Rue Frontenac - Un pédophile récidiviste voit son statut déclassé

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Rue Frontenac - Un pédophile récidiviste voit son statut déclassé
Rue Frontenac - Un pédophile récidiviste voit son statut déclassé
Écrit par David Santerre
Lundi, 23 août 2010 17:43 - Mis à jour Lundi, 23 août 2010 18:17
Un pédophile récidiviste vient de voir la Cour d’appel du Québec amoindrir sa peine, le
déclassant du statut de délinquant dangereux à celui de délinquant à contrôler.
En clair, cela veut dire que Réal Destroismaisons, qui a fait six victimes de 4 à 12 ans entre
1971 et 2003, devra purger une peine de prison, dont la durée devra être déterminée par la
Cour du Québec, et ensuite demeurer sous contrôle judiciaire pour une période maximale de
dix ans plutôt que de purger une peine à durée indéterminée pouvant aller jusqu’à perpétuité,
comme le prescrit le statut de délinquant dangereux.
Âgé de 69 ans, l’homme de la région de Saint-Jean-sur-Richellieu a été arrêté en 2004 après
que deux fillettes l’eurent dénoncé de les avoir touchées et incitées à le toucher aux parties
génitales.
Les policiers ont ensuite analysé le contenu de l’ordinateur du pédophile pour découvrir deux
photos des mêmes fillettes, nues, l’une semblant bouder à la sortie du bain, alors que l’autre
photo en mettait une en scène en train d’étendre de la crème sur le corps de l’autre.
Les limiers trouvaient aussi une bonne quantité d’images pornographiques stockées dans
l’ordinateur, dont une «quantité importante de photographies illustrant soit de la pornographie
juvénile, soit des scènes diverses de sado-masochisme, de nécrophilie, d’urolagnie, de
coprophagie et de bestialité», décrivent dans leur récent jugement les trois juges de la Cour
d’appel qui ont étudié son cas.
Les autres accusations remontent à beaucoup plus loin et font état d’attouchements divers aux
parties génitales, de fellation et même de tentative de relation sexuelle complète.
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Écrit par David Santerre
Lundi, 23 août 2010 17:43 - Mis à jour Lundi, 23 août 2010 18:17
Attitude prédatrice
Après avoir vu Destroismaisons plaider coupable à 10 des 12 chefs d’accusation déposés
contre lui, le juge Lucien Roy, de la Cour du Québec, district judiciaire d’Iberville, l’a déclaré
coupable des deux autres au terme de son procès.
Puis, se basant sur les rapports de trois experts, un sexologue, un criminologue et un
psychiatre, il déclarait l’homme, qui avait déjà une condamnation en semblable matière
remontant à 1987, délinquant dangereux en mars 2006.
Autrement dit, il lui imposait une peine d’incarcération indéterminée, laissant le soin aux
autorités carcérales de le libérer le jour où elles considéreraient que sa dangerosité pour la
société serait acceptable. Alors, il aurait été sous la surveillance des services correctionnels
pour la vie et aurait pu être réincarcéré en cas de rechute.
Pour en arriver à cette décision, le juge Roy citait le rapport de la criminologue Géraldine
Simard, qui énumérait des facteurs inquiétants comme ses «antécédents en semblable matière;
répétition de l’agir illicite sur de longues périodes; le nombre de victimes impliquées; (…) ses
attitudes prédatrices au contact de jeunes victimes faibles et sans défense qu’il peut contrôler et
manipuler; le manque d’expression de ses sentiments».
Il semblait aussi ressortir du rapport du sexologue Yves Paradis comme de celui de M me
Simard que le prédateur avait peu d’empathie, se victimisait et que sa motivation à
entreprendre une thérapie semblait surtout reposer sur son désir de s’en tirer le mieux possible
devant le tribunal.
Possibilité de réinsertion sous-estimée
Mais les juges François Pelletier, Marie-France Bich et François Doyon, de la Cour d’appel, ont,
à la demande de l’avocat de Destroismaisons, atténué la peine du prédateur.
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Écrit par David Santerre
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Écrivant au nom des deux autres, le juge Doyon estime que le premier juge n’a pas
suffisamment tenu compte de l’avis d’un autre expert, en l’occurrence le psychiatre de l’Institut
Pinel, le D r Louis Morissette.
Celui-ci, sans amoindrir la responsabilité du pédophile ni l’horreur de ses crimes, affirmait dans
son rapport que Destroismaisons, qu’il avait rencontré six mois après les deux autres experts,
présentait un début d’ouverture à une thérapie pour traiter ses déviances. Pour le D r Morissette,
une thérapie en milieu fermé de 9 à 12 mois, avant une libération sous haute surveillance
pendant plusieurs années au cours de laquelle les traitements seraient maintenus, pouvait ne
pas être un risque inacceptable pour la société.
«S’il existe une possibilité réelle que le risque puisse être maîtrisé au sein de la collectivité,
c’est cette dernière possibilité qui doit être retenue et le délinquant doit être déclaré délinquant
à contrôler plutôt que délinquant dangereux», écrit le juge Doyon.
Qui plus est, pour lui, le D r Morissette est le seul des trois experts à avoir mené son expertise
en sachant que Destroismaisons était sous le coup d’une demande de déclaration de
délinquant dangereux présentée par la Couronne. Ainsi pouvait-il exprimer ses conclusions en
tenant compte de cette demande, et pas les deux autres.
«Je suis d’avis que cette omission constitue ici une erreur déterminante qui est la source d’un
raisonnement qui a rendu sa conclusion (au juge Roy) déraisonnable», écrit le juge Doyon.
Ainsi, il déclare Réal Destroismaisons délinquant à contrôler et renvoie l’affaire devant un juge
de la Cour du Québec qui devra déterminer la longueur de la peine que doit purger l’homme,
déjà détenu depuis six ans, ainsi que la longueur de la période de surveillance à laquelle il
devra être soumis par la suite, période qui ne peut excéder 10 ans.
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