Les mustangs d`Amérique

Transcription

Les mustangs d`Amérique
Les mustangs d’Amérique
CAPTURÉS
Controverse autour de la gestion gouvernementale des chevaux sauvages.
Une file de mustangs au galop à travers les buissons d’armoise argentée, les muscles tendus,
palpitants au franchissement des crêtes, un nuage de poussière dans leur sillage… Vision
majestueuse ! Mais cette migration-là n’est pas naturelle. Ces créatures sont pourchassées par un
cowboy nouvelle génération, qui a troqué son cheval contre un hélicoptère. Ces chevaux courent
vers un piège de barbelés, et pour beaucoup d’entre eux, l’avenir sera bien loin de la vaste prairie.
Le mois dernier, le Wyoming a capturé de cette façon près de 700 chevaux, dans le cadre d’un
projet visant à contrôler la population de chevaux sauvages dans les dix états de l’Ouest où ils
s’ébattent. Comme aucun prédateur ne vient les menacer, leurs troupeaux peuvent doubler tous
les quatre ans, ce qui met à dure épreuve le territoire qu’ils occupent et les animaux avec lesquels
ils le partagent. Le Bureau of Land Management ou BLM (Bureau de gestion du territoire) qui
supervise ces captures, estime à 38 500 le nombre de chevaux et ânes sauvages qui vivent sur un
territoire adapté pour 26 600.
Tout le monde n’est pas d’accord, cependant, sur la nécessité de les capturer. Suzanne Roy, qui
est à la tête de la American Wild Horse Preservation Campaign (Campagne pour la Préservation
du cheval sauvage américain) souligne que le BLM a pour objectif le retour à une population de
mustangs proche de ce qu’elle était en 1971, c’est-à-dire une époque où, selon le Congrès, les
mustangs étaient « en voie de disparition rapide». Les chevaux sont mieux protégés aujourd’hui,
mais elle précise que le gouvernement les confine dans des zones limitées qui ont
considérablement réduit leur habitat.
Les défenseurs de la cause équine accusent le BLM d’être à la solde des intérêts privés, des
propriétaires de ranch en particulier. Le bétail est beaucoup plus nombreux que les chevaux
sauvages, et occupe un territoire géré par le BLM bien plus vaste. Les ranchers voient les choses
différemment, bien sûr. Comme le fait remarquer Dustin Van Liew de la National Cattlemen’s
Beef Association (Association nationale des producteurs de bovins), depuis 1971, le nombre des
têtes de bétails qui paissent sur l’ensemble de l’Ouest américain a diminué de 30%, tandis que la
population de chevaux et d’ânes sauvages a augmenté de 52%.
La simple capture des chevaux ne suffit pas à clore le débat. Certains seront remis en liberté dans
la prairie selon des quotas mâles/femelles destinés à freiner la croissance de leur population
(mais qui pourraient mettre en danger leur viabilité génétique). D’autres viendront rejoindre les
quelques 41000 chevaux et ânes sauvages qui attendent dans des corrals de court séjour ou à plus
long terme dans des pâtures, mis à leur disposition par le gouvernement. Ces chevaux « sous
tutelle » ont coûté l’an dernier la somme de 36,9 millions de dollars au gouvernement. Pour
certains il faudrait lever certaines interdictions concernant la vente des chevaux capturés (pour
l’abattoir en particulier. En 2004, une clause glissée par Conrad Burns, à l’époque sénateur du
Montana, dans un projet budgétaire, prévoit la mise aux enchères sans restriction des chevaux les
plus âgés. Pour l’instant le BLM résiste.

Documents pareils