Vivre à la campagne

Transcription

Vivre à la campagne
exclusif
Le journal qui ne s’use que si l’on s’insère
Vivre à la campa
g
Réseaux et rés
ne
N°39 - juillet 2013 - 2,5 
istances
Canton : St-Amant-Roche-Savine p. 9
Ailleurs : Brioude p. 10
Emplois low cost et BTP p. 12
dossier
“Campagnitude” ou ruralité ?
Derrière des termes flous
se cache une réalité qui ne se
limite pas au monde agricole.
Le mythe urbain du bonheur
dans le pré s’y heurte à des
faits têtus : raréfaction de
services essentiels (transports, écoles, médecins...),
désert de l’emploi, isolement
social. De la communauté
de communes au quidam,
on s’organise pourtant. Ici,
on sauve une maison de la
presse, là on fait revivre une
ferme... La ruralité n’est pas
une utopie. C’est une forme
de résistance.
Quand l’intercommunalité se mêle d’économie
Je pompe, tu presses, ils soignent…
Nombre de collectivités rurales voient disparaître services et commerces. Pour éviter le dépérissement, la communauté
de communes d’Ardes-sur-Couze, dans le Cézallier, mène une politique ciblée et sans tabous. État des lieux.
U
ne pompe à essence publique, c’est plutôt inhabituel : il en existe une dizaine
en France. Pour Guillaume Rousset,
agent de développement à Ardes communauté1,
« il fallait concrétiser l’offre ici, afin que les
gens aient moins de raisons d’aller à Issoire. »
Cette pompe est automatique, mais la gestion
d’une deuxième, installée à Anzat-le-Luguet, est
confiée au propriétaire du bar-restaurant/point
presse/épicerie qui jouxte la station. « Dans ce
cadre, la station-service a du sens », justifie
Guillaume Rousset.
Si l’essence est, en moyenne, plus chère
à ces pompes d’une dizaine de centimes par
litre, son prix reste inférieur à ceux des stations
autoroutières. Il est fixé en fonction du marché
quand la cuve est remplie, et ne change qu’au
prochain remplissage, quelle que soit l’évolution
des cours entretemps – pas de spéculation ! La
meilleure preuve du succès : avec 30 passages
quotidiens et 300 000 litres par an, la station est
plus qu’une “roue de secours” pour les consommateurs. La commune s’octroyait jusqu’à présent une marge de 0,09 €/litre, chiffre bientôt
ramené à 0,06 €. « On s’est rendu compte
que l’équipement allait être très rapidement
amorti », explique Guillaume.
Une maison médicale
Face aux critiques sur l’investissement municipal dans une structure fondamentalement
marchande, l’agent de développement avance
un argument tout simple : « Aucun tabou à ce
sujet, dès que ça répond à un besoin collectif.
Néanmoins, c’est toujours pour nous le dernier
recours, quand les réponses issues du secteur
privé ne sont pas satisfaisantes. » Une position
qui explique aussi la reprise du bureau de presse
(ci-contre).
Cette politique pragmatique touche aussi le
domaine médico-social, avec une différence : là
il ne s’agit pas tant de suppléer les défaillances
du secteur marchand que de créer de nouveaux
équipements. Avec le départ du dernier généraliste en 2007, la création d’une maison de santé,
en projet depuis quelques années, s’est imposée face à la perspective d’un désert médical.
Ouverte en 2012 au rez-de-chaussée d’un bâtiment réhabilité du centre bourg, elle regroupe
les praticiens encore présents – kinésithérapeute,
dentiste, infirmières – et… un nouveau médecin.
Plus facile à gérer, cette structure ouvre aussi la
perspective de convaincre à l’avenir d’éventuels
successeurs, grâce à des conditions d’accueil
avantageuses. Et en septembre, une maison
d’assistantes maternelles s’est installée à l’étage,
à suivre ci-dessous… S.J.
1. Elle réunit 15 communes ; 68 Grande rue,
63420 Ardes-sur-Couze, tél. 04 73 71 80 39,
courriel [email protected], site : www.
paysdissoirevaldalliersud.fr/Ardes-Communaute
Des p’tits loups bien gardés !
Claire et Florie accueillent jusqu’à huit enfants à la nouvelle Maison d’assistantes
Exclusif n° 39 - juillet 2013
« P
2
Florie en a plein les bras…
lus besoin de les soulever à bout
de bras pour leur laver les mains,
et en plus ils adorent ça ! » Depuis
septembre 2012, Claire Folio, Florie Fouilloux et
leurs petits pensionnaires ont pris possession des
lieux avec bonheur : une grande pièce dédiée aux
jeux et aux activités, un espace sommeil et un
espace sanitaire, tous adaptés aux besoins des
0-6 ans et vitrés pour garder un œil sur ce petit
monde. Les locaux flambant neufs de la Maison
d’assistantes maternelles (MAM) sont situés en
étage, au dessus de la maison de santé.
Des chaises aux lavabos, tout est à la taille des
enfants, qui ont ainsi plus de facilité et d’autonomie
pour acquérir les gestes du quotidien. Les deux
collègues soulignent aussi le côté pratique ; et
ils ne sont pas les seuls, les parents apprécient
également ces petits plus. Les normes de sécurité
en vigueur dans les lieux d’accueil d’enfants en bas
âge, de plus en plus strictes, freinent beaucoup
les agréments pour faire ce métier à domicile.
« Il faudrait bien souvent engager des travaux de
modification qu’on ne peut pas assumer. L’avantage
ici, c’est que les choses ont été pensées dès le
départ », explique Claire.
Trois places de plus
« J’ai été assistante maternelle à domicile, je
vois vraiment la différence. C’est beaucoup plus
simple ici », constate Florie. Et ce n’est pas
qu’une question de matériel. En se distinguant
de la vie privée, l’activité revêt un caractère plus
professionnel, et le reste de la famille est préservé.
Les MAM contribuent à la reconnaissance de la
profession, « cela donne du crédit au métier et
aux personnes qui le font », ajoute Claire. Un
cloisonnement bénéfique à tous : si les parents
portent un regard différent, plus respectueux et
confiant sur les assistantes maternelles – dont
ils restent les employeurs et qu’ils rémunèrent à
l’identique –, elles reconnaissent elles aussi mieux
Adeline et l’avenir du bureau de presse
Une reprise à double titre
À défaut d’un repreneur privé mais grâce à un emploi d’avenir, le bureau de presse d’Ardes renaît avec une jeune
salariée, Adeline Biville.
D
communes décide alors de relancer l’activité, chiffre d’affaires et lui laisse le temps d’apprécier
rachète le fonds de commerce à sa gérante qui « ce qui fonctionne ou pas » dans la boutique…
part à la retraite, et recontacte Adeline : son Dans l’immédiat, après seulement trois mois
profil paraît tout à fait approprié puisqu’elle a d’activité, il est encore un peu tôt pour se prodéjà bien étudié la question. Elle accepte leur noncer sur la viabilité du commerce, mais « il
proposition d’un emploi d’avenir, parce que ces y a un réel besoin, la population est heureuse
contrats prévoient que le salarié bénéficie d’une d’avoir la presse sur place. Il n’y a pas de raison
pour que ça ne marche pas ».
formation. Ardes Communauté –
Au-delà des trois ans, Ardes
qui investit au total 35 000 € dans
Coup double… Communauté
– à qui le poste d’Adel’affaire, en partie issus d’une aide
line ne coûte “que” 355 € par mois
européenne – finance d’abord
un stage d’initiation au métier de diffuseur – ne souhaite pas nécessairement conserver cette
de presse, tous frais payés. Adeline demande activité, et serait plus favorable à un retour au
aussi une formation secteur privé ; son objectif est de voir le chiffre
en comptabilité ; elle d’affaires – qu’elle encaisse – doubler d’ici là.
Et pour la première fois grâce à Adeline, Jo-Wilfried Tsonga dans Exclusif !
s’avère pour l’instant Adeline pourra alors, si elle le souhaite, envisager
difficile à mettre en sereinement une reprise. « Et dans trois ans, je
place, principalement ne serai plus une débutante ! »
à cause de ses horaires.
Là est l’originalité de la démarche : avoir
« Il faut que les orga- profité de l’émergence des emplois d’avenir à
nismes de formation bon escient et à double titre : un service essentiel
s’adaptent aux temps est ainsi sauvegardé, avec la durée nécessaire
pleins des emplois pour renforcer et stabiliser l’activité commerd’avenir : je suis dispo- ciale ; et pour Adeline, c’est du temps et de
nible quelques heures l’expérience acquise avant de se lancer à son
ou demi-journées par compte, ici ou ailleurs.
semaine, mais pas six
V.P.
mois en continu. »
Un CDD de trois
ans assure à Adeline
un salaire fixe au SMIC, ➔ Bureau de presse, 7 rue du Commerce,
indépendamment du 63420 Ardes sur Couze, tél. 04 73 54 03 53
ébarquant de Normandie, la famille
Biville – Adeline, Guillaume et leurs
deux enfants – s’installe à Ardes en
août dernier. « Nous étions venus une première
fois, et le dynamisme et l’offre de services du
village nous avaient séduits, explique Adeline.
J’envisageais de racheter la maison de la presse,
mais j’avais renoncé faute de soutien bancaire. »
En revanche, Guillaume se lance comme artisan
couvreur…
Mais aucune autre offre de reprise ne paraît
viable aux yeux des banques (c’est à se demander
si elles ont des yeux, ndlr). La communauté de
vivre cette situation, « moins intrusive ». Elles
apprécient également de ne plus travailler seules.
Conçue pour accueillir deux assistantes
maternelles et huit enfants – soit trois de plus
qu’aux domiciles de Florie et Claire – la MAM
connaît un développement d’activité depuis le
début de l’année. Elles travaillent maintenant
chacune de 34 à 40 heures par semaine, pour un
salaire équivalent au SMIC. Si les locaux sont mis
à disposition gratuitement la première année, Ardes
Communauté prévoit par la suite un mode locatif
proportionnel au volume d’activité. Ainsi Claire
et Florie devront se partager un loyer mensuel de
l’ordre de 180 €. Un peu plus de frais que lorsqu’on
exerce à domicile, mais vu les conditions de travail
« ça vaut vraiment le coup », affirme Claire, tout
sourire. Enfants épanouis, assistantes maternelles
reconnues et parents sereins, pari gagné pour les
P’tits loups. V.P.
Une belle histoire vraie
➔ Les P’tits loups du Cézallier, 2 rue du Vallat, 63420
Ardes-sur-Couze ; Claire Folio, tél. 06 09 11 20 47
PHM
de la campagne, qu’on nous
a racontée en reportage,
lors d’une discussion
sur les “voiturettes” :
« Sur nos petites routes, elles sont
moins dangereuses que sur les
nationales, et bien utiles pour des
personnes isolées et sans permis. »
Exclusif n° 39 - juillet 2013
maternelles, au cœur d’Ardes.
3
dossier
Comment prendre racine à Vollore-Montagne
Une ferme à huit bras...
Ils sont quatre, jeunes, altruistes et venus d’ailleurs pour travailler à
la campagne. Après un an et demi d’existence, leur ferme collective
à Rossias, près de Vollore-Montagne, est sur le bon chemin.
L
a ferme du “Pô commun” tient son nom
d’une anecdote où il est question d’amitié,
d’un peu de tabac et d’une certaine idée
du partage. Guillaume, Mélina, Benoît et Charly
l’ont achetée ensemble fin 2011, en indivision.
Ils avaient imaginé ce projet collectif pendant
leurs études communes – un BTS
gestion et protection de la nature
à Vendôme (Loir-et-Cher) –, après
lesquelles chacun a eu une première expérience professionnelle.
Ils décident en 2010 de chercher un lieu à égale distance de
leurs différentes régions d’origine
et trouvent cette ferme auvergnate
sur le site leboncoin.fr. « On a voulu faire revivre
cette campagne, on n’a pas envie de se retrouver
en ville, expliquent-ils. Le maire nous a soutenus
et a facilité notre intégration, tout comme les
habitants du village. » Les fonds provenant de
leurs économies personnelles et de l’aide de
leurs familles, ils n’ont pas eu à contracter de
prêts bancaires.
Les quatre amis ont progressivement réhabilité la ferme et aménagé ses 6 hectares, avec
l’aide d’amis et même parfois d’inconnus,
selon le principe du “woofing1” : des personnes
aident à l’aménagement du lieu ou aux activités
quotidiennes en échange du gîte et du couvert.
Le corps de ferme est le lieu de vie commun,
chauffé avec un poêle à bois bouilleur, et ils ont
aménagé une douche solaire dans la serre du
jardin. Celui-ci, cultivé à l’aide d’un cheval de
trait, est leur principale source de nourriture.
Ils ont également un cochon vietnamien et deux
chèvres. G.M. et Y.P.
... et quatre branches
Guillaume, cheveux longs et barbe en friche, est animateur d’actions d’éducation à l’environnement, pour l’association Brin d’air2 et sous le statut d’autoentrepreneur : colonies de vacances, classes découvertes à la ferme, balades nature
pédestres ou avec le cheval. En projet, l’animation des activités périscolaires, l’an
prochain à l’école de Vollore-Montagne. Il a également mis au point des toilettes sèches dans une caravane qu’il met à disposition sur les festivals, foires…
De gauche à droite : Guillaume, Charly, Benoît, puis Mélina et Sabine
Charly est aviculteur, sous l’enseigne Au Verger picoré ; après le défrichage
d’une lande de genêts, un poulailler pour les pondeuses et un bâtiment d’élevage
ont été réalisés en écoconstruction (ossature bois, isolation paille) pour produire
des œufs, ainsi que des poulets, coqs, oies, canards, dindons… Mais Charly
« ne met pas tous ses œufs dans le même panier » : il est aussi arboriculteur et
a greffé des variétés d’arbres fruitiers anciennes et menacées de disparition, en
lien avec le Conservatoire d’espèces naturelles d’Auvergne3. Il espère, d’ici 2016,
tirer un revenu satisfaisant de ses pommes, poires, cerises, coings, framboises,
cassis… éventuellement transformés en jus et cidre. Il a obtenu une certification
“agriculture biologique” pour ses cultures, qui occupent le même terrain à différentes hauteurs : les volailles en bas, les baies au dessus et les arbres en haut.
4
Mélina produit des plantes aromatiques et des condiments, issus de
la cueillette ou de la culture sur site. Les végétaux sont séchés ou transformés dans son laboratoire en pestos, en infusions… Elle essaie même de
faire pousser du houblon. Elle vend ses produits sous la marque Vol Arom.
G.M. et Y.P.
1. Provient de l’acronyme anglais wwoof : willing worker on organic farms = travailleur
bénévole dans les fermes biologiques, un mouvement né dans les années 1970. Plus
d’infos sur http://www.woofing.fr
2. Infos sur Brin d’air sur notre site journal-exclusif.org, à côté de cet article.
3. CEN Auvergne, Moulin de la Croûte, rue Léon Versepuy, 63200 Riom, tél. 04 73
63 18 27, courriel : [email protected], site : www.cen-auvergne.fr
Photo Guillaume Masson
Exclusif n° 39 - juillet 2013
Benoît, boulanger, cuit du pain au levain à base de blé et de seigle, et également du pain “3 graines” (lin, tournesol, sésame), dans un four auto-construit en
matériaux de récupération. Il livre son pain et les œufs de Charly aux habitants de
Vollore, à domicile. Sous la marque Chant du blé, il vend aussi sur les marchés de
Thiers et de Saint-Just en Chevalet (Loire). Objectif : cultiver ses propres céréales.
Saint-martin-d’ollières
Instruire au vert
Cécile exerce le métier de professeur des écoles. Après avoir fait l’expérience
des classes primaires en ville, c’est à Saint-Martin-d’Ollières qu’elle a choisi de
poser son cartable.
D
ans la classe unique de Saint-Martin (150 habitants), Cécile Beaure instruit depuis quatre
ans 16 enfants de niveaux différents, du CE1 au CM2, dont quatre de la commune.
L’école primaire fonctionne en regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec
Peslières et Valz-sous-Châteauneuf (63), Saint-Hilaire et Chassignolles en Haute-Loire.
Avantages du village
La salle de classe, au rez-de-chaussée de la mairie, est équipée d’une technologie de pointe : chaque
écolier dispose d’un ordinateur, et depuis que le tableau numérique est installé, le noir à côté de
lui fait grise mine. Cette “école numérique rurale”, qui favorise l’interactivité entre les élèves et
l’enseignante, existe grâce à une aide financière de l’État mais surtout à l’effort des cinq communes.
Pour l’enseignante, qui voulait depuis longtemps travailler à la campagne, le petit effectif est
aussi un atout : « Je peux suivre de plus près leurs apprentissages. Et d’une façon générale, par
Brèves de maires
Merci Internet
François Chassaigne, maire de Saint-AmantRoche-Savine, repère sur le site leboncoin.fr des
personnes désirant habiter à la campagne. Ce qui a
permis, cette année, de sauver la troisième classe
du collège grâce à un couple venu s’installer dans
le Livradois avec ses deux enfants !
SDF branchés
L’hiver, ce même maire ouvre aux SDF les locaux
du Comité d’entreprise d’EDF, situés sur sa
commune et vacants à cette période.
Bus des montagnes… et des jeunes
Sylvie Jolivet, maire de Saint-Jean-Saint-Gervais,
voudrait que le Bus des Montagnes, à l’origine
destiné aux personnes âgées pour aller une fois
par semaine au marché, mais de moins en moins
utilisé pour cela, s’oriente davantage vers les
jeunes afin qu’ils puissent plus facilement se
rendre à la Mission Locale, à Pôle Emploi ou à
la médiathèque.
RSA des villes, RSA des champs
Damien Gaudriault, maire de Saint-Martin
d’Ollières : « Venir s’installer à la campagne
quand on est au RSA ? Si on veut s’en sortir,
c’est possible. Le travail manque sur le bassin
minier, mais ici il y a quand même des possibilités,
notamment en intérim et dans l’aide à domicile
(voir ci-contre). Si on peut faire un jardin, ça
aide aussi, bien sûr. Mais deux choses sont
indispensables : un véhicule et un congélateur. »
Des bêtes et des cloches
rapport à ce que j’ai connu en ville, les élèves sont plus proches de nous, ils travaillent mieux, et
les parents sont plus intéressés et respectueux. » « Et nous avons la chance d’avoir notre cantinière,
qui prépare les repas pour les enfants et le personnel communal », poursuit Cécile, qui ajoute
encore un avantage très personnel : « Ici, je fais des économies : je fais moins de shopping… »
Inconvénients de l’éloignement
En vrac : le bibliobus qui ne passe plus au village ; les 40 minutes quotidiennes de transport
scolaire pour certains enfants du RPI ; et à la fin du CM2, le départ pour le collège est souvent
un déchirement pour les élèves, car une partie d’entre eux part à Brioude et l’autre reste dans le
Puy-de-Dôme.
Ombre au tableau
La réforme des rythmes scolaires doit permettre, en faisant classe le mercredi matin, d’alléger le
reste de la semaine : très bien… Mais pour cela, les communes doivent financer un jour de plus
de transport scolaire, de cantine, et les activités de loisirs du mercredi après-midi… Damien
Gaudriault, le maire de Saint-Martin, explique que le problème n’est pas que financier : « C’est
un casse-tête pour nos petites communes. Il faut savoir que la part des impôts que nous percevons
ne permet même pas de payer les employés communaux ; sans la subvention de l’État, on n’a
aucune latitude financière. Pour cette réforme, l’aide de l’État ne suffira pas, on le sait. On peut
attendre une année de plus pour la mettre en place, le temps de trouver des solutions. Mais
alors, on risque de voir des familles mettre leurs enfants à l’école ailleurs, là où ils seront gardés
le mercredi ; et si on perd quelques élèves, c’est notre école elle-même qui est menacée ! Tout ça
est trop précipité… »
Mo.B. et D.C.
HLM : le pour, le contre
Faut-il créer du logement social dans les petites
communes, où le terrain et les logements sont
moins chers ? « Les bailleurs sociaux n’y sont
pas favorables, » explique Sylvie Jolivet, maire de
Saint-Jean-Saint-Gervais (109 habitants, aucun
commerce), « parce qu’on risquerait de mettre
ces locataires en difficulté en les obligeant à
beaucoup utiliser une voiture, indispensable pour
la moindre course. »
Vieillir à la campagne
« Aujourd’hui, les difficultés commencent à 80-85
ans, lorsque les personnes deviennent dépendantes
et ne conduisent plus, explique Sylvie Jolivet :
notre communauté de communes a un service
d’aide à domicile et de portage de repas à domicile
qui emploie une soixantaine de personnes (35
équivalents temps plein) ; c’est un métier qui se
professionnalise de plus en plus. Mais pour lutter
contre l’isolement, les familles sont présentes et
restent indispensables. »
…
Exclusif n° 39 - juillet 2013
Le maire et la directrice de l’école : à Saint-Martin, on mise sur deux tableaux, le noir et le numérique !
Damien Gaudriault, aujourd’hui agriculteur, est
originaire d’une ville moyenne : « On peut venir
de loin et être bien accueilli chez nous, mais il faut
accepter plusieurs choses : les bêtes, les tracteurs,
la neige – après un premier hiver, généralement
on s’équipe –, et aussi les cloches. » Pas celles
des vaches, celles de l’église.
5
…
Tournée
Pas de maire au RSA
On a cherché mais pas trouvé de maire au
RSA. « Mais à mon avis, blague Sylvie , ici
on peut facilement être maire et devenir
chômeur, si on consacre à la mairie tout le
temps qu’on nous réclame, au détriment de
sa vie professionnelle… »
Grandir à la campagne
« Peut-être que l’isolement touche surtout les
jeunes, avec le risque, en dehors de l’école, de
rester dans un cercle de relations très réduit :
pour la moindre activité, foot ou musique, il
faut obligatoirement faire deux fois 15 minutes
de voiture… Tous les parents ne peuvent pas se
transformer en taxi tous les mercredis ! »
Où sont les vaches ?
« L’employé communal, partagé entre deux
communes, a de plus en plus de travail, parce
qu’aujourd’hui plus personne ne va déboucher
un fossé, parce qu’il n’y a plus de vaches pour
désherber les talus… La fin du monde rural,
c’est aussi ça ! »
Là où il y a de la neige…
C’est le cauchemar des maires ruraux : « Même
si l’employé attaque à 5 heures du matin,
impossible de déneiger tous les chemins à
temps pour que les habitants partent travailler
à 25, voire 60 km… Certains ont du mal à
l’accepter, parce qu’ils viennent habiter ce
milieu sans en connaître les contraintes. »
Autres temps…
Sylvie Jolivet : « Certains géographes et
sociologues disent que “le monde rural
n’existe plus” ; il est vrai qu’il reste très peu
d’agriculteurs ; aujourd’hui l’exode rural est
fini, et des gens reviennent habiter ici ; mais
ils ne le font généralement pas pour vivre des
ressources du pays, et ils ont des habitudes de
vie et des exigences urbaines, c’est cela qui
est très différent. »
Vive le partage du travail !
Un maire d’une commune de moins de 500
habitants perçoit une indemnité mensuelle
maximale de 646 euros (brut), et un adjoint
de 251 euros. Le maire de Saint-Jean-SaintGervais a proposé au conseil municipal, qui a
accepté, de réduire l’indemnité de maire de 25
%, ce qui, à 90 euros près, permet d’avoir (et
d’indemniser) un troisième adjoint.
Exclusif n° 39 - juillet 2013
Centre ville ?
6
Saint-Jean-Saint-Gervais a quelques
particularités : les habitants de la commune
sont répartis dans 14 hameaux, mais il n’y a
pas de bourg. La mairie, l’église (inscrite à
l’Inventaire supplémentaire des monuments
historiques), la maison des associations et le
cimetière constituent tout le “centre ville”…
Du coup, elle n’a pas non plus d’éclairage
public, ce qui en fait un site privilégié pour
l’observation astronomique. Est-ce pour la
même raison qu’un groupe d’artistes peintres
hollandais s’y réunit une fois par an ?
D.G., D.C. et S.J.
Un boucher qui tient la route
À 81 ans, Raymond Chazot n’a pas raccroché les couteaux. Il travaille toujours
à la boucherie-charcuterie et tient beaucoup à continuer les tournées qui
l’emmènent autour de Pontaumur.
V
oilà 56 ans qu’il est au boulot, mais il a
toujours le regard affûté, un rien rusé.
Raymond Chazot est boucher-charcutier à Pontaumur, avec ses fils et sa belle-fille.
Sa journée commence toujours de la même
manière : « 5 h10, je plonge. Un coup de serpillière par la figure, un café et c’est parti ». Il
s’affaire dans le magasin, prépare ses rayons
charcuterie et boucherie. Puisque c’est jour
de tournée, il dispose les victuailles dans son
camion, de part et d’autre de la balance.
A 9 heures, il s’attable dans l’arrière-boutique pour casse-croûter d’un morceau de saucisson avec du pain et du beurre, arrosé d’un
verre de rosé. Ce mercredi, jour de marché à
Pontaumur, il a toujours un visiteur avec qui
partager l’en-cas, on le sait accueillant. « Et
c’est parti ! »
Pâté fin pour Dédé
Le mercredi, c’est Saint-Avit. Un tour d’une
cinquantaine de kilomètres qui va aux confins
du département du Puy-de-Dôme avec une
incursion dans la Creuse, à Létrade. Ce n’est
pas ça qui fait vivre la boucherie, et les fils de M.
Chazot ne comptent pas poursuivre la tournée,
mais Raymond est attaché à ne pas faire faux
bond à ses clients de longue date. Ils lui sont
fidèles. Ce sont souvent les commerçants du
coin, servis depuis toujours. Comme à la scierie
Dubot et fils, à Saint-Avit, où travaillent trois
générations, à la station-service, qui ne voit
plus beaucoup de trafic depuis que la route de
Limoges évite le centre-bourg, chez le garagiste…
Et quelques particuliers, qui sont parfois les
parents des précédents.
« J’aime bien servir mais j’aime bien les voir
deux fois », souligne-t-il pour dire qu’il veille à
garder ses clients. Il salue les dames d’un « ma
p’titoune » ou « ma grande ». « Je les “assomme”
pas, assure-t-il rigolard, et je les gâte. » Elles
sont contentes de l’avoir car il leur rend bien
service. « Ça s’empile en ville et nous, on n’a
plus rien », regrette-t-on à la station-service.
À la sortie de Pontaumur, une dame qui a pris
« un peu de pâté fin pour Dédé » remarque :
« On descend parfois prendre le pain, mais ça
fait démarrer la voiture. »
Des volets clos
La tournée donne l’occasion de rompre
l’isolement de certains, et de donner des nouvelles aux uns et aux autres. « Entre les deux »,
répond la dame interrogée sur la santé de son
mari. Le couple est âgé, comme beaucoup des
clients de Raymond, qui en a vu partir bon
nombre. Aussi les arrêts se font moins nombreux.
« Quand il y en avait un qui cassait sa pipe, il
y avait quelqu’un derrière », mais depuis une
quinzaine d’années les choses ont changé : les
maisons restent inhabitées et la clientèle n’est
pas renouvelée.
Vers 13 heures, Raymond Chazot est de
retour à Pontaumur, déjeune et s’accorde une
petite sieste. S’il se sent le courage, il passera
un bout d’après-midi sur son vélo. Décidément,
un charcutier qui a du jarret.
G.M., Y.P. et Ch.G.
➔ Boucherie-charcuterie Chazot, rue du Got,
63380 Pontaumur, tél. 04 73 79 90 32
dossier
Solidarité Paysans
Une main tendue aux agriculteurs
Les agriculteurs endettés s’enfoncent dans une spirale mortifère. Certains osent chercher de l’aide auprès de Solidarité
Paysans Puy-de-Dôme.
« L
es surfaces à cultiver augmentent,
la charge de travail aussi,
alors l’isolement physique est
fort », souligne Christiane Dessaigne, bénévole
à l’association Solidarité Paysans. En 2010, il y
avait 9000 agriculteurs dans le Puy-de-Dôme,
deux fois moins qu’en 1988. « Il y a moins
d’entraide, le tissu associatif est moins dense
et souvent animé par des néoruraux qui n’ont
pas les mêmes centres d’intérêt. » Issue d’un
réseau national, Solidarité Paysans Puy-deDôme compte deux salariées et une trentaine de
bénévoles, agriculteurs ou proches de ce milieu.
Près de quarante agriculteurs l’appellent chaque
année.
« Aujourd’hui, ils n’ont plus de marge de
manœuvre, poursuit Christiane. Lorsque
se cumulent fragilités professionnelle et
personnelle, au moindre incident s’enclenche
une spirale de difficultés, de culpabilisation et
d’isolement. Difficile de se confier, par peur du
regard des autres ; même avec la famille, c’est
compliqué. Avec nous, ils s’adressent à un pair
qui porte un regard à la fois proche et distant. »
Elle travaille en binôme avec une salariée. « Le
motif d’appel, c’est souvent des dettes à payer,
avec menaces d’huissier ; alors on se déplace
pour voir les personnes, installer la confiance,
intervenir auprès des tribunaux, restructurer les
prêts bancaires. » Au début, il s’agissait surtout
d’agriculteurs de plus de 50 ans très endettés (voir
ci-contre). À présent que Solidarité Paysans est
mieux connue, ils attendent moins ; ils sont plus
jeunes, moins “dans le rouge”. L’urgence passée,
l’association peut porter un regard plus global
sur l’exploitation et l’organisation du travail.
Le RSA : mal connu, compliqué…
En 2012, le Conseil général du Puy-deDôme a confié à Solidarité Paysans la mission
d’accompagner les agriculteurs qui perçoivent le
RSA et sont soumis à une obligation de suivi. Ils
sont 200, avec un profil différent : plus jeunes,
installés sur de plus petites surfaces. « Certains
ont hérité d’une ferme avec deux ou trois prés,
d’autres s’imaginent qu’à la campagne, c’est
facile ; ce sont parfois des étrangers venus des
pays nordiques… Ils croient à l’eldorado, le
miroir aux alouettes fonctionne. La réalité est
tout autre », constate Annie Pasquet, animatrice
locale d’insertion au Conseil général et chargée
du secteur agricole. Solidarité Paysans réalise
un audit des exploitations, propose des pistes
d’amélioration. Les assistantes sociales peuvent
intervenir pour monter des dossiers ou orienter
vers les services compétents.
Mais très souvent, les agriculteurs qui y ont
droit ne demandent pas le RSA, soit par
manque d’information, soit à cause de son
calcul très compliqué. « Ou encore ils ont
peur de se faire traiter de fainéants », estime
Annie : insupportable, pour des travailleurs à
temps complet dont le revenu ne suit pas. « On
rencontre des gens désabusés ou en colère, qui
souffrent du manque de reconnaissance du grand
public. Ils ont été poussés à toujours plus investir.
Certains ont un discours amer : “Voilà ! on
travaille, mais on n’y arrive plus”. » Annie craint
que le printemps pluvieux ne soit la goutte d’eau
qui fasse déborder le besoin de solidarité.
J.-F.M. et C.D.
➔ Solidarité Paysans du Puy de Dôme, Maison des Paysans,
Marmilhat, 63370 Lempdes, tél. 04 73 14 14 74, courriel
[email protected]
Laurence Damatte, une des salariées, et Christiane Dessaigne
Portrait
A
ntoine s’installe en 1984 sur la ferme de 14 hectares de ses grandsparents : « Il fallait tout faire : acheter le troupeau de vaches laitières,
le matériel, rallonger le bâtiment et rembourser ma sœur de sa part
d’héritage. » Il obtient la dotation jeune agriculteur (DJA) qui permet
d’emprunter à des taux très bas. Pour dégager un revenu, il doit alors
racheter 8 hectares, en loue 52 autres et augmente son cheptel – 75 têtes
aujourd’hui. Les difficultés s’installent progressivement : « Ma grand-mère
vivait avec moi, elle est partie en maison de retraite en 1995. » Célibataire,
il se retrouve seul. « Après son décès en 2000, le complément qu’apportait
sa retraite disparaît et les gros problèmes commencent. »
Antoine quitte le Crédit agricole et n’a plus accès aux emprunts bonifiés
agricoles : il rembourse avec des crédits à la consommation. « Tout va
très vite, j’en ai eu jusqu’à 15 ; on a toujours l’espoir de s’en sortir, si
la production va bien. Mais avec des emprunts à 20 %, la dette ne fait
qu’augmenter. Je me disais “demain ça ira mieux”, j’ai tenu tant bien que
mal une dizaine d’années mais quand les huissiers arrivent… Ils sont
hargneux, toujours froids, ils veulent de l’argent tout de suite. Je leur
donnais un chèque à encaisser dans un mois, mais le mois d’après c’était
pareil ! J’ai fini par ne plus répondre au téléphone, ni ouvrir le courrier,
je fuyais la maison. Ça a duré trois ans ; un jour j’ai découvert Solidarité
Paysans en lisant Le Paysan d’Auvergne. »
Dans un premier temps, un redressement à l’amiable est refusé car les dettes
sont trop importantes. Il faut aller au tribunal. Situation angoissante, mais
il est accompagné par l’association. Le tribunal accepte un redressement
judiciaire car c’est une exploitation qui tourne. Elle est mise en cessation
de paiement : les créanciers ne peuvent plus intervenir directement. Les
dettes sont gelées, le remboursement étalé sur 15 ans. Antoine, aujourd’hui
la cinquantaine, a repris les choses en main. « Je continue mon travail, avec
mon chien pour compagnie et un peu de télé en soirée. » Il est habitué à
sa solitude. J.-F.M. et C.D
Exclusif n° 39 - juillet 2013
Antoine et ses traites
7
Ondes nocives
Grégoire trouve refuge en Livradois-Forez
Diagnostiqué électro-hypersensible, Grégoire a quitté l’ouest de la France et son métier d’enseignant pour une “zone
blanche” à l’abri des ondes électromagnétiques.
T
out a commencé par de violentes palpitations cardiaques, en 1997. S’ensuivent
rapidement fatigues chroniques, asthénie et céphalées. Grégoire, enseignant en lycée
agricole, apprend finalement que l’antenne
Bouygues Télécom, à 100 mètres de chez lui, est
utilisée pour des essais. Et commence à soupçonner un lien avec ses problèmes physiques. Il
“fait avec”, longtemps, puis connaît des états
dépressifs que son médecin attribue à des causes
extérieures. Les traitements s’enchaînent alors,
« à la tonne ». Devant leur inefficacité, il prend
un congé sabbatique en 2005, pour chercher
l’origine des ses maux.
Un havre et un potentiel
Grégoire multiplie les examens, à la
recherche, dans un premier temps, de métaux
lourds dans son organisme. Mais le mal est
autre. En 2006, Grégoire apprend qu’il est
hypersensible aux ondes électromagnétiques.
Il se rend bien vite compte que l’information
sûre est denrée rare… et coûteuse. « Pour les
émissions électromagnétiques, on nage en pleine
désinformation. Si l’on veut avoir accès à du
fiable, il faut accepter de payer », affirme-t-il.
Malgré son lourd handicap, Grégoire
reprend son travail, à mi-temps. Très vite, les
contraintes s’accumulent. « A chaque début de
cours, je demandais à mes élèves de poser leurs
téléphones et je m’assurais que tous étaient
bien éteints ». Un geste presque dérisoire dans
un monde saturé d’ondes. Entre wifi et portables allumés dans les salles voisines, Grégoire
patauge dans la douleur. Impossible pour lui de
maîtriser tout cet environnement. En six mois,
l’enseignant s’étiole, et laisse douze kilos dans
l’affaire. « J’ai alors fait valoir mon droit de
retrait, en expliquant que je me sentais en danger
sur mon lieu de travail. Malgré mes explications,
on m’incitait à déclarer qu’il s’agissait d’un
problème d’ordre psychologique, ce que j’ai
bien sûr refusé » se souvient Grégoire, amer. Il
démissionne.
Devant cette affection mal connue, terrible-
ment contraignante au quotidien, ses proches
ne réagissent pas comme il l’espérait. Entre
incompréhension et incrédulité, son mariage
périclite et Grégoire se retrouve seul. Après avoir
longtemps cherché une “zone blanche” où vivre,
Grégoire la trouve finalement en plein Livradois.
Il réside depuis quelques années dans une petite
maison de bois, sans électricité, sans connexion
internet ni téléphone mobile. Un mode de vie
difficile à concevoir, mais le seul qui le soulage
de sa souffrance.
Aujourd’hui, Grégoire condamne la tiédeur
des pouvoirs publics face à ce qu’il considère
comme un problème de santé publique. Il accumule dans un classeur articles et études scientifiques sur la nocivité des ondes. Actif dans la
lutte pour la reconnaissance de ce handicap, il
estime que le Livradois pourrait être un havre
pour les EHS, loin de la pollution électromagnétique qui est désormais la norme presque
partout. « Ici, le potentiel pour les gens comme
nous est énorme. Mais il n’y a pas de vrais efforts
pour le valoriser. » S.J.
PHM
Exclusif n° 39 - juillet 2013
L’électro-hypersensibilité, qu’est-ce que c’est ?
8
L
a réalité des effets des ondes
pulsées sur le vivant est sujette à
controverse. Si les scientifiques sont
nombreux à dénoncer le danger de la
pollution électromagnétique, études
indépendantes à l’appui, les tenants
d’une cause psychosomatique à ces
troubles le sont aussi et contestent ces
conclusions. L’OMS reconnaît la réalité
des symptômes, mais sans établir
un lien de causalité avec les ondes.
Difficile de trancher, mais une chose
est certaine : la réalité des pathologies
et des souffrances des EHS.
« C’est une intolérance aux champs
électromagnétiques artificiels pulsés,
émis par l’ensemble des appareils
électriques et électroniques. Elle se
développe de manière exponentielle
avec les technologies sans fil. Les
symptômes : maux de tête, sensation
de chocs électriques dans le cerveau,
réactions cutanées, douleurs, pertes de
mémoire, de concentration, insomnie,
tachycardie, vertiges... » (source :
avaaz.org).
Pour l’OMS, les symptômes sont une
réalité mais l’organisation réfute la
certitude leur origine : « L’hypersensibilité aux ondes élctromagnétiques est caractérisée par divers
symptômes que les individus touchés
attribuent à l’exposition aux champs
électromagnétiques [...] Cet ensemble
de symptômes ne fait partie d’aucun
syndrome reconnu. »
Infos complémentaires sur d’autres sites
Internet : www.ehs-action.org/ www.
robindestoits.org/ www.electrosensible.org
Solidaires
pas solitaires
Poussé depuis longtemps par son dynamisme culturel,
Saint-Amant-Roche-Savine suscite des initiatives et attire
des néoruraux à la recherche d’un mode de vie alternatif.
C
inq cent quarante âmes
regroupées au cœur du
Livradois, et une certaine
réputation en matière de savoirfaire culturel. Depuis une trentaine
d’années, Saint-Amant-RocheSavine, chef-lieu du plus petit
canton du Puy-de-Dôme (1300
habitants sur cinq communes),
garde la trace du festival rock “SaintAmant-Rock-ça-vibre” qui a fondé
cette réputation.
« Des gens viennent s’installer ici
parce qu’ils recherchent un lieu à
la campagne avec une vie culturelle
alternative, explique le maire
François Chassaigne. Depuis trente
ans, il y a toujours eu des initiatives
de ce type. Mais ce qui attire aussi,
c’est l’image d’ouverture sociale
qu’incarne le village. » Lucide, le
maire sait bien que sa commune n’a guère à proposer en termes d’emploi ;
la majorité des habitants travaille à Ambert ou sur l’agglomération
clermontoise. Mais la commune met en avant une certaine idée de la
solidarité. L’humain avant tout.
Ce souci du cadre de vie fait qu’aujourd’hui, Saint-Amant possède
encore son bureau de poste et un collège qui compte 47 élèves répartis
en trois classes. C’est d’ailleurs pour sauver l’une d’elles que François
Chassaigne est parti en quête de nouveaux habitants... sur Internet
(voir page…). En outre, avec quinze associations, le village jouit d’un
dynamisme rare pour une commune de cette taille. « La question de
la culture et de son accès au plus grand nombre est primordiale pour
ouvrir les esprits et réduire l’isolement social », renchérit le maire, qui
souligne aussi que le partenariat avec la CCAS (comité d’entreprise
d’EDF) permet à Saint-Amant-Roche-Savine de disposer de spectacles
estivaux de qualité.
Solidarités et divergences
Ces convictions sont à l’origine de la mixité de la population, au sein
de laquelle de nouveaux habitants sont arrivés avec des projets de vie
différents. « Il faut s’adapter aux particularités des gens sur certaines
initiatives, mais c’est intéressant, » confirme François Chassaigne, « pas
mal de jeunes restent et s’installent en tant qu’auto-entrepreneurs. »
Beaucoup d’allocataires du RSA aussi, et des personnes dans des
situations précaires qu’il faut gérer avec attention. « Je crois qu’ici les
valeurs de solidarité sont importantes. Par exemple, face aux problèmes
de transport en commun, les gens s’aident. »
Ces choix positifs se heurtent pourtant à certaines résistances. Malgré
l’existence depuis 2008 d’une commission municipale du vivre ensemble,
ouverte à tous les habitants, une partie d’entre eux « en a marre de voir
du monde, marre du bruit », état de fait que le maire regrette. « Ces
gens ne se rendent pas compte de l’importance des néoruraux dans la
survie du village et le maintien des services ». Pas de quoi décourager
François Chassaigne et tous ceux qui se battent pour que Saint-AmantRoche-Savine continue d’exister comme un exemple de vie commune
en milieu rural. S.J.
➔ Mairie, place Pourtier, 63890 Saint-Amant Roche Savine, tél. 04 73 95 70 22
Animations et spectacles de l’été : voir agenda page 15
Locaux neufs
pour le Café Quoi
Le 10 mai dernier, c’était l’ouverture des nouveaux locaux du Café
Quoi. Une inauguration qui, pour l’association La Place du Village, a
soudé ses membres, rassuré les sceptiques et fait un pied-de-nez aux
plus récalcitrants à ce café associatif.
E
n plus d’être mieux placé et sans voisin, le nouveau Café Quoi offre
de plus grands espaces. Céline, co-présidente de l’association La
Place du Village, porteuse de cette initiative, ne cache pas son
enthousiasme quand elle fait visiter le jardin : « pour les soirées d’été,
nous le partageons avec le Foyer des jeunes. » Puis, à l’intérieur, l’espace
scénique « pour les spectacles vivants de théâtre, musique et poésie,
mais aussi pour des projections » ; et puis la cave, le grand atelier et la
cuisine également partagée avec les jeunes… Et, bien sûr, l’espace bar.
Mais Céline prévient : « Ici, ce n’est pas seulement un lieu pour boire un
verre, c’est avant tout un lieu de rencontre et de réflexion. » D’ailleurs,
le Café Quoi ne dispose que d’une licence 2 “Cercle privé” ; donc, quant
aux boissons alcoolisées, seules les fermentées (cidre, bière…) sont
servies, et interdites celles dites distillées (vodka, whisky…) qui ont une
forte teneur en alcool.
Un bar à débats
On préfère y débattre « sur des sujets de droit commun comme
l’enfermement psychiatrique, ou encore sur l’incarcération ; on donne
ainsi, par nos débats, du grain à moudre à L’Envolée », journal de réflexion
anti-prisons. On y teste aussi des nouveaux jeux de société, « et nous
sommes tous sensibles à l’art ». Avec plus de 50 spectacles en deux ans
et autant de soirées thématiques, « ce lieu répond à un besoin des gens
de se retrouver, et il est donc ouvert à tous ». Céline précise bien « qu’on
n’est pas cafetier, ici, tout le monde peut passer derrière le bar, les
gens s’autogèrent. Le prix des
entrées des spectacles est libre
ou à moins de 5 euros, et les
boissons bon marché. » Car,
poursuit-elle, « on ne fonctionne
pas comme le libéralisme » :
autonomie, responsabilité et
respect sont les valeurs écrites
dans la charte du Café Quoi.
D’où le refus des subventions
et la volonté de payer un
loyer à la mairie : « Ce sont
des garanties pour notre
indépendance vis-à-vis de
toute collectivité territoriale et
de toute institution étatique. »
D’où, aussi, le choix d’une
présidence collégiale pour
l’association, « ainsi nous
sommes tous responsables ».
Et sont proscrits de ce lieu
tous les comportements
sexistes, homophobes, racistes,
xénophobes…
« Cet esprit a pu être transmis aux villageois en les invitant à
l’inauguration. Les personnes opposées à l’initiative l’étaient plutôt par
peur, et au fond elles ne veulent pas que le village meure. » Beaucoup ont
donné un coup de main, « ça a donné du sens à ce vrai lieu de vie, et ça a
fait un pied-de-nez aux plus réactionnaires qui le voyaient plutôt comme
un repaire de marginaux. » Chacun peut y proposer débats, spectacles ou
autres activités, les entrées et une partie de la recette allant aux artistes
et intervenants. Le gîte et le couvert sont aussi offerts à ces derniers
par l’association, ainsi que la chaleur humaine de ses 500 adhérents
autonomes, responsables et respectueux !
D.G.
➔ Bar associatif le Café Quoi, route de Clermont, 63890 Saint-Amant-Roche Savine ;
ouvert le vendredi soir et le dimanche après-midi.
Exclusif n° 39 - juillet 2013
"canton s’aime" à Saint-amant-roche-savine
9
ailleurs à brioude (haute-loire)
Dé-laissés
e
brioud
Mission canine accomplie
À Brioude, depuis mars, une action de médiation canine apaise les relations entre les riverains d’une place et un
groupe de précaires qui s’y réunissent avec leurs chiens.
O
bjectif 1 : contact – En avril, la mairie
de Brioude est alertée, par des riverains et la police municipale, du désagrément causé par le bruit de chiens sans laisse.
Ce seraient les animaux de SDF qui se regroupent
régulièrement sur la place Champanne. La
municipalité sollicite le Centre d’hébergement
et de réinsertion sociale (CHRS) pour créer
une cellule de médiation, afin de décrisper les
tensions. La première réaction du directeur
du CHRS, Jean-François Domas,
est l’étonnement : connaissant
bien le milieu, de par sa profession, et « passant fréquemment
par cet endroit, comme les 14
salariés, » il certifie : « Il n’y a pas
de SDF sur cette place. » Faisant
son enquête, il découvre que les
personnes concernées sont, pour
certaines, d’anciens SDF ayant
gardé, avec leurs chiens, leurs
habitudes, et qu’elles ont toutes
un logement, « mais souvent
précaire, voire insalubre ». Avec
toutes ces informations, « l’idée
d’une médiation canine nous a
semblé judicieuse », se souvient
Marion Astier, éducatrice en formation, en stage au CHRS.
Encore faut-il trouver un intervenant qualifié et motivé par cette initiative :
« Nous sommes des travailleurs sociaux, les
chiens, nous n’y connaissons rien. Ça n’a pas
été simple, expliquent Marion et Jean-François :
on a contacté beaucoup de vétérinaires, la SPA,
sans réponse. » Par un coup de chance, ils
trouvent la perle rare, Mélanie Martin Teyssere,
vétérinaire à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme)
et diplômée en “relation d’aide par la médiation
animale”. Cette ancienne animatrice avec des
personnes en situation de handicap mental, qui
intervient aussi avec des chiens en milieu carcéral, est motivée pour venir chaque semaine…
une vraie perle !
Objectif 2 : médiation – Avec Marion,
elles vont former « un binôme très constructif ». Fin mai, sept séances de médiation ont
déjà eu lieu, avec sept “couples” chien-maître
(voir ci-dessous). Marion axe son attention sur
la personne et son accompagnement social,
Mélanie sur l’animal. Un travail préalable a été
nécessaire avec les maîtres des chiens : « La première difficulté a été d’annoncer qui étaient nos
partenaires : les élus, se souviennent-elles. Les
personnes se sont senties stigmatisées ; certaines
assuraient que des riverains baladaient, eux
aussi, leurs chiens sans laisse. » Mais des soins
et des conseils vétérinaires gratuits, et surtout
la participation de trois personnes accueillies
au CHRS, « assez charismatiques », ont pu
instaurer un climat de confiance. « Puis ça a été
très vite, assure Mélanie : les “chiens de la rue”
sont souvent très bien éduqués, très sociables,
très peu agressifs et ils ont un attachement
phénoménal à leur maître. » Seul hic : ils savent
rarement marcher attachés. Pourtant, « avec une
laisse ça change l’image ! De plus, les riverains,
qui nous ont vu nous balader avec
eux lors des séances éducatives,
ont été rassurés. »
Depuis, les plaintes ont cessé,
les procès-verbaux de la police
municipale ont quasiment disparu. Marion souligne aussi que
certaines personnes, parmi les plus
agitées, ont nettement amélioré
leurs comportements. Une prise
de conscience créée par le visionnage du film monté par les participants et le “binôme de choc”. « En
voyant et écoutant le bruit de leurs
chiens quand ils se réunissaient,
ils se sont aperçu de la gêne qu’ils
occasionnaient », conclut-elle.
« La police a, elle aussi, changé
PHM son regard sur eux », remarque
Jean-François. Une rencontre est
prévue entre les ex-plaignants et ces ex-SDF :
du coup, « le délit de sale gueule qui était au
bout de la laisse » devrait encore s’estomper,
et le “mieux-vivre ensemble” s’installer sur cette
jolie place de Brioude.
D.G.
CHRS Trait d’union, rue Emile Barbet, 43100
Brioude, tél. 04 71 74 94 29
Education : qui tient la laisse ?
Exclusif n° 39 - juillet 2013
« J’
10
De gauche à droite, Marion Astier,
Mélanie Martin-Tesseyre, Winnie et Cécilia.
ai pris un chien parce que j’avais envie
d’un enfant et je n’en avais pas. »
Cécilia, qui occupe un des appartements du
CHRS, a adopté Winnie voilà quatre ans. Mais
depuis, il est devenu un chien fougueux qui
s’est montré agressif envers l’enfant que Cécilia
a eu entre-temps. À la maison, Winnie fait ce
qu’il veut. L’enjeu est d’apprendre à se faire
obéir, dit Mélanie : « Il faut savoir si tu habites
chez ton chien ou si ton chien habite chez toi. »
D’après elle, en observant le chien, on apprend
beaucoup du maître, parce que « ce sont de
véritables éponges affectives ». Mélanie décide
d’une promenade le long des maisons alentour.
C’est elle qui va conduire Winnie à l’aller.
Elle enlève harnais et muselière, et passe au
cou de l’animal un collier de dressage, assez
lâche pour le guider avec souplesse. Avant de
partir, elle lui ordonne de s’asseoir puis, avec
une gourmandise, le félicite d’avoir obéi. La
promenade débute. Mélanie rappelle Winnie à
l’ordre d’une voix ferme quand celui-ci se montre
indocile. À l’approche d’une habitation avec
des chiens, elle le prévient et resserre la corde.
Le chien lui obéit assez, il ne tire pas trop sur
sa laisse et aboie peu après les autres chiens. De
temps en temps, elle le félicite d’une caresse ou
d’un mot. D’après Mélanie, le secret est dans
la fermeté de la voix : quand on s’adresse à son
animal, il faut être décidé.
Opération Culture à la ferme
La traite à l’entracte
© Culture à la ferme, dASA DR
Les agriculteurs souffrent parfois d’isolement : de ce
constat est né le projet Culture à la ferme, et depuis
janvier 2012, culture et animations se baladent dans les
fermes du pays de Lafayette, soit huit communautés de
communes autour de Brioude.
A
mener la culture au cœur des campagnes, faire connaître les
exploitations agricoles et créer du lien entre les différents habitants du nouveau monde rural, tel est le moteur de Culture à la
ferme. Pauline Grospeaud, chargée du projet et Aline Fayard, animatrice
à développement Animation Sud Auvergne (dASA, voir encadré), sont
conscientes des transformations des territoires ruraux depuis une vingtaine d’années : « À la campagne, il y a certes des paysans, mais aussi
des personnes qui ne sont pas du tout issues du monde agricole, et ce
n’est pas toujours évident de se rencontrer. »
Alors, de septembre à juin, Culture à la ferme organise ces rencontres :
un agriculteur accueille une animation sur son exploitation, en plein air
ou même dans sa grange. L’événement est construit avec lui, en tenant
compte de ses envies. De la randonnée au pique-nique, en passant par
le spectacle vivant, les récits, discussions et débats, ou encore la découverte de la géologie ou des plantes sauvages… toute proposition peut
être étudiée. Une fois par mois, les participants ont une journée ou une
soirée pour découvrir un agriculteur, son métier, et partager avec lui un
repas et un événement culturel.
Artistes à la ferme sur tracteur vintage
souhaite élargir notre réseau et, pourquoi pas, programmer deux dates
chaque mois », explique Pauline. Elle démarche donc de nouveaux agriculteurs, convaincue de l’intérêt de cette action. « Les gens s’installent
à la campagne pour une qualité de vie, mais cela n’exclut pas l’offre
culturelle », conclut-elle. Culture et agriculture ne sont pas antinomiques,
voilà un joli résumé des soirées passées et surtout à venir. V.P.
Espace à investir
Les animations sont gratuites et les intervenants, tous bénévoles :
« On tient à ce que les gens soient impliqués, qu’ils trouvent un sens à
cette démarche », explique Pauline. Portés par les valeurs de l’éducation
populaire, les organisateurs défendent une culture accessible à tous,
basée sur « le mode de l’échange et non pas de la consommation ».
Aline souligne l’importance de la pédagogie – « la culture, c’est aussi
apprendre simplement de l’autre » – et de l’investissement d’un milieu
par ses habitants : « L’agriculteur doit être un des acteurs culturels du
milieu rural. » À charge pour lui de diffuser l’information et de faire venir
ses connaissances, famille ou amis le jour J. Cette dynamique agit comme
un catalyseur de lien : en effet, l’agriculteur devient bien souvent public
du Culture à la ferme suivant.
Si les premiers accueillants désiraient sortir de l’isolement et étaient
demandeurs, l’enjeu est de convaincre ceux qui le sont moins. « On
Pauline Grospeaud et Aline Fayard
➔ La Pardige, Accueil d’associations et de coopératives, 53 rue de la Pardige,
43100 Brioude, tél. 04 71 74 97 81, http://culturealaferme.wordpress.com
Au retour, Cécilia prend la corde. Mélanie lui
conseille de ne pas trop la serrer et de bien retenir
l’animal à l’approche d’un danger ou d’une
source d’excitation. Cécilia parvient à se faire
obéir, même si sa voix manque encore un peu
d’assurance. « Cela prendra du temps, lui prédit
Mélanie. Aujourd’hui ton chien est heureux de
donner ce que tu attends de lui, mais éduquer
un chien, c’est bien plus que cela. » Il faudra que
Winnie retrouve sa place de chien, apprenne
à ne plus aboyer et à ne plus tirer en laisse.
Généralement, en quelques séances, le travail de
médiation aboutit à des résultats satisfaisants.
S.C.
Association d’éducation populaire, née en 1999, membre du réseau des CREFAD, dASA
(développement animation sud Auvergne) œuvre pour que chacun puisse prendre du pouvoir
sur sa vie et son territoire. Pour cela, l’équipe – des salariés pour 3,5 équivalents temps plein et
une armada de bénévoles – unit ses savoirs et savoir-faire en matière de création d’activités et
d’initiatives, de culture et d’habitat.
Pour accompagner des projets en milieu rural, dASA met l’accent sur l’écoute, la formation
et l’animation d’un réseau d’entraide et d’information. Attentive aux idées venues d’ailleurs,
l’association dASA compte parmi ses prérogatives l’impulsion de projets jusqu’à ce qu’ils
deviennent autonomes. A mi-chemin entre le laboratoire et la couveuse, l’association a ainsi
fait éclore le café lecture la Clef, indépendant depuis.
L’association est également à l’origine de l’achat de l’immeuble de la Pardige qui accueille une
dizaine d’associations et de coopératives, toutes portées par les mêmes valeurs. Une cohabitation
dynamique, favorisant le lien et qui fait naître des actions collectives telle que Culture à la ferme,
qui est le fruit d’un partenariat entre la Clef, dASA et l’association Accueil Paysan. V.P.
➔ dASA, 53 rue de la Pardige, 43100 Brioude, tél. 04 71 74 97 81, www.dasa.reseaucrefad.org ; www.accueilpaysan.com
Exclusif n° 39 - juillet 2013
dASA ou la dynamique collective
11
quoi de neuf ?
exploités sans frontières
Les forçats du béton
Ils viennent de Roumanie, du Portugal ou d’ailleurs, envoyés sur les chantiers du département par des sous-traitants
peu scrupuleux. Avec un contingent estimé à 300 000 pour l’hexagone, les ouvriers détachés constituent un phénomène
qui se généralise de façon dramatique.
S
elon les chiffres officiels, leur nombre a
été multiplié au moins par vingt depuis
dix ans. Ce sont les ouvriers détachés, les
low cost, qui font le bonheur des grands groupes
du BTP. “Malencontreusement” enfantés par la
directive Bolkestein1 et la crise économique, ces
y a la misère qui
remonte par les murs,
faut que vous fassiez
quelque chose
qui reporte les responsabilités sur une myriade
d’intermédiaires difficiles à atteindre.
Pour esquiver une Inspection du travail
déjà étranglée par des moyens en baisse, les
entreprises organisent une rotation rapide des
effectifs. Et en limitant la durée des missions
de ces “détachés” à moins de 3 mois, elles
s’assurent qu’ils relèvent du droit du travail de
leurs pays d’origine. Un avantage considérableen
termes de cotisations sociales, moins lourdes
qu’en France. Salaires bradés (lorsqu’ils sont
versés), conditions d’hébergement indécentes,
sécurité minimale et accidents non déclarés,
semaine de 50 heures… C’est le lot commun
de ces nouveaux forçats du béton.
Des jugements rares mais
favorables
aux salariés
PHM
carrément jaude
Exclusif n° 39 - juillet 2013
travailleurs au rabais sont l’avatar moderne des
serfs d’antan. Leur nombre est sujet à caution
car, selon un rapport de la Commission des
affaires européennes de 2011, un tiers seulement
seraient déclarés.
« On fait venir ces gars à des coûts inférieurs aux coûts français. Des gens compétents
qu’on paye 700 ou 800 euros nets, contre 1400
ou 1500 pour un maçon français qualifié, »
s’insurge Laurent Dias, secrétaire de la CGT
construction Auvergne. Il évoque le cas de deux
Guinéens, employés sur le chantier clermontois
du Carré Jaude à un salaire horaire de 2,92 €
nets, et bien d’autres encore. « Pour se fournir
en main-d’œuvre, les grands noms du BTP, les
Eiffage, les Vinci sous-traitent à des entreprises
ou des agences d’intérim bidon dans ces payslà. Ils jouent avec les lois, les contournent. Ils
n’hésitent pas à s’asseoir sur le droit du travail
français. » Un système “en cascade” complexe,
12
Ils seraient ainsi 20 000 sur les chantiers de
la région, publics ou privés. Sur les premiers, ils
représentent parfois jusqu’à 60 % des effectifs.
Laurent Dias grince des dents. « On n’a pas de
chiffres précis, hélas. Et il n’y a pas de volonté
des pouvoirs publics de chiffrer : ça arrange
beaucoup de monde. » La liste s’allonge à
chaque visite de chantier, à chaque signalement
par des syndiqués, même s’il est toujours compliqué d’amener les “détachés” à témoigner. « Ils
ont peur de tout perdre. Leurs employeurs leur
mettent la pression, les menacent de licenciement s’ils nous parlent. »
Aujourd’hui, même les petites PME locales
adoptent la méthode. “Pas le choix”, dira-t-on.
La nécessité de se maintenir sur un marché très
concurrentiel vient à bout des derniers scrupules.
« Qu’on ne s’étonne pas que les ouvriers français
ne trouvent pas de travail et que les apprentis
ne puissent pas se placer. Pourquoi en prendre
alors qu’on peut avoir une main-d’œuvre qualifiée pour pas cher ? » ironise Laurent Dias.
Cette “volatilité” des détachés rend difficile
tout procès aux prud’hommes. Aurore Bion,
juriste à la CGT construction, doit pourtant
“faire avec” à chacun de ses trop rares nouveaux
dossiers : pour 2013, elle en compte deux. « Avec
de la chance, un dossier peut être constitué et
déposé en une semaine. Mais souvent, les délais
s’allongent du fait de la difficulté à réunir les
pièces manquantes, ou que les employeurs
rechignent à fournir, et à identifier les vrais
donneurs d’ordres. »
Pourtant, les jugements rendus sont souvent favorables et ordonnent le versement des
salaires impayés, des heures supplémentaires
dues, de dommages et intérêts pour “non-exécution de bonne foi du contrat de travail”…
« L’audience de concialiation a généralement
lieu dans les deux mois. Si l’accord ne se fait pas,
tout le monde se retrouve pour une audience
de départition, » explique Aurore Bion. Elle
souligne l’importance de l’Inspection du travail :
« Leurs procès-verbaux ont un poids important lors de l’instruction. » Ces victoires sont
obtenues de haute lutte. « Plus il y aura de
jugements rendus et plus ce combat aura du
sens, » insiste la juriste. Il faut donc convaincre
les travailleurs lésés d’aller en justice malgré
la peur, et réussir à les guider en dépit de la
barrière de la langue. « Surtout, il faut pouvoir
agir en amont : multiplier les contrôles sur les
chantiers, donc pouvoir y entrer, augmenter le
nombre d’inspecteurs du travail, faire en sorte
que les donneurs d’ordre soient pénalement et
socialement responsables. »
S.J.
1. Finalement adoptée en 2006 par le Parlement
européen, cette directive facilite l’action d’un
prestataire de services d’un état membre à
l’intérieur d’un autre. Ainsi, une entreprise
européenne peut opérer en France sans se
soumettre aux réglementations françaises (sociales,
environnementales…). Celles de son pays sont
appliquées, créant ainsi des déséquilibres dans la
concurrence et facilitant les abus en matière de droit
des travailleurs.
2. En 2006, la SARL Domaine de la Reine a été
condamnée à Clermont à verser leurs salaires à 17
maçons polonais ; cette société avait sous-traité un
chantier à Super-Besse à la Sogebat, entreprise du
Var, qui avait elle-même sous-traité à une entreprise
polonaise, laquelle avait ensuite disparu…
CAF : fin de l’accueil sans rendez-vous
La Caisse d’allocations familiales du Puy-de-Dôme reçoit désormais uniquement sur rendez-vous les allocataires qui ont besoin d’un entretien.
I
l faut maintenant prendre rendez-vous pour être reçu par un agent de
la CAF du Puy-de-Dôme. Jusqu’au 10 juin, les allocataires poussaient la
porte et attendaient… longtemps parfois, comme le reconnaît le directeur
Bernard Triviaux : « Notre objectif de recevoir 85 % du public avec moins
de 20 minutes d’attente n’a pas toujours été atteint. » En 2012, la CAF 63
a reçu plus de 167 000 visiteurs. Plus de la moitié ont été interceptés par
l’agent orienteur qui a répondu immédiatement à leur demande. Les autres
ont attendu pour être reçus par un des dix agents affectés à la réception. Au
total, ils sont 130 qui s’occupent de l’accueil, des prestations ou du traitement
des dossiers. On ignore encore comment les allocataires apprécient le nouveau
fonctionnement, mais selon la direction de la CAF, il est plus confortable pour
les agents : ils savent à l’avance la question pour laquelle l’allocataire a pris
rendez-vous et ils n’ont plus la pression de la file d’attente qui s’allonge…
N.dS.
“Moraliser” l’argent et son usage
Bientôt une monnaie puydômoise ?
Les Puydômois pourront peut-être bientôt payer certains achats sans euro, mais avec une monnaie locale. Un collectif
clermontois s’attache à la créer, pour faire fructifier la solidarité et la proximité.
O
n cherche encore un
nom au futur billet mais
sa marraine, la toute
jeune Association pour le développement des monnaies locales
63 (ADML 63) est confiante en sa
création d’ici fin 2014. La monnaie de l’ADML sera marchande,
et donc fiscalisée. Du coup, elle
sera utilisable par les particuliers mais aussi
les entreprises et
les collectivités. demande des efforts », explique
Danielle Nadal, une des fondatrices du projet. Pour qu’une
monnaie locale soit viable, il faut
au minimum 2 à 300 prestataires
(vendeurs) et 2 500 utilisateurs. Ce
type d’initiative incite à consommer plus localement, et donc
plus écologiquement. Il crée du
lien social par les
échanges sur
le même
secteur et
J’achète la rue de la paix
de la bonne conscience
« ça va marcher,
je prends le pari »
Pascal
PHM
Sa valeur sera alignée sur celle de
l’euro, et des comptoirs de change
seront installés chez les commerçants adhérents.
« Utiliser une monnaie locale
(ML) est un acte militant qui
par les réunions de prestataires.
Par le développement de réseaux
courts, il fait baisser les prix et
donc, en principe, il rend la qualité plus accessible aux personnes
à revenus modestes.
« On vise en premier lieu l’écologie, la justice sociale, la lutte
contre la spéculation financière
et le soutien de l’économie solidaire, poursuit Danielle. Seules
des entreprises locales œuvrant
dans un cadre éthique défini par
la charte de l’ADML seront habilitées à utiliser cette monnaie. Par
exemple, une boîte respectueuse de
l’environnement mais aux pratiques
antisyndicales serait indésirable.
On pense que les réseaux de producteurs bio seront intéressés. En
échange de ces efforts, on pourra
acheter en confiance : confiance
dans le vendeur, confiance dans ses
produits, avec le plaisir de s’affranchir de la logique mercantile qui a
tant d’effets funestes. »
Marchande
mais pas trop
Du côté des utilisateurs, comment ça se passe ? « La question
du “pratique” pour eux est la plus
difficile. En effet ils devront estimer
leurs besoins en ML, aller dans les
“bureaux de change”, avoir deux
porte-monnaies et faire les courses
là où on acceptera la ML, parfois
loin, et cela exclut les supermarchés... Mais ils peuvent limiter
ces inconvénients, par exemple en
demandant de nouveaux bureaux
de change, ou en intégrant le commerce voisin avec une convention
“évolutive”. Et les commerçants
peuvent s’entendre entre eux pour
vendre les produits les uns des
autres (par exemple le pain et les
légumes frais chez l’épicier, et vice
versa) de façon à avoir tous les
produits de base dans un même
quartier. Il sera vital que la ML vive
à l’intérieur de groupes de quartier
ou de village. La communication et
l’entente entre prestataires seront
également très importantes. »
Cela permet de rappeler qu’une
monnaie, avant d’être une valeur
d’épargne et de spéculation, est
une valeur d’échange. Danielle
conclut : « L’ambition à terme est
aussi que les personnes à faibles
revenus puissent bénéficier d’un
taux de change plus intéressant que
les plus aisés. En fait, nous sommes
en train de créer une monnaie marchande, mais la moins marchande
possible. »
A.Q.
➔ ADML 63, 13 rue des Quatre
passeports, 63000 Clermont-Ferrand,
[email protected] ,
site : adml63.org
Emplois d’avenir, six mois plus tard
Au vu des statistiques nationales, il semble que les emplois d’avenir, créés en novembre 2012 et destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés,
peinent un peu à décoller. Pourquoi ?
u fait du contexte économique, les offres
d’emplois manquent. Dans le secteur
associatif, il y a de gros besoins mais plus du
tout d’argent, et donc peu d’embauches jusqu’à
présent », déplore Guy-Joël Reboisson, directeur de
la Mission locale de Clermont Communauté. Voilà
une des raisons du démarrage “ramollo” des emplois
d’avenir, une des rares nouveautés lancées par le
gouvernement actuel pour tenter de calmer un peu
un chômage galopant (3,526 millions de personnes
officiellement sans aucune activité en mai).
Difficile, pourtant, de faire plus attractif que les
75 % du salaire pris en charge par l’Etat, encore
que certaines collectivités locales “rajoutent au pot”
pour faciliter ces embauches (voir plus loin). « Nous
organisons des réunions d’information pour les
associations, des campagnes de promotion auprès
des employeurs potentiels. Mais il n’est pas facile
de toucher tout le monde. Les jeunes déjà informés
sur la mesure peuvent en faire part aux employeurs,
ça peut ouvrir quelques portes supplémentaires. »
D’autre part, l’intégration d’un jeune peu qualifié,
peu habitué à la vie et aux rythmes d’une entreprise,
demande souvent un accompagnement important en
interne. Ça ne facilite pas non plus les embauches.
Mais d’un autre côté, si la mesure démarre lentement,
c’est aussi la preuve que l’objectif d’intégrer les
jeunes à bas niveau de qualification est respecté :
il serait plus facile de “faire du chiffre” en recrutant
des jeunes plus diplômés… puisque parmi ceux-là
aussi, les chômeurs ne manquent pas.
A.Q.
Sur le Puy-de-Dôme, la zone urbaine est plutôt en
retard par rapport aux zones rurales.
Coup de pouce pour 150 emplois dans le secteur
non marchand : dans le Puy-de-Dôme, le Conseil
général prend en charge 10 % en plus des 75 %
financés par l’Etat.
Des obligations en termes de formation : chaque
salarié en emploi d’avenir devra passer un diplôme
reconnu par l’Etat ou par les conventions collectives
de son secteur professionnel.
À savoir :
La mesure a été ouverte aux entreprises privées, sous
conditions ; dans ce cas, ce sont 35 % du salaire
qui sont pris en charge par l’Etat.
L’objectif initial est de 2000 emplois d’avenir pour
l’Auvergne à la fin 2013. Au 1er juillet, 275 avaient
été signés dans le Puy-de-Dôme et 772 en Auvergne.
Les Missions locales peuvent aider les employeurs
à faire une simulation pour évaluer le coût exact
d’une embauche.
Exclusif n° 39 - juillet 2013
«D
13
créactif
Se recomposer grâce aux composants
« J
Parfois, l’insertion professionnelle passe par la fente étroite d’une machine à sous…
e préfère embaucher des personnes avec un niveau technique faible, car elles sont plus ouvertes à l’apprentissage. »
Mohamed Bouayed regrette aussi le manque de candidatures féminines, « ça dynamiserait le groupe. » Il a créé en juin 2012 la
société EHRSE1, basée à Romagnat. EHRSE propose de la sous-traitance
en électromécanique, pour le montage des composants de bornes
monétiques et de commande dans les centres de lavage automobile,
laveries et distributeurs de monnaie, et aussi pour la maintenance des
machines à sous. Depuis février 2013, les salariés s’occupent également
du nettoyage et de l’entretien de véhicules électriques2.
Un bon support
Mais EHRSE est aussi une entreprise d’insertion (voir ci-contre),
que Mohamed a imaginée après une expérience d’encadrement en
Établissement et service d’aide par le travail (ESAT). Elle est actuellement
conventionnée pour quatre postes, que les salariés occupent deux ans au
maximum. De ce point de vue, Il ne s’agit pas d’une entreprise comme
les autres : « Je me considère à égalité avec les salariés, nous sommes
tous en blouse bleue, explique Mohamed, c’est une démocratie, pas
une dictature douce. Aucune cadence n’est imposée, c’est une question
d’éthique, sinon j’aurais créé une entreprise «normale» ». De même, le
temps de pause est considéré comme vital, pour décompresser et tisser
des liens humains. D’autre part, les travaux à l’extérieur se font toujours
à deux, même si l’entreprise n’est rétribuée que pour une personne, cela
pour favoriser la sécurité au travail et la transmission des connaissances.
Ces contrats permettent aux salariés de regagner confiance en eux,
« c’est une passerelle pour reprendre les habitudes, poursuit Mohamed :
assiduité, respect des règles, connaissance du travail, afin de réintégrer le
monde du travail par la suite. » Le tout premier salarié a d’ailleurs trouvé
un emploi en CDI. Quant à Ahmed, présent depuis un an, son expérience
lui permet de former à son tour les nouveaux venus. Ici, l’organisation
du travail permet la polyvalence, et la compréhension de toutes les
étapes d’un produit fini. Comme il existe un marché important dans ce
secteur, cette activité est un bon support pédagogique pour favoriser la
réinsertion.
Mo.B. et Y.P.
1. Entreprise Humaine Responsable de Sous-traitance
Électromécanique, 59 rue Fernand Forest, 63540 Romagnat,
tél. 04 73 88 46 92
2. Pour la société Michelin, avant, peut-être, ceux de la ville
de Clermont-Ferrand, de Clermont communauté et des
Conseils général et régional.
Les “EI”, des maillons pour
l’insertion
L
Ahmed, le tout premier salarié, en plein travail
Exclusif n° 39 - juillet 2013
Exclusif a dix ans
Insérez-vous dans ses colonnes
14
Votre journal fête ses dix ans. Offrez-lui un beau cadeau. Exprimez-vous !
Lettres, cartes postales, photos, mails, site Internet : tous les moyens sont
bons pour lui dire le bien ou le mal que vous
pensez de lui. L’équipe d’Exclusif compte sur
vos témoignages, réactions, suggestions pour
alimenter les numéros à venir.
Exclusif : 3 rue de la Treille
63000 Clermont-Ferrand
Courriel : [email protected]
es entreprises d’insertion (EI) relèvent du secteur
de l’Insertion par l’activité économique (IAE,
art. L 5132-1 du code du Travail) : elles passent avec
l’Etat une convention, de 3 ans maximum, qui fixe
le nombre de postes d’insertion et les engagements
de chacun. Les salariés signent avec l’entreprise un
contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI)
de deux ans maximum, soumis au droit commun
(rémunération, congés payés…) ; l’entreprise bénéficie
d’une aide d’un montant de 9 681 € par an et par poste
occupé à temps plein. Cette aide compense la possible
diminution de productivité de l’entreprise et permet
aussi l’accompagnement des personnes vers l’emploi.
Les postes sont ouverts aux personnes qui ont reçu un
agrément de Pôle emploi du fait de leurs difficultés
particulières d’accès au travail (chômage de longue
durée, âge, situation de handicap, jeunes de moins
de 26 ans en “grande difficulté”…) Elles peuvent être
orientées par l’agence Pôle emploi, le PLIE (Plan local
pour l’insertion et l’emploi) ou les missions locales
pour l’emploi, les offres proposées par l’entreprise
n’étant pas diffusées sur le site internet ou en agence.
Les EI sont les derniers maillons des dispositifs
de l’Insertion par l’Activité Économique pour un
retour durable vers l’emploi, et complètent les autres
organismes d’insertion : Associations Intermédiaires
(AI), Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion
(ETTI) et les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI).
Y.P.
Source : http://travail-emploi.gouv.fr/informations-pratiques
➔ Blanzat, médiathèque, gratuit, 04 63 66 95 70
•••••••••••••
jusqu’au 8 août
Les jeudis du pressoir
Apéro-concerts en plein air
➔ Billom, place du Pressoir, les jeudis à 19h,
gratuit,
lesjeudisdupressoir.fr
•••••••••••••
agenda exclusif Sortir pas cher
jusqu’au 16 août
Scènes d’une nuit d’été
Saison culturelle Gergovie-Val
d’Allier : danse, musique, cirque,
théâtre…
➔ Les Martres-de-Veyre, Saint-Maurice-ès-Allier,
Corent, Authezat, Saint-Georges-ès-Allier, gratuit,
04 73 79 42 98
www.ot-gergovie.fr
•••••••••••••
jusqu’au 20 août
Les Contre-plongées
Musique, danse, théâtre, image,
lecture, cirque
➔ Clermont-Ferrand centre, gratuit et tarif réduit
5€
04 73 42 69 89 ou 04 73 42 60 58,
www.clermont-ferrand.fr/contreplongees
•••••••••••••
jusqu’au 24 août
18 peintres aborigènes du
désert australien
Exposition
➔ Chamalières, AMAC, 3 av. de Fontmaure, du
mardi au samedi 14h/19h, gratuit, 04 73 30
97 22,
www.amac-chamalieres.com
•••••••••••••
jusqu’au 25 août
Ederlezi
Exposition d’Elza Lakot, artiste
sérigraphe
➔ St-Jean-des-Ollières, le Centre d’Ailleurs, gratuit,
04 73 31 08 62,
www.lecentredailleurs.com
•••••••••••••
jusqu’au 31 août
Éclats de fête
Saison culturelle d’été : cinéma,
théâtre de rue, cirque, danse…
➔ Riom, centre-ville et quartiers, gratuit,
04 73 33 79 78,
www.ville-riom.fr/Eclats-de-Fete-2013
•••••••••••••
jusqu’au 15 septembre
Horizons Arts nature en Sancy
Land art
➔ Gratuit, Office du tourisme du Mont-Dore,
04 73 65 20 21
www.horizon-sancy.com
Hidden River
Expo photo de John Davies
➔ Clermont-Ferrand, Hôtel Fontfreyde, 34 rue
des Gras, du mardi au samedi, 14h/19h, gratuit,
04 73 42 31 80 ,
www.clermont-ferrand/-Hotel-Fontfreyde
•••••••••••••
jusqu’au 29 septembre
Château hanté
Exposition collective,
art contemporain
➔ Domaine Royal de Randan, gratuit,
04 70 41 57 86 ou 04 73 90 50 00
www.fracauvergne.com
•••••••••••••
jusqu’au 31 octobre
Thiers, ville haute en couleurs
Exposition, arts de la rue
➔ Thiers, rues du centre ville, gratuit,
04 73 80 88 80
www.ville-thiers.fr
•••••••••••••
jusqu’au 31 octobre
Expositions Terres romanes
L’abbaye Saint-Austremoine,
Au lit au Moyen Âge
Irish Coffee Group, musique
irlandaise
➔ Châtel-Guyon, parc thermal, 20h30, gratuit,
04 73 86 38 96,
www.chatel-guyon.fr
•••••••••••••
➔ Issoire, centre d’art roman Georges Duby, juillet
et août, tlj, 10h/18h30 ; septembre, 10h/13h et
14h30/18h30, sauf lundi ; octobre 14h/18h sauf
lundi, 10h/12h30 et 14h/18h le samedi, gratuit
04 73 89 56 04 ou 04 73 89 25 57,
www.terres-romanes-auvergne.com
Du 16 au 18 août
Festival de musique ancienne
Musique baroque
•••••••••••••
•••••••••••••
jusqu’au mois de novembre
De fer et Dore
Exposition, sculptures monumentales
d'Yves Guérin
➔ trois parcours dans la vallée de la Dore,
Pays Vallée de la Dore, gratuit, 04 73 53 16 91,
www.deferetdore.com
•••••••••••••
Du 5 au 26 juillet
La Comté au clair de lune
Musiques actuelles, en plein air
➔ Vic-le-Comte, parc Montcervier, ts les vendredis,
gratuit, 04 73 69 02 12,
www.vic-le-comte.fr
•••••••••••••
Du 26 au 28 juillet
Un film, un pays
Festival international de courts et
longs métrages (45 pays)
➔ Apchat, 04 73 71 86 96 ou 06 85 11 45 80,
www.onecountryonefilm.com
•••••••••••••
23 juillet
L’atelier d’une confiturière
Découverte du métier et participation
à l’élaboration d’une confiture
➔ Olby, 10h, gratuit, sur inscription au
04 73 65 89 77,
www.terresdomes-sancy.com
Sensations crépusculaires
Balade découverte au crépuscule,
porte entre deux mondes
➔ Vernet-la-Varenne, 20h, 06 33 33 90 51,
fais-et-ris.fr
•••••••••••••
24 juillet
Le patrimoine a des ailes
Atelier cerfs-volants pour enfants
de 6 à 12 ans
➔ Nonette, 14h30, gratuit sur réservation à l’Office
de tourisme
04 73 89 15 90,
www.paysdissoirevaldalliersud.fr
•••••••••••••
2 août
Paroles à boire
Les jardiniers de la parole
Récits contés à l’heure de l’apéro
➔ St-Jean-des-Ollières, le Centre d’Ailleurs, 19h,
participation libre, 04 73 31 08 62,
www.lecentredailleurs.com
Avenue Orleans
Concert, répertoire de Louis
Amstrong
➔ Volvic, place Chabrol, 21h, gratuit,
04 73 33 50 38,
www.ville-volvic.fr
•••••••••••••
3 août
Les bouffonneries d’Aureilhe
Animations médiévales
et renaissances déambulation,
ateliers, spectacles
➔ Villeneuve-Lembron, à partir de 14h, gratuit,
06 70 04 11 73,
bouffonneries-blogspot.fr
•••••••••••••
10 août
Estivales du parc
l’été en spectacles
À Saint-Amantroche-savine
➔ Vic-le-Comte, église St-Jean et Sainte-Chapelle,
20h, libre participation, 06 15 82 03 40,
www.vic-le-comte.fr
17 août
Les p’tits ateliers de la ludo
Atelier créatif pour enfants
➔ Bagnols, jardin conservatoire, gratuit,
04 73 21 18 73 ou 04 73 22 29 94,
www.tourisme-sancy-artense.com
Estivales du parc
Le chemin des chèvres, chanson
déglinguée
➔ Châtel-Guyon, parc thermal, 20h30, gratuit,
04 73 86 38 96
www.chatel-guyon.fr
•••••••••••••
23 août
The Weeder’s
Concert rock, ska, reggae, funk, dub
➔ Volvic, place de l’Église, 21h, gratuit,
04 73 33 50 38,
www.ville-volvic.fr
•••••••••••••
Du 27 août au 29 septembre
Face à face
Exposition collective,
art contemporain
➔ Saint-Sauves d’Auvergne, Maison Garenne,
gratuit, horaire à définir,
04 73 81 10 55 ou 04 73 90 50 00,
www.tourisme-sancy-artense.com
ou www.fracauvergne.com
•••••••••••••
28 août
Alice au pays des merveilles
Film de Tim Burton
➔ Volvic, centre culturel, 15h30, gratuit,
04 73 33 50 38,
www.ville-volvic.fr
•••••••••••••
14 et 15 septembre
Journées du Patrimoine
1913-2013 : cent ans de protection
➔ www.journeesdupatrimoine.culture.fr
•••••••••••••
28 septembre
Soirée Le CRI
Pluri-disciplinaire, jeux, sérigraphie,
théâtre, trapèze, chanson…
➔ Brassac-les-Mines (Bayard), La Lampisterie,
16h, 04 73 54 96 87,
•••••••••••••
12 octobre
Troc plants d’automne
Échanges des productions du jardin
et vivaces
➔ Tauves, salle polyvalente, 14h, gratuit,
04 73 21 79 79,
www.tourisme-sancy-artense.com
•••••••••••••
Du vendredi 26 au 28 juillet
Théâtre, cinéma, chanson,
politique avec la Cie Jolie Môme
et ses amis : la Cie Mohein, la Cie
du Grand Soir, le Bringuebal, le
théâtre Buissonnier, les Ogres
de Barback…
Vendredi 2 août, 21 h,
salle culturelle, 5 €
Les Monty Picon, show rock’n
roll : “paysages musicaux variés
et dangereux : plaines sauvages
du western, trottoirs malfamés
du punk, arènes sanglantes du
péplum et tragique battle de
hip hop”. Ben dis donc…
Lundi 5 et Mardi 6 août,
salle culturelle
Cap au vif, de Samuel
Beckett, par Aurélia Ivan,
Cie Tsara. Dos au public, un
comédien face à un petit
théâtre dit le texte comme il
lit ses pensées. Hologrammes,
images virtuelles, objets réels
éclairent le texte.
Vendredi 9 août, 20 h,
Café Quoi
Adramélech, monologue
théâtral de Valère Novarina,
mis en scène par Florence
Bernard, avec Nicolas Sers.
Un texte bondissant à travers
les registres tragique, bouffon,
réaliste-poétique, dramatique,
vaudevillesque…
Jeudi 22 août, 20 h 30,
église, 10 €
Trompettes et orgue,
musique classique de Rossi,
Gabrieli, Mendelssohn, Vivaldi,
Mozart, Albinoni, Haydn
Vendredi 23 août, 14 h,
salle culturelle, gratuit
Introspectus, par la Cie Sara
Ducat. Une danse qui mélange
l’intérieur et l’extérieur à
travers une bulle, et met le
public à contribution.
Dimanche 25 août, 15 h, bourg,
gratuit
Illusion sur macadam, par
la Cie Aristobulle. Une autre
vision du spectacle de magie,
la prestidigitation au service
des acteurs et de leurs propos.
Rubrique Livres, sur notre site :
Poète et paysan,
de Jean-Louis Fournier :
Un étudiant parisien plonge
par amour dans la vie à la
ferme…
Une fable intéressante sur la
différence entre la campagne
vécue et la campagne
fantasmée.
Exclusif n° 39 - juillet 2013
jusqu’au 27 juillet
Césaire centenaire : poète
bâtisseur
Exposition
15
méli-mélo
« FAUAUT-il vraiment avoir du poil au cul,
comment résoudre cette affai-AIRrrreu ? »
Sopranos, altos, ténors, basses, tout le monde est
au diapason exigeant de Pascale, sévère mais juste.
La convivialité n’a en effet d’égal que le sérieux et
le professionnalisme. Elles et ils sont 41, pour la
plupart jeunes retraités, mais l’on ne saura pas la
moyenne d’âge : « “Maman”, 83 printemps, la fait
chuter ! », raille Joël Langevin, le facétieux président
du groupe vocal.
Bientôt à Camaret ?
Mais quelle idée de choisir un tel répertoire ? L’histoire
commence en 1992 quand, après les matchs de rugby,
le CUC et l’Espérance ceyratoise braillaient du paillard
en troisième mi-temps. Les plus obsédés (de musique)
d’entre ces sportifs pensèrent que ce serait dommage
de laisser perdre une telle énergie. Ainsi naquit et se
structura la chorale.
« Crénom de Zeus, dit la guerrière,
il faut-T-avoir du poil au cul ! »
Outre les répétitions hebdomadaires, les choristes
suivent régulièrement des stages de chant avec le frère
de Pascale, Jean-Paul Iva, musicien professionnel et
auteur des arrangements. Quatre-vingt-huit paillardises au répertoire1, une trentaine chantée harmonisée à
quatre voix !
Cucec se produit pour des congrès – notamment de
gynécologie –, échange avec d’autres chorales, fête la
musique, le vin, festivalise à la Pamparina de Thiers, à
Draguignan, à Vaison-la-Romaine où elle remporte,
en 2001, la première place sur les 17 chorales en
compétition.
« C’est qu’il vaut mieux, pour son usage,
un cul sans poil qu’un poil sans cul ! »
Cucec sème encore ses couplets libertins dans la rue,
le tramway (tard)… La surprise est parfois grande,
comme celle d’un spectateur qui s’était approché,
croyant reconnaître les chœurs de l’Armée du Salut,
et qui ne trouva le sien que dans la fuite.
Vous voulez accueillir Cucec ? Il vous en coûtera
à boire et à manger pour
toute la troupe qui, pour être
grivoise, n’en est pas moins
gourmande ! Association
culturelle depuis 1997, Cucec
recrute principalement des
femmes sopranos, mais vous
pouvez toujours tenter votre
chance, même si vous ne
ressemblez pas au duc de
Bordeaux !
M.M. et M.B.
➔ Contact : Joël Langevin,
tél. 06 71 18 05 16 ;
site : cucec.pagesperso-orange.fr
1. Quatre CD sont disponibles à la
vente, 10 euros chacun
Exclusif n° 39 - juillet 2013
La chorale Cucec en goguette à Chauriat
16
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d’abonnement
Retour à Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand - règlement par chèque svp
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Prix au numéro : 2,50  - Diffusion gratuite pour certains allocataires du RSA, financée par le Conseil général du Puy-de-Dôme
Vos coordonnées
Nom…………………………………………………………………………………………………………………….…….…………………
Adresse………………………………………………………………………………………..………………………..…..…..…..…..….…
Code postal, commune…………………………………………………………………..………………………..…..…..…..…..….…
Inspirés par notre dossier, proposés par Mo.B.
HORIZONTALEMENT
A- Pas toujours vertes dans notre dossier
B- Fit preuve d’audace - Mieux vaut l’être dans
l’adversité
C- Château fortifié bâti par François Ier - Couvre
D - Rayée, remise au goût du jour par Montebourg
E- Fiscal, il est d’actualité - Démonstratif à l’envers
F- Coupe ou ennuie - On y joue de moins en moins
dans les campagnes mais il nous gave à la télé
G- Parfois devant devant - Ressource minimale… Passe toujours avant nous
H- Divagua - Equipe un voilier
I- Si vous l’êtes, vous ne pouvez pas faire cette grille
VERTICALEMENT
1- Les ambulants sont appréciés à la campagne,
surtout genre Raymond
2- Le roi s’incline devant lui - De jeux ou
d’autoroutes.
3- Parfois de campagne, comme ceux de notre
dossier - En rouge sur la carte routière.
4- Regarderai avec insistance
5- Paresseux bien utile dans les mots croisés - Nickel
6- Parfois people
7- Celle des moustiques fait tiquer
8- Avant le boulot, il faut y passer
9- Dernière note - Fermée jusqu’en septembre
Exclusif
est édité par l’association Exclusif
avec le soutien du Conseil général du Puy-deDôme, de l’État et de ses abonnés
3, rue de la Treille, 63 000 Clermont-Ferrand,
tél. 04 73 91 34 16, fax 04 73 91 03 24.
Courriel du journal : [email protected]
Courriel de l’association : [email protected]
Site : http://journal.exclusif.org
Directeur de publication : Yves Armandet
Webmaster : Christophe Blaize
Rédaction en chef
Agence Par écrit : Michel Bresson, Denis Couderc,
Corinne Dupasquier, Christophe Grand, Florence Plane
Rédaction et photos
Sébastien Juillard, Valérie Peyrac et Yannick Plantié,
avec Monique Bayol, Sabine Carénou, Nicolas de
Saboulin, Didier Gouvignon, Guillaume Martin, Magali
Mazuir, Jean-François Murol et Arnaud Quétu
Merci à Rémi Boissau, photographe
Illustrations : Pierre-Henri Malartre
Impression et routage : De Bussac
Tirage : 13 000 ex. - Dépôt légal : juillet 2013
Commission paritaire : en cours - N° ISSN : 1762-4568
SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS
Ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus
LENTEUR
vILLAGE
SI
MAIRES
clave
OSEE
MATERIELS
GRILLES
AIRE
air
AS
amateur
COMMERCES
« O
n va faire Les Poils du cul ! » Ainsi
la chef de chœur, Pascale Iva, qui n’a
rien d’une esthéticienne, motive-t-elle
ses troupes à rejoindre la répétition hebdomadaire,
un lundi soir dans une introuvable bicoque en haut
de Ceyrat. Cucec – pour “Chœur unique aux couplets
équivoques et croustillants” – va se délecter durant
deux heures, en toute – fausse ? – innocence, des
couplets les plus crus de la tradition paillarde.
NI
ECOLE
ENTRETIEN
FIXERAI
RA
ailier
BANCAL
IL
PRESSEES
RN
NUEE
Mauve
MERCI
Odes à la pilosité d’une partie joufflue du corps humain crûment désignée par un vocable de trois
lettres, récit des derniers outrages – à faire rougir une Femen – infligés au jupon de Jeannette,
dernières nouvelles de saint Eloi – elles sont bonnes ! La chorale ceyratoise Cucec chante à voix
haute ce que l’on ne dit pas tout bas. Ces enfants de chœur assument. Et assurent !
1 2 3 4 5 6 7 8 9
MARINIERE
ERRA
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contras
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chomage
UNI
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campagnes
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GREE
Une chorale au poil
A
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RASE
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SENILE
CIAO
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Cucec

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