Arles Un empereur des ambulances présumé coupable de

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Arles Un empereur des ambulances présumé coupable de
Édition du jeudi 17 juin 2010
Arles Un
empereur des ambulances présumé coupable de
malversations financières
Photo Michael ESDOURRUBAILH
Le fondateur de l’un des plus puissants groupes de transports sanitaires privés du sud de la France
a été mis en examen pour abus de biens sociaux, travail dissimulé, escroquerie, banqueroute, faux
et usage de faux, a-t-on appris hier d’une source proche du dossier. Cet homme, Jean-Claude Brando,
70 ans, domicilié à Arles - qui a été à la tête, jusqu’à récemment, d’une douzaine de sociétés d’ambulances
installées dans le Gard, l’Hérault, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes, les HautesAlpes et employant quelque 350 salariés - est mis en cause pour des malversations financières présumées
portant sur plusieurs millions d’euros, entre 2007 et 2009.
Outre le septuagénaire, quatre hommes font également l’objet de poursuites, pour complicité : deux
comptables
du groupe et deux personnes présentées comme des proches de M. Brando ayant pu profiter de « ses
largesses ». Tous ont été placés sous contrôle judiciaire, il y a deux mois. M. Brando, qui se voit dans
l’interdiction de gérer, aurait été tenu de verser, en outre, une caution de plusieurs dizaines de milliers
d’euros. L’enquête menée depuis un peu plus d’un an, sur commission rogatoire d’un juge d’instruction
d’Avignon, par les gendarmes de la division de la délinquance financière de la section de recherches (SR)
de Marseille, se poursuit. Selon nos informations, des investigations resteraient à mener sur certaines «
destinations des fonds » détournés des entreprises.
Les suspicions de malversations dans le groupe Brando sont anciennes. En 2003, le parquet de Nîmes
avait ouvert une instruction assez ambitieuse mais qui, en 2006, devait se solder par un non lieu.
Cependant, le répit devait être de courte durée, tant le climat social se dégradait alors dans les différentes
sociétés : des salariés dénonçaient des retards de paiement, d’autres découvraient que leur patron n’avait
jamais cotisé pour eux.
Fin 2008, discrètement, une enquête préliminaire était ouverte au parquet de Tarascon. A cette époque là,
quelques articles de presse, en particulier dans Midi Libre, se firent l’écho des ennuis de M. Brando. Qui
s’accumulaient. Le 1er avril 2009, deux sociétés se voyaient supprimer leur agrément par la préfecture du
Vaucluse, pour des raisons d’hygiène et de sécurité. Une entreprise gardoise devait suivre. En juin 2009,
une information judiciaire était ouverte. Depuis, les enquêteurs auraient établi que les abus de biens
sociaux (trésorerie mouvante entre les différentes sociétés et fonds détournés de leur objet) portent en à
peine trois ans sur un million d’euros ; 2,7 M€ s’agissant du travail dissimulé (le non règlement des
cotisations sociales). Les deux comptables mis en examen auraient reconnu un « manque de rigueur »
certain.
Un patron mis sur le gril par ses confrères
Nous sommes le 12 mars 2009. Ce jour-là, c’est une manifestation sans précédent qui se produit devant
les portes de la DDASS du Gard, à Nîmes. Toutes sirènes hurlantes, des patrons de sociétés d’ambulances
manifestent leur colère, sous la bannière du syndicat des transporteurs sanitaires du Gard. Des
professionnels dont la revendication est pour le moins inattendue : ils réclament à leur administration de
tutelle… plus de contrôles.
Leur représentant, Loïc Cazzulo, lance dans nos colonnes cet appel : « La DDASS doit faire le ménage ! »
Il dénonce ainsi des manquements aux règles sanitaires et les escroqueries à l’Assurance maladie, via de
fausses déclarations de transports. En ligne de mire, un homme : Jean-Claude Brando. La réputation
sulfureuse de ce patron atypique semble établie dans son milieu professionnel.
Parmi les salariés de Brando, la grogne est vive également. Bon nombre d’entre eux - on parle de plusieurs
dizaines d’hommes et de femmes - découvrent qu’ils n’existent pas auprès des organismes sociaux. En
clair : leur patron n’a pas cotisé auprès des caisses de retraite, d’Assurance maladie, de chômage. Et cela
dure parfois depuis plusieurs années ! Les prud’hommes sont saisis dès lors par de nombreux dossiers de
plaignants.
Il n’est pas très étonnant quand, le 23 juin 2009, le tribunal de commerce de Nîmes prononce la liquidation
judiciaire de huit sociétés du groupe Brando, d’entendre des salariés et ex-salariés confier leur
soulagement.
Richard BOUDES

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