une entreprise ethique est - elle rentable

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une entreprise ethique est - elle rentable
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
Conservatoire National des Arts et Métiers
Mémoire de fin d’études
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS et Lanxin ZHANG
Directeur de mémoire : Mr Lionel TOURTIER
Directeur du DESS : Mr Denis DUBOIS
DESS Finance d’Entreprise
Année universitaire 2002-2003
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REMERCIEMENTS
Nos vifs remerciements s’adressent particulièrement à
Monsieur Lionel TOURTIER
qui a bien voulu encadrer le présent travail par ses
conseils précieux et ses avis éclairés.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION----------------------------------------------------------------------------------------p 6
SECTION 1 – ETUDE DES PERFORMANCES DES ENTREPRISES COMPRISES
DANS DES INDICES ET PORTEFEUILLE DE FONDS ETHIQUES--------------------p 9
1 – Création ou destruction de valeur de ces entreprises---------------------------------------------p 9
1.1 – La performance des principaux indices éthiques---------------------------------------------------p 10
1.1.1 – Le Dow Jones Sustainability Index----------------------------------------------------------------p 10
1.1.2 – Le FTSE 4 Good Global Indice--------------------------------------------------------------------p 19
1.1.3 – L’ASPI Eurozone (ARESE Sustainable Performance Index)----------------------------------p 27
1.1.4 – Synthèse des performances et critiques----------------------------------------------------------p 36
1.2 – La performance des principaux portefeuilles de fonds éthiques---------------------------------p 38
1.2.1 – Le développement des fonds éthiques et les critères de choix---------------------------------p 38
1.2.2 – La conclusion des recherches récentes sur la performance des fonds éthiques--------------p 39
1.2.3 – La performance des fonds éthiques européens sur les trois dernières années----------------p 41
2 – La conciliation entre la rentabilité et l’éthique---------------------------------------------------p 43
2.1 – La recherche de la performance durable------------------------------------------------------------p 43
2.2 – Les moyens d’action en faveur d’une valeur économique durable------------------------------p 44
SYNTHESE DE LA SECTION 1---------------------------------------------------------------------p 46
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SECTION
2
–
L’
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INTEGRATION
DE
L’
ENTREPRISE
DANS
SON
ENVIRONNEMENT GLOBAL : UN FACTEUR D’ EXCELLENCE-------------------p 47
1 – Les raisons de la création de valeur supplémentaire des entreprises éthiques-------------p 48
1.1 – Un actionnariat fidélisé--------------------------------------------------------------------------------p 48
1.2 – Ne pas être éthique peut conduire au boycott des consommateurs des produits commercialisés
par l’entreprise--------------------------------------------------------------------------------------------p 49
1.3 – L’éthique : un nouveau marché-----------------------------------------------------------------------p 50
1.4 - L’éthique : de nouveaux produits---------------------------------------------------------------------p 51
2 – Les modifications de la stratégie de l’entreprise--------------------------------------------------p 52
2.1 – L’évolution des activités------------------------------------------------------------------------------p 52
2.2 – Le management-----------------------------------------------------------------------------------------p 53
2.3 – Les outils de pilotage----------------------------------------------------------------------------------p 53
3 – Les relations avec les actionnaires-------------------------------------------------------------------p 55
3.1 – Le poids de l’éthique dans les comportements d’investissement--------------------------------p 55
3.2 – Le respect des principes de Corporate Governance------------------------------------------------p 56
3.2.1 – L’identification et la gestion des risques - L’importance des procédures internes----------p 56
3.2.2 – La communication des entreprises en matière d’éthique---------------------------------------p 58
4 – Les relations avec les autres parties prenantes----------------------------------------------------p 60
4.1 – Les collaborateurs--------------------------------------------------------------------------------------p 64
4.1.1 – La cohésion sociale parmi les effectifs existants------------------------------------------------p 65
4.1.2 – L’attrait des nouveaux actifs, des jeunes diplômés----------------------------------------------p 65
4.2 – Les clients et les fournisseurs-------------------------------------------------------------------------p 66
4.2.1 – Les clients---------------------------------------------------------------------------------------------p 66
4.2.2 – Les fournisseurs--------------------------------------------------------------------------------------p 67
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4.3 – Les relations avec la société civile-------------------------------------------------------------------p 67
4.4 – Le respect de l’environnement naturel--------------------------------------------------------------p 68
5 – Le coût du développement durable et son financement-----------------------------------------p 69
SYNTHESE DE LA SECTION 2---------------------------------------------------------------------p 70
CONCLUSION-------------------------------------------------------------------------------------------p 72
ANNEXES--------------------------------------------------------------------------------------------------p 74
BIBLIOGRAPHIE----------------------------------------------------------------------------------------p 74
ANNEXE 1 : COUT DU CAPITAL---------------------------------------------------------------------p 76
ANNEXE 2 : EVOLUTION DU PIB DE 1998 A 2002-----------------------------------------------p 78
ANNEXE 3 : REPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET SALAIRE MOYEN
DE BAYER ET SAINT GOBAIN--------------------------------------------------------------------p 78
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INTRODUCTION
Le but premier d’une entreprise est de générer des bénéfices, c’est-à-dire de créer de la valeur pour
ses actionnaires. Sa démarche fondamentale est donc d’optimiser l’emploi de ses ressources afin de
maximiser les profits dégagés tout en minimisant ses coûts.
L’entreprise poursuit ainsi un objectif de rentabilité mais la recherche de cette rentabilité ne peut se
faire au détriment de l’environnement dans lequel elle évolue.
Face à ses responsabilités, l’entreprise ne peut désormais se dispenser d’une réflexion de fond
introspective à long terme sur ses propres activités et sur la façon dont elle dégage ses bénéfices.
De ce constat se sont développées et médiatisées lors des dernières décennies les notions
d’entreprise éthique (EE) et de développement durable.
Le concept de fonds éthique se révèle malgré tout plus ancien. En effet, les fonds éthiques ont été
créés aux Etats-Unis en 1920 à l’initiative des institutions religieuses qui refusaient d’investir dans
les « valeurs du péché » (sinstocks).
La problématique centrale de notre étude sera de déterminer la rentabilité des EE.
Dans La Critique de la raison pratique, Kant pose les fondements d'une éthique universelle.
La loi morale énonce : " agis toujours de telle sorte que maxime de ta volonté puisse toujours valoir
en même temps comme principe d'une législation universelle ".
La version kantienne de la morale se résume donc de cette façon : un être doit faire le bien des
autres ou du moins ne pas leur nuire.
L’éthique est un ensemble de règles de conduite. L’éthique des affaires se traduit par l’application,
non pas de règles spéciales, mais de règles générales en vigueur dans le monde des affaires. Une EE
est ainsi une entreprise juste tout au long de son processus de production. Sa ligne de conduite
l’amène à respecter l’environnement naturel (en minimisant les pollutions potentielles par exemple).
Elle reconsidère également les conditions de travail de ses employés (en normalisant et en
sécurisant l’utilisation de produits toxiques, en n’employant pas d’enfants, en optimisant la
politique sociale, en menant une lutte active contre la corruption, etc.). Elle se penche sur le contenu
moral des produits qu’elles commercialisent (les industries d’armes ou de pornographie par
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exemple sont exclues des EE). Au plan financier, l’EE se dote d’un code de morale en s’assurant de
la probité de ses dirigeants et de la justesse de ses comptes grâce à un contrôle interne efficient.
La notion de développement durable trouve son origine dans les réflexions menées par les milieux
écologistes dans les années 1970 sur le thème de l’éco-développement, notamment à l’occasion de
la conférence de Stockholm, en 1972, qui préconisait une meilleure prise en compte des
considérations environnementales dans le développement.
Dans le rapport BRUNDTLAND en 1987, le développement durable est défini comme « la capacité
des générations présentes à satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations
futures à satisfaire leurs propres besoins ».
Il est basé sur un équilibre entre trois pôles :
•
l’efficacité économique,
•
la soutenabilité écologique,
•
la responsabilité sociale.
L’éthique, en tant qu’ensemble de règles de conduite, est présente dans toutes les sociétés et chez la
plupart des individus, bien qu’elle varie d’un sujet à l’autre. Elle varie aussi selon le temps et le
lieu. La recherche du développement durable se fonde sur le respect du principe de responsabilité.
Etre responsable socialement exige un management à la recherche de la minimisation des
conséquences sociales et environnementales néfastes découlant des décisions. Dans le présent
travail, nous positionnons la politique de développement durable comme une éthique de la
responsabilité, responsabilité envers les générations futures. En effet, on est passé de l’éthique
religieuse des années 20, des simples principes d’exclusion, à la mesure de l’innovation, aux best
practices et à la performance sociale et environnementale.
La rentabilité s’appréhende comme étant égale au rapport entre l’accroissement de richesse (le
résultat) et les capitaux investis. Une entreprise qui dégage une rentabilité au moins égale à celle
exigée par ses apporteurs de fonds et ses chirographaires ne rencontrera pas de problèmes de
financement pour assurer sa croissance et sa pérennité à longue échéance.
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La rentabilité est définie comme la capacité d’une entreprise à dégager un résultat évalué en unités
monétaires, dans une démarche d’efficience et d’efficacité. Cette vision peut paraître réductrice et
occulter des aspects de la performance globale de l’entreprise difficilement exprimables en unités
monétaires tels que les objectifs environnementaux et sociaux du développement durable. Une
entreprise est dite performante lorsqu’elle obtient des résultats remarquables eu égard aux moyens
alloués. La performance est perçue comme « un état de compétitivité atteint grâce à un niveau
d’efficacité et de productivité assurant à l’entreprise une présence durable sur ses marchés » (Maria
NICULESCU).
La démarche éthique est finalisée au sein d’une entreprise par des dépenses d’investissement
spécifiques et se heurte à un calcul économique. Nous pouvons nous interroger sur le coût de la
mise en place d’une politique éthique au sein d’une entreprise et de ses répercussions sur le résultat
de cette dernière. L’éthique est-elle un investissement à retenir, c’est-à-dire rentable
économiquement ?
La rentabilité de l’EE est assujettie à l’horizon temporel considéré et le clivage court terme - long
terme est assez généralement accepté. A quel horizon l’EE est-elle rentable ?
La pérennité de l’entreprise à long terme passe-t-elle dorénavant par une refonte complète de son
organisation formalisée par la responsabilité sociétale et le développement durable ? Comment sont
définis les caractéristiques des biens et services éthiques ? Une EE s’adresse-t-elle à une clientèle
différente de celle d’une entreprise « classique » ? Les entreprises adoptant une attitude éthique
sont-elles plus performantes que les autres ? La problématique développée ici est de tenter de
fournir une réponse à la question : la notion de rentabilité financière est-elle la seule référence pour
apprécier la performance des entreprises ?
Nous étudierons ici tout d’abord la performance financière des entreprises comprises dans les
produits financiers éthiques. Nous nous attacherons par la suite à l’intégration de l’entreprise dans
son
environnement
global
en
tant
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que
facteur
d’excellence.
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SECTION 1 – ETUDE DES PERFORMANCES DES ENTREPRISES
COMPRISES DANS DES INDICES ET PORTEFEUILLES DE FONDS
ETHIQUES
1 – Création ou destruction de valeur de ces entreprises
Afin de mesurer la rentabilité des entreprises, nous mènerons des analyses d’évolution du chiffre
d’affaires, d’excédent brut d’exploitation (EBE) et du résultat d’exploitation (REX). Nous nous
attacherons également à déterminer la rentabilité économique, la rentabilité financière et la
rentabilité des fonds propres. Nous étudierons aussi l’évolution du bénéfice net par action
(BNPA) et du cours boursier.
L’analyse de l’évolution du chiffre d’affaires nous renseigne sur l’historique et le potentiel de
développement commercial que présentent et peuvent espérer ces entreprises.
L’EBE est la part de surplus global après rémunération des salaires, taxes et cotisations sociales. Il
est nécessaire à la couverture :
„ du coût de détention du capital engagé (dotations aux amortissements et provisions et
rémunération du capital),
„ du risque attaché à l’exploitation et au financement propre de la croissance,
„ de toutes les charges liées aux obligations précédentes (impôt sur les sociétés, part des salariés).
Le REX se déduit de l’EBE, une fois les dotations aux amortissements soustraites. Il traduit
l’augmentation de richesse générée par le processus industriel et commercial de l’entreprise.
Le résultat net est obtenu à partir du REX, après l’ajout des résultats financier et exceptionnel et
après prise en compte de l’impact fiscal. Il représente l’enrichissement ou l’appauvrissement de
l’entreprise au cours de l’exercice et revient aux actionnaires dont l’assemblée générale peut en
choisir l’affectation (distribution de dividendes ou report à nouveau).
Le taux de rentabilité économique ou Return on Capital Employed (ROCE) est calculé par le
rapport entre l’EBE et l’actif économique (actifs immobilisés bruts d’exploitation corporels et
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incorporels et besoin en fonds de roulement). Les immobilisations d’exploitation négligent les
immobilisations en cours et les terrains nus. Elles intègrent les actifs financés par crédit-bail.
La rentabilité financière se mesure par le rapport entre le REX et le capital engagé financier (fonds
propres + dettes financières), qui est en fait le produit d’une rentabilité opérationnelle rapportée au
chiffre d’affaires par la rotation des capitaux mesurée par rapport au même chiffre d’affaires. Une
entreprise est dite rentable si sa rentabilité financière est supérieure au coût du capital (exigences de
rémunération formulées par le marché des capitaux).
La rentabilité des fonds propres ou Return on Equity (ROE) se mesure par le rapport entre résultat
net et fonds propres (capitaux propres + provisions pour risques et pensions (en l’absence de
réglementation, ces dernières sont considérées comme des fonds propres sinon ce sont des dettes) +
intérêts minoritaires + comptes courants de personnes physiques – dividendes à payer + plus values
latentes à long terme).
Le levier financier d’une entreprise est le rapport entre son endettement et ses capitaux propres.
C’est un élément caractéristique de la structure financière de l’entreprise. Un levier important, c’està-dire supérieur à 1, démontre une augmentation du risque de l’action.
Afin d’évaluer le risque financier, nous étudierons également le ratio frais financiers sur EBE pour
lequel il convient de ne pas dépasser 40%.
Au-delà de leur rentabilité, nous analyserons également leurs performances sociale et
environnementale.
1.1 – La performance des principaux indices éthiques
Nous étudierons un échantillon d’entreprises issues de trois indices principaux : le Dow Jones
Sustainability, le FTSE 4 Good Global et l’ASPI Eurozone.
1.1.1 – Le Dow Jones Sustainability Index
Cet indice, développé aux Etats-Unis, fut opérationnel début 1999 et compte plus de 200 entreprises
internationales.
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Cet indice est formé lui-même par une série d’indices élaborés grâce aux analyses du gérant de
fonds Sustainable Asset Management. Les valeurs relatives au tabac, à l’alcool et au jeu sont
exclues.
Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans cet indice sont les suivantes :
VOLKSWAGEN (Allemagne, industrie automobile), LAFARGE (France, matériaux de
construction), PROCTER & GAMBLE (Etats-Unis, biens de grande consommation ), SWISS
REASSURANCE (Suisse, réassurance), WESTPAC BANKING (Australie, banque).
„ VOLKSWAGEN
•
Dimension financière
En millions d'€
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
2002
2001
2000
1999
1998
86 948,00 88 540,00
83 127,00
73 140,80 66 787,56
-1,80%
9 659,00
6,51%
10 092,00
13,65%
12 673,75
9,51%
8 563,68
nd
nd
-4,29%
4 761,00
-20,37%
5 424,00
47,99%
4 024,00
nd
1 402,99
nd
2 204,48
-12,22%
2 597,00
34,79%
2 926,00
186,82%
2 614,00
-36,36%
821,39
nd
1 115,92
-11,24%
11,94%
218,24%
-26,39%
nd
47 040,00 45 830,00
66 528,00 58 580,00
89 012,00 78 400,00
33 463,68 30 789,05 29 442,79
49 445,77 46 022,39 43 781,59
84 526,37 79 271,64
nd
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité financière nette d'impôt
Coût du capital1
Rentabilité des fonds propres
10,85%
12,87%
14,99%
10,80%
nd
7,16%
4,42%
9,26%
5,71%
8,14%
5,02%
3,05%
1,88%
5,04%
3,11%
7,50%
5,52%
6,38%
7,81%
2,67%
3,79%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
1
voir Annexe 1
En €
Plus bas cours de l'année (EURONEXT)
Plus haut cours de l'année (EURONEXT)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur EURONEXT
79,11%
53,14%
146,20%
162,82%
171,57%
4,95%
4,77%
5,19%
-7,55%
nd
Résultat net par action
Dividende versé par action
2002
2001
2000
1999
1998
34,74
62,15
32,95
62,40
39,05
61,00
46,48
78,60
49,34
101,18
48,45
1,62%
47,68
-4,70%
50,03
-20,01%
62,54
-16,90%
75,26
nd
6,72
7,66
4,81
1,97
2,75
nd
1,30
1,20
0,77
0,77
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Le chiffre d’affaires, les résultats de gestion intermédiaires (l’EBE, le REX) et le résultat net ont
montré une croissance durable de 1998 à 2001. Les rendements économique, financier et des fonds
propres se sont également appréciés. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf
en 2002. La performance de 2002 n’a pas été satisfaisante, celle-ci étant due à une mauvaise
conjoncture générale. De 1998 à 2000, le levier financier, supérieur à 1, démontre un certain risque.
Cependant, dès 2001, les dettes du groupe se sont largement réduites et sa structure financière est à
nouveau saine. Le ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le cours a baissé de 1998 à
2001 et a légèrement remonté en 2002. Néanmoins, le BNPA et le dividende ont progressé durant
ces cinq ans.
Dans une approche création de valeur, type calcul de l’EVA®, le coût du capital observé est
toujours supérieur à la rentabilité financière nette d’impôt. Il y a donc de ce point de vue destruction
de valeur. Le coût du capital est malgré tout inférieur à la rentabilité financière en 2000 et 2001.
•
Dimension humaine et sociale
La démarche éthique du groupe le conduit à la recherche du juste équilibre entre la dimension
humaine et sociale et la performance économique. Le groupe a adopté les mesures suivantes : la
semaine de 4 jours de travail, le « time asset bond » (crédit d’heures de travail permettant aux
salariés de bénéficier de la retraite plus tôt que prévu ou d’augmenter leur allocation retraite), les
plans de pension, les formations professionnelles des salariés, le projet 5000 x 5000 (projet de
création de postes de travail), etc.
•
Dimension environnementale
La stratégie de développement durable envisagée par le groupe le conduit à poursuivre son objectif
de fabrication d’automobiles permettant d’économiser largement l’essence.
„ LAFARGE
•
Dimension financière
Le chiffre d’affaires et l’EBE ont connu une croissance soutenue. Le chiffre d’affaires s’est accrû
plus fortement que le PIB. De 1998 à 2001, le REX a augmenté de 14% et le résultat net de 17%.
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Pourtant, les indicateurs de rendement ont plutôt affiché une performance médiocre. De 1998 à
1999, LAFARGE présenta un faible risque financier. Cependant, dès 2000, le groupe a augmenté
ses dettes financières afin de financer ses acquisitions, détériorant le levier financier. La couverture
des frais financiers s’est dégradée mais demeure à l’intérieur de la fourchette de sécurité entre 20%
et 40%. Le cours, le BNPA et le dividende ont démontré un retour aux actionnaires satisfaisant.
En millions d'€
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité financière nette d'impôt
Coût du capital1
Rentabilité des fonds propres
2002
2000
1999
1998
14 610,00 13 698,00
12 216,00
10 528,00
9 802,00
6,66%
3 101,00
12,13%
2 862,00
16,03%
2 592,00
7,41%
2 222,00
nd
1 968,00
8,35%
1 665,00
10,42%
1 914,00
16,65%
1 713,00
12,91%
1 522,00
nd
1 290,00
-13,01%
456,00
11,73%
750,00
12,55%
726,00
17,98%
614,00
nd
466,00
-39,20%
3,31%
18,24%
31,76%
nd
12 171,00 13 221,00
22 442,00 24 262,00
25 294,00 26 338,00
9 950,00
17 440,00
17 123,00
9 069,00
7 422,00
14 589,00 13 243,00
16 341,00 14 957,00
12,26%
7,42%
5,02%
10,87%
7,89%
5,34%
15,14%
9,82%
6,65%
13,60%
10,43%
7,06%
13,16%
9,74%
6,59%
7,93%
3,75%
5,67%
7,30%
6,77%
6,28%
115,00%
88,00%
69,00%
84,00%
28,57%
25,64%
20,83%
20,83%
2001
2000
1999
1998
74,00
114,00
73,75
118,40
70,10
115,60
54,73
100,31
94,00
-2,16%
96,08
3,47%
92,85
19,78%
77,52
nd
3,52
5,97
6,78
4,90
4,10
2,30
2,30
2,20
2,05
1,83
Levier financier
108,00%
Frais financiers nets / EBE
31,25%
1
voir Annexe 1
En €
2002
Plus bas cours de l'année (EURONEXT)
67,00
Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 111,20
Moyenne
89,10
Evolution du cours moyen sur EURONEXT -5,21%
Résultat net par action
Dividende versé par action
2001
Le coût du capital est toujours supérieur à la rentabilité financière nette d’impôt. Il y a donc
destruction de valeur. Le coût du capital est inférieur à la rentabilité financière en 1999 et 2000.
Le calcul de l’EVA®, en comparant la rentabilité financière nette d’impôt et le coût du capital, ne
nous a pas paru pertinent pour juger de la rentabilité des EE car les retraitements des données
comptables sont complexes et ardues pour les analystes externes et le résultat est ainsi facilement
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faussé par le biais des retraitements. De plus, selon les statistiques des années passées, l’utilisation
de l’EVA® a tendance à pénaliser les industries lourdes.
Les conclusion tirées de l’étude de cette donnée pour les 2 entreprises ci-dessus se sont avérées
négatives, c’est pourquoi nous n’avons pas calculé le coût du capital pour les entreprises ci-après.
•
Dimension humaine et sociale
Le groupe considère la santé et la sécurité de ses salariés comme ses principales priorités au plan
social. Il cherche aussi à améliorer sa performance sociale dans trois autres domaines : la diversité
et la recherche de la parité hommes-femmes (promotion des femmes cadres), la formation et
l’actionnariat salarial.
•
Dimension environnementale
Le groupe poursuit ses objectifs de réduction des émissions de CO2, de réduction des déchets de
production mis en décharge et d’augmentation du niveau d’utilisation de matières premières
recyclées.
Nous rappellerons cependant que le groupe s’est vu imposer une amende de 160 000 $ au Canada
après avoir reconnu que deux de ses centrales de béton avaient rejeté des effluents polluants dans le
Fraser en 1998.
„ PROCTER & GAMBLE
•
Dimension financière
Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2001. Le groupe a connu
une croissance moyenne de 2,01%, 2,64%, 2,48% et 3,59% sur le chiffre d’affaires, l’EBE, le REX
et le résultat net. La rentabilité reste assez élevée, avec un ROCE moyen de 24,60%, un rendement
financier de 24,97% et un ROE de 29,40%. Le levier financier est toujours inférieur à 1 et le ratio
de couverture des frais financiers est excellent. Le retour aux actionnaires est satisfaisant, le BNPA
et le dividende augmentant durablement.
14/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
2002
2001
2000
1999
1998
40 238,00 39 244,00
39 951,00
38 125,00 37 154,00
2,53%
8 371,00
-1,77%
7 007,00
4,79%
8 145,00
2,61%
8 401,00
nd
7 542,00
19,47%
6 678,00
-13,97%
4 736,00
-3,05%
5 954,00
11,39%
6 253,00
nd
6 055,00
41,01%
4 352,00
-20,46%
2 922,00
-4,78%
3 542,00
3,27%
3 763,00
nd
3 780,00
48,94%
-17,50%
-5,87%
-0,45%
nd
13 706,00 12 010,00
28 072,00 24 541,00
34 170,00 31 749,00
12 287,00
24 225,00
33 657,00
12 058,00 12 236,00
21 352,00 21 716,00
28 119,00 33 725,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
24,50%
23,79%
31,75%
22,07%
19,30%
24,33%
24,20%
24,58%
28,83%
29,88%
29,29%
31,21%
22,36%
27,88%
30,89%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
81,72%
81,53%
69,70%
51,68%
47,12%
7,20%
11,33%
8,86%
7,74%
7,27%
2002
2001
2000
1999
1998
85,77
87,55
69,53
70,57
58,56
59,55
81,84
91,75
81,82
89,21
86,66
23,71%
70,05
18,62%
59,06
-31,96%
86,80
1,50%
85,52
nd
3,26
2,15
2,61
2,75
2,74
1,58
1,46
1,34
1,21
1,08
En USD
Plus bas cours au 30 Juillet (NYSE1)
Plus haut cours au 30 Juillet (NYSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
1
NYSE : New York Stock Exchange
•
Dimension humaine et sociale
La stratégie de développement durable conduit le groupe à la recherche d’une croissance des ventes
et du profit d’une façon socialement responsable. Le groupe met l’accent sur la santé et la sécurité
de ses employés, s’engage à augmenter le taux d’emploi des femmes et des représentants de
minorités ethniques et à financer de nombreuses organisations culturelles, d’éducation, de santé et
de service social.
•
Dimension environnementale
Le groupe a démontré dans son rapport de développement durable qu’il a réussi à réduire
l’utilisation des ressources (matériels, énergie et eau) nécessaires à sa production et à également
réduit les quantités de déchets de production sur la période allant de 1999 à 2001.
15/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
Cependant, P&G fut accusé récemment par Clean Water Action Council (CWAC) d’avoir dépassé
la limite d’émissions de poussières et de particules dans l'air par son usine de papier de Green Bay
aux Etats-Unis.
„ SWISS REASSURANCE
•
Dimension financière
En millions de CHF
2002
2001
2000
1999
1998
Produit
Evolution du produit
Charges
Evolution des charges
Résultat net
Evolution du résultat net
34 415,00
34 104,00
31 553,00
25 731,00
22 653,00
0,91%
34 379,00
8,08%
34 208,00
22,63%
27 898,00
13,59%
22 502,00
nd
19 845,00
0,50%
-91,00
22,62%
-165,00
23,98%
2 966,00
13,39%
2 446,00
nd
2 161,00
-44,85%
-105,56%
21,26%
13,19%
nd
Fonds propres
Capital engagé
16 687,00
161 857,00
22 598,00
170 230,00
22 787,00
142 640,00
24 832,00
130 200,00
19 963,00
108 337,00
4,70%
8,00%
9,70%
8,80%
8,50%
-0,50%
-0,70%
11,90%
10,90%
11,30%
2002
2001
2000
1999
1998
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
En CHF
Plus bas cours de l'année
Plus haut cours de l'année
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
73,19
138,00
128,06
143,08
101,07
170,25
196,91
195,81
191,97
196,91
121,72
-27,31%
167,46
3,41%
161,94
-3,34%
167,53
12,44%
148,99
nd
-0,29
-0,57
10,39
8,55
7,35
1,00
2,50
2,50
2,40
2,20
Le produit s’est accrû plus fortement que le PIB. Les résultats des années 2001 et 2002 étaient
exceptionnels. Comme indiqué dans la lettre du président du conseil d’administration, « la tragédie
du 11 septembre a constitué pour SWISS REASSURANCE la plus grande perte financière de ses
138 années d’existence ». Le résultat de 2001 est très décevant. Les améliorations nettes
enregistrées dans les postes dommages et accidents ont été plus qu’atténuées par les pertes de valeur
résultant de la baisse des marchés d’actions dans le monde entier (baisse des plus-values de cessions
d’investissements). Nous considérons que les pertes réalisées lors de ces deux années consécutives
ne représentent pas la tendance générale et si nous élargissons l’horizon temporel jusqu’à 1993,
nous remarquons que le groupe a connu une croissance moyenne de ses produits de 18,68% pendant
10 ans et de son résultat net de 4,5 fois. Le ratio de solvabilité, entre 10,31% et 19,07%, assure sur
16/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
la période le minimum requis de 8%. Le cours fut particulièrement bas en 2002. Les dividendes
s’accroissent depuis 1998 avant de commencer à baisser en 2002.
•
Dimension humaine et sociale
Le groupe s’engage à améliorer les relations avec toutes ses parties prenantes : ses employés, ses
actionnaires, ses clients, les communautés locales et les ONG. Il considère ses collaborateurs
comme l’atout le plus précieux de l’entreprise. Il s’engage donc à fournir à ces derniers un
environnement de travail épanouissant et des possibilités de développement personnel et
professionnel leur permettant de satisfaire leurs exigences et de trouver l’accomplissement dans leur
travail.
•
Dimension environnementale
Le groupe considère que les principes du développement durable lui offrent de nouvelles
opportunités et lui permettent de développer de nouveaux produits. Sur le plan environnemental, il a
identifié deux sujets prioritaires : le changement climatique et l’eau. L’eau potable est devenue un
bien rare et sa gestion a un impact immédiat sur le secteur de l’assurance _ comme risque et comme
opportunité. Les risques proviennent de la responsabilité civile et les opportunités sont matérialisées
par le potentiel de développement de nouveaux concepts d’assurance et par les perspectives
d’investissement. Coopérant avec 295 institutions financières, le groupe cherche à pousser le
secteur des services financiers à traiter le problème du changement climatique de manière plus
directe et à aider les gouvernements à créer des conditions cadres encourageant le développement
de nouveaux produits en rapport avec le climat.
Les efforts déployés en faveur du développement durable ont été étendus à la gestion d’actifs. Dès
1996, la division Asset Management du groupe a commencé à constituer un « eco portfolio ». Cette
initiative porte sur des investissements directs dans de petites sociétés pionnières et indirects par
l’intermédiaire de fonds ou de sociétés d’investissement axés sur l’environnement. Le portefeuille
se répartit entre les secteurs de l’énergie solaire, du recyclage et du traitement des déchets et de la
production de produits biodégradables.
17/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
„ WESTPAC BANKING
•
Dimension financière
En millions d'USD
2002
Produit
7 263,00
Evolution du produit
7,81%
Charge & provisions sur perte des dettes 4 456,00
Evolution des charges et provisions
11,32%
Résultat net
2 192,00
Evolution du résultat net
15,19%
Fonds propres
Capital engagé
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
En USD
Plus bas cours de l'année
Plus haut cours de l'année
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
2001
2000
1999
1998
6 737,00
6 252,00
5 758,00
5 623,00
7,76%
4 003,00
8,58%
3 705,00
2,40%
3 605,00
nd
3 560,00
8,04%
1 903,00
2,77%
1 715,00
1,26%
1 456,00
nd
1 272,00
10,96%
17,79%
14,47%
nd
10 468,00
9 705,00
9 262,00
8 997,00
8 611,00
191 037,00 189 845,00 167 618,00 140 220,00 137 319,00
5,50%
5,10%
5,50%
6,40%
6,30%
21,70%
21,10%
18,40%
16,80%
15,50%
2002
2001
2000
1999
1998
13,11
17,01
11,87
14,55
9,16
12,97
8,36
12,06
7,10
11,45
15,06
14,00%
13,21
19,39%
11,07
8,37%
10,21
10,08%
9,28
nd
118,30
102,80
88,80
77,00
70,10
70,00
62,00
54,00
47,00
43,00
Il semble que la récession économique en vigueur depuis 2001 ait peu influencé la position du
groupe. Le chiffre d’affaires et le résultat du groupe se sont accrûs durablement. Le produit net
bancaire s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999. La rentabilité financière reste assez
stable et la rentabilité des fonds propres a augmenté chaque année. Cependant, le ratio de
solvabilité, entre 5,11% et 6,42%, est inférieur à la norme de 8%. Le rendement aux actionnaires est
assez satisfaisant. Les deux indicateurs de plus-value des actions sur le marché et de dividende ont
connu une croissance soutenue.
•
Dimension humaine et sociale
En 2003, le groupe est devenu le numéro 1 sur la liste des entreprises inclues dans le « Dow Jones
Sustainability Index ». Son « social impact report » concerne 6 domaines tels que les collaborateurs,
les clients, la communauté, l’environnement, etc. Dans ce rapport, le groupe a indiqué que son
objectif stratégique est de devenir « employer of choice » pour ses collaborateurs. Il a adopté
diverses démarches pour satisfaire les différentes catégories de clients : « Customer Charter »,
transparence des frais et charges, accessibilité des services, etc. pour les clients individuels ; atelier
18/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
« Beyond survival », aide fiscale et « Women in Business Unit » pour les PME & PMI ; prêts
spéciaux, produits SRI (Socially Responsible Investment ou Investissement Socialement
Responsable) et « Governance Advertise Service » pour les clients institutionnels, etc. Le groupe
publie un rapport d’économie régionale tous les trois mois. Il accorde des temps de travail flexibles
afin d’inciter ses salariés à participer à des activités au sein de la communauté.
•
Dimension environnementale
Depuis 1990, le groupe a introduit un plan d’environnement dans sa stratégie. Il est un des
signataires initiaux du « United Nations Environment Program’s Statement by Financial
Institutions » et du « United Nations Global Impact ». Il a réussi à réduire ses émissions de CO2 de
50% depuis 1996. WESTPAC BANKING est l’unique banque d’Australie pratiquant le trading sur
les énergies renouvelables.
1.1.2 – Le FTSE 4 Good Global indice
Les critères d’exclusion de cet indice lancé en 2001 ont trait au nucléaire, au tabac, aux secteurs des
armes ou de la pornographie. Les critères de sélection sont le respect des droits de l’homme, de
l’environnement, du droit social et des relations avec les parties prenantes de l’entreprise.
Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans l’indice FTSE 4 Good Global sont les
suivantes :
ROYAL DUTCH PETROLEUM (Pays Bas, pétrole), CISCO SYSTEMS (Etats-Unis,
informatique-internet), JOHNSON & JOHNSON (Etats-Unis, secteur médical et pharmaceutique),
INTEL (Etats-Unis, fabricant de micro-processeurs), COCA-COLA (Etats-Unis, boisson).
„ ROYAL DUTCH/SHELL GROUP
•
Dimension financière
L’année 1998 fut catastrophique pour le groupe. Son chiffre d’affaires et son REX ont alors chuté à
cause de la baisse du prix de l’énergie (contre-coup de la crise asiatique de 1998). Le mauvais
résultat financier a détérioré son résultat net. Nous considérons que la sous-performance de l’année
19/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
1998 était exceptionnelle, notre horizon d’analyse étant étendu à 1997, le caractère extraordinaire
de l’année 1998 est ainsi mis en valeur. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB
sauf en 1998 et 2001. De 1997 à 2002, le groupe a connu une croissance de son chiffre d’affaires de
6,96%. Le REX et le résultat net ont augmenté de 2,26% et de 3,97%. La rentabilité financière
atteint en moyenne 22,60%, ce qui est largement supérieur à l’objectif visé par le groupe en 1998.
Cependant, nous constatons que le profit et la rentabilité en 2000 et 2001 étaient moins satisfaisants
par rapport à 2000. SHELL présente un faible risque financier. Le levier financier n’est que de 25%
en moyenne. Le ratio de couverture des frais financiers est inférieur à 20% sauf en 1998, où le
chiffre d’affaires s’était exceptionnellement réduit. Le dividende s’est élevé durablement.
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
2002
2001
2000
1999
1998
1997
179 431,00
135 211,00
149 146,00
105 366,00
93 692,00
128 155,00
32,70%
-9,34%
41,55%
12,46%
-26,89%
nd
18 190,00
20 135,00
25 526,00
16 598,00
3 345,00
16 128,00
-9,66%
-21,12%
53,79%
396,20%
-79,26%
nd
15 942,00
17 823,00
20 002,00
24 500,00
15 232,00
3 104,00
Evolution du résultat d'exploitation
-10,89%
-18,36%
60,85%
390,72%
-80,53%
nd
Résultat net
9 419,00
10 852,00
12 719,00
8 584,00
350,00
7 753,00
Evolution du résultat net
-13,20%
-14,68%
48,17%
2352,57%
-95,49%
nd
Fonds propres
63 626,00
59 637,00
59 967,00
59 013,00
57 663,00
62 602,00
Capital investi
83 317,00
65 457,00
67 394,00
71 944,00
71 473,00
73 209,00
Actif économique
148 147,00
118 240,00
112 728,00
124 422,00
126 033,00
131 265,00
Rentabilité économique
12,28%
17,03%
22,64%
13,34%
2,65%
12,29%
Rentabilité financière
21,39%
30,56%
36,35%
21,17%
4,34%
21,78%
Rentabilité des fonds propres
14,80%
18,20%
21,21%
14,55%
0,61%
12,38%
Levier financier
43,59%
15,41%
20,12%
24,60%
25,76%
21,41%
Frais financiers nets / EBE
3,33%
1,38%
2,30%
4,62%
23,05%
1,96%
En USD
Cours fin d'année (EURONEXT)
Evolution du cours sur EURONEXT
Cours fin d'année (NYSE)
Evolution du cours sur NYSE
2002
2001
2000
1999
1998
1997
Résultat net par action
Dividende versé par action
•
41,95
56,90
65,26
60,85
42,43
nd
-26,27%
44,02
-12,81%
49,02
7,25%
60,56
43,41%
60,56
nd
47,88
nd
nd
-10,20%
-19,06%
0,00%
26,48%
nd
nd
2,87
3,44
3,86
2,27
0,12
nd
1,72
1,66
1,59
1,51
1,45
nd
Dimension humaine et sociale
Le groupe considère la santé et la sécurité de ses collaborateurs comme sa première préoccupation
au plan social. Il s’engage à augmenter le nombre de femmes et de représentants de minorités
20/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
ethniques parmi ses cadres de haut niveau. Le groupe travaille étroitement avec ses stakeholders
(gouvernements locaux, salariés, clients, fournisseurs, fabricants de voitures, institutions diverses)
afin d’améliorer la qualité de ses produits, de réduire les impacts négatifs vis à vis de
l’environnement et de renforcer la communication avec ses collaborateurs. Après la répression
sanglante par le gouvernement local des opposants à l’implantation de SHELL au Nigéria, le
groupe en a tiré les enseignements et soutient dorénavant le développement de la communauté
autour des sites de production (avec par exemple le Community Development Program).
•
Dimension environnementale
De 1990 à 2002, le groupe a réussi à réduire progressivement ses émissions de gaz de serre chaude,
les explosions et les déversements à l’eau de ses déchets. En 2002, il a réalisé un rapport de
perception de la performance environnementale par les stakeholders via un « reputation tracker
survey ». Il a obtenu la certification ISO14001 pour ses principales installations et s’engage à
obtenir la même certification pour ses nouvelles acquisitions.
„ CISCO SYSTEMS
•
Dimension financière
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
2002
2001
2000
1999
1998
18 915,00 22 293,00
18 928,00
7 914,00
5 565,00
-15,15%
4 876,00
17,78%
232,00
139,17%
4 098,00
42,21%
3 362,00
nd
2 399,00
2001,72%
2 919,00
-94,34%
-2 004,00
21,89%
3 235,00
40,14%
2 873,00
nd
2 070,00
245,66%
1 893,00
-161,95%
-1 014,00
12,60%
2 668,00
38,79%
2 023,00
nd
1 331,00
286,69%
-138,01%
31,88%
51,99%
nd
26 497,00
27 629,00
10 453,00
11 811,00
11 811,00
3 948,00
7 148,00
7 148,00
3 478,00
28 656,00 27 120,00
29 405,00 27 864,00
15 221,00 14 387,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
32,03%
1,61%
39,20%
85,16%
68,98%
9,93%
6,61%
-7,19%
-3,74%
11,71%
10,07%
24,32%
17,13%
28,96%
18,62%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
0,00%
0,00%
0,00%
0,00%
0,00%
4,29%
-487,07%
-27,04%
-9,88%
-8,17%
21/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
En USD
Plus bas cours de l'année (sur NNM)
Plus haut cours de l'année (sur NNM)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NNM
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
2002
2001
2000
1999
1998
13,30
19,79
16,54
28,24
46,78
37,51
42,42
61,53
51,98
19,01
26,80
22,91
9,26
12,23
10,75
-55,90%
-27,84%
126,92%
113,17%
nd
Résultat net par action
0,25
-0,14
0,39
0,65
0,44
Note : le groupe n’a jamais distribué de dividendes depuis qu’il est coté sur le NASDAQ National Market (NNM).
Le chiffre d’affaires a progressé de 35,78%, l’EBE de plus de 19%, le REX et le résultat net de 9%
environ. L’année 2001 fut une année très difficile, le profit a reculé de 138% et les indicateurs de
rendement sont devenus négatifs. Le groupe a vite retourné la situation et a présenté des résultats
assez encourageants en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en
2002. Le groupe n’a jamais versé de dividendes et le cours a beaucoup varié. Cependant, CS est une
des entreprises dont l’activité s’accroît le plus vite et est la plus rentable dans l’industrie
informatique. Elle figure parmi les plus grosses capitalisations du marché.
•
Dimension humaine et sociale
Le groupe considère la satisfaction de ses clients comme sa première préoccupation. Il a contribué à
de nombreux programmes humanitaires, d’éducation et de formation en technologie informatique,
etc. Dans sa lettre aux actionnaires de 2000, il se proclame comme étant « the most influential and
generous company in history » (l’entreprise la plus influente et la plus généreuse de l’histoire).
•
Dimension environnementale
L’activité du groupe étant centrée sur Internet, ce dernier est peu concerné par la dimension
environnementale.
„ JOHNSON & JOHNSON
•
Dimension financière
La vente et les profits ont connu une croissance durable. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus
fortement que le PIB. Les rentabilités économique, financière et des fonds propres demeurent à un
niveau assez élevé. J&J présente un faible risque financier : le levier n’est que de 15% en moyenne
et le ratio de couverture des frais financiers est négatif chaque année, ceci est dû aux produits
22/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
financiers élevés. Le retour aux actionnaires (dividendes et plus-values réalisables sur le cours de
l’action) a augmenté de 1998 à 2000. Mais, comme beaucoup d’autres entreprises cotées en bourse,
il a subi un recul en 2001 et 2002.
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
2002
2001
2000
1999
1998
36 298,00 32 317,00
29 172,00
27 471,00 22 830,00
12,32%
11 151,00
10,78%
9 385,00
6,19%
8 141,00
20,33%
7 370,00
nd
6 015,00
18,82%
9 489,00
15,28%
7 780,00
10,46%
6 549,00
22,53%
5 926,00
nd
4 730,00
21,97%
6 597,00
18,80%
5 668,00
10,51%
4 953,00
25,29%
4 167,00
nd
3 003,00
16,39%
14,44%
18,86%
38,76%
nd
22 697,00 24 233,00
29 107,00 30 444,00
27 143,00 26 333,00
18 808,00
24 181,00
22 020,00
16 213,00 14 077,00
21 709,00 18 999,00
20 877,00 18 904,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
41,08%
32,60%
29,07%
35,64%
25,56%
23,39%
36,97%
27,08%
26,33%
35,30%
27,30%
25,70%
31,82%
24,90%
21,33%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
8,91%
9,15%
16,82%
15,11%
28,74%
-0,86%
-3,23%
-2,76%
-0,15%
-2,46%
En USD
Plus bas cours au 1er Août (NYSE)
Plus haut cours au 1er Août (NYSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
•
2002
2001
2000
1999
1998
51,20
53,20
92,38
91,06
76,50
53,01
54,24
95,00
93,38
79,38
52,11
-3,01%
53,72
-42,66%
93,69
1,59%
92,22
18,32%
77,94
nd
2,20
1,87
1,65
1,43
2,16
0,21
0,18
0,32
0,28
0,25
Dimension humaine et sociale
Le groupe a contribué à de nombreux programmes de santé, d’éducation et de culture aux EtatsUnis et dans d’autres pays à travers le monde. Il considère la santé et la sécurité de ses salariés
comme une préoccupation majeure. Face à une pénurie d’infirmiers aux Etats-Unis, il a initié une
campagne d’information afin d’attirer plus de jeunes gens vers le métier d’infirmier.
•
Dimension environnementale
Le groupe a réussi à réduire l’utilisation des ressources (matières premières, énergie, eau et
emballages) nécessaires à sa production et à également réduit ses émissions de CO2 et de déchets de
23/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
production depuis 1991. A fin 2002, 90% de ses installations avaient obtenu la certification
ISO14001.
„ INTEL
•
Dimension financière
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
2002
2001
2000
1999
1998
26 764,00 26 539,00
33 726,00
29 389,00 26 273,00
0,85%
9 058,00
-21,31%
8 097,00
14,76%
14 954,00
11,86%
nd
13 364,00 11 242,00
11,87%
4 382,00
-45,85%
2 256,00
11,90%
10 395,00
18,88%
9 767,00
nd
8 379,00
94,24%
3 117,00
-78,30%
1 291,00
6,43%
10 535,00
16,57%
7 314,00
nd
6 068,00
141,44%
-87,75%
44,04%
20,53%
nd
35 468,00 35 830,00
36 397,00 36 880,00
41 936,00 40 218,00
37 322,00
38 029,00
32 422,00
32 535,00 23 377,00
33 620,00 24 280,00
34 942,00 22 586,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
21,60%
12,04%
8,79%
20,13%
6,12%
3,60%
46,12%
27,33%
28,23%
38,25%
29,05%
22,48%
49,77%
34,51%
25,96%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
2,62%
2,93%
1,89%
2,94%
3,00%
-2,14%
-4,85%
-6,60%
-4,33%
-5,10%
En USD
Plus bas cours au 1er Août (NYSE)
Plus haut cours au 1er Août (NYSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
2002
2001
2000
1999
1998
17,46
30,28
64,25
34,50
21,25
18,85
30,98
67,38
35,88
21,94
18,16
-40,73%
30,63
-53,46%
65,82
87,03%
35,19
62,95%
21,60
nd
0,80
0,80
0,70
0,55
0,33
0,020
0,020
0,015
0,015
0,010
Le groupe s’est développé rapidement de 1998 à 2000. Suite à la crise informatique de 2001,
INTEL a connu une chute de son chiffre d’affaires de 21,31% et de son résultat net de 87,75% par
rapport à 2000. Il y a eu une légère reprise en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement
que le PIB sauf en 2001 et 2002. Les rentabilités financière et des fonds propres du groupe ont subi
les mêmes variations (de la croissance à la chute à une légère amélioration). INTEL présente un
très faible risque financier. Le levier n’est que de 3% en moyenne. Le ratio de couverture des frais
financiers est négatif chaque année, ceci est dû aux produits financiers élevés. La politique
24/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
concernant les shareholders a conduit le groupe à améliorer son BNPA et son dividende chaque
année.
•
Dimension humaine et sociale
Le groupe affiche et compare ses objectifs et sa performance réelle chaque année dans son rapport
de développement durable. Il a ouvert 28 nouveaux « INTEL Computer Clubhouse » en 2002 et a
formé plus de 850 000 professeurs à travers le monde dans le cadre du programme d’enseignement
INTEL. Il a réussi à maintenir le taux de « turnover » du personnel au-dessous du niveau du
marché. Malgré la conjoncture défavorable, une augmentation du nombre de femmes et de
représentants de minorités ethniques à des postes de cadres de haut niveau est constatée. INTEL
consacre une part accrue de son budget d’achat aux entreprises fournisseurs dirigées par des
femmes et des représentants de minorités ethniques.
•
Dimension environnementale
Tout comme pour la dimension sociale, le groupe affiche dans son rapport de développement
durable la cible et la performance réelle de la dimension environnementale. En 2002, il a
surperformé sa cible en matière de recyclage des déchets chimiques et de réduction de l’utilisation
de l’eau et de l’énergie nécessaires à sa production. Au 30 Juillet 2002, il a obtenu la certification
ISO14001 pour toutes ses installations.
„ COCA-COLA
•
Dimension financière
Le chiffre d’affaires du groupe n’a connu qu’une légère croissance. Le chiffre d’affaires s’est accrû
plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2000. Les résultats de gestion intermédiaires (l’EBE et le
REX) se sont améliorés. Les rendements économique, financier et des fonds propres restent assez
élevés. Le levier est inférieur à 50%. Le ratio de couverture des frais financiers (soit négatif, soit
minimum) montre un très faible risque de faillite. Le cours s’est détérioré de 1998 à 2001 et a connu
une légère reprise en 2002. Cependant, le dividende a augmenté légèrement.
25/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
En millions d'USD
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
2002
2001
2000
1999
1998
19 564,00
17 545,00
17 354,00
19 284,00
18 813,00
11,51%
6 264,00
1,10%
6 155,00
-10,01%
4 464,00
2,50%
4 774,00
nd
5 612,00
1,77%
5 458,00
37,88%
5 352,00
-6,49%
3 691,00
-14,93%
3 982,00
nd
4 967,00
1,98%
3 050,00
45,00%
3 969,00
-7,31%
2 177,00
-19,83%
2 431,00
nd
3 533,00
-23,15%
82,32%
-10,45%
-31,19%
nd
11 800,00
17 160,00
10 220,00
11 366,00
13 970,00
6 492,00
9 316,00
11 513,00
3 938,00
9 513,00
11 767,00
nd
8 403,00
10 505,00
nd
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
61,29%
31,81%
25,85%
94,81%
38,31%
34,92%
113,36%
32,06%
23,37%
nd
33,84%
25,55%
nd
47,28%
42,04%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
42,04%
19,18%
48,84%
38,52%
nd
-0,16%
-0,58%
2,28%
1,61%
nd
2002
2001
2000
1999
1998
49,75
43,76
61,31
60,25
82,13
50,79
44,75
64,00
61,69
84,00
50,27
13,59%
44,26
-29,37%
62,66
2,76%
60,97
-26,60%
83,07
nd
1,23
1,60
0,88
0,99
1,43
0,20
0,18
0,17
0,16
0,15
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
En USD
Plus bas cours au 1er Août (NYSE)
Plus haut cours au 1er Août (NYSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
•
Dimension humaine et sociale
Le groupe soutient financièrement diverses organisations d’art, de culture, de sport (Jeux
Olympiques) et d’éducation. Il a contribué à hauteur de 124 millions de dollars à des programmes
d’éducation. Il a aussi investi dans des programmes de lutte contre le sida en Afrique en coopération
avec l’UNAIDS et les gouvernements locaux.
•
Dimension environnementale
La politique de respect de l’environnement observée par le groupe le conduit à adopter diverses
démarches de recyclage dans ses sites de production du monde entier. Par exemple, le groupe a
introduit en 2000 dans son usine en Australie la bouteille recyclée « Pet » et aujourd’hui, 1 bouteille
utilisée sur 4 en Amérique du Nord est une bouteille recyclée. Dans l’usine de Jordbro en Suède, les
emballages de transport en bois recyclé et les bouteilles plastiques recyclées sont utilisés.
26/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
Cependant, en Juillet 2003, le groupe provoqua des manifestations dans la ville indienne de
Varanasi, l’eau souterraine rare étant exploitée et polluée par l’usine du groupe.
1.1.3 – L’ASPI Eurozone (ARESE Sustainable Performance Index)
Cet indice, créé en France par la société de notation ARESE (Agence de Rating Environnemental et
Social des Entreprises), filiale des Caisses d’Epargne et de la Caisse des Dépôts et Consignations,
qui vient d’être intégrée à VIGEO, fut opérationnel en Juillet 2001. Cet indice compte 120
entreprises.
Aucun critère d’exclusion n’a été retenu pour cet indice afin d’en déterminer la composition et
aucun critère de rentabilité financière n’a été utilisé. Les critères de sélection se répartissent en cinq
familles : relations avec la société civile, gouvernement d’entreprise, relations avec les clients et les
fournisseurs, santé et environnement.
Les 5 entreprises retenues pour notre étude et incluses dans cet indice sont les suivantes :
AVENTIS (France, industrie pharmaceutique), BAYER (Allemagne, industrie pharmaceutique,
agricole et chimique), DEXIA (Belgique, banque), SAINT GOBAIN (France, matériaux de
construction) et VEDIOR (Pays Bas, intérim).
„ AVENTIS
•
Dimension financière
AVENTIS est passé en 2002 du 10ème au 5ème rang mondial du secteur pharmaceutique.
Le chiffre d'affaires d' AVENTIS et l'EBE se sont accrûs considérablement en 2000 suite à la
fusion opérée en Décembre 1999 des groupes RHÔNE-POULENC et HOECHST. Le chiffre
d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 1999 et 2002.
Le REX et le résultat net du groupe se sont appréciés grâce aux synergies de la fusion. Le ROE se
positionne en 2002 à un niveau honorable (13,95%), approchant la norme de marché des 15%.
L’augmentation du ROE a été obtenue sans recours supplémentaire aux dettes financières qui ont
été réduites progressivement. Le fort levier de 1999 et 2000 est justifié par la fusion, ce paramètre
27/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
devient ensuite inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers est très bon. Le cours
boursier, après une forte hausse de sa valeur en 2000, a vu sa cadence d'augmentation ralentir pour
finalement observer un cours moyen diminué de 19% en 2002 sur EURONEXT. Le dividende s'est
accrû depuis 1999.
En millions d'€
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
2002
2001
2000
1999
1998
20 622,00
22 941,00
22 304,00
12 598,00
13 232,00
-10,11%
6 207,00
2,86%
6 422,00
77,04%
4 566,00
-4,79%
2 033,00
nd
2 623,00
-3,35%
3 919,00
40,65%
4 339,00
124,59%
2 104,00
-22,49%
217,00
nd
1 409,00
-9,68%
2 091,00
106,23%
1 505,00
869,59%
-147,00
-84,60%
-970,00
nd
644,00
38,94%
-1123,81%
-84,85%
-250,62%
nd
14 990,00
17 135,00
15 625,00
15 473,00
nd
18 353,00
24 118,00
24 433,00
29 495,00
27 121,00
32 632,00
26 807,00
30 566,00
nd
nd
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
25,74%
21,35%
13,95%
21,77%
17,76%
8,78%
13,99%
7,76%
-0,94%
6,65%
0,81%
-6,27%
nd
nd
nd
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
32,06%
65,49%
118,72%
119,54%
nd
4,98%
10,96%
17,63%
22,28%
14,79%
2002
2001
2000
1999
1998
62,65
73,10
78,02
89,53
65,99
77,61
44,64
51,09
nd
nd
67,88
-18,98%
83,78
16,68%
71,80
50,01%
47,87
nd
nd
nd
59,44
67,75
70,48
79,56
60,65
71,23
47,63
53,68
nd
nd
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
En €
Plus bas cours de l'année (EURONEXT)
Plus haut cours de l'année (EURONEXT)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur EURONEXT
Plus bas cours de l'année (NYSE)
Plus haut cours de l'année (NYSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur NYSE
Résultat net par action
Dividende versé par action
•
63,60
75,02
65,94
50,66
nd
-15,23%
13,77%
30,17%
nd
nd
2,64
1,91
-0,19
-2,49
1,75
0,70
0,58
0,50
0,45
0,61
Dimension humaine et sociale
AVENTIS estime que l’accès aux soins médicaux devrait être un des objectifs primordiaux de
chaque société. Le groupe a ainsi décidé de soutenir ce but sociétal par ses activités de production et
ses actions philanthropiques. Il a lancé en Juin 2002 une enquête d’opinion parmi tous ses salariés
du monde entier intitulée « Votre voix peut tout changer ». Le questionnaire soumis avait pour
28/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
objectif de mesurer la satisfaction des salariés concernant leurs conditions de travail. Le groupe
favorise également la participation de ses employés à la vie locale. Par exemple, des salariés de
l’usine de Kansas City (Missouri, Etats-Unis) prennent part à un programme de réhabilitation
d’habitations de quartiers défavorisés sur leur temps de travail en accord avec le groupe qui s’est
engagé dans cette opération baptisée « Noël en Octobre ».
•
Dimension environnementale
AVENTIS est un groupe chimique par définition et s’est engagé dans le respect du principe de
précaution en adoptant notamment les Principes pour le développement durable en chimie
(Sustainable Chemistry Principles). Le groupe minimise ainsi au maximum les éventuelles
répercussions sur l’environnement de la totalité des processus de fabrication des produits.
Le groupe fut malgré tout impliqué dans la mauvaise utilisation faite du maïs génétiquement
modifié StarLink commercialisé par sa filiale AVENTIS Cropscience (cédée à BAYER le 3 juin
2002). Après la découverte de la protéine Cry9C associée à StarLink dans des produits destinés à la
consommation humaine (céréales de petit déjeuner, …), AVENTIS fut l’objet de plaintes, de
demandes de remboursement et d’indemnisation. Ce maïs était censé n’être destiné qu’à la
consommation animale.
„ B AYER
•
Dimension financière
L'année 2000 fut pour le groupe l'année la plus faste en terme de croissance. Le chiffre d’affaires
s’est accrû plus fortement que le PIB seulement en 1998 et 2000. Les diverses rentabilités ont chuté
de 1998 à 2002, malgré une petite amélioration du ROE en 2002 due à un accroissement du résultat
net et à une légère baisse des fonds propres. Le levier financier est toujours inférieur à 1. Le ratio de
couverture des frais financiers est excellent. Le dividende a chuté de 3,08%.
29/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
En millions d'€
2002
Chiffre d'affaires
29 624,00
Evolution du chiffre d'affaires
-2,15%
Excédent brut d'exploitation
4 573,00
Evolution de l'excédent brut d'exploitation -10,25%
Résultat d'exploitation
1 260,00
Evolution du résultat d'exploitation
-51,14%
Résultat net
1 060,00
Evolution du résultat net
9,84%
2001
2000
1999
1998
30 275,00
30 971,00
27 320,00
28 062,00
-2,25%
5 095,00
13,36%
6 307,00
-2,64%
6 185,00
nd
9 139,00
-19,22%
2 579,00
1,97%
4 168,00
-32,32%
4 374,00
nd
7 596,00
-38,12%
965,00
-4,71%
1 816,00
-42,42%
2 002,00
nd
1 614,00
-46,86%
-9,29%
24,04%
nd
19 925,00
30 084,00
47 816,00
20 970,00
28 350,00
42 640,00
19 839,00
26 504,00
42 565,00
18 657,00
23 123,00
29 270,00
17 052,00
21 782,00
29 605,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
9,56%
4,19%
5,32%
11,95%
9,10%
4,60%
14,82%
15,73%
9,15%
21,13%
18,92%
10,73%
30,87%
34,87%
9,47%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
66,25%
43,61%
40,70%
29,42%
37,01%
9,82%
6,85%
4,93%
2,99%
1,96%
En €
Plus bas cours de l'année (DSE1)
Plus haut cours de l'année (DSE)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur DSE
2002
2001
2000
1999
1998
17,45
40,80
24,05
57,80
38,75
56,25
30,25
47,15
30,22
49,27
29,13
-28,83%
40,93
-13,84%
47,50
22,74%
38,70
-2,63%
39,75
nd
1,45
1,32
2,49
2,74
2,21
0,90
0,90
1,40
1,30
1,02
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
Résultat net par action
Dividende net versé par action
1
DSE : Düsseldorf Stock Exchange
•
Dimension humaine et sociale
BAYER a souscrit aux principes de développement durable qui inclut un engagement social à
travers le monde. Ainsi, le groupe a créé en 1993 une équipe junior de football au Brésil qui ne
promeut pas uniquement le développement social des jeunes mais aide aussi à leur éducation.
Il s’est engagé dans un code de bonne conduite dont les principes directeurs sont l’interdiction des
pratiques anti-compétitives, un engagement concernant l’emploi sécurisé des matériaux dangereux
et le respect des obligations éthiques lors du développement de l’ingénierie génétique.
•
Dimension environnementale
BAYER a depuis longtemps souscrit aux principes de fabriquer des produits compatibles avec
l’environnement et de s’assurer d’une utilisation sécurisée et parcimonieuse (sans excès) des
ressources naturelles. Le groupe a, sur les dix dernières années, réduit ses émissions de substances
30/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
nuisibles de 40 à 70%. Sur la même période, il a fait chuter sa consommation d’énergie de 30% et
ses déchets solides de 25%.
Cependant, BAYER a failli en 2002 à sa mission d’acteur de « santé durable ». Le groupe fut
ébranlé par les nombreuses plaintes (700 en France) déposées à travers le monde par les patients et
familles de victimes décédées suite à un traitement par un anti-cholestérol commercialisé par le
géant pharmaceutique. BAYER fut accusé d’avoir exercé des pressions commerciales auprès des
prescripteurs, au vu de l’importance des doses prescrites, au risque de mettre en danger la santé des
patients et d’avoir pris trop tardivement des mesures de retrait de ce médicament.
„ DEXIA
•
Dimension financière
En millions d'€
Produit net bancaire
Evolution du produit net bancaire
Coûts
Evolution des coûts
Résultat brut d'exploitation
Evolution du résultat brut d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
Fonds propres prudentiels (Tier 1)
Capital investi
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
En €
Plus bas cours de l'année (Paris)
Plus haut cours de l'année (Paris)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur Paris
Plus bas cours de l'année (Bruxelles)
Plus haut cours de l'année (Bruxelles)
Moyenne
Evolution du cours moyen sur Bruxelles
Résultat net par action
Dividende net versé par action
2
2002
2001
2000
1999
1998
5 165,00
5 665,00
3 579,00
3 165,00
2 593,00
-8,83%
3 045,00
58,28%
3 371,00
13,08%
2 081,00
22,06%
1 716,00
nd
1 455,00
-9,67%
2 120,00
61,99%
2 294,00
21,27%
1 678,00
17,94%
1 449,00
nd
1 138,00
-7,59%
1 299,00
36,71%
1 426,00
15,80%
1 001,00
27,33%
761,00
nd
605,00
-8,91%
42,46%
31,54%
25,79%
nd
11,70
11,90
322 298,00 273 159,00
7,20
205 054,00
8,60
7,70
192 198,00 151 472,00
9,30%
9,30%
9,30%
9,00%
9,60%
16,10%
18,70%
17,70%
15,70%
14,00%
2002
2001 1
2000
1999
1998
8,22
18,95
13,12
19,55
128,40
195,90
110,10
166,90
101,68
141,02
13,59
-16,84%
16,34
-89,93%
162,15
17,08%
138,50
14,13%
121,35
nd
8,21
18,98
13,02
19,50
127,65
194,00
124,90
157,00
120,10
157,91
13,60
-16,39%
16,26
-89,89%
160,83
14,10%
140,95
1,40%
139,01
nd
1,13
1,25
11,50
9,82
8,52
0,41
0,36
3,22
2,93
nd
31/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
Le produit net bancaire, le résultat brut d’exploitation et le résultat net se sont fortement appréciés
sauf en 2002 et surtout en 2001 grâce à des opérations de croissance externe. Le produit net
bancaire s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. Le ROE demeure satisfaisant. DEXIA
a renforcé ses fonds propres prudentiels de 11,03% en moyenne. Son ratio de solvabilité (Capital
Adequacy Ratio) s’est apprécié (sauf en 2000) passant de 10,7% à 13%. Le BNPA et le dividende
après s’être envolés ont chuté en 2001, conséquence de la division du nominal des actions, et restent
bas en 2002. Si la division n’avait pas eu lieu, le dividende aurait progressé sur 2001 et 2002.
1
après division du nominal par 10 en date du 6 juin 2001
•
2
après prélèvement du précompte mobilier belge
Dimension humaine et sociale
DEXIA applique des principes déontologiques stricts dont l’un des buts primordiaux est de ne
participer, directement ou indirectement, à aucune opération de blanchiment d’argent sale. A cet
effet, le groupe bancaire ne présente aucune filiale dans un pays mentionné sur la liste officielle des
pays non coopératifs du GAFI (Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux).
Le groupe a mis en place des séminaires Discovering Dexia à destination de tous ses salariés dont
l’objectif est de faire se rencontrer les employés de tous horizons et de renforcer le sentiment
d’appartenance au groupe. Plus de 600 collaborateurs ont pris part aux sessions organisées en 2002.
•
Dimension environnementale
DEXIA se positionne comme « la banque du développement durable ». Le groupe encourage très
fortement financièrement l’utilisation des modes de transport peu ou pas polluants (covoiturage,
transports en commun, etc.). Un prix lui a été décerné en 2002 par la région de Bruxelles-Capitale
pour ses efforts dans la mobilisation de son personnel à emprunter leur vélo pour se rendre sur leur
lieu de travail. La collecte et le tri des déchets voués à être recyclés (papiers, cartons, divers) et
l’utilisation de liquide de climatisation sans gaz fréon font désormais partie des mœurs courantes
professionnelles des différents établissements relevant du groupe DEXIA.
32/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
„ SAINT GOBAIN
•
Dimension financière
En millions d'€
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
2002
2001
30 274,00
30 390,00
28 815,00 22 952,00
17 821,00
-0,38%
4 185,00
5,47%
4 317,00
25,54%
4 324,00
28,79%
3 747,00
nd
2 912,00
-3,06%
2 582,00
-0,16%
2 681,00
15,40%
2 693,00
28,67%
2 314,00
nd
1 776,00
-3,69%
1 040,00
-0,45%
1 134,00
16,38%
1 517,00
30,29%
1 226,00
nd
1 097,00
-8,29%
-25,25%
23,74%
11,76%
nd
13 633,00
20 358,00
32 648,00
14 115,00
20 353,00
33 104,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
12,82%
13,04%
13,50%
13,48%
13,66%
12,68%
7,63%
13,17%
8,03%
13,27%
11,29%
13,13%
9,72%
12,51%
9,82%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
59,43%
52,31%
62,91%
52,47%
34,52%
9,01%
9,10%
9,78%
5,34%
6,63%
2001
32,05
45,00
38,53
-1,28%
2000
29,13
48,93
39,03
6,55%
1999
25,78
47,48
36,63
3,83%
1998
24,93
45,62
35,27
nd
3,33
1,13
4,45
1,08
3,51
0,90
3,04
0,80
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
En €
20021
18,57
Plus bas cours de l'année (EURONEXT)
Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 49,05
Moyenne
33,81
Evolution du cours moyen sur EURONEXT -12,24%
Résultat net par action
Dividende net versé par action
1
3,05
1,13
2000
1999
13 439,00 12 616,00
20 297,00 17 621,00
32 038,00 27 807,00
1998
11 173,00
14 200,00
21 312,00
après division du nominal par 4 en date du 27 juin 2002
Depuis 1999, le chiffre d'affaires a vu sa cadence de croissance ralentir et devient inférieur en 2002
à son niveau de 2001. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en 2002. La
croissance de l'EBE a été de même ralentie. Par contre, le REX et le résultat net du groupe se
positionnent depuis 2001 en baisse au-dessous des niveaux observés en 2000. La rentabilité
financière se maintient au cours du temps avec un pic en 2000. Cette stabilité est due
principalement à l'augmentation soutenue des dettes financières qui se sont accrues de 22,09% en
moyenne. A contrario, le ROE se dégrade depuis 2000. Le ROE reste au-dessous de la norme de
marché des 15% et ne l'a « approchée » qu'en 2000. Le levier financier est toujours inférieur à 1. Le
ratio de couverture des frais financiers est excellent. Le dividende payé en 2001 et 2002 est
33/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
demeuré constant et supérieur à celui de 2000. Le groupe ne verse pas l'intégralité du résultat net
disponible pour les shareholders et préfère affecter en report à nouveau plus des deux tiers du
résultat net par action (consolidant ainsi ses capitaux propres dans un souci de constituer une
réserve supplémentaire destinée à couvrir les risques liés à son exploitation). Le cours boursier s'est
maintenu en 2001 mais l'action a connu la plus forte baisse de sa valeur en bourse en 2002.
•
Dimension humaine et sociale
Le conseil d’administration de SAINT GOBAIN a désiré consigner de façon formelle les principes
directeurs de l’action du groupe se déclinant en principes de comportement (engagement
professionnel, respect des personnes, intégrité, loyauté et solidarité) et en principes d’action (respect
de la légalité, de l’environnement, de la santé et de la sécurité du travail, des droits des employés).
SAINT GOBAIN a développé ses propres structures de formation de son personnel avec
l’Université du Verre créée en 1985, qui a accueilli 134 étudiants en 2002, et dont le but est
d’accroître les avantages compétitifs du groupe. SAINT GOBAIN a de plus fondé un centre de
formation, l’école Point.P en 1996, destiné à la bonification des relations commerciales. Il offre des
service à ses salariés tels que l’accompagnement dans l’évaluation et la réalisation de projets
personnels, l’aide à la mobilité interne pour les non-cadres, le suivi éventuel d’un conjoint ou d’un
enfant, etc.
•
Dimension environnementale
SAINT GOBAIN a adopté le programme EHS (Environnement, Hygiène et Sécurité). Dans ce
cadre, chaque branche dispose d’une ou plusieurs personnes dédiée(s) au respect de l’application
des principes et une fois par an les « Diamants de la Santé Sécurité » sont décernés aux unités
affichant les meilleurs résultats et les bonnes pratiques de ces entités sont diffusées au sein de
l’ensemble du groupe. SAINT GOBAIN veille également grâce à ses équipes de R&D à
l’amélioration des performances environnementales des procédés de fabrication des verres.
L’accent est mis sur les recherches permettant de réduire les oxydes d’azote (NOx) et les émissions
de dioxydes de carbone (CO2).
34/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
Nous rappelons cependant que SAINT GOBAIN doit encore faire face à des problématiques
d’indemnisation émanant d’anciens ouvriers de ses usines d’amiante à travers le monde. De plus, si
ce matériau fut cessé d’être utilisé, produit et vendu dès Juillet 1996 en France, ce n’est que l’année
dernière que SAINT GOBAIN a fermé ces usines au Brésil.
„ VEDIOR
•
Dimension financière
En millions d'€
Chiffre d'affaires
Evolution du chiffre d'affaires
Excédent brut d'exploitation
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Résultat d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Résultat net
Evolution du résultat net
2002
2001
2000
1999
1998
6 154,00
6 766,00
6 584,00
4 057,00
4 037,00
-9,05%
229,00
2,76%
321,00
62,29%
344,00
0,50%
185,00
nd
194,00
-28,66%
178,00
-6,69%
267,00
85,95%
297,00
-4,64%
159,00
nd
165,00
-33,33%
-200,00
-10,10%
-143,00
86,79%
-139,00
-3,64%
419,00
nd
102,00
39,86%
2,88%
-133,17%
310,78%
nd
Fonds propres
Capital investi
Actif économique
1 023,00
1 792,00
2 618,00
1 260,00
2 120,00
2 216,00
717,00
2 282,00
3 104,00
752,00
2 249,00
974,00
293,00
335,00
393,00
Rentabilité économique
Rentabilité financière
Rentabilité des fonds propres
8,75%
9,93%
-19,55%
14,49%
12,59%
-11,35%
11,08%
13,01%
-19,39%
18,99%
7,07%
55,72%
49,36%
49,25%
34,81%
Levier financier
Frais financiers nets / EBE
81,55%
75,04%
260,40%
223,43%
16,15%
24,02%
25,23%
30,23%
6,49%
2,58%
2001
2000
1999
1998
8,50
15,50
8,50
18,50
9,90
22,85
nd
nd
12,00
-11,11%
13,50
-17,56%
16,38
nd
nd
nd
0,84
1,04
0,98
nd
En €
2002
Plus bas cours de l'année (EURONEXT)
4
Plus haut cours de l'année (EURONEXT) 16,50
Moyenne
10,25
Evolution du cours moyen sur EURONEXT -14,58%
Dividende net versé par action
0,46
La croissance du chiffre d'affaires a réalisé un bond formidable en 2000 dû à l’entrée dans le groupe
de la société SELECT en Novembre 1999 mais la croissance est retombée immédiatement et se
transforme en récession en 2002. Le chiffre d’affaires s’est accrû plus fortement que le PIB sauf en
1999 et 2002. L' EBE s'est également très fortement accrû et a été contracté en 2001 et davantage en
2002. Le REX a chuté à partir de 2001. Les pertes nettes ne cessent de s'accentuer après le profit
remarquable observé en 1999. Le très fort levier financier (supérieur à 2) de 1999 et 2000 est dû aux
35/78
UNE ENTREPRISE ETHIQUE
EST - ELLE RENTABLE ?
Céline DESAPHIS
Lanxin ZHANG
acquisitions réalisées, il devient ensuite inférieur à 1. Le ratio de couverture des frais financiers se
maintient dans la zone de surveillance (entre 20% et 40%).
Le ROCE est cyclique et fluctue d'une année sur l'autre : une bonne année faisant suite à une année
plus difficile et ainsi de suite. La tendance globale reste malgré tout baissière. La rentabilité
financière a chuté depuis 2000. VEDIOR a recouru massivement à l'endettement en 2000 pour
assurer sa croissance multipliant par 9,7 son endettement moyen/long terme.
Le ROE ressort négatif de 2000 à 2002, le résultat net étant négatif, après de très bons résultats en
1998 et 1999. Les actionnaires ont continué de recevoir un dividende, quoique faible, en 2002 et
2001 malgré les pertes réalisées. Le cours boursier de l'action suit un trend baissier peu pentu.
•
Dimension humaine et sociale
VEDIOR s'est doté d'un code de conduite (Code of Conduct) et d'un rapport de responsabilité
sociale et sociétale (Corporate Social Responsibility Statement). Les points évoqués dans ces
documents sont entre autres la lutte contre la corruption, la discrimination ou le harcèlement sexuel.
VEDIOR considère la pluralité culturelle et ethnique de ses collaborateurs comme un avantage
compétitif et les encourage à se comporter comme des citoyens respectables. Le groupe aide
également financièrement des associations caritatives.
•
Dimension environnementale
VEDIOR est un prestataire de services et non un producteur de biens. Cela ne l'empêche pas de
consommer des ressources naturelles. Le groupe apprécie donc les effets bénéfiques des actions
menées en faveur de la réduction de la consommation de ces ressources et encourage les diverses
sociétés constitutives du groupe à rechercher des alternatives plus écologiques et à participer
activement à toutes les actions de recyclage possibles.
1.1.4 – Synthèse des performances et critiques
Nous avons analysé ci-dessus la performance financière des sociétés incluses dans des indices
éthiques. Nous avons choisi des entreprises dont les activités se classent dans différents domaines et
dont le siège se situe dans différents pays afin de minimiser les biais. La conclusion de notre
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analyse est que les entreprises respectant les dimensions sociale et environnementale ont bien une
création de valeur supplémentaire sur le moyen/long terme. L’horizon temporel d’étude concorde
avec la création des indices éthiques et donc avec l’entrée des entreprises observées dans ces
indices. Ces dernières ont depuis amélioré significativement leurs diverses rentabilités. En effet,
leurs ventes et profit ont progressé durablement dans le temps, leurs rendements sur l’actif
économique et sur les capitaux engagés ont augmenté et leur retour aux actionnaires s’est amélioré.
Nous considérons que la mauvaise performance de ces sociétés en 2001 due à une récession
économique (qui a touché particulièrement l’industrie informatique et l’assurance) fut
exceptionnelle.
Evolution du chiffre d'affaires
Evolution de l'excédent brut d'exploitation
Evolution du résultat d'exploitation
Evolution du résultat net
Evolution de la rentabilité économique
Evolution de la rentabilité financière
Evolution de la rentabilité des fonds propres
Note : les pourcentages représentent la proportion de
2002
2001
2000
1999
MOYENNE
53,33%
50,00%
41,67%
46,67%
50,00%
46,67%
73,33%
33,33%
41,67%
46,67%
16,67%
26,67%
93,33%
83,33%
75,00%
73,33%
63,64%
46,67%
86,67%
63,64%
58,33%
73,33%
55,56%
50,00%
76,67%
57,58%
54,17%
60,00%
46,46%
42,50%
53,33%
33,33%
66,67%
57,14%
52,62%
groupes parmi l’échantillon ayant eu sur l’année considérée une
évolution positive ou nulle des indicateurs de création de valeur.
5 des 7 indicateurs observés ont évolué favorablement en moyenne sur l’ensemble de la période.
Il est cependant possible de noter que certaines entreprises étudiées appartiennent à des secteurs
industriels et pourraient de prime abord n’être pas considérées comme des EE car polluantes
(industrie automobile, industrie chimique, …). L’inclusion de ces entreprises dans les indices
éthiques se justifie par le fait que dans un monde où le consommateur exprime des besoins
multiples en biens et en services, un indice éthique doit être composé des sociétés fournissant ces
produits de la manière la plus respectueuse (des ressources naturelles et humaines) possible.
L’approche retenue est qualifiée de « best-in-class » (« premiers de la classe »).
Il est aussi possible de reprocher à ces indices de ne contenir que de grosses sociétés cotées. En
effet, il peut être plus aisé, dans une petite structure, de favoriser l’adoption d’une stratégie
d’entreprise écologiquement et socialement responsable de par les moyens plus rapides d’accès à la
gestion de l’entreprise pour les apporteurs de fonds, les collaborateurs et les clients.
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Les critères environnementaux et sociaux appliqués peuvent également prêter à débats car ils
peuvent être évalués et interprétés différemment : le subjectif intervient alors fortement dans la
décision d’inclure ou non une société dans un indice éthique.
Enfin, la performance financière, voire la surperformance des benchmarks, étant recherchée pour un
indice éthique, il est difficile de se priver d’une entreprise présentant un bon retour sur
investissement, les résultats des audits sociaux et environnementaux pouvant alors être interprétés
de manière plus élogieuse pour justifier l’inclusion.
1.2 – La performance des principaux portefeuilles de fonds éthiques
1.2.1 – Le développement des fonds éthiques et les critères de choix
Les placements éthiques sont apparus aux Etats-Unis dans l’entre deux guerres. Le premier fonds
éthique français, «Nouvelle Stratégie 50», fut créé en 1983 par la Financière MEESCHAERT sous
l’impulsion de sœur Nicole REILLE. Ce fonds fut d’abord proposé aux congrégations religieuses.
Les actifs étaient sélectionnés sur des critères éthiques. Les investisseurs se diversifièrent
rapidement (investisseurs institutionnels et particuliers, gestionnaires de fonds de pension) et les
fonds éthiques se multiplièrent.
Aujourd’hui, l’investissement socialement responsable représente :
•
plus de 2 500 milliards de dollars aux Etats-Unis avec 160 fonds de placement, soit
2 225 milliards d’euros,
•
près de 48 milliards de livres sterling au Royaume-Uni avec 34 fonds
d’investissement, soit 69 milliards d’euros,
•
plus de 430 millions de francs suisses en Suisse, soit 277 millions d’euros.
Aujourd’hui, chaque institution gérant des fonds éthiques utilise des critères qui lui sont propres
pour créer et gérer ses fonds. Ils sont cependant tous basés sur des critères négatifs, également
appelés critères d’exclusion, et des critères positifs (critères d’inclusion).
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Les critères négatifs (ou critères d’exclusion)
Certains comportements ou activités sont considérés comme nuisibles au bon développement de la
société et c’est sur cette base que de nombreuses entreprises, dans le cas où elles sont actives dans
une trop grande mesure dans le domaine en question, vont être exclues des fonds éthiques. Donc en
principe, aucune entreprise active ou franchement impliquée dans l’armement, le nucléaire, le tabac,
le jeu, l’alcool, les OGM et la pornographie n’entre dans un fonds éthique.
Les fonds éthiques excluent également les entreprises dont les comportements sont manifestement
contraires aux droits de l’homme.
•
Les critères positifs (ou critères d’inclusion)
Par opposition, les critères positifs sont utilisés pour évaluer l’impact ou le comportement de la
compagnie dans une sphère bien définie. L’évaluation est généralement exprimée par un « rating »
donné à la compagnie pour chaque critère. Les critères positifs peuvent être divisés en deux
catégories : les critères environnementaux et les critères sociaux.
Les critères environnementaux
Par critères environnementaux, on entend les principes, stratégies et politiques environnementaux,
les systèmes de management environnemental, les certifications (ISO14000, EMAS), l’écoefficience, les mesures prises pour réduire l’impact environnemental, les produits innovants.
Les critères sociaux
Par critères sociaux, on entend la politique sociale, le niveau des salaires, la participation des
employés, les relations avec les syndicats, les droits de l’homme, les relations entretenues avec les
pays en voie de développement, l’éthique des affaires, l’engagement dans la communauté, les
pratiques de «Corporate Governance» (gouvernement d’entreprise), l’ouverture et la transparence.
1.2.2 – La conclusion des recherches récentes sur la performance des fonds
éthiques
Les portefeuilles de fonds éthiques sont-ils plus ou moins performants que les portefeuilles de fonds
traditionnels (« non screened funds ») ? Certains investisseurs estiment que les fonds éthiques sous
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performent les fonds traditionnels. Pour eux, les critères d’éligibilité (exclusion, inclusion) des
valeurs qui composent ces fonds peuvent conduire à l’élimination de certains secteurs d’activité ou
sociétés et de ce fait entraîner une sur/sous exposition de certains pays, industries ou types
d’entreprises (faibles ou fortes capitalisations boursières, gestion croissance ou valeur) dans ces
fonds.
L’éventail de choix d’investissement des fonds éthiques est souvent plus étroit que celui des fonds
traditionnels. Certains investisseurs en concluent que le rendement des fonds éthiques est plus
volatil et génère plus de risque. Les doutes sur la performance des fonds éthiques sont-ils fondés ?
Les bases de données actuellement disponibles aux Etats-Unis montrent une performance financière
très semblable des fonds éthiques par rapport aux portefeuilles traditionnels comparables.
Sur le marché britannique, les études menées par LUTHER, MATATKO et CORNER en 1992,
comparant les fonds éthiques aux indices traditionnels, ont même montré que des fonds éthiques
tendent à surperformer les indices traditionnels. Une étude plus récente menée par BAUER,
KOEDIJK et OTTEN en 2002 a initié la théorie suivante : les fonds éthiques aux Etats-Unis et en
Allemagne ont connu une phase d’apprentissage pendant laquelle leur performance est restée bien
inférieure à celle des fonds traditionnels (début des années 90). Une décennie plus tard (fin des
années 90, début 2000), les performances étaient identiques.
Un autre groupe d'études a analysé les politiques de choix en matière de constitution des fonds
éthiques : par exemple les managers des fonds éthiques au Royaume-Uni ont tendance à plutôt
investir dans de petites sociétés. Certaines études aux Etats-Unis interprètent la bonne performance
d’indices éthiques par les choix stratégiques dans tel ou tel secteur d’activité. DIBARTOLOMEO
en 1996, GUERARD et KURTS en 1997, proclament que c’est grâce à l’utilisation du critère de
croissance des entreprises (celles ayant un ratio P/E, price to book ou price to cash flow élevé) que
les fonds éthiques ont une bonne performance et non grâce à l’effet positif des principes SRI.
En conclusion, les bases de données actuellement disponibles montrent bien que la performance
financière des fonds éthiques est très semblable à celle des portefeuilles traditionnels comparables.
Les études les plus récentes cherchent à savoir si les différences de performance doivent être
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attribuées aux politiques socialement responsables plutôt qu’au choix de certains secteurs d’activité
(pour le moment, il n’y pas de conclusion claire et solide).
1.2.3 – La performance des fonds éthiques européens sur les trois dernières
années
La plupart des conclusions académiques citées dans le paragraphe précédent se rapportent aux fonds
éthiques anglo-saxons. Cette section sera consacrée à l'analyse du comportement de risque/retour
des plus grands fonds SRI en Europe (basée sur des gestions d’actifs) au cours des trois dernières
années, jusqu’au 31 Octobre 2002. Une réelle analyse de la performance ne doit s’appuyer que sur
la comparaison de fonds de même nature : instruments financiers identiques (obligations, actions,
convertibles, etc.), pays identiques et secteurs d’activité identiques. Pour établir une classification
appropriée, les fonds ont été assignés à une des trois catégories suivantes :
•
Fonds d’obligations
•
Fonds d’actions Europe
•
Fonds d’actions internationales
•
Fonds d’obligations
Après l’éclatement de la bulle informatique début 2002, les marchés boursiers sont entrés dans une
phase de déprime dont ils ne sont toujours pas complètement sortis à ce jour. Les fonds
d’obligations se sont avérés être une alternative moins risquée aux fonds d’actions, avec un
rendement plus élevé. Parmi ces fonds d’obligations, le fonds CDC Ixis AM Nord Sud
Développement constitue une exception et a obtenu le meilleur rendement (+23.4%). Il a également
surperformé le Salomon WGBI (+19%), un des principaux indicateurs des marchés internationaux
d‘obligations. Sur la même période, les investisseurs de ce fonds ont moins souffert de la volatilité
(5.1%) que les marchés internationaux d’obligations : 7,1% en moyenne (mesuré par le Salomon
WGBI).
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•
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Fonds d’actions Europe
La performance des fonds d’actions Europe au cours des trois dernières années a été très négative.
Elle oscille de -51.9% (Banco Humanfond Se) à +1% (Friends Provident Stewardship).
Remarque : la performance positive de ce fonds est une exception dans cette catégorie et est
partiellement due à la politique d'investissement spécifique de ce fonds dans des actions
britanniques très particulières d’entreprises de petite et moyenne taille.
En évaluant la performance du fonds Banco Fonder AB, rappelons qu’il investit principalement sur
la bourse suédoise, qui a perdu plus que le marché européen global (MSCI Nordic Countries, par
exemple, a enregistré une perte de -35,6% sur les trois dernières années, alors que le MSCI Europe
a accusé -28,9% sur la même période). Les mêmes règles s'appliquent à la volatilité des fonds :
Banco Humanfond fut le fonds d’actions européen le plus volatil de la période (31.3%) et les pays
nordiques sont les marchés les plus volatils d’Europe (volatilité de 34.7% pour MSCI Nordic
Countries). Ceci est dû à l'impact des difficultés rencontrées par quelques géants des
télécommunications (principalement NOKIA et ERICSSON).
•
Fonds d’actions internationales
La performance des fonds d’actions globaux sur les trois années précédentes varie de -42,4%
(Sanpaolo Azionario Internazionale Etico) à -1,4% (la banque Sarasin&Cie. Oeko Vision). La forte
surperformance de ce dernier est principalement due à son fort investissement dans des sociétés de
petite ou moyenne taille. Tandis que les fonds MSCI ont perdu presque 32% de leur valeur sur les
trois dernières années, son segment regroupant les petites capitalisations boursières (MSCI World
Small Caps) a fortement surperformé l'indice général, limitant ses pertes à seulement 2%.
Une caractéristique très importante du marché SRI d’aujourd’hui est le comportement particulier du
couple risque/retour de ces fonds. L'éventail de fonds socialement responsables disponibles en
Europe pourrait facilement satisfaire chaque investisseur potentiel avec ses préférences en termes de
couple risque/retour, permettant ainsi à chacun de choisir un produit en conformité avec ses
espérances.
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2 – La conciliation entre la rentabilité et l’éthique
Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, une EE est une entreprise qui respecte les
principes du développement durable.
Les principes du développement durable érigent la responsabilité économique comme la première
préoccupation d’une EE. La réalisation des objectifs humains (sociaux) et environnementaux ne
contrarie pas la réalisation d’une performance financière supérieure car bien au contraire, une
entreprise ayant une performance économique supérieure dispose de plus de moyens à mettre en
œuvre afin de poursuivre ses actions de responsabilités humaine et environnementale. En effet,
« quelle entreprise peut plus aisément protéger l’environnement que celle qui crée de la valeur ? ».
2.1 – La recherche de la performance durable
La notion de création de valeur se décline en quatre principes :
•
les pourvoyeurs de fonds propres investissent en évaluant le retour sur leur mise initiale,
• l’entreprise raisonne en termes de retour sur investissement,
• le retour sur capitaux employés, ou performance attendue, comme défini auparavant, est le
produit d’une rentabilité opérationnelle rapportée au chiffre d’affaires par la rotation des
capitaux,
•
tout collaborateur doit générer une variation positive de la valeur grâce à son bon
comportement professionnel.
Le dégagement d’un profit opérationnel couplé à une dynamique de croissance est la garantie d’une
création de valeur durable. Cette dernière, pour être viable, doit être complétée par des
investissements en capital humain et en technologies et par une équipe d’encadrement qui recherche
les performances dans la durée dans une perspective de progrès de l’entreprise.
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2.2 – Les moyens d’action en faveur d’une valeur économique durable
La valeur durable créée pour l’actionnaire est un bon résultat au-delà de la charge du capital investi
(montant du capital investi multiplié par son coût). Elle est mesurée par la valeur économique créée
(VEC) ou Economic Value Added (EVA®), concept développé par le cabinet STERN-STEWART.
L’EVA est un indicateur de mesure de performance interne qui permet de sélectionner les
possibilités d’investissement qui présentent le potentiel le plus élevé.
Les éléments à déterminer afin de calculer la valeur économique créée sont le REX minoré de
l’impôt et avant frais financiers (REMI), le coût du capital (kC) et les capitaux investis (CI).
VEC = REMI – kC x CI
Après neutralisation du coût du capital et prise en considération de l’activité (exprimée en termes de
chiffre d’affaires CA), on aboutit à :
REMI / CI = REMI / CA x CA / CI = rentabilité opérationnelle x rotation des capitaux
La performance en VEC par rapport aux capitaux employés est le résultat de deux moteurs, celui de
la rentabilité opérationnelle et celui de la rotation des capitaux.
Pour augmenter la valeur créée de façon durable, on peut, par conséquent, utiliser les leviers
suivants illustrés dans le graphique de l’arbre de la création de valeur ci-après :
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Développement
durable
Clients
éthiquement
satisfaits
Energie
Pollution
Matière
Emploi social
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Chacun doit se retrouver sur l'arbre de la création de valeur
Décrocher un contrat
Assurer une qualité irréprochable
(produit/service)
Sur satisfaire les clients
1ère source
de valeur :
rentabilité
opérationnelle
Maintenir la marge
Réduire les coûts
Gagner en productivité
(mat.& main d'œuvre)
Actifs moins polluants
Investissements
préservant
l'environnement
Résultat
opérationnel
Céder des actifs
Investir au plus juste Immobilisations
Choix de fournisseurs
éthiques…
2ème source
de valeur :
rotation des
capitaux
Réduire les stocks
Livrer juste à temps
Encaisser les créances
Négocier les conditions
fournisseurs
Risk management
Corporate Governance
Activité
Besoin en fonds
de roulement
Contrôle interne et
organisation optimisée
Coût des
Meilleure communication capitaux propres
auprès des stakeholders, Coût des dettes
des groupes d'opinion et
des bailleurs de fonds
3ème source
de valeur :
REMI/CI
supérieur au
coût du capital
Source du graphique (modifié et amélioré): Développement durable, pour une entreprise
compétitive et responsable, page 69
La valeur économique créée au cours d’une période t ou EVAt peut être également formalisée de la
façon suivante :
EVAt = (ret-kt) * Ct
ret est la rentabilité économique des capitaux investis en t,
kt est le coût moyen pondéré des ressources financières et
Ct représente le montant des capitaux investis en t.
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où
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Les actions suivantes permettent d’améliorer la valeur économique créée :
•
Augmenter la rentabilité économique des capitaux investis par une variation positive :
-
des ventes,
-
du résultat opérationnel (gain de productivité et/ou réduction des coûts de
fonctionnement),
-
de l’investissement dans des projets dont la rentabilité du capital employé sera
supérieure à son coût.
•
Abaisser le coût moyen pondéré des ressources financières :
-
grâce à l’effet de levier consistant à optimiser l’endettement par rapport aux fonds
propres et à leur coût, tout en évitant l’effet massue matérialisé par un coût financier
apparent de l’endettement (résultat financier) supérieur au REX,
-
en élaborant une meilleure gestion du risque et une meilleure communication à
destination des apporteurs de fonds (actionnaires et banquiers).
•
Diminuer le montant des capitaux investis par des cessions d’immobilisations non
nécessaires à l’activité et une diminution du besoin en financement d’exploitation, en
optimisant les stocks et les en-cours, les créances clients et les dettes fournisseurs. Ceci
conduit à établir un partenariat solide avec les clients et les fournisseurs sur une base de
gagnant-gagnant.
SYNTHESE DE LA SECTION 1
Comme nous l’avons abordé dans les parties précédentes, beaucoup d’études démontrent qu’il n’y a
pas de différence significative entre la performance des fonds/indices éthiques et celle des
fonds/indices traditionnels. Les bases de données historiques indiquent également que les
performances des deux types d’investissement sont très proches et que les fonds/indices éthiques
sont même souvent plus performants que leurs benchmarks financiers comparables. De ce fait, nous
en concluons qu’il ne coûtera pas plus cher, pour les investisseurs et pour les gestionnaires de fonds,
d’investir
dans
les
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fonds/indices
éthiques.
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SECTION 2 – L’ INTEGRATION DE L’ ENTREPRISE DANS SON
ENVIRONNEMENT GLOBAL : UN FACTEUR D’ EXCELLENCE
La rentabilité financière est longtemps apparue comme l’unique référence pour un investisseur afin
de choisir parmi plusieurs placements. Aujourd’hui, la seule prise en compte de la performance
financière n’est plus suffisante même si elle conserve son caractère essentiel dans le processus de
décision d’investissement.
Les principes de la Corporate Governance et du développement durable recommandent de prendre
en considération les cinq catégories de stakeholders suivantes : actionnaires, collaborateurs, clients
et fournisseurs, société civile et environnement naturel afin d’apprécier et d’appréhender une
entreprise dans sa globalité. Une autre approche du développement durable consiste à appréhender
une comptabilité triple (triple bottom line) ou trois piliers : les 3P (People, Planet, Profit).
D’après 65% d’investisseurs institutionnels, une performance globale additionnelle peut être
dégagée par une entreprise si elle réussit à développer des synergies impliquant tous les partenaires
afin d’améliorer les échanges en vue d’une émulation collective. Ainsi, la valeur d’une entreprise
est qualifiée de supérieure si elle peut faire la preuve de la prise en compte des trois dimensions
financière, sociale et environnementale.
Après avoir explicité les raisons de la création de valeur supplémentaire des EE, nous nous
intéresserons aux modifications de leur stratégie suite à leur adhésion aux principes de
développement durable. En reclassant les parties prenantes en shareholders et autres stakeholders,
nous mettrons en évidence le glissement de la prépondérance de la valeur actionnariale vers la
valeur partenariale.
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1 – Les raisons de la création de valeur supplémentaire des entreprises
éthiques
1.1 – Un actionnariat fidélisé
Les actionnaires qui investissent dans les fonds éthiques désirent obtenir un bon rendement de leur
placement tout en s’assurant de la destination et de l’utilisation réelle qui sera faite de leur argent.
Leurs investissements seront fonction de leurs valeurs et de leurs convictions. Les fonds éthiques se
positionnent sur une logique de développement durable, ce qui séduit d’autant plus l’actionnaire qui
recherche la pérennité de ses investissements et se laissera volontiers envahir par un sentiment
d’affectio societatis. Le cercle vertueux du développement durable est alors amorcé.
Les actionnaires individuels sont fidélisés par des mesures en leur faveur tels que des centres de
diffusion de l’information financière appelés aussi clubs des actionnaires, l’organisation de
rencontres d’actionnaires individuels avec les principaux dirigeants de la société, un site internet
dédié à l’actionnariat, des numéros téléphoniques gratuits, des courriers régulièrement envoyés
concernant l’actualité de la société, etc. DEXIA se pose en référence dans tous ces domaines et
74% de ses actionnaires disent intégrer le développement durable comme paramètre de leur choix
d’investissement dans une valeur. Le groupe DEXIA se positionnant comme « la banque du
développement durable », l’ensemble de ses actionnaires, sensibilisés à cette problématique, n’ont
pas tenu rigueur à l’entreprise de ses difficultés en 2002 et ont privilégié le statut quo à une vente
des titres (depuis le début de l’année 2002, seuls 17% des actionnaires ont vendu des titres).
« Un comportement socialement et économiquement responsable permettant d’être mieux armé
pour vivre une croissance durable, est nécessairement plus rentable sur le long terme, d’où la
confiance des investisseurs. ».
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1.2 – Ne pas être éthique peut conduire au boycott des consommateurs des
produits commercialisés par l’entreprise
Les consommateurs ou « consom’acteurs » ont désormais « le dessus » sur les entreprises qui
manquent à leurs obligations morales. Ils n’hésitent pas à pénaliser ces dernières en les boycottant
ouvertement. En Europe, la campagne « clean clothes » a été lancée en 1999 contre certaines
entreprises du secteur textile (NIKE, ADIDAS, GAP) et fut soutenue par les ONG. Le textile est en
France le 2ème type de produits (derrière l’alimentation) pour lequel il est important d’obtenir des
engagements de citoyenneté de la part des entreprises avec 17% d’avis des sondés.
Les consommateurs français estiment que l’éthique est importante voire essentielle dans leurs
comportements d’achat à 57%. L’enquête du CREDOC « La consommation engagée» diffusée le
1er Décembre 2002 révèle que 9 interrogés sur 10 se déclarent disposés à boycotter les biens
produits par une entreprise qui ne se soucierait pas de ses obligations envers ses salariés ou envers
l’écosystème.
Cette tendance à l’achat éthique est de même observée parmi les investisseurs institutionnels qui
privilégient les investissements éthiques, c’est-à-dire les placements visant un double objectif : la
performance financière et la recherche de l’amélioration du monde dans lequel nous évoluons. La
devise de ces investisseurs peut être résumée ainsi : « investing for a better world ».
Pour une rentabilité à long terme égale ou supérieure des investissements socialement responsables
par rapport aux investissements « classiques », les gérants plébiscitent à 77% la première catégorie,
et ce même si la rentabilité à court terme est inférieure. Les gérants se disent prêts à 92% à investir
dans des produits ISR dont le ratio rendement/risque est équivalent à des produits « classiques ».
Les deux dernières données doivent être contrebalancées par le retour sur investissement escompté
par les investisseurs qui à 67% n’attendront que moins de trois ans pour obtenir une rentabilité
supérieure à celle des produits « classiques ».
L’entreprise prend de plus en plus conscience du rôle prépondérant de la fidélisation de sa clientèle
par son attitude juste et éthique. Dans le contexte actuel de concurrence exacerbée et de
globalisation, l’éthique semble avoir un rôle de tout premier plan à jouer. Elle assure aux entreprises
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qui suivent ses principes une certaine stabilité de ses parts de marché et l’assurance de trouver les
capitaux nécessaires à sa croissance future.
Ainsi, le leader mondial du diamant brut DE BEERS est à l’origine d’un processus international
dénommé « initiative de Kimberley » réunissant les Nations Unies, les ONG, 35 pays et l’industrie
diamantaire. Le groupe, objet de critiques de la part de la communauté internationale, censé tirer
partie des guerres que se livrent les pays producteurs de diamants, a voulu répondre de manière
forte aux multiples attaques. Il a résulté de la concertation un nouveau système de certification
d’origine ratifié le 5 Novembre 2002 par une quarantaine de pays. DE BEERS a ainsi anticipé un
boycott probable des diamants appelés « sales » qui pourrait intervenir dans les pays occidentaux
qui représentent la part la plus significative de son chiffre d’affaires.
1.3 – L’éthique : un nouveau marché
En dehors de l’approche de la consommation défensive développée ci-dessus, nous observons une
attitude offensive de la part des consommateurs qui souscrivent à l’idée de « consommation
engagée ». Les agents économiques font désormais acte de consommation, c’est-à-dire qu’ils
souhaitent réellement maîtriser leurs comportements de consommateurs en prenant du recul par
rapport aux choix standardisés imposés de façon pernicieuse par les politiques marketing.
Les consommateurs, en proie à la perte de repères, sont en quête de sens. Ils désirent construire une
économie plus juste et sont à la recherche du bonheur de la communauté.
Dans ce climat, s’est développé, depuis les années 1970-80, aux Etats-Unis et en Europe, le
commerce équitable. Le commerce équitable (fair trade pour les Anglo-Saxons, fair handel en
Allemagne) ou alternatif est plus exigeant que le commerce éthique dans la mesure où les
producteurs des pays en voie de développement sont assurés d’un prix plancher très supérieur aux
cours mondiaux. Ces derniers récupèrent de cette façon une partie plus conséquente de la valeur du
produit fini et une part du revenu est investie dans le développement d’infrastructures locales.
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Les pratiques du commerce équitable sont gérées par les ONG et les produits issus de l’agriculture
et de l’artisanat sont favorisés dans cette approche. Au final, un prix supérieur de 5% à 10% est
constaté.
La place du commerce équitable, bien que négligeable, est en constante progression grâce
notamment à la création de labels tels que Max Havelaar ou Café Direct et à l’introduction de ces
produits dans la grande distribution (3 500 points de vente sont ainsi concernés par le commerce
équitable en France).
Depuis peu, un spot de publicité vantant les mérites d’un café issu du commerce équitable est
diffusé sur les chaînes du service public français. Le slogan est significatif du principe même de
bien-être universel revendiqué par cette nouvelle forme de commerce : « parce qu’un bon café est
un café bon pour tous ». Cependant, la filière du café, la plus importante filière du commerce
équitable n’a conquis que 1% du marché français (contre 5% du marché néerlandais, record
mondial). Ces produits ne disposent pas d’une clientèle régulière et nombreuse et restent l’apanage
d’une certaine catégorie de consommateurs réellement sensibilisés aux enjeux du développement
durable et aisés financièrement (53% des titulaires de revenus supérieurs à € 3000 par mois
affirment qu’ils tiennent compte des engagements éthiques des entreprises dans leurs
comportements d’achat contre 38% de la population totale). Les consommateurs finaux
demandeurs de produits « verts » ou « écologiques » représentent un segment encore réduit.
Un Français ne consacre que €0,40 par an à des achats équitables contre €6 pour un Suisse et €2,50
pour un Néerlandais.
1.4 - L’éthique : de nouveaux produits
L’éthique est un défi pour les entreprises, mais elle leur offre aussi de nouvelles opportunités.
Certaines entreprises ont bien saisi cette opportunité de développer de nouveaux produits. SWISS
REASSURANCE a indiqué dans son rapport sur le développement durable 2002 que l’un des
premiers objectifs du groupe était l’identification de nouveaux débouchés possibles sur les marchés
ainsi que le développement de produits aptes à réduire les risques environnementaux et sociaux.
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Pour SWISS REASSURANCE, des produits d’assurance des dommages écologiques feront leur
apparition sur le marché très prochainement. WESTPAC BANKING élargit son portefeuille
d’activités en réalisant du trading sur les énergies renouvelables.
2 – Les modifications de la stratégie de l’entreprise
2.1 – L’évolution des activités
Les entreprises sont amenées à faire évoluer leurs investissements en se retirant par exemple de
pays où les normes éthiques ne sont pas respectées.
Ainsi, nous pouvons citer le géant pétrolier canadien TALISMAN ENERGY qui a mis un terme à
ses opérations de forage au Soudan. Il a mis en vente le 30 Octobre 2002 les 25% en sa possession
de la Greater Nile Petroleum Operating Company qui exploite la plus grande partie du pétrole
soudanais. TALISMAN ENERGY proteste ainsi contre l’action du gouvernement soudanais qui
finance le conflit contre les insurgés chrétiens et animistes du sud du pays grâce aux revenus issus
du pétrole.
De même, le fonds de pension CALPERS s’est retiré le 20 Février 2002 de Thaïlande, d’Indonésie
et de Malaisie. Cette décision est la conséquence de la prise en compte de deux nouveaux critères de
sélection : la transparence et les conditions de travail.
Les sociétés sus-nommées tirent également de ces actions un impact d’image non négligeable
bénéfique sur les résultats à venir.
Début 2000, DEXIA a été incorporé au Dow Jones Sustainability Index et a mis en place au cours
de la même année avec la BERD un fonds d’investissement (Dexia FondElec Energy Efficiency &
Emission Reduction Fund) destiné à financer sur une durée de 10 ans la réduction de la
consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre en Europe centrale et orientale.
Au niveau de son conseil d’administration, l’EE tient compte des 3 éléments de la Triple Bottom
Line lors de sa prise de décision. VOLKSWAGEN mesure les conséquences sociales et
écologiques de ses actions _ pour ses collaborateurs, pour ses clients et pour la société civile _ avant
l’adoption d’une décision, dans tous ses sites de production.
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Chez SHELL, les projets à l’étude sont envisagés sous l’angle social et environnemental avant
d’être retenus et non plus seulement sous l’angle financier.
2.2 – Le management
Une démarche de développement durable amène le management à des objectifs complémentaires
sociaux et environnementaux qui seront intégrés peu à peu dans la production, l’organisation et la
culture de l’entreprise.
L’éthique motive les collaborateurs de l’entreprise surtout lorsque les convictions sont inspirées par
le haut de la pyramide hiérarchique au travers de managers estimés de tous sachant mobiliser et
catalyser les forces vives, identifier et mettre en avant des idéaux autour desquels se créera un
consensus d’entreprise permettant une plus grande efficacité. AVENTIS a ainsi défini comme
objectif à atteindre pour 2004 la formation de 100% des responsables hiérarchiques à la gestion et à
la culture Health Safety Environment.
Le groupe SHELL fut impliqué dans une succession de massacres organisés au Nigéria contre la
communauté OGONI. Afin de se débarrasser de cette mauvaise réputation, les dirigeants de
SHELL ont mis en œuvre une politique éthique particulièrement efficace reprenant notamment les
Sullivan Principles. Le prêtre Sullivan, administrateur de General Motors, a laissé son nom à une
série de principes qui ont été développés en 1977 en Afrique du Sud, en plein régime de Prétoria, en
plein apartheid. Les efforts de SHELL ont été victorieux comme l’atteste l’hommage qui lui a été
rendu dans un article des Echos paru en Septembre 2001 intitulé « Un peu d’éthique dans un monde
de brut ». Laurence BAGOT et Coralie SCHAUB encensent SHELL devenu « un professionnel de
l’éthiquement correct ».
2.3 – Les outils de pilotage
Afin de mesurer leur performance globale, les entreprises avant-gardistes ont adopté des outils de
pilotage différents. Aujourd’hui, ces derniers sont encore codifiés et peu unifiés. Les« balanced
scorecards » (BSC), ou tableaux de bord équilibrés, méthode d’alignement des activités sur la
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stratégie et de monitoring de la performance et des objectifs stratégiques à travers le temps, furent
initiés en 1992 et sont à l’heure d’aujourd’hui les plus connus. En effet, plus de 50% des entreprises
américaines cotées ont adopté cette technique. Les BSC fournissent un système d’évaluation
globale pour les entreprises déclinant quatre perspectives (finance, clients, apprentissage et
croissance, processus d’organisation interne). Une autre version des BSC inclut le paramètre
ressources humaines. Ainsi, les BSC correspondent bien au regard social apporté par le
développement durable. Le système BSC permet aux entreprises de quantifier et d’intégrer des
perspectives différentes afin de tendre vers une organisation globale réussie. Chacune de ces
perspectives emploie une variété de paramètres de mesure. Pour certains paramètres, l’outil de suivi
est formalisé par un site internet et pour d’autres, des systèmes intégrés de gestion («management
information system») ou d’autres techniques d’évaluation et de recueil des données nécessaires à
l’évaluation de la performance sont employés.
Les cinq perspectives des BSC :
•
Finance
Tous les outils classiques en matière d’analyse financière et de contrôle de gestion (ratios, par
exemple) s’appliquent.
•
Satisfaction des clients
L’objectif est de s’assurer que les clients sont satisfaits des produits/services qu’ils ont acquis.
La satisfaction des client, la ponctualité, la qualité et les prestations de service (la coopération
par exemple) sont évaluées grâce à des enquêtes auprès des clients et à des enquêtes basées sur
les transactions commerciales.
•
Apprentissage et croissance
Le but est de s’assurer que les salariés ont une formation suffisante leur permettant d’apporter le
meilleur d’eux-mêmes à leur activité. L’éducation et la formation sont dans cet esprit mesurées
en utilisant les outils internes de gestion des carrières.
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•
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Ressources humaines
L’objectif est d’évaluer le degré de satisfaction des employés quant à leur environnement de
travail et au système de management par des enquêtes auprès des salariés.
•
Processus d’organisation interne
Le but poursuivi est l’amélioration de l’organisation interne. La compétitivité, les relations avec
les fournisseurs, la conformité aux règles statutaires de production et de service, la recherche du
progrès continuel et des meilleures pratiques sont évaluées. A cet effet, des enquêtes sont
menées auprès des clients et des fournisseurs, les rapports du management sont analysés.
3 – Les relations avec les actionnaires
La performance d’une entreprise pour ses actionnaires est appréhendée par la rentabilité financière
de leurs investissements, en terme de dividendes distribués, de liquidité immédiate et de plus-value
potentielle.
3.1 – Le poids de l’éthique dans les comportements d’investissement
Lors de la dernière décennie, la logique de rémunération des actionnaires a été poussée à son
paroxysme et toutes les autres considérations (environnementales, sociales, développement à long
terme, etc.) ont été évincées.
La prépondérance de l’éthique s’est désormais renforcée notamment par le poids accrû des fonds de
pension dans le capital des sociétés dont le but est d’assurer des retraites à des ayant droits dont la
durée de vie est de plus en plus longue. Ces investisseurs institutionnels préfèrent adopter une
politique de conservation au lieu d’opérer sans cesse des allers et retours sur les titres détenus en
portefeuille.
Du point de vue de l’actionnaire particulier, il semble aberrant de penser qu’il puisse se réjouir sans
limites, ayant reçu un fort dividende, s’il a investi dans une entreprise qui vient de licencier un de
ses proches ou si cette entreprise est responsable d’une récente marée noire.
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Ainsi, les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, français ou étrangers,
majoritaires ou minoritaires, sont maintenant sensibilisés à la problématique de rentabilité à long
terme de leurs investissements. L’adoption d’une politique éthique semble ainsi une motivation
puissante à créer de la valeur, reflétant la capacité de l’entreprise à assurer sa pérennité et le
financement de sa croissance. Pour 68% des entreprises du CAC40 et 71% des entreprises faisant
partie de l’indice SBF120, le développement et la mise en place de règles éthiques génèrent de la
valeur.
L’éthique est considérée comme un critère important voire essentiel pour 54% des actionnaires
individuels français, 54% des institutionnels français et 73% des institutionnels étrangers.
3.2 – Le respect des principes de Corporate Governance
Les règles fondamentales en matière de gouvernement d’entreprise sont, entre autres, le respect des
droits des actionnaires et l’amélioration de la transparence de l’information fournie aux
actionnaires.
3.2.1 – L’identification et la gestion des risques - L’importance des
procédures internes
Les entreprises prennent en compte l’incidence des risques via les provisions pour risques. Ces
provisions figurent au passif du bilan. L’échéance et le montant des sommes réelles à décaisser dans
le futur ne sont pas fixés de façon précise. La matérialisation des évènements qu’elles sont censées
couvrir n’est pas certaine. Leur caractère de réserve les rapproche des capitaux propres. En 2002,
AVENTIS a provisionné pour 285 millions d’euros (contre 72 en 2001 et 105 en 2000) les risques
liés à l’environnement (soit 1,38%, 0,31% et 0,47% du chiffre d’affaires consolidé de l’année) et
pour 440 millions d’euros (contre 260 en 2001 et 344 en 2000) les risques liés aux produits vendus
(soit 2,13%, 1,13% et 1,54% du chiffre d’affaires consolidé de l’année). Les provisions pour
produits vendus concernent des plaintes provenant des personnes atteintes du virus HIV estimant
que leur infection fut provoquée par l’administration de produits anti-hémophiles anciennement
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vendus par certaines des filiales d’AVENTIS. Les provisions constituées pour couvrir le risque
environnemental correspondent à la responsabilité du groupe pour des pratiques antérieures en
matière de traitement des déchets et de présence de produits chimiques dans l’environnement.
AVENTIS a ainsi participé au nettoyage de décharges où certains de ses déchets sont entreposés en
application de l’« US Comprehensive Environmental Response » qui enjoint l’initiateur des déchets
à remettre en état les sites qu’ils ont pollués. De même, RHODIA a été indemnisé par AVENTIS à
hauteur de 88 millions d’euros en 2002 pour les coûts subis suite à l’apparition de risques
environnementaux non prévus.
Dans une optique de gouvernement d’entreprise, les shareholders sont sensibles à la prise en compte
par l’entreprise de la gestion des risques (sanitaires, sociaux, environnementaux, etc.) susceptibles
de mettre en péril la santé financière de l’entreprise.
En effet, si l’entreprise fait fi de l’occurrence des risques et de leur poids sur les résultats, elle
compromet sa rentabilité et sa pérennité.
Il s’avère plus judicieux et moins onéreux, donc plus rentable de mettre au point un système de
gestion des risques plutôt que d’attendre que le risque se matérialise. On aboutit au mécanisme de
« gestion contestable » développée par Thierry HOMMEL et Olivier GODARD.
Une des motivations des entreprises à se soucier de l’éthique est leur désir de se protéger par
anticipation de possibles critiques sociales. En se déclarant en faveur des principes de Sustainable
Development, les entreprises devancent des prises de décision du législateur qui seraient plus
préjudiciables aux entreprises.
L’éthique exige donc des coûts de court terme mais génère des bénéfices de moyen et long terme.
L'engagement dans le développement durable est un moyen de préparer avec suffisamment d'avance
les futurs virages stratégiques à anticiper (nouvelles réglementations, etc.).
Ainsi, l’industrie chimique, controversée depuis des années pour ses conséquences en matière
d’environnement, s’est engagée volontairement depuis les années 80 dans la rédaction et
l’application d’une charte Responsible Care.
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Certaines compagnies pétrolières, comme SHELL ou BP, groupes intégrés dans l’indice FTSE 4
Good Global, qui ont consenti d'importants efforts de recherche sur les énergies renouvelables, se
placent dès à présent dans une position favorable pour aborder l'après-pétrole. Ainsi, malgré un coût
initial parfois important, cette démarche permettrait de générer de la valeur sur le long terme. « Pour
une grande entreprise, la mise en place d'une politique de développement durable représente
environ cinq années de travail avant d'aboutir à un résultat significatif » dixit Jean-Philippe
Desmartin, le responsable du développement de l'agence de notation ARESE. L’éthique apparaît
clairement comme un facteur de rentabilité à long terme.
De plus, forts du principe de précaution (principe fondateur du concept de développement durable),
les actionnaires réclament davantage de prévention et plus seulement une politique curative par àcoups. C’est dans cette optique que le groupe AVENTIS réalisera au cours de l’année 2003 une
évaluation des risques dans 100% des lieux de travail. Ce groupe a également décidé d’œuvrer d’ici
à 2006 à la réduction de moitié du nombre total des accidents du travail par rapport à 2001.
Une majorité de gérants institutionnels (92%) considère qu’une entreprise adoptant une démarche
éthique aura une gestion du risque environnemental et social plus efficace. Il semble que pour 83%
des interviewés la maîtrise de ce risque est un facteur essentiel à long terme sur la croissance
économique et la solidité boursière de l’entreprise.
3.2.2 – La communication des entreprises en matière d’éthique
Dans le souci de transparence de l’information de l’entreprise à destination de ses actionnaires, nous
nous interrogerons sur la forme que revêt la communication des entreprises en matière d’éthique,
reflet de leurs engagements publics.
Les codes de bonne conduite d’entreprise se sont multipliés à l’intérieur des portails de la majorité
des multinationales depuis 1972.
En France, les entreprises doivent se conformer à la loi NRE du 15 Mai 2001 dont l’article 116
stipule qu’à partir de 2002, toutes les entreprises doivent indiquer dans leur rapport annuel « la
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manière dont elles prennent en compte les conséquences environnementales et sociales de leurs
activités ».
Cette obligation légale est assortie suivant l’option prise par l’entreprise par une charte éthique.
En pratique, plus de la moitié des sociétés françaises établissent une charte éthique. Les thèmes
abordés sont le plus souvent les aspects sociaux (conditions de travail, rémunération, formation,
etc.), le respect des droits de l’homme et de l’environnement. Les informations concernant la soustraitance demeurent quant à elles marginales.
En France, deux tendances contradictoires s’opposent. Certaines entreprises succombent au désir de
produire des codes déontologiques ou de « best practice » très fournis destinés à répondre à toutes
les interrogations. Tout est alors pensé et réfléchi de façon consciencieuse. Dans ce cas, le risque
majeur réside dans le décalage possible entre le discours de l’entreprise en matière d’éthique et un
événement médiatisé qui entame les efforts déployés par l’entreprise. Il est possible de citer comme
exemples TOTAL avec le naufrage de l’Erika en Décembre 1999 et l’explosion de l’usine AZF à
Toulouse en Septembre 2001, DANONE avec son faux pas médiatique dans la communication
concernant la fermeture des usines LU à Calais et Ris-Orangis en Février 2003.
En revanche, un nombre non négligeable de sociétés refusent d’établir une charte éthique propre à
leur organisation.
La solution optimale pourrait être un compromis entre ces deux alternatives. En effet, une profusion
de procédures n’est pas rigoureusement utile mais ne pas en avoir du tout constitue un risque.
Les commandements principaux devraient être compilés dans de petits livrets à l’instar de celui
rédigé par LAFARGE.
D’après le dernier sondage SOFRES sur la « gouvernance d’entreprise » publié en Février 2003,
51% des Français déclarent avoir davantage confiance en des dirigeants s’engageant dans des
chartes éthiques.
Dans la première partie de notre étude, nous avons essayé de répondre à la question : une EE peutelle créer de la richesse pour ses actionnaires ? Or, l’entreprise est une association d’individus dont
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le champ de vision s’étend au-delà du seul horizon de marché. Dans cette optique, la recherche de la
maximisation de valeur créée pour les actionnaires doit être complétée par la maximisation de
création de valeur pour toutes les parties prenantes de l’entreprise.
4 – Les relations avec les autres parties prenantes
Le développement durable est une recherche d’équilibre entre les aspects financiers,
environnementaux et sociaux. La création de valeur se situe au-delà de la création de valeur
économique EVA abordée dans la 1ère section et s’étend entre autres à la création de valeur clients
(CVA), à la création de valeur du personnel (PVA) et à la création de valeur sociétale (SVA).
Les quatre axes de la création de valeur durable
EVA
CVA
Entreprise
PVA
SVA
La chaîne de la création de valeur durable
Corporate Governance
Capital actionnarial
(EVA)
Rentabilité
Croissance
Investissement
Capital client
(CVA)
ETHIQUE
Innovation
Productivité
Capital humain
(PVA)
Compétences/Employabilité
Source : Développement durable, pour une entreprise compétitive et responsable, pages 70 et 71
Nous étudierons donc dans cette partie les processus de création de valeur partenariale, nouvel
enjeu de gestion des entreprises, telle que l’ont décrite Gérard CHARREAUX et Philippe
DESBRIERES.
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La stakeholder value peut s’envisager sous deux optiques différentes.
Elle peut d’abord être perçue comme la valeur de l’entreprise du point de vue des parties
prenantes. Combien vaut l’entreprise dans l’optique de ses collaborateurs au sens large (personnel,
banquiers, Etat, actionnaires) dans l’hypothèse où la relation avec l’entreprise continue ? Cette
approche est formalisée par la répartition du chiffre d’affaires entre frais de personnel, charges
d’intérêt, charges fiscales, bénéfice net et prestations préalables.
Ci-dessous les graphiques correspondants pour BAYER et SAINT GOBAIN.
„ B AYER
Millions d'€
EVOLUTION ET REPARTITION
DU CHIFFRE D'AFFAIRES
35 000,00
30 000,00
25 000,00
20 000,00
15 000,00
10 000,00
5 000,00
0,00
Prestations préalables
Bénéfice net du groupe
Charges fiscales
Charges d'intérêt
Frais de personnel
2002
2001
2000
1999
1998
Les frais de personnel et les charges d'intérêt se sont accrûs en montant, alors que les charges
fiscales et le bénéfice net ont diminué. Ces données, à l'exception des frais de personnel et des
charges d'intérêt, analysées en pourcentage de chiffre d'affaires ont diminué au cours de la période.
Le salaire moyen s’est réellement apprécié.
„ SAINT GOBAIN
Millions d'€
EVOLUTION ET REPARTITION
DU CHIFFRE D'AFFAIRES
35 000,00
30 000,00
25 000,00
20 000,00
15 000,00
10 000,00
5 000,00
0,00
Prestations préalables
Bénéfice net du groupe
Charges fiscales
Charges d'intérêt
Frais de personnel
2002
2001
2000
1999
1998
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Les frais de personnel, les charges d'intérêt et les charges fiscales se sont accrûs légèrement en
montant, alors que le bénéfice net a diminué. Mais toutes ces données analysées en pourcentage de
chiffre d'affaires ont diminué au cours de la période. Le salaire moyen s’est apprécié.
La stakeholder value peut être aussi appréhendée comme la valeur que représente une partie
prenante pour l’entreprise. Elle est évaluée par la contribution du stakeholder à l’atteinte des
objectifs de l’entreprise ou par l’augmentation de la valeur de l’entreprise.
Cette stakeholder value orientée entreprise est évaluée en calculant la valeur actualisée des
excédents d’utilité escomptés émanant de la relation avec les diverses parties prenantes.
La Stakeholder Value Added est donnée par la formule suivante :
n=∞
Σ (NnST-KnST)*(1/(1+i)n)
n=1
où NST est l’utilité résultant de la relation avec le stakeholder (stakeholder benefits) et où KST
représente les coûts résultant de la relation avec le stakeholder (stakeholder costs). La période est
définie par n et i est le coût du capital.
La mesure la plus accessible de quantification de la rentabilité de la relation avec les stakeholders
est le Return on Stakeholder (RoSt). Le RoSt renseigne sur la rentabilité de la relation avec le
stakeholder considéré. L’excédent d’utilité est obtenu par différence entre le résultat net et la
capitalisation boursière moyenne multipliée par le coût du capital.
Le coût du capital est calculé en utilisant le ß économique du secteur d’activité considéré et la
formule du MEDAF : k = rF + βe x pM où k est le coût du capital, rF le taux d’intérêt hors risque et
pM la prime de risque du marché.
L’excédent d’utilité et les coûts des différentes parties prenantes sont ensuite capitalisés à l’année la
plus récente de la période étudiée. Il est ensuite possible d’établir les différents ratios permettant de
dégager le Return on Stakeholder pour chacun des stakeholders analysés. Les entreprises que nous
avons étudiées dans la 1ère section ne font pas partie du même secteur d’activité, ce qui ne nous
permet pas de mener des études de RoSt différentiel (ou value spread). Lors de l’étude d’un
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échantillon de sociétés faisant partie du même secteur, la moyenne arithmétique des Return on
Stakeholder de toutes les sociétés est calculée pour chaque catégorie de stakeholders (coûts
d’opportunité). Par la suite, une value spread égale au RoSt minoré du coût d’opportunité est
dégagée pour chaque classe de partie prenante et pour chaque société.
Nous avons calculé le Return on Stakeholder pour BAYER et SAINT GOBAIN pour les parties
prenantes personnel, banquiers et Etat.
„ BAYER
En millions d'€
Capitalisation moyenne
Bêta de l'actif économique
Taux d'intérêt hors risque
Prime de risque du marché
Coût du capital (kC)
Bénéfice net du groupe
Excédent d'utilité
Frais de personnel
Charges d'intérêt
Charges fiscales
Return On Employees
Return On Creditors
Return On Government
2002
2001
2000
1999
1998
CAPITALISATION
EN 2002 A kC
21 271,15 29 889,16 34 691,15 28 264,16 29 027,36
1,60
1,60
1,60
1,60
1,60
3,70%
3,70%
3,70%
3,70%
3,70%
3,40%
3,40%
3,40%
3,40%
3,40%
9,14%
9,14%
9,14%
1 060,00
965,00
1 816,00
-884,18 -1 766,87 -1 354,77
8 001,00 7 576,00 7 585,00
916,00
466,00
464,00
107,00
154,00
1 148,00
-15,23%
-224,88%
-155,34%
9,14%
2 002,00
-581,34
6 895,00
351,00
818,00
9,14%
1 614,00
-1 039,10
6 647,00
371,00
1 113,00
1999
1998
-6 656,37
43 699,11
2 959,99
4 285,12
„ SAINT GOBAIN
En millions d'€
Capitalisation moyenne
Bêta de l'actif économique
Taux d'intérêt hors risque
Prime de risque du marché
Coût du capital (kC)
Bénéfice net du groupe
Excédent d'utilité
Frais de personnel
Charges d'intérêt
Charges fiscales
Return on Employees
Return on Creditors
Return on Government
2002
2001
2000
CAPITALISATION
EN 2002 A kC
11 529,57 13 138,35 13 301,79 12 780,18 12 739,83
1,08
1,08
1,08
1,08
1,08
3,70%
3,70%
3,70%
3,70%
3,70%
3,40%
3,40%
3,40%
3,40%
3,40%
7,37%
1 040,00
190,04
6 465,00
446,00
612,00
4,61%
58,59%
7,37%
1 134,00
165,44
6 519,00
542,00
721,00
7,37%
1 517,00
536,39
6 416,00
577,00
791,00
7,37%
1 226,00
283,84
5 701,00
396,00
775,00
7,37%
1 097,00
157,82
4 247,00
344,00
589,00
1 547,19
33 563,26
2 640,58
4 040,27
38,29%
SAINT GOBAIN dégage sur l’ensemble de la période un excédent d’utilité et donc crée de la
valeur partenariale. Par contre, BAYER, de par sa forte capitalisation boursière, détruit de la valeur
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partenariale. Le groupe ne dégage pas un excédent d’utilité nette orientée stakeholder. Dans cet
exemple, il s’agit d’excédent des coûts.
4.1 – Les collaborateurs
Les salariés comprennent la performance de leur employeur comme étant la combinaison de la
pérennité et de la situation bénéficiaire de l’entreprise.
Dans la lignée de l’EVA®, le cabinet STERN-STEWART a mis au point un indicateur mesurant la
satisfaction globale des collaborateurs d’une entreprise concernant le travail effectué, l’action des
dirigeants et les systèmes de rétribution. Cet indicateur est le People Value Added (PVA®). Par cet
outil, la valeur ajoutée dégagée par le personnel et son accomplissement au sein du groupe est
reconnue comme un élément essentiel de l’évaluation de la performance d’une entreprise.
Le capital humain est désormais, dans une économie du savoir et de l’informationnel, un réel actif
stratégique considéré par certains analystes financiers comme un actif hors bilan.
Le capital humain crée de la valeur. Cette nouvelle catégorie d’actif a comme particularité la
capacité de dégager une valeur supérieure à sa valeur propre.
Valoriser le capital humain revient à considérer les charges (recrutement, intégration, formation,
etc.) et les résultats obtenus comme éléments d’un plan d’investissement comprenant une dépense
initiale, des « capital expenditure » récurrents et un échéancier de revenus. Un tel investissement
est ainsi considéré comme rentable si la valeur actualisée des bénéfices qu’il permet de dégager à
l’avenir est positive.
Le capital humain se décompose en salaire individuel (indicateur de la rétribution directe du travail
fourni par le collaborateur), en aptitude d’une entreprise à recruter du personnel compétent, en
charges d’intégration et en plan de formation conçu et financé par l’entreprise. La performance
individuelle est souvent gérée au sein des entreprises internationales telles que AVENTIS par le
système de fixation d’objectifs SMART (Stretched, Measurable, Aligned, Relevant & Timely).
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4.1.1 – La cohésion sociale parmi les effectifs existants
La majorité des entreprises étudiées dans la 1ère section du présent travail estime que la qualité des
relations sociales avec leurs salariés est un élément important pour l’amélioration de leur
performance. Chez AVENTIS, un dialogue social de qualité a été ainsi maintenu depuis l’année
2000, notamment grâce à la création en Avril 2000 d’un comité d’entreprise européen. Afin de faire
participer tous les salariés aux fruits du développement du groupe, AVENTIS a lancé HORIZON
en Septembre 2000. Ce programme d’actionnariat salarié est un des premiers mondiaux et plus de
29 000 collaborateurs dans 56 pays ont acheté plus de 5 millions d’actions nouvellement émises via
des Fonds Communs de Placement. DEXIA a poursuivi en 2002 le processus DEAL (Dexia
Executive Assesment of Leadership), permettant d’identifier les cadres supérieurs potentiels et de
mettre en place des plans de développement individuels pour tous les salariés du groupe.
4.1.2 – L’attrait des nouveaux actifs, des jeunes diplômés
Les entreprises les plus performantes aujourd’hui se livrent à de nouveaux combats : « war for
talent and competition » englobant la détection et le pilotage des hommes clés, et « skill-based
competition » traduisant la lutte pour la sécurisation des compétences essentielles. Les groupes se
dotent de plus en plus de business models destinés à identifier les hommes clés et de procédures de
knowledge management dont l’objectif est de gérer l’expérience des salariés sous format de fichiers
informatiques permettant de transférer les savoir-faire voire de les revendre ou de gérer les relations
avec les fournisseurs comme cela se pratique à SAINT GOBAIN. Ce dernier groupe cherche
également à attirer les meilleurs en se faisant connaître des étudiants en développant des relations
privilégiées avec certaines écoles susceptibles d’abriter un vivier de talents potentiellement
nécessaires à l’avenir du groupe.
En conclusion, les EE se dotent des moyens nécessaires pour attirer et conserver des collaborateurs
de talent et sont conscientes que leur performance passe par leurs collaborateurs et leur engagement
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au sein de l’entreprise (BAYER a nommé son programme général de ressources humaines
Performance through People : la performance à travers les gens).
4.2 – Les clients et les fournisseurs
L’éthique est un gage de confiance mis en exergue par l’entreprise à l’attention de ses partenaires
commerciaux actuels et futurs. La confiance est l’élément moteur des relations d’affaires sans
laquelle le système peut dévier vers la loi de la jungle ou la « casino society » telle que le décrivait
Keynes en 1936. L’entreprise peut ainsi opérer une sélection des acteurs économiques qui
respectent l’adage utilisé jadis par les financiers anglais « my word is my bond » (ma parole est ma
signature) afin d’obtenir de ceux-là les meilleurs services.
4.2.1 – Les clients
A l’instar de l’EVA®, le cabinet STERN-STEWART a mis au point un indicateur mesurant la
satisfaction globale des clients d’une entreprise par rapport aux sociétés concurrentes. Cet
indicateur est le Customer Value Added (CVA®). Par cet outil, la valeur ajoutée dégagée par les
clients et leurs satisfaction est reconnue comme un élément essentiel de l’évaluation de la
performance d’un groupe. L’entreprise doit avoir les moyens et la capacité à répondre aux besoins,
attentes et exigences formulés par les clients (particuliers et/ou entreprises, suivant le type de
clientèle de la société étudiée).
WESTPAC BANKING considère ses clients comme sa première priorité. Le slogan du groupe
est : « le client ne doit demander qu’une seule fois dans une grande entreprise de service » (In a
great service organization the customer only has to ask once). Grâce à cette stratégie, le groupe a
continué à se développer en dépit de la crise économique de 2001 pendant laquelle beaucoup
d’entreprises ont vu leurs ventes et leur résultat chuter.
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4.2.2 – Les fournisseurs
Sur le long terme, un effet domino est observé sur les entreprises appartenant à l’environnement de
l’EE. Elle entraîne ainsi dans son sillage les sociétés avec lesquelles elle commerce, élargissant
donc l’impact de ses propres dépenses d’investissement éthique.
Les fournisseurs d’une entreprise jugeront cette dernière performante à l’aune de la solvabilité
financière constatée et de l’évolution du carnet de commandes. Avec leurs sous-traitants, les
entreprises entretiennent des relations empreintes de confiance, traduisant leur coopération totale.
Les fournisseurs en capitaux, tels que les banques, chercheront à sécuriser leurs investissements à
long terme.
L’entreprise pourrait opérer une sélection de ses fournisseurs potentiels sur des critères éthiques et
procéder par la suite à des contrôles du respect des clauses éthiques négociées et mentionnées dans
les contrats par des visites non programmées sur les sites de production des fournisseurs. Ainsi,
AVENTIS a adopté pour ses fournisseurs de biens et prestataires de services un code de conduite
énonçant de façon officielle ses attentes en matière d’éthique professionnelle.
4.3 – Les relations avec la société civile
L’entreprise se doit de respecter les droits de l’homme.
Les entreprises pallient désormais les insuffisances de l’Etat. L’intérêt collectif est de moins en
moins préservé par les gouvernements, déréglementation oblige, et les citoyens font appel de plus
en plus aux entreprises afin d’obtenir une solution à leurs interrogations. Les entreprises sont
jugées, contrôlées et corrigées par l’opinion publique. Les citoyens se positionnent comme une
force disciplinante. Les groupes adoptent une attitude citoyenne telle celle d’AVENTIS qui, en tant
que membre du « World Business Council for Sustainable Development » co-préside un projet du
Conseil intitulé « Innovation, Technologie, Société et Développement Durable ». AVENTIS s’est
aussi engagé, de par ses activités, en faveur d’une « santé durable » reposant sur le développement
et la commercialisation de produits pharmaceutiques innovants améliorant la santé et le bien-être
des personnes à travers le monde.
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4.4 – Le respect de l’environnement naturel
La problématique relative au respect de l’environnement naturel est d’atteindre un niveau de
développement humain élevé dont les conséquences sur l’écosystème ne mettront pas en péril le
seuil de durabilité écologique. Au plan mondial, les spécialistes comparent l’évolution de
l’indicateur de développement humain (IDH) et celle de l’empreinte écologique. Les pays les plus
peuplés (Chine, Inde) se situent encore au-dessous du seuil de durabilité écologique. Ceci contraste
avec les habitudes de consommation des habitants des Etats-Unis dont le président déclarait il y
a dix ans que « le mode de vie des Américains ne saurait faire l’objet de négociations ». Plus
récemment, Jacques CHIRAC a mis l’accent sur le clivage Nord - Sud en matière de partage des
richesses et sur la destruction écologique qui résultait de la surconsommation des habitants de
l’hémisphère Nord, le 2 Septembre 2002 lors de la clôture du sommet de Johannesburg. Selon lui :
« si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes
supplémentaires pour faire face à nos besoins ».
Au niveau de l’entreprise, les contraintes de développement durable sont gérées par l’atteinte
d’objectifs tels que l’emploi plus parcimonieux des ressources naturelles, la rationalisation de la
consommation d’énergie, le recyclage, l’épuration des eaux usées. La croissance de l’activité se doit
d’être soutenable avec l’équilibre des ressources naturelles. En effet, une EE peut se demander à
quoi bon prospérer si son activité détruit le territoire sur lequel elle est implantée.
Les charges de court terme engagées par l’EE, certes élevées, sont vite remboursées par les
économies significatives que ces dépenses permettent de réaliser et par les gains de productivité.
Konrad von MOLTKE stipule qu’un effort particulier doit être fait concernant l’investissement,
représentant le vecteur économique de développement durable le plus pertinent. En considérant
comme des investissements les coûts de transition vers des modes de développement économiques
plus durables, la plupart des mesures en faveur de l’écosystème sont économiquement productives.
AVENTIS a utilisé depuis le début de l’année 2002 le gaz naturel liquéfié (GNL) comme
combustible pour sa chaudière du site de Kawagoe au Japon afin de réduire la pollution
atmosphérique. Ce changement de processus de production a permis de réduire les NOx de 50%,
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d’annuler totalement les SOx et les poussières d’échappement. Dans le même temps, le rendement
de la chaudière s’est accrû, passant de 88% à 96%. En Allemagne, le groupe a de plus réalisé une
économie de 3 millions d’euros (remboursement d’impôts) grâce à l’amélioration de la gestion de
ses rejets d’eaux usées. SAINT GOBAIN a augmenté en deux ans (de 2000 à 2002) ses
investissements destinés à la protection de l’environnement de 33%, ces dernières atteignant un
montant de 70 millions d’euros. Ce groupe a de plus dépensé 212 millions d’euros pour
l’amélioration de ses performances et la prévention de ses risques en matière d’environnement, soit
une augmentation de 20% en deux ans.
Les entreprises adoptant les principes du développement durable anticipent et optent pour des
programmes en vue d’un monde plus vivable, condition sine qua none à la durabilité de l’entreprise
à long terme. Sans un écosystème viable, l’entreprise ne peut se développer de façon pérenne. De
cette idée est né le concept d’éco-efficience.
5 – Le coût du développement durable et son financement
Nous avons démontré dans la 1ère section que l’exigence financière et l’exigence éthique du
développement durable peuvent coexister en harmonie dans une entreprise sereine et durable.
Cependant, ceci ne nie pas que les stratégies et les investissements du développement durable
n’entraînent aucun coût et ne détruisent pas de la valeur à court terme. La limite de la performance
globale d’une EE doit s’appréhender aussi comme un montant maximum d’investissements en
faveur du développement durable à ne pas dépasser, auquel cas la performance, voire la survie de
l’entreprise, serait remise en cause.
Qui doit payer les coûts du développement durable ? Les quatre catégories de groupes suivantes
sont en mesure de fournir les ressources nécessaires au développement durable :
• la société civile par le bénévolat et l’apport financier des citoyens et des associations
caritatives,
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• les contribuables participent par l’impôt payé aux investissements en santé publique par
exemple, aux subventions (envers les personnes défavorisées,…) et à l’adoption de nouvelles lois
(en matière de pollution ou de protection des personnes, etc.),
• les clients des produits et services peuvent se voir obligés par la loi ou par une norme
professionnelle de payer un surcoût et donc ainsi de prendre part d’une façon indirecte au
financement du développement durable. Ils peuvent aussi préférer les produits d’EE,
•
l’entreprise supporte les coûts des exigences de développement durable. Un comportement
éthique peut empêcher certains groupes de réaliser des profits déloyaux voire illégaux (engrangés
par recours à la fraude ou à la corruption), ce qui représente une avancée non négligeable. Mais le
coût du développement durable peut également se déduire des profits loyaux de l’entreprise. Or si
ces dépenses amoindrissent significativement les bénéfices, l’entreprise risque d’y laisser une partie
de sa compétitivité et le comportement éthique l’aura muée en entreprise non viable, ce qui serait
contraire au but premier recherché !
Si l’entreprise adhère sincèrement aux principes du développement durable, elle apprendra à gérer
les contraintes en découlant, c’est-à-dire à minimiser l’impact négatif des actions menées à des fins
éthiques sur sa rentabilité à court terme. Elle axera ainsi une grande partie de ses investissements
sur des projets de développement durable ne dégradant pas son bilan.
Ces derniers, sélectionnés avec soin et administrés avec diligence, doivent contribuer, au moins à
terme, à des bénéfices supplémentaires et à une nouvelle valorisation de l’entreprise par de la
création de valeur additionnelle.
Le but visé est que l’ensemble des actions de développement durable ne mette pas en péril la
situation financière de l’entreprise mais bien au contraire améliore continuellement sa rentabilité.
SYNTHESE DE LA SECTION 2
Les économies actuelles ont vu émerger, avec l’ascension des préoccupations éthiques de
l’ensemble de la société, un méta-marché. Ce dernier est synonyme de nouvelles opportunités
commerciales et de diversification des produits et services mais aussi de nouvelles formes
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d’organisation des entreprises. L’image, tant interne qu’externe, donnée par l’entreprise d’ellemême, occupe désormais une place grandissante dans le défi quotidien de pérennisation des
groupes. La performance financière d’une entreprise ne se juge plus uniquement à la seule aune de
la profitabilité financière mais s’appuie désormais sur des indicateurs évoluant vers une prise en
compte croissante de critères qualitatifs tels que sa capacité à répondre aux besoins de ses clients et
de ses collaborateurs. Les enjeux sociaux et environnementaux du développement durable, dont les
coûts ne sont à l’évidence pas à négliger, doivent néanmoins permettre aux groupes décidant de
relever le défi de se positionner comme performants durablement dans le paysage économique.
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CONCLUSION
Jusqu’à présent, les règles de profitabilité économique étaient les seules références appliquées pour
évaluer les entreprises. Aujourd’hui, au-delà de ces principes financiers, elles sont tenues d’assumer
leurs responsabilités sociales et environnementales. Le développement durable, compris comme la
responsabilité des générations présentes envers les générations futures, n’est ainsi nullement un
phénomène de mode éphémère. Il impose aux entreprises de nouvelles contraintes mais permet de
nouveaux systèmes d’organisation (nouvelle gestion des risques et de l’image de l’entreprise). Le
développement durable offre également de nouvelles opportunités commerciales (nouveaux
marchés, nouveaux produits). Certes, il génère des coûts de court terme supplémentaires mais les
investissement réalisés dans cette optique créent de la valeur additionnelle à moyen/long terme.
Comme nous l’avons illustré dans le présent travail, les entreprises éthiques sont au moins aussi
performantes que les entreprises classiques. En 1999, chacun des 7 indicateurs de rentabilité s’est
amélioré et en 2002, malgré la conjoncture défavorable, 4 des 7 indicateurs se sont améliorés. Les
EE étudiées ont surperformé à 68,33% la croissance annuelle du PIB de 1998 à 2002.
Concernant les fonds éthiques, en l’état actuel des études menées, il ne nous est pas possible
d’affirmer avec force qu’ils surperforment leurs benchmarks. Cependant, les analyses disponibles
depuis une dizaine d’années montrent qu’il y a égalité de performance entre les fonds éthiques et les
fonds traditionnels. Certains fonds éthiques, dans chaque catégorie de fonds, présentent même un
rendement supérieur.
La rentabilité financière n’est cependant pas la seule référence pour apprécier la performance des
entreprises et les intérêts des seuls actionnaires doivent être sublimés par l’intérêt de toutes les
parties prenantes (actionnaires, collaborateurs, clients et fournisseurs, société civile et
environnement naturel).
La principale difficulté est alors de trouver des outils pour chiffrer la création de valeur partenariale,
notion de caractère qualitatif, moins opérationnalisée que la rentabilité classique.
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La stakeholder value se décompose en contribution de la partie prenante à l’augmentation de la
valeur de l’entreprise et inversement en utilité retirée par la partie prenante de sa relation avec
l’entreprise.
Nous avons montré par l’étude de la stakeholder value calculée selon la méthode élaborée par
l’université de Lüneburg et appliquée aux entreprises BAYER et SAINT GOBAIN qu’il était
difficile de quantifier cette création de valeur partenariale. Les concepts développés jusqu’à présent
aboutissent à des conclusions assez mitigées. L’analyste financier est confronté dorénavant à la
conception de nouveaux indicateurs aptes à mesurer la valeur partenariale.
Au-delà de ces considérations techniques, nous pensons que le développement durable pourrait être
promu de façon plus efficace si certaines critiques étaient prises en compte dans la composition des
indices éthiques. Il est possible de citer la vérification non systématique des informations sociales et
environnementales fournies par les entreprises, la prédominance des multinationales par rapport aux
structures de petite et moyenne taille, l’absence de normes précises afin d’évaluer plus
objectivement les performances autres que financières.
Concernant ce dernier point, la sous-commission des droits de l’homme des Nations Unies a voté le
13 Août dernier une résolution destinée à faire avancer les engagements des multinationales en
faveur du développement durable et s’est accordée sur une liste de normes qu’elle aimerait voir
appliquer dans ces multinationales. Des contrôles inopinés de ces règles pourraient alors être
exercés.
Un « marché de la vertu », marché des normes éthiques et de leur contrôle, est ainsi en passe
d’émerger selon Javier SANTIASO, chercheur au CERI (Centre d’Etudes et de Recherches
Internationales).
Nous avons démontré que le développement durable entraîne des coûts. L’entreprise devrait trouver
les moyens pour autofinancer au moins une partie de ses investissements.
Mais le développement durable ne saurait reposer uniquement sur les actions isolées et
individualisées des entreprises et l’Etat est l’acteur à même, de par la législation, de donner aux
entreprises
un
cadre
complet
nécessaire
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à
la
poursuite
de
cette
cause.
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ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
„ Développement durable et gouvernement d’entreprise, Thierry WIEDERMANN-GOIRAN,
Frédéric PERIER, François LEPINEUX, les Cahiers de l’ORSE, Editions d’Organisation, 2003
„ L’éthique financière, Jean-François DAIGNE, Que sais-je ?, Presses Universitaires de France,
1991
„ Développement durable, pour une entreprise compétitive et responsable, Octave GELINIER,
François-Xavier SIMON, Jean-Pierre BILLARD, Jean-Louis MULLER, ESF EDITEUR, 2002
„ Le développement durable. Des enjeux stratégiques pour l’entreprise, Geneviève FERONE,
Charles-Henri d’ARCIMOLES, Pascal BELLO, Najib SASSENOU, Editions d’Organisation, 2003
„ Finance d’Entreprise, Pierre VERNIMMEN, Dalloz, 2002
DOSSIERS DE SYNTHESE :
„ Perception de l’investissement socialement responsable par les marchés financiers européens,
dossier de synthèse, CSR Europe / EURONEXT /CDC, 20 Novembre 2001
„ L’information financière. Groupes industriels et commerciaux européens. Doctrines et pratiques,
Deloitte Touche Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG et Mazars et Guérard, CPC Editions, 2002
„ La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelle tendance de la consommation ?, Régis
BIGOT, Etude du CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de
vie), Décembre 2002
„ Problématique des indicateurs environnementaux et de développement durable, Daniel TYTECA,
Octobre 2002
„ Qu’est-ce que la « stakeholder value » ?, Frank FIGGE, Stefan SCHALTEGGER, Université de
Lüneburg, publié par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Juin 2000
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„ Fonds éthiques : séparons le bon grain de l’ivraie, Florence DEPOERS, Emmanuelle
REYNAUD, Grégory SCHNEIDER MAUNOURY
„ Storebrand Socially Responsible Research. L’intégration des critères des droits de l’homme dans
les processus de prise de décision relative aux investissements, Février 2000
ARTICLES :
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.739 du 5 Décembre 2001.
L’éthique à tout prix ? Ethan B. KAPSTEIN
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.745 du 23 Janvier 2002. Entreprises,
consommateurs. La nouvelle donne éthique
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.764 du 5 Juin 2002. Pays en développement
Mondialisation : la gouvernance au service du développement durable, Joke WALLERHUNTER
Pour un développement plus humain, Philippe BLANCHER
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.778 du 2 Octobre 2002. Capitalisme, économie.
Quelle place pour l’éthique ?
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.789 du 18 Décembre 2002. Economie
internationale
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.795 du 5 Février 2003.
La valorisation du capital humain, Jacky OUZIEL
„ Problèmes Economiques, Hebdomadaire n° 2.800 du 12 Mars 2003. Le développement durable :
un objectif incertain
„ La Tribune, Quotidien n ° 24.465 du 7 Novembre 2002.
„ Banque Stratégie, n ° 161, Juin 1999. Les limites de la création de valeur, Jérôme CABY, Gérard
HIRIGOYEN
„ Le Monde, 15 Août 2003
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ANNEXE 1
Définition du coût du capital :
VOLKSWAGEN
Calcul du coût d'actualisation
3,70%
1,50%
3,40%
Eléments constitutifs du taux
Nature des éléments
Taux de rendement exigé à long
OAT à 10 ans (moyenne des
terme sur des actifs sans risque
6 derniers mois)
Dépréciation du pouvoir d'achat
Indice général des prix sur
de la monnaie
12 mois glissant
Prime de risque du marché
Ecart sur longue période entre
Pourcentage d'estimation
3 à 4% actuellement
1 à 2,5% actuellement
3 à 5%
le rendement du marché action
et celui du marché obligataire
sans risque
1,22
Bêta du secteur automobile
1,50%
Risque de défaillance (risque spécifique)
0,00%
Technologique
Faible, la technologie du groupe est en avance sur celle du secteur
0,00%
Management
Faible, management compétent et motivé
0,00%
Industriel et environnemental
Faible, pas de risque industriel et environnemental spécifique en-dehors du risque du secteur inclus dans le Bêta
0,00%
Social
Faible, pas de risque social significatif identifié
0,00%
Commercial
Faible, pas de dépendance envers la clientèle, le système de base de données B2B minimise le risque fournisseurs
1,00%
Concurrentiel
Elevé, une forte baisse des ventes en Amérique du Nord, Amérique Latine et en Europe de l'Ouest peut
0,00%
Financier
Faible, structure d'endettement (dettes/fonds propres) saine (39%), bon rating de crédit, résultat net positif à long terme
0,50%
Juridique et réglementaire
Moyen, la directive de retour aux fabricants des automobiles en fin de vie pèse sur le résultat du groupe
mettre le groupe en danger face à une concurrence potentielle
Aucune conséquence financière n'a été clairement définie
Coût du capital = taux sans risque - dépréciation du pouvoir d'achat + bêta x prime de risque du marché + risque spécifique + économie d'impôt :
Avec économie d'impôt : taux d'endettement x taux d'emprunt x taux d'imposition
0,35%
76/78
7,50%
Définition du coût du capital :
LAFARGE
Calcul du taux d'actualisation
3,70%
1,50%
3,40%
Eléments constitutifs du taux
Nature des éléments
Taux de rendement exigé à long
OAT à 10 ans (moyenne des
terme sur des actifs sans risque
6 derniers mois)
Dépréciation du pouvoir d'achat
Indice général des prix sur
de la monnaie
12 mois glissant
Prime de risque du marché
Ecart sur longue période entre
Pourcentage d'estimation
3 à 4% actuellement
1 à 2,5% actuellement
3 à 5%
le rendement du marché action
et celui du marché obligataire
sans risque
1,08
Bêta du secteur construction
3,00%
Risque de défaillance (risque spécifique)
0,00%
Technologique
Faible, pas de risque technologique identifié
0,00%
Management
Faible, management compétent et motivé
0,00%
Industriel et environnemental
Faible, pas de risque industriel et environnemental spécifique en-dehors du risque du secteur inclus dans le Bêta
0,00%
Social
Faible, pas de risque social significatif identifié
0,50%
Commercial
Moyen, dépendance envers les fournisseurs, pas de dépendance spécifique envers la clientèle, risque du marché émergent
0,50%
Concurrentiel
Moyen, concurrence assez importante sur le marché américain
1,00%
Financier
Elevé, ratio d'endettement (dettes/fonds propres) dégradé (110%)
1,00%
Juridique et réglementaire
Elevé, résultat d'exploitation et condition financière fortement liés aux changements de législation
Coût du capital = taux sans risque - dépréciation du pouvoir d'achat + bêta x prime de risque du marché + risque spécifique + économie d'impôt :
Avec économie d'impôt : taux d'endettement x taux d'emprunt x taux d'imposition
0,95%
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7,93%
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ANNEXE 2
EVOLUTION DU PRODUIT INTERIEUR BRUT DE 1998 A 2002
CALCULE AUX PRIX ET TAUX DE CHANGE DE 1995
Allemagne
Australie
Belgique
Etats-Unis
France
Pays-Bas
Suisse
2002
0,18%
3,53%
0,69%
2,43%
1,20%
0,24%
0,09%
2001
0,57%
3,93%
0,76%
0,25%
2,10%
1,27%
0,89%
2000
2,85%
1,76%
3,73%
3,78%
3,79%
3,32%
3,16%
1999
2,05%
4,14%
2,90%
4,14%
3,22%
3,99%
1,53%
Source : publications annuelles de l’OCDE
ANNEXE 3
REPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET SALAIRE MOYEN
DE BAYER ET SAINT GOBAIN
„ BAYER
% du CA
Frais de personnel
Charges d'intérêt
Charges fiscales
Bénéfice net du groupe
2002
2001
2000
1999
1998
27,01%
3,09%
0,36%
3,58%
25,02%
1,54%
0,51%
3,19%
24,49%
1,50%
3,71%
5,86%
25,24%
1,28%
2,99%
7,33%
23,69%
1,32%
3,97%
5,75%
2002
Effectif à la fin de l'année
Salaire moyen
2001
2000
1999
1998
122 600
116 900
122 100
120 400
145 100
65 261,01
64 807,53
62 121,21
57 267,44
45 809,79
„ SAINT GOBAIN
% du CA
Frais de personnel
Charges d'intérêt
Charges fiscales
Bénéfice net du groupe
Effectif à la fin de l'année
Salaire moyen
2002
2001
2000
1999
1998
21,35%
1,47%
2,02%
3,44%
21,45%
1,78%
2,37%
3,73%
22,27%
2,00%
2,75%
5,26%
24,84%
1,73%
3,38%
5,34%
23,83%
1,93%
3,31%
6,16%
2002
2001
2000
1999
1998
169 641
171 715
167 477
160 878
114 366
38 109,89
37 964,07
38 309,74
35 436,79
37 135,16
78/78