 par une quarantaine de pays. DE BEERS a ainsi anticipé un boycott probable des diamants appelés « sales » qui pourrait intervenir dans les pays occidentaux qui représentent la part la plus significative de son chiffre d’affaires. 1.3 – L’éthique : un nouveau marché En dehors de l’approche de la consommation défensive développée ci-dessus, nous observons une attitude offensive de la part des consommateurs qui souscrivent à l’idée de « consommation engagée ». Les agents économiques font désormais acte de consommation, c’est-à-dire qu’ils souhaitent réellement maîtriser leurs comportements de consommateurs en prenant du recul par rapport aux choix standardisés imposés de façon pernicieuse par les politiques marketing. Les consommateurs, en proie à la perte de repères, sont en quête de sens. Ils désirent construire une économie plus juste et sont à la recherche du bonheur de la communauté. Dans ce climat, s’est développé, depuis les années 1970-80, aux Etats-Unis et en Europe, le commerce équitable. Le commerce équitable (fair trade pour les Anglo-Saxons, fair handel en Allemagne) ou alternatif est plus exigeant que le commerce éthique dans la mesure où les producteurs des pays en voie de développement sont assurés d’un prix plancher très supérieur aux cours mondiaux. Ces derniers récupèrent de cette façon une partie plus conséquente de la valeur du produit fini et une part du revenu est investie dans le développement d’infrastructures locales. 50/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Les pratiques du commerce équitable sont gérées par les ONG et les produits issus de l’agriculture et de l’artisanat sont favorisés dans cette approche. Au final, un prix supérieur de 5% à 10% est constaté. La place du commerce équitable, bien que négligeable, est en constante progression grâce notamment à la création de labels tels que Max Havelaar ou Café Direct et à l’introduction de ces produits dans la grande distribution (3 500 points de vente sont ainsi concernés par le commerce équitable en France). Depuis peu, un spot de publicité vantant les mérites d’un café issu du commerce équitable est diffusé sur les chaînes du service public français. Le slogan est significatif du principe même de bien-être universel revendiqué par cette nouvelle forme de commerce : « parce qu’un bon café est un café bon pour tous ». Cependant, la filière du café, la plus importante filière du commerce équitable n’a conquis que 1% du marché français (contre 5% du marché néerlandais, record mondial). Ces produits ne disposent pas d’une clientèle régulière et nombreuse et restent l’apanage d’une certaine catégorie de consommateurs réellement sensibilisés aux enjeux du développement durable et aisés financièrement (53% des titulaires de revenus supérieurs à € 3000 par mois affirment qu’ils tiennent compte des engagements éthiques des entreprises dans leurs comportements d’achat contre 38% de la population totale). Les consommateurs finaux demandeurs de produits « verts » ou « écologiques » représentent un segment encore réduit. Un Français ne consacre que €0,40 par an à des achats équitables contre €6 pour un Suisse et €2,50 pour un Néerlandais. 1.4 - L’éthique : de nouveaux produits L’éthique est un défi pour les entreprises, mais elle leur offre aussi de nouvelles opportunités. Certaines entreprises ont bien saisi cette opportunité de développer de nouveaux produits. SWISS REASSURANCE a indiqué dans son rapport sur le développement durable 2002 que l’un des premiers objectifs du groupe était l’identification de nouveaux débouchés possibles sur les marchés ainsi que le développement de produits aptes à réduire les risques environnementaux et sociaux. 51/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Pour SWISS REASSURANCE, des produits d’assurance des dommages écologiques feront leur apparition sur le marché très prochainement. WESTPAC BANKING élargit son portefeuille d’activités en réalisant du trading sur les énergies renouvelables. 2 – Les modifications de la stratégie de l’entreprise 2.1 – L’évolution des activités Les entreprises sont amenées à faire évoluer leurs investissements en se retirant par exemple de pays où les normes éthiques ne sont pas respectées. Ainsi, nous pouvons citer le géant pétrolier canadien TALISMAN ENERGY qui a mis un terme à ses opérations de forage au Soudan. Il a mis en vente le 30 Octobre 2002 les 25% en sa possession de la Greater Nile Petroleum Operating Company qui exploite la plus grande partie du pétrole soudanais. TALISMAN ENERGY proteste ainsi contre l’action du gouvernement soudanais qui finance le conflit contre les insurgés chrétiens et animistes du sud du pays grâce aux revenus issus du pétrole. De même, le fonds de pension CALPERS s’est retiré le 20 Février 2002 de Thaïlande, d’Indonésie et de Malaisie. Cette décision est la conséquence de la prise en compte de deux nouveaux critères de sélection : la transparence et les conditions de travail. Les sociétés sus-nommées tirent également de ces actions un impact d’image non négligeable bénéfique sur les résultats à venir. Début 2000, DEXIA a été incorporé au Dow Jones Sustainability Index et a mis en place au cours de la même année avec la BERD un fonds d’investissement (Dexia FondElec Energy Efficiency & Emission Reduction Fund) destiné à financer sur une durée de 10 ans la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre en Europe centrale et orientale. Au niveau de son conseil d’administration, l’EE tient compte des 3 éléments de la Triple Bottom Line lors de sa prise de décision. VOLKSWAGEN mesure les conséquences sociales et écologiques de ses actions _ pour ses collaborateurs, pour ses clients et pour la société civile _ avant l’adoption d’une décision, dans tous ses sites de production. 52/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Chez SHELL, les projets à l’étude sont envisagés sous l’angle social et environnemental avant d’être retenus et non plus seulement sous l’angle financier. 2.2 – Le management Une démarche de développement durable amène le management à des objectifs complémentaires sociaux et environnementaux qui seront intégrés peu à peu dans la production, l’organisation et la culture de l’entreprise. L’éthique motive les collaborateurs de l’entreprise surtout lorsque les convictions sont inspirées par le haut de la pyramide hiérarchique au travers de managers estimés de tous sachant mobiliser et catalyser les forces vives, identifier et mettre en avant des idéaux autour desquels se créera un consensus d’entreprise permettant une plus grande efficacité. AVENTIS a ainsi défini comme objectif à atteindre pour 2004 la formation de 100% des responsables hiérarchiques à la gestion et à la culture Health Safety Environment. Le groupe SHELL fut impliqué dans une succession de massacres organisés au Nigéria contre la communauté OGONI. Afin de se débarrasser de cette mauvaise réputation, les dirigeants de SHELL ont mis en œuvre une politique éthique particulièrement efficace reprenant notamment les Sullivan Principles. Le prêtre Sullivan, administrateur de General Motors, a laissé son nom à une série de principes qui ont été développés en 1977 en Afrique du Sud, en plein régime de Prétoria, en plein apartheid. Les efforts de SHELL ont été victorieux comme l’atteste l’hommage qui lui a été rendu dans un article des Echos paru en Septembre 2001 intitulé « Un peu d’éthique dans un monde de brut ». Laurence BAGOT et Coralie SCHAUB encensent SHELL devenu « un professionnel de l’éthiquement correct ». 2.3 – Les outils de pilotage Afin de mesurer leur performance globale, les entreprises avant-gardistes ont adopté des outils de pilotage différents. Aujourd’hui, ces derniers sont encore codifiés et peu unifiés. Les« balanced scorecards » (BSC), ou tableaux de bord équilibrés, méthode d’alignement des activités sur la 53/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG stratégie et de monitoring de la performance et des objectifs stratégiques à travers le temps, furent initiés en 1992 et sont à l’heure d’aujourd’hui les plus connus. En effet, plus de 50% des entreprises américaines cotées ont adopté cette technique. Les BSC fournissent un système d’évaluation globale pour les entreprises déclinant quatre perspectives (finance, clients, apprentissage et croissance, processus d’organisation interne). Une autre version des BSC inclut le paramètre ressources humaines. Ainsi, les BSC correspondent bien au regard social apporté par le développement durable. Le système BSC permet aux entreprises de quantifier et d’intégrer des perspectives différentes afin de tendre vers une organisation globale réussie. Chacune de ces perspectives emploie une variété de paramètres de mesure. Pour certains paramètres, l’outil de suivi est formalisé par un site internet et pour d’autres, des systèmes intégrés de gestion («management information system») ou d’autres techniques d’évaluation et de recueil des données nécessaires à l’évaluation de la performance sont employés. Les cinq perspectives des BSC : • Finance Tous les outils classiques en matière d’analyse financière et de contrôle de gestion (ratios, par exemple) s’appliquent. • Satisfaction des clients L’objectif est de s’assurer que les clients sont satisfaits des produits/services qu’ils ont acquis. La satisfaction des client, la ponctualité, la qualité et les prestations de service (la coopération par exemple) sont évaluées grâce à des enquêtes auprès des clients et à des enquêtes basées sur les transactions commerciales. • Apprentissage et croissance Le but est de s’assurer que les salariés ont une formation suffisante leur permettant d’apporter le meilleur d’eux-mêmes à leur activité. L’éducation et la formation sont dans cet esprit mesurées en utilisant les outils internes de gestion des carrières. 54/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? • Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Ressources humaines L’objectif est d’évaluer le degré de satisfaction des employés quant à leur environnement de travail et au système de management par des enquêtes auprès des salariés. • Processus d’organisation interne Le but poursuivi est l’amélioration de l’organisation interne. La compétitivité, les relations avec les fournisseurs, la conformité aux règles statutaires de production et de service, la recherche du progrès continuel et des meilleures pratiques sont évaluées. A cet effet, des enquêtes sont menées auprès des clients et des fournisseurs, les rapports du management sont analysés. 3 – Les relations avec les actionnaires La performance d’une entreprise pour ses actionnaires est appréhendée par la rentabilité financière de leurs investissements, en terme de dividendes distribués, de liquidité immédiate et de plus-value potentielle. 3.1 – Le poids de l’éthique dans les comportements d’investissement Lors de la dernière décennie, la logique de rémunération des actionnaires a été poussée à son paroxysme et toutes les autres considérations (environnementales, sociales, développement à long terme, etc.) ont été évincées. La prépondérance de l’éthique s’est désormais renforcée notamment par le poids accrû des fonds de pension dans le capital des sociétés dont le but est d’assurer des retraites à des ayant droits dont la durée de vie est de plus en plus longue. Ces investisseurs institutionnels préfèrent adopter une politique de conservation au lieu d’opérer sans cesse des allers et retours sur les titres détenus en portefeuille. Du point de vue de l’actionnaire particulier, il semble aberrant de penser qu’il puisse se réjouir sans limites, ayant reçu un fort dividende, s’il a investi dans une entreprise qui vient de licencier un de ses proches ou si cette entreprise est responsable d’une récente marée noire. 55/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Ainsi, les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, français ou étrangers, majoritaires ou minoritaires, sont maintenant sensibilisés à la problématique de rentabilité à long terme de leurs investissements. L’adoption d’une politique éthique semble ainsi une motivation puissante à créer de la valeur, reflétant la capacité de l’entreprise à assurer sa pérennité et le financement de sa croissance. Pour 68% des entreprises du CAC40 et 71% des entreprises faisant partie de l’indice SBF120, le développement et la mise en place de règles éthiques génèrent de la valeur. L’éthique est considérée comme un critère important voire essentiel pour 54% des actionnaires individuels français, 54% des institutionnels français et 73% des institutionnels étrangers. 3.2 – Le respect des principes de Corporate Governance Les règles fondamentales en matière de gouvernement d’entreprise sont, entre autres, le respect des droits des actionnaires et l’amélioration de la transparence de l’information fournie aux actionnaires. 3.2.1 – L’identification et la gestion des risques - L’importance des procédures internes Les entreprises prennent en compte l’incidence des risques via les provisions pour risques. Ces provisions figurent au passif du bilan. L’échéance et le montant des sommes réelles à décaisser dans le futur ne sont pas fixés de façon précise. La matérialisation des évènements qu’elles sont censées couvrir n’est pas certaine. Leur caractère de réserve les rapproche des capitaux propres. En 2002, AVENTIS a provisionné pour 285 millions d’euros (contre 72 en 2001 et 105 en 2000) les risques liés à l’environnement (soit 1,38%, 0,31% et 0,47% du chiffre d’affaires consolidé de l’année) et pour 440 millions d’euros (contre 260 en 2001 et 344 en 2000) les risques liés aux produits vendus (soit 2,13%, 1,13% et 1,54% du chiffre d’affaires consolidé de l’année). Les provisions pour produits vendus concernent des plaintes provenant des personnes atteintes du virus HIV estimant que leur infection fut provoquée par l’administration de produits anti-hémophiles anciennement 56/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG vendus par certaines des filiales d’AVENTIS. Les provisions constituées pour couvrir le risque environnemental correspondent à la responsabilité du groupe pour des pratiques antérieures en matière de traitement des déchets et de présence de produits chimiques dans l’environnement. AVENTIS a ainsi participé au nettoyage de décharges où certains de ses déchets sont entreposés en application de l’« US Comprehensive Environmental Response » qui enjoint l’initiateur des déchets à remettre en état les sites qu’ils ont pollués. De même, RHODIA a été indemnisé par AVENTIS à hauteur de 88 millions d’euros en 2002 pour les coûts subis suite à l’apparition de risques environnementaux non prévus. Dans une optique de gouvernement d’entreprise, les shareholders sont sensibles à la prise en compte par l’entreprise de la gestion des risques (sanitaires, sociaux, environnementaux, etc.) susceptibles de mettre en péril la santé financière de l’entreprise. En effet, si l’entreprise fait fi de l’occurrence des risques et de leur poids sur les résultats, elle compromet sa rentabilité et sa pérennité. Il s’avère plus judicieux et moins onéreux, donc plus rentable de mettre au point un système de gestion des risques plutôt que d’attendre que le risque se matérialise. On aboutit au mécanisme de « gestion contestable » développée par Thierry HOMMEL et Olivier GODARD. Une des motivations des entreprises à se soucier de l’éthique est leur désir de se protéger par anticipation de possibles critiques sociales. En se déclarant en faveur des principes de Sustainable Development, les entreprises devancent des prises de décision du législateur qui seraient plus préjudiciables aux entreprises. L’éthique exige donc des coûts de court terme mais génère des bénéfices de moyen et long terme. L'engagement dans le développement durable est un moyen de préparer avec suffisamment d'avance les futurs virages stratégiques à anticiper (nouvelles réglementations, etc.). Ainsi, l’industrie chimique, controversée depuis des années pour ses conséquences en matière d’environnement, s’est engagée volontairement depuis les années 80 dans la rédaction et l’application d’une charte Responsible Care. 57/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Certaines compagnies pétrolières, comme SHELL ou BP, groupes intégrés dans l’indice FTSE 4 Good Global, qui ont consenti d'importants efforts de recherche sur les énergies renouvelables, se placent dès à présent dans une position favorable pour aborder l'après-pétrole. Ainsi, malgré un coût initial parfois important, cette démarche permettrait de générer de la valeur sur le long terme. « Pour une grande entreprise, la mise en place d'une politique de développement durable représente environ cinq années de travail avant d'aboutir à un résultat significatif » dixit Jean-Philippe Desmartin, le responsable du développement de l'agence de notation ARESE. L’éthique apparaît clairement comme un facteur de rentabilité à long terme. De plus, forts du principe de précaution (principe fondateur du concept de développement durable), les actionnaires réclament davantage de prévention et plus seulement une politique curative par àcoups. C’est dans cette optique que le groupe AVENTIS réalisera au cours de l’année 2003 une évaluation des risques dans 100% des lieux de travail. Ce groupe a également décidé d’œuvrer d’ici à 2006 à la réduction de moitié du nombre total des accidents du travail par rapport à 2001. Une majorité de gérants institutionnels (92%) considère qu’une entreprise adoptant une démarche éthique aura une gestion du risque environnemental et social plus efficace. Il semble que pour 83% des interviewés la maîtrise de ce risque est un facteur essentiel à long terme sur la croissance économique et la solidité boursière de l’entreprise. 3.2.2 – La communication des entreprises en matière d’éthique Dans le souci de transparence de l’information de l’entreprise à destination de ses actionnaires, nous nous interrogerons sur la forme que revêt la communication des entreprises en matière d’éthique, reflet de leurs engagements publics. Les codes de bonne conduite d’entreprise se sont multipliés à l’intérieur des portails de la majorité des multinationales depuis 1972. En France, les entreprises doivent se conformer à la loi NRE du 15 Mai 2001 dont l’article 116 stipule qu’à partir de 2002, toutes les entreprises doivent indiquer dans leur rapport annuel « la 58/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG manière dont elles prennent en compte les conséquences environnementales et sociales de leurs activités ». Cette obligation légale est assortie suivant l’option prise par l’entreprise par une charte éthique. En pratique, plus de la moitié des sociétés françaises établissent une charte éthique. Les thèmes abordés sont le plus souvent les aspects sociaux (conditions de travail, rémunération, formation, etc.), le respect des droits de l’homme et de l’environnement. Les informations concernant la soustraitance demeurent quant à elles marginales. En France, deux tendances contradictoires s’opposent. Certaines entreprises succombent au désir de produire des codes déontologiques ou de « best practice » très fournis destinés à répondre à toutes les interrogations. Tout est alors pensé et réfléchi de façon consciencieuse. Dans ce cas, le risque majeur réside dans le décalage possible entre le discours de l’entreprise en matière d’éthique et un événement médiatisé qui entame les efforts déployés par l’entreprise. Il est possible de citer comme exemples TOTAL avec le naufrage de l’Erika en Décembre 1999 et l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en Septembre 2001, DANONE avec son faux pas médiatique dans la communication concernant la fermeture des usines LU à Calais et Ris-Orangis en Février 2003. En revanche, un nombre non négligeable de sociétés refusent d’établir une charte éthique propre à leur organisation. La solution optimale pourrait être un compromis entre ces deux alternatives. En effet, une profusion de procédures n’est pas rigoureusement utile mais ne pas en avoir du tout constitue un risque. Les commandements principaux devraient être compilés dans de petits livrets à l’instar de celui rédigé par LAFARGE. D’après le dernier sondage SOFRES sur la « gouvernance d’entreprise » publié en Février 2003, 51% des Français déclarent avoir davantage confiance en des dirigeants s’engageant dans des chartes éthiques. Dans la première partie de notre étude, nous avons essayé de répondre à la question : une EE peutelle créer de la richesse pour ses actionnaires ? Or, l’entreprise est une association d’individus dont 59/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG le champ de vision s’étend au-delà du seul horizon de marché. Dans cette optique, la recherche de la maximisation de valeur créée pour les actionnaires doit être complétée par la maximisation de création de valeur pour toutes les parties prenantes de l’entreprise. 4 – Les relations avec les autres parties prenantes Le développement durable est une recherche d’équilibre entre les aspects financiers, environnementaux et sociaux. La création de valeur se situe au-delà de la création de valeur économique EVA abordée dans la 1ère section et s’étend entre autres à la création de valeur clients (CVA), à la création de valeur du personnel (PVA) et à la création de valeur sociétale (SVA). Les quatre axes de la création de valeur durable EVA CVA Entreprise PVA SVA La chaîne de la création de valeur durable Corporate Governance Capital actionnarial (EVA) Rentabilité Croissance Investissement Capital client (CVA) ETHIQUE Innovation Productivité Capital humain (PVA) Compétences/Employabilité Source : Développement durable, pour une entreprise compétitive et responsable, pages 70 et 71 Nous étudierons donc dans cette partie les processus de création de valeur partenariale, nouvel enjeu de gestion des entreprises, telle que l’ont décrite Gérard CHARREAUX et Philippe DESBRIERES. 60/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG La stakeholder value peut s’envisager sous deux optiques différentes. Elle peut d’abord être perçue comme la valeur de l’entreprise du point de vue des parties prenantes. Combien vaut l’entreprise dans l’optique de ses collaborateurs au sens large (personnel, banquiers, Etat, actionnaires) dans l’hypothèse où la relation avec l’entreprise continue ? Cette approche est formalisée par la répartition du chiffre d’affaires entre frais de personnel, charges d’intérêt, charges fiscales, bénéfice net et prestations préalables. Ci-dessous les graphiques correspondants pour BAYER et SAINT GOBAIN. B AYER Millions d'€ EVOLUTION ET REPARTITION DU CHIFFRE D'AFFAIRES 35 000,00 30 000,00 25 000,00 20 000,00 15 000,00 10 000,00 5 000,00 0,00 Prestations préalables Bénéfice net du groupe Charges fiscales Charges d'intérêt Frais de personnel 2002 2001 2000 1999 1998 Les frais de personnel et les charges d'intérêt se sont accrûs en montant, alors que les charges fiscales et le bénéfice net ont diminué. Ces données, à l'exception des frais de personnel et des charges d'intérêt, analysées en pourcentage de chiffre d'affaires ont diminué au cours de la période. Le salaire moyen s’est réellement apprécié. SAINT GOBAIN Millions d'€ EVOLUTION ET REPARTITION DU CHIFFRE D'AFFAIRES 35 000,00 30 000,00 25 000,00 20 000,00 15 000,00 10 000,00 5 000,00 0,00 Prestations préalables Bénéfice net du groupe Charges fiscales Charges d'intérêt Frais de personnel 2002 2001 2000 1999 1998 61/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Les frais de personnel, les charges d'intérêt et les charges fiscales se sont accrûs légèrement en montant, alors que le bénéfice net a diminué. Mais toutes ces données analysées en pourcentage de chiffre d'affaires ont diminué au cours de la période. Le salaire moyen s’est apprécié. La stakeholder value peut être aussi appréhendée comme la valeur que représente une partie prenante pour l’entreprise. Elle est évaluée par la contribution du stakeholder à l’atteinte des objectifs de l’entreprise ou par l’augmentation de la valeur de l’entreprise. Cette stakeholder value orientée entreprise est évaluée en calculant la valeur actualisée des excédents d’utilité escomptés émanant de la relation avec les diverses parties prenantes. La Stakeholder Value Added est donnée par la formule suivante : n=∞ Σ (NnST-KnST)*(1/(1+i)n) n=1 où NST est l’utilité résultant de la relation avec le stakeholder (stakeholder benefits) et où KST représente les coûts résultant de la relation avec le stakeholder (stakeholder costs). La période est définie par n et i est le coût du capital. La mesure la plus accessible de quantification de la rentabilité de la relation avec les stakeholders est le Return on Stakeholder (RoSt). Le RoSt renseigne sur la rentabilité de la relation avec le stakeholder considéré. L’excédent d’utilité est obtenu par différence entre le résultat net et la capitalisation boursière moyenne multipliée par le coût du capital. Le coût du capital est calculé en utilisant le ß économique du secteur d’activité considéré et la formule du MEDAF : k = rF + βe x pM où k est le coût du capital, rF le taux d’intérêt hors risque et pM la prime de risque du marché. L’excédent d’utilité et les coûts des différentes parties prenantes sont ensuite capitalisés à l’année la plus récente de la période étudiée. Il est ensuite possible d’établir les différents ratios permettant de dégager le Return on Stakeholder pour chacun des stakeholders analysés. Les entreprises que nous avons étudiées dans la 1ère section ne font pas partie du même secteur d’activité, ce qui ne nous permet pas de mener des études de RoSt différentiel (ou value spread). Lors de l’étude d’un 62/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG échantillon de sociétés faisant partie du même secteur, la moyenne arithmétique des Return on Stakeholder de toutes les sociétés est calculée pour chaque catégorie de stakeholders (coûts d’opportunité). Par la suite, une value spread égale au RoSt minoré du coût d’opportunité est dégagée pour chaque classe de partie prenante et pour chaque société. Nous avons calculé le Return on Stakeholder pour BAYER et SAINT GOBAIN pour les parties prenantes personnel, banquiers et Etat. BAYER En millions d'€ Capitalisation moyenne Bêta de l'actif économique Taux d'intérêt hors risque Prime de risque du marché Coût du capital (kC) Bénéfice net du groupe Excédent d'utilité Frais de personnel Charges d'intérêt Charges fiscales Return On Employees Return On Creditors Return On Government 2002 2001 2000 1999 1998 CAPITALISATION EN 2002 A kC 21 271,15 29 889,16 34 691,15 28 264,16 29 027,36 1,60 1,60 1,60 1,60 1,60 3,70% 3,70% 3,70% 3,70% 3,70% 3,40% 3,40% 3,40% 3,40% 3,40% 9,14% 9,14% 9,14% 1 060,00 965,00 1 816,00 -884,18 -1 766,87 -1 354,77 8 001,00 7 576,00 7 585,00 916,00 466,00 464,00 107,00 154,00 1 148,00 -15,23% -224,88% -155,34% 9,14% 2 002,00 -581,34 6 895,00 351,00 818,00 9,14% 1 614,00 -1 039,10 6 647,00 371,00 1 113,00 1999 1998 -6 656,37 43 699,11 2 959,99 4 285,12 SAINT GOBAIN En millions d'€ Capitalisation moyenne Bêta de l'actif économique Taux d'intérêt hors risque Prime de risque du marché Coût du capital (kC) Bénéfice net du groupe Excédent d'utilité Frais de personnel Charges d'intérêt Charges fiscales Return on Employees Return on Creditors Return on Government 2002 2001 2000 CAPITALISATION EN 2002 A kC 11 529,57 13 138,35 13 301,79 12 780,18 12 739,83 1,08 1,08 1,08 1,08 1,08 3,70% 3,70% 3,70% 3,70% 3,70% 3,40% 3,40% 3,40% 3,40% 3,40% 7,37% 1 040,00 190,04 6 465,00 446,00 612,00 4,61% 58,59% 7,37% 1 134,00 165,44 6 519,00 542,00 721,00 7,37% 1 517,00 536,39 6 416,00 577,00 791,00 7,37% 1 226,00 283,84 5 701,00 396,00 775,00 7,37% 1 097,00 157,82 4 247,00 344,00 589,00 1 547,19 33 563,26 2 640,58 4 040,27 38,29% SAINT GOBAIN dégage sur l’ensemble de la période un excédent d’utilité et donc crée de la valeur partenariale. Par contre, BAYER, de par sa forte capitalisation boursière, détruit de la valeur 63/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG partenariale. Le groupe ne dégage pas un excédent d’utilité nette orientée stakeholder. Dans cet exemple, il s’agit d’excédent des coûts. 4.1 – Les collaborateurs Les salariés comprennent la performance de leur employeur comme étant la combinaison de la pérennité et de la situation bénéficiaire de l’entreprise. Dans la lignée de l’EVA®, le cabinet STERN-STEWART a mis au point un indicateur mesurant la satisfaction globale des collaborateurs d’une entreprise concernant le travail effectué, l’action des dirigeants et les systèmes de rétribution. Cet indicateur est le People Value Added (PVA®). Par cet outil, la valeur ajoutée dégagée par le personnel et son accomplissement au sein du groupe est reconnue comme un élément essentiel de l’évaluation de la performance d’une entreprise. Le capital humain est désormais, dans une économie du savoir et de l’informationnel, un réel actif stratégique considéré par certains analystes financiers comme un actif hors bilan. Le capital humain crée de la valeur. Cette nouvelle catégorie d’actif a comme particularité la capacité de dégager une valeur supérieure à sa valeur propre. Valoriser le capital humain revient à considérer les charges (recrutement, intégration, formation, etc.) et les résultats obtenus comme éléments d’un plan d’investissement comprenant une dépense initiale, des « capital expenditure » récurrents et un échéancier de revenus. Un tel investissement est ainsi considéré comme rentable si la valeur actualisée des bénéfices qu’il permet de dégager à l’avenir est positive. Le capital humain se décompose en salaire individuel (indicateur de la rétribution directe du travail fourni par le collaborateur), en aptitude d’une entreprise à recruter du personnel compétent, en charges d’intégration et en plan de formation conçu et financé par l’entreprise. La performance individuelle est souvent gérée au sein des entreprises internationales telles que AVENTIS par le système de fixation d’objectifs SMART (Stretched, Measurable, Aligned, Relevant & Timely). 64/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 4.1.1 – La cohésion sociale parmi les effectifs existants La majorité des entreprises étudiées dans la 1ère section du présent travail estime que la qualité des relations sociales avec leurs salariés est un élément important pour l’amélioration de leur performance. Chez AVENTIS, un dialogue social de qualité a été ainsi maintenu depuis l’année 2000, notamment grâce à la création en Avril 2000 d’un comité d’entreprise européen. Afin de faire participer tous les salariés aux fruits du développement du groupe, AVENTIS a lancé HORIZON en Septembre 2000. Ce programme d’actionnariat salarié est un des premiers mondiaux et plus de 29 000 collaborateurs dans 56 pays ont acheté plus de 5 millions d’actions nouvellement émises via des Fonds Communs de Placement. DEXIA a poursuivi en 2002 le processus DEAL (Dexia Executive Assesment of Leadership), permettant d’identifier les cadres supérieurs potentiels et de mettre en place des plans de développement individuels pour tous les salariés du groupe. 4.1.2 – L’attrait des nouveaux actifs, des jeunes diplômés Les entreprises les plus performantes aujourd’hui se livrent à de nouveaux combats : « war for talent and competition » englobant la détection et le pilotage des hommes clés, et « skill-based competition » traduisant la lutte pour la sécurisation des compétences essentielles. Les groupes se dotent de plus en plus de business models destinés à identifier les hommes clés et de procédures de knowledge management dont l’objectif est de gérer l’expérience des salariés sous format de fichiers informatiques permettant de transférer les savoir-faire voire de les revendre ou de gérer les relations avec les fournisseurs comme cela se pratique à SAINT GOBAIN. Ce dernier groupe cherche également à attirer les meilleurs en se faisant connaître des étudiants en développant des relations privilégiées avec certaines écoles susceptibles d’abriter un vivier de talents potentiellement nécessaires à l’avenir du groupe. En conclusion, les EE se dotent des moyens nécessaires pour attirer et conserver des collaborateurs de talent et sont conscientes que leur performance passe par leurs collaborateurs et leur engagement 65/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG au sein de l’entreprise (BAYER a nommé son programme général de ressources humaines Performance through People : la performance à travers les gens). 4.2 – Les clients et les fournisseurs L’éthique est un gage de confiance mis en exergue par l’entreprise à l’attention de ses partenaires commerciaux actuels et futurs. La confiance est l’élément moteur des relations d’affaires sans laquelle le système peut dévier vers la loi de la jungle ou la « casino society » telle que le décrivait Keynes en 1936. L’entreprise peut ainsi opérer une sélection des acteurs économiques qui respectent l’adage utilisé jadis par les financiers anglais « my word is my bond » (ma parole est ma signature) afin d’obtenir de ceux-là les meilleurs services. 4.2.1 – Les clients A l’instar de l’EVA®, le cabinet STERN-STEWART a mis au point un indicateur mesurant la satisfaction globale des clients d’une entreprise par rapport aux sociétés concurrentes. Cet indicateur est le Customer Value Added (CVA®). Par cet outil, la valeur ajoutée dégagée par les clients et leurs satisfaction est reconnue comme un élément essentiel de l’évaluation de la performance d’un groupe. L’entreprise doit avoir les moyens et la capacité à répondre aux besoins, attentes et exigences formulés par les clients (particuliers et/ou entreprises, suivant le type de clientèle de la société étudiée). WESTPAC BANKING considère ses clients comme sa première priorité. Le slogan du groupe est : « le client ne doit demander qu’une seule fois dans une grande entreprise de service » (In a great service organization the customer only has to ask once). Grâce à cette stratégie, le groupe a continué à se développer en dépit de la crise économique de 2001 pendant laquelle beaucoup d’entreprises ont vu leurs ventes et leur résultat chuter. 66/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 4.2.2 – Les fournisseurs Sur le long terme, un effet domino est observé sur les entreprises appartenant à l’environnement de l’EE. Elle entraîne ainsi dans son sillage les sociétés avec lesquelles elle commerce, élargissant donc l’impact de ses propres dépenses d’investissement éthique. Les fournisseurs d’une entreprise jugeront cette dernière performante à l’aune de la solvabilité financière constatée et de l’évolution du carnet de commandes. Avec leurs sous-traitants, les entreprises entretiennent des relations empreintes de confiance, traduisant leur coopération totale. Les fournisseurs en capitaux, tels que les banques, chercheront à sécuriser leurs investissements à long terme. L’entreprise pourrait opérer une sélection de ses fournisseurs potentiels sur des critères éthiques et procéder par la suite à des contrôles du respect des clauses éthiques négociées et mentionnées dans les contrats par des visites non programmées sur les sites de production des fournisseurs. Ainsi, AVENTIS a adopté pour ses fournisseurs de biens et prestataires de services un code de conduite énonçant de façon officielle ses attentes en matière d’éthique professionnelle. 4.3 – Les relations avec la société civile L’entreprise se doit de respecter les droits de l’homme. Les entreprises pallient désormais les insuffisances de l’Etat. L’intérêt collectif est de moins en moins préservé par les gouvernements, déréglementation oblige, et les citoyens font appel de plus en plus aux entreprises afin d’obtenir une solution à leurs interrogations. Les entreprises sont jugées, contrôlées et corrigées par l’opinion publique. Les citoyens se positionnent comme une force disciplinante. Les groupes adoptent une attitude citoyenne telle celle d’AVENTIS qui, en tant que membre du « World Business Council for Sustainable Development » co-préside un projet du Conseil intitulé « Innovation, Technologie, Société et Développement Durable ». AVENTIS s’est aussi engagé, de par ses activités, en faveur d’une « santé durable » reposant sur le développement et la commercialisation de produits pharmaceutiques innovants améliorant la santé et le bien-être des personnes à travers le monde. 67/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG 4.4 – Le respect de l’environnement naturel La problématique relative au respect de l’environnement naturel est d’atteindre un niveau de développement humain élevé dont les conséquences sur l’écosystème ne mettront pas en péril le seuil de durabilité écologique. Au plan mondial, les spécialistes comparent l’évolution de l’indicateur de développement humain (IDH) et celle de l’empreinte écologique. Les pays les plus peuplés (Chine, Inde) se situent encore au-dessous du seuil de durabilité écologique. Ceci contraste avec les habitudes de consommation des habitants des Etats-Unis dont le président déclarait il y a dix ans que « le mode de vie des Américains ne saurait faire l’objet de négociations ». Plus récemment, Jacques CHIRAC a mis l’accent sur le clivage Nord - Sud en matière de partage des richesses et sur la destruction écologique qui résultait de la surconsommation des habitants de l’hémisphère Nord, le 2 Septembre 2002 lors de la clôture du sommet de Johannesburg. Selon lui : « si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face à nos besoins ». Au niveau de l’entreprise, les contraintes de développement durable sont gérées par l’atteinte d’objectifs tels que l’emploi plus parcimonieux des ressources naturelles, la rationalisation de la consommation d’énergie, le recyclage, l’épuration des eaux usées. La croissance de l’activité se doit d’être soutenable avec l’équilibre des ressources naturelles. En effet, une EE peut se demander à quoi bon prospérer si son activité détruit le territoire sur lequel elle est implantée. Les charges de court terme engagées par l’EE, certes élevées, sont vite remboursées par les économies significatives que ces dépenses permettent de réaliser et par les gains de productivité. Konrad von MOLTKE stipule qu’un effort particulier doit être fait concernant l’investissement, représentant le vecteur économique de développement durable le plus pertinent. En considérant comme des investissements les coûts de transition vers des modes de développement économiques plus durables, la plupart des mesures en faveur de l’écosystème sont économiquement productives. AVENTIS a utilisé depuis le début de l’année 2002 le gaz naturel liquéfié (GNL) comme combustible pour sa chaudière du site de Kawagoe au Japon afin de réduire la pollution atmosphérique. Ce changement de processus de production a permis de réduire les NOx de 50%, 68/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG d’annuler totalement les SOx et les poussières d’échappement. Dans le même temps, le rendement de la chaudière s’est accrû, passant de 88% à 96%. En Allemagne, le groupe a de plus réalisé une économie de 3 millions d’euros (remboursement d’impôts) grâce à l’amélioration de la gestion de ses rejets d’eaux usées. SAINT GOBAIN a augmenté en deux ans (de 2000 à 2002) ses investissements destinés à la protection de l’environnement de 33%, ces dernières atteignant un montant de 70 millions d’euros. Ce groupe a de plus dépensé 212 millions d’euros pour l’amélioration de ses performances et la prévention de ses risques en matière d’environnement, soit une augmentation de 20% en deux ans. Les entreprises adoptant les principes du développement durable anticipent et optent pour des programmes en vue d’un monde plus vivable, condition sine qua none à la durabilité de l’entreprise à long terme. Sans un écosystème viable, l’entreprise ne peut se développer de façon pérenne. De cette idée est né le concept d’éco-efficience. 5 – Le coût du développement durable et son financement Nous avons démontré dans la 1ère section que l’exigence financière et l’exigence éthique du développement durable peuvent coexister en harmonie dans une entreprise sereine et durable. Cependant, ceci ne nie pas que les stratégies et les investissements du développement durable n’entraînent aucun coût et ne détruisent pas de la valeur à court terme. La limite de la performance globale d’une EE doit s’appréhender aussi comme un montant maximum d’investissements en faveur du développement durable à ne pas dépasser, auquel cas la performance, voire la survie de l’entreprise, serait remise en cause. Qui doit payer les coûts du développement durable ? Les quatre catégories de groupes suivantes sont en mesure de fournir les ressources nécessaires au développement durable : • la société civile par le bénévolat et l’apport financier des citoyens et des associations caritatives, 69/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG • les contribuables participent par l’impôt payé aux investissements en santé publique par exemple, aux subventions (envers les personnes défavorisées,…) et à l’adoption de nouvelles lois (en matière de pollution ou de protection des personnes, etc.), • les clients des produits et services peuvent se voir obligés par la loi ou par une norme professionnelle de payer un surcoût et donc ainsi de prendre part d’une façon indirecte au financement du développement durable. Ils peuvent aussi préférer les produits d’EE, • l’entreprise supporte les coûts des exigences de développement durable. Un comportement éthique peut empêcher certains groupes de réaliser des profits déloyaux voire illégaux (engrangés par recours à la fraude ou à la corruption), ce qui représente une avancée non négligeable. Mais le coût du développement durable peut également se déduire des profits loyaux de l’entreprise. Or si ces dépenses amoindrissent significativement les bénéfices, l’entreprise risque d’y laisser une partie de sa compétitivité et le comportement éthique l’aura muée en entreprise non viable, ce qui serait contraire au but premier recherché ! Si l’entreprise adhère sincèrement aux principes du développement durable, elle apprendra à gérer les contraintes en découlant, c’est-à-dire à minimiser l’impact négatif des actions menées à des fins éthiques sur sa rentabilité à court terme. Elle axera ainsi une grande partie de ses investissements sur des projets de développement durable ne dégradant pas son bilan. Ces derniers, sélectionnés avec soin et administrés avec diligence, doivent contribuer, au moins à terme, à des bénéfices supplémentaires et à une nouvelle valorisation de l’entreprise par de la création de valeur additionnelle. Le but visé est que l’ensemble des actions de développement durable ne mette pas en péril la situation financière de l’entreprise mais bien au contraire améliore continuellement sa rentabilité. SYNTHESE DE LA SECTION 2 Les économies actuelles ont vu émerger, avec l’ascension des préoccupations éthiques de l’ensemble de la société, un méta-marché. Ce dernier est synonyme de nouvelles opportunités commerciales et de diversification des produits et services mais aussi de nouvelles formes 70/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG d’organisation des entreprises. L’image, tant interne qu’externe, donnée par l’entreprise d’ellemême, occupe désormais une place grandissante dans le défi quotidien de pérennisation des groupes. La performance financière d’une entreprise ne se juge plus uniquement à la seule aune de la profitabilité financière mais s’appuie désormais sur des indicateurs évoluant vers une prise en compte croissante de critères qualitatifs tels que sa capacité à répondre aux besoins de ses clients et de ses collaborateurs. Les enjeux sociaux et environnementaux du développement durable, dont les coûts ne sont à l’évidence pas à négliger, doivent néanmoins permettre aux groupes décidant de relever le défi de se positionner comme performants durablement dans le paysage économique. 71/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG CONCLUSION Jusqu’à présent, les règles de profitabilité économique étaient les seules références appliquées pour évaluer les entreprises. Aujourd’hui, au-delà de ces principes financiers, elles sont tenues d’assumer leurs responsabilités sociales et environnementales. Le développement durable, compris comme la responsabilité des générations présentes envers les générations futures, n’est ainsi nullement un phénomène de mode éphémère. Il impose aux entreprises de nouvelles contraintes mais permet de nouveaux systèmes d’organisation (nouvelle gestion des risques et de l’image de l’entreprise). Le développement durable offre également de nouvelles opportunités commerciales (nouveaux marchés, nouveaux produits). Certes, il génère des coûts de court terme supplémentaires mais les investissement réalisés dans cette optique créent de la valeur additionnelle à moyen/long terme. Comme nous l’avons illustré dans le présent travail, les entreprises éthiques sont au moins aussi performantes que les entreprises classiques. En 1999, chacun des 7 indicateurs de rentabilité s’est amélioré et en 2002, malgré la conjoncture défavorable, 4 des 7 indicateurs se sont améliorés. Les EE étudiées ont surperformé à 68,33% la croissance annuelle du PIB de 1998 à 2002. Concernant les fonds éthiques, en l’état actuel des études menées, il ne nous est pas possible d’affirmer avec force qu’ils surperforment leurs benchmarks. Cependant, les analyses disponibles depuis une dizaine d’années montrent qu’il y a égalité de performance entre les fonds éthiques et les fonds traditionnels. Certains fonds éthiques, dans chaque catégorie de fonds, présentent même un rendement supérieur. La rentabilité financière n’est cependant pas la seule référence pour apprécier la performance des entreprises et les intérêts des seuls actionnaires doivent être sublimés par l’intérêt de toutes les parties prenantes (actionnaires, collaborateurs, clients et fournisseurs, société civile et environnement naturel). La principale difficulté est alors de trouver des outils pour chiffrer la création de valeur partenariale, notion de caractère qualitatif, moins opérationnalisée que la rentabilité classique. 72/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG La stakeholder value se décompose en contribution de la partie prenante à l’augmentation de la valeur de l’entreprise et inversement en utilité retirée par la partie prenante de sa relation avec l’entreprise. Nous avons montré par l’étude de la stakeholder value calculée selon la méthode élaborée par l’université de Lüneburg et appliquée aux entreprises BAYER et SAINT GOBAIN qu’il était difficile de quantifier cette création de valeur partenariale. Les concepts développés jusqu’à présent aboutissent à des conclusions assez mitigées. L’analyste financier est confronté dorénavant à la conception de nouveaux indicateurs aptes à mesurer la valeur partenariale. Au-delà de ces considérations techniques, nous pensons que le développement durable pourrait être promu de façon plus efficace si certaines critiques étaient prises en compte dans la composition des indices éthiques. Il est possible de citer la vérification non systématique des informations sociales et environnementales fournies par les entreprises, la prédominance des multinationales par rapport aux structures de petite et moyenne taille, l’absence de normes précises afin d’évaluer plus objectivement les performances autres que financières. Concernant ce dernier point, la sous-commission des droits de l’homme des Nations Unies a voté le 13 Août dernier une résolution destinée à faire avancer les engagements des multinationales en faveur du développement durable et s’est accordée sur une liste de normes qu’elle aimerait voir appliquer dans ces multinationales. Des contrôles inopinés de ces règles pourraient alors être exercés. Un « marché de la vertu », marché des normes éthiques et de leur contrôle, est ainsi en passe d’émerger selon Javier SANTIASO, chercheur au CERI (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales). Nous avons démontré que le développement durable entraîne des coûts. L’entreprise devrait trouver les moyens pour autofinancer au moins une partie de ses investissements. Mais le développement durable ne saurait reposer uniquement sur les actions isolées et individualisées des entreprises et l’Etat est l’acteur à même, de par la législation, de donner aux entreprises un cadre complet nécessaire 73/78 à la poursuite de cette cause. UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG ANNEXES BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : Développement durable et gouvernement d’entreprise, Thierry WIEDERMANN-GOIRAN, Frédéric PERIER, François LEPINEUX, les Cahiers de l’ORSE, Editions d’Organisation, 2003 L’éthique financière, Jean-François DAIGNE, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1991 Développement durable, pour une entreprise compétitive et responsable, Octave GELINIER, François-Xavier SIMON, Jean-Pierre BILLARD, Jean-Louis MULLER, ESF EDITEUR, 2002 Le développement durable. Des enjeux stratégiques pour l’entreprise, Geneviève FERONE, Charles-Henri d’ARCIMOLES, Pascal BELLO, Najib SASSENOU, Editions d’Organisation, 2003 Finance d’Entreprise, Pierre VERNIMMEN, Dalloz, 2002 DOSSIERS DE SYNTHESE : Perception de l’investissement socialement responsable par les marchés financiers européens, dossier de synthèse, CSR Europe / EURONEXT /CDC, 20 Novembre 2001 L’information financière. Groupes industriels et commerciaux européens. Doctrines et pratiques, Deloitte Touche Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG et Mazars et Guérard, CPC Editions, 2002 La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelle tendance de la consommation ?, Régis BIGOT, Etude du CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de vie), Décembre 2002 Problématique des indicateurs environnementaux et de développement durable, Daniel TYTECA, Octobre 2002 Qu’est-ce que la « stakeholder value » ?, Frank FIGGE, Stefan SCHALTEGGER, Université de Lüneburg, publié par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Juin 2000 74/78 UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG Fonds éthiques : séparons le bon grain de l’ivraie, Florence DEPOERS, Emmanuelle REYNAUD, Grégory SCHNEIDER MAUNOURY Storebrand Socially Responsible Research. L’intégration des critères des droits de l’homme dans les processus de prise de décision relative aux investissements, Février 2000 ARTICLES : Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.739 du 5 Décembre 2001. L’éthique à tout prix ? Ethan B. KAPSTEIN Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.745 du 23 Janvier 2002. Entreprises, consommateurs. La nouvelle donne éthique Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.764 du 5 Juin 2002. Pays en développement Mondialisation : la gouvernance au service du développement durable, Joke WALLERHUNTER Pour un développement plus humain, Philippe BLANCHER Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.778 du 2 Octobre 2002. Capitalisme, économie. Quelle place pour l’éthique ? Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.789 du 18 Décembre 2002. Economie internationale Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.795 du 5 Février 2003. La valorisation du capital humain, Jacky OUZIEL Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.800 du 12 Mars 2003. Le développement durable : un objectif incertain La Tribune, Quotidien n ° 24.465 du 7 Novembre 2002. Banque Stratégie, n ° 161, Juin 1999. Les limites de la création de valeur, Jérôme CABY, Gérard HIRIGOYEN Le Monde, 15 Août 2003 75/78 ANNEXE 1 Définition du coût du capital : VOLKSWAGEN Calcul du coût d'actualisation 3,70% 1,50% 3,40% Eléments constitutifs du taux Nature des éléments Taux de rendement exigé à long OAT à 10 ans (moyenne des terme sur des actifs sans risque 6 derniers mois) Dépréciation du pouvoir d'achat Indice général des prix sur de la monnaie 12 mois glissant Prime de risque du marché Ecart sur longue période entre Pourcentage d'estimation 3 à 4% actuellement 1 à 2,5% actuellement 3 à 5% le rendement du marché action et celui du marché obligataire sans risque 1,22 Bêta du secteur automobile 1,50% Risque de défaillance (risque spécifique) 0,00% Technologique Faible, la technologie du groupe est en avance sur celle du secteur 0,00% Management Faible, management compétent et motivé 0,00% Industriel et environnemental Faible, pas de risque industriel et environnemental spécifique en-dehors du risque du secteur inclus dans le Bêta 0,00% Social Faible, pas de risque social significatif identifié 0,00% Commercial Faible, pas de dépendance envers la clientèle, le système de base de données B2B minimise le risque fournisseurs 1,00% Concurrentiel Elevé, une forte baisse des ventes en Amérique du Nord, Amérique Latine et en Europe de l'Ouest peut 0,00% Financier Faible, structure d'endettement (dettes/fonds propres) saine (39%), bon rating de crédit, résultat net positif à long terme 0,50% Juridique et réglementaire Moyen, la directive de retour aux fabricants des automobiles en fin de vie pèse sur le résultat du groupe mettre le groupe en danger face à une concurrence potentielle Aucune conséquence financière n'a été clairement définie Coût du capital = taux sans risque - dépréciation du pouvoir d'achat + bêta x prime de risque du marché + risque spécifique + économie d'impôt : Avec économie d'impôt : taux d'endettement x taux d'emprunt x taux d'imposition 0,35% 76/78 7,50% Définition du coût du capital : LAFARGE Calcul du taux d'actualisation 3,70% 1,50% 3,40% Eléments constitutifs du taux Nature des éléments Taux de rendement exigé à long OAT à 10 ans (moyenne des terme sur des actifs sans risque 6 derniers mois) Dépréciation du pouvoir d'achat Indice général des prix sur de la monnaie 12 mois glissant Prime de risque du marché Ecart sur longue période entre Pourcentage d'estimation 3 à 4% actuellement 1 à 2,5% actuellement 3 à 5% le rendement du marché action et celui du marché obligataire sans risque 1,08 Bêta du secteur construction 3,00% Risque de défaillance (risque spécifique) 0,00% Technologique Faible, pas de risque technologique identifié 0,00% Management Faible, management compétent et motivé 0,00% Industriel et environnemental Faible, pas de risque industriel et environnemental spécifique en-dehors du risque du secteur inclus dans le Bêta 0,00% Social Faible, pas de risque social significatif identifié 0,50% Commercial Moyen, dépendance envers les fournisseurs, pas de dépendance spécifique envers la clientèle, risque du marché émergent 0,50% Concurrentiel Moyen, concurrence assez importante sur le marché américain 1,00% Financier Elevé, ratio d'endettement (dettes/fonds propres) dégradé (110%) 1,00% Juridique et réglementaire Elevé, résultat d'exploitation et condition financière fortement liés aux changements de législation Coût du capital = taux sans risque - dépréciation du pouvoir d'achat + bêta x prime de risque du marché + risque spécifique + économie d'impôt : Avec économie d'impôt : taux d'endettement x taux d'emprunt x taux d'imposition 0,95% 77/78 7,93% UNE ENTREPRISE ETHIQUE EST - ELLE RENTABLE ? Céline DESAPHIS Lanxin ZHANG ANNEXE 2 EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT DE 1998 A 2002 CALCULE AUX PRIX ET TAUX DE CHANGE DE 1995 Allemagne Australie Belgique Etats-Unis France Pays-Bas Suisse 2002 0,18% 3,53% 0,69% 2,43% 1,20% 0,24% 0,09% 2001 0,57% 3,93% 0,76% 0,25% 2,10% 1,27% 0,89% 2000 2,85% 1,76% 3,73% 3,78% 3,79% 3,32% 3,16% 1999 2,05% 4,14% 2,90% 4,14% 3,22% 3,99% 1,53% Source : publications annuelles de l’OCDE ANNEXE 3 REPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET SALAIRE MOYEN DE BAYER ET SAINT GOBAIN BAYER % du CA Frais de personnel Charges d'intérêt Charges fiscales Bénéfice net du groupe 2002 2001 2000 1999 1998 27,01% 3,09% 0,36% 3,58% 25,02% 1,54% 0,51% 3,19% 24,49% 1,50% 3,71% 5,86% 25,24% 1,28% 2,99% 7,33% 23,69% 1,32% 3,97% 5,75% 2002 Effectif à la fin de l'année Salaire moyen 2001 2000 1999 1998 122 600 116 900 122 100 120 400 145 100 65 261,01 64 807,53 62 121,21 57 267,44 45 809,79 SAINT GOBAIN % du CA Frais de personnel Charges d'intérêt Charges fiscales Bénéfice net du groupe Effectif à la fin de l'année Salaire moyen 2002 2001 2000 1999 1998 21,35% 1,47% 2,02% 3,44% 21,45% 1,78% 2,37% 3,73% 22,27% 2,00% 2,75% 5,26% 24,84% 1,73% 3,38% 5,34% 23,83% 1,93% 3,31% 6,16% 2002 2001 2000 1999 1998 169 641 171 715 167 477 160 878 114 366 38 109,89 37 964,07 38 309,74 35 436,79 37 135,16 78/78