Vivre à la campagne
Transcription
Vivre à la campagne
exclusif Le journal qui ne s’use que si l’on s’insère Vivre à la campa g Réseaux et rés ne N°39 - juillet 2013 - 2,5 istances Canton : St-Amant-Roche-Savine p. 9 Ailleurs : Brioude p. 10 Emplois low cost et BTP p. 12 dossier “Campagnitude” ou ruralité ? Derrière des termes flous se cache une réalité qui ne se limite pas au monde agricole. Le mythe urbain du bonheur dans le pré s’y heurte à des faits têtus : raréfaction de services essentiels (transports, écoles, médecins...), désert de l’emploi, isolement social. De la communauté de communes au quidam, on s’organise pourtant. Ici, on sauve une maison de la presse, là on fait revivre une ferme... La ruralité n’est pas une utopie. C’est une forme de résistance. Quand l’intercommunalité se mêle d’économie Je pompe, tu presses, ils soignent… Nombre de collectivités rurales voient disparaître services et commerces. Pour éviter le dépérissement, la communauté de communes d’Ardes-sur-Couze, dans le Cézallier, mène une politique ciblée et sans tabous. État des lieux. U ne pompe à essence publique, c’est plutôt inhabituel : il en existe une dizaine en France. Pour Guillaume Rousset, agent de développement à Ardes communauté1, « il fallait concrétiser l’offre ici, afin que les gens aient moins de raisons d’aller à Issoire. » Cette pompe est automatique, mais la gestion d’une deuxième, installée à Anzat-le-Luguet, est confiée au propriétaire du bar-restaurant/point presse/épicerie qui jouxte la station. « Dans ce cadre, la station-service a du sens », justifie Guillaume Rousset. Si l’essence est, en moyenne, plus chère à ces pompes d’une dizaine de centimes par litre, son prix reste inférieur à ceux des stations autoroutières. Il est fixé en fonction du marché quand la cuve est remplie, et ne change qu’au prochain remplissage, quelle que soit l’évolution des cours entretemps – pas de spéculation ! La meilleure preuve du succès : avec 30 passages quotidiens et 300 000 litres par an, la station est plus qu’une “roue de secours” pour les consommateurs. La commune s’octroyait jusqu’à présent une marge de 0,09 €/litre, chiffre bientôt ramené à 0,06 €. « On s’est rendu compte que l’équipement allait être très rapidement amorti », explique Guillaume. Une maison médicale Face aux critiques sur l’investissement municipal dans une structure fondamentalement marchande, l’agent de développement avance un argument tout simple : « Aucun tabou à ce sujet, dès que ça répond à un besoin collectif. Néanmoins, c’est toujours pour nous le dernier recours, quand les réponses issues du secteur privé ne sont pas satisfaisantes. » Une position qui explique aussi la reprise du bureau de presse (ci-contre). Cette politique pragmatique touche aussi le domaine médico-social, avec une différence : là il ne s’agit pas tant de suppléer les défaillances du secteur marchand que de créer de nouveaux équipements. Avec le départ du dernier généraliste en 2007, la création d’une maison de santé, en projet depuis quelques années, s’est imposée face à la perspective d’un désert médical. Ouverte en 2012 au rez-de-chaussée d’un bâtiment réhabilité du centre bourg, elle regroupe les praticiens encore présents – kinésithérapeute, dentiste, infirmières – et… un nouveau médecin. Plus facile à gérer, cette structure ouvre aussi la perspective de convaincre à l’avenir d’éventuels successeurs, grâce à des conditions d’accueil avantageuses. Et en septembre, une maison d’assistantes maternelles s’est installée à l’étage, à suivre ci-dessous… S.J. 1. Elle réunit 15 communes ; 68 Grande rue, 63420 Ardes-sur-Couze, tél. 04 73 71 80 39, courriel [email protected], site : www. paysdissoirevaldalliersud.fr/Ardes-Communaute Des p’tits loups bien gardés ! Claire et Florie accueillent jusqu’à huit enfants à la nouvelle Maison d’assistantes Exclusif n° 39 - juillet 2013 « P 2 Florie en a plein les bras… lus besoin de les soulever à bout de bras pour leur laver les mains, et en plus ils adorent ça ! » Depuis septembre 2012, Claire Folio, Florie Fouilloux et leurs petits pensionnaires ont pris possession des lieux avec bonheur : une grande pièce dédiée aux jeux et aux activités, un espace sommeil et un espace sanitaire, tous adaptés aux besoins des 0-6 ans et vitrés pour garder un œil sur ce petit monde. Les locaux flambant neufs de la Maison d’assistantes maternelles (MAM) sont situés en étage, au dessus de la maison de santé. Des chaises aux lavabos, tout est à la taille des enfants, qui ont ainsi plus de facilité et d’autonomie pour acquérir les gestes du quotidien. Les deux collègues soulignent aussi le côté pratique ; et ils ne sont pas les seuls, les parents apprécient également ces petits plus. Les normes de sécurité en vigueur dans les lieux d’accueil d’enfants en bas âge, de plus en plus strictes, freinent beaucoup les agréments pour faire ce métier à domicile. « Il faudrait bien souvent engager des travaux de modification qu’on ne peut pas assumer. L’avantage ici, c’est que les choses ont été pensées dès le départ », explique Claire. Trois places de plus « J’ai été assistante maternelle à domicile, je vois vraiment la différence. C’est beaucoup plus simple ici », constate Florie. Et ce n’est pas qu’une question de matériel. En se distinguant de la vie privée, l’activité revêt un caractère plus professionnel, et le reste de la famille est préservé. Les MAM contribuent à la reconnaissance de la profession, « cela donne du crédit au métier et aux personnes qui le font », ajoute Claire. Un cloisonnement bénéfique à tous : si les parents portent un regard différent, plus respectueux et confiant sur les assistantes maternelles – dont ils restent les employeurs et qu’ils rémunèrent à l’identique –, elles reconnaissent elles aussi mieux Adeline et l’avenir du bureau de presse Une reprise à double titre À défaut d’un repreneur privé mais grâce à un emploi d’avenir, le bureau de presse d’Ardes renaît avec une jeune salariée, Adeline Biville. D communes décide alors de relancer l’activité, chiffre d’affaires et lui laisse le temps d’apprécier rachète le fonds de commerce à sa gérante qui « ce qui fonctionne ou pas » dans la boutique… part à la retraite, et recontacte Adeline : son Dans l’immédiat, après seulement trois mois profil paraît tout à fait approprié puisqu’elle a d’activité, il est encore un peu tôt pour se prodéjà bien étudié la question. Elle accepte leur noncer sur la viabilité du commerce, mais « il proposition d’un emploi d’avenir, parce que ces y a un réel besoin, la population est heureuse contrats prévoient que le salarié bénéficie d’une d’avoir la presse sur place. Il n’y a pas de raison pour que ça ne marche pas ». formation. Ardes Communauté – Au-delà des trois ans, Ardes qui investit au total 35 000 € dans Coup double… Communauté – à qui le poste d’Adel’affaire, en partie issus d’une aide line ne coûte “que” 355 € par mois européenne – finance d’abord un stage d’initiation au métier de diffuseur – ne souhaite pas nécessairement conserver cette de presse, tous frais payés. Adeline demande activité, et serait plus favorable à un retour au aussi une formation secteur privé ; son objectif est de voir le chiffre en comptabilité ; elle d’affaires – qu’elle encaisse – doubler d’ici là. Et pour la première fois grâce à Adeline, Jo-Wilfried Tsonga dans Exclusif ! s’avère pour l’instant Adeline pourra alors, si elle le souhaite, envisager difficile à mettre en sereinement une reprise. « Et dans trois ans, je place, principalement ne serai plus une débutante ! » à cause de ses horaires. Là est l’originalité de la démarche : avoir « Il faut que les orga- profité de l’émergence des emplois d’avenir à nismes de formation bon escient et à double titre : un service essentiel s’adaptent aux temps est ainsi sauvegardé, avec la durée nécessaire pleins des emplois pour renforcer et stabiliser l’activité commerd’avenir : je suis dispo- ciale ; et pour Adeline, c’est du temps et de nible quelques heures l’expérience acquise avant de se lancer à son ou demi-journées par compte, ici ou ailleurs. semaine, mais pas six V.P. mois en continu. » Un CDD de trois ans assure à Adeline un salaire fixe au SMIC, ➔ Bureau de presse, 7 rue du Commerce, indépendamment du 63420 Ardes sur Couze, tél. 04 73 54 03 53 ébarquant de Normandie, la famille Biville – Adeline, Guillaume et leurs deux enfants – s’installe à Ardes en août dernier. « Nous étions venus une première fois, et le dynamisme et l’offre de services du village nous avaient séduits, explique Adeline. J’envisageais de racheter la maison de la presse, mais j’avais renoncé faute de soutien bancaire. » En revanche, Guillaume se lance comme artisan couvreur… Mais aucune autre offre de reprise ne paraît viable aux yeux des banques (c’est à se demander si elles ont des yeux, ndlr). La communauté de vivre cette situation, « moins intrusive ». Elles apprécient également de ne plus travailler seules. Conçue pour accueillir deux assistantes maternelles et huit enfants – soit trois de plus qu’aux domiciles de Florie et Claire – la MAM connaît un développement d’activité depuis le début de l’année. Elles travaillent maintenant chacune de 34 à 40 heures par semaine, pour un salaire équivalent au SMIC. Si les locaux sont mis à disposition gratuitement la première année, Ardes Communauté prévoit par la suite un mode locatif proportionnel au volume d’activité. Ainsi Claire et Florie devront se partager un loyer mensuel de l’ordre de 180 €. Un peu plus de frais que lorsqu’on exerce à domicile, mais vu les conditions de travail « ça vaut vraiment le coup », affirme Claire, tout sourire. Enfants épanouis, assistantes maternelles reconnues et parents sereins, pari gagné pour les P’tits loups. V.P. Une belle histoire vraie ➔ Les P’tits loups du Cézallier, 2 rue du Vallat, 63420 Ardes-sur-Couze ; Claire Folio, tél. 06 09 11 20 47 PHM de la campagne, qu’on nous a racontée en reportage, lors d’une discussion sur les “voiturettes” : « Sur nos petites routes, elles sont moins dangereuses que sur les nationales, et bien utiles pour des personnes isolées et sans permis. » Exclusif n° 39 - juillet 2013 maternelles, au cœur d’Ardes. 3 dossier Comment prendre racine à Vollore-Montagne Une ferme à huit bras... Ils sont quatre, jeunes, altruistes et venus d’ailleurs pour travailler à la campagne. Après un an et demi d’existence, leur ferme collective à Rossias, près de Vollore-Montagne, est sur le bon chemin. L a ferme du “Pô commun” tient son nom d’une anecdote où il est question d’amitié, d’un peu de tabac et d’une certaine idée du partage. Guillaume, Mélina, Benoît et Charly l’ont achetée ensemble fin 2011, en indivision. Ils avaient imaginé ce projet collectif pendant leurs études communes – un BTS gestion et protection de la nature à Vendôme (Loir-et-Cher) –, après lesquelles chacun a eu une première expérience professionnelle. Ils décident en 2010 de chercher un lieu à égale distance de leurs différentes régions d’origine et trouvent cette ferme auvergnate sur le site leboncoin.fr. « On a voulu faire revivre cette campagne, on n’a pas envie de se retrouver en ville, expliquent-ils. Le maire nous a soutenus et a facilité notre intégration, tout comme les habitants du village. » Les fonds provenant de leurs économies personnelles et de l’aide de leurs familles, ils n’ont pas eu à contracter de prêts bancaires. Les quatre amis ont progressivement réhabilité la ferme et aménagé ses 6 hectares, avec l’aide d’amis et même parfois d’inconnus, selon le principe du “woofing1” : des personnes aident à l’aménagement du lieu ou aux activités quotidiennes en échange du gîte et du couvert. Le corps de ferme est le lieu de vie commun, chauffé avec un poêle à bois bouilleur, et ils ont aménagé une douche solaire dans la serre du jardin. Celui-ci, cultivé à l’aide d’un cheval de trait, est leur principale source de nourriture. Ils ont également un cochon vietnamien et deux chèvres. G.M. et Y.P. ... et quatre branches Guillaume, cheveux longs et barbe en friche, est animateur d’actions d’éducation à l’environnement, pour l’association Brin d’air2 et sous le statut d’autoentrepreneur : colonies de vacances, classes découvertes à la ferme, balades nature pédestres ou avec le cheval. En projet, l’animation des activités périscolaires, l’an prochain à l’école de Vollore-Montagne. Il a également mis au point des toilettes sèches dans une caravane qu’il met à disposition sur les festivals, foires… De gauche à droite : Guillaume, Charly, Benoît, puis Mélina et Sabine Charly est aviculteur, sous l’enseigne Au Verger picoré ; après le défrichage d’une lande de genêts, un poulailler pour les pondeuses et un bâtiment d’élevage ont été réalisés en écoconstruction (ossature bois, isolation paille) pour produire des œufs, ainsi que des poulets, coqs, oies, canards, dindons… Mais Charly « ne met pas tous ses œufs dans le même panier » : il est aussi arboriculteur et a greffé des variétés d’arbres fruitiers anciennes et menacées de disparition, en lien avec le Conservatoire d’espèces naturelles d’Auvergne3. Il espère, d’ici 2016, tirer un revenu satisfaisant de ses pommes, poires, cerises, coings, framboises, cassis… éventuellement transformés en jus et cidre. Il a obtenu une certification “agriculture biologique” pour ses cultures, qui occupent le même terrain à différentes hauteurs : les volailles en bas, les baies au dessus et les arbres en haut. 4 Mélina produit des plantes aromatiques et des condiments, issus de la cueillette ou de la culture sur site. Les végétaux sont séchés ou transformés dans son laboratoire en pestos, en infusions… Elle essaie même de faire pousser du houblon. Elle vend ses produits sous la marque Vol Arom. G.M. et Y.P. 1. Provient de l’acronyme anglais wwoof : willing worker on organic farms = travailleur bénévole dans les fermes biologiques, un mouvement né dans les années 1970. Plus d’infos sur http://www.woofing.fr 2. Infos sur Brin d’air sur notre site journal-exclusif.org, à côté de cet article. 3. CEN Auvergne, Moulin de la Croûte, rue Léon Versepuy, 63200 Riom, tél. 04 73 63 18 27, courriel : [email protected], site : www.cen-auvergne.fr Photo Guillaume Masson Exclusif n° 39 - juillet 2013 Benoît, boulanger, cuit du pain au levain à base de blé et de seigle, et également du pain “3 graines” (lin, tournesol, sésame), dans un four auto-construit en matériaux de récupération. Il livre son pain et les œufs de Charly aux habitants de Vollore, à domicile. Sous la marque Chant du blé, il vend aussi sur les marchés de Thiers et de Saint-Just en Chevalet (Loire). Objectif : cultiver ses propres céréales. Saint-martin-d’ollières Instruire au vert Cécile exerce le métier de professeur des écoles. Après avoir fait l’expérience des classes primaires en ville, c’est à Saint-Martin-d’Ollières qu’elle a choisi de poser son cartable. D ans la classe unique de Saint-Martin (150 habitants), Cécile Beaure instruit depuis quatre ans 16 enfants de niveaux différents, du CE1 au CM2, dont quatre de la commune. L’école primaire fonctionne en regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec Peslières et Valz-sous-Châteauneuf (63), Saint-Hilaire et Chassignolles en Haute-Loire. Avantages du village La salle de classe, au rez-de-chaussée de la mairie, est équipée d’une technologie de pointe : chaque écolier dispose d’un ordinateur, et depuis que le tableau numérique est installé, le noir à côté de lui fait grise mine. Cette “école numérique rurale”, qui favorise l’interactivité entre les élèves et l’enseignante, existe grâce à une aide financière de l’État mais surtout à l’effort des cinq communes. Pour l’enseignante, qui voulait depuis longtemps travailler à la campagne, le petit effectif est aussi un atout : « Je peux suivre de plus près leurs apprentissages. Et d’une façon générale, par Brèves de maires Merci Internet François Chassaigne, maire de Saint-AmantRoche-Savine, repère sur le site leboncoin.fr des personnes désirant habiter à la campagne. Ce qui a permis, cette année, de sauver la troisième classe du collège grâce à un couple venu s’installer dans le Livradois avec ses deux enfants ! SDF branchés L’hiver, ce même maire ouvre aux SDF les locaux du Comité d’entreprise d’EDF, situés sur sa commune et vacants à cette période. Bus des montagnes… et des jeunes Sylvie Jolivet, maire de Saint-Jean-Saint-Gervais, voudrait que le Bus des Montagnes, à l’origine destiné aux personnes âgées pour aller une fois par semaine au marché, mais de moins en moins utilisé pour cela, s’oriente davantage vers les jeunes afin qu’ils puissent plus facilement se rendre à la Mission Locale, à Pôle Emploi ou à la médiathèque. RSA des villes, RSA des champs Damien Gaudriault, maire de Saint-Martin d’Ollières : « Venir s’installer à la campagne quand on est au RSA ? Si on veut s’en sortir, c’est possible. Le travail manque sur le bassin minier, mais ici il y a quand même des possibilités, notamment en intérim et dans l’aide à domicile (voir ci-contre). Si on peut faire un jardin, ça aide aussi, bien sûr. Mais deux choses sont indispensables : un véhicule et un congélateur. » Des bêtes et des cloches rapport à ce que j’ai connu en ville, les élèves sont plus proches de nous, ils travaillent mieux, et les parents sont plus intéressés et respectueux. » « Et nous avons la chance d’avoir notre cantinière, qui prépare les repas pour les enfants et le personnel communal », poursuit Cécile, qui ajoute encore un avantage très personnel : « Ici, je fais des économies : je fais moins de shopping… » Inconvénients de l’éloignement En vrac : le bibliobus qui ne passe plus au village ; les 40 minutes quotidiennes de transport scolaire pour certains enfants du RPI ; et à la fin du CM2, le départ pour le collège est souvent un déchirement pour les élèves, car une partie d’entre eux part à Brioude et l’autre reste dans le Puy-de-Dôme. Ombre au tableau La réforme des rythmes scolaires doit permettre, en faisant classe le mercredi matin, d’alléger le reste de la semaine : très bien… Mais pour cela, les communes doivent financer un jour de plus de transport scolaire, de cantine, et les activités de loisirs du mercredi après-midi… Damien Gaudriault, le maire de Saint-Martin, explique que le problème n’est pas que financier : « C’est un casse-tête pour nos petites communes. Il faut savoir que la part des impôts que nous percevons ne permet même pas de payer les employés communaux ; sans la subvention de l’État, on n’a aucune latitude financière. Pour cette réforme, l’aide de l’État ne suffira pas, on le sait. On peut attendre une année de plus pour la mettre en place, le temps de trouver des solutions. Mais alors, on risque de voir des familles mettre leurs enfants à l’école ailleurs, là où ils seront gardés le mercredi ; et si on perd quelques élèves, c’est notre école elle-même qui est menacée ! Tout ça est trop précipité… » Mo.B. et D.C. HLM : le pour, le contre Faut-il créer du logement social dans les petites communes, où le terrain et les logements sont moins chers ? « Les bailleurs sociaux n’y sont pas favorables, » explique Sylvie Jolivet, maire de Saint-Jean-Saint-Gervais (109 habitants, aucun commerce), « parce qu’on risquerait de mettre ces locataires en difficulté en les obligeant à beaucoup utiliser une voiture, indispensable pour la moindre course. » Vieillir à la campagne « Aujourd’hui, les difficultés commencent à 80-85 ans, lorsque les personnes deviennent dépendantes et ne conduisent plus, explique Sylvie Jolivet : notre communauté de communes a un service d’aide à domicile et de portage de repas à domicile qui emploie une soixantaine de personnes (35 équivalents temps plein) ; c’est un métier qui se professionnalise de plus en plus. Mais pour lutter contre l’isolement, les familles sont présentes et restent indispensables. » … Exclusif n° 39 - juillet 2013 Le maire et la directrice de l’école : à Saint-Martin, on mise sur deux tableaux, le noir et le numérique ! Damien Gaudriault, aujourd’hui agriculteur, est originaire d’une ville moyenne : « On peut venir de loin et être bien accueilli chez nous, mais il faut accepter plusieurs choses : les bêtes, les tracteurs, la neige – après un premier hiver, généralement on s’équipe –, et aussi les cloches. » Pas celles des vaches, celles de l’église. 5 … Tournée Pas de maire au RSA On a cherché mais pas trouvé de maire au RSA. « Mais à mon avis, blague Sylvie , ici on peut facilement être maire et devenir chômeur, si on consacre à la mairie tout le temps qu’on nous réclame, au détriment de sa vie professionnelle… » Grandir à la campagne « Peut-être que l’isolement touche surtout les jeunes, avec le risque, en dehors de l’école, de rester dans un cercle de relations très réduit : pour la moindre activité, foot ou musique, il faut obligatoirement faire deux fois 15 minutes de voiture… Tous les parents ne peuvent pas se transformer en taxi tous les mercredis ! » Où sont les vaches ? « L’employé communal, partagé entre deux communes, a de plus en plus de travail, parce qu’aujourd’hui plus personne ne va déboucher un fossé, parce qu’il n’y a plus de vaches pour désherber les talus… La fin du monde rural, c’est aussi ça ! » Là où il y a de la neige… C’est le cauchemar des maires ruraux : « Même si l’employé attaque à 5 heures du matin, impossible de déneiger tous les chemins à temps pour que les habitants partent travailler à 25, voire 60 km… Certains ont du mal à l’accepter, parce qu’ils viennent habiter ce milieu sans en connaître les contraintes. » Autres temps… Sylvie Jolivet : « Certains géographes et sociologues disent que “le monde rural n’existe plus” ; il est vrai qu’il reste très peu d’agriculteurs ; aujourd’hui l’exode rural est fini, et des gens reviennent habiter ici ; mais ils ne le font généralement pas pour vivre des ressources du pays, et ils ont des habitudes de vie et des exigences urbaines, c’est cela qui est très différent. » Vive le partage du travail ! Un maire d’une commune de moins de 500 habitants perçoit une indemnité mensuelle maximale de 646 euros (brut), et un adjoint de 251 euros. Le maire de Saint-Jean-SaintGervais a proposé au conseil municipal, qui a accepté, de réduire l’indemnité de maire de 25 %, ce qui, à 90 euros près, permet d’avoir (et d’indemniser) un troisième adjoint. Exclusif n° 39 - juillet 2013 Centre ville ? 6 Saint-Jean-Saint-Gervais a quelques particularités : les habitants de la commune sont répartis dans 14 hameaux, mais il n’y a pas de bourg. La mairie, l’église (inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques), la maison des associations et le cimetière constituent tout le “centre ville”… Du coup, elle n’a pas non plus d’éclairage public, ce qui en fait un site privilégié pour l’observation astronomique. Est-ce pour la même raison qu’un groupe d’artistes peintres hollandais s’y réunit une fois par an ? D.G., D.C. et S.J. Un boucher qui tient la route À 81 ans, Raymond Chazot n’a pas raccroché les couteaux. Il travaille toujours à la boucherie-charcuterie et tient beaucoup à continuer les tournées qui l’emmènent autour de Pontaumur. V oilà 56 ans qu’il est au boulot, mais il a toujours le regard affûté, un rien rusé. Raymond Chazot est boucher-charcutier à Pontaumur, avec ses fils et sa belle-fille. Sa journée commence toujours de la même manière : « 5 h10, je plonge. Un coup de serpillière par la figure, un café et c’est parti ». Il s’affaire dans le magasin, prépare ses rayons charcuterie et boucherie. Puisque c’est jour de tournée, il dispose les victuailles dans son camion, de part et d’autre de la balance. A 9 heures, il s’attable dans l’arrière-boutique pour casse-croûter d’un morceau de saucisson avec du pain et du beurre, arrosé d’un verre de rosé. Ce mercredi, jour de marché à Pontaumur, il a toujours un visiteur avec qui partager l’en-cas, on le sait accueillant. « Et c’est parti ! » Pâté fin pour Dédé Le mercredi, c’est Saint-Avit. Un tour d’une cinquantaine de kilomètres qui va aux confins du département du Puy-de-Dôme avec une incursion dans la Creuse, à Létrade. Ce n’est pas ça qui fait vivre la boucherie, et les fils de M. Chazot ne comptent pas poursuivre la tournée, mais Raymond est attaché à ne pas faire faux bond à ses clients de longue date. Ils lui sont fidèles. Ce sont souvent les commerçants du coin, servis depuis toujours. Comme à la scierie Dubot et fils, à Saint-Avit, où travaillent trois générations, à la station-service, qui ne voit plus beaucoup de trafic depuis que la route de Limoges évite le centre-bourg, chez le garagiste… Et quelques particuliers, qui sont parfois les parents des précédents. « J’aime bien servir mais j’aime bien les voir deux fois », souligne-t-il pour dire qu’il veille à garder ses clients. Il salue les dames d’un « ma p’titoune » ou « ma grande ». « Je les “assomme” pas, assure-t-il rigolard, et je les gâte. » Elles sont contentes de l’avoir car il leur rend bien service. « Ça s’empile en ville et nous, on n’a plus rien », regrette-t-on à la station-service. À la sortie de Pontaumur, une dame qui a pris « un peu de pâté fin pour Dédé » remarque : « On descend parfois prendre le pain, mais ça fait démarrer la voiture. » Des volets clos La tournée donne l’occasion de rompre l’isolement de certains, et de donner des nouvelles aux uns et aux autres. « Entre les deux », répond la dame interrogée sur la santé de son mari. Le couple est âgé, comme beaucoup des clients de Raymond, qui en a vu partir bon nombre. Aussi les arrêts se font moins nombreux. « Quand il y en avait un qui cassait sa pipe, il y avait quelqu’un derrière », mais depuis une quinzaine d’années les choses ont changé : les maisons restent inhabitées et la clientèle n’est pas renouvelée. Vers 13 heures, Raymond Chazot est de retour à Pontaumur, déjeune et s’accorde une petite sieste. S’il se sent le courage, il passera un bout d’après-midi sur son vélo. Décidément, un charcutier qui a du jarret. G.M., Y.P. et Ch.G. ➔ Boucherie-charcuterie Chazot, rue du Got, 63380 Pontaumur, tél. 04 73 79 90 32 dossier Solidarité Paysans Une main tendue aux agriculteurs Les agriculteurs endettés s’enfoncent dans une spirale mortifère. Certains osent chercher de l’aide auprès de Solidarité Paysans Puy-de-Dôme. « L es surfaces à cultiver augmentent, la charge de travail aussi, alors l’isolement physique est fort », souligne Christiane Dessaigne, bénévole à l’association Solidarité Paysans. En 2010, il y avait 9000 agriculteurs dans le Puy-de-Dôme, deux fois moins qu’en 1988. « Il y a moins d’entraide, le tissu associatif est moins dense et souvent animé par des néoruraux qui n’ont pas les mêmes centres d’intérêt. » Issue d’un réseau national, Solidarité Paysans Puy-deDôme compte deux salariées et une trentaine de bénévoles, agriculteurs ou proches de ce milieu. Près de quarante agriculteurs l’appellent chaque année. « Aujourd’hui, ils n’ont plus de marge de manœuvre, poursuit Christiane. Lorsque se cumulent fragilités professionnelle et personnelle, au moindre incident s’enclenche une spirale de difficultés, de culpabilisation et d’isolement. Difficile de se confier, par peur du regard des autres ; même avec la famille, c’est compliqué. Avec nous, ils s’adressent à un pair qui porte un regard à la fois proche et distant. » Elle travaille en binôme avec une salariée. « Le motif d’appel, c’est souvent des dettes à payer, avec menaces d’huissier ; alors on se déplace pour voir les personnes, installer la confiance, intervenir auprès des tribunaux, restructurer les prêts bancaires. » Au début, il s’agissait surtout d’agriculteurs de plus de 50 ans très endettés (voir ci-contre). À présent que Solidarité Paysans est mieux connue, ils attendent moins ; ils sont plus jeunes, moins “dans le rouge”. L’urgence passée, l’association peut porter un regard plus global sur l’exploitation et l’organisation du travail. Le RSA : mal connu, compliqué… En 2012, le Conseil général du Puy-deDôme a confié à Solidarité Paysans la mission d’accompagner les agriculteurs qui perçoivent le RSA et sont soumis à une obligation de suivi. Ils sont 200, avec un profil différent : plus jeunes, installés sur de plus petites surfaces. « Certains ont hérité d’une ferme avec deux ou trois prés, d’autres s’imaginent qu’à la campagne, c’est facile ; ce sont parfois des étrangers venus des pays nordiques… Ils croient à l’eldorado, le miroir aux alouettes fonctionne. La réalité est tout autre », constate Annie Pasquet, animatrice locale d’insertion au Conseil général et chargée du secteur agricole. Solidarité Paysans réalise un audit des exploitations, propose des pistes d’amélioration. Les assistantes sociales peuvent intervenir pour monter des dossiers ou orienter vers les services compétents. Mais très souvent, les agriculteurs qui y ont droit ne demandent pas le RSA, soit par manque d’information, soit à cause de son calcul très compliqué. « Ou encore ils ont peur de se faire traiter de fainéants », estime Annie : insupportable, pour des travailleurs à temps complet dont le revenu ne suit pas. « On rencontre des gens désabusés ou en colère, qui souffrent du manque de reconnaissance du grand public. Ils ont été poussés à toujours plus investir. Certains ont un discours amer : “Voilà ! on travaille, mais on n’y arrive plus”. » Annie craint que le printemps pluvieux ne soit la goutte d’eau qui fasse déborder le besoin de solidarité. J.-F.M. et C.D. ➔ Solidarité Paysans du Puy de Dôme, Maison des Paysans, Marmilhat, 63370 Lempdes, tél. 04 73 14 14 74, courriel [email protected] Laurence Damatte, une des salariées, et Christiane Dessaigne Portrait A ntoine s’installe en 1984 sur la ferme de 14 hectares de ses grandsparents : « Il fallait tout faire : acheter le troupeau de vaches laitières, le matériel, rallonger le bâtiment et rembourser ma sœur de sa part d’héritage. » Il obtient la dotation jeune agriculteur (DJA) qui permet d’emprunter à des taux très bas. Pour dégager un revenu, il doit alors racheter 8 hectares, en loue 52 autres et augmente son cheptel – 75 têtes aujourd’hui. Les difficultés s’installent progressivement : « Ma grand-mère vivait avec moi, elle est partie en maison de retraite en 1995. » Célibataire, il se retrouve seul. « Après son décès en 2000, le complément qu’apportait sa retraite disparaît et les gros problèmes commencent. » Antoine quitte le Crédit agricole et n’a plus accès aux emprunts bonifiés agricoles : il rembourse avec des crédits à la consommation. « Tout va très vite, j’en ai eu jusqu’à 15 ; on a toujours l’espoir de s’en sortir, si la production va bien. Mais avec des emprunts à 20 %, la dette ne fait qu’augmenter. Je me disais “demain ça ira mieux”, j’ai tenu tant bien que mal une dizaine d’années mais quand les huissiers arrivent… Ils sont hargneux, toujours froids, ils veulent de l’argent tout de suite. Je leur donnais un chèque à encaisser dans un mois, mais le mois d’après c’était pareil ! J’ai fini par ne plus répondre au téléphone, ni ouvrir le courrier, je fuyais la maison. Ça a duré trois ans ; un jour j’ai découvert Solidarité Paysans en lisant Le Paysan d’Auvergne. » Dans un premier temps, un redressement à l’amiable est refusé car les dettes sont trop importantes. Il faut aller au tribunal. Situation angoissante, mais il est accompagné par l’association. Le tribunal accepte un redressement judiciaire car c’est une exploitation qui tourne. Elle est mise en cessation de paiement : les créanciers ne peuvent plus intervenir directement. Les dettes sont gelées, le remboursement étalé sur 15 ans. Antoine, aujourd’hui la cinquantaine, a repris les choses en main. « Je continue mon travail, avec mon chien pour compagnie et un peu de télé en soirée. » Il est habitué à sa solitude. J.-F.M. et C.D Exclusif n° 39 - juillet 2013 Antoine et ses traites 7 Ondes nocives Grégoire trouve refuge en Livradois-Forez Diagnostiqué électro-hypersensible, Grégoire a quitté l’ouest de la France et son métier d’enseignant pour une “zone blanche” à l’abri des ondes électromagnétiques. T out a commencé par de violentes palpitations cardiaques, en 1997. S’ensuivent rapidement fatigues chroniques, asthénie et céphalées. Grégoire, enseignant en lycée agricole, apprend finalement que l’antenne Bouygues Télécom, à 100 mètres de chez lui, est utilisée pour des essais. Et commence à soupçonner un lien avec ses problèmes physiques. Il “fait avec”, longtemps, puis connaît des états dépressifs que son médecin attribue à des causes extérieures. Les traitements s’enchaînent alors, « à la tonne ». Devant leur inefficacité, il prend un congé sabbatique en 2005, pour chercher l’origine des ses maux. Un havre et un potentiel Grégoire multiplie les examens, à la recherche, dans un premier temps, de métaux lourds dans son organisme. Mais le mal est autre. En 2006, Grégoire apprend qu’il est hypersensible aux ondes électromagnétiques. Il se rend bien vite compte que l’information sûre est denrée rare… et coûteuse. « Pour les émissions électromagnétiques, on nage en pleine désinformation. Si l’on veut avoir accès à du fiable, il faut accepter de payer », affirme-t-il. Malgré son lourd handicap, Grégoire reprend son travail, à mi-temps. Très vite, les contraintes s’accumulent. « A chaque début de cours, je demandais à mes élèves de poser leurs téléphones et je m’assurais que tous étaient bien éteints ». Un geste presque dérisoire dans un monde saturé d’ondes. Entre wifi et portables allumés dans les salles voisines, Grégoire patauge dans la douleur. Impossible pour lui de maîtriser tout cet environnement. En six mois, l’enseignant s’étiole, et laisse douze kilos dans l’affaire. « J’ai alors fait valoir mon droit de retrait, en expliquant que je me sentais en danger sur mon lieu de travail. Malgré mes explications, on m’incitait à déclarer qu’il s’agissait d’un problème d’ordre psychologique, ce que j’ai bien sûr refusé » se souvient Grégoire, amer. Il démissionne. Devant cette affection mal connue, terrible- ment contraignante au quotidien, ses proches ne réagissent pas comme il l’espérait. Entre incompréhension et incrédulité, son mariage périclite et Grégoire se retrouve seul. Après avoir longtemps cherché une “zone blanche” où vivre, Grégoire la trouve finalement en plein Livradois. Il réside depuis quelques années dans une petite maison de bois, sans électricité, sans connexion internet ni téléphone mobile. Un mode de vie difficile à concevoir, mais le seul qui le soulage de sa souffrance. Aujourd’hui, Grégoire condamne la tiédeur des pouvoirs publics face à ce qu’il considère comme un problème de santé publique. Il accumule dans un classeur articles et études scientifiques sur la nocivité des ondes. Actif dans la lutte pour la reconnaissance de ce handicap, il estime que le Livradois pourrait être un havre pour les EHS, loin de la pollution électromagnétique qui est désormais la norme presque partout. « Ici, le potentiel pour les gens comme nous est énorme. Mais il n’y a pas de vrais efforts pour le valoriser. » S.J. PHM Exclusif n° 39 - juillet 2013 L’électro-hypersensibilité, qu’est-ce que c’est ? 8 L a réalité des effets des ondes pulsées sur le vivant est sujette à controverse. Si les scientifiques sont nombreux à dénoncer le danger de la pollution électromagnétique, études indépendantes à l’appui, les tenants d’une cause psychosomatique à ces troubles le sont aussi et contestent ces conclusions. L’OMS reconnaît la réalité des symptômes, mais sans établir un lien de causalité avec les ondes. Difficile de trancher, mais une chose est certaine : la réalité des pathologies et des souffrances des EHS. « C’est une intolérance aux champs électromagnétiques artificiels pulsés, émis par l’ensemble des appareils électriques et électroniques. Elle se développe de manière exponentielle avec les technologies sans fil. Les symptômes : maux de tête, sensation de chocs électriques dans le cerveau, réactions cutanées, douleurs, pertes de mémoire, de concentration, insomnie, tachycardie, vertiges... » (source : avaaz.org). Pour l’OMS, les symptômes sont une réalité mais l’organisation réfute la certitude leur origine : « L’hypersensibilité aux ondes élctromagnétiques est caractérisée par divers symptômes que les individus touchés attribuent à l’exposition aux champs électromagnétiques [...] Cet ensemble de symptômes ne fait partie d’aucun syndrome reconnu. » Infos complémentaires sur d’autres sites Internet : www.ehs-action.org/ www. robindestoits.org/ www.electrosensible.org Solidaires pas solitaires Poussé depuis longtemps par son dynamisme culturel, Saint-Amant-Roche-Savine suscite des initiatives et attire des néoruraux à la recherche d’un mode de vie alternatif. C inq cent quarante âmes regroupées au cœur du Livradois, et une certaine réputation en matière de savoirfaire culturel. Depuis une trentaine d’années, Saint-Amant-RocheSavine, chef-lieu du plus petit canton du Puy-de-Dôme (1300 habitants sur cinq communes), garde la trace du festival rock “SaintAmant-Rock-ça-vibre” qui a fondé cette réputation. « Des gens viennent s’installer ici parce qu’ils recherchent un lieu à la campagne avec une vie culturelle alternative, explique le maire François Chassaigne. Depuis trente ans, il y a toujours eu des initiatives de ce type. Mais ce qui attire aussi, c’est l’image d’ouverture sociale qu’incarne le village. » Lucide, le maire sait bien que sa commune n’a guère à proposer en termes d’emploi ; la majorité des habitants travaille à Ambert ou sur l’agglomération clermontoise. Mais la commune met en avant une certaine idée de la solidarité. L’humain avant tout. Ce souci du cadre de vie fait qu’aujourd’hui, Saint-Amant possède encore son bureau de poste et un collège qui compte 47 élèves répartis en trois classes. C’est d’ailleurs pour sauver l’une d’elles que François Chassaigne est parti en quête de nouveaux habitants... sur Internet (voir page…). En outre, avec quinze associations, le village jouit d’un dynamisme rare pour une commune de cette taille. « La question de la culture et de son accès au plus grand nombre est primordiale pour ouvrir les esprits et réduire l’isolement social », renchérit le maire, qui souligne aussi que le partenariat avec la CCAS (comité d’entreprise d’EDF) permet à Saint-Amant-Roche-Savine de disposer de spectacles estivaux de qualité. Solidarités et divergences Ces convictions sont à l’origine de la mixité de la population, au sein de laquelle de nouveaux habitants sont arrivés avec des projets de vie différents. « Il faut s’adapter aux particularités des gens sur certaines initiatives, mais c’est intéressant, » confirme François Chassaigne, « pas mal de jeunes restent et s’installent en tant qu’auto-entrepreneurs. » Beaucoup d’allocataires du RSA aussi, et des personnes dans des situations précaires qu’il faut gérer avec attention. « Je crois qu’ici les valeurs de solidarité sont importantes. Par exemple, face aux problèmes de transport en commun, les gens s’aident. » Ces choix positifs se heurtent pourtant à certaines résistances. Malgré l’existence depuis 2008 d’une commission municipale du vivre ensemble, ouverte à tous les habitants, une partie d’entre eux « en a marre de voir du monde, marre du bruit », état de fait que le maire regrette. « Ces gens ne se rendent pas compte de l’importance des néoruraux dans la survie du village et le maintien des services ». Pas de quoi décourager François Chassaigne et tous ceux qui se battent pour que Saint-AmantRoche-Savine continue d’exister comme un exemple de vie commune en milieu rural. S.J. ➔ Mairie, place Pourtier, 63890 Saint-Amant Roche Savine, tél. 04 73 95 70 22 Animations et spectacles de l’été : voir agenda page 15 Locaux neufs pour le Café Quoi Le 10 mai dernier, c’était l’ouverture des nouveaux locaux du Café Quoi. Une inauguration qui, pour l’association La Place du Village, a soudé ses membres, rassuré les sceptiques et fait un pied-de-nez aux plus récalcitrants à ce café associatif. E n plus d’être mieux placé et sans voisin, le nouveau Café Quoi offre de plus grands espaces. Céline, co-présidente de l’association La Place du Village, porteuse de cette initiative, ne cache pas son enthousiasme quand elle fait visiter le jardin : « pour les soirées d’été, nous le partageons avec le Foyer des jeunes. » Puis, à l’intérieur, l’espace scénique « pour les spectacles vivants de théâtre, musique et poésie, mais aussi pour des projections » ; et puis la cave, le grand atelier et la cuisine également partagée avec les jeunes… Et, bien sûr, l’espace bar. Mais Céline prévient : « Ici, ce n’est pas seulement un lieu pour boire un verre, c’est avant tout un lieu de rencontre et de réflexion. » D’ailleurs, le Café Quoi ne dispose que d’une licence 2 “Cercle privé” ; donc, quant aux boissons alcoolisées, seules les fermentées (cidre, bière…) sont servies, et interdites celles dites distillées (vodka, whisky…) qui ont une forte teneur en alcool. Un bar à débats On préfère y débattre « sur des sujets de droit commun comme l’enfermement psychiatrique, ou encore sur l’incarcération ; on donne ainsi, par nos débats, du grain à moudre à L’Envolée », journal de réflexion anti-prisons. On y teste aussi des nouveaux jeux de société, « et nous sommes tous sensibles à l’art ». Avec plus de 50 spectacles en deux ans et autant de soirées thématiques, « ce lieu répond à un besoin des gens de se retrouver, et il est donc ouvert à tous ». Céline précise bien « qu’on n’est pas cafetier, ici, tout le monde peut passer derrière le bar, les gens s’autogèrent. Le prix des entrées des spectacles est libre ou à moins de 5 euros, et les boissons bon marché. » Car, poursuit-elle, « on ne fonctionne pas comme le libéralisme » : autonomie, responsabilité et respect sont les valeurs écrites dans la charte du Café Quoi. D’où le refus des subventions et la volonté de payer un loyer à la mairie : « Ce sont des garanties pour notre indépendance vis-à-vis de toute collectivité territoriale et de toute institution étatique. » D’où, aussi, le choix d’une présidence collégiale pour l’association, « ainsi nous sommes tous responsables ». Et sont proscrits de ce lieu tous les comportements sexistes, homophobes, racistes, xénophobes… « Cet esprit a pu être transmis aux villageois en les invitant à l’inauguration. Les personnes opposées à l’initiative l’étaient plutôt par peur, et au fond elles ne veulent pas que le village meure. » Beaucoup ont donné un coup de main, « ça a donné du sens à ce vrai lieu de vie, et ça a fait un pied-de-nez aux plus réactionnaires qui le voyaient plutôt comme un repaire de marginaux. » Chacun peut y proposer débats, spectacles ou autres activités, les entrées et une partie de la recette allant aux artistes et intervenants. Le gîte et le couvert sont aussi offerts à ces derniers par l’association, ainsi que la chaleur humaine de ses 500 adhérents autonomes, responsables et respectueux ! D.G. ➔ Bar associatif le Café Quoi, route de Clermont, 63890 Saint-Amant-Roche Savine ; ouvert le vendredi soir et le dimanche après-midi. Exclusif n° 39 - juillet 2013 "canton s’aime" à Saint-amant-roche-savine 9 ailleurs à brioude (haute-loire) Dé-laissés e brioud Mission canine accomplie À Brioude, depuis mars, une action de médiation canine apaise les relations entre les riverains d’une place et un groupe de précaires qui s’y réunissent avec leurs chiens. O bjectif 1 : contact – En avril, la mairie de Brioude est alertée, par des riverains et la police municipale, du désagrément causé par le bruit de chiens sans laisse. Ce seraient les animaux de SDF qui se regroupent régulièrement sur la place Champanne. La municipalité sollicite le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) pour créer une cellule de médiation, afin de décrisper les tensions. La première réaction du directeur du CHRS, Jean-François Domas, est l’étonnement : connaissant bien le milieu, de par sa profession, et « passant fréquemment par cet endroit, comme les 14 salariés, » il certifie : « Il n’y a pas de SDF sur cette place. » Faisant son enquête, il découvre que les personnes concernées sont, pour certaines, d’anciens SDF ayant gardé, avec leurs chiens, leurs habitudes, et qu’elles ont toutes un logement, « mais souvent précaire, voire insalubre ». Avec toutes ces informations, « l’idée d’une médiation canine nous a semblé judicieuse », se souvient Marion Astier, éducatrice en formation, en stage au CHRS. Encore faut-il trouver un intervenant qualifié et motivé par cette initiative : « Nous sommes des travailleurs sociaux, les chiens, nous n’y connaissons rien. Ça n’a pas été simple, expliquent Marion et Jean-François : on a contacté beaucoup de vétérinaires, la SPA, sans réponse. » Par un coup de chance, ils trouvent la perle rare, Mélanie Martin Teyssere, vétérinaire à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme) et diplômée en “relation d’aide par la médiation animale”. Cette ancienne animatrice avec des personnes en situation de handicap mental, qui intervient aussi avec des chiens en milieu carcéral, est motivée pour venir chaque semaine… une vraie perle ! Objectif 2 : médiation – Avec Marion, elles vont former « un binôme très constructif ». Fin mai, sept séances de médiation ont déjà eu lieu, avec sept “couples” chien-maître (voir ci-dessous). Marion axe son attention sur la personne et son accompagnement social, Mélanie sur l’animal. Un travail préalable a été nécessaire avec les maîtres des chiens : « La première difficulté a été d’annoncer qui étaient nos partenaires : les élus, se souviennent-elles. Les personnes se sont senties stigmatisées ; certaines assuraient que des riverains baladaient, eux aussi, leurs chiens sans laisse. » Mais des soins et des conseils vétérinaires gratuits, et surtout la participation de trois personnes accueillies au CHRS, « assez charismatiques », ont pu instaurer un climat de confiance. « Puis ça a été très vite, assure Mélanie : les “chiens de la rue” sont souvent très bien éduqués, très sociables, très peu agressifs et ils ont un attachement phénoménal à leur maître. » Seul hic : ils savent rarement marcher attachés. Pourtant, « avec une laisse ça change l’image ! De plus, les riverains, qui nous ont vu nous balader avec eux lors des séances éducatives, ont été rassurés. » Depuis, les plaintes ont cessé, les procès-verbaux de la police municipale ont quasiment disparu. Marion souligne aussi que certaines personnes, parmi les plus agitées, ont nettement amélioré leurs comportements. Une prise de conscience créée par le visionnage du film monté par les participants et le “binôme de choc”. « En voyant et écoutant le bruit de leurs chiens quand ils se réunissaient, ils se sont aperçu de la gêne qu’ils occasionnaient », conclut-elle. « La police a, elle aussi, changé PHM son regard sur eux », remarque Jean-François. Une rencontre est prévue entre les ex-plaignants et ces ex-SDF : du coup, « le délit de sale gueule qui était au bout de la laisse » devrait encore s’estomper, et le “mieux-vivre ensemble” s’installer sur cette jolie place de Brioude. D.G. CHRS Trait d’union, rue Emile Barbet, 43100 Brioude, tél. 04 71 74 94 29 Education : qui tient la laisse ? Exclusif n° 39 - juillet 2013 « J’ 10 De gauche à droite, Marion Astier, Mélanie Martin-Tesseyre, Winnie et Cécilia. ai pris un chien parce que j’avais envie d’un enfant et je n’en avais pas. » Cécilia, qui occupe un des appartements du CHRS, a adopté Winnie voilà quatre ans. Mais depuis, il est devenu un chien fougueux qui s’est montré agressif envers l’enfant que Cécilia a eu entre-temps. À la maison, Winnie fait ce qu’il veut. L’enjeu est d’apprendre à se faire obéir, dit Mélanie : « Il faut savoir si tu habites chez ton chien ou si ton chien habite chez toi. » D’après elle, en observant le chien, on apprend beaucoup du maître, parce que « ce sont de véritables éponges affectives ». Mélanie décide d’une promenade le long des maisons alentour. C’est elle qui va conduire Winnie à l’aller. Elle enlève harnais et muselière, et passe au cou de l’animal un collier de dressage, assez lâche pour le guider avec souplesse. Avant de partir, elle lui ordonne de s’asseoir puis, avec une gourmandise, le félicite d’avoir obéi. La promenade débute. Mélanie rappelle Winnie à l’ordre d’une voix ferme quand celui-ci se montre indocile. À l’approche d’une habitation avec des chiens, elle le prévient et resserre la corde. Le chien lui obéit assez, il ne tire pas trop sur sa laisse et aboie peu après les autres chiens. De temps en temps, elle le félicite d’une caresse ou d’un mot. D’après Mélanie, le secret est dans la fermeté de la voix : quand on s’adresse à son animal, il faut être décidé. Opération Culture à la ferme La traite à l’entracte © Culture à la ferme, dASA DR Les agriculteurs souffrent parfois d’isolement : de ce constat est né le projet Culture à la ferme, et depuis janvier 2012, culture et animations se baladent dans les fermes du pays de Lafayette, soit huit communautés de communes autour de Brioude. A mener la culture au cœur des campagnes, faire connaître les exploitations agricoles et créer du lien entre les différents habitants du nouveau monde rural, tel est le moteur de Culture à la ferme. Pauline Grospeaud, chargée du projet et Aline Fayard, animatrice à développement Animation Sud Auvergne (dASA, voir encadré), sont conscientes des transformations des territoires ruraux depuis une vingtaine d’années : « À la campagne, il y a certes des paysans, mais aussi des personnes qui ne sont pas du tout issues du monde agricole, et ce n’est pas toujours évident de se rencontrer. » Alors, de septembre à juin, Culture à la ferme organise ces rencontres : un agriculteur accueille une animation sur son exploitation, en plein air ou même dans sa grange. L’événement est construit avec lui, en tenant compte de ses envies. De la randonnée au pique-nique, en passant par le spectacle vivant, les récits, discussions et débats, ou encore la découverte de la géologie ou des plantes sauvages… toute proposition peut être étudiée. Une fois par mois, les participants ont une journée ou une soirée pour découvrir un agriculteur, son métier, et partager avec lui un repas et un événement culturel. Artistes à la ferme sur tracteur vintage souhaite élargir notre réseau et, pourquoi pas, programmer deux dates chaque mois », explique Pauline. Elle démarche donc de nouveaux agriculteurs, convaincue de l’intérêt de cette action. « Les gens s’installent à la campagne pour une qualité de vie, mais cela n’exclut pas l’offre culturelle », conclut-elle. Culture et agriculture ne sont pas antinomiques, voilà un joli résumé des soirées passées et surtout à venir. V.P. Espace à investir Les animations sont gratuites et les intervenants, tous bénévoles : « On tient à ce que les gens soient impliqués, qu’ils trouvent un sens à cette démarche », explique Pauline. Portés par les valeurs de l’éducation populaire, les organisateurs défendent une culture accessible à tous, basée sur « le mode de l’échange et non pas de la consommation ». Aline souligne l’importance de la pédagogie – « la culture, c’est aussi apprendre simplement de l’autre » – et de l’investissement d’un milieu par ses habitants : « L’agriculteur doit être un des acteurs culturels du milieu rural. » À charge pour lui de diffuser l’information et de faire venir ses connaissances, famille ou amis le jour J. Cette dynamique agit comme un catalyseur de lien : en effet, l’agriculteur devient bien souvent public du Culture à la ferme suivant. Si les premiers accueillants désiraient sortir de l’isolement et étaient demandeurs, l’enjeu est de convaincre ceux qui le sont moins. « On Pauline Grospeaud et Aline Fayard ➔ La Pardige, Accueil d’associations et de coopératives, 53 rue de la Pardige, 43100 Brioude, tél. 04 71 74 97 81, http://culturealaferme.wordpress.com Au retour, Cécilia prend la corde. Mélanie lui conseille de ne pas trop la serrer et de bien retenir l’animal à l’approche d’un danger ou d’une source d’excitation. Cécilia parvient à se faire obéir, même si sa voix manque encore un peu d’assurance. « Cela prendra du temps, lui prédit Mélanie. Aujourd’hui ton chien est heureux de donner ce que tu attends de lui, mais éduquer un chien, c’est bien plus que cela. » Il faudra que Winnie retrouve sa place de chien, apprenne à ne plus aboyer et à ne plus tirer en laisse. Généralement, en quelques séances, le travail de médiation aboutit à des résultats satisfaisants. S.C. Association d’éducation populaire, née en 1999, membre du réseau des CREFAD, dASA (développement animation sud Auvergne) œuvre pour que chacun puisse prendre du pouvoir sur sa vie et son territoire. Pour cela, l’équipe – des salariés pour 3,5 équivalents temps plein et une armada de bénévoles – unit ses savoirs et savoir-faire en matière de création d’activités et d’initiatives, de culture et d’habitat. Pour accompagner des projets en milieu rural, dASA met l’accent sur l’écoute, la formation et l’animation d’un réseau d’entraide et d’information. Attentive aux idées venues d’ailleurs, l’association dASA compte parmi ses prérogatives l’impulsion de projets jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes. A mi-chemin entre le laboratoire et la couveuse, l’association a ainsi fait éclore le café lecture la Clef, indépendant depuis. L’association est également à l’origine de l’achat de l’immeuble de la Pardige qui accueille une dizaine d’associations et de coopératives, toutes portées par les mêmes valeurs. Une cohabitation dynamique, favorisant le lien et qui fait naître des actions collectives telle que Culture à la ferme, qui est le fruit d’un partenariat entre la Clef, dASA et l’association Accueil Paysan. V.P. ➔ dASA, 53 rue de la Pardige, 43100 Brioude, tél. 04 71 74 97 81, www.dasa.reseaucrefad.org ; www.accueilpaysan.com Exclusif n° 39 - juillet 2013 dASA ou la dynamique collective 11 quoi de neuf ? exploités sans frontières Les forçats du béton Ils viennent de Roumanie, du Portugal ou d’ailleurs, envoyés sur les chantiers du département par des sous-traitants peu scrupuleux. Avec un contingent estimé à 300 000 pour l’hexagone, les ouvriers détachés constituent un phénomène qui se généralise de façon dramatique. S elon les chiffres officiels, leur nombre a été multiplié au moins par vingt depuis dix ans. Ce sont les ouvriers détachés, les low cost, qui font le bonheur des grands groupes du BTP. “Malencontreusement” enfantés par la directive Bolkestein1 et la crise économique, ces y a la misère qui remonte par les murs, faut que vous fassiez quelque chose qui reporte les responsabilités sur une myriade d’intermédiaires difficiles à atteindre. Pour esquiver une Inspection du travail déjà étranglée par des moyens en baisse, les entreprises organisent une rotation rapide des effectifs. Et en limitant la durée des missions de ces “détachés” à moins de 3 mois, elles s’assurent qu’ils relèvent du droit du travail de leurs pays d’origine. Un avantage considérableen termes de cotisations sociales, moins lourdes qu’en France. Salaires bradés (lorsqu’ils sont versés), conditions d’hébergement indécentes, sécurité minimale et accidents non déclarés, semaine de 50 heures… C’est le lot commun de ces nouveaux forçats du béton. Des jugements rares mais favorables aux salariés PHM carrément jaude Exclusif n° 39 - juillet 2013 travailleurs au rabais sont l’avatar moderne des serfs d’antan. Leur nombre est sujet à caution car, selon un rapport de la Commission des affaires européennes de 2011, un tiers seulement seraient déclarés. « On fait venir ces gars à des coûts inférieurs aux coûts français. Des gens compétents qu’on paye 700 ou 800 euros nets, contre 1400 ou 1500 pour un maçon français qualifié, » s’insurge Laurent Dias, secrétaire de la CGT construction Auvergne. Il évoque le cas de deux Guinéens, employés sur le chantier clermontois du Carré Jaude à un salaire horaire de 2,92 € nets, et bien d’autres encore. « Pour se fournir en main-d’œuvre, les grands noms du BTP, les Eiffage, les Vinci sous-traitent à des entreprises ou des agences d’intérim bidon dans ces payslà. Ils jouent avec les lois, les contournent. Ils n’hésitent pas à s’asseoir sur le droit du travail français. » Un système “en cascade” complexe, 12 Ils seraient ainsi 20 000 sur les chantiers de la région, publics ou privés. Sur les premiers, ils représentent parfois jusqu’à 60 % des effectifs. Laurent Dias grince des dents. « On n’a pas de chiffres précis, hélas. Et il n’y a pas de volonté des pouvoirs publics de chiffrer : ça arrange beaucoup de monde. » La liste s’allonge à chaque visite de chantier, à chaque signalement par des syndiqués, même s’il est toujours compliqué d’amener les “détachés” à témoigner. « Ils ont peur de tout perdre. Leurs employeurs leur mettent la pression, les menacent de licenciement s’ils nous parlent. » Aujourd’hui, même les petites PME locales adoptent la méthode. “Pas le choix”, dira-t-on. La nécessité de se maintenir sur un marché très concurrentiel vient à bout des derniers scrupules. « Qu’on ne s’étonne pas que les ouvriers français ne trouvent pas de travail et que les apprentis ne puissent pas se placer. Pourquoi en prendre alors qu’on peut avoir une main-d’œuvre qualifiée pour pas cher ? » ironise Laurent Dias. Cette “volatilité” des détachés rend difficile tout procès aux prud’hommes. Aurore Bion, juriste à la CGT construction, doit pourtant “faire avec” à chacun de ses trop rares nouveaux dossiers : pour 2013, elle en compte deux. « Avec de la chance, un dossier peut être constitué et déposé en une semaine. Mais souvent, les délais s’allongent du fait de la difficulté à réunir les pièces manquantes, ou que les employeurs rechignent à fournir, et à identifier les vrais donneurs d’ordres. » Pourtant, les jugements rendus sont souvent favorables et ordonnent le versement des salaires impayés, des heures supplémentaires dues, de dommages et intérêts pour “non-exécution de bonne foi du contrat de travail”… « L’audience de concialiation a généralement lieu dans les deux mois. Si l’accord ne se fait pas, tout le monde se retrouve pour une audience de départition, » explique Aurore Bion. Elle souligne l’importance de l’Inspection du travail : « Leurs procès-verbaux ont un poids important lors de l’instruction. » Ces victoires sont obtenues de haute lutte. « Plus il y aura de jugements rendus et plus ce combat aura du sens, » insiste la juriste. Il faut donc convaincre les travailleurs lésés d’aller en justice malgré la peur, et réussir à les guider en dépit de la barrière de la langue. « Surtout, il faut pouvoir agir en amont : multiplier les contrôles sur les chantiers, donc pouvoir y entrer, augmenter le nombre d’inspecteurs du travail, faire en sorte que les donneurs d’ordre soient pénalement et socialement responsables. » S.J. 1. Finalement adoptée en 2006 par le Parlement européen, cette directive facilite l’action d’un prestataire de services d’un état membre à l’intérieur d’un autre. Ainsi, une entreprise européenne peut opérer en France sans se soumettre aux réglementations françaises (sociales, environnementales…). Celles de son pays sont appliquées, créant ainsi des déséquilibres dans la concurrence et facilitant les abus en matière de droit des travailleurs. 2. En 2006, la SARL Domaine de la Reine a été condamnée à Clermont à verser leurs salaires à 17 maçons polonais ; cette société avait sous-traité un chantier à Super-Besse à la Sogebat, entreprise du Var, qui avait elle-même sous-traité à une entreprise polonaise, laquelle avait ensuite disparu… CAF : fin de l’accueil sans rendez-vous La Caisse d’allocations familiales du Puy-de-Dôme reçoit désormais uniquement sur rendez-vous les allocataires qui ont besoin d’un entretien. I l faut maintenant prendre rendez-vous pour être reçu par un agent de la CAF du Puy-de-Dôme. Jusqu’au 10 juin, les allocataires poussaient la porte et attendaient… longtemps parfois, comme le reconnaît le directeur Bernard Triviaux : « Notre objectif de recevoir 85 % du public avec moins de 20 minutes d’attente n’a pas toujours été atteint. » En 2012, la CAF 63 a reçu plus de 167 000 visiteurs. Plus de la moitié ont été interceptés par l’agent orienteur qui a répondu immédiatement à leur demande. Les autres ont attendu pour être reçus par un des dix agents affectés à la réception. Au total, ils sont 130 qui s’occupent de l’accueil, des prestations ou du traitement des dossiers. On ignore encore comment les allocataires apprécient le nouveau fonctionnement, mais selon la direction de la CAF, il est plus confortable pour les agents : ils savent à l’avance la question pour laquelle l’allocataire a pris rendez-vous et ils n’ont plus la pression de la file d’attente qui s’allonge… N.dS. “Moraliser” l’argent et son usage Bientôt une monnaie puydômoise ? Les Puydômois pourront peut-être bientôt payer certains achats sans euro, mais avec une monnaie locale. Un collectif clermontois s’attache à la créer, pour faire fructifier la solidarité et la proximité. O n cherche encore un nom au futur billet mais sa marraine, la toute jeune Association pour le développement des monnaies locales 63 (ADML 63) est confiante en sa création d’ici fin 2014. La monnaie de l’ADML sera marchande, et donc fiscalisée. Du coup, elle sera utilisable par les particuliers mais aussi les entreprises et les collectivités. demande des efforts », explique Danielle Nadal, une des fondatrices du projet. Pour qu’une monnaie locale soit viable, il faut au minimum 2 à 300 prestataires (vendeurs) et 2 500 utilisateurs. Ce type d’initiative incite à consommer plus localement, et donc plus écologiquement. Il crée du lien social par les échanges sur le même secteur et J’achète la rue de la paix de la bonne conscience « ça va marcher, je prends le pari » Pascal PHM Sa valeur sera alignée sur celle de l’euro, et des comptoirs de change seront installés chez les commerçants adhérents. « Utiliser une monnaie locale (ML) est un acte militant qui par les réunions de prestataires. Par le développement de réseaux courts, il fait baisser les prix et donc, en principe, il rend la qualité plus accessible aux personnes à revenus modestes. « On vise en premier lieu l’écologie, la justice sociale, la lutte contre la spéculation financière et le soutien de l’économie solidaire, poursuit Danielle. Seules des entreprises locales œuvrant dans un cadre éthique défini par la charte de l’ADML seront habilitées à utiliser cette monnaie. Par exemple, une boîte respectueuse de l’environnement mais aux pratiques antisyndicales serait indésirable. On pense que les réseaux de producteurs bio seront intéressés. En échange de ces efforts, on pourra acheter en confiance : confiance dans le vendeur, confiance dans ses produits, avec le plaisir de s’affranchir de la logique mercantile qui a tant d’effets funestes. » Marchande mais pas trop Du côté des utilisateurs, comment ça se passe ? « La question du “pratique” pour eux est la plus difficile. En effet ils devront estimer leurs besoins en ML, aller dans les “bureaux de change”, avoir deux porte-monnaies et faire les courses là où on acceptera la ML, parfois loin, et cela exclut les supermarchés... Mais ils peuvent limiter ces inconvénients, par exemple en demandant de nouveaux bureaux de change, ou en intégrant le commerce voisin avec une convention “évolutive”. Et les commerçants peuvent s’entendre entre eux pour vendre les produits les uns des autres (par exemple le pain et les légumes frais chez l’épicier, et vice versa) de façon à avoir tous les produits de base dans un même quartier. Il sera vital que la ML vive à l’intérieur de groupes de quartier ou de village. La communication et l’entente entre prestataires seront également très importantes. » Cela permet de rappeler qu’une monnaie, avant d’être une valeur d’épargne et de spéculation, est une valeur d’échange. Danielle conclut : « L’ambition à terme est aussi que les personnes à faibles revenus puissent bénéficier d’un taux de change plus intéressant que les plus aisés. En fait, nous sommes en train de créer une monnaie marchande, mais la moins marchande possible. » A.Q. ➔ ADML 63, 13 rue des Quatre passeports, 63000 Clermont-Ferrand, [email protected] , site : adml63.org Emplois d’avenir, six mois plus tard Au vu des statistiques nationales, il semble que les emplois d’avenir, créés en novembre 2012 et destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, peinent un peu à décoller. Pourquoi ? u fait du contexte économique, les offres d’emplois manquent. Dans le secteur associatif, il y a de gros besoins mais plus du tout d’argent, et donc peu d’embauches jusqu’à présent », déplore Guy-Joël Reboisson, directeur de la Mission locale de Clermont Communauté. Voilà une des raisons du démarrage “ramollo” des emplois d’avenir, une des rares nouveautés lancées par le gouvernement actuel pour tenter de calmer un peu un chômage galopant (3,526 millions de personnes officiellement sans aucune activité en mai). Difficile, pourtant, de faire plus attractif que les 75 % du salaire pris en charge par l’Etat, encore que certaines collectivités locales “rajoutent au pot” pour faciliter ces embauches (voir plus loin). « Nous organisons des réunions d’information pour les associations, des campagnes de promotion auprès des employeurs potentiels. Mais il n’est pas facile de toucher tout le monde. Les jeunes déjà informés sur la mesure peuvent en faire part aux employeurs, ça peut ouvrir quelques portes supplémentaires. » D’autre part, l’intégration d’un jeune peu qualifié, peu habitué à la vie et aux rythmes d’une entreprise, demande souvent un accompagnement important en interne. Ça ne facilite pas non plus les embauches. Mais d’un autre côté, si la mesure démarre lentement, c’est aussi la preuve que l’objectif d’intégrer les jeunes à bas niveau de qualification est respecté : il serait plus facile de “faire du chiffre” en recrutant des jeunes plus diplômés… puisque parmi ceux-là aussi, les chômeurs ne manquent pas. A.Q. Sur le Puy-de-Dôme, la zone urbaine est plutôt en retard par rapport aux zones rurales. Coup de pouce pour 150 emplois dans le secteur non marchand : dans le Puy-de-Dôme, le Conseil général prend en charge 10 % en plus des 75 % financés par l’Etat. Des obligations en termes de formation : chaque salarié en emploi d’avenir devra passer un diplôme reconnu par l’Etat ou par les conventions collectives de son secteur professionnel. À savoir : La mesure a été ouverte aux entreprises privées, sous conditions ; dans ce cas, ce sont 35 % du salaire qui sont pris en charge par l’Etat. L’objectif initial est de 2000 emplois d’avenir pour l’Auvergne à la fin 2013. Au 1er juillet, 275 avaient été signés dans le Puy-de-Dôme et 772 en Auvergne. Les Missions locales peuvent aider les employeurs à faire une simulation pour évaluer le coût exact d’une embauche. Exclusif n° 39 - juillet 2013 «D 13 créactif Se recomposer grâce aux composants « J Parfois, l’insertion professionnelle passe par la fente étroite d’une machine à sous… e préfère embaucher des personnes avec un niveau technique faible, car elles sont plus ouvertes à l’apprentissage. » Mohamed Bouayed regrette aussi le manque de candidatures féminines, « ça dynamiserait le groupe. » Il a créé en juin 2012 la société EHRSE1, basée à Romagnat. EHRSE propose de la sous-traitance en électromécanique, pour le montage des composants de bornes monétiques et de commande dans les centres de lavage automobile, laveries et distributeurs de monnaie, et aussi pour la maintenance des machines à sous. Depuis février 2013, les salariés s’occupent également du nettoyage et de l’entretien de véhicules électriques2. Un bon support Mais EHRSE est aussi une entreprise d’insertion (voir ci-contre), que Mohamed a imaginée après une expérience d’encadrement en Établissement et service d’aide par le travail (ESAT). Elle est actuellement conventionnée pour quatre postes, que les salariés occupent deux ans au maximum. De ce point de vue, Il ne s’agit pas d’une entreprise comme les autres : « Je me considère à égalité avec les salariés, nous sommes tous en blouse bleue, explique Mohamed, c’est une démocratie, pas une dictature douce. Aucune cadence n’est imposée, c’est une question d’éthique, sinon j’aurais créé une entreprise «normale» ». De même, le temps de pause est considéré comme vital, pour décompresser et tisser des liens humains. D’autre part, les travaux à l’extérieur se font toujours à deux, même si l’entreprise n’est rétribuée que pour une personne, cela pour favoriser la sécurité au travail et la transmission des connaissances. Ces contrats permettent aux salariés de regagner confiance en eux, « c’est une passerelle pour reprendre les habitudes, poursuit Mohamed : assiduité, respect des règles, connaissance du travail, afin de réintégrer le monde du travail par la suite. » Le tout premier salarié a d’ailleurs trouvé un emploi en CDI. Quant à Ahmed, présent depuis un an, son expérience lui permet de former à son tour les nouveaux venus. Ici, l’organisation du travail permet la polyvalence, et la compréhension de toutes les étapes d’un produit fini. Comme il existe un marché important dans ce secteur, cette activité est un bon support pédagogique pour favoriser la réinsertion. Mo.B. et Y.P. 1. Entreprise Humaine Responsable de Sous-traitance Électromécanique, 59 rue Fernand Forest, 63540 Romagnat, tél. 04 73 88 46 92 2. Pour la société Michelin, avant, peut-être, ceux de la ville de Clermont-Ferrand, de Clermont communauté et des Conseils général et régional. Les “EI”, des maillons pour l’insertion L Ahmed, le tout premier salarié, en plein travail Exclusif n° 39 - juillet 2013 Exclusif a dix ans Insérez-vous dans ses colonnes 14 Votre journal fête ses dix ans. Offrez-lui un beau cadeau. Exprimez-vous ! Lettres, cartes postales, photos, mails, site Internet : tous les moyens sont bons pour lui dire le bien ou le mal que vous pensez de lui. L’équipe d’Exclusif compte sur vos témoignages, réactions, suggestions pour alimenter les numéros à venir. Exclusif : 3 rue de la Treille 63000 Clermont-Ferrand Courriel : [email protected] es entreprises d’insertion (EI) relèvent du secteur de l’Insertion par l’activité économique (IAE, art. L 5132-1 du code du Travail) : elles passent avec l’Etat une convention, de 3 ans maximum, qui fixe le nombre de postes d’insertion et les engagements de chacun. Les salariés signent avec l’entreprise un contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) de deux ans maximum, soumis au droit commun (rémunération, congés payés…) ; l’entreprise bénéficie d’une aide d’un montant de 9 681 € par an et par poste occupé à temps plein. Cette aide compense la possible diminution de productivité de l’entreprise et permet aussi l’accompagnement des personnes vers l’emploi. Les postes sont ouverts aux personnes qui ont reçu un agrément de Pôle emploi du fait de leurs difficultés particulières d’accès au travail (chômage de longue durée, âge, situation de handicap, jeunes de moins de 26 ans en “grande difficulté”…) Elles peuvent être orientées par l’agence Pôle emploi, le PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi) ou les missions locales pour l’emploi, les offres proposées par l’entreprise n’étant pas diffusées sur le site internet ou en agence. Les EI sont les derniers maillons des dispositifs de l’Insertion par l’Activité Économique pour un retour durable vers l’emploi, et complètent les autres organismes d’insertion : Associations Intermédiaires (AI), Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion (ETTI) et les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI). Y.P. Source : http://travail-emploi.gouv.fr/informations-pratiques ➔ Blanzat, médiathèque, gratuit, 04 63 66 95 70 ••••••••••••• jusqu’au 8 août Les jeudis du pressoir Apéro-concerts en plein air ➔ Billom, place du Pressoir, les jeudis à 19h, gratuit, lesjeudisdupressoir.fr ••••••••••••• agenda exclusif Sortir pas cher jusqu’au 16 août Scènes d’une nuit d’été Saison culturelle Gergovie-Val d’Allier : danse, musique, cirque, théâtre… ➔ Les Martres-de-Veyre, Saint-Maurice-ès-Allier, Corent, Authezat, Saint-Georges-ès-Allier, gratuit, 04 73 79 42 98 www.ot-gergovie.fr ••••••••••••• jusqu’au 20 août Les Contre-plongées Musique, danse, théâtre, image, lecture, cirque ➔ Clermont-Ferrand centre, gratuit et tarif réduit 5€ 04 73 42 69 89 ou 04 73 42 60 58, www.clermont-ferrand.fr/contreplongees ••••••••••••• jusqu’au 24 août 18 peintres aborigènes du désert australien Exposition ➔ Chamalières, AMAC, 3 av. de Fontmaure, du mardi au samedi 14h/19h, gratuit, 04 73 30 97 22, www.amac-chamalieres.com ••••••••••••• jusqu’au 25 août Ederlezi Exposition d’Elza Lakot, artiste sérigraphe ➔ St-Jean-des-Ollières, le Centre d’Ailleurs, gratuit, 04 73 31 08 62, www.lecentredailleurs.com ••••••••••••• jusqu’au 31 août Éclats de fête Saison culturelle d’été : cinéma, théâtre de rue, cirque, danse… ➔ Riom, centre-ville et quartiers, gratuit, 04 73 33 79 78, www.ville-riom.fr/Eclats-de-Fete-2013 ••••••••••••• jusqu’au 15 septembre Horizons Arts nature en Sancy Land art ➔ Gratuit, Office du tourisme du Mont-Dore, 04 73 65 20 21 www.horizon-sancy.com Hidden River Expo photo de John Davies ➔ Clermont-Ferrand, Hôtel Fontfreyde, 34 rue des Gras, du mardi au samedi, 14h/19h, gratuit, 04 73 42 31 80 , www.clermont-ferrand/-Hotel-Fontfreyde ••••••••••••• jusqu’au 29 septembre Château hanté Exposition collective, art contemporain ➔ Domaine Royal de Randan, gratuit, 04 70 41 57 86 ou 04 73 90 50 00 www.fracauvergne.com ••••••••••••• jusqu’au 31 octobre Thiers, ville haute en couleurs Exposition, arts de la rue ➔ Thiers, rues du centre ville, gratuit, 04 73 80 88 80 www.ville-thiers.fr ••••••••••••• jusqu’au 31 octobre Expositions Terres romanes L’abbaye Saint-Austremoine, Au lit au Moyen Âge Irish Coffee Group, musique irlandaise ➔ Châtel-Guyon, parc thermal, 20h30, gratuit, 04 73 86 38 96, www.chatel-guyon.fr ••••••••••••• ➔ Issoire, centre d’art roman Georges Duby, juillet et août, tlj, 10h/18h30 ; septembre, 10h/13h et 14h30/18h30, sauf lundi ; octobre 14h/18h sauf lundi, 10h/12h30 et 14h/18h le samedi, gratuit 04 73 89 56 04 ou 04 73 89 25 57, www.terres-romanes-auvergne.com Du 16 au 18 août Festival de musique ancienne Musique baroque ••••••••••••• ••••••••••••• jusqu’au mois de novembre De fer et Dore Exposition, sculptures monumentales d'Yves Guérin ➔ trois parcours dans la vallée de la Dore, Pays Vallée de la Dore, gratuit, 04 73 53 16 91, www.deferetdore.com ••••••••••••• Du 5 au 26 juillet La Comté au clair de lune Musiques actuelles, en plein air ➔ Vic-le-Comte, parc Montcervier, ts les vendredis, gratuit, 04 73 69 02 12, www.vic-le-comte.fr ••••••••••••• Du 26 au 28 juillet Un film, un pays Festival international de courts et longs métrages (45 pays) ➔ Apchat, 04 73 71 86 96 ou 06 85 11 45 80, www.onecountryonefilm.com ••••••••••••• 23 juillet L’atelier d’une confiturière Découverte du métier et participation à l’élaboration d’une confiture ➔ Olby, 10h, gratuit, sur inscription au 04 73 65 89 77, www.terresdomes-sancy.com Sensations crépusculaires Balade découverte au crépuscule, porte entre deux mondes ➔ Vernet-la-Varenne, 20h, 06 33 33 90 51, fais-et-ris.fr ••••••••••••• 24 juillet Le patrimoine a des ailes Atelier cerfs-volants pour enfants de 6 à 12 ans ➔ Nonette, 14h30, gratuit sur réservation à l’Office de tourisme 04 73 89 15 90, www.paysdissoirevaldalliersud.fr ••••••••••••• 2 août Paroles à boire Les jardiniers de la parole Récits contés à l’heure de l’apéro ➔ St-Jean-des-Ollières, le Centre d’Ailleurs, 19h, participation libre, 04 73 31 08 62, www.lecentredailleurs.com Avenue Orleans Concert, répertoire de Louis Amstrong ➔ Volvic, place Chabrol, 21h, gratuit, 04 73 33 50 38, www.ville-volvic.fr ••••••••••••• 3 août Les bouffonneries d’Aureilhe Animations médiévales et renaissances déambulation, ateliers, spectacles ➔ Villeneuve-Lembron, à partir de 14h, gratuit, 06 70 04 11 73, bouffonneries-blogspot.fr ••••••••••••• 10 août Estivales du parc l’été en spectacles À Saint-Amantroche-savine ➔ Vic-le-Comte, église St-Jean et Sainte-Chapelle, 20h, libre participation, 06 15 82 03 40, www.vic-le-comte.fr 17 août Les p’tits ateliers de la ludo Atelier créatif pour enfants ➔ Bagnols, jardin conservatoire, gratuit, 04 73 21 18 73 ou 04 73 22 29 94, www.tourisme-sancy-artense.com Estivales du parc Le chemin des chèvres, chanson déglinguée ➔ Châtel-Guyon, parc thermal, 20h30, gratuit, 04 73 86 38 96 www.chatel-guyon.fr ••••••••••••• 23 août The Weeder’s Concert rock, ska, reggae, funk, dub ➔ Volvic, place de l’Église, 21h, gratuit, 04 73 33 50 38, www.ville-volvic.fr ••••••••••••• Du 27 août au 29 septembre Face à face Exposition collective, art contemporain ➔ Saint-Sauves d’Auvergne, Maison Garenne, gratuit, horaire à définir, 04 73 81 10 55 ou 04 73 90 50 00, www.tourisme-sancy-artense.com ou www.fracauvergne.com ••••••••••••• 28 août Alice au pays des merveilles Film de Tim Burton ➔ Volvic, centre culturel, 15h30, gratuit, 04 73 33 50 38, www.ville-volvic.fr ••••••••••••• 14 et 15 septembre Journées du Patrimoine 1913-2013 : cent ans de protection ➔ www.journeesdupatrimoine.culture.fr ••••••••••••• 28 septembre Soirée Le CRI Pluri-disciplinaire, jeux, sérigraphie, théâtre, trapèze, chanson… ➔ Brassac-les-Mines (Bayard), La Lampisterie, 16h, 04 73 54 96 87, ••••••••••••• 12 octobre Troc plants d’automne Échanges des productions du jardin et vivaces ➔ Tauves, salle polyvalente, 14h, gratuit, 04 73 21 79 79, www.tourisme-sancy-artense.com ••••••••••••• Du vendredi 26 au 28 juillet Théâtre, cinéma, chanson, politique avec la Cie Jolie Môme et ses amis : la Cie Mohein, la Cie du Grand Soir, le Bringuebal, le théâtre Buissonnier, les Ogres de Barback… Vendredi 2 août, 21 h, salle culturelle, 5 € Les Monty Picon, show rock’n roll : “paysages musicaux variés et dangereux : plaines sauvages du western, trottoirs malfamés du punk, arènes sanglantes du péplum et tragique battle de hip hop”. Ben dis donc… Lundi 5 et Mardi 6 août, salle culturelle Cap au vif, de Samuel Beckett, par Aurélia Ivan, Cie Tsara. Dos au public, un comédien face à un petit théâtre dit le texte comme il lit ses pensées. Hologrammes, images virtuelles, objets réels éclairent le texte. Vendredi 9 août, 20 h, Café Quoi Adramélech, monologue théâtral de Valère Novarina, mis en scène par Florence Bernard, avec Nicolas Sers. Un texte bondissant à travers les registres tragique, bouffon, réaliste-poétique, dramatique, vaudevillesque… Jeudi 22 août, 20 h 30, église, 10 € Trompettes et orgue, musique classique de Rossi, Gabrieli, Mendelssohn, Vivaldi, Mozart, Albinoni, Haydn Vendredi 23 août, 14 h, salle culturelle, gratuit Introspectus, par la Cie Sara Ducat. Une danse qui mélange l’intérieur et l’extérieur à travers une bulle, et met le public à contribution. Dimanche 25 août, 15 h, bourg, gratuit Illusion sur macadam, par la Cie Aristobulle. Une autre vision du spectacle de magie, la prestidigitation au service des acteurs et de leurs propos. Rubrique Livres, sur notre site : Poète et paysan, de Jean-Louis Fournier : Un étudiant parisien plonge par amour dans la vie à la ferme… Une fable intéressante sur la différence entre la campagne vécue et la campagne fantasmée. Exclusif n° 39 - juillet 2013 jusqu’au 27 juillet Césaire centenaire : poète bâtisseur Exposition 15 méli-mélo « FAUAUT-il vraiment avoir du poil au cul, comment résoudre cette affai-AIRrrreu ? » Sopranos, altos, ténors, basses, tout le monde est au diapason exigeant de Pascale, sévère mais juste. La convivialité n’a en effet d’égal que le sérieux et le professionnalisme. Elles et ils sont 41, pour la plupart jeunes retraités, mais l’on ne saura pas la moyenne d’âge : « “Maman”, 83 printemps, la fait chuter ! », raille Joël Langevin, le facétieux président du groupe vocal. Bientôt à Camaret ? Mais quelle idée de choisir un tel répertoire ? L’histoire commence en 1992 quand, après les matchs de rugby, le CUC et l’Espérance ceyratoise braillaient du paillard en troisième mi-temps. Les plus obsédés (de musique) d’entre ces sportifs pensèrent que ce serait dommage de laisser perdre une telle énergie. Ainsi naquit et se structura la chorale. « Crénom de Zeus, dit la guerrière, il faut-T-avoir du poil au cul ! » Outre les répétitions hebdomadaires, les choristes suivent régulièrement des stages de chant avec le frère de Pascale, Jean-Paul Iva, musicien professionnel et auteur des arrangements. Quatre-vingt-huit paillardises au répertoire1, une trentaine chantée harmonisée à quatre voix ! Cucec se produit pour des congrès – notamment de gynécologie –, échange avec d’autres chorales, fête la musique, le vin, festivalise à la Pamparina de Thiers, à Draguignan, à Vaison-la-Romaine où elle remporte, en 2001, la première place sur les 17 chorales en compétition. « C’est qu’il vaut mieux, pour son usage, un cul sans poil qu’un poil sans cul ! » Cucec sème encore ses couplets libertins dans la rue, le tramway (tard)… La surprise est parfois grande, comme celle d’un spectateur qui s’était approché, croyant reconnaître les chœurs de l’Armée du Salut, et qui ne trouva le sien que dans la fuite. Vous voulez accueillir Cucec ? Il vous en coûtera à boire et à manger pour toute la troupe qui, pour être grivoise, n’en est pas moins gourmande ! Association culturelle depuis 1997, Cucec recrute principalement des femmes sopranos, mais vous pouvez toujours tenter votre chance, même si vous ne ressemblez pas au duc de Bordeaux ! M.M. et M.B. ➔ Contact : Joël Langevin, tél. 06 71 18 05 16 ; site : cucec.pagesperso-orange.fr 1. Quatre CD sont disponibles à la vente, 10 euros chacun Exclusif n° 39 - juillet 2013 La chorale Cucec en goguette à Chauriat 16 Bulletin d’abonnement Retour à Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand - règlement par chèque svp Votre choix ❏ Abonnement simple = 1 an, 4 numéros : 10 ❏ Abonnement multiple = 5 exemplaires des 4 numéros de l’année : 20 ❏ Abonnement solidaire = 5 exemplaires des 4 numéros de l’année : 30 Prix au numéro : 2,50 - Diffusion gratuite pour certains allocataires du RSA, financée par le Conseil général du Puy-de-Dôme Vos coordonnées Nom…………………………………………………………………………………………………………………….…….………………… Adresse………………………………………………………………………………………..………………………..…..…..…..…..….… Code postal, commune…………………………………………………………………..………………………..…..…..…..…..….… Inspirés par notre dossier, proposés par Mo.B. HORIZONTALEMENT A- Pas toujours vertes dans notre dossier B- Fit preuve d’audace - Mieux vaut l’être dans l’adversité C- Château fortifié bâti par François Ier - Couvre D - Rayée, remise au goût du jour par Montebourg E- Fiscal, il est d’actualité - Démonstratif à l’envers F- Coupe ou ennuie - On y joue de moins en moins dans les campagnes mais il nous gave à la télé G- Parfois devant devant - Ressource minimale… Passe toujours avant nous H- Divagua - Equipe un voilier I- Si vous l’êtes, vous ne pouvez pas faire cette grille VERTICALEMENT 1- Les ambulants sont appréciés à la campagne, surtout genre Raymond 2- Le roi s’incline devant lui - De jeux ou d’autoroutes. 3- Parfois de campagne, comme ceux de notre dossier - En rouge sur la carte routière. 4- Regarderai avec insistance 5- Paresseux bien utile dans les mots croisés - Nickel 6- Parfois people 7- Celle des moustiques fait tiquer 8- Avant le boulot, il faut y passer 9- Dernière note - Fermée jusqu’en septembre Exclusif est édité par l’association Exclusif avec le soutien du Conseil général du Puy-deDôme, de l’État et de ses abonnés 3, rue de la Treille, 63 000 Clermont-Ferrand, tél. 04 73 91 34 16, fax 04 73 91 03 24. Courriel du journal : [email protected] Courriel de l’association : [email protected] Site : http://journal.exclusif.org Directeur de publication : Yves Armandet Webmaster : Christophe Blaize Rédaction en chef Agence Par écrit : Michel Bresson, Denis Couderc, Corinne Dupasquier, Christophe Grand, Florence Plane Rédaction et photos Sébastien Juillard, Valérie Peyrac et Yannick Plantié, avec Monique Bayol, Sabine Carénou, Nicolas de Saboulin, Didier Gouvignon, Guillaume Martin, Magali Mazuir, Jean-François Murol et Arnaud Quétu Merci à Rémi Boissau, photographe Illustrations : Pierre-Henri Malartre Impression et routage : De Bussac Tirage : 13 000 ex. - Dépôt légal : juillet 2013 Commission paritaire : en cours - N° ISSN : 1762-4568 SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS Ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus LENTEUR vILLAGE SI MAIRES clave OSEE MATERIELS GRILLES AIRE air AS amateur COMMERCES « O n va faire Les Poils du cul ! » Ainsi la chef de chœur, Pascale Iva, qui n’a rien d’une esthéticienne, motive-t-elle ses troupes à rejoindre la répétition hebdomadaire, un lundi soir dans une introuvable bicoque en haut de Ceyrat. Cucec – pour “Chœur unique aux couplets équivoques et croustillants” – va se délecter durant deux heures, en toute – fausse ? – innocence, des couplets les plus crus de la tradition paillarde. NI ECOLE ENTRETIEN FIXERAI RA ailier BANCAL IL PRESSEES RN NUEE Mauve MERCI Odes à la pilosité d’une partie joufflue du corps humain crûment désignée par un vocable de trois lettres, récit des derniers outrages – à faire rougir une Femen – infligés au jupon de Jeannette, dernières nouvelles de saint Eloi – elles sont bonnes ! La chorale ceyratoise Cucec chante à voix haute ce que l’on ne dit pas tout bas. Ces enfants de chœur assument. Et assurent ! 1 2 3 4 5 6 7 8 9 MARINIERE ERRA VET contras IF chomage UNI PIECES osa PANEL campagnes ai GREE Une chorale au poil A B C D E F G H I CI LICENCIES RSA LOTO travail RASE EC EXIL IL SENILE CIAO OTE ou Cucec