L A PAROLE AUX USAGERS - 2 - - CREAI Ile-de

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L A PAROLE AUX USAGERS - 2 - - CREAI Ile-de
SCHEMA SECONDE GENERATION D’ORGANISATION SOCIALE ET MEDICO-SOCIALE
DU DEPARTEMENT DES YVELINES
Volet Enfance et famille
LA PAROLE AUX USAGERS- 2-
ENQUETE
AUPRES DES PARENTS D
DES
’ENFANTS
PLACES
YVELINES
Etude commanditée par le Conseil Général des Yvelines
Avec la collaboration des associations médico-sociales des Yvelines
Jean-Yves BARREYRE, Carole PEINTRE, Patricia FIACRE
Avec la participation des étudiants du séminaire « Classification et Exclusion »
Sciences de l’Education, Université de Paris X Nanterre
SEPTEMBRE 2002
Délégation régionale ANCREAI Ile de France
CREAI Rhône Alpes
S O M M A I R E
INTRODUCTION ............................................................................................................. 3
I - CARACTERISTIQUES DES FAMILLES RENCONTREES ................................................ 4
II - L’INTERLOCUTEUR PRIVILEGIE ............................................................................. 7
III - LE ROLE DU REFERENT ......................................................................................... 7
IV - LES MODES DE COMMUNICATION ......................................................................... 8
V - LE CLIMAT DES ECHANGES ..................................................................................... 9
VI - LA SATISFACTION DES SERVICES RENDUS ........................................................... 10
VI. 1°- PRENDRE SOIN .................................................................. 10
VI.2°- RECONNAITRE ET COMMUNIQUER ................................... 18
VI.3°- FORMER ET EDUQUER ....................................................... 20
VI.4°- S’EXPRIMER ....................................................................... 21
VI.5°- L’EVOLUTION DE LA SITUATION ....................................... 22
1°- L’avis des parents
2°- Les améliorations attendues
VII –CONCLUSIONS - LA « PROTECTION » DES ENFANTS PLACES ........................... 28
ANNEXE I ................................................................................................................. 30
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
2
INTRODUCTION
Dans le cadre du volet enfance – famille du schéma de deuxième génération (2003 – 2007) du
département des Yvelines, le Conseil Général a souhaité connaître l’avis des parents d’enfants
placés sur les dispositifs et services mis en place au bénéfice de leur(s) enfants et de leur
famille.
Pour informer les parents d’enfants placés de l’enquête à venir, nous avons transmis à chacun
d’eux, via l’établissement accueillant leur(s) enfant(s), un courrier explicatif identique
précisant les raisons, les objectifs et le déroulement de l’enquête.
La participation à l’enquête était volontaire et facultative, et tout premier contact après accord
de la famille devait s’effectuer via l’établissement d’accueil, ceci afin de respecter le strict
anonymat des familles avant l’enquête et permettre aux parents de demander toute
information supplémentaire aux professionnels avec lesquels ils étaient en contact. Ce n’est
qu’après ce contact et avec l’accord explicite des parents que les rendez-vous ont été
organisés par le prestataire, à l’heure et au lieu choisis par les enquêtés.
Pour ce volet, les rencontres se sont effectuées le plus souvent au domicile des parents. Les
enquêteurs étaient étudiants en sciences de l’éducation, préparés et encadrés par le prestataire,
enseignant par ailleurs à l’université de Paris X Nanterre. Certains entretiens ont été effectués
par une conseillère technique de la délégation ANCREAI Ile de France, sociologue.
Ce cadre familier, la présentation des objectifs de l’enquête et de la qualité des enquêteurs
sans lien aucun avec les dispositifs de prise en charge, ont eu pour effet de rassurer les parents
quant à la fonction et l’intérêt pour eux-mêmes de l’enquête.
Tous ont d’ailleurs souligné la pertinence d’une telle consultation et souhaitent qu’elle se
renouvelle régulièrement. Certains parents ont demandé explicitement à être destinataires des
résultats de l’enquête.
Cependant, la représentativité de l’échantillon est obérée par la procédure nécessaire de
contact avec les familles qui est passée par les chefs d’établissement. Ceux-ci ont donc pu
opérer un premier tri en fonction de critères propres, dont leur propre appréciation des
capacités à (et des volontés de) s’exprimer sur la question au moment de l’enquête.
Certains parents (une minorité) sont membres d’un conseil d’établissement ; l’un est président
d’un conseil. Enfin, certains parents (8), qui avaient accepté dans un premier temps de nous
recevoir, ont refusé au moment de l’entretien.
D’autre part, la nouveauté de la procédure d’enquête ne s’inscrit pas dans une culture
institutionnelle qui permettrait aux bénéficiaires de s’approprier la démarche, de considérer
ces formes de consultation comme un droit dissocié de la mesure administrative ou judiciaire
et donc de se former à ce type de communication. Nous joignons en annexe les conditions à
notre sens nécessaire aux diverses formes de consultation, conditions qui ont été proposées
comme amendement au projet de décret d’application de la loi de janvier 2002 concernant les
formes de participation des usagers.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
3
L’étude, centrée sur la question du respect de l’autorité parentale, interroge les parents à partir
de quatre entrées :
-
l’accès aux droits (information, compréhension, effectivité)
leurs attentes
l’association aux projets concernant leur enfant
la satisfaction des services rendus
D’autres aspects du placement ont été abordés par les parents lors des entretiens ; nous en
avons tenu compte dans la mesure où ils renseignaient ces quatre entrées. Nous joignons en
annexe le témoignage d’un retrait d’enfants en urgence dans la mesure où il illustre les
nombreux débats du groupe de travail consacré à ce thème ( cf. annexes : « On est qui,
nous ? »).
I - CARACTERISTIQUES DES FAMILLES RENCONTREES
Nous avons rencontré en mai et juin 2002 19 familles représentant 40 enfants placés 1. Nos 23
interlocuteurs se répartissaient en 9 pères, 8 mères, 1 sœur, 1 frère, 3 grands-mères, 1 grandpère
Pour les 2/3 des situations, il s’agit d’une ordonnance de placement provisoire décidé par le
juge et pour ces 13 situations, 2 seulement déclarent avoir donner un accord écrit, alors que
pour les quatre placements administratifs, deux font suite à une demande d’un des parents,
l’un fait l’objet d’un accord écrit.
Un enfant sur deux placés de notre échantillon a 14 ans et plus, la moyenne d’âge est de 12, 4
ans. Les familles ont de 1 à 5 enfants placés.
Ce sont un peu plus souvent les pères qui nous ont reçu et dans 14 situations sur 19, un seul
parent était présent. Certains pères, d’origine étrangère, avaient quelques difficultés à
s’exprimer. Trois parents souffraient de troubles psychiques.
Enfin, les durées du placement des enfants au moment de l’enquête variaient de 3 semaines à
13 ans réparties ainsi :
Moins de 3 mois :
2
3 mois – 1 an :
6
1 an – 2 ans :
5
+ de 2 ans :
15
L’ensemble de ces caractéristiques participe à construire deux sous-ensembles cohérents du
point de vue de l’objet de l’enquête (« la consultation des parents à propos de la qualité des
services rendus par l’organisme d’accueil») en fonction de la plus ou moins grande capacité
pour les parents à négocier le type de relations, d’échanges et de communication qu’ils
entretiennent avec la structure d’accueil.
Ainsi, la situation familiale, la capacité d’expression, le type de mesure, la plus ou moins
grande actualité de la décision, les conditions du placement, les difficultés sociales, familiales
1
39 enfants placés et 1 jeune majeur placé pendant 8 ans et bénéficiant d’un contrat jeune majeur
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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et psychiques, permettent ou entravent le processus2 de concertation négociée entre
l’établissement ou le service et les parents.
Moins la concertation est réalisée et plus les parents confondent la mesure prise par une
autorité et le mode de relations dans lequel ils sont pris plus qu’il ne le maîtrise.
L’émotionnel, l’affectif, mais aussi les sentiments de culpabilité ou de justification
prédominent dans le discours des parents qui répondent plus d’une attitude personnelle
comme parent mis en cause que comme parents bénéficiaires d’un service de protection de
l’enfance. Ils défendent alors leur attitude qu’ils estiment légitime ( « c’est normal que je
réagisse comme cela ») ou irréprochable (« tout va bien », « tout est impeccable », « il n'y a
rien à dire »),.
Plus les parents ont pris le temps de (et la distance pour) se positionner comme parents
responsables, possesseur d’une autorité parentale soutenue par un établissement d’accueil, et
plus ils développent un libre arbitre dans les opinions qu’ils exposent et argumentent à propos
du mode de prise en charge concertée de leur(s) enfant(s).
Cette réalité nous est apparue si redondante dans les entretiens qu’il nous semble nécessaire
de souligner que l’effectivité de ce travail parental de distanciation entre la mesure prise et le
rôle de parent est déterminante des réponses. La distanciation influence de manière
significative voire quasiment systématique le point de vue des parents.
Or, de multiples facteurs participent à faciliter ou faire obstacle à ce travail parental.
La perception du rôle du référent et la relation établie avec lui (les modes de
communication et le climat des échanges) mais aussi la satisfaction des services rendus (en
matière d’hébergement, de nourriture, de santé, de protection et de sécurité), la relation entre
parents et enfants (reconnaître et communiquer) et enfin le constat de « l’épanouissement »
des enfants (former et éduquer, s’exprimer) participent à la distanciation parentale. C’est la
déclinaison de ces différents facteurs qui organise le plan d’exposition de ce rapport.
2
La concertation négociée est effectivement un processus qui se construit dans le temps, qui n’est pas linéaire, ni
« plat », ni stable. Parfois la concertation est impossible en début de placement mais devient réalisable et de
bonne qualité au fur et à mesure du temps. Parfois elle est possible au début mais se détériore au premier conflit
ou lorsque l’interlocuteur change. Parfois, elle est fluctuante, tour à tour aisée puis complexe.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
5
Statut
Mesure
Accord
1
2
3
père
mère
mère
4
Père + soeur placement administratif
5
6
7
8
Grand-mère
Père
père
Père
Placement administratif
OPP justice
OPP justice
OPP justice
9
mère
Placement administratif
10
OPP justice
OPP justice
12
13
14
15
16
17
18
19
père
Grand-père
grand-mère
Mère et père3
père
mère
Grand-mère
Père
Mère
Mère
Mère + frère
Non opposition
Accord écrit
Pas d’accord
Demande de la famille
et accord écrit
Ne se souvient pas
Ne pense pas
Pas d’accord
Pas d’accord
Demande de la mère
et accord écrit
Accord écrit
Total
23
OPP justice
Placement administratif
Placement administratif
OPP justice
OPP justice
Placement administratif
OPP justice ( en 2 fois)
OPP justice
6 plac. Administratifs
13 OPP justice
11
3
OPP justice
OPP justice
OPP justice
Nbre
enfants
placés
1
16
1
16
1
15
Age(s)
Durée du placement
3 mois
18 mois
8 mois
1
15
8 mois
2
3
1
1
16 et 16
15, 11 et 9 ans
10
17 ans
+ de 6 ans
18 mois
14 mois
13 ans
1
16 ans
6 ans
3
18, 14, 9 ans
18 mois
Pas d’accord écrit
2
12 et 8 ans
18 mois et 7 ans
Pas d’accord écrit
Demande du père
Accords écrits
Ne sait pas
Pas d’accord
Accord écrit
Pas d’accord
Pas d’accord
5
2
3
1
4
1
4
3
16,12,10,8 et 4 ans
11 et 6 ans
14, 11 et 9 ans
9 ans
18, 16, 15 et 14
6 ans
13, 10, 4 et 4 ans
19, 18 et 17 ans
6 accords écrits
3 demandes famille
8 « pas d’accord »
40
Âge moyen : 12,4
12 ans pour 1, 6 mois pour 4
2 ans et ½
6 ans (1er) et 2 ans
6 ans
10 ans
3 semaines
7ans (2 premiers)et 4 ans (2)
8 ans
Moins de 3 mois : 2
3 mois – 1 an :
6
1 an – 2 ans :
5
+ de 2 ans :
15
Père de 3 des enfants, beau-père pour le plus grand
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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II - L’INTERLOCUTEUR PRIVILEGIE :
Le ou la professionnel(le) réfèrent(e) A.S.E. est cité(e) et apparaît comme interlocuteur
principal dans les 2/3 des situations rencontrées (11 situations sur 16). Pour quatre parents, le
terme n’est pas compris ou « n’est pas parlant 4». Pour deux autres parents, il nécessite une
explication.
Les autres interlocuteurs cités sont les directeurs (« le chef de centre » ou les éducateurs
(trices).
III - LE ROLE DU REFERENT
Les parents repèrent quatre fonctions dans le rôle du référent comme interlocuteur privilégié :
4
-
Pour les parents, le référent est d’abord un médiateur entre les différents
acteurs de la situation familiale actuelle : « Il est médiateur entre les
parents, le juge et les enfants. », « Elle est l’interface entre le centre de
placement et la mère » ; « elle fait le lien avec le foyer et avec le juge » ;
« Il gère les relations entre la mère, l’enfant et l’institution ». « Elle sert
d’intermédiaire, d’interface, entre l’institution ASE, le père et les enfants ».
Mme G. est en contact avec la famille d’accueil. « C’est ce qu’on appelle le
relais. » ; « elle fait le tampon entre le juge, le père et puis le service » :
« C’est le point central qui rayonne ». Cependant, parfois, la famille
« préfère aller voir par (elle-même) que d’attendre que la référente leur
dise ce qui se passe »
-
C’est aussi un médiateur entre les parents et les enfants : « C’est un
intermédiaire de communication entre les parents et les enfants ». « Il faut
déjà savoir comment ma fille elle vit » ; « c’est comme une sorte de
réconciliation pour ramener les enfants à la maison ».
-
Le référent a aussi une fonction d’organisation et des tâches bien repérées
par les parents : « Elle aide dans les démarches et s’assure du bon
fonctionnement au centre. Elle s’occupe de l’organisation des vacances »,
« Chercher les placements surtout ». « Elle organise les vacances de
l’enfant, les hébergements chez les grands-parents et visites des parents » ;
« c’est lui qui s’occupe de moi pour mes papiers, pour faire des choses
quand ça va pas le moral (…) il a fait le nécessaire pour que j’aie une aide
ménagère » ;« C’est Mme R qui s’est occupée de trouver les foyers et la
famille d’accueil … Elle est d’ailleurs intervenue ponctuellement pour
aider le père à trouver un appartement, afin qu’il vive dans de meilleures
conditions pour, éventuellement, accueillir ses enfants plus tard.» ; « Elle
organise des réunions mensuelles de concertation autour de la situation de
l’enfant. Elle organise les changements, pour les modifications dans les
dates de visites par exemple » ; « Lorsque le père veut faire quelque chose
avec les enfants (Monsieur parle de tous les enfants à chaque fois), il le
contacte » ; « c’est les vêtements, le coiffeur, le juge… » Démarches
administratives, mais monsieur n’en sait pas plus « elle fait tout ».
Les citations entre guillemets et en italique sont celles des parents. Les citations entre guillemets simplement
sont une synthèse des propos des parents par les enquêteurs.
-
Le référent a de plus parfois un rôle éducatif : « Elle encadre H. ». « C’est
vrai qu’elle le suit beaucoup. Psychologiquement aussi » ; « Superviser les
enfants, voir chez moi » ; « Elle veille à ce que l’enfant se sente bien et
s’épanouisse » ; « Il tient Mme au courant des évolutions de l’enfant. Il
l’informe, la conseille dans les démarches. Il accompagne l’enfant »
. « Mme R. surveille les devoirs, fait le planning de visite » : « surveiller si
ça va à l’école ». Un autre référent « va voir de temps en temps (ma fille) à
l’école, si elle n’a pas de problème, j’ai rien à dire, je suis tombé sur des
gens bien ».
Intermédiaire, médiateur, organisateur, éducateur, le référent est pour les parents un
des supports de la situation. Mais là encore, plus les parents sont assurés et rassurés
dans leurs rôles parentaux et plus ils limitent le rôle du référent à une fonction
transitoire. « On en a besoin dans cette situation » pourraient-ils dire. Moins les
parents sont à même ou s’autorisent à assumer leurs rôles et plus ils « globalisent » le
rôle du référent « elle fait tout », « superviser les enfants, voir chez moi ».
IV - LES MODES DE COMMUNICATION
En ce qui concerne les référents ASE, la règle générale est une rencontre par trimestre, ou
plus si un problème quelconque survient. Les contacts téléphoniques servent aux échanges
d’informations, au traitement de questions mineures. Certains référents négocient un rendezvous téléphonique tous les quinze jours. En général, les familles n’ont pas de difficulté à
joindre les référents.
-
-
« On se parle par téléphone ou à défaut sur rendez-vous. Des fois, je me
déplace, des fois je l’appelle. C’est possible qu’on se voie souvent. Des
fois, des choses qui ne me plaisent pas, je peux aller les dire au directeur »
« Elle vient chez moi de temps en temps. On se rencontre souvent »
Une rencontre est organisée « quand vraiment il y a quelque chose qui ne va pas. Sinon, c’est
une réunion tous les trimestres normalement ». « Le contact par téléphone, c’est plus pour
prendre rendez-vous ».
Ou bien encore, le référent se déplace à domicile« quand il y a une situation particulière, par
exemple pour venir me chercher pour aller voir (mon fils) ». « Je vais le voir quand on a
rendez-vous ». « Il m’appelle environ toutes les semaines ou quinze jours pour prendre des
nouvelles ou quand il doit me joindre pour quelque chose de précis » « Je l’appelle pour
avoir un RDV ou pour avoir des informations ou alors quand j’ai quelque chose à lui
demander ou encore pour un problème particulier, pour lui dire que je veux voir les enfants,
pour lui demander l’autorisation ».
Le téléphone portable améliore sans doute la rapidité des contacts avec les parents : « Je vois
son éducateur direct qui s’occupe de lui spécialement…il a mon numéro personnel, mon
portable. Il m’appelle quand il a besoin de savoir où je suis, savoir pour les vacances, parce
que mon travail, les horaires, c’est pas fixe » « Des fois, c’est pour faire un bilan » « ils
m’expliquent clairement. Bon, mon fils est content, il est impeccable » « Quand il y a une
décision pour les vacances, je suis averti. Si je suis d’accord, je demande à K. s’il veut y
aller, c’est la moindre des choses »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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V - LE CLIMAT DES ECHANGES
Décrire les échanges, c’est transmettre de l’information sur la manière dont est vécue la
situation de placement, c’est, dans le mode discursif, donner une place à l’autre (le référent) et
à soi-même. C’est définir l’état des relations entre parents et institution dans une situation
contrainte, des rencontres certes souvent concertées, mais « obligées » par la mesure décidée.
La qualification du référent ou de la relation, souvent sous un mode affectuel, se réfère
d’abord au registre de l’ouverture/fermeture qui permet ou non l’accessibilité à l’autre.
Ainsi, le ou la référent(e) est le plus souvent « ouvert » et « accessible » : .
-
-
« On parle bien, il est très disponible (…) Il est sympa, vraiment », « elle
est facilement accessible », « Elle est très gentille… » ; , « c’est une
demoiselle très sympa, très charmante, très sympa avec les enfants »
« c’est une femme remarquable, oui oui, une maître-femme, mais
remarquable. Et qui sait écouter ! Et qui sait écouter ! »
« On a un dialogue très ouvert, on parle beaucoup. Je pense que dans
l’intérêt de l’enfant, c’est important de se dire certaines choses »
Mais parfois (dans quatre situations), des parents estiment au contraire qu’il faut se tenir à
distance, voire se défendre du référent :
-
-
« On est comme chien et chat mais bon ». « Quand on vous dit qu’on place
les enfants pour s’en débarrasser, ça fait pas toujours plaisir. » ; « faut
éviter les services sociaux qui interviennent dans la famille… après ils vous
lâchent plus »
« C’est-à-dire j’étais un peu agressive avec le directeur, je ne voulais pas
que mes enfants partent. Le directeur, il a trop rien dit, il m’a dit vous
savez, je ne suis pas méchant, je ne veux pas de mal à vos enfants, puis
après je me suis faite dans la tête, je me suis dit après tout (..) Mais, j’ai eu
les gendarmes, ils sont venus, la Brigade des mineurs (…)parce que je les
avais repris, alors que j’avais pas le droit(…) Ouais mais ils ne m’ont rien
dit, …l’instinct d’une mère, ils comprennent. »
Parler des relations avec les référents c’est dire ce qui a été négocié dans l’échange, repérer ce
qui est objet de discussion : « Des fois, des choses qui ne me plaisent pas, je peux aller les
dire au directeur »; « Moi je leur dis toujours que je suis à leur disposition et puis eux aussi.
On n’a pas besoin d’avoir des problèmes pour les contacter, si j’ai une question, ils sont
toujours…là. Sauf le week-end » « Même moi, j’avais mon mot à dire…c’est vrai qu’elle a fait
très attention…je peux demander à la voir et vice et versa ».
Certains parents soulignent qu’il s’agit d’une relation ordinaire où les deux interlocuteurs
échangent au même niveau d’un sujet commun : « on parle des mêmes questions que vous
posez » ; « Ben, je lui parle comme si c’était vous, donc sans problème sans gêne, ben oui
excusez--moi mais c’est comme si c’était vous. ».
Ce préalable de l’ouverture/fermeture dans ce qui est négociable introduit un second registre
de la relation : ce qui est tu, « caché » et ce qui est « mis à découvert », échangé. Ces deux
registres établissent ou font obstacle à la relation de confiance :
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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- « On parle de tout, ce que les enfants réclament, ce qui ne va pas, surtout de leur vie
quoi. » ; « Par rapport à (mon enfant), je trouve, on ne se cache rien par rapport au foyer.
Eux non plus, parce que beaucoup les baratinent, et on n'est pas l’un contre l’autre, on fait
bloc ensemble pour aider » ; « et je n’ai rien à cacher, rien à cacher. »
Par contre, un père dit ne pas solliciter la référente parce qu’il craint de se faire « cataloguer ».
Demander de l’aide, c’est selon lui, confirmer qu’il est un mauvais parent :
-
« Elle parle surtout à ma femme…parce qu’excusez-moi dans quel état je
me trouve. Elle parle de moi. Ou elle demande à ma femme « qu’est ce-que
vous faites le matin, madame X ? Est-ce que vous faites le lit, le ménage, le
repas des enfants ? » « Le terme qui m’a le plus frappé, c’est : « Monsieur
X, je suis là pour les enfants. »…Mais les parents existent ! »
Les deux registres de la relation, celui de l’accessibilité (l’ouverture/fermeture) et celui de
l’échange (du caché/montré) qui sont à l’œuvre dans les interactions entre les référents et les
parents participent à construire une place pour les parents, dans la situation de placement :
- « C’est bien, j’ai quand même ma place, je suis la mère, je suis au courant, c’est pas
parce que je les ai pas (mes enfants) qu’il faut me mettre à l’écart »
VI - LA SATISFACTION DES SERVICES RENDUS
VI. 1°- PRENDRE SOIN
1°- L’hébergement
Sur la qualité de l’hébergement, la plupart des familles sont satisfaites. Elles insistent
quasiment toutes sur la proximité de leur propre résidence et soulignent leur satisfaction
lorsqu’elles ont participé au choix de l’établissement. La recherche personnelle d’un lieu par
les parents seuls est exceptionnelle (cf. annexe 2). Le choix des parents n’est pas toujours
possible du fait de l’offre d’hébergement, de la problématique de l’enfant ou de la fratrie.
Le plus souvent, les parents sont satisfaits de l’hébergement de leur(s) enfant(s) :
Ce qui est apprécié ou évalué, c’est d’abord le lieu : « Le lieu de placement est bien, le cadre
de vie est superbe, spacieux. C’est bien aménagé. Il n’est pas trop loin. » ; « c’est une belle
maison, elle est très bien, c’est comme si elle vivait à la maison ; « À mon avis c’est un trois
étoiles. Non mais écoute pour un foyer c’est un trois étoiles. » ; « Non et puis ça peut pas être
mieux. Vous avez votre fille qui est au coin de la rue là, vous avez l’autre qui est là et vous
avez l’autre qui est là. Attendez c’est pas fini. A, il va au collège. Il traverse la rue il est au
collège ! (…) Et il retrouve ses amis de primaire, donc il est vraiment dans son cadre. Ca
pouvait pas être plus favorable. »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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-
C’est ensuite l’installation de l’enfant, son environnement immédiat :
o « C'est bien, il a une chambre individuelle » ; « c’est leur lieu d’intimité, ils ont
droit de mettre des posters sur les murs, ils ont même un casier pour mettre leurs
objets personnels »
o « ce que j’aime bien ici, c’est que les enfants se retrouvent dans un cocon
familial…Ils ont quand même le respect des parents »
o « Ils sont quatre dans la chambre, avec des lits gigognes, avec douche, oui une
magnifique douche, cabinet de toilette tout neuf. Il y a même de l’eau chaude
(rire). Non mais c’est vrai, on parle de foyer… »
o « Ils ont un petit jardin dehors. On l’a vu encore ce matin. Un beau petit jardin,
ils ont des tables de ping-pong, ils ont un baby-foot, non mais ils sont 22 donc ils
sont bien. » ; « Il y a un bon environnement. Le cadre est agréable. Les travaux
dans les locaux améliorent les conditions de vie » ; « il est difficile de trouver
mieux : 4 hectares de terrain, une abbaye en campagne ».
Ils sont d’autant plus satisfaits qu’ils ont pu donner leur avis sur le lieu :
-
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-
La mère voulait qu'il soit dans un établissement ailleurs qu'aux Mureaux et
est satisfaite du lieu de placement. On lui a proposé Buc et elle était
d'accord.
La mère n’aurait pas accepté un placement qui serait loin. « Je n’ai pas eu
de propositions autre que ce genre de placement. Je donne mon avis parce
que je suis la maman mais je tiens compte aussi de l’avis de mon fils. ».
La famille l’a choisi car c’est le plus proche. La famille a visité différents
établissements avant de choisir. Le choix de cet internat est essentiellement
lié à des critères de proximité géographique..
La mère trouve que ce lieu de placement est très bien.. Géographiquement,
Mme n’a rien à dire, elle n’avait pas de préférence et ne souhaite pas de
changement de lieu de placement pour son fils même s’il y a 1 heure de
transport
Le foyer a été choisi par l’enfant. Il a succédé à un autre établissement où le
jeune n’est resté que trois jours car il ne lui convenait pas – à lui et à son
père qui trouvait l’encadrement trop léger-. Leur avis a été pris en compte
par le référent ASE de l’époque et par le directeur du centre que devait
quitter l’enfant ( il était trop âgé pour y rester). Il a donc eu la possibilité de
changer et de choisir le lieu de son placement. :
L’enfant réside dans un bon foyer. Le père déclare qu’il n’y a rien à
reprocher au foyer ; il estime qu’il n’y a pas de problème d’un point de vue
géographique : il précise que ce n’est pas trop loin pour lui. Il n’avait pas
de préférence auparavant.
La mère n’avait pas de préférence a priori car elle était ignorante du
fonctionnement de ces organismes. Elle est très contente de la famille
d’accueil. Son avis est pris en compte. Le dialogue est très ouvert.
« Le lieu de placement est très bien. C’est pratique géographiquement, ma
préférence étant que ce soit le plus près de chez moi »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Mais cela n’est pas toujours possible :
-
-
Un père a le sentiment de ne pas bénéficier de la meilleure position pour
dire "où il faut la mettre" car c'est la première fois qu'il vit cette situation.
Géographiquement il n’y a pas de problème. Mais un autre père aurait
préféré une structure plus familiale car selon lui son fils a besoin d’une
attention particulière.
« je n’ai pas eu le choix pour la famille d’accueil, il n’y avait pas le choix
pour que la fratrie soit réunie »
Pour une mère ce n’est pas un mauvais établissement car son enfant s’en est
sorti grâce à cette structure. Elle précise qu’on ne lui a pas demandé son
avis pour le lieu de placement. C’est une décision imposée car c’était le
seul établissement où l’enfant « pouvait s’en sortir. Le lieu n’est pas
désagréable. Les enfants sont bien car ils ne se plaignent pas. De plus, c’est
proche de la gare ».
Le troisième aspect de l’hébergement, analysé par une mère et son fils majeur est l’espace
réservé aux parents, notamment en ce qui concerne l’intimité possible dans la rencontre sur
le lieu de placement entre les parents et les enfants :
- « pour les familles, il y a un endroit exprès, on se retrouve souvent dans le réfectoire
où mangent les éducateurs, c’est la salle de réunion des éducateurs en fait (…) (le fils
majeur) : Y-a pas d’échange entre les parents, et même au contraire, il y a un problème au
niveau des parents, quand ma mère va voir mes frères, mes frères n’aiment pas être avec
d’autres parents ou quoi, ils aiment avoir de l’intimité, c’est ça le problème là-bas il n’y a
pas d’intimité. Que tout le monde se regroupe dans la même salle, ça fait un peu dépotoir, y’a
pas vraiment d’intimité en fait, et c’est vrai la directrice essaie d’alterner avec le mercredi,
pour qu’il y ait moins de monde en moins de temps, qu’il y ait plus d’intimité »
Parfois (2 situations) l’insatisfaction de l’hébergement est explicitement liée au refus du
placement :
-
Les premiers placements (en famille d’accueil très éloignée) ne lui
plaisaient pas. La mère explique « qu’elle n’a pas osé dire non »
Pour les parents, l’enfant n’est pas contente d’être là-bas, elle préférerait
être ici, avec ses parents. Lors des rencontres, l’enfant est accompagnée
donc « on peut pas se dire grand chose » et les parents ont l’impression
d’être surveillé. « … je préférerais qu’il soit dans une famille pour mieux
comprendre les besoins de l’enfant … il est très influençable et sensible…
et puis c’est le plus petit du groupe »
2°- La nourriture
Pour les parents, la nourriture « c’est important ». La grande majorité le souligne
explicitement. C’est l’enfant qui informe les parents de ce qu’il mange et pour ces derniers, il
importe que l’établissement ou la famille d’accueil tienne compte des particularités
alimentaires ou des précautions diététiques. La nourriture participe pleinement du « prendre
soin » pour les parents « c’est très important » dit un père « car je veux savoir ce qu’ils font,
je m’intéresse à leur façon de vivre, donc de manger »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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« Il peut manger de tout, c'est un self, bien organisé. Il peut se servir en
plus s'il a besoin. » Il n'a pas de contre-indications alimentaires somatiques
ou religieuses. Il a le choix. Le lieu de placement fait attention à
l'alimentation et c'est important pour la mère qui est soucieuse de la bonne
santé de son fils.
Le fils a un bon appétit et n’est pas difficile, il parle de la nourriture à son
père. Pour le père c’est important dans le sens où cela l’est pour son fils. Il
est capable d’énumérer globalement ce que son fils mange (légumes verts,
féculents, viandes…).
« Elle mange très bien, elle dévore (…) ils sont variés aussi, parce que
chaque fois c’est différent, elle se régale ».
Il n’y a en principe aucune restriction au point de vue de la nourriture mais
il faut tout de même faire attention à la graisse car le fils a tendance à
l’embonpoint. Le lieu de placement fait attention à ce genre de chose à la
demande des parents
C’est l’enfant qui informe sa mère de ce qu’il mange. Elle est satisfaite des
prestations du foyer dans ce domaine. La nourriture est variée. Le foyer
tient compte des habitudes alimentaires des pensionnaires. Cependant
l’enfant préfère la cuisine de maman !!
Le père dit que l’institution est à l’écoute. Concernant l’interdit alimentaire
il indique que sa parole a bien été prise en compte. Il dit également que
c’est très important de savoir ce que mange son fils pour des raisons de
santé
L’enfant mange bien, il se porte bien. C’est l’enfant qui lui parle de ce qu’il
mange ce qui lui permet d’aligner son comportement à celui de la famille
d’accueil. Celle-ci est attentive aux difficultés de l’enfant sur par exemple
la consommation de jus de fruits qui le rendent malade.
Le père a plus d’informations au sein du conseil de vie sociale (dont il est
président) : les jeunes se plaignent ainsi de la qualité de certains repas mais
les parents ne sont pas associés à ces difficultés. Les menus sont affichés
dans l’établissement mais difficilement visibles pour les parents
Le père ne sait pas ce que sa fille mange mais dit que "ça serait très
important de savoir". Il sait cependant qu'elle ne mange pas les produits
africains qu'elle aime : feuilles de manioc, semoule
Ce sont les enfants qui lui parlent de ce qu’ils mangent . C’est visiblement
important pour le père de le savoir. D’ailleurs ses enfants n’aiment pas le
lait donc il a prévenu le foyer de ne pas les forcer à en boire. Mais il ne sait
pas si le foyer y a fait attention.
Dans une situation, la mère participe, à son niveau, à la nourriture de ses enfants, tout en
faisant confiance à la nourrice. Cet exemple montre combien le fait de nourrir l’enfant est
important pour les parents :
-
« Apparemment elles sont bien nourries (…) pour les petites, je demande ce
qu’elles ont mangé, ou je demande à la nourrice quand je n’arrive pas à
savoir, ou bien c’est la nourrice qui me le dit. Quand elles viennent le jeudi
ici, (dans le lieu de rencontre de l’association) moi je fournis le 4 heures,
c’est mon plaisir à moi, j’achète des gâteaux, et elles ont leur 4 heures ici
et quand elles repartent, la nourrice me dit ce qu’elles mangent. Comme
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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elle sait qu’elles viennent là et qu’elles ont leur 4 heures donc elle ne leur
donne pas trop le soir, elle ne les force pas, car elle sait que sorties d’ici
elles ne mangeront pas. Des gâteaux, j’amène des sucettes, j’amène
toujours quelque chose, il y a l’autre jour une des jumelles qui m’a
demandé des cerises, je lui ai amené des cerises, j’amène ce qu’elles
veulent. J’achète des glaces, des yaourts, oh il y a à manger dans la
maison, elles ne sont pas, elles ont leur chambre, elles ont leurs jouets. J’ai
une de mes jumelles, au début, les haricots verts passaient pas, moi j’en
fais pas d’haricots verts à la maison, maintenant elle commence à en
manger, et pis la nourrice ne veut pas les forcer, quand elles n’aiment pas,
elles n’aiment pas, ça je fais confiance à la nourrice »
Parfois, le mode alimentaire du lieu de placement influe sur « ce qu’on mange à la
maison » :
-
« Une fois que mes enfants étaient à la maison, le grand m’a dit « papa, on
ne mange pas équilibré (à la maison) ». Ca m’a touché, je lui ai dit
« montre-moi comment il faut manger équilibré, comme ça, je saurais quoi
faire »
-
« Ca a été le drame. Parce que mon mari dirait que je l’ai habitué à
manger que ce qu’il voulait. Il est difficile pour la nourriture, donc, la-bas
c’est très diététique, on mange beaucoup de légumes. Il n’aime pas ça sauf
les épinards et les carottes les petits pois. Bon il n’aime pas les crudités et
donc la-bas c’est crudités légumes, légumes crudités et puis quand ils font
un plat spécial, il dit « ben même les épinards, je sais pas comment ils les
font, c’est pas comme ici chez toi, c’est pas pareil , bizarres les épinards ».
Bon c’était un gros problème. Mais là on a reposé la question, là ce matin
et ils ont dit : « oui ça s’arrange, il fait des efforts ». »
La nourriture peut parfois servir d’ « étalon » pour mesurer la qualité du service, à un temps T
et T’
- « C’est (mon fils) qui me dit ce qu’il mange et comment ça se passe à la
cantine. Au début de l’année scolaire, au niveau de la nourriture, ils
avaient la quantité et la qualité. Là, il commence à avoir un peu marre des
omelettes par exemple. Il n’aime pas les omelettes. Il me dit que là ils ont
toujours la quantité mais plus vraiment la qualité
- « C’est trop huileux ».
Elle peut être un indicateur de ce que les parents se permettent de dire ou pas à
l’établissement, en fonction du degré de confiance qui s’est instauré ou pas :
- « Il y a un cuisinier qui fait des menus pas toujours adaptés pour des
enfants. » La mère ne l’a pas dit au cuisinier.
Enfin, l’avis sur la nourriture peut participer d’une manifestation plus générale du refus du
placement (deux situations) :
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Pour le père, l’alimentation du foyer ne convient pas à l’enfant, car celui ci
était habitué à la nourriture asiatique. C’est d’ailleurs l’enfant qui informe
son père de son régime alimentaire. Mais (son enfant) n’a « aucun
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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problème de ce point de vue », c’est pourquoi Mr n’attache pas une grande
importance à cela.
-
« le garçon mange et quand il y a des choses qu’il n’aime pas, ils (les
éducateurs) le forcent… ça, c’est une chose que j’aime pas. De ce coté là,
c’est pas génial… mes filles ont perdu beaucoup de kilos… ici, je leur
donne à manger… s’il n’y a pas assez, je re-prépare… mais là-bas… le
menu est prévu… elles ne mangent pas ce qu’elles aiment »
3°- La santé
Le plus souvent, c’est « le médecin » ou « l’infirmière » du foyer qui s’occupe de la santé de
l’enfant et qui s’en occupe, selon les parents, plutôt bien. Les parents sont parfois prévenus
des maladies ou des accidents de leur(s) enfant(s), mais pas toujours. Enfin, un « passage à
l’acte » d’un établissement, tel qu’il est énoncé par une mère, paraît pour le moins étonnant.
Tout d’abord donc, le lieu d’accueil « prend soin » de la santé de l’enfant, même si les
parents connaissent rarement le médecin ou l’infirmière :
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« C'est le centre qui s'occupe de tout, il y a une infirmière qui peut l'amener
chez le médecin en cas de besoin ». La mère ne connaît pas le médecin. Il
n'a jamais été hospitalisé depuis qu'il est placé. « Ils prennent soin de lui. »
Le père ne sait pas qui soigne son fils. Au niveau de l’internat il dit qu’il y
a un médecin mais qu’il ne l’a pas rencontré.
« Ils sont bien soignés ici…c’est les médecins du foyer qui soignent les
enfants »
« C’est le docteur du dispensaire adjoint au foyer et/ou les infirmières qui
s’occupent de lui. » Le père explique que le foyer nomme ce lieu de soins
« dispensaire », mais il doute que ce terme soit le plus adéquat. Pour lui, il
s’agit plus d’une infirmerie.
Une infirmière est présente au sein du foyer. Quand cela est nécessaire le
foyer fait appel à un médecin de l’extérieur. La mère a connu l’infirmière
suite à un problème de santé de l’enfant.(Il faisait une pelade).
L’enfant est soigné par le médecin du foyer que le père ne connaît pas.
« Quand ils sont malades, ou pour leur suivi, ils sont bien cadrés, ils ont un
médecin au village »
Certains établissements préviennent systématiquement les parents des soucis de santé de leur
enfant… :
- « On me prévient pour tout. Une fois, il s’est blessé, il est passé à travers
une vitre, il s’est coupé le tendon, j’ai été prévenu. J’étais à l’hôpital cinq
minutes après ».
- La mère est tenue au courant de tout. Rien n’est fait sans son accord.
- «(Un de mes fils) a une très mauvaise santé. Il a fait plusieurs attaques
cardiaques. J’ai été prévenu par le Référent ASE, au téléphone, j’ai tout de
suite été contacté »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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…notamment en cas d’hospitalisation :
- « Quand il y a des opérations, on me contacte, ma deuxième a été opérée
des végétations, j’ai été la voir à l’hôpital, j’étais présente(…) j’étais là
quand elle est sortie du bloc…je suis prévenue, c’est ça qui est bien ici, on
ne vous laisse pas dans le néant »
Parfois, l’établissement sollicite les (grand-)parents dans les démarches de santé :
-
« Jusqu’à présent ça a toujours été nous, le dentiste ou le médecin. Ben, là
il nous a demandé, parce qu’ils ont des problèmes de personnels donc ils
ont dit « est-ce que vous pouvez l’emmener ? J’ai dit oui.
Mais les parents expriment aussi un mécontentement lorsqu’on ne les prévient pas ou trop
longtemps après :
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Le centre se charge d’emmener les enfants chez le médecin, chez des
spécialistes et même dans les hôpitaux. Le (petit) problème selon le père
réside dans le fait qu’ils ne sont jamais prévenus ni avant, ni après par
l’établissement de ces types de visites concernant leur enfant. Ils
l’apprennent par l’intermédiaire de l’enfant uniquement. « C’est un
reproche qu’on peut leur faire ». Ils n’ont même pas connaissance des
ordonnances qui sont envoyées à L’ASE puisque ce service s’occupe du
financement.
On ne prévient pas les parents si l’enfant est malade. Le couple l’apprend
par l’intermédiaire de l’enfant.
Un jour où l’un de leurs enfants s’est blessé à l’école, les parents ont été
prévenus une semaine après, quand ils sont venus chercher leurs enfants. La
mère a très bien accepté de ne pas être prévenue car l’école lui a bien
stipulé que la blessure de son enfant n’était pas grave
« Je ne suis pas d’accord, parce que ça fait plusieurs jours qu’il tousse et il
n’a pas été voir le médecin… ils y vont quand c’est vraiment nécessaire.
« On ne va pas se formaliser pour çà… » : Un fait relaté par une mère interroge la notion
de « prendre soin » de l’établissement et la place accordée aux parents :
- « (Mon fils) n’est jamais malade. Son carnet de santé reste à l’internat. Il n’a jamais
eu vraiment de problème de santé. Quand il est entré à l’internat ses vaccins étaient à jour
mais par mesure de précaution ils l’ont repiqué quand même. Ca c’est un truc que j’ai mal
digéré parce que d’une on ne m’a pas demandé mon avis et ça j’aurais aimé qu’on me le
demande. Donc ils l’ont repiqué, je trouve ça ridicule puisqu’il est à jour dans les vaccins et
les rappels. Donc j’ai trouvé ça un peu bête. Maintenant ce n’est pas dangereux pour lui donc
je n’en fait pas une histoire. On ne va pas se formaliser pour ça ».
Une autre pratique « collective » choque une autre mère :
-
S’il y a une chose qui a déplu à cette mère, « c’est que l’ASE a imposé la
CMU a tous les enfants placés ». La mère n’en avait pas été avertie. Elle
n’en voulait pas. Elle a très mal accepté la mise en place de ce dispositif,
selon ses propres mots elle l’a « mal vécu ». Cela lui a donné l’impression
qu’on l’excluait en partie dans cette prise de décision.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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4°- La protection, la sécurité
En général, de manière quasiment unanime, les parents pensent que leur(s) enfant(s) sont en
sécurité, notamment matérielle, dans le lieu d’accueil. Ce sentiment de sécurité se manifeste
pour les parents par le « cadre » que représente le lieu d’accueil. La sécurité, associée au fait
de prendre soin de l’enfant, -par le mode d’hébergement, la nourriture et les soins apportés-,
constitue le sentiment de protection des enfants Mais une partie non négligeable craignent
surtout « les autres enfants » qui pourraient faire courir un risque à leur enfant, ou les
entraîner à prendre des risques.
Un certain nombre de parents soulignent le caractère « sécurisant » du lieu d’accueil et
manifestent leur confiance dans l’équipe :
-
« Si je leur ai confié mon enfant c’est que je leur fais confiance. Si je leur
fais confiance c’est que je pense que mon enfant est en sécurité. Si je
sentais que mon enfant court un danger là-bas je ne le laisserai pas. Je le
ramènerai à la maison, autorisation du juge ou pas. »
La sécurité, c’est pour certains d’abord l’encadrement :
-
-
« (Mon enfant) est en sécurité, c'est très cadré et toutes les activités sont
organisées par le centre. Il y a toujours un éducateur avec eux. Il n'y a
jamais eu de problème »
« Oui, ils sont bien encadrés »
La mère est rassurée, un veilleur de nuit ainsi qu’un chien assure la
sécurité du bâtiment.
« Oh oui, il y a pas de problème, elle est bien protégée. »
Oui, car ils ne peuvent pas sortir sans une personne qui les encadre
Ce qui fait peur à certains parents, c’est lorsque le cadre ne protège plus leur enfant :
-
-
« On a toujours peur, déjà à la maison on a peur». La famille pense que
l’enfant est en sécurité à l’intérieur de l’établissement mais pas à
l’extérieur.« A l’intérieur il n’y a pas de problème, les éducateurs sont bien
proches des enfants »
Parfois l’intérieur, pour les parents, n’est pas protégé : « C’est un moulin,
tout le monde peut rentrer n’importe qui, n’importe quand, c’est arrivé,
c’est arrivé plusieurs fois, il y a des personnes qui sont rentrées comme ça,
pleins de fois, on ne les connaît même pas, c’est déjà arrivé cela »
Plus encore, c’est le risque intérieur, de proximité qui effraient certains parents :
-
Ce père explique que les jeunes sont en sécurité sur le plan des locaux, du
travail (machines spécifiques qui peuvent être à risque) et du médical ; il
considère que tout est fait par l’établissement concernant les informations
de sécurité. L’insécurité qu’il dénonce est due aux 35 jeunes en placement
judiciaire qui, pour certains, naviguent entre le centre et la prison et qui font
l’objet de plaintes pour racket, vol, incitation au vol… Le père parle d’un
risque pour l’environnement.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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-
Cette mère reste sceptique par rapport à la présence de drogue dans les
locaux. Elle s’inquiète de ce qui peut se passer dans le dos des éducateurs,
entre les jeunes eux-mêmes. Outre cela elle fait confiance à son fils. Elle
tient malgré tout à préciser qu’il y a de bons professionnels et qu’elle est
très satisfaite.
«(Mon fils) il n’est pas du tout en sécurité ; tous les enfants qui sont là-bas,
ils ne sont pas bien dans leurs têtes… les enfants sont durs, de plus en plus
agressifs. l’éducateur il ne peut pas toujours être derrière eux »
Enfin, un père évoque une agression dont sa fille a été victime par l'un des salariés de
l'établissement. Elle s'est confiée au directeur du centre pour que ce dernier en parle à son
père. Il se félicite de la réaction du directeur qui l'a tout de suite contacté et "porté plainte
contre son salarié". Il juge son attitude très honnête et affirme que "ça c'est déjà la sécurité
pour l'enfant".
Nous analyserons en conclusion l’adéquation entre le fait de prendre soin et celui de sécuriser
qui constitue pour les parents la « protection » de leur enfant.
VI.2°- RECONNAITRE ET COMMUNIQUER
La fréquence des rencontres entre parents et enfants est fonction de la négociation avec
l’autorité de tutelle et surtout le juge pour enfants. Cela va de « Quand je le veux. A ma
demande ou à leur demande », à « une fois par mois », à l’établissement. Certains parents
rappellent la progression dans la fréquence des visites (de 15 jours à tous les week-ends, puis
pendant les vacances..). Les parents peuvent contacter leurs enfants par téléphone (portables
ou cartes téléphoniques)
Un père peut voir son fils au foyer, mais a l’occasion de voir son fils, hébergé à proximité,
quand il va à l’école, cela se passe de façon informelle. Un autre peut voir son fils n’importe
quand, pendant les vacances, les week-ends, et même parfois en semaine si son enfant « veut
passer il peut le faire ».
Un autre enfant appelle sa mère tous les soirs et lui demande parfois de venir le voir ou le
chercher.
Dans une autre situation, le père voyait au début son fils au foyer et uniquement pendant les
vacances scolaires. A la suite de plusieurs entretiens avec la responsable de foyer et le juge,
les rencontres entre le fils et son père ont été modifiées pour le bien être de l’enfant. Le père
peut donc maintenant recevoir son fils chez lui tous les quinze jours le week-end. De plus il
peut quand il le souhaite se rendre au foyer pour voir son fils mais en prévenant. Les visites
ne peuvent s’étendre après 19 heures, car dit-il « c’est l’heure du repas ». Le mercredi, les
visites se font toute la journée mais le plus souvent c’est la mère qui s’y rend.
En fonction de la situation et de l’ancienneté du placement, les négociations entre les parents,
le foyer et le juge sont plus ou moins difficiles.
Le juge peut avoir prévu initialement un retour au domicile chaque week-end puis changer
d'avis car il n'y a pas d'améliorations. Le père prévient alors l'établissement de la date et de
l'objet de sa visite par téléphone et rend visite à sa fille. Il n'a pas eu le choix des lieux de
visite.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Dans une situation, le juge pour enfants « prend ses décisions en fonction de nos moyens
financiers et matériels comme l’hébergement » disent les parents. « On a toujours pu le voir
quand on voulait et maintenant encore plus car il peut sortir du centre quand il veut et passer
nous voir ».
Parfois, (avec des grand- parents), l’organisation des visites et retours est l’objet d’une simple
discussion : « C’est toujours pareil, le juge essaye d’arranger les choses au maximum pour le
bien de l’enfant et puis pour faciliter les choses. Donc il nous a dit « qu’est-ce que vous nous
faites comme proposition ? » Ben on a dit « on ne sait pas on propose comme-ci, comme-ça »
donc il a dit « d’accord ». C’est pas imposé. On peut y aller à pied. Mais admettons qu’on ne
puisse pas y aller à pieds, on téléphone, il y a quelqu’un. »
Parfois, la négociation évolue en fonction du degré de confiance réciproque : « Il y a un
calendrier qu’on a fait ensemble en fonction de mes disponibilités, avec les visites à l’année.
Ceci a été fait en concertation avec l’ASE avec le village, moi-même et les enfants si des
sorties sont prévues » ? « Les institutions ont plus confiance en moi »
Parfois, c’est l’enfant qui décide des retours et visites. « Au départ, l’internat insistait pour
que (mon fils) reste bloqué un week-end de temps en temps de façon à faire des transferts. G
(l’enfant) a refusé. Aussi bien lui que moi on a besoin de se voir, d’être ensemble le week-end,
pendant les vacances.
Enfin dans une situation où les parents sont explicitement contre le placement, la description
des rencontres est l’occasion d’une critique forte du fonctionnement « arbitraire » de
l’établissement : « ils n’ont pas encore organisé le planning », « c’est pas bien organisé ».
« C’est eux qui décident… quand ça les arrangent… pour donner nos idées, il faut un avocat
à coté de nous, c’est pas facile … vous pouvez demander ce que vous voulez, mais je ne pense
pas que vous obtiendrez quelque chose facilement… ils me demandent pas mon avis »
L’opinion des parents sur cette organisation des rencontres et des modes de communication
est cohérente avec le mode de négociation mis en place au moment de l’enquête.
Cela peut aller du « sans avis » (le père dit ne rien avoir à souhaiter. C'est lui qui se déplace et
suit les décisions du juge) à une satisfaction complète (« on a choisi donc ça va bien »).
Mais certains parents expliquent parfois que c’est la moins mauvaise solution ou plutôt que le
contexte ne leur laisse que peu de choix :
-
-
« S’il vient il sera tout seul, à part le soir » : le système de retour et de
visite convient à la famille car dans la semaine il n’y a personne à la maison
« (Notre enfant) a fait le choix de rester au centre pour ses études ». Cela
leur convient et ils pourraient difficilement le voir plus que ce qu’ils font
déjà si ce n’est l’avoir chez eux quotidiennement. Cependant le fait qu’il
soit placé depuis l’âge de 5 ans explique selon eux qu’il ait du mal à rester
en famille.
« Il le fallait, il n’y avait pas d’autre solution » : la mère est décédée, lui
était en convalescence et son frère ne pouvait plus garder ses enfants.
Maintenant, il lui est plus facile de les accueillir et ils vont être réunis dans
quelques mois.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Enfin, un couple souhaite le retour de leurs enfants des familles qui les accueillent: « Là-bas,
c’est une prison… on sait que les enfants souffrent, pas à cause des familles d’accueil « , « 2
week-ends par mois, ce serait bien ». Par ailleurs, ils évoquent l’idée qu’ils subissent les
décisions , étant très peu consultés.
VI.3°- FORMER ET EDUQUER
Les situations scolaires sont très variées, selon l’âge bien sûr, mais aussi selon le statut de
l’établissement (public ou privé) au sein de l’établissement ou à l’extérieur. Une majorité
d’adolescents est inscrite en classe professionnelle. Un seul enfant est en Institut médicoéducatif. Les parents connaissent l’établissement de leur enfant même si une minorité déclare
avoir choisi ou donné leur avis sur l’orientation. Un père déclare avoir donné son accord pour
le redoublement de sa fille. Tous les parents reçoivent au moins une photocopie du bulletin
scolaire ; ils sont avertis en cas d’absence scolaire ; une majorité a des contacts avec les
enseignants. Par contre, ils ne connaissent pas toujours les personnes que fréquente(ent)
leur(s) enfant(s).
L’exercice de l’autorité parentale concerne le fait d’éduquer son enfant. Il convient de
connaître dans ce domaine aussi, l’implication des parents et leur avis sur les conditions
d’exercice de cette fonction.
Les deux tiers des parents ont des contacts avec les enseignants de leurs enfants. Les contacts
peuvent avoir lieu à l’occasion de la rentrée scolaire (« L’éducateur peut également être
présent parfois ».) ou « à l’occasion des résultats » et dans ce cas, il est rare que la famille
sollicite les enseignants (« ou le directeur ») au delà. Certains ont « peu de contact avec la
maîtresse », et plus avec le directeur.
- « On a été, on pouvait aller à la réunion de classe la première
présentation. On est allé, on va vu les professeurs, mais après non, c’est
une personne (du foyer) qui voit les professeurs. Qui surveille les devoirs
au (foyer). C’est logique »
Les contacts peuvent être occasionnels « pour savoir telle ou telle chose lors des contacts
téléphoniques » ou « à l’occasion d’une classe verte à laquelle (l’enfant) a participé ». Ou
bien, « ils se font surtout par écrit ». La famille explique alors que les professeurs sont à leur
disposition si besoin
Parfois « On se rencontre tous les mois. J'y vais avec l'éducatrice ou toute seule. »
Ca se passe super bien car là-bas il a des copains. Contacts avec les professeurs, lors des
réunions.
.
Pour quinze des enfants sur quarante, le ou les parents n’ont aucun contact avec les
enseignants. Les raisons invoquées par les parents, lorsqu’elles sont renseignées, sont
intéressantes. Pour un parent, « il n’existe pas de réunions parents-professeurs » ; un autre
indique que son fils «ne souhaite pas que son père s’implique dans sa vie scolaire » ; une
mère estime que «Tout se passe très bien au niveau des cours, de l’horticulture donc je n’ai
pas besoin de les contacter. ». Un couple de parents note simplement que «Tout passe par le
carnet de correspondance ». Deux parents ne donnent pas de raisons. Enfin, pour deux
situations, les parents disent que l’établissement se charge des contacts (« c’est le village qui
est courant et qui transmet » ; « c’est le foyer qui a des contacts … »). Seul le dernier cas
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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semble reprocher à l’établissement de faire écran entre les enseignants et les parents, mais
dans un contexte général d’opposition des parents au placement.
Tous les parents ont connaissance du bulletin scolaire de leur enfant. Seuls deux parents ne
reçoivent pas le bulletin, mais le foyer ou la famille d’accueil « leur montrent ». Tous les
autres reçoivent l’original ou une photocopie. « On m’amène les notes à ma fille, je signe, et
ça moi, ça me fait plaisir de signer, de voir ce qu’elles font, il y en a une qui est bonne dans
une matière, l’autre dans l’autre, je sais que j’en ai une qui retient mieux que l’autre, une est
bonne en anglais, elle apprend bien l’anglais, elle s’intéresse à l’anglais, l’autre petite c’est
primaire on ne sait pas encore bien bien »
Les parents sont avertis des absences scolaires de leur(s) enfant(s), par courrier ou par
téléphone, par l’école directement ou par le foyer.
L’exercice de l’autorité parentale comprend le devoir de surveillance. Les parents interrogés
ne connaissent pas toujours les personnes que fréquente leur enfant.
Pour certains parents, leur enfant ne peut recevoir de visite au foyer, à part les leurs, sans leur
accord. Un parent dit même « Personne ne peut lui rendre visite car il faut une excuse
valable. ».
D’autres parents peuvent citer les visiteurs de leur(s) enfant(s) : « sa mère, son père, et
quelques fois son parrain » ; « les amis du foyer» ; « Il a de nombreux ami(e)s. Il voit
également son cousin et sa tante. » ; « Ses copines de foyer et d’école » ; « il me semble
qu’elle a juste des copains au village »
Un père explique que sa fille rencontre sa marraine : cette dame est une voisine qui a obtenu
un droit de visite et d’hébergement, avec l’accord du juge. Le droit d’hébergement s’effectue
une fois tous les quinze jours, c’est en partie grâce à cela que le père a la possibilité de voir
plus souvent ses filles, en particulier le week-end.
Mais la moitié des parents rencontrés ne connaissent pas les fréquentations de leur enfant,
« sauf quand elle raconte » dit un parent. Un autre sait « qu’il va de temps en temps avec ses
copains en ville mais (il) ne sais pas qui il fréquente »
VI.4°- S’EXPRIMER
Quelles sont les supports d’expression et de communication de l’enfant, hors l’école ?
parents les connaissent-ils et y participent-ils ?
Les
Un seul père n’a pas connaissance des éventuelles activités de son fils et pense que ses filles
ne font pas d’activités sportives en dehors de l’école.
Les autres parents connaissent les autres activités, hors école, par lesquelles leur enfant peut
s’exprimer. Celles-ci sont les mêmes que celles des enfants non placés. Un parent pense
que« les activités (que son fils) pratique au centre (piscine, foot) lui sont plus ou moins
tacitement imposées. ». Un autre remarque qu’ « (il est) informé qu’il fait des activités, mais
il y en a tellement qu’(il) ne peu(t) pas les citer »
Le sport, notamment pour les garçons vient largement en tête : football, judo, natation,
handball, escrime, kung-fu, poney, séjours de ski…« (mon fils) fait du sport. Il pratique
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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actuellement l’athlétisme deux à trois fois par semaine en dehors du centre. Chaque année, il
tente différents sports. Le centre en paye une partie et les parents participent pour le montant
restant. Il a les mêmes activités que n’importe quel jeune de son âge : il sort avec ses copains
en ville » .
Les filles font plutôt de la danse et de la natation « Elle fait de la danse et de l’expression
corporelle et fait de l’animation aussi ».
Les parents citent peu d’activités culturelles hormis le théâtre « il fait du théâtre. Il fait du
théâtre et de l’escrime. C’est des activités qui sont organisée par le foyer. Ils les inscrivent,
c’est en ville. Et c’est avec, c’est eux qui l’ont inscrit. ». Une fille fait du piano.
Trois parents citent des activités au sein ou dans l’entourage de la famille : « Sinon il fait du
roller avec son père et parfois du tennis » « il fait aussi du jardin chez les voisins le week-end
pour se faire un peu d’argent de poche. » ; « Il aime la pèche, en famille, le week-end » « son
frère est un sportif (…) il aime la pèche, comme son frère en famille, le week-end » »
VI.5°- L’EVOLUTION DE LA SITUATION
1°- L’avis des parents
Outre une situation récente de placement :"C’est trop récent, trop tôt", les parents estiment,
hormis deux situations, que l’évolution de la situation de l’enfant et de la famille est positive.
Les raisons de cette amélioration sont instructives dans leur déclinaison : il peut s’agir
simplement de créer les conditions d’une quiétude réciproque, de débloquer une situation ou
une communication difficile entre un père ou une mère et son enfant. L’accueil provisoire
peut aider un enfant à grandir ; il peut permettre à une famille de dépasser la souffrance
terrible du décès soudain d’une mère, il peut laisser le temps de faire des choix, même si
parfois les choix sont difficiles voire provisoires. L’accueil provisoire laisse place, dans tous
ces cas, à une négociation possible, à une marge de manœuvre pour transformer la situation.
Plus de tranquillité, moins de souci
Le placement peut permettre simplement d’apporter un peu de calme, de tranquillité, de
prendre de la distance, de se « poser » ou de « se caler » : « Il a fait beaucoup de progrès, Il
ne fait plus le "bébé" comme avant ». La mère insiste sur le fait que son fils arrive se tenir aux
règles du dispositif,(ponctualité …) « il est plus mature, responsable ». La situation s'est
améliorée et elle dit être tranquille. Tout son discours porte sur le fait qu'elle ne se fait plus de
soucis, qu'elle dort mieux, qu'elle peut sortir. La situation est meilleure pour "lui et elle".
La situation nouvelle peut permettre de se faire moins de souci pour s’épanouir et se
rapprocher : « bah maintenant, pour moi, c’est le top, ils s’épanouissent bien, ils sont bien
intégrés. Pour moi, tant qu’ils sont bien, tout va bien. Maintenant, ils se sont rapprochés de
moi » « Les choses se sont arrangées depuis qu’ils sont au village. Pour moi, ainsi que pour
les enfants. Parce que je n’ai plus de souci à me faire »
Selon une mère, son fils a fait des progrès au niveau scolaire et aussi au niveau du
comportement. Pour elle, les choses se sont arrangées car ceux qui le connaissent le trouve
plus calme.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Parfois, le placement apporte plus de quiétude ou de calme d’abord aux parents : ainsi le
placement de ces quatre enfants « a permis d’être tranquille en tant que parents pour faire le
point sur la situation du couple sans que les enfants soient présents » : « ça a été bénéfique
pour nous mais difficile pour les filles ».
Dans une situation où la jeune mère enceinte d’un second enfant n’a pas de solution de garde
pour sa première fille le temps de son accouchement, le placement temporaire permet de
trouver un lieu unique pour l’enfant : « je n’ai rien à dire, j’ai été bien accueillie, (ma fille) a
été bien reçue, ils s’occupent bien d’elle, elle mange bien, elle a un toit, c’est le principal
c’est ça, j’avais tellement peur pour elle, mais pour moi je suis tranquille, j’ai pas de souci, je
sais qu’elle est là-bas, qu’on s’occupe d’elle, elle ne va pas à droite à gauche, ils sont tous
gentils »
Parfois, c’est d’abord à l’enfant que profite le placement même si la situation est très mal
vécue par les parents : Ainsi, ce père qui dit dans un premier temps: « depuis le placement il
n’y a pas grand chose qui a changé, les choses ne se sont ni aggravées ni arrangées car on
s’inquiète toujours de savoir si (notre fils) va bien». Pourtant, il poursuit : « Mais je pense que
ça a été bénéfique pour lui parce qu’il a changé, il redevient le même, il est plus responsable,
il a plus conscience qu’il faut qu’il travaille, cela lui a été bénéfique (…) il est plus sur de lui,
il fait des démarches pour quitter l’internat et aller dans un collège. Quand il rentre à la
maison il est content ».
Améliorer la relation mère – enfant…,
« Oui j’aurai aimé qu’A soit le premier de la classe, qu’il soit plus grand, plus beau, plus
riche. (Rire). Moi je trouve qu’il grandit beaucoup là cette année. Il a complètement changé.
Et c’est vraiment, c’est plus un enfant. C’est un jeune adolescent, préadolescent. Moi je me
rends compte hein, »
La séparation, lorsqu’ elle évite la fusion, peut permettre de travailler sur « la bonne
distance » entre une mère et son fils : « Ca a changé pleins de choses. Il est plus équilibré. Ca
produit plein de déclics aussi bien pour moi que pour lui. C’est vrai que si j’ai à m’occuper
de moi je le fais la semaine. La semaine je m’occupe de tout ce que j’ai à faire comme ça le
week-end je suis plus disponible. On passe notre temps ensemble. Autrement aussi bien pour
lui que pour moi on est moins anxieux. Lui, il pense plus à son travail parce maintenant il y a
du travail effectué. Il s’occupe de son travail, il n’a pas le temps pour s’inquiéter pour moi. Et
moi, je sais bien, je vois qu’il va mieux quand il rentre le week-end. » « Avant quand je
l’avais à la maison c’était des crises de larmes. Il devenait dépressif. Ca me posait beaucoup
de souci. Il est plus zen et moi aussi. » « Avant on avait l’impression d’être un couple. Ca a
eu du bon car ça a permis de faire une coupure. On ne vit plus comme un couple. J’ai étouffé
mon fils donc ça m’a permis de faire la part des choses. Pour notre cas, tout est positif. G a
pris de l’assurance. Globalement je suis contente de la manière dont ça se passe. »
Pour cette autre mère, l’évolution de son enfant est positive. Il est beaucoup moins agressif.
Elle-même se sent mieux.( Elle a d’ailleurs fait une thérapie) son garçon ne la provoque plus,
« il devient adulte, plus posé ». La mère évoque une grande satisfaction tant au niveau des
rapports et de l’évolution de son fils, qu’au niveau des services rendus par le lieu de
placement. « Les rapports se sont améliorés ».
…ou père – enfant
Depuis son placement l’enfant a beaucoup changé, il est plus responsable. Des discussions
sérieuses sur l’avenir (travail à l’école…) sont échangées entre le fils et son père, ils sont plus
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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proches. Le fils comprend mieux les choses, respectent plus facilement les limites. Grâce au
« gros travail » des éducateurs, qui est un travail répétitif et de longue haleine, pour canaliser
son fils, celui ci a évolué positivement. Le père précise aussi que la mère a également changé
(apparemment de façon positive) depuis le placement de leur enfant.
Pour cet autre père, « Les choses se sont arrangées. Les changements se sont opérés grâce à
l’encadrement et à l’internat. Il y a plus de sévérité. »
Aider à grandir
« (mes enfants) s’en sont bien sortis… Ils ont eu une bonne éducation »
Une mère en grande souffrance psychique et sous traitement se réjouit de voir ses enfants
« bien dans leur peau : « c’est à dire qu ‘elles sont…elles évoluent bien. On sent qu’elles sont
bien dans leur peau, pis elles sont polies, elles causent bien, moi, je les sens bien, je vois çà
partir d’un bon chemin ».
Faire le deuil et reconstruire
Pour ce père dont l’épouse est décédée juste avant le placement, son enfant est « une petite
fille très marquée, il y a eu le décès de sa mère… Maintenant qu’elle grandit, elle s’aperçoit
qu’il n’y a plus que son père ». Elle s’est fortement rapprochée de sa cellule familiale. Elle est
très protectrice envers son père : « elle est jalouse, j’ai pas le droit d’avoir de copines… » La
situation s’est améliorée depuis le placement, car la période suivant le décès de la mère a été
dure. Son frère aussi a grandi, il sait ce qu’il veut. « Il sait qu’il va revenir chez son père ».
Les choses se sont améliorées comme pour sa sœur, car comme elle il a été très marqué par le
décès de sa mère.
Permettre de faire ses choix…
« Il a suivi son bonhomme de chemin. La situation familiale a évolué et lui a pu décider des
choix qu’il souhaitait tant au niveau de l’école que des loisirs… mais il n’est pas habitué à la
vie familiale il a trop vécu en foyer, en collectivité, son placement est trop ancien. Le
placement n’était pas du à des conneries de (notre fils) mais à la situation familiale des
parents difficile à cette époque, cela c’est arrangé et (notre fils) a bien évolué . »
…pas toujours facile
C’est vraiment tout à fait différent et aussi ce qui me perturbe un petit peu, c’est la relation
avec le petit frère. Moi mon idée, c’était qu’ils aient cette force d’être deux, et de bien
s’entendre, vraiment il fallait qu’ils soient soudés tous les deux. Et puis là ça dérape un petit
peu, mais je pense que c’est un passage (…) C’est un petit passage oui. Parce que l’écart
c’est beaucoup creusé entre eux. L’année dernière, même au premier trimestre, ils jouaient
beaucoup ensemble (…) Mais justement je pense que l’assistante sociale a bien vu, en disant
que c’est pas le moment de les rassembler. Mais je pense qu’un peu plus tard ils vont se
retrouver. »
« On ne peut pas demander trop non plus »
« Je suis contente des deux foyers dans l’ensemble. On ne peut pas demander trop non plus,
quand même. Ils ont des loisirs qui sont…je leur ai dit (à mes enfants) « vous avez dans les
foyers, c’est des loisirs qui coûtent chers à l’Etat. Je leur ai fait comprendre. J’ai pas la
possibilité de leur payer des choses trop chères comme eux (le foyer), ils leur paient. Ils ont
de belles sorties, hein, ils vont même au Parc des Princes. »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Enfin, dans deux situations, l’avis sur l’évolution de la situation est franchement négatif.
Depuis le placement de l’enfant, ce père ne voit pas vraiment de changement, mais il émet
une critique concernant le langage des filles, qui utilisent un langage plus grossier
qu’auparavant. Le placement a toujours été mal vécu et il n’y a pas eu d’évolutions par
rapport à cela. Ce couple revient ici comme en réponse à d’autres questions sur la souffrance
de la séparation : « elle est très déçue par rapport à nous… elle nous dit maintenant qu’elle
voudrait rentrer » « Quand les enfants sont éloignés de la famille, quand on se voit, on a
beaucoup de choses à se dire… quelque part c’est bien… c’est une émotion de les voir après
un mois »
2°- Les améliorations attendues
Les améliorations attendues par les parents sont aussi fortement dépendantes de ce qui a pu
être négocié avec l’équipe, le foyer ou la famille d’accueil, parfois le juge. Cette consultation
des parents s’inscrit dans ces rapports construits par la mesure et les interactions qui ont de
fait et au temps T de l’enquête, défini des places, des marges de négociation ou de manœuvre.
Un quart des parents disent ne rien avoir à changer dans la situation actuelle. D’autres
souhaitent que l’on reconnaisse leur rôle de parent. Certains demandent plus de transparence,
d’autres plus de sévérité. Enfin un quart des parents souhaitent récupérer leur(s) enfant(s),
qu’ils estiment ou pas que cette éventualité soit possible ou raisonnable immédiatement.
Rien à changer :
Dans un quart des situations, les parents estiment qu’il n’y a « rien à changer ». Cette opinion
est parfois explicitée par les propos précédents : une mère par exemple n’a « aucune chose à
rajouter ». Elle est satisfaite du placement car, dit-elle, c’est une décision partagée pour le
bien des enfants.
Parfois par contre on ne peut savoir dans la réponse si la « pleine satisfaction » est due à une
analyse partagée de la situation, à une opinion que l’on n’ose pas donner (crainte des
retombées, méconnaissance des droits…) ou encore à une volonté de se positionner comme
un bon parent par l’adoption d’une parole institutionnelle.
Ce père par exemple ne semble pas souhaiter de changement de la part du foyer, car il en est
satisfait. Cette mère ne voit rien à améliorer. Rien ne la dérange, aucun intervenant ne l'a
déçue.
Enfin, cette mère n’a rien à redire à ce sujet elle est tout à fait satisfaite. Elle ajoute :
« Honnêtement c’est un bon foyer, il n’y a rien à redire ». « Ils ont été d’une grande aide ».
Pourtant au cours et à la fin de l’entretien, la mère manifestera le souci de savoir si elle a
« bien répondu », si cela correspondait à ce que les enquêteurs attendaient d’elle. Elle exprime
le fait qu’elle se sente très impliquée dans le placement de son enfant. Son discours (la
manière d’exprimer son opinion, les sujets qu’elle aborde) ont manifestement une « tonalité
institutionnelle » ou plutôt une syntaxe voire une rhétorique de « paroles des professionnels
du social » sans que l’on puisse rattacher cette manière de s’exprimer à des rencontres avec
les éducateurs et psychologues ou à sa formation de travailleuse d’insertion sociale et
familiale. De plus, elle connaît la fois la vie et le fonctionnement de l’établissement comme
membre du conseil d’établissement.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Reconnaître la place de parent :
Parfois, l’amélioration attendue est de conserver sa place de mère ou de père. Une mère
d’ailleurs explique clairement que ce qu’elle attend, c’est d’être entendue et elle défendra
cette place d’interlocuteur et de parents : « Je pense que la place, on la prend. On ne la donne
pas. J’ai en face de moi des gens dont c’est le métier, à qui je fais confiance. C’est important.
Je pars en leur faisant confiance et je vois comment ça va se dérouler. Tout c’est bien passé.
C’est pareil la place je la prends. Si on me forçait de quelque chose qui concerne mon fils je
rappellerai tout le monde à l’ordre en disant que je suis là aussi. C’est clair que je
n’accepterai pas qu’on m’exclut de la vie de mon fils.
Et puis mes attentes par rapport à tout ça, c’était que mon fils montre de quoi il est capable
parce qu’à (son ancien foyer) il se gâchait. C’était pas lui, c’était pas (mon enfant). Je sais
comment j’ai éduqué mon fils. Je ne pense pas qu’à l’internat j’ai relégué mon rôle. Mon rôle
je l’ai toujours tenu. Peut –être que j’ai commis des erreurs donc il n’y a pas de problèmes
là-dessus. Aussi bien mon fils que moi ce qu’on attendait on l’a eu, on l’a reçu. Il y a plein de
choses qui doivent évoluer mais on ne claque pas des doigts. Ca va être dans le temps qu’on
va s’en rendre compte. Mais pour l’instant, ça a été le bon choix. Mais si les choses
évoluaient différemment et que je m’aperçois que mon fils a besoin d’autre chose, on ferait en
sorte que ça évolue autrement. Mais pour l’instant ça répond bien à nos attentes. Ca se
déroule bien. »
Un parent souhaite faire entendre, par l’enquête, une revendication sans doute en cours de
négociation : il souhaite aller voir ses enfants plus souvent, de façon un peu moins formelle,
que ce soit en famille d’accueil ou en foyer..
Un peu plus de transparence
« J’ai été suffisamment informé sauf pour l’histoire de la claque où j’aurais voulu qu’on me
téléphone pour m’en parler, pour me prévenir. Je l’ai appris par le directeur deux mois
après »
Ces autres parents n’ont pas beaucoup d’attentes si ce n’est un peu plus de transparence au
niveau de ce qui se passe sur le centre. La communication doit être améliorée car « si on ne va
pas à la pêche aux informations… ». De plus, le père parle d’un roulement du personnel du
centre et de l’ASE qui ne facilite pas les échanges.
Cette famille dit ne pas savoir si elle à la possibilité de le changer d’internat et qu’on ne l’a
pas informée. Elle indique par ailleurs qu’elle a pris ce qu’il y avait comme établissement.
Compte tenu que l’enfant quittera l’internat l’an prochain, la famille dit ne pas envisager de
changement de structure car leur fils a ses habitudes, des repères.
Ce père enfin souhaite « qu’on soit plus informé…que la qualité de vie soit améliorée… les
visites plus souvent. A part ça… »
Plus de sévérité, plus de sécurité
Le père souhaite que son fils soit sérieux, qu’il travaille bien à l’école pour réussir et qu’il
prenne conscience de cela. Il souhaite mettre son enfant dans un établissement où c’est plus
strict. Il regrette profondément le manque de règlement, d’autorité dans le foyer. Il pensait que
cela allait être comme dans un internat « où il y a des sœurs ». Il ne comprend pas pourquoi
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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on laisse les enfants jouer au foot si tardivement 22h00/23h00). A la maison les enfants
doivent rentrer à 19h30 pour faire les devoirs, manger et se reposer.
L’ordre nécessaire passe aussi pour certains parents par la protection de leur enfant contre
l’influence, les mauvaises conduites ou la violence des autres jeunes résidents du foyer. C’est
la protection contre « le risque de proximité » évoqué plus haut qui est ici demandée : Ainsi,
ce père explique que ce qu’il « reproche » c’est le fait que son fils soit avec des « cas
sociaux », des enfants placés dans le cadre d’une mesure judiciaire car il n’a pas la même
mentalité que les autres enfants et il est influençable. « C’est ce qu’on reproche, car je pense
qu’ils (les travailleurs sociaux) les entourent, ils sont à l’écoute ». Il indique que l’entourage,
c’est à dire le directeur et les professeurs sont sympathiques, qu’ils sont « bien ».
Récupérer les enfants
Concernant la manière dont le placement a été décidé, le père attend l'écoulement des 6 mois
pour "récupérer sa fille". La seule amélioration serait le retour de F au domicile. Il considère
les services sociaux comme compétents mais ne peut juger le service rendu comme
satisfaisant car "il est le père et à des responsabilités qu'il ne peut assumer".
Le père ne souhaite qu’une seule chose : retrouver et vivre avec ses enfants à partir du mois
de décembre. Il ne comprend pas l’utilité d’une nouvelle mesure d’AEMO, ni l’utilité de la
précédente. Il est donc plutôt opposé à cette mise en place au retour de ses enfants
« On espère que c’est juste passager, que ça ne recommencera pas… de les séparer de la
famille et qu’on retrouve une vie sereine (…) Nous souhaitons qu’ils reviennent… si le juge
décide de prolonger… nous, on a un avocat, on va dire qu’il y en a assez… qui n’y a pas de
raisons… et puis que ça coûte cher, on va pas gaspiller l’argent de l’état comme ça ! ! »
« Vous voyez, ce que je voulais, c’est les reprendre. C’est vrai que ça aurait peut-être été une
erreur. Je reconnais qu’il aurait fallu vraiment que je sois aidée( …) ça aurait peut-être été
trop lourd. »
« Non ici, ça va. Avant oui, c’était catastrophique. Vous savez, j’en ai fait une dépression. Au
début, quand ils sont arrivés au foyer à V., les éducateurs se permettaient de les frapper. J’ai
vu (mon petit-fils) arriver avec un œil comme çà. J’ai demandé un rendez-vous à la
directrice . Cet éducateur a été renvoyé d’ailleurs. Ils ont eu des choses pas très normales. Ils
étaient enfermés à clé. C’était un bâtiment ancien. Quand j’arrivais, on aurait dit que j’étais
à la porte de la Santé (…) Ici, ils me tiennent au courant quand ça va mal…Ils sont posés.
D’ailleurs les enfants veulent bien repartir (de chez moi) le lundi matin. Ca va très bien »
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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VII –CONCLUSIONS - LA « PROTECTION » DES ENFANTS PLACES :
Le sentiment de protection ou de « mise à l’abri » comprend aussi bien le fait de prendre soin
que celui d’assurer la sécurité. Pour cela, encore faut-il s’en assurer en étant sûr de la source
d’informations qui nous renseigne.
Pour les parents, la source principale est le professionnel –référent, dans ses fonctions
d’intermédiaire, de médiateur, d’organisateur et d’éducateur. Mais nous avons constaté que
plus les parents sont assurés et rassurés dans leurs rôles parentaux, et plus ils délimitent le rôle
du référent, comme source d’information, à une fonction temporaire dans l’histoire de leur
enfant.
La relation entre les parents et le référent s’effectue sous deux registres, celui de
l’accessibilité (l’ouverture/fermeture) et celui de l’échange (du caché/montré) ce qui participe
à construire une place pour les parents, dans la situation de placement :
Prendre soin comprend à la fois le gîte, le couvert et le soin.
Sur la qualité de l’hébergement, la plupart des familles sont satisfaites. Elles insistent
quasiment toutes sur la proximité de leur propre résidence et soulignent leur satisfaction
lorsqu’elles ont participé au choix de l’établissement. Cependant, le choix des parents n’est
pas toujours possible du fait de l’offre d’hébergement, de la problématique de l’enfant ou de
la fratrie.
Pour les parents, la nourriture « c’est important ». La grande majorité le souligne
explicitement. C’est l’enfant qui informe les parents de ce qu’il mange et pour ces derniers, il
importe que l’établissement ou la famille d’accueil tienne compte des particularités
alimentaires ou des précautions diététiques. La nourriture participe pleinement du « prendre
soin »
En ce qui concerne la santé des enfants, le plus souvent, c’est « le médecin » ou
« l’infirmière » du foyer qui s’en occupe et, selon les parents, qui s’en occupe plutôt bien.
Cependant, les parents sont parfois prévenus des maladies ou des accidents de leur(s)
enfant(s), mais pas toujours
En général, de manière quasiment unanime, les parents pensent que leur(s) enfant(s) sont en
sécurité, notamment matérielle, dans le lieu d’accueil. Ce sentiment de sécurité se manifeste
pour les parents par le « cadre » que représente le lieu d’accueil. Mais une partie non
négligeable craignent surtout « les autres enfants » placés, qui pourraient, faire courir un
risque à leur enfant, ou les entraîner à prendre des risques. C’est ce que nous avons appelé le
« risque intérieur » ou le risque de proximité
Les parents interrogés pensent, dans leur grande majorité, que leurs enfants sont protégés, à
l’abri du danger, à la réserve près qu’ils se méfient des autres enfants placés qui pourraient
remettre en cause cette protection assurée par le dispositif départemental.
Il serait donc peut-être utile de diffuser cette enquête (ou de provoquer des rencontres entre
parents) montrant que chaque parent pris à part pense que son enfant est protégé du ou des
dangers qui le menacent. Ceci tendrait à relativiser le sentiment, éprouvé par de nombreux
parents, du danger représenté par les enfants « des autres ».
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Mais protéger, c’est aussi prévoir demain et préparer l’avenir et notamment le retour des
enfants dans leur famille d’origine.
La reconnaissance de la place des parents, comme le revendiquent certains, passe peut-être
par une volonté systématique de co-éducation et, pourrions nous dire, de « co-soin ». Les
parents, nous l’avons constaté, connaissent l’établissement de leur enfant même si une
minorité déclare avoir choisi ou donné leur avis sur l’orientation. Tous les parents reçoivent
au moins une photocopie du bulletin scolaire ; ils sont avertis en cas d’absence scolaire ; une
majorité a des contacts avec les enseignants. Ce qui est déjà un acquis important. Par contre,
ils ne connaissent pas toujours les personnes que fréquente(ent) leur(s) enfant(s) et ne
participent pas tous à des gestes simples de la vie quotidienne de l’enfant comme l’achat des
affaires scolaires, les rendez-vous chez le dentiste, la présence aux compétitions sportives ou
aux manifestations culturelles auxquelles participent leur enfant. Cela n’est pas toujours
possible, voire même souhaitable. Mais peut-être devrait-on poser la co-éducation comme une
règle qui, comme toute règle, admet des exceptions.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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ANNEXE
I
LA RECHERCHE D’UN LIEU DE PLACEMENT : DES GRANDS-PARENTS QUI S’ACCROCHENT
Question : Et au moment du placement justement, dans ce foyer, vous aviez la possibilité
de choisir ? Ou on vous l’a proposé ?
Interviewée : Oh c’est nous qui avons…
Interviewé : Oh on ne propose rien ! Il fallait chercher et puis ma femme connaissait une
personne qui avait eu écho, qui connaissait le président. Donc on est allé voir le président et
puis ça s’est fait comme ça quoi.
Interviewée : Ben oui parce qu’on avait peur qu’on le mette dans un internat.
Question : parce que là c’est quoi, c’est une école ?
Interviewée : C’est un home d’enfant, qui au départ a été crée par une association (…). Et
maintenant ce n’est plus une association, c’est autonome et jumelé avec Versailles une autre
maison d’enfants qui est le même genre de maison aussi. Donc ils se sont regroupés parce
qu’il y avait des problèmes administratifs.
Question : Et c’est vous qui avez cherché un endroit qui soit à proximité de chez vous ?
Ca n’a pas été la démarche des services sociaux ou la démarche du juge ? C’est vraiment
vous qui en fait ?
Interviewé : Quand on en a parlé, personne ne connaissait. L’assistante sociale ne connaissait
pas, le juge ne connaissait pas. Comment vous ne connaissez pas ? Attendez, on va faire
comme ça.
Interviewée : Donc nous on a fait notre enquête, mais on avait aussi d’autres pistes. On avait
des amis qui avaient des enfants et qui nous avaient indiqué un certain nombre de maisons.
Mais c’était des endroits traditionnels. Et nous ça nous ennuyait un peu et puis (notre petitfils) nous disait : Je veux rester au Chesnay, je veux rester au Chesnay ».
Interviewé : Non et puis ça peut pas être mieux. Vous avez votre fille qui est au coin de la rue
là, vous avez l’autre qui est là et vous avez l’autre qui est là. Attendez c’est pas fini. (Notre
petit-fils) il va au collège. Il traverse la rue il est au collège !
Interviewée : Et il retrouve ses amis de primaire, donc il est vraiment dans son cadre. Ca ne
pouvait pas être plus favorable.
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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Question : Donc c’est vraiment les meilleures conditions ?
Interviewée : Quand on a vu le juge l’année dernière, on a dit ben voilà on a entendu parler de
cette maison. Donc tout le monde a dit « connaît pas ». Le juge a dit à l’assistante sociale de
se renseigner sur cette maison et vous me tenez au courant. Et elle nous a dit « j’ai une
collègue qui connaît, qui a déjà placé des enfants ». À partir de ce moment là tout le monde a
cherché là et nous on disait « on n’a pas de réponse, on n’a pas de réponse » et elle nous a dit
« vous inquiétez pas ». C’était au mois de mai hein.
Interviewé : C’est-à-dire au départ ça s’est pas tout à fait passé comme ça. La juge est partie et
il y a eu une nouvelle juge qui s’est mis en cheville avec l’assistante sociale et l’assistante
sociale a dit « bon A., on va le mettre dans la même famille d’accueil que son frère ». Bon
alors là, j’étais pas du tout d’accord. Alors ça avait l’air d’être d’accord. Alors euh en réunion,
on était donc en petit comité et j’ai dit « et ben non sûrement pas ! Pas d’accord ! Alors
pourquoi ? Et ben d’abord parce que la famille, ils sont charmants, ils sont gentils mais ils ne
parlent pas français ce sont des tunisiens. Alors comment voulez-vous qu’ils s’occupent des
devoirs et des leçons d’A. qui va passer en 6ème ? Donc ça plus autre chose ça a fait tilt.
Interviewée : Oui parce que c’est une autre culture. Parce que prendre comme ça un enfant de
douze ans et le jeter dans une autre culture.
Interviewé : Oui et puis aujourd’hui on s’aperçoit que c’est bien. Donc, l’assistante sociale
était pas d’accord. Elle me dit « oui, mais ça va coûter cher » et alors la juge a dit « mais moi
j’ai de l’argent et je peux sortir de l’argent pour Antony ». Oui donc c’est bien parce qu’elle
nous a écouté et en résultat et bien tout est bien.
Question : Donc vous avez le sentiment d’avoir été entendu ?
Interviewé : Ha oui, oui. Holala oui.. Tu te souviens ? Ha ben tu penses !
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ANNEXE
II
« ON EST QUI, NOUS ? »
Témoignage d’un mère et de son fils majeur sur le retrait en urgence des trois enfants,
huit ans auparavant
-
La mère (M) : Je voulais dire la séparation ça a été très dur pour moi
-
Est-ce que vous voulez en parler ? Sans forcément me donner des détails sur les
causes ?
-
M : J’ai eu beaucoup de problèmes à surmonter, je me suis retrouvée sous tutelle, j’ai eu
le feu, j’étais malade, j’ai fait une dépression et tout et quand on m’a séparé de mes trois
enfants, ça a été très dur
-
Le fils majeur (F) : C’est vrai que la séparation s’est fait bizarrement parce que du jour
au lendemain… Nous déjà on n’avait pas pris conscience de la vie déjà, du jour au
lendemain on est parti en foyer, comme ça, on ne se rendait pas compte de ce qui arrivait,
on voyait d’autres gens, d’autres personnes, on ne connaissait pas et puis notre mère on
ne la voyait plus, c’est pour ça on avait du chagrin, ça nous a fait bizarre de changer
d’endroit, de changer de vie, de mode de vie, c’est un peu normal.
-
M : Ca a fait plus pour moi, c’était la suspicion
-
F : On était dans une situation bizarre
-
M : Je me suis retrouvée seule d’un seul coup
-
Et concrètement le moment de la séparation, comment ça s’est passé, quelqu’un était
venu vous chercher ?
-
F : C’était une assistante sociale qui est venu nous chercher, en fait elle avait l’habitude
de venir nous prendre chaque mercredi pour faire une activité comme on n’avait pas
beaucoup de sous pour faire des sorties ou quoi. Donc un après-midi elle est venue nous
prendre en nous disant qu’on allait faire un Mac Donald et une sortie ou je ne sais pas
quoi, en fait on n’est pas revenu, on est parti dans un foyer d’accueil d’urgence, à
Denfert Rochereau, je ne sais pas si vous connaissez ?
-
Non, je connais des foyers d’accueil d’urgence mais pas celui-ci
-
F : le Foyer d’accueil d’urgence était spécial, super spécial, des jeunes qui arrivaient
tous les jours, on dormait par terre, sur des matelas
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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-
Vous êtes restés combien de temps ?
-
F : On est resté 9 mois
-
9 mois ?
-
F : 9 mois, on est resté longtemps. Le problème était au niveau de l’hygiène
-
M : J’allais souvent les voir, tous les soirs, tous les jours
-
F : C’est vrai, elle avait le droit de venir nous voir souvent, et sinon au niveau de
l’hygiène, là-bas le problème de l’hygiène, je m’en souviens toujours, on n’avait plus de
vêtement, et il y avait une lingerie pour tout le monde, en fait le sweat que l’on portait
aujourd’hui le lendemain il était sur les autres, et ça m’a fait bizarre du jour au
lendemain comme ça , en fait le sweat de quelqu’un d’autre…
-
Une mise en commun ?
-
F : Une mise en commun de tout, donc après tu n’as plus, on ne comprend plus ce qui
arrive, on se dit on est qui nous ? Pourquoi on porte le truc à quelqu’un d’autre ? Est-ce
que c’est à nous cela ? On n’avait plus rien, on ne savait plus ce qui était à nous, ce qui
était aux autres, ça déstabilise ça
-
M : Après ça s’est arrangé quand vous êtes allés à Neauphle
-
F : Ouais, ça s’est arrangé quand on est parti à Neauphle
-
M : Après, je leur ai acheté du linge
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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ANNEXE
III
Jean-Yves BARREYRE - ANCREAI
Proposition d’amendement au
Projet de décret relatif aux conseils de la vie sociale et aux formes de participation
institués à l’article L 311 – 6 du code de l’action sociale et des familles
Article D3 : après « Les formes de participation prévues aux alinéas précédents assurent
l’expression directe des bénéficiaires des prises en charge sociales et médico-sociales »
Tenir compte du point de vue subjectif des personnes nécessite le respect de règles
formelles relatives au contexte et aux modalités de recueil de la parole des bénéficiaires :
-
-
-
-
-
les bénéficiaires sont informés de la forme de la consultation et comprennent
l’intention formulée par l’organisme sollicitant cette participation ;
les formes de participation sont une activité de droit, considérée comme telle par
les bénéficiaires et l’ensemble des autres acteurs participant à la collecte des
informations, depuis le donneur d’ordre jusqu’aux personnes missionnées à cet
effet.
Le mode de collecte de l’information correspond aux capacités de compréhension
et de communication et modes d’expression des bénéficiaires ; il est
systématiquement adapté aux besoins spécifiques des personnes (supports, aides
techniques et humaines, modes de communication..)
L’objet des participations ne se réduit pas à un indice de satisfaction a posteriori
relatif à l’offre de prestation par l’organisme ou le service, mais couvre quatre
champs de sollicitation prioritaires :
• l’accès aux droits,
• les attentes et demandes effectives
• l’association au(x) projet(s) concernant les personnes
bénéficiaires,
• la satisfaction des services rendus
Les commanditaires de la consultation garantissent que l’expression sera recueillie
et prise en compte sans faire acception de critères autorisant une quelconque
discrimination, exclusion ou ségrégation.
Les résultats de la consultation sont rendus publics, en respectant l’anonymat, et
rendus accessibles à tous.
Juin 2002
Enquête Parents enfants placés – Septembre 2002
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