X3 La paix de Dieu

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X3 La paix de Dieu
X3
LA PAIX DE DIEU
900-1000
La Paix de Dieu est un mouvement des 10ème et 11ème siècles, initié par l’église
puis soutenu par le pouvoir civil. Son but était d’obtenir la pacification du monde
chrétien occidental et la cessation de l’usage de la violence dans la société.
La dissolution de l’empire carolingien au 9ème siècle entraîne la mutation féodale,
la toute puissance des seigneurs s’exerce sur la paysannerie et le clergé qui subissent, par
ailleurs, les dégâts « collatéraux » des guerres qu’ils se livrent. L’Eglise n’est pas épargnée par
les désordres : des charges paroissiales ou ecclésiastiques sont données à des laïcs, la discipline
monastique se relâche, le niveau culturel est en baisse.
A l’opposé, les monastères qui ont su garder une conduite irréprochable voient leur
pouvoir s’accroître, ils acquièrent une autorité morale et ont souvent à leur tête des hommes
d’une grande intégrité, issus de l’aristocratie.
La grande peur de l’an mil, ajoutée à la terreur provoquée par les épidémies, amènent
un renouveau du religieux exploité par les ecclésiastiques pour créer ce mouvement de la Paix
de Dieu élaboré au milieu du 10ème siècle avec les Assemblées de Paix.
Les Assemblées de Paix sont des synodes convoqués par les évêques qui appellent les
participants « grands et petits » et fixent leur objet : la cessation des exactions, la défense des
biens de l’Eglise en premier lieu , la protection des « pauvres » , clercs et moines non armés,
et celle des « humbles ».
La première assemblée se tient à Clermont en 958, initiée par l’évêque Etienne II, elle
met un terme à la rebellion des seigneurs auvergnats. D’autres suivront, de 973 à 994
dirigées par l’évêque du Puy, Guy d’Anjou, issu d’une puissante lignée et qui dispose des
moyens nécessaires pour s’imposer par la force.
Longtemps localisé là où l’Eglise en a besoin et peut l’imposer, le mouvement prend de
l’ampleur : les synodes se transforment en conciles avec prestation de serment sur les décisions
de plus en plus élaborées. Extension vers la Bourgogne, puis par la vallée du Rhône, vers le
Nord où certains prélats lui font opposition.
Après la mort de Guy d’Anjou, en 996, les princes récupèrent le mouvement qui
bénéficie, au début du 11ème siècle, du soutien du roi Robert le pieux et de la haute noblesse
chargée d’en faire respecter les décisions.
L’application des décrets est garantie par l’engagement solennel, le serment de Paix, les
récalcitrants étant punis soit par la justice, soit par des sanctions spirituelles pouvant aller
jusqu’à l’excommunication, soit par la force armée.
L’importance du mouvement de la Paix réside dans la structuration ternaire de la
société, la définition des droits et devoirs des trois ordres : »ceux qui prient, ceux qui
combattent, ceux qui travaillent » ; on estime qu’il a fondé les bases morales de la société
médiévale.