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Appropriation subjective du viol
Journal International De Victimologie
International Journal Of Victimology
Année 12, Numéro 1 - 2014
De l'appropriation subjective de l'événement traumatique de viol
Coutelour, M., Batt, M., & Trognon, A. [France]
1
Université de Lorraine, Nancy (Interpsy EA4432)
Résumé
Dans cet article, nous étudions l'appropriation subjective de l'événement traumatique par la victime de
viol. Ce travail psychique consiste à mettre du sens sur l'événement vécu et à chercher des causes à sa
survenue, notamment en se tournant du côté de l'agresseur. Il pourrait permettre de faire émerger le
phénomène de résilience, signe ultime d’un mieux-être de la victime traumatisée. Nous avons choisi d'illustrer
par un cas clinique les effets thérapeutiques pouvant être engendrés par une recherche d'explication causale
mise en place par la victime et impliquant l'agresseur. Une analyse microscopique d'une séquence d'un
entretien réalisé entre une victime d'agression sexuelle et une psychologue est effectuée grâce à une approche
pragmatique du discours (Batt, Trognon et al., 2014 ; Trognon et Batt, 2010 ; Searle, 1985 ; Vanderveken,
1988). Elle nous permet de détailler la structure du raisonnement sous-jacente aux effets thérapeutiques
émergents.
Mots-clés : Viol, traumatisme, résilience, intersubjectivité, appropriation, victime
The subjective appropriation of the traumatic event of rape
Abstract
In this article, we investigate the subjective appropriation of the traumatic event by the rape victim. This
psychological endeavour consists in giving meaning to the experienced event and search for causes for its
occurrence, notably by looking from the perspective of the aggressor. This may enable to shed further light on
the phenomenon of resilience, the ultimate sign of a greater well-being of the traumatized victim. We have
chosen to illustrate, by means of a clinical case, the therapeutic effect than can be achieved through a search for
causal explanation implemented by the victim and involving the aggressor. A microscopic analysis of a segment
of an interview conducted between a victim of sexual assault and a psychologist is achieved through a pragmatic
approach to discourse (Batt, Trognon et al, 2014 ; Trognon and Batt, 2010 ; Searle 1985; Vanderveken 1988).
This approach allows us to detail the structure of the reasoning underlying the emerging therapeutic effects.
Key-Words: Rape, trauma, resilience, intersubjectivity, appropriation, victim.
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Appropriation subjective du viol
Le viol, considéré comme un crime dans la plupart des pays occidentaux, correspond à une agression
violente par laquelle un acte de nature sexuelle est imposé à une victime par un inconnu, une connaissance, un
membre de la famille, un partenaire ou un conjoint. Délibérément induits par l’homme, le viol a pour particularité
de s’intégrer aux traumatismes liés à l’interaction (Darves-Bonoz, 1996 ; Sironi, 1997). Considéré comme faisant
partie des traumatismes intentionnels (Bragdon & al., 2000 ; Breslau, Davis, Andreski & Peterson, 1991 ;
Salmona, 2010 ; Sironi, 1997 ; Rosay, 2006), c’est un crime à valence d’autant plus traumatisante qu’il est
commis par un autre individu (Bragdon & al., 2000 ; Breslau, & al., 1991 ; Geninet, 2007), d’où l’importante
souffrance psychique qu’il engendre (Bessoles, 2008 ; Cormon, 2002, Coutanceau, 2010, Barillon & Bensussan,
2004). Les conséquences sont à la fois somatiques et psychologiques et sont d’autant plus graves lorsque les
violences sexuelles ont lieu au sein du couple (Garcia-Moreno, Jansen, Ellsberg, Heise & Watts, 2006 ; Krug,
Dahlberg, Mercy, Zwi & Lozano-Ascencio, 2002 ; Mahoney, 1999 ; Shields, Resick & Hanneke, 1990). Cela
s’explique par la violation grave des attentes classiques que ce type de relation sous-tend, sécurité, confiance et
partage avec le partenaire de son intimité sexuelle et affective et par le fait que les agressions sexuelles sont
souvent répétées et accompagnées d'autres formes de violences (Debauche, 2011)
Les attitudes empathiques de l’environnement à l'égard des victimes de viol peuvent jouer un rôle crucial dans
leur traitement et leur rétablissement (Ullman, 1996), surtout que l'empathie favorise les comportements d'aide
(Ferrão, Goncalves, Parreira, & Giger, 2013 ; Paciello, Fida, Cerniglia, Tramontano, & Cole, 2013 ; Moor, 2007).
A l’inverse, le blâme de la victime, ou la non-reconnaissance de sa douleur psychique, affecte la récupération de
la victime (Woodhams, Hollin, Bull, & Cooke, 2011) et augmente l'empathie envers l’agresseur (Deitz, & al.,
1982 ; Deitz, Littman, & Bentley, 1984 ; Smith, & Frieze, 2003).
On observe qu’un autre phénomène est en mesure de favoriser l’amélioration psychologique de la victime à
distance des faits. Il s’agit de l'appropriation subjective de l'événement traumatique. Ce travail psychique vise à
mettre du sens sur l'événement vécu et à chercher des causes à sa survenue, notamment en se tournant du
côté de l'agresseur. Il pourrait permettre de faire émerger le phénomène de résilience, signe ultime d’un mieuxêtre de la victime traumatisée. C’est ce point de vue que nous développerons après avoir présenté les
conséquences somato-psychiques variées pouvant découler du viol.
1. Le viol : définition et retentissement
En occident, le viol est défini comme un acte de pénétration sexuelle imposé, caractérisé par une absence de
consentement de la victime. Cependant, la source de pénétration (pénis, corps étranger ou autre), la cible de
pénétration (vaginale, anale ou orale), le sexe, l'âge de l'auteur et de la victime, ainsi que la définition du
consentement varient considérablement selon les pays (Gannon, Collie, Ward, & Thakker, 2008 ; Koss, 1992 ;
Polaschek, & al, 1997). En moyenne dans le monde, près d’une femme sur cinq est victime de viol ou de
tentative de viol au cours de son existence (Alcalá, 2005 ; Jewkes, Garcia-Moreno & Sen, 2002) alors que 7%
des hommes sont victimes d’agression sexuelle (Elliott, Mok, & Briere, 2004 ; Mason, & Lodrick, 2012 ; Moor,
2007). Son impact est, pour de nombreux auteurs, une véritable catastrophe psychique (Briche, 2004 ; Cazes,
2001 ; Conoscenti, & McNally, 2006 ; Fergusson, Horwood, & Lynskey, 1996 ; Gortais, 1997 ; Kendall-Tackett,
Williams, & Finkelhor, 1993 ; Geninet, 2007 ; Mason et Lodrick, 2012 ; Paolucci, Genuis, & Violato, 2001 ;
Rouchon, 2008 ; Tyler, 2002 ; Vallée, 2005) à court et à long terme (Soutoul, & al. 1994).
La littérature rapporte des syndromes anxio-dépressifs plus ou moins sévères en lien avec un syndrome de
stress post-traumatique (SSPT). En effet, les agressions sexuelles sont suivies de SSPT dans 80% des cas
(Ciavaldini, & Choquet. 2004 ; Vila, 2004). Des phénomènes de dissociation et des troubles de l’humeur sont
également susceptibles d’apparaître. Selon le professeur de psychiatrie britannique sir David Goldberg (1998),
les violences sexuelles sont le premier facteur étiologique de dépression et les femmes victimes d’abus sexuel
dans l’enfance sont trois à cinq fois plus susceptibles de sombrer dans une dépression que les non-victimes
(Putnam, 2003). Des distorsions cognitives et auto-reproches peuvent également apparaître chez les victimes,
ce qui n’est pas sans conséquence psychologique car les personnes qui ont tendance à se blâmer, à se faire
des reproches concernant la survenue des faits, ont tendance à manifester également des troubles
psychopathologiques variés (Adler, Kissel, & McAdams, 2006 ; Daigneault, Heìbert, & Tourigny, 2006). Des
troubles de la sexualité et par conséquent des relations sentimentales perturbées ont été rapportées à la suite
d'une telle agression, 50% à 55% des victimes présentent au moins un dysfonctionnement sexuel. On peut
observer des manifestations de sexualité à risque ou une vie sexuelle insatisfaisante ou absente, avec une
crainte sous-jacente de l'intimité sexuelle, une frigidité, une anorgasmie, une sécheresse vaginale, une
dyspareunie, une stérilité, etc. (Ruxana, & Leena, 2013 ; Coutanceau, 2010 ; Darvez-Bornoz, 1996 ; Bessoles,
Coutelour, M., Batt, M., & Trognon, A.
2008 ; Ciavaldini, & Choquet, 2004). La peur du sexe et la réduction de l'excitation ou du désir sont les
dysfonctionnements les plus fréquemment rapportés (Nadelson Cooperman, Notman, Zackson et Gornick,
1982). Il est également possible que le viol perturbe le fonctionnement social des victimes. En effet, la crainte
envers les étrangers, l’évitement de nouvelles personnes et la crainte d’être suivie sont fréquentes (Steketee, &
Foa, 1987). Des troubles de l’estime de soi ainsi que des troubles du comportement tels qu’une autodestruction, un comportement de délinquance, pouvant aller jusqu’à de la toxicomanie ou la prostitution peuvent
aussi être retrouvés (Beitchman, Zucker, Hook, DaCosta, & Akman, 1991 ; Ellis, Atkeson, & Calhoun, 1981 ;
Fergusson, Horwood, & Lynskey, 1996 ; Frank, & Pazak Anderson, 1987 ; Kendall-Tackett et al., 1993 ; Kendler,
Bulik, Silberg, Hettema, Myers, & Prescott, 2000 ; Ullman, 2007 ; Veronen, & Kilpatrick, 1980). Plus gravement
encore, on peut observer des conséquences fatales telles que le suicide de la victime (Ruxana , & Leena, 2013 ;
Kilpatrick, Best, & Veronen, 1985).
Outre les conséquences psychologiques engendrées par le viol, des conséquences somatiques ainsi qu’un
recours plus important aux soins médicaux sont rapportés (Conoscenti, & McNally, 2006 ; Green, & Roberts,
2008 ; Kilpatrick, Resick, & Veronen, 1981 ; Selkin, 1978 ; Golding, 1994). L’ensemble de ces conséquences
psychologiques et somatiques peuvent apparaître et persister dans le temps. D’ailleurs, il semblerait que des
moments de vie difficiles vécus en même temps que le viol ainsi qu'un réseau de soutien insuffisant soient deux
facteurs qui aggravent les symptômes à la suite d'un viol et entravent le processus de récupération (Frank. &
Pazak Anderson 1987).
Un autre phénomène est à prendre en considération car il peut conditionner les suites à moyen et long terme du
traumatisme. Il s'agit de la recherche d'explications causales de la victime à l'événement traumatique s'ancrant
dans sa tentative de donner du sens. Malgré l’intérêt porté par la recherche au sujet de la quête de sens, les
traumas issus de la main de l'homme, particulièrement les actes de violence interpersonnelle, ont été
relativement peu étudiés à ce niveau. En effet, la majorité des études a été menée auprès de victimes
d'événements de vie majeurs, tels le deuil et la maladie (Oppenheim, 1996, 2003, etc. ; Mallet, 2009 ; Dolbeault,
Dauchy, Bredart, & Consoli, 2007 ; Holland, & Reznik, 2001).
2. La quête de sens de la victime au sujet de l'événement traumatique
A la suite du viol, événement hautement traumatique comme nous venons de le voir, la victime se trouve dans
un moment de non-sens, d’indisponibilité psychique à donner du sens à l’événement, en raison de l’intrusion
physique-psychique subie. L’intentionnalité destructrice de l’agresseur est inconcevable pour la victime, surtout
lorsqu’il est censé être une personne de confiance/protectrice (comme un parent par exemple). Cependant,
cette période n’est pas éternelle. En effet, la quête de sens émerge ensuite (Bessoles, 2008), plus ou moins
rapidement selon les sujets. Si Brison (2003, p 143) explique que « les philosophes parlent de l’importance d’un
plan rationnel de vie, du besoin de transformer une absurdité qui ne rime à rien en quelque chose doté d’un
sens qui satisfait l’âme et qui fait sens progressivement et complètement, directement jusqu’à la fin », Geninet et
Marchand (2007, p 11) mettent en avant que l’homme est fondamentalement motivé à trouver un sens à sa vie
au lendemain d’un événement traumatique. Ils définissent cette recherche de sens comme un « effort de
réflexion fourni par l’individu dans le but de comprendre pourquoi l’événement traumatique est survenu dans sa
vie et d’évaluer les impacts de cet événement sur ses croyances, ses valeurs et ses priorités ». Ainsi, les
victimes tentent de donner un sens à leur expérience subie en recherchant la/les cause(s) de l’événement ainsi
qu’en évaluant les changements engendrés par ce dernier sur leurs propres conceptions de l'être humain. Cette
quête de sens a deux dimensions. Tout d’abord, elle correspond à un processus cognitif qui vise à explorer des
explications/causes/raisons à la survenue de leur trauma (Geninet et Marchand, 2007). Il s’agit pour la victime
d'une lecture personnelle du traumatisme afin de tenter de trouver sa vérité, théoriser à sa manière, mettre des
mots sur certains questionnements (Pourquoi cela m'est-il arrivé à moi ? Pourquoi en suis-je autant affectée ?
Comment une telle barbarie peut-elle exister ?). Pour Coutanceau (2010), ce processus de rationalisation
apporterait à la victime un soulagement en se vidant d’une charge émotionnelle accablante. A cette dimension
de « processus » s’adjoint la dimension de « résultat », c’est à dire le fait d’avoir trouvé une cause à l’événement
et/ou la perception de changements positifs et/ou négatifs » (Geninet et Marchand, 2007). Dans la même
optique, les modèles de Taylor (Théorie de l’adaptation cognitive, 1983) et de Janoff-Bulman (Théorie des
croyances répandues, 1992), que nous ne développerons pas dans cet article, mettent l’accent sur la recherche
d’attributions causales comme moyen de donner un sens à l’événement.
Ainsi, c’est sans doute pour répondre à un besoin fondamental de l’être humain (Frankl, 1963 ; Geninet et
Marchand, 2007), que la victime de viol, en quête de sens à la suite de l’événement traumatique subi (Bessoles,
2008), est amenée à vouloir comprendre son agresseur. En effet, Bessoles (2008, p 27) met en avant que
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certaines victimes « […] veulent comprendre ce criminel sexuel qui les a anéanties. Elles ne souhaitent pas lui
rendre seulement sa violence mais elles tentent de réinscrire une nouvelle temporalité acriminelle et
avictimaire ». Il ajoute plus loin (p 77) que « beaucoup de victimes de viol témoignent, après le temps procédural
et les Assises, d’une nécessaire compréhension du violeur et de la psychogénèse de l’acte qu’elles ont subi. Il
ne s’agit pas pour elle d’intellectualiser le crime subi au travers de leur compréhension de la criminogenèse.
Elles tentent d’analyser, fut-ce de façon sommaire parfois, les moments de bascule dans l’enfance ou
l’adolescence du violeur l’ayant conduit au crime et à leur choix comme victime ». Le viol en tant que
traumatisme intentionnel issu de la main de l’homme implique donc que la victime, dans sa recherche de sens
autour de l’événement subi, cherche à se tourner du côté de l'agresseur. Cette recherche de compréhension de
l’autre s’intègre dans un véritable processus thérapeutique dans le sens où « évoluer favorablement, c'est aussi
parvenir à comprendre et démonter les motivations et la stratégie de l'agresseur, d'autant plus qu'il est connu »
(Coutanceau, 2010, p 211). En effet, « aider une victime à aller mieux, c'est parfois la confronter avec l'image
qu'elle se fait, même si elle ne le sait pas, (mais parfois elle le sait), de celui qui a pu lui faire ça » (Coutanceau,
2010, p. 246).
3. De l'appropriation subjective de l'événement traumatique à la résilience
Le viol constitue une véritable épreuve pour le sujet qui en est victime dans le sens où ce dernier va devoir se
reconstruire, recréer de l’existence. Selon Coutanceau (2010, p 189), le rétablissement de la victime se fera par
son propre travail psychique qui, selon lui, « consistera précisément à mettre de la distance entre soi et le
déterminisme de l'agression ». La parole favorise l’accès au sens dans la mesure où la pensée, par la mise en
mots, va permettre à la victime de découvrir sa propre signification de l’événement et d’en prendre conscience.
En effet, selon Coutanceau (2010, p 194) : « C'est la parole qui permet à la victime de sortir du piège où elle est
enfermée, et de comprendre pourquoi cela lui est arrivé ». La verbalisation ouvre la voie d’une réappropriation
subjective de l’événement (Scotto di Vettimo, 2003) par la victime et permet une inscription de ce dernier dans le
continuum de son histoire personnelle (Lachal, 2007, p 54). La fonction narrative offre donc la possibilité de
transformer l’événement traumatique en un événement signifiant, représentable et communicable. Par
conséquent, grâce à l’accès au sens qu’elle favorise (et à son lien avec l’élaboration psychique) ainsi qu’à sa
fonction d’extériorisation (Brison, 2003), la mise en mots participe à la guérison de la victime (Gohier, 2003 ;
Coutanceau, 2010). Lachal (2007) parle de « fonction soignante de la narration ». Quant à Bessoles (2001), il
met en lumière que la narrativité porte en soi le projet thérapeutique. Coutanceau (2010, p 211) évoque que : «
Ce qui traduit une évolution favorable [...] c'est qu'elle [la victime] est capable de poser des mots et une pensée
plus ou moins élaborée, personnelle ou universelle, sur ce qui lui est arrivé et sur sa souffrance ». La
reconstruction d’un lien verbal permet également à la victime de retrouver sa dignité humaine et de retourner
dans la communauté des vivants (Fua, 1997 ; Lebigot, 2011 ; Brison, 2003 ; Marzano, 2006). Le dire, c’est
pouvoir à nouveau « être-au-monde » (Marzano, 2006). La capacité de la personne en crise de situer dans sa
vie une certaine cohérence en passant par la mise en mots constitue un facteur important, voire essentiel pour
favoriser la résilience (Manciaux, 2005 ; Vanistendael et Lecomte, 2000).
La résilience, définie selon Manciaux, Vanistendael, Lecomte et Cyrulnik, (2001, p. 645) est « la capacité d’une
personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en dépit d’événements
déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères ». Le fonctionnement psychique
de la résilience passe par le processus de mentalisation, qui permet de mettre en pensée les excitations
internes. Deux éléments permettent au sujet d’élaborer la situation traumatique, d’accéder à la résilience
(Lighezzolo et de Tychey, 2004 ; de Tychey, 2001) :
- La nature, la variété et surtout la souplesse des mécanismes de défense mobilisés par le Moi (ils permettent
de faire face aux représentations et aux affects de déplaisir très importants suscités par le traumatisme), ainsi
que les dégagements permis par l’espace imaginaire du sujet. - - Une mentalisation de qualité, c’est-à-dire des
capacités d’élaboration mentale ultérieure des tensions générées dans leur double dimension pulsionnelle,
sexuelle et agressive. Cela consiste en la capacité à traduire en mots, en représentations verbales
partageables, les images et les émois ressentis, pour leur donner un sens communicable, compréhensible pour
soi-même et pour autrui. Ce travail de la pensée implique une opération de symbolisation. Celle-ci suppose
aussi que les affects ressentis soient liés à des mots qui les spécifient en terme de liaison affect-représentation
(de Tychey, Diwo, & Dollander, 2000). La mentalisation est considérée par Bergeret (1991) comme « l’utilisation
mentale » qu’on va faire de l’imaginaire (Lighezzolo et de Tychey, 2004 ; de Tychey, 2001). Si elle est de
qualité, variée et que les mécanismes de défenses mobilisés par le Moi du sujet sont souples, la résilience serait
favorisée.
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Coutelour, M., Batt, M., & Trognon, A.
Ce processus d’élaboration mentale qui passe par la mise en sens du vécu traumatique (englobant la recherche
d'explications – notamment en se tournant du côté de l'agresseur) et le processus d’historicisation permettraient
de dépasser l’événement, d’être résilient (Mallet, 2009 ; Brison, 2003 ; Manciaux, 2005 ; Vanistendael et
Lecomte, 2000 ; Anaut, 2002). Même si la quête de sens s’avère difficile étant donné le caractère intrusif du viol
(Geninet et Marchand, 2007), elle permettrait d’alléger le traumatisme (Coutanceau, 2010), de dépasser
l’événement en favorisant son intégration/élaboration psychique (Mallet, 2009 ; Brison, 2003).
En s’appuyant sur des modèles cognitifs tels que ceux de Janoff-Bulman (1992) qui maintiennent que les
tentatives des individus pour intégrer l'expérience traumatique sont essentielles à l'adaptation psychologique,
Geninet (2007) souligne que le rôle de l'activité cognitive impliquée dans la recherche de sens mériterait d'être
investigué davantage. Geninet et Marchand (2007) précisent également qu'il existe peu de données sur la
recherche et l’identification d’une cause comme moyen de donner un sens au trauma. Les auteurs ajoutent qu'il
serait nécessaire d'accorder une plus grande importance à l’étude de la recherche de sens liée à des traumas
issus de la main de l’homme et à des actes de violence interpersonnelle, telles que les agressions sexuelles.
Nous avons donc choisi de nous centrer sur la mise en évidence des processus cognitifs impliqués dans la
recherche de sens des victimes de viol au sujet de l'événement traumatique. Pour cela, nous analysons leur
discours et la structure de leur raisonnement grâce à une approche pragmatique du discours (Batt, Trognon et
al., 2014 ; Trognon et Batt, 2010 ; Searle, 1985 ; Vanderveken, 1988). Nous nous centrons particulièrement sur
le fait que les victimes se tournent du côté de l'agresseur pour tenter d'identifier des causes au(x) passage(s) à
l'acte et pouvoir l'(les) expliquer de manière rationnelle.
4. Cas clinique
Notre recherche est constituée de cinq femmes, adultes au moment où nous les rencontrons, ayant été victimes
de viol (une l'a été dans l'enfance et les quatre autres l'ont été à l'âge adulte) (Coutelour, 2014). Même si la taille
de notre échantillon est petite, ce qui ne nous permet pas de généraliser nos résultats, nous pouvons noter que
l'ensemble des victimes font preuve d'une recherche de compréhension causale impliquant l'agresseur. On
relève en effet la mise en place d'un processus intellectuel de rationalisation qui vise à identifier, du côté de
l'agresseur, des raisons/causes à la survenue des faits. Il semble donc que ce processus soit préférentiellement
employé par les victimes. Ces résultats vont dans le sens des travaux réalisés par Geninet et Marchant (2007)
qui identifient qu'une des dimensions du processus cognitif de quête de sens des victimes au sujet de
l’événement traumatique vise à explorer des explications/causes/raisons à la survenue de leur trauma. Nos
résultats vont également dans le sens des modèles conçus par Taylor (Théorie de l’adaptation cognitive, 1983)
et Janoff-Bulman (La Théorie des croyances répandues, 1992) qui mettent l’accent sur la recherche
d’attributions causales comme moyen de donner un sens à l’événement. Cependant, nous pouvons souligner
que ces auteurs ne se sont pas spécifiquement centrés sur la recherche de causes des victimes en se tournant
du côté de l'auteur des faits.
Nous avons choisi de présenter un cas clinique qui illustre les effets thérapeutiques engendrés par une
recherche de compréhension causale des faits par la victime impliquant l'agresseur. Nous effectuons ainsi la
micro-analyse d'une séquence d'un entretien clinique de recherche réalisé entre une femme, Marie, 31ans,
victime de viols répétés à l'âge de dix-huit ans par son petit-ami (fellations imposées accompagnées de violence
physique), et une psychologue. Cette analyse est conduite dans le cadre de la logique interlocutoire, méthode
d’étude de la pragmatique du discours dialogué (Batt, Trognon et al., 2014). Cette méthode permet de détailler
la composition du discours de Marie et de faire ressortir la structure de son raisonnement concernant son
appropriation (Figure 2). Nous verrons que Marie se débarrasse de pénibles sentiments de honte et de
culpabilité en se centrant sur son agresseur. Afin de ne pas alourdir le propos, c’est en langage naturel et
accessible à tous que nous exposerons ici ce qui nous est livré par l’analyse interlocutoire.
THEME : Vous avez déjà réfléchi à ce que Maxime (l'agresseur) pouvait penser de vous ?
Légende : Psy = Psychologue ; M = Marie. Les chiffres accolés aux initiales correspondent aux numéros de tout
ème
de parole au cours de l’entretien. Par exemple, Psy152 correspond au 152
tour de parole de la psychologue ;
ème
M143 correspond au 153
tour de parole de Marie. Le symbole (↑) indique une intonation montante. Les
silences sont indiqués par leur durée (2 sec) pour 2 secondes.
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Extrait d'entretien
Psy152. Mmm et vous avez déjà réfléchi à ce que Maxime (l'agresseur) pouvait penser de vous (↑)
M153. Euh il pense rien du tout parce que moi j’ai appris par la suite euh … (2 sec) qu’il avait été
violent physiquement avec d’autres nénettes … (2 sec) donc ça ça m’a permis de me dire bon ben
c’est pas moi c’est pour ça que je ne culpabilisais pas j’avais pas honte parce que j’me disais bon je
sais que ça ne vient pas de moi et euh voilà après (bruit de bouche) […]
Analyse
Psy152. Mmm et vous avez déjà réfléchi à ce que Maxime (l'agresseur) pouvait penser de vous
La psychologue pose une question propositionnelle à Marie, c’est-à-dire que la question contient la proposition
qui sera ratifiée ou rejetée par la réponse, ce qui se symbolise :
Est-il vrai ou faux que {Avoir déjà réfléchi (Marie)
[Pouvoir penser de (Maxime, Marie, quelque chose)]}
La psychologue interroge les pensées de Marie concernant les pensées de l’agresseur vers Marie elle-même.
C’est une itération d’états mentaux qui est questionnée comme schématisée ci-dessous (Figure 1).
Figure 1. Itération d'états mentaux
Pensées de
Pensées de Marie
Marie
Maxime
Produit de la
pensée de Maxime
au sujet de Marie
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Coutelour, M., Batt, M., & Trognon, A.
Le verbe modal « pouvoir » renvoie à la possibilité. Le fait qu'il soit associé à la modalité intentionnelle
« penser à » pouvant être définie comme le fait de « se représenter mentalement un être ou une chose, par
l'imagination, par la mémoire, le souvenir » indique que la psychologue cherche à savoir si Marie a jusqu'à
aujourd'hui concentré son attention sur ce que l'agresseur avait la possibilité de se représenter mentalement
d'elle. Elle l’interroge donc sur la présence ou non de représentations de premier ordre en lien avec son
er
agresseur. Les représentations de 1 ordre correspondent à celles que l’on a de l’état mental d’une personne en
adoptant sa perspective (Duval et al., 2011).
La réponse attendue est oui ou non à la question de la psychologue. On observe que Marie ne répond pas
directement, mais indirectement elle apporte le fruit de sa réflexion qui est le produit de la pensée de Maxime.
M153. Euh il pense rien du tout parce que moi j’ai appris par la suite euh … (2 sec) qu’il avait été violent
physiquement avec d’autres nénettes … (2 sec) donc ça ça m’a permis de me dire bon ben c’est pas moi
c’est pour ça que je ne culpabilisais pas j’avais pas honte parce que j’me disais bon je sais que ça ne
vient pas de moi […] »
« Euh il pense rien du tout » : L'hésitation « euh » semble indiquer que la pensée du sujet se cherche. L'usage
de la modalité intentionnelle « penser » indique que Marie exprime un état mental de son agresseur (représenté
par le pronom personnel « il »). Cependant, la négation « rien », renvoyant au vide, au néant et accentuée par
« du tout », informe de l’absence de pensée de l'agresseur envers Marie. Marie dit « je pense qu'il ne pense rien
du tout de moi ». Selon elle, l'auteur des faits ne pense rien de singulier la concernant, il la perçoit comme les
autres, rien que comme les autres, en somme, il ne la pense pas comme sujet. Ses victimes sont justes des
objets interchangeables. Marie se considère donc inexistante dans le monde psychique de l'auteur des faits. Le
fait que sa réponse soit au présent de l'indicatif alors que la question de la psychologue est conjuguée au passé
indique l'intemporalité, dans le sens ou ce qui vaut pour le passé vaut aussi pour le présent. Ici, la victime
construit une métareprésentation qui consiste à avoir une représentation de l’activité même de l’esprit de
l'agresseur (Georgieff, 2005).
Cette réponse se symbolise de la manière suivante :
il est vrai que {Avoir déjà réfléchi (Marie) [Pouvoir penser de (Maxime, Marie)]}
[Pouvoir penser de (Maxime, Marie, rien du tout)]}
« parce que moi j’ai appris par la suite euh … (2 sec) qu’il avait été violent physiquement avec d’autres nénettes
… (2 sec) […] » : Grâce au connecteur argumentatif « parce que », Marie justifie son affirmation.
Je pense que [β] parce que j’ai appris que [α]
Elle signifie qu’elle a été informée par une personne dont elle ne dévoile pas l’identité, que son petit ami « avait
été violent physiquement avec d’autres nénettes ». Marie effectue donc un lien entre [β : le fait que son
agresseur ne pense rien d’elle] et [α : le fait qu’il avait été violent physiquement envers d’autres femmes] en
présentant ce dernier élément comme un argument en faveur du premier.
« donc ça ça m’a permis de me dire bon ben c'est pas moi » : En utilisant le connecteur consécutif « donc »,
Marie introduit une conséquence : l’information qu’elle a obtenue (α : qu’il avait été violent physiquement avec
d’autres nénettes »), se rapportant au mot « ça », lui a permis, autorisé, (« m’ », « me ») dans le passé de
développer une itération de pensées intérieures. Marie livre ici une déduction intrasubjective effectuée dans le
passé et introduite par le mot « bon » auquel se joint le marqueur discursif « ben » ayant ici une valeur
d'évidence (Dostie, 2012). Elle rejette la proposition (γ : c’est moi).
On observe ainsi une production de pensées qui découlent les unes des autres de son savoir sur l’agresseur,
savoir lui-même transmis par un tiers. En disant c’est pas moi, elle dit [non (c’est moi)], dénégant ainsi sa
pensée qui a été conçue avant qu’on lui livre une information libératrice. Marie exprime ici ne pas être à l'origine
des faits.
{[j’ai appris α=je sais α ]à [je pense β]} à permis [je me dis (non γ)]
Journal International De Victimologie 12(1)
12
Appropriation subjective du viol
« c’est pour ça que je ne culpabilisais pas j’avais pas honte » : Marie justifie (« c’est pour ça que ») ensuite une
absence de sentiment de culpabilité (« je ne culpabilisais pas ») et une absence de sentiment de honte (« j’avais
pas honte »), découlant des pensées créées par l'information obtenue concernant l'auteur des faits. Elle dénie
donc des états mentaux qui ont été conçus auparavant et qu'on retrouve particulièrement chez les victimes de
viol.
{[j’ai appris α=je sais α]à [je pense β]}
à
Permis [je me dis (non γ)] & Non [je culpabilisais & j’avais honte]
« parce que j’me disais bon je sais que ça ne vient pas de moi […] » : Dans un mouvement rétrograde, Marie
justifie son affirmation grâce au connecteur argumentatif « parce que » qui introduit un pensée passée (usage
du verbe « se dire » conjugué à l'imparfait), plus particulièrement un savoir représenté par la modalité
épistémique « je sais que ». L'emploi du verbe « venir de » signifiant « découler de quelque chose, en résulter »
(Larousse [en ligne]) renvoie directement aux origines des faits. En disant je sais que ça ne vient pas de moi,
elle dit {[je sais que] non (ça vient de moi)]}. [« Ça ne vient pas de moi »] est clairement présenté comme un
argument de [je ne culpabilisais pas j’avais pas honte]. Le marqueur discursif « bon » nous indique qu'au
moment où Marie a engagé sa réflexion, elle a accepté l'idée selon elle n'était pas à l'origine des faits (Hansen,
1995).
{[j’ai appris α=je sais α]à [je pense β]}
à
[je me disais (je sais (non (γ)))]
à
{Permis [je me dis (non γ)] & Non [je culpabilisais & j’avais honte]}
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Coutelour, M., Batt, M., & Trognon, A.
L'analyse de cette séquence indique que des pensées ont été produites par Marie grâce à une information
obtenue par un tiers au sujet de l'agresseur. A partir d'un savoir, représenté par le fait que ce dernier présentait
le même comportement (violence) avec des personnes (supposées) différentes, Marie s'est projetée dans le
monde psychologique de l'auteur des faits et lui a attribué une pensée vide la concernant. Elle se considère
inexistante dans les représentations mentales que ce dernier peut se faire sur le monde. Dire que l'agresseur ne
pense rien d'elle indique que la locutrice se « voit » non originale. Elle est comme les autres, pas singulière, en
somme, l'auteur des faits ne la pense pas comme sujet. Ses victimes sont justes des objets interchangeables.
Cela renvoie directement à la chosification de la victime. En effet, dans ce crime qu’est le viol, la victime est
instrumentalisée, désubjectivée, déshumanisée, réduite à un statut d’objet sexuel (Jacobi, 2001 ; Bessoles,
2008 ; Vallée, 2005 ; Morbois, & Casalis, 2005, Sironi, 2007, Krauss, 2004, Brison, 2003 ; Guiller, & Weiler,
2011). Nous pouvons dire qu'il y a une sorte d’inter-identification au groupe des victimes. En recourant ensuite à
un raisonnement déductif, Marie parvient à se déresponsabiliser en déniant être à l'origine des faits. Dans la
foulée, elle dénie la présence de sentiments de culpabilité et de honte, ce qui représente un effet thérapeutique.
En recherchant des causes du côté de l'agresseur et en soulignant la violence de ce dernier, Marie réussit donc
à expliquer l’événement traumatique, ce qui l'amène à se dégager de toute responsabilité et à se détacher des
sentiments de honte et de culpabilité qui affectent spécifiquement les victimes de viol.
Conclusion
Le viol est un événement traumatique global qui cause de très graves perturbations physiques, psychiques,
interpersonnelles et sociales dans toutes les sphères de la vie de la personne qui en a été victime. Pour
dépasser un tel événement, il semble indispensable que la victime se l’approprie et cherche à y mettre du sens.
Le présent article qui expose une stratégie d’appropriation par la victime des faits subis ouvre une voie à l’étude
comparée de l’efficacité des stratégies des victimes en matière de résilience.
Journal International De Victimologie 12(1)
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