Histoire des Mourgue

Transcription

Histoire des Mourgue
MOURGUE
(Tiré de l'étude de Marc Walbaum)
ORIGINES :
Nos ancêtres MOURGUE, aussi loin que l'on puisse remonter, semblent habiter la longue plaine
comprise entre les contreforts des Cévennes et la mer, borné à l'est par le cours du Vidourle, à l'ouest par celui de
l'Hérault.
C'est une région dont la géographie est très mouvante. Les alluvions du Rhône transportés par de forts
courants marins, forment de vastes espaces marécageux, bordés de longs cordons littoraux qui s'appuient sur des
points solides comme le rocher de Maguelone, la montagne de Sète, ou l'ancien volcan qu'est le Pic St Loup
d'Agde. Ces cordons littoraux forment des lagunes parallèles au rivage qui communiquent avec la mer par des
"Graus", qui, peu à peu, s'ensablent eux-mêmes.
Les petits fleuves côtiers jettent leurs eaux douces dans les lagunes ainsi formées, les transformant en
étangs malsains pour les populations riveraines. Heureusement, plusieurs fois par an, des crues aussi fortuites que
terribles viennent assainir ces marais et laissent sur la terre un limon fertile.
Cette région est essentiellement une région de passage. C'est la route allant d'Italie en Espagne. Les
Phéniciens, les Grecs y ont une colonie: Agde; les Romains y font passer leur "Voie Domitienne", le Moyen-Age
avide de sel empruntera une route qui longe les marais salants: le chemin salinier.
Un évêque du temps de Charlemagne, parcourant ce chemin salinier par temps clair, raconte qu'il
"voyait à sa droite Substantation (notre Castelnau-du-Lez) sur sa hauteur, et à sa gauche Maguelone sur son île".
Ces lagunes communiquant avec la mer constituaient de magnifiques rades pour les bateaux à faible tirant d'eau
de l'époque, et des flottes entières venaient s'y mettre à l'abri des terribles coups de vent du golfe de Lyon.
Au fond d'une de ces rades naturelles se trouvait un bon port fortifié, en plein essor économique:
Mauguio. Pour trouver un autre bon port sur cette côte inhospitalière, il fallait aller jusqu'à l'embouchure de
l'Hérault; à Agde.
Il n'est pas encore question de Montpelllier qui ne naîtra qu'au XIIème siècle, à cheval sur la route que
suivront les pèlerins de St Jacques de Compostelle. La bourgade initiale prospérera rapidement grâce d'abord au
trafic avec les pèlerins: ces touristes de l'époque, et grâce à la fabrication des draps, surtout des draps rouges, sa
spécialité, et enfin assurera sa fortune grâce au grand commerce maritime international.
C'est que les Montpelliérains, profitant de la rivalité entre les Comtes de Mauguio et les évêques de
Maguelone, aménagent à l'embouchure du Lez un port qui ne tardera pas à faire un important trafic avec toute la
Méditerranée;
Si Montpellier est au Moyen-Age une importante place de commerce international, son université
acquiert vite une réputation mondiale? car les intellectuelles montpelliérains surent profiter de leurs relations
avec tout l'Orient pour se mettre à l'école des Arabes dont la science était nettement en avance sur celle des
Chrétiens. Loin de garder secrètes ces nouvelles notions, ils les divulguèrent largement, attirant à Montpellier des
étudiants venus de tous les pays d'Europe. Plus tard, ce sera par des étudiants genevois et allemands qu'arriveront
en Languedoc les premières idées de la Réforme.
Ces idées subversives bouillonnent dans ce milieu de jeunes intellectuelles, elles ne tardent pas à séduire
les artisans de l'industrie textile et le prolétariat du port. Elles gagneront rapidement la paysannerie et, avant la fin
du XVIème siècle, tout le Bas-Languedoc sera pratiquement protestant;
Dans ce pays où les têtes sont chaudes, et surtout où l'on n'a pas oublié l'horrible croisade contre les
Albigeois, les nouveaux protestants s'attendent à défendre leur nouvelle foi les armes à la main. C'est le Duc de
Rohan qui se met à leur tête.
Henri IV par l'Edit de Nantes donne à ses coreligionnaires une liberté qui tournera vite à une dissidence
que Richelieu ne pourra tolérer. Aussi en 1621 part-il en guerre avec Louis XIII contre Rohan et ses troupes
languedociennes.
Les MOURGUE
C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers Mourgue dont nous connaissons la filiation. Ils habitent
deux petits villages à 10 kms au N.N.E. d'Agde;: Pomérols et Pinet. Ils sont désignés comme "ménagers", c'est à
dire "fermiers" cultivant la terre d'un autre, et en partageant les revenus. Ils doivent pourtant posséder un certain
bien, puisque l'un d'eux, Jean Mourgue, né en 1573, achète une terre en 1607. C'est le plus ancien acte
mentionné de la famille.
"Mourgue" dans la région veut dire "nonne"; on retrouve encore ce vocable dans des noms de lieux : St
Geniès des Mourgues, où devait se trouver un couvent de femmes; Cela laisse à supposer que le premier
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Mourgue aurait été le fils d'une nonne, à moins que ce soit le surnom d'un homme timide et réservé qui
ressemblait à une nonne.
La guerre ravage le pays , l'armée royale assiège les protestants réfugiés dans leurs petites villes fortes:
Agde, Montpellier, Mauguio, Marsillargues; Elles finissent par se rendre , et en 1622, Louis XIII signe la paix à
Montpellier, qui laisse aux protestants la liberté de pratiquer leur religion.
Il faut croire que les clauses politiques de cette paix sont bien mal observées, car, en 1624, Richelieu
considère certaines villes en état de rébellion: il donne l'ordre de démanteler Agde et Maguelone, et de
démanteler et de rendre inhabitable Mauguio, qui, dès lors, cesse de figurer sur les cartes; En 1626, Rohan
cherche à susciter de nouveaux combats, mais la région aspire à la paix, et Rohan remonte plus au nord.
C'est vers cette époque que la famille Mourgue de Pomerols "éclate"; Certains membres vont se fixer à
Montpellier où l'un d'eux est établi "maître fustanier" (les "fustes" sont de petits bateaux à faible tirant d'eau
capables d'aller aussi bien à la rame qu'à la voile). D'autres semblent se fixer à Marsillargues où nous les
retrouverons. Notre ancêtre direct : Jean Mourgue s'installe tant bien que mal dans les ruines de Mauguio, avec
ses 2 fils: Jean et Jacques. Ils sont encore mentionnés comme "ménagers" , mais achètent une maison qu'ils feront
réparer par la suite. L'installation dans les ruines, la vie parmi les marais qui ont envahi les terres, doivent être
bien précaires: le père meurt rapidement et le fils épouse une jeune fille de Marsillargues où il va dorénavant
résider.
Notons que la classification généalogique de tous ces Mourgue est bien difficile de mettre sur pieds, car,
de père en fils, ils conservent le même prénom, et ce prénom est souvent donné à deux fils du même père! Les
repères généalogiques sont indispensables... et encore!
Marsillargues est une petite ville riche construite au bord du Vidourle sous la protection du château de
Guillaume de Nogaret, professeur de droit à l'Université de Montpellier, qui est devenu le grand premier ministre
du Roi Philippe le Bel.
Certains Mourgue , qui sont déjà installés à Marsillargues, y ont acquis une fortune et une influence
considérable. Ce sont de riches "rentiers de métairie", et ils tiennent des fonctions officielles importantes:
conseillers politiques, consuls, maires perpétuels etc; Les Mourgue qui arrivent de Mauguio vont suivre leurs
traces, et l'un d'eux: Jacques Mourgue épousera en 1727 une Claudine Mourgue de l'autre branche.
Tous les Mourgue sont protestants. Depuis la paix d'Alès, une certaine compréhension mutuelle anime
les fidèles des deux religions; mais dès 1640, les Jésuites, qui ont été créés pour lutter par tous les moyens contre
la "R.P.R." commencent à créer des incidents savamment orchestrés. Ils font tant et si bien que des mesures
contre les protestants sont édictées en 1640: certains temples sont démolis, les enterrements doivent se faire de
nuit, les enfants doivent être élevés dans des écoles catholiques, et de nombreuses professions sont interdites à
"ceux de la Religion"
Les Mourgue tiennent bon, mais à la révocation de l'Edit de Nantes (1685), il ne doit plus y avoir un
seul protestant dans le royaume, et défense est faite de passer les frontières sous peine de galères. la plupart des
Mourgue se convertissent (collectivement), d'autres émigrent en Suisse, en Prusse et même en Angleterre où ils
firent souche.
Les "nouveaux convertis" ne sont pas bon teint. Les archives de Marsillargues sont pleines d'acte de
décès devant notaire destinés à remplacer l'acte d'état civil qu'aurait dû établir le curé. Ces actes constatent
d'ailleurs que le curé n'a pas voulu faire d'enterrements faute de "preuves de catholicité" du défunt. Les archives
contiennent aussi nombre de procès verbaux d'amendes infligées à des Mourgue pour ne pas avoir balayé et
tapissé leur maison le jour de la Fête-Dieu. L'un d'eux, en 1767, "qui possédait un élevage de taureaux sauvages"
se voit infliger une forte amende pour avoir fait travailler ses valets le jour de la fête du Corpus Christi; il doit
même résilier ses fonctions de conseiller politique "n'ayant pas fourni les preuves de catholicité requises".
On sent, en compulsant ces archives, l'atmosphère de haine, de suspicion et de délation qui devait régner
dans ces petites villes
Au début du XVIIIème siècle éclate la révolte des Cévenols, qui déclenche la "guerre des Camisards" et
provoque une répression sans pitié: dragonnades, galères , tortures et pendaisons. Les combats ont leurs échos
jusque dans la plaine de Nîmes, mais n'atteignent pas Marsillargues.
C'est alors la période du "Désert", les irréductibles ont pris le maquis, des prédicants, puis des pasteurs
formés à Genève organisent des cultes clandestins où ils baptisent et marient. Un grand nombre de protestants
vont assister à ces cultes secrets qui se terminent en massacre pour peu que les soldats du roi en aient eu
connaissance. Mais une campagne pour la tolérance se déclenche, montée par Voltaire (affaire Calas) secondé
par le pasteur du Désert: Rabaut, puis par Lafayette retour d'Amérique. Ce ne sera qu'en 1774 que le culte
protestant sera de nouveau autorisé. Et, en 1788, l'Edit de Tolérance apportera une liberté relative et donnera
l'ordre aux prêtres qui tenaient les registrés d'état civil d'y porter les actes de naissance et de mariage passés "au
Désert". Bien des Mourgue font ainsi régulariser leur mariage, l'un d'eux avait déjà huit enfants !. Rien qu'à
Marsillargues, 359 mariages célébrés "au Désert" sont ainsi réhabilités, et la naissance de plus de 1500 enfants
est régularisée.
Jacques-Antoine MOURGUE
Il est né le 2/6/1734 à Marsillargues (34) où son père avait su se constituer un important
domaine. Il doit y passer sa première enfance. Pourtant, il faut se rappeler que nous sommes en pleine
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persécution et que les enfants protestants (depuis 1723) sont sans état civil, et déclarés bâtards; On les enlève à
leurs parents pour les élever catholiques, dans des écoles spécialisées crées par les Jésuites dans ce but, et
appelées "Ecoles pour la propagation de la Foi". Cependant, il est possible d'obtenir pour les enfants "nouveaux
convertis" des autorisations de séjourner à l'étranger pour y faire leurs études "y apprendre le commerce et les
banques" et même pour y aller "recueillir un héritage et le faire rentrer dans le Royaume" s'il s'agit de filles.
Jacques Antoine MOURGUE a dû, après des études hors de France, aller habiter Montpellier avec sa
famille., car un recensement effectué en 1763 par le curé de Marsillargues ne mentionne plus que deux
domestiques habitant au "Mas de Jacques". Il est probable qu'il fait son apprentissage des affaires tout en
effectuant plusieurs voyages en Angleterre. Le 30.8.1766, à 32 ans, il épouse Jeanne VIALARS (1744-1820)
fille d'un riche négociant en gros de marchandises des Indes à Montpellier, Pierre VIALARS, et de Elisabeth
FESQUET, fille d'un riche armateur de Marseille ruiné par la révocation et la peste à Marseille.
L'année suivante, il entre dans les affaires de deux de ses cousins, "Colombies et Mourgue" qui font le
commerce de tissus, et ont des magasins à Montpellier, Beaucaire, Pézenas et Montagnac. Il devient associé en
1771, mais semble se faire une certaine réputation dans les sciences physiques, fort à la mode; il écrit
d'intéressantes études économiques. Il est nommé à cette époque membre de nombreuses sociétés savantes et
académies de province. Il faut se représenter ce qu'est l'activité économique de Montpellier à la fin du
XVIIIème-. Toute la bourgeoisie s'occupe très activement de commerce international. Le port de Lattes est relié
par l'étang de Mauguio à la mer. Le port fluvial de Port-Juvénal reçoit des bateaux qui peuvent aller par les
canaux des étangs vers Arles, le Rhône et Marseille, et vers Toulouse et Bordeaux par le canal des deux mers qui
débouche à Agde depuis plus d'un siècle. Il y règne une atmosphère de concorde, d'entraide locale très
remarquable. De nombreuses fortunes se créent grâce à une activité économique débordante.
Une espèce de trêve s'est établi entre Catholiques et "Nouveaux Convertis" depuis l'apaisement des
"Camisards" (le dernier supplice qui a eu lieu au Peyrou date de 1754; les prisonniers de la tour de Constance
sont libérés en 1767). parmi les bourgeois enrichis, les Catholiques briguent les charges achetées au Roi, qui leur
valent en général une noblesse de robe; ceux qu'on sait protestants , au contraire, ne sont pas admis à acquérir ces
charges; Ils prennent la direction des grosses affaires: textiles, produits chimiques, mais surtout import-export
de toutes sortes de marchandise des pays "estrangés". Les commerçants de Montpellier obtiennent le monopole
du commerce des marchandises des Indes, même si elles arrivent à l'Orient! Si les montpelliérains ont des
comptoirs d'achat et de vente dans toute la Méditerranée, ils ont aussi des "cabanes" (des stands) dans toutes les
foires de l'Europe. Il n'est alors pas encore question de vin, à peine d'alcool.
Les Protestants ont de grandes facilités à cause de leur connaissance des langues et des relations qu'ils se
sont faites pendant leur jeunesse hors de France, et ils peuvent compter sur l'appui de leurs parents réfugiés à
l'étranger à la suite de la Révocation. les catholiques ne craignent pas de leur confier des capitaux pour des
opérations sur les marchés étrangers. les autorités savent très bien que tous ces "nouveaux catholiques" ne sont
pas bon teint, et Melle Dillon, nièce de l'archevêque de Narbonne, note qu'au "bal de l'intendance", la meilleure
noblesse ne craint pas de danser avec tous ces bourgeois qui rivalisent avec elle de maintien, de confort et de
luxe. Ces bourgeois protestants commencent à acheter aux alentours châteaux et propriétés , par exemple MM
Pomier et Vialars achètent "Layrargues" et "Méric".
Bientôt Mourgue fera comme les autres, mais il achètera une terre noble: "Montredon", dispensée
d'impôts. Il lui faut une autorisation du Roi, qui lui est accordée; et il peut porter le nom de cette terre. Il se fera
appeler "Mourgue de Montredon" jusqu'à la révolution où on le traitera de "ci-devant Montredon". Il ne tardera
pas du reste à vendre cette terre maintenant appelée "La Jassette"
De puissantes entreprises de travaux publics se sont spécialisées dans les "grands travaux" et les routes et canaux
du Languedoc qui font l'admiration des voyageurs
Jacques-Antoine Mourgue , avec son cousin Colombies, commandite l'entreprise Boulabert et Garimond
qui, poussée par ses succès méridionaux, se voit confier la construction du nouveau port de Cherbourg. En 1782,
une "Compagnie des Entreprises de Cherbourg" est fondée. C'est Jacques-Antoine Mourgue qui s'en occupe à
Montpellier, mais comme" la chaleur du Languedoc l'incommode" (!) il va prendre la direction du bureau de
Paris de cette société; il habite la capitale avec sa famille, mais fait de fréquents voyages à Cherbourg. Il est
probablement chargé des rapports de la société avec les autorités. En 1791, il se brouille avec les dirigeants, et se
fait rembourser ses capitaux; la société a à son actif la construction du fort de Querqueville, des magasins
d'armes, de munitions et de vivres; c'est elle qui fournit les pierres destinées à fermer la rade.
C'est à l'occasion de ces travaux du port militaire de Cherbourg que Mourgue se lie d'amitié avec
Dumouriez qui, comme "Lieutenant du Roi" est commandant de place, et contrôle pour l'état les travaux du port.
Le général Dumouriez était un homme de gauche, très populaire , attaché au parti du Duc d'Orléans, c'est à dire
en opposition avec la Cour, et surtout avec la Reine. Il aura l'appui des Girondins.. et, en bon général politicien, il
ne tardera pas à regagner la capitale
Il est nécessaire ici pour expliquer le passage rapide de Jacques-Antoine Mourgue au Ministère de
l'Intérieur, de retracer rapidement la suite des événements.
L'Assemblée législative élue à la suite de la fuite de Varennes (1791) était divisée en deux: A droite: les
Feuillants, décidés à défendre le Roi contre le peuple; à gauche, les Jacobins, républicains menés par les
Girondins; Ce sont les Girondins qui firent prendre les mesures contre les Emigrés, qui devaient rentrer en France
ou être déclarés suspects de conjuration (9/11/91) et contre les prêtres qui devaient prêter serment civique
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(29/11/91); Le ministère est "Feuillant" avec de Lessart aux Affaires Etrangères. Le roi oppose son veto à ces
deux décrets, les Girondins en représailles, mettent en accusation le ministre de Lessart. Le Roi prend peur; il
constitue un ministère girondin avec Rolland à l'intérieur. Dans ce ministère "sans culotte" entre comme ministre
des Affaires Etrangères Dumouriez (15/3/92) qui se flatte d'établir un équilibre entre la cour et la gironde.
Ce ministère pousse le Roi à déclarer la guerre à l'Autriche (20/4/92) La guerre commence mal, par des
revers en Belgique (28/4/92) ; on craint une invasion. La Reine qui considère tous les ministres comme des
criminels, ne se fait pas scrupule pour dévoiler les plans de guerre à l'Autriche. Les Girondins, par représailles,
font voter les décrets (27/5 au 8/6); Le Roi y oppose à nouveau son veto. Roland, qui avait protesté par une lettre
insolente, est renvoyé avec Clavières et Servan (13/6/92); Dumouriez, resté ministre, propose au roi son ami
Jacques-Antoine Mourgue pour remplacer Roland à l'intérieur. Il est nommé
Voici comment Dumouriez , dans ses mémoires, rapporte la chose: "Dumouriez monta le matin (du 12
juin) au château, et proposa au roi pour ministre de l'intérieur, à la place de Roland, Mourgue, de Montpellier,
protestant, bon citoyen plein d'esprit et de connaissances, qui avait travaillé à un cadastre de la France, qui était
de plusieurs académies, et qui avait de très bons mémoires bien constitutionnels sur la Révolution. Il avait été du
club de 1789, et, depuis, de celui des Feuillants: il s'en était retiré. Il avait une grande droiture, un travail facile,
et un caractère ferme : il fut agréé".
Dumouriez et Mourgue espéraient obtenir du Roi la sanction des décrets sur le serment des prêtres, sur
le licenciement de la "Garde du Roi" et sur la formation sous Paris d'un camp retranché de 20 000 "Fédérés"
(gardes nationaux volontaires) pour maintenir l'ordre dans la capitale; Le Roi refuse
Mourgue prétend (mais cette lettre n'est-elle pas apocryphe,) qu'il demande aux deux nouveaux ministres
de venir avec lui chez le Roi; par contre, Dumouriez raconte dans ses mémoires que tous les ministres se rendent
le 15 juin à 10 heures du matin aux Tuileries pour remettre leur démission orale au Roi. Celui-ci les reçoit dans
sa chambre, leur demande s'ils sont toujours dans les mêmes dispositions, et accepte leur démission. Dumouriez
prétend qu'alors "Mourgue présenta au Roi un papier en disant : "Sire, voici la mienne, je la donne avec bien du
regret" le Roi la prit. Nous avons la minute de cette lettre, et la réponse que le Roi prit la peine de faire de sa
main à Mourgue. C'est cette lettre de démission qu'on trouvera dans la fameuse "armoire de fer" du Roi et qui
vaudra à Mourgue d'être considéré comme "suspect".
Détail curieux: le Roi avait été obligé de payer, sur sa propre cassette, les dépenses dues à son retour de
Varennes. Il avait préféré remettre une somme suffisante au ministre de l'intérieur pour qu'il se charge ce faire ces
pénibles règlements. A sa démission, Roland passe à son successeur, Mourgue, les pièces justificatives de ces
paiements et le reliquat en espèces; Mourgue transmet au Roi ces pièces relatives à son" retour de frontières"; le
Roi lui en envoie un reçu autographe.
L’action de Mourgue , comme Ministre pendant 5 jours, se réduisit à demander une interprétation de la Loi sur le
séquestre des biens des émigrés, et à rendre compte d’une exposition de tableaux au Louvre
Le ministère est remplacé de nouveau par les Feuillants et Terrier de Monceil remplace Mourgue (il sera
remplacé lui même par Roland qui reviendra le 10/8/92) ; Cinq jours après c'est la journée du 20 juin; la foule
envahit les Tuileries pour demander le retrait du veto. Elle défile devant le Roi qui met le bonnet rouge et boit à
la santé du peuple.
Dumouriez est nommé général en chef en remplacement de La Fayette au lendemain du 10 août; il a la
chance de commander à Valmy et fera figure de sauveur de la France; mais, battu en Hollande, il passera à
l'ennemi en avril 93.
Comme Mourgue était l'ami des Girondins, et qu'il avait été nommé à une fonction par le Roi, sa tête est
mise à prix . Il doit quitter Paris sous peine d'être pris. Les portes de la ville sont fermées et étroitement
surveillées; sa femme se déguise en paysanne, le cache dans une voiture de fumier, et le fait ainsi sortir de la
capitale; Il se réfugie au Vigan où, avec son fils Scipion, ils vivent de la récolte du salpêtre pour faire de la
poudre pour les Armées.
(Il est à noter que,avant d’aller au Vigan, il passe par Marsillargues, signant sur l’acte de mariage, le 25/11/1792,
de son neveu Jacques Pomier (fils de sa sœur Jeanne Françoise Mourgue) avec Marguerite Mourgue (fille de son
cousin Louis Mourgue, de Marsillargues)
Après Thermidor, il revient à Paris. Il vit l'été dans une propriété "La Cossonerie" qu'il a acheté à
Montlhéry, et qu'il donnera en dot à sa fille Eglée lorsqu'elle épousera le Comte de Richemont. Sa fortune est
compromise par les dévaluations, et les ennuis financiers de Scipion. Il vit modestement en s'adonnant à des
études économiques et sociales. Ses ouvrages obtiennent un gros succès auprès des quelques spécialistes; ils
constituent en effet de véritables anticipations, en particulier une étude de statistiques démographiques, et surtout
étude sur ce que l'on appellera plus tard les caisses d'Epargne.
Bonaparte le nomme, en 1800, préfet du département d el’Escaut, avec résidence à Gand. Jacques-Antoine
Mourgue, s’estimant trop âgé pour s’expatrier, refuse (mais il figure sur les listes d’anciens préfets..puisqu’il a
été nommé)
On lui confie des fonctions officielles. Il est, dès sa formation, membre du Conseil Général des Hôpitaux
de Paris, puis administrateur de cet organisme, et du Mont de Piété, où il se distingue par son dévouement aux
malheureux.
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En 1811, il vend son Mas de Marsillargues à Mr Pieyre , sous-préfet de Nîmes, que ses descendants (les
Pieyre de Mondiargues) possèdaient encore en 1954; Mourgue est spécifié "ancien ministre"" dans cet acte au
sceau impérial.
En 1814, le Roi Louis XVIII le nomme Chevalier de la Légion d'Honneur pour son oeuvre auprès des
malheureux malades des Hôpitaux de Paris. Il meurt d'une "paralysie de vessie" le 14/1/1818 à 84 ans. Le Duc
de La Rochefoucauld-Liancourt, son collègue aux Hospices, prononce son oraison funèbre;
Sauf son dévouement pour sauver son mari, nous ne connaissons rien de sa femme si ce n'est son
testament manuscrit. Elle meurt en 1820. Ils auraient eu onze enfants, dont quatre seulement ont survécu
Scipion, notre ascendant dont nous allons étudier la vie
Pierre, décédé à 24 ans de la fièvre jaune à New-York, où il représentait une grande
maison de commerce française, qui faisait beaucoup d’affaires avec l’Amérique
Eglée, qui deviendra Comtesse de Richemont
Jules , le marin, dont les pérégrinations valent la peine d'être contées
SCIPION MOURGUE
Jean Scipion Anne Mourgue est né à Montpellier le 22/2/1772 alors que son père y était encore dans les
affaires d'importation.
Depuis 1779, l'instruction des enfants de protestants par les jésuites cesse d'être obligatoire, mais leurs
parents ont pris l'habitude de les envoyer faire leurs études à l'étranger, et il est fort probable que Scipion fait un
long séjour en Angleterre, où il s'assimile la langue et les moeurs anglaises qui lui seront d'une grande utilité au
cours de sa vie aventureuse. nous avons vu dans quelles circonstances Jacques Antoine Mourgue avait occupé
pendant quelques jours le poste de ministre de l'Intérieur: en donnant sa démission au Roi, il obtient que Scipion
soit nommé second secrétaire à la Légation de Londres où M de Chauvelin est ambassadeur;
Les négociations avec l'Angleterre sont ardues, les rapports tendus. on sait que Pitt paye largement les
émeutiers de Paris; M de Chauvelin est rappelé. Mourgue est chargé de continuer les négociations avec Pitt au
sujet de la libération des échanges entre les deux pays. Nous gardons cependant une représentation à Londres
sous les ordres de Maret (futur Duc de Bassano) qui nomme Scipion premier secrétaire de légation et le laisse à
Londres comme agent secret; mais le 1/2/1793 la guerre est déclarée; Scipion reçoit une lettre comminatoire du
gouvernement anglais qui l'invite à quitter le royaume dans les sept jours; il revient à Paris; et est nommé commis
principal au ministère des Affaires Etrangères
Ce magnifique début dans la Carrière est stoppé net, le décret du 13/9/93 sur les suspects (les Girondins
et leurs amis) le force à quitter Paris. Il arrive à échapper à la conscription et va se réfugier avec son père au
Vigan. Ruinés par la dévaluation des assignats, ils vivent de la récolte du salpêtre. Il devient agent officiel des
Poudres et Salpêtres et on le charge d'exploiter certaines forêts pour récolter la potasse incluse dans les cendres
de bois.
Scipion apprend au Vigan que ses deux jeunes frères et sa soeur, qui faisaient leurs études en
Angleterre, sont déclarés "immigrés"; Il n'hésite pas à aller les défendre lui-même devant le comité
révolutionnaire , prouve qu'ils sont partis avec un passeport régulier, et les arrache ainsi aux foudres du comité. Il
va les chercher à Genève, où ils attendaient de pouvoir rentrer en France, et les ramène au Vigan;
Il est en butte à la jalousie des jacobins du cru, et se fait réclamer par Paris, où on le réintègre comme
commis au ministère des Relations Extérieurs. Il part finalement comme simple dragon dans l'armée d'Italie; Il y
rencontre un ami de sa famille qui l'emploie comme inspecteur des vivres, puis comme adjoint au Commissaire
des Guerres. C'est à ce titre qu'il participe à l'occupation de Venise
Venise avait été déclarée neutre dès l'entrée dès l'entrée des Français en Italie, mais cette neutralité est
tellement mensongère que les vénitiens coulent un vaisseau français et en massacrent l'équipage; la ville est
occupée, la République détruite, et le Doge est contraint de prêter serment de fidélité au représentant de
Bonaparte (l'armée française y réquisitionne 40 chariots d'or qui seront envoyés sous bonne escorte en France);
Le traité de Campo-Formio rend Venise à l'Autriche (17/10/97). Scipion doit la quitter , non sans regrets. Un
vieux texte familial dit que "les charmes de la guerre" (voir Caroline Chérie) l'incitent à aller rejoindre l'armée
d'occupation de Rome et de Naples sous le commandement de Mac Donald . Si cette occupation ne manque pas
de charme pour un jeune et brillant intendant de l'armée française, elle n'en est pas moins laborieuse pour son
général; La division est constamment harcelée par des soulèvements; finalement, elle abandonne le sud de l'Italie
pour rejoindre le gros de l'armée dans le Nord.
Scipion Mourgue , dont cela constitue une spécialité, est laissé en arrière comme inspecteur principal
des finances, et bientôt Ministre des Finances de la République Romaine! La petite garnison française est
obligée de capituler sous la pression des insurgés, et d'une escadre anglaise. C'est Scipion qui est chargé des
négociations; il est fait prisonnier, et rapatrié par les Anglais (1799)
En 1800, le général Berthier , ministre de la guerre, est chargé d'organiser "l'armée de réserve de Dijon".
Il prend Scipion Mourgue comme administrateur général des vivres. Peu à peu, cette armée de réserve passe
discrètement par petits groupes en Suisse, où elle se reforme sous les ordres de Bonaparte, qui lui fait envahir
l'Italie par le Saint-Bernard (15/5/1800) Scipion fait toute la campagne y compris Marengo. Après être resté cinq
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ans en tout en Italie, il y tombe malade et rentre en France (Est-ce de cette maladie que vient l'atavisme de
surdité des Mourgue ?)
Il s’associa un moment avec des Marseillais, Amiel et Valette, dans une société de fournitures aux Armées
Chaptal, ancien industriel chimique à Montpellier, est ministre de l'Intérieur; voilà encore Scipion une
fois Secrétaire Général de Ministère, ; il y restera jusqu'en 1804. Il déplaît à l'Empereur, car il a laissé jouer une
pièce de théâtre "Edouard V en Ecosse" qui contient des allusions politiques; il préfère donner lui-même sa
démission.
C'est à cette époque, en décembre 1803, qu'il épouse, à Paris, Elisabeth (Betsy) Filliettaz, fille d'un
important homme d'affaires internationales genevois, qui possède des maisons de négoce à Anvers et Lorient, où
il est associé aux Davillier; Sur son contrat de mariage, il est précisé qu'il possède un domaine à Quadrypse,
canton de Bergues département du Nord, dont il est membre du Conseil Général. Il entre dans la banque de JeanCharles Davillier, parent de sa femme, mais n'y reste guère (Jean-Charles Davillier, qui fut Baron d'Empire et
Régent de la Banque de France avait épousé la cousine germaine de Gabriel Filliettaz, père d'Elisabeth); La mode
est à la création d'industries; il rassemble des capitaux et fonde en 1807 une filature de coton à Rouval près de
Doullens dans la Somme, exploitée sous la raison sociale Mourgue Vieusseux et Cie. Les affaires marchent fort
bien tant qu'on peut importer du coton par les neutres ou par la contrebande; La filature occupe 8 à 900
personnes, et produit 5 à 600kgs de fil par jour Mais les revers militaires provoquent une crise financière et le
premier geste du comte d'Artois en arrivant au pouvoir est de rétablir l'importation en France des fils anglais. Les
affaires ne repartiront qu'entre 1816 et 1822 quand le gouvernement établira des primes d'exportation (il n'y a
rien de nouveau dans le textile!) Il revendra l'affaire de Rouval en 1831
Pendant les Cent jours, Scipion Mourgue est nommé député de la Somme à la Chambre des
Représentants. Il faut croire qu'il manque d'enthousiasme, car un journal satirique lui décerne le titre de
"Chevalier de l'Ordre de l'Eteignoir" qu'il réserve aux Bonapartistes un peu tièdes. Cela n'empêche qu'à la
seconde restauration, les royalistes lui cherchent noise (Terreur blanche) et qu'il s'astreint à rester six mois sans
sortir de son établissement.
Jusqu'en 1823, la filature marche bien, mais, alors qu'il se trouve au chevet de son fils gravement
malade, Mourgue apprend que son usine brûle. Il ne se décourage pas, trouve des subsides auprès de ses
nombreux amis, monte une société par actions (Les Associés commandités sont les financiers Davillier, Ogier et
Hottinguer), et, en moins de trois mois, reconstruit son usine. Une gravure de cette époque le montre avec sa
filature qui brûle, ses plans de charpente déjà refaits, et portant sur son coeur le nouvel acte de société; Pour
garnir sa nouvelle usine des derniers perfectionnements techniques, que les Anglais veulent garder secrets, il
n'hésite pas , en automne 1823, à aller lui-même en Angleterre faire de l'espionnage économique (pratique de
bonne guerre en cette période d'évolution ultra rapide de la technique) Il se fait passer pour un ouvrier anglais,
pénètre dans les usines, achète des indicateurs, prend des croquis qu'il rapporte à Rouval, pour les faire réaliser.
Il ramène même quelques ouvriers anglais qu'il a débauchés. Son usine devient une filature modèle qu'on vient
visiter de la France entière.
Vers 1830, nouvelle crise économique, bientôt suivie d'une crise politique. Scipion Mourgue est resté
attaché aux idées libérales et à la maison d'Orléans; il a créé dans sa région une véritable organisation de
"Résistance" contre les Bourbons. Dès le début de la Révolution, il mobilise son réseau orléaniste et arrive à
entraver les mouvements des troupes du général Dalton, qui avait reçu l'ordre de marcher pour dégager Paris. Il
est le premier à Doullens à porter la cocarde tricolore et organise une réjouissance populaire quand le Duc
d'Orléans est nommé Lieutenant Général du Royaume.
La situation financière de l'affaire est catastrophique; il faut vendre pour rembourser créanciers et
actionnaires. L'usine est adjugée au plus offrant, à un associé des Feray d'Essonnes: Louis Bocking dit
Sydenham. Les membres du Comité de surveillance : A Odier, le Baron Davillier et Hottinguer père, établissent
un rapport de liquidation, où ils tiennent à constater les capacités , la ténacité et le courage de Scipion Mourgue,
qui a seulement été victime des circonstances économiques désastreuses.
Scipion, ainsi que son père, sont à peu près ruinés. Scipion peut heureusement être admis dans la
nouvelle administration de Louis-Philippe; En récompense de son attachement, le Roi le nomme Préfet de la
Loire (27/9/1830); il doit y réprimer une "sédition ouvrière"; il est ensuite Préfet de la Dordogne, puis de la
Haute-Vienne. A son entrée officielle dans Limoges, il est reçu par un charivari qui faillit tourner mal, et qui
impressionne fortement sa petite Elise qui est avec lui dans la voiture officielle.
En 1835, il est envoyé en disgrâce comme Préfet de Gap et, enfin, en 1840, il est nommé à Paris
receveur percepteur du premier arrondissement. Il finit sa vie dans cette sinécure, puis, avec une petite pension,
et meurt aveugle le 31/7/1860. Il est officier de la Légion d'Honneur.
Sa femme était morte à Paris en 1840; il en avait eu 6 enfants: Eugène, Claire, Edmond, Amélie,
Frédéric et Elise
Les Enfants de Jacques-Antoine MOURGUE
En dehors de Scipion dont nous venons d'étudier la vie, Jacques-Antoine Mourgue et Jeanne Vialars ont eu
d'autres enfants:
Eglé Mourgue (1778-1855) était une ravissante personne; aussi fait-elle un fort beau mariage qui doit
plaire à son père puisqu'il se défait de sa propriété de Monthléry pour la lui donner en dot. Elle épouse en effet
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Philippe Panon Desbassayns, fils de richissimes colons de l'Ile Bourbon (Réunion); ils auront six enfants. Ils vont
vivre dans l'île, et Philippe Panon en est nommé Gouverneur. Ils reviennent en France au moment où Charles X
prend comme premier ministre M de Villèle, qui n'est autre que le propre beau-frère de Philippe Panon. Celui-ci
est alors couvert d'honneurs. Il est nommé Baron de Richemont en 1815, Vicomte en 1824, et enfin Comte
héréditaire en 1827. Il est Commissaire général de la marine, député, membre de l'amirauté, etc.;
A l'arrivée au pouvoir des Orléans, il se retire dans sa superbe propriété de Cangé près de Tours. Il y a
quelques froids entre Scipion et son beau-frère, car ils avaient des idées politiques opposées, et Eglé s'était faite
catholique.
Une élève de J.L. David, Marie-Guillelmine BENOIST, avait fait d'Eglé un portrait réputé qui se trouve
aujourd'hui au Metropolitean Muséum de New-York. Les descendants d'Eglé sont très nombreux, portant pour
beaucoup de grands noms de France;
Adresse internet du tableau : www.metmuseum.org/collections/view1.asp?
dep=11&full=1&item=53%2E61%2E4
Desbassyns : www.ac-reunion.fr/pedagogie/lpschoep/Desbayssins.htm
www.ac-reunion.fr/pedagogie/lpschoep/trav3tms2.htm
Son fils aîné, Eugène Panon Desbassayns de Richemont fut le fondateur du Lycée de Pondichéry
www.ac-toulouse.fr/lyc-francais-pondichery/lycee/debassyn.html
Il est arrivé à Pondichéry le 12 mars 1826, avec le titre de Commissaire de la Marine, Administrateur Général des
Etablissements Français de l'Inde, Gouverneur de Pondichéry du 18 juin 1826 au 2 Août 1828.
En deux ans, puisqu'il quitte le comptoir en 1828, il a réalisé une œuvre considérable. Administrateur hors pair,
ayant une parfaite connaissance de l'Inde, il promulgua entre juillet 1826 et août 1828 cent huit ordonnances.Il
réorganisa et simplifia la plupart des services, notamment la police. Il créa le Collège Royal le 28 octobre 1826 et
dota Pondichéry ainsi que Karikal d'écoles gratuites pour les indiens. Désireux de rendre la culture accessible à
tous, il inaugura en 1827 la Bibliothèque Publique de Pondichéry.Il s'intéressa à l'assainissement et à
l'embellissement du chef-lieu en faisant notamment construire le Cours Chabrol. Il dota Pondichéry d'un "bazzar"
central. Il s'efforça d'introduire dans la cité les grandes cultures coloniales et son œuvre majeure fut l'ordonnance
du 7 Juillet 1827 qui devait, pendant plusieurs décennies, constituer le "Code de l'agriculture"
pondichérienne.Rentré en France en 1828, il reprit, après la Révolution de Juillet, ses études de physique et
chimie et présenta plusieurs de ses travaux à l'académie des Sciences.En 1842, il contribua à doter Pondichéry
d'une léproserie par un don au Comité de bienfaisance. Il est mort à Paris le 26 Juin 1859.
Jules Mourgue Il a eu une vie moins brillante que sa soeur, mais quelque peu aventureuse: né à
Montpellier en 1781, Il se prépare à la marine militaire : à la bataille d'Aboukir,, il est aspirant sur la
"Courageuse". Il entre dans la marine marchande, s'embarque pour la Chine, mais est débarqué à l'île Bourbon où
il se bat en duel avec son capitaine "au sujet d'une dame qui avait été embarquée sur leur navire". A Bourbon, il
fait la connaissance d'une mulâtresse.. "qui plus tard unira avec lui sa destinée affectueuse"; Il repart pour la
Chine, et à son retour, tombe en panne à Manille où il se fait nommer Commandant du seul navire qui constitue
la flotte du sultan de Solvo (?). il revient à Bourbon, prend part à des expéditions à Madagascar pour la traite du
riz, et fait naufrage...comme par hasard à Bourbon; il y perd tous ses bagages, mais retrouve sa mulâtresse! là, il
apprend le mariage de sa soeur, prend prétexte de cette circonstance pour aller "taper" la belle-mère d'Eglé qui
lui donne des chemises et...de quoi rentrer en France.
Il y arrive en 1804 et, bien recommandé, trouve un emploi de receveur des contributions indirectes!
Scipion l'emploie quelques temps à, Rouval, mais il a la nostalgie de la mer, et reprend du service comme
capitaine au long cours.
Il trouve encore moyen d'échouer à Bourbon, où son beau-frère , alors gouverneur de l'île, lui fait
monter quelques affaires qui, après bien des déboires, finissent par réussir. Il meurt dans l'île de Salazie en 1864.
On ignore s'il a eu des enfants.
Scipion eut un autre frère: Pierre-Eugène Mourgue qui mourut très jeune (fièvre jaune) à New-York
où l'avait envoyé une affaire de Paris qui l'avait embauché.
Les Enfants de Scipion MOURGUE et de Jeanne Elisabeth FILLIETTAZ
ils eurent 6 enfants:
Eugène Mourgue: 9/10/1804 Ormesson (Deuil 95)-8/5/1860) fait ses études à Montpellier et à Lausanne;
Militaire en 1824, il est nommé receveur à Doullens, Savenay, Lure et Digne où il est mort receveur général des
Basses Alpes. Il épouse en 1839 Adèle Finot, fille d'un ancien Préfet et Député.
Il aura 2 filles : Hélène, qui épouse Camille CHABERT et Elisabeth, dite Betsy Mourgue (1842-1898) qui
épouse en 1880 Gabriel GRENOUILLET_GODEAU, Baron d' ENTRAIGUES (descendance aujourd'hui de
Grimoüard)
Cette branche, devenue catholique, aura une très nombreuse descendance, mais sans mâle du nom de Mourgue
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Claire Mourgue ( 21/9/1805 Paris-24/6/1863) morte célibataire. Elle avait comme parrain Jacques Antoine
Mourgue, et comme marraine Mme Filliettaz
Edmond Mourgue, (8/10/1807 Paris-1901) Polytechnicien, secrétaire de préfecture de son père, auditeur au
conseil d'Etat, puis sous-préfet de Châlons sur Saône; Comme tous les Mourgue, il est sourd, et sa surdité finit
par lui interdire tout poste dans l'administration. Il fait de nombreux voyages surtout aux USA. C'est un adepte de
la culture physique qui le maintient alerte jusqu'à sa mort à Versailles à 94 ans; En 1848, il avait participé avec la
Garde Nationale de Pontoise à l'attaque de la barricade élevée faubourg St Denis. il avait créé avec son frère
Frédéric la "Société Mourgue Frères", avec siège à Paris et à La Havane. L'objet de la Société est la fourniture de
matériels divers pour la culture et le traitement de la canne à sucre. La société est dissoute en 1868; Edmond fit
faillite en 1879, cédant tous ses biens à ses créanciers. Il s'installa alors à Versailles
Amélie Mourgue (24/6/1810 Ronval-15/7/1844 Paris) morte célibataire. Elle avait pour parrain Jules Mourgue,
et pour marraine Mme Médard.
Frédéric Mourgue (12/7/1812 Ronval-21/12/1885 Paris)avait pour parrain M Médard et pour marraine Mme de
Richemont. Il fit son éducation tant en Picardie qu’à Paris et à Caen chez un pasteur protestant, tira à la
conscription à Périgueux, et fut réformé. Sa santé délicate ne lui permit pas de se destiner à une vie de cabinet, et
il se dirigea vers l’industrie, qu’il aimait en outre .Il dirige une sucrerie de betteraves à Franvilliers dans la
Somme, puis s'intéresse avec son frère Edmond à une sucrerie à Cuba. Il est décédé célibataire.
enfin Elisabeth Mourgue (dite Elise née le 23/12/1820 à Doullens et décédée le 29/12/1902 à Mehun/Yèvre),
eut pour parrain Benjamin Morel, et pour marraine Mme Théodore Davillier. Elle a fait son instruction au sein de
sa famille à Rouval, sous les soins d'une institutrice dévouée: miss Mac Kensie; à partir de 1830, elle suit sa
famille dans les différentes préfectures occupées par son père : Saint-Etienne, Périgueux, Limoges et Gap. Elle a
laissé son journal de jeune fille où elle raconte son émotion lors de la manifestation d'hostilité faite à l'entrée de
son père dans sa nouvelle préfecture de Limoges, et ses voyages touristiques dans les Hautes-Alpes et le Midi de
la France;
Elle fait son instruction religieuse à Lyon, fait un séjour près de son frère à Chalons sur Saône, et rejoint son père
quand il est nommé en 1840 à Paris. Elle avait de ravissants yeux bleus porcelaine dont, paraît-il, le tableau qui la
représente avec des "anglaises" donne une parfaite idée. Elle doit évidemment "sortir" dans la société protestante
de Paris, et c'est là qu'elle rencontre Charles Pillivuyt, qu'elle épousera le 14/8/1848.
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