la fabrique de l`image

Transcription

la fabrique de l`image
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Martine ABALLÉA - Anne-Sophie EMARD
Agnès GEOFFRAY - Marc Le MENÉ
Œuvres de la collection du FRAC Auvergne
AU LYCÉE PIERRE-JOËL BONTÉ - RIOM. Dans le cadre de l’EROA
Du 13 octobre au 8 décembre 2016
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Envisager le réel avec une certaine poésie ou au contraire en souligner son étrangeté... C’est
à cela qu’invitent les œuvres présentées dans cette exposition. Ici, le réel est semblable à une
matière que les artistes manipulent à l’envi et avec laquelle il devient possible de surprendre,
d’inquiéter, d’émerveiller. Chacune des œuvres donne à voir une réalité transformée sans
qu’il soit toujours possible de savoir ce qu’il en est exactement.
Que regardons-nous finalement quand nous nous trouvons face à ce paysage photographié
par Anne-Sophie-Emard - paysage qui semble avoir été préservé de toute présence humaine ou devant cette scène insolite créée par Marc Le Mené ? Qui est ce "méchant architecte" dont
parle Martine Aballéa dans son œuvre ? Et comment envisager les photographies d’Agnès
Geoffray desquelles se dégage un profond sentiment de malaise ?
Toutes les réponses à ces questions sont là, sous nos yeux, se dissimulant parfois, affleurant
souvent à la surface des œuvres. C’est avant tout à une extrême vigilance que nous invite
cette exposition. Parvenir à distinguer ce que nous croyons percevoir de l’œuvre de l’œuvre
elle-même, à dissocier la réalité du simple sentiment de réalité. La fabrique de l’image nous
amène à nous méfier de la banalité des images et du réel, propos qui - espérons-le - trouvera
un écho favorable dans le contexte pédagogique de cette exposition.
Martine ABALLÉA
Née aux États-Unis en 1950 - Vit et travaille en France
Le méchant architecte, 1996
Phototypie
76 x 56,5 cm
Dépôt du Centre national aux arts plastiques au FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Martine Aballéa est une conteuse d’histoires
fantastiques, merveilleuses où la réalité est
transformée par le langage comme si elle se
méfiait de la banalité des images et du réel. Elle
construit des fictions, des images "extra-ordinaires"
pour provoquer l’étonnement, l’émerveillement
mais aussi l’inquiétude et le sentiment d’étrangeté.
Le caractère invraisemblable de ses images est
revendiquée par l’artiste qui déclare : "La surinformation des médias tue l’information et sa
crédibilité. Aussi, faire des histoires invraisemblables
est-il désormais possible, puisque de toute façon
l’invraisemblable nous entoure quotidiennement.
J’ai pensé parfois que je faisais des vrais faux."
Cette photographie intitulée "Le méchant
architecte" est symptomatique de cette attitude
où Martine Aballéa construit ses images à partir
d’une photographie représentant soit des paysages,
soit des vues d’intérieurs d’habitation sans
présence humaine. Elle retouche les photographies
en les colorisant ou en effectuant un "virage"
(procédé qui permet de teinter uniformément la
photographie).
Cette retouche donne un effet "vintage", un aspect
vieille photographie qui fait référence à l’histoire
de la photographie et peut-être revendique une
nostalgie pour un certain passé ?
"Ce n’est pas le désir de montrer quelque chose
d’ancien. J’aime tout simplement ce type d’image
aux couleurs qui ne correspondent pas à la
réalité." La typographie (en référence aux vieux
films) utilisée pour le titre et le texte présents sur
l’image renforce cet écart et accuse malgré tout
une dimension nostalgique que l’artiste finit par
avouer : " …il est certain que je suis extrêmement
nostalgique… J’ai l’impression que beaucoup
de choses ont été perdues, aussi bien dans une
certaine manière de vivre que dans une façon de
penser." Derrière cette apparence, le texte fait
basculer l’image dans le malaise, l’angoisse, dans
une sourde violence qui habite cette photographie
et la série d’image élaborées de cette manière.
"Nous sommes dans une époque de désarroi,
d’angoisse généralisée." Alors, l’ordinaire devient
terrifiant, aberrant, voire abominable et le piège
se referme sur nous.
Le sujet est tragique mais le traitement, lui reste
poétique, il offre des sensations aiguës, une
hypersensibilité émotionnelle mais aussi une ironie
impitoyable et un cynisme contrôlé par le biais de
la fiction.
Anne-Sophie EMARD
Née en France en 1973 - Vit et travaille en France
Sanctuaire (Biodôme), 2003
Cibachrome sous diasec contrecollé sur aluminium, sous plexiglas
3 x (80 x 100 cm)
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
C’est à l’occasion d’une résidence de plusieurs
mois réalisée au Canada que Anne-Sophie Emard
a entrepris la réalisation de ce triptyque, issu d’une
vaste série intitulée Sanctuary.
Panorama fragmenté d’un paysage nordique,
Amérique du Nord ou Canada... - le paysage
photographié porte les ambiances romantiques
des grands espaces préservés de la présence
humaine, jusqu’à ce que quelques détails invalident
l’impression première du spectateur. Un pan de
mur, visible sur la partie centrale, l’étrange platitude
de l’horizon, aux couleurs délavées et dont la
surface, striée, révèle le simulacre, la béance noire
qui sépare l’eau du ciel, la texture du guano qui
recouvre la roche, révèlent en effet l’artifice de ce
paysage, pur simulacre d’une nature rêvée.
Le lieu de prise de vue est un immense complexe
touristique dans lequel plusieurs écosystèmes ont
été reconstitués, afin de synthétiser les différents
types de paysages, de faune et de flore de la planète.
Ce que le panorama donne à voir, de manière
fragmentée, est la reconstitution en carton-pâte
d’un écosystème peuplé de vrais animaux.
Nous sommes dans un lieu qui, à mi-chemin entre
le parc d’attraction new-age, le zoo et le diorama,
porte la destruction future de son modèle (la
nature est périssable, va connaître d’irréversibles
bouleversements dûs à l’activité humaine).
Biodôme réactive également les utopies déchues
de mondes parfaits, telles qu’elles ont pu être
traitées au cinéma notamment (The Truman Show,
L’Âge de Cristal, Soleil Vert...).
Agnès GEOFFRAY
Née en France en 1973 - Vit et travaille en France
Incidental gestures (détails), 2011-2012
Photographies
Dimensions variables
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
L’œuvre d’Agnès Geoffray trouve sa raison d’être
dans la constante réflexion menée par l’artiste
sur le statut de l’image photographique, sur la
manière dont les images nous parviennent, sur la
façon dont l’Histoire s’en empare, modifiant parfois
leur signification jusqu’à leur falsification pure
et simple. Agnès Geoffray est photographe mais
la majeure partie de sa pratique s’effectue sans
la photographie ou, plutôt, par la récupération
d’images d’archives dont elle n’est pas l’auteur et
qui constitue le fondement d’un travail de retouche
et de recontextualisation. Acquise dans son
intégralité par la collection du FRAC Auvergne (et
présentée en partie pour cette exposition), la série
Incidental Gestures regroupe seize photographies
(dont certaines se présentent sous la forme de
diptyques) collectées, montées et retouchées par
l’artiste. Ces retouches posent autant la question
de la position éthique du photographe qu’elles
abordent la problématique de la rectification de
l’événement - simple fait divers ou marqueur
historique. On pense très vite aux photographies
de l’époque stalinienne, retouchées au fil des
trahisons, disparitions subites, changements
politiques. On songe aussi aux photographies
retouchées du régime de Kim Jong Un.
L’ensemble photographique procède de la perte,
du manque, de l’absence. La série photographique
est fondée sur la réappropriation d’images
d’archives, Agnès Geoffray manipule jusqu’à leur
donner une autre réalité. L’image est retouchée,
falsifiée, réinventée. L’image première est parfois
perdue et ne subsiste que comme une image
fantôme dont il n’est même plus possible de
discerner quelles sont les parties qui ont fait l’objet
d’une manipulation. Parfois, au contraire, l’image
originelle et sa version "corrigée" se trouvent
mises en regard, dans l’évidence de leur statut pour
certaines (comme c’est le cas de la gueule cassée
de la première Guerre mondiale ou de cette image
célèbre de la Libération où une femme accusée
de collaboration est exhibée nue par la foule, et
dignement revêtue par l’artiste), et pour d’autres
dans l’impossibilité de distinguer l’image source de
sa version modifiée (la double photographie d’une
mère et de sa fille par exemple). Les modifications
apportées par Agnès Geoffray concernent donc
autant la question de la falsification que celle,
autant utopique que poétique, de l’assentiment
conféré aux événements douloureux auxquels une
volonté de réécriture délicate de l’Histoire
voudrait pouvoir apporter réparation.
Marc LE MENÉ
Né en France en 1957 - Vit et travaille en France
Chambre mentale, 1996
Phototypie
76 x 56 cm
Dépôt du Centre national aux arts plastiques au FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Reporter et photographe publicitaire à ses débuts,
Marc Le Mené se consacre depuis 1981 à ses
travaux personnels (avec quelques collaborations
épisodiques à Vogue, Marie-Claire Beauté, le Jardin
des Modes). Une exposition lui sera consacrée au
Musée National d’Art Moderne/Centre Georges
Pompidou, en 1984, et en 1985, il reçoit le prix
décerné par le Centre national de la Photographie.
Pensionnaire de la Villa Médicis, Prix de Rome
1989, il y séjourne un an. En 1995, il est lauréat du
Prix Roger Pic de la Scam (Société civile des auteurs
multimedia). Exposé de nombreuses fois en France
et à l’étranger, il est représenté dans diverses
collections publiques et privées (Musée d’Art
moderne de la Ville de Paris, Musée Carnavalet,
Musée Rodin, Fonds National d’Art Contemporain,
etc.). Le Nu, Paris, Rome de nuit ainsi que des
images "fabriquées" : L’homme au chapeau, La
chambre mentale, Les chiens de pluie constituent
les principaux thèmes de ses créations.
Marc le Mené cultive un intérêt profond pour
la littérature, la peinture et la photographie qu’il
a abordée en autodidacte. Il apprend à maîtriser
la lumière et la composition en regardant les
peintures de Matisse et Bonnard tandis que
Kandinsky et Malevitch lui apprennent à remplir
l’espace, "souvent avec une majorité de vide".
Cette photographie est issue d’une série réalisée
entre 1998 et 2002, intitulée Chambre Mentale.
Le dispositif consiste en une boîte cubique à cinq
pans (ouverte), recréant à l’intérieur, une pièce
en modèle réduit avec une perspective accélérée,
point de départ de ses compositions insolites,
mélangeant sculptures et objets disparates
au milieu desquels évoluent des silhouettes
photographiées et découpées, qui brouillent
échelles et proportions de manière surréaliste.
Marc Le Mené se met souvent en scène : "travailler
dans un lieu clos, colorier mes tirages et mêler du
dessin à la photo sont pour moi un moyen de fuir
la réalité".
Cette image s’inspire étroitement du procédé du
photomontage surréaliste. On pense notamment
aux œuvres de Max Ernst, Raoul Ubac, Léo Malet ou
Georges Hugnet. Il s’agissait dans les années 1920
d’insuffler un renouveau poétique au procédé mais
aussi de créer des rencontres fortuites d’éléments
disparates, d’objets trouvés incohérents de manière
à provoquer cette "étrange étrangeté" chère à
toute l’imagerie du mouvement surréaliste.
REPÈRES
REFÉRENCES
La fabrique de l’image
ART
1818 : Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages
1863 : Alexander Gardner, These are the dreadfuls details
1920 : Max Ernst, Le Rossignol chinois
1923-1924 : Raoul Hausman, ABCD
1924 : André Breton, Le Manifeste du surréalisme
1985 : Joachim Mogarra, Les images du monde
2006 : Philippe Ramette, Exploration rationnelle des fonds sous-marins : le contact
LITTÉRATURE
1931 : William Faulkner, Sanctuaire
1931 : Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes
1958 : Aldous Huxley, Retour au Meilleur des mondes
1949 : George Orwell, 1984
1953 : Ray Bradbury, Farenheit 451
CINÉMA
1974 : Richard Flescher, Soleil vert
1976 : Michael Anderson, L’Âge de Cristal
1985 : Woody Allen, La Rose Pourpre du Caire
1998 : Peter Weir, The Truman Show
POUR ALLER PLUS LOIN
La fabrique de l’image dans la collection du FRAC Auvergne
> Eric BAUDELAIRE, The dreadfuls details, 2006, c-print sous diasec, diptyque, 209 x 375 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Cette composition revisite toutes les images de guerre
qui nous hantent. Eric Baudelaire est allé photographier
la seconde (ou la troisième) guerre d’Irak à Hollywood,
dans les décors des séries télévisées qui se tournent
actuellement. C’est une vaste fresque symbolisant la
forme moderne des guerres, à savoir ni les grandes
batailles conventionnelles, ni la guérilla des maquis
de partisans, mais la guérilla urbaine où se mêlent
troupes conventionnelles, supplétifs locaux et civils.
C’est donc apparemment une "grande machine" au
sens que pouvait lui donner Delacroix : une grande
œuvre, extrêmement composée, valant à la fois par
la puissance de son mouvement d’ensemble et le
soin apporté aux détails, tentant de restituer le plus
fortement possible la grandeur tragique ou bestiale
mais triomphante d’un grand événement. Celleci semble toutefois produite pour fonctionner à
l’envers.
L’image est d’abord fracturée en son centre : il n’y
a qu’un seul photogramme mais il est présenté en
diptyque, brisant ainsi d’avance toute promesse
d’unité et de mouvement d’ensemble. Très vite
on s’aperçoit qu’il n’y a en fait pas d’action ni de
mouvement d’ensemble spontané, les personnages
sont des acteurs qui prennent la pose.
Cette fresque s’intitule Dreadful Details, mais
on n’observe aucun détail "effroyable" ou
"insupportable" : l’enfant dans les bras de sa
mère, vraisemblablement mort, ne porte nulle
trace de sang, les autres morts, quand ils ne sont
pas dissimulés sous une couverture, neportent
ni mutilation, ni blessure éprouvante, on ne voit
aucune bestialité en acte. C’est une anti-fresque.
Car tout ici est cliché ou référence aux clichés.
Cliché du cadavre de sniper, à qui l’on a fait prendre
la pose avant de le photographier, comme l’avait
fait Alexander Gardner avec sa photo Home of a
Rebel Sharpshooter lors de la guerre de Sécession.
Le mort, en arrière-plan et contre le mur, à gauche
du panneau droit, en est une quasi-citation et
le titre même, Dreadful Details, provient de la
légende d’une photographie sur cette guerre.
Cliché du photo-journalisme plus récent :
comment ne pas se sentir au Vietnam à la gauche
du panneau de gauche, entre cette femme qui
ouvre les bras face au soldat qui la met en joue et
cet homme accroupi derrière un écran de fumée ?
Cliché de la peinture de guerre elle-même : à droite
du panneau de droite, avec ces soldats prêts à faire
feu et ce suppliant qui ouvre les bras, comment
ne pas se sentir en Espagne, le 3 mai 1808, sous
le regard de Goya ? Plus encore, avec cet officier
à l’air indifférent qui se tient légèrement à l’écart,
on n’est plus seulement chez Goya et en Espagne,
mais tout autant chez Manet et au Mexique, à
propos de l’exécution de Maximilien. Clichés que
ceux que prennent les deux civils au balcon avec
leur téléphone portable, comme en une référence
implicite aux images "amateurs" d’Abou Ghraïb
; et ils les prennent en surplomb d’un journaliste
télé qui est encore en train de régler sa caméra,
comme en une allusion tout aussi implicite à
l’explosion des images d’anonymes, notamment
grâce à Internet.
Eric Baudelaire, The dreadfuls details.
Références histoire de l’art
> Raphaël DALLAPORTA
GMMI 43 ‘Glass Mine’ Germany, 2004, cibachrome, 29 x 22,7 cm
BLU3-B USA, 2004, cibachrome, 29 x 22,7 cm.
Dépôt du Centre national des arts plastiques au FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Les photographies de la série Antipersonnel ont
révélé le travail de Raphaël Dallaporta en 2004,
dont les origines remontent à 1997 lorsque l’artiste
rencontre en Bosnie des équipes de démineurs et
qu’il commence à réfléchir aux moyens d’aborder le
sujet des ravages causés par les mines antipersonnel.
La même année, la communauté internationale
adopte le Traité d’Ottawa, ratifié par 89 états, afin de
proscrire définitivement l’utilisation de ces engins
qui continuent à mutiler et tuer les civils bien après
la fin des conflits armés.
Le traitement d’un tel sujet par la photographie n’est
pas chose simple et n’offre que peu d’alternatives en
dehors de la démarche d’un photoreporter qui se
confronterait immédiatement au risque de conférer à
l’horreur une dimension spectaculaire. Mais Raphaël
Dallaporta n’est pas reporter et son processus de
travail ne consiste pas à aller photographier, sur le
terrain, les conséquences d’une guerre. Par ailleurs,
même si la série Antipersonnel engage un regard
critique sur ce contexte précis, elle utilise pour le
faire un processus d’enregistrement qui s’inscrit dans
l’héritage détourné d’une photographie objectiviste.
Les photographies qui constituent la série ont été
réalisées avec le soutien du Département d’Expertise
et de Formation au Déminage de l’école du génie
d’Angers. Ce centre de formation militaire unique
en France possède en effet une collection des
principales mines utilisées de la Seconde Guerre
mondiale à nos jours. Raphaël Dallaporta en a choisi
soixante-dix, en fonction des technologies qu’elles
utilisent, de leur pouvoir de destruction, de leur
indétectabilité, etc., afin de dresser un inventaire
qui bien que non exhaustif, regroupe les principales
caractéristiques de ces armes fabriquées par millions.
Les mines ont été photographiées à la chambre, sur
fond noir, à l’échelle un, comme des objets précieux
à la fois fascinants et morbides, mis à leur avantage
comme autant de produits de luxe. Présentés de la
sorte, ils se donnent à voir en dehors de leur contexte,
dans une dimension technologique étrange de
laquelle émane une esthétique insoupçonnée qui est
celle, si ambiguë, de toutes les images de désastres
et d’engins de destruction. Chaque photographie est
accompagnée d’une légende qui, bien plus qu’un
titre, se constitue en notice de présentation de la
bombe, indiquant son origine, ses caractéristiques
meurtrières, son mode de propagation, son poids,
ses dimensions et, parfois, une anecdote liée à ses
spécificités : "Le nombre des utilisations possibles
de la Claymore n’est limité que par l’imagination de
l’utilisateur. ", "De fabrication artisanale, elle contient
suffisamment d’explosifs et de débris pour arracher
une jambe en explosant.", etc. De la destruction,
Raphaël Dallaporta ne montre que la cause, en
choisissant des objets d’autant plus intrigants que
leur fonction première est d’être invisibles dans la
réalité. Il laisse les conséquences se développer sous
forme d’images mentales dans l’esprit du spectateur.
> Thomas DEMAND, Sprungturm, 1994, cibachrome sous diasec sous plexiglas, 150 x 119 cm
Dépôt du Centre national des arts plastiques au FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Thomas Demand est photographe mais la
photographie n’est que l’étape ultime d’un long
processus de travail qui consiste à créer à partir
d’une image initiale une maquette de grandes
dimensions entièrement faite de papier et de
carton, puis à la photographier avant de procéder
à sa destruction.
En interposant de la sorte une maquette entre
la réalité et l’œuvre finale, Thomas Demand
complexifie la relation de reproduction du réel qui
est au cœur de l’acte photographique. La maquette
et l’image qui lui a servi de modèle ayant disparues,
il ne reste par conséquent de la réalité de ces
plongeoirs que ce qu’il nous en laisse voir.
Par ailleurs, il ne s’agit jamais pour lui de constituer un
parfait trompe-l’œil, de nombreuses imperfections
sont laissées volontairement apparentes : les
béances de la maquette imparfaitement ajustées
au niveau des gradins, la blancheur luminescente
et irréelle de la scène..., autant de failles pouvant
être destinées à rendre plus malléable cette image
pour que la fabrique de l’imaginaire du spectateur
puisse plus aisément s’en emparer pour l’activer,
l’habiller, la développer une seconde fois.
Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC), créés au début des années 80, sont des institutions dotées
de trois missions essentielles.
La première consiste à constituer des collections d’œuvres d’art représentatives de la création contemporaine
de ces 50 dernières années. La seconde est une mission de diffusion de ces collections sous forme d’expositions,
tant dans les régions d’implantation des FRAC respectifs qu’ailleurs en France et à l’étranger. Enfin, la troisième
raison d’être de ces institutions est d’œuvrer pour une meilleure sensibilisation des publics à l’art de notre
époque.
Le FRAC Auvergne a choisi dès le départ d’orienter sa collection vers le domaine pictural, se dotant ainsi
d’une identité tout à fait spécifique dans le paysage culturel français.
Aujourd’hui composée de plus de 750 œuvres, cette collection circule chaque année en région Auvergne et
ailleurs, à raison de 20 expositions annuelles.
Le FRAC Auvergne bénéficie du soutien du Conseil Régional d’Auvergne Rhône Alpes et du Ministère de la
Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne Rhône Alpes.
Il est également soutenu, pour l’Art dans les Lycées, par le Rectorat.
PROGRAMMATION FRAC 2016-2017
FRAC Auvergne
6 rue du Terrail
63000 Clermont-Ferrand
Retour au meilleur des mondes
Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne
Jusqu’au 2 octobre 2016
Ilse D’Hollander
Du 8 octobre au 30 décembre 2016
Pierre Gonnord
Du 14 janvier au 26 mars 2017
Gregory Crewdson
Du 8 avril au 18 juin 2017
Expositions hors les murs
Claude Lévêque
Domaine Royal de Randan - Jusqu’au 2 octobre 2016
Photographies Collections du FRAC Auvergne et du Centre national des arts plastiques
Michel Campeau - Stéphane Couturier - Thomas Demand - Rineke Dijkstra - Geert Goiris
Nan Goldin - Pierre Gonnord - Pascal Kern - Manuela Marques - Éric Poitevin - Zineb Sedira
Vincent J. Stoker - Yuri Kozyrev - Jeanloup Sieff - Patrick Tosani - Hocine Zaourar
Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac - Jusqu’au 29 octobre 2016
PROGRAMMATION LYCÉES 2016-2017
La fabrique de l’image
> Lycée Pierre-Joël Bonté, Riom. Du 13 octobre au 8 décembre 2016 (dans le cadre de l’EROA)
> Lycée Louis Pasteur, Lempdes. Du 16 janvier au 17 février 2017
> Lycée agricole de Neuvy, Moulins. Du 14 mars au 13 avril 2017
Le geste de la couleur
> Lycée le Sacré Cœur, Yssingeaux. Du 15 novembre au 13 décembre 2016
> Lycée Sainte-Marie, Riom. Du 17 janvier au 16 février 2017
Entrée en matière
> Lycée Lafayette, Brioude. Du 17 novembre au 16 décembre 2016
Espaces sensibles
> Cité scolaire Albert Londres, Cusset. Du 17 janvier au 16 février 2017
Anatomies
> Lycée Jean Monnet, Yzeure. Du 22 novembre 2016 au 13 mars 2017 (dans le cadre du jumelage)
> Lycée agricole de St-Gervais d’Auvergne. Du 16 mars au 14 avril 2017
Autres expositions pédagogiques
> Lycée Godefroy de Bouillon, Clermont-Ferrand. Du 10 novembre au 14 décembre 2016
> Lycée René Descartes, Cournon. Du 31 janvier au 24 mars 2017 (dans le cadre du jumelage)
> Lycée Blaise Pascal, Ambert. Du 9 mars au 2 mai 2017 (dans le cadre de l’EROA)
INFORMATIONS PRATIQUES
FRAC Administration
1 rue Barbançon
63000 Clermont-Ferrand
Tél. : 04.73.90.5000
[email protected]
Site internet : www.fracauvergne.com
FRAC Salle d’exposition
6 rue du Terrail
63000 Clermont-Ferrand
Tél. : 04 73.90.5000
Ouverture :
- de 14 h à 18 h du mardi au samedi
- de 15 h à 18 h le dimanche
- fermeture les jours fériés
Entrée libre
Contact pour les scolaires
Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne
04.73.74.66.20 ou par mail à : [email protected]
Patrice Leray, Professeur correspondant culturel
[email protected]
Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne :
www.fracauvergne.com
et sur le site du rectorat de l’académie à l’adresse suivante :
http://www3.ac-clermont.fr/pedago/arts/ressources.htm

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