Paris, le 1er juin 2009 A l`attention d`Olivier Clément, Délégué
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Paris, le 1er juin 2009 A l`attention d`Olivier Clément, Délégué
Paris, le 1er juin 2009 A l’attention d’Olivier Clément, Délégué Général, du Syndicat Français des Artistes Interprètes Nous vous remercions de votre interpellation sur un sujet essentiel, la culture et la création artistique, pour construire une Europe de valeurs communes, de projets communs dans l’intérêt des peuples. Nous avons pris connaissance du Manifeste FIM-FIA sur la condition de l’Artiste et nous partageons vos préoccupations concernant les choix politiques affectant le secteur culturel. Tout d’abord permettez-nous un propos global sur notre approche de la culture. Comme vous le savez et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n’existe pas au sens strict du terme de politique européenne de la culture. Les fondateurs de l’Union souvenons-nous, avait certes un souci de rétablir une paix durable sur le continent mais ils avaient aussi, et peut être surtout la volonté de créer un marché capitaliste où la concurrence puisse s’exercer en toute liberté. L’absence de politique culturelle s’explique aussi par le fait que les Etats membres considèrent à juste titre que la culture doit être d’abord une prérogative nationale. Encore faut-il que celle-ci s’exerce partout en faisant vivre l’exception culturelle dont le sens profond est de préserver le champs culturel des effets de la marchandisation et de la concurrence, tout en promouvant une conception universelle de l’art et de la culture permettant une large appropriation populaire et citoyenne des savoirs, des œuvres et des pratiques artistiques. Or ni les Etats membres et de moins en moins la France, ni l’Union Européenne ne respecte aujourd’hui cette exception culturelle. Les artistes et les acteurs culturels que vous représentez le savent bien, eux qui se sont mobilisés à l’échelle européenne contre l’intégration de la culture dans les accords mondiaux sur le commerce (ex : l’AMI) et qui ont obtenu gain de cause. Là aussi, il nous faut changer d’Europe, pour que la culture soit hors du champ de la marchandisation en garantissant l’existence des politiques publiques de la culture. Cette exigence constitue le socle de la diversité culturelle que l’UNESCO, légitimement, veut promouvoir à l’échelle de la planète. Dans ce cadre, nous proposons que l’Union Européenne joue un rôle actif dans la circulation des artistes, la diffusion des œuvres, la confrontation des idées et plus largement dans la promotion du dialogue interculturel à l’intérieur de l’Europe, et au-delà avec l’ambition de tendre vers cette mondialité dont parle Edouard Glissant qui veut décliner à cette échelle nos belles valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous nous prononçons en faveur d’une politique culturelle de l’Union européenne basée sur le dialogue interculturel et l’éducation. Il combat la libéralisation illimitée des services culturels. Nous voulons que le dialogue entre les cultures devienne le principe d’une politique pacifiste, du niveau local au niveau européen. Nous soutenons la Convention de l’UNESCO sur la préservation et la promotion de la diversité des expressions culturelles, qui prévoit que la législation internationale rende obligatoires la préservation et la promotion de la diversité des cultures régionales. Nous exigeons aussi une politique transparente à l’égard des médias. Les sources de la productivité économique, de l’hégémonie culturelle, ainsi que du pouvoir politique et militaire dépendent de plus en plus de la production, de la mémorisation et de la conversion de l’information et de la connaissance. C’est pourquoi l’accès à l’information et à la communication, et l’acquisition de ces données, sont des conditions essentielles pour la participation démocratique, tant au plan national qu’européen. En outre, il est indispensable de démocratiser la production, le traitement et l’appropriation de l’information et des connaissances pour tenir tête au capitalisme numérique. Nous sommes en faveur de structures démocratiques des services publics des médias, incluant un accès facile et bon marché aux pratiques culturelles modernes comme Internet, et la gratuité des codes et des programmes évitant l’usage illégal de réseaux sociaux et de données personnelles. Pour aborder concrètement maintenant dans vos questions, voici les réponses que nous vous apportons. Sur les droits de Propriété Intellectuelle : Sur le fond, nous pensons qu’il faut reconnaître pleinement les droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes – tant dans le sonore que dans l’audiovisuel – et qu’il faut garantir une protection élevée de ces droits pour l’exploitation de leur travail dans tous les media, et cela indépendamment de leur statut. Il nous faut signaler que nos parlementaires ont voté contre la loi Création et Internet lors des nouvelles délibérations demandées au Parlement par le gouvernement. Pour nous, avec cette loi, le gouvernement s'obstine à vouloir imposer une surveillance individuelle généralisée au prétexte de la répression du téléchargement illégal sur internet. La méthode mise en place est injuste, inefficace et attentatoire aux libertés fondamentales. Nous condamnons la création d'une nouvelle autorité indépendante chargée de cette répression qui se fait à l'insu de l'autorité judiciaire et au détriment des droits de la défense. Nous refusons un dispositif de répression injuste qui conduira à sanctionner à l'aveuglette sans savoir réellement qui est l'auteur de l'infraction. Nous dénonçons la concession léonine faites aux fournisseurs d'accès qui obligera une personne à continuer à payer son abonnement internet alors même qu'elle ne bénéficierait plus du service payé. Nous contestons enfin l'efficacité de cette loi tant pour lutter réellement contre le téléchargement illégal que pour assurer une juste et durable rémunération du droit d'auteur. La défense des artistes et des créateurs, à laquelle nous sommes attachés quand elle n'est pas confondue avec l'intérêt des grands groupes financiers qui en contrôlent une part croissante, n'est ainsi qu'un prétexte pour imposer une nouvelle loi répressive au détriment de l'intérêt général. Il faut signaler aussi que depuis un moment nos parlementaires tant français qu’européens suivent avec beaucoup d’attention cette question critique ; nous avons en particulier soutenu en 2007 les propositions de la plate-forme commune sur les droits de propriété intellectuelle des artistesinterprètes cosignée par neuf organisations et syndicats professionnels : Adami, SFA-CGT, SIAUNSA, SNAM-CGT, SNAPAC-CFDT, SNLA-FO, SNACOVA-CFE-CGC, SNAPS-CFE-CGC et UNICAS-CFTC. Le gouvernement actuel n’a pas cru donner de suite sérieuse à cette plate forme. Dès après l’élection, nous souhaitons organiser une rencontre avec les organisations syndicales concernées pour définir les revendications à défendre en priorité dans le cadre européen Sur les conditions d’emploi et de droits sociaux Nous sommes pleinement conscients des spécificités des modes d’exercice de leurs professions des artistes interprètes et de la nécessité qu’il y a à y répondre de manière adaptée. Pour nous, sur un plan général, les nouveaux droits et pouvoirs des salariés et des citoyens doivent leur permettre de rompre avec le monopole détenu par les principaux acteurs du marché sur les informations stratégiques et les décisions, de les revendiquer pour eux-mêmes afin de parvenir à une transformation réelle du pouvoir dans l’entreprise. Étant donné que les arrêts de la Cour de justice européenne constituent de véritables agressions contre les conventions collectives et les législations du travail, nous soulignons la nécessité de renforcer les conventions collectives et de remettre en vigueur les droits des travailleurs. Nous rejetons la directive de l’Union européenne qui allonge le temps de travail hebdomadaire à 65 heures, permet une flexibilité totale et favorise l’individualisation du travail. Pour nous, la durée de travail maximale hebdomadaire autorisée par la loi ne doit pas, en moyenne, excéder 40 heures. Toutes les réglementations de l’Union européenne et les législations nationales sur le temps de travail doivent être modifiées en fonction de cette exigence. Nous luttons pour les 35 heures hebdomadaires au niveau européen. Les législations nationales plus favorables doivent être préservées. Nous exigeons un salaire minimum européen égal à au moins 60 % du salaire moyen national et qui ne mette pas en danger les conventions collectives. Un revenu minimum pour les personnes sans emploi, ainsi qu’une retraite minimum liée au salaire minimum, indexés automatiquement sur les prix, sont nécessaires pour garantir une vie dans la dignité. Les âges différents de départ à la retraite doivent être garantis en tenant compte des législations existant dans les pays membres de l’Union européenne. Évidemment, ces principes auxquels nous tenons doivent être adaptés aux artistes interprètes, et nous sommes prêts à discuter avec eux de cette adaptation. Ce qui est conforme à la cinquième recommandation faite dans votre Manifeste. Sur les visas, Nous sommes pour faciliter la mobilité en supprimant les inégalités criantes afférant aux statuts des artistes interprètes dans les différents pays européens. Nous sommes déterminés pour une harmonisation sociale te fiscale par le haut entre les États membres de l’UE Sur la politique culturelle, nous pensons vous avoir répondu ci-avant. Enfin sur notre participation à la Commission Culture du Parlement européen, nous entendons jouer un rôle actif, si nous sommes élus et assez nombreux pour être en capacité d’assumer l’ensemble des responsabilités que nous confère le mandat. D’ailleurs forts de la pratique de démocratie participative des députés du groupe de la Gauche Unie Européenne présidé par Francis Wurtz, visant à associer pour leur réflexion et leur action, les citoyennes et les citoyens par l’intermédiaire des organisations syndicales, associatives et sociales, et comme nous nous sommes engagés à rejoindre ce groupe après notre élection le 7 juin prochain, nos propositions visent à impulser une politique de développement humain, social et écologique qui implique une mise en œuvre des fonctions d’anticipation, de prévision et de programmation de la puissance publique indissociables de pratiques démocratiques, citoyennes et populaires. Restant à votre disposition pour poursuivre cet échange, nous espérons ainsi avoir répondu à votre interpellation et nous vous prions d’agréer nos sincères salutations. Pour les candidates et les candidats du Front de Gauche pour Changer d’Europe Marie-France Beaufils Hélène Franco Jacques Généreux Jacky Hénin Patrick Le Hyaric Jean-Luc Mélenchon Marie-Christine Vergiat Tête de liste Centre Tête de liste Est Tête de liste Ouest Tête de liste Nord-Ouest Tête de liste Ile de France Tête de liste Sud-Ouest Tête de liste Sud-Est